KGB

KGB

55° 45′ 31″ N 37° 37′ 32″ E / 55.7587, 37.6256

Page d'aide sur les redirections Cet article concerne le service de renseignement de l'Union soviétique. Pour les autres significations, voir KGB (homonymie).
Insigne du KGB : l'épée et le bouclier.

Le KGB (КГБ), sigle du russe Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti (russe : Комитет государственной безопасности Prononciation du titre dans sa version originale en alphabet cyrillique), soit le Comité pour la Sécurité de l'État, était le principal service de renseignement de l'Union soviétique. À l'intérieur de cet État, il avait également fonction de police politique.

Sommaire

Historique

Carte de membre du KGB, 1987.

Du 13 mars 1954 au 6 novembre 1991, le KGB, dont le quartier-général est domicilié au 2, place Félix Dzerjinski à Moscou fut l'organisation chargée de la sécurité de l'Union soviétique, de la police secrète, et des services de renseignement. Le terme KGB est aussi utilisé pour se référer de manière générale à l'organisation chargée de la sécurité de l'Union Soviétique depuis sa fondation sous le nom de Tchéka, en 1917, par Félix Dzerjinski.

Apparemment, le domaine d'action du KGB recoupait plus ou moins les mêmes fonctions et pouvoirs que ceux exercés aux États-Unis par la Central Intelligence Agency (CIA), la division de contre-espionnage du Federal Bureau of Investigation (FBI), du Federal Protective Service et du Secret Service. Mais il n'y avait aucun contrôle de ses activités, ni des limites de ses moyens. En fait, le KGB, en tant que police politique secrète était soumis au Politburo, et plus précisément, au secrétaire général du parti communiste de l'URSS.

L'ancêtre du KGB, la Tchéka, fut créée le 20 décembre 1917, par Félix Dzerjinski et désignée par Lénine comme « une arme dévastatrice contre les innombrables conspirations et les innombrables atteintes contre le pouvoir soviétique, par des personnes infiniment plus fortes que nous »[1]. Elle fut créée en remplacement de l'Okhrana tsariste. La Tchéka emprunta différents noms et subit de multiples changements organisationnels durant son existence, devenant le Direction de la Politique d'État (OGPU ou Guépéou), en 1923, le Commissariat du Peuple à l'Intérieur (NKGB ou NKVD) en 1941, et le Ministère de la Sécurité de l'État (MGB) en 1946, entre autres. En mars 1953, après la mort de Staline, Lavrenti Beria refond le Ministère des Affaires Intérieures (MVD) et le MGB en un seul et même organisme - le MVD. Dans la même année, Beria fut exécuté et le MVD dissout. Le nouveau MVD conservait ses pouvoirs de police et de respect des lois, alors que le KGB, nouvellement créé assumait les fonctions de sécurité intérieure et extérieure, restant sous les ordres du Conseil de ministres. Le 5 juillet 1978 le KGB fut rebaptisé « KGB d'Union soviétique », dont le directeur obtint une place au Politburo.

Depuis sa création, le KGB fut pensé comme « l'épée et le bouclier » de la Révolution bolchévique et du parti communiste de l'Union soviétique. Le KGB obtint un nombre remarquable de succès dans les premières années de son existence. La faiblesse des services de sécurité américains et britanniques d'alors, constitua pour le KGB une opportunité unique pour pénétrer dans ces services de renseignement étrangers avec ses propres agents comme les Cinq de Cambridge. Le succès le plus important des services secrets soviétiques fut incontestablement l'obtention d'informations détaillées concernant le bâtiment où avait été construite la bombe atomique (Projet Manhattan), possible grâce aux agents infiltrés du KGB tels que Klaus Fuchs et Theodore Hall.

Pendant la Guerre froide, le KGB servit à contrôler, intimider voire tuer des dissidents politiques (accusés de « subversion idéologique ») tels Alexandre Soljenitsyne ou Andreï Sakharov. Il obtint également des succès remarquables dans l'espionnage, comme la récolte continue de technologie occidentale par des agents tels que Melita Norwood et l'infiltration du gouvernement d'Allemagne de l'Ouest sous Willy Brandt par l'intermédiaire de la Stasi. Cependant, la révélation d'opérations du KGB en cours par des défections haut-placées en son sein comme celles d'Elizabeth Bentley aux États-Unis et d'Oleg Gordievsky en Grande-Bretagne d'une part, et d'autre part l'essoufflement des vocations idéologiques après la répression de l'insurrection de Budapest en 1956 et le Printemps de Prague en 1968, dont le résultat fut un déclin important des capacités opérationnelles du KGB, constitua un double revers. Néanmoins, le KGB fut renseigné par des membres des services secrets de l'Ouest comme les taupes Aldrich Ames (ancien de la CIA) ou Robert Hanssen (ancien du FBI), l'aidant à contrebalancer la perte de ses agents talentueux.

Les services secrets soviétiques sont responsables, au cours de leur existence, de la mort au sein de l'Union soviétique de milliers de personnes considéré comme des opposants ou des ennemis du peuple.

Le KGB fut compromis quand son président, le Général d'armée Vladimir Krioutchkov, utilisa les ressources internes du KGB pour aider la tentative de putsch de Moscou d'août 1991, pour renverser Mikhaïl Gorbatchev. Le 22 août 1991, Kriouchkov fut arrêté, et le général Vadim Bakatine nommé à la tête du KGB avec pour mission de le dissoudre. Le KGB cessa officiellement d'exister le 4 décembre 1991. Ses services furent divisés en plusieurs branches distinctes : la Sécurité intérieure (Service de sécurité intérieure de l'URSS - futur FSB), le Service central de renseignement de l'URSS - futur SVR et le Service des gardes-frontières. D'autres services autonomes ont vu le jour en 1992, tel le Service de création de codes et de décryptage (FAPSI), tandis que les unités d'élites étaient confiées au ministère de l'Intérieur et le FSB se voyait retirer ses pouvoirs d'instruction. En 1995, le FSB a retrouvé ses pouvoirs d'instruction et ses unités d'élite. En 2002, les gardes-frontières et le FAPSI sont revenus dans le giron du FSB.

Nombre d'anciens officiers se sont reconvertis dans la nouvelle économie de marché russe légale et illégale ou dans la politique comme l'ancien président russe Vladimir Poutine.

En Biélorussie, le service secret a conservé ce nom.

Missions multiples

Le KGB avait sa propre unité de forces spéciales "anti terroriste", le Vympel crée en 1981, repris depuis par le FSB dont voici l'écusson.

Le KGB ne peut pas être considéré comme un service de renseignement fonctionnant comme ses concurrents occidentaux (CIA, DGSE ou MI-6) étant donné sa très forte influence et ses multiples fonctions[2], son contrôle de la société soviétique et ses effectifs considérables. Le KGB tirait sa mission idéologique de ses insignes : le bouclier pour défendre la révolution, l'épée pour écraser ses ennemis (L'Épée et le Bouclier, 23). Ses missions attitrées étaient l'espionnage extérieur, le contre-espionnage, la liquidation des opposants politiques et des organisations contre-révolutionnaires à l'intérieur de l'Union Soviétique et à l'étranger, la garde des frontières, la sécurité du Parti communiste et des chefs de l'État, et les propriétés de l'État soviétique. Certains experts estiment que le KGB comptait 1,5 million de collaborateurs alors que le gouvernement soviétique affirmait que ses services secrets comptaient 480 000 employés dont 217 000 gardes-frontières [3]. Toutes les administrations soviétiques étaient sous surveillance de ce service qui les utilisait comme couverture pour ses missions; Selon Edouard Chevardnadze, environ 30% des employés du ministère des Affaires étrangères étaient agents du KGB[4].

Le KGB a su tisser un des plus importants réseaux internationaux d’agents capables d’infiltrer énormément de milieux, qu'ils soient intellectuels, politiques (notamment dans les partis communistes d’Europe), religieux, militaires, maçoniques, étudiants, industriels.

De nombreuses associations furent utilisées par celui-ci :

Autant de « front associations » qui permettaient parfois au KGB et alliés d'implanter ses agents à l'Ouest mais qui, surtout, étaient régulièrement utilisés dans le cadre de mesures actives pour propager la désinformation, telle l'opération INFEKTION, concoctée par le « Service des mesures actives » de la 1re Direction générale du KGB[5] avec parfois l'aide de journalistes comme le français André Ullmann.

De très nombreux étrangers ont travaillé pour l'Union soviétique, que ce soit pour raisons idéologiques, mercantiles ou contraints par un chantage ainsi le journaliste communiste américain Whittacker Chambers révéla en 1948 qu'au moins 75 fonctionnaires de l'administration américaine dont Alger Hiss, membre de la délégation américaine lors de la conférence de Yalta et Harry Dexter White, bras droit du Secrétaire du Trésor des États-Unis de l'époque ont livré des informations capitales à cet État durant la Seconde Guerre mondiale.

À la différence de la CIA ou des services secrets britanniques (SIS ou MI-6), un service d'analyse des renseignements faisait défaut au KGB, limitant considérablement sa capacité à tirer profit des très nombreux renseignements collectés. Ceci était dû au système de parti unique en URSS ; Staline, puis plus tard Nikita Khrouchtchev, agissaient souvent comme leur propre analyste : les officiers du KGB qui avaient une opinion contraire ou différente étaient régulièrement écartés. La peur de transmettre des informations allant à l'encontre de l'opinion d'un supérieur signifiait que les renseignements technologiques et scientifiques avaient une position prédominante au KGB.[réf. nécessaire]

En espionnage, le KGB se reposait beaucoup sur le renseignement humain (HUMINT) dans ses premières années, particulièrement illégal, comme sa contrepartie occidentale, qui faisait d'avantage confiance à des renseignements basés sur la technologie et l'imagerie (IMINT) et le renseignement par signaux (SIGINT). Pendant la Guerre froide, l'augmentation des mesures de sécurité empêchèrent les tentatives du KGB de reconstruction de ses réseaux de renseignement humains dans leur ampleur originelle, la priorité fut alors donnée à l'espionnage électronique.

Organigramme du KGB

Président du KGB

Le KGB était dirigé par un haut fonctionnaire, nommé par le Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) sur recommandation du Département des organes administratifs du CC du PCUS et avec un avis favorable du Politburo du CC du PCUS.

Les présidents du KGB après Iouri Andropov étaient en même temps membres du Politburo du CC du PCUS.

Le Président du KGB était secondé par :

  • un Présidium du KGB (Collège composé de principaux chef de services) ;
  • un Comité du PCUS (ayant les droits et le statut d'un comité d'arrondissement de la ville de Moscou) ;
  • un Comité de la jeunesse communiste - Komsomol (avec le même statut du comité d'arrondissement) ;
  • un Comité du club sportif Dynamo Moscou.

Les officiers de carrière ayant le statut militaire, il n'y avait pas pour eux de syndicat (interdit aux militaires). Seuls les employés civils étaient réunis en syndicat.

Directions générales

Directions

  • Troisième direction dont la mission était le contre-espionnage militaire (dans l'armée) ;
  • Cinquième direction ou la police politique et idéologique dont la mission était la chasse des dissidents et la surveillance des groupes religieux ;
  • Sixième direction : contre-espionnage économique et sécurité industrielle ;
  • Septième direction : service des "fileurs" ;
  • Neuvième direction dont la mission était la protection des hauts dignitaires du Parti communiste et de l'État soviétique ;
  • Direction opérationnelle technique ;
  • Quinzième direction : protection des sites d'État, dont le contrôle des armes nucléaires ;
  • Seizième direction : le renseignement électronique ;
  • Construction des sites militaires stratégiques.

Présidents du KGB

Notes et références

  1. L'Épée et le Bouclier, 29-30.
  2. L’URSS en Afghanistan : aux sources de la décision d’intervention de décembre 1979, comment le directeur du KGB de l'époque a imposé l'intervention militaire face au Politburo
  3. En novembre 1990, selon le directeur du BVD néerlandais, un tiers des citoyens soviétiques travaillant aux Pays-Bas sont des agents du KGB.
  4. (fr) Edouard Chevardnadze: l'antagonisme Gorbatchev-Eltsine a été fatal à l'URSS, 20 décembre 2007, RIA Novosti
  5. Genevofa Étienne, Claude Moniquet, Histoire de l'espionnage mondiale, tome 2, Éditions du Félin, 2001.

Articles connexes

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie ou FSB, principal successeur du KGB (ancienne deuxième direction) ;
  • Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie ou SVR (ancienne première direction du KGB) ;
  • Département 7, opérations scientifiques ;
  • Sécurité d'État, équivalent tchécoslovaque du KGB.
  • Révolte d'officiers haut placés, Dans Parcours de bourreau, éd. Bureau M (2009 diffusion GE29)un colonel du KGB qui dirigeait à Moscou le service du "Tri" (enquêtes et interrogatoire des suspects de dissidence) raconte comment il a cessé de croire à son idéal communiste des débuts et a fini par devenir lui-même un dissident après avoir fait interroger une prisonnière, dont il est tombé amoureux. De 1968 à 1983, il a de plus en plus remis en question un régime qui prétendait représenter et défendre les intérêts du peuple. Ce colonel a complètement "disparu" en 1983 et depuis lors, on n'a jamais pu savoir ce qu'il en est advenu. Il n'est pas le seul dans ce cas, et à partir des années 1970, il y eut de plus en plus d'officiers parfois très haut placés au KGB qui sont passés à l'Ouest ou ont disparu après rébellion.

Bibliographie

  • Christopher Andrew, Oleg Gordievsky, Le KGB dans le monde, 1917-1990, Fayard, 1990. (ISBN 2213026009)
  • Christopher Andrew, Vassili Mitrokhine, Le KGB contre l'Ouest : 1917-1991, Fayard, 2000. (ISBN 2213607443)
  • John Barron, Enquête sur le KGB, Fayard, 1984.
  • Hélène Blanc, KGB Connexion : Le système Poutine, Hors Commerce, 2004. (ISBN 2915286159)
  • Brian Freemantle, Le KGB, 1986. (ISBN 2259014348)
  • Jean-Louis Loubet del Bayle, Police et politique. Une approche sociologique, L'Harmattan, 2006.
  • Roumiana Ougartchinska, KGB & Cie à l'assaut de l'Europe, Éditions Anne Carrére, 2005. (ISBN 2843372887)
  • Nadine Marie-Schwartzenberg, Le KGB, PUF, « Que sais-je ? », no 2757, 1993.
  • Ronald Seth, SMERSH, Stock, 1970.
  • Thierry Wolton, Le KGB en France, Éditions Grasset, 1986.
  • Kim Philby, Ma guerre silencieuse, Éditions Robert Laffont, 1968. Les mémoires du célèbre agent double (MI6-KGB).
  • Serguei Iémiliévitch Groustine, Parcours de bourreau, 1968-1982, éditions Bureau M (diffusion GE29), 120 pages, (ISBN 978-2-9600155-7-7)

Liens externes


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