- Autarcie
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L'autarcie est un système économique idéal d'un territoire géographiquement défini, d'une région ou d'un État habité par des acteurs économiques qui peuvent suffire à tous leurs besoins et vivre seulement de leurs propres ressources. L'entité économique réelle déclarée vivant en autarcie peut être une famille, un groupe humain, une communauté insulaire, un gouvernement isolé.
L'autarcie intellectuelle, au sens d'une autonomie sous une forme immatérielle, préconise l'état de celui qui se suffit à soi-même et n'entretient pas d'échanges.
Sommaire
Annihilation des flux d'échanges ?
Des facteurs physiques d'isolement peuvent expliquer l'absence de flux, par exemple dans une île non desservie. L'autarcie qui se rapproche ici de la survie de naufragés ou d'autochtones consiste à gérer ou à accumuler des, l'autarcie apparente est souvent le fruit d'une politique économique dite autarcique (exemple si-dessus : des pâtes vers les pays Européen)a une économie ouverte.
L'autarcie a ainsi pour but principal de réduire le plus possible les dépenses à l'importation, et ainsi d'établir un équilibre économique à l'intérieur du pays. Par extension, l'autarcie désigne également un mode de vie dans lequel un foyer produit tout ce qu'il consomme, ou du moins l'essentiel, et ne recourt donc pas ou peu au commerce pour compléter ses besoins.
Histoire d'un mythe
Paul Veyne a étudié le mythe de l'autarcie du domaine romain, avec ses terres cultivables et ses réserves forestières. Ce mythe semble se justifier par une fonction de sécurité et d'assurance temporaire[1].
Historiquement, aucun État n'est parvenu à établir un système parfaitement autarcique. L'exception du Japon au XVIIe siècle, où le commerce officiel est réduit à un seul port sur l'île artificielle de Dejima créé dans la baie de Nagasaki à l'extrémité sud-ouest du pays ne peut être retenue car des intenses trafics illégaux ont été entretenus par ses marins et pêcheurs. Cette politique autarcique doublée d'un contrôle du territoire et d'un code d'honneur de la guerre a eu toutefois un singulier effet : la réduction puis la quasi-disparition des armes à feu.
La plupart des sociétés complexes ne sont pas auto-suffisantes, et toutes entretiennent nécessairement des échanges avec leurs voisines proches et lointaines. L'exemple le plus frappant est le mur de Berlin dont on a pu faire croire qu'il constituait une barrière autarcique au minimum terrestre. Au-delà des passages contrôlés ou illégaux rendus de plus en plus risqués par l'équipement de surveillance, une multitude d'accord et de modus vivendi entre autorités sont intervenus pour résoudre les problèmes les plus triviaux, une fois les blocus drastiques de crise levés.
La connaissance des échanges marchands et des grandes routes souvent antiques permet de réduire les croyances autarciques que la culture gréco-latine semble avoir mythifiées. Le commerce du sel est le plus ancien et le plus fréquent des commerces. De plus, très rares sont les pays qui disposent sur leur sol de la plupart des matières premières en quantités suffisantes pour subvenir à leurs propres besoins.
Même l'économie de pays dits en situation d'autarcie par la fermeture politique de leurs frontières à l'extérieur pour les civils est qualifiée autrement : pour la Corée du Nord, le modèle est l'économie palatine, compte tenu d'échanges de subsistance avec la Chine.
Étymologie d'un néologisme
Le terme autarcie est un néologisme gréco-romain, qui apparaît dans le dictionnaire de médecine Lavoisien en 1793. Autarcie vient de l'adaptation du grec autarkeïa, de autos, soi-même et arkein, c'est-à-dire protéger, secourir, se suffire. Le mot français est employé par un groupe de sociétés savantes françaises, animées en particulier par le chimiste et minéralogiste Antoine Lavoisier[2].
Les savants français réfléchissent généreusement à l'avenir économique du grand Royaume de France bien qu'ils se trouvent de plus en plus placés en retrait par rapport à l'action désordonnée d'une Assemblée constituante, puis déstabilisés par les actes d'une République devenue folle. Le néologisme a d'abord le sens d'euphorie, de frugalité et de sobriété qui apporte le bonheur. Il s'applique ironiquement autant à l'effort nécessaire à demander à un pays au bord du gouffre qu'à la situation chaque jour de plus en plus précaire et menacée par les déferlements de haines politiques des dignes savants français[3].
Le mot ressort de l'anonymat à partir des années 1830 et évolue. Sous la plume des économistes, il s'écrit sous une forme pseudo-savante autarchie en 1896 pour le distinguer de l'autarcie. Le premier terme des économistes mentionne un pays ou un groupe qui n'a pas besoin d'importation ou d'apports externes pour subsister, donc reste en économie fermée. Le second terme plus populaire désigne ce bien être résultant de la sobriété dans laquelle une personne ou une famille se suffit à elle-même. Mais il reprend lentement sa même forme savante primitive par l'effet des mouvements régionalistes de la Belle Époque ou pacifiques de l'entre-deux-guerres, imprégnés de mythes paysans et écologiques. Le Larousse mensuel illustré de 1938 écrit à nouveau autarcie. L'adjectif autarcique l'emporte aussi sur autarchique, encore prépondérant dans les écrits des années 1920.
Notes et références
- VEYNE Paul, La société romaine, édition du Seuil, 1991, 346 pages. Chapitre 4 : Mythe et réalité de l’autarcie à Rome. pp 131-162.
- Ces sociétés d'Ancien Régime aiment les néologismes, ainsi les adjectifs philomatique -qui aime la recherche- et philomathique -qui aime et préserve le savoir- qualifient deux de ces sociétés, respectivement composé de chercheurs et d'éducateurs-collectionneurs siégeant à Paris.
- La République n'a pas besoins de savants. L'exécution de Lavoisier est un des points culminants de l'ébranlement des personnalités savantes qui songent non plus à l'autarcie, mais à la fuite devant les sans-culottes ou à l'émigration.
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