- Louis-Ferdinand Celine
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Louis-Ferdinand Céline
Pour les articles homonymes, voir Céline.Louis-Ferdinand Céline Activité(s) romancier, essayiste, médecin Naissance 27 mai 1894
CourbevoieDécès 1er juillet 1961
MeudonGenre(s) roman, essai Distinctions Prix Renaudot 1932 Louis Ferdinand Auguste Destouches, plus connu sous son nom de plume Louis-Ferdinand Céline (prénom de sa grand-mère et l'un des prénoms de sa mère), généralement abrégé en Céline (1894 – 1961), est un médecin et écrivain français, le plus traduit et diffusé dans le monde parmi ceux du XXe siècle après Marcel Proust.
Sa pensée nihiliste est teintée d'accents héroïcomiques et épiques. Controversé en raison de ses pamphlets antisémites et de ses prises de positions politiques, il n'en demeure pas moins un des plus grands écrivains de la littérature française du XXe siècle. Il est le créateur d'un style qui traduit toute la difficulté d'une époque à être et à se dire et qui exprime sa haine du monde moderne. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands prosateurs de son temps, aux côtés d'autres connaisseurs de l'absurdité humaine comme Jean-Paul Sartre, Albert Camus et Samuel Beckett[1].
Sommaire
Biographie
Jeunesse en région parisienne
Louis-Ferdinand Céline est né le 27 mai 1894 à Courbevoie, département de la Seine, au 11, rampe du Pont-de-Neuilly (aujourd'hui chaussée du Président-Paul-Doumer), ainsi qu'il le répète avec insistance dans D'un château l'autre. Il est le fils de Fernand Destouches (Havre 1865 - Paris 1932), issu du côté paternel d'une famille de petits commerçants et d'enseignant d'origine normande installés au Havre[2] et bretonne du côté maternel, et de Marguerite Guillou (Paris 1868 - Paris 1945), issue d'une famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisans et de petits commerçants[3]. Ses parents déménagent et s'installent à Paris passage Choiseul dans le quartier de l'Opéra où Céline passe toute son enfance dans ce qu'il appelle sa « cloche à gaz » en référence à l'éclairage de la galerie par la multitude de becs à gaz au début du XXe siècle. Son père est employé d'assurances et « correspondancier » selon les propres mots de l'écrivain et avait des prétentions nobiliaires (parenté revendiquée plus tard par son fils avec le chevalier Destouches, immortalisé par Jules Barbey d'Aurevilly), et sa mère est commerçante en dentelles dans une petite boutique du passage Choiseul. Il reçoit une instruction assez sommaire, malgré deux séjours linguistiques en Allemagne et en Angleterre. Il occupe de petits emplois durant son adolescence, notamment dans des bijouteries, et s'engage dans l'armée française en 1912 à 18 ans par devancement d'appel.
Première Guerre mondiale et Afrique
Il rejoint le 12e régiment de cuirassiers à Rambouillet. Il utilisera ses souvenirs d'enfance dans Mort à crédit et ses souvenirs d'incorporation dans Casse-pipe (1949). Il est promu maréchal des logis le 5 mai 1914 quelques semaines avant son vingtième anniversaire.
Trois mois plus tard, son régiment participe aux premiers combats de la Première Guerre mondiale en Flandre Occidentale.
Pour avoir accompli une liaison risquée dans le secteur de Poelkapelle au cours de laquelle il est blessé au bras droit – et non à la tête, contrairement à une légende tenace qu'il avait lui-même répandue, affirmant avoir été trépané[4] –, avoir été grièvement blessé à l'épaule droite et dès l'automne 1914 avoir eu le tympan abîmé[5], il sera décoré de la Croix de guerre avec étoile d'argent, ce qui lui conférera la Médaille militaire, le 24 novembre 1914.
Inapte au combat, il est affecté comme auxiliaire au service des visas du consulat français à Londres (dirigé par l'armée en raison de l'état de siège) puis réformé après avoir été déclaré handicapé à 70 % en raison des séquelles de sa blessure. L'expérience de la guerre jouera un rôle décisif dans la formation de son pacifisme et de son pessimisme.
Il contracte alors un engagement avec une compagnie de traite qui l'envoie en Afrique.
Rencontre importante qui complète sa formation intellectuelle : il travaille en 1917-1918 auprès du savant-inventeur-journaliste-conférencier Henry de Graffigny. Embauchés ensemble par la mission Rockefeller, ils parcourent la Bretagne en 1918 pour une campagne de prévention de la tuberculose.
La formation du médecin
Après la guerre, il se fixe à Rennes. Ayant épousé Edith Follet la fille du directeur de l'École de médecine de Rennes (le 10 août à Quintin (Côtes-du-Nord)), celle-ci donne naissance à son unique fille, Colette Destouches, le 15 juin 1920. Il prépare le baccalauréat, qu'il obtiendra en 1919, puis poursuit des études de médecine de 1920 à 1924 en bénéficiant des programmes allégés réservés aux anciens combattants. Sa thèse de doctorat, La Vie et l'œuvre d'Ignace Philippe Semmelweis (1924), est aujourd'hui considérée comme sa première œuvre littéraire. Il publie La Quinine en thérapeutique (1925). Après son doctorat, il est embauché à Genève par la fondation Rockefeller qui subventionne un poste de l'Institut d'hygiène de la SDN, fondé et dirigé par le Dr Rajchman. Sa famille ne l'accompagne pas. Il accompagnera plusieurs voyages de médecins en Afrique et en Amérique. Cela l'amène notamment à visiter les usines Ford au cours d'un séjour à Détroit qui durera un peu moins de 36 heures.
Elizabeth Craig
En 1926, il rencontre à Genève Elizabeth Craig (1902-1989), une danseuse américaine, qui sera la plus grande passion de sa vie. C'est à elle, qu'il surnommera l'Impératrice, qu'il dédiera le Voyage au bout de la nuit. Elle le suit à Paris, rue Lepic, mais le quitte en 1933, peu après la publication du Voyage. Il partira à sa recherche en Californie, mais ce sera pour apprendre qu'elle a épousé un Israélite, Ben Tankel ; après quoi on n'entendra plus parler d'elle jusqu'en 1988, date à laquelle l'universitaire américain Alphonse Juilland la retrouvera, quelques jours avant Jean Monnier, qui était sur sa trace également. Elle affirmera alors dans une interview qu'elle craignait qu'en perdant sa beauté avec l'âge, elle ne finisse par ne plus rien représenter pour lui[4].
La formation de l'écrivain
Comme beaucoup d'écrivains, Céline a su habilement bâtir toute une série de mythes sur sa personnalité. En même temps que Voyage au bout de la nuit, Céline écrivait des articles pour une revue médicale (La Presse médicale) qui ne correspondent pas à l'image de libertaire qu'on s'est faite de lui[6]. Dans le premier des deux articles qu'il donna à cette revue en mai 1928, Céline vante les méthodes de l'industriel américain Henry Ford, méthodes consistant à embaucher de préférence « les ouvriers tarés physiquement et mentalement » et que Céline appelle aussi « les déchus de l'existence ». Cette sorte d'ouvriers, remarque Céline, « dépourvus de sens critique et même de vanité élémentaire », forme « une main-d’œuvre stable et qui se résigne mieux qu'une autre ». Céline déplore qu'il n'existe rien encore de semblable en Europe, « sous des prétextes plus ou moins traditionnels, littéraires, toujours futiles et pratiquement désastreux ».
Dans le deuxième article, publié en novembre 1928, Céline propose de créer des médecins-policiers d'entreprise, « vaste police médicale et sanitaire » chargée de convaincre les ouvriers « que la plupart des malades peuvent travailler » et que « l'assuré doit travailler le plus possible avec le moins d'interruption possible pour cause de maladie ». Il s'agit, affirme Céline, d'« une entreprise patiente de correction et de rectification intellectuelle » tout à fait réalisable pourtant car « Le public ne demande pas à comprendre, il demande à croire. » Céline conclut sans équivoque : « L'intérêt populaire ? C'est une substance bien infidèle, impulsive et vague. Nous y renonçons volontiers. Ce qui nous paraît beaucoup plus sérieux, c'est l'intérêt patronal et son intérêt économique, point sentimental. » On peut toutefois s'interroger sur la correspondance entre ces écrits et les réels sentiments de Céline, sur le degré d'ironie de ces commentaires « médicaux » (ou sur une éventuelle évolution) car, quelques années plus tard, plusieurs passages de Voyage au bout de la nuit dénonceront clairement l'inhumanité du système capitaliste en général et fordiste en particulier[7].
Contrairement à la légende souvent reprise, il ne sera jamais conseiller médical de la société des automobiles Ford à Détroit[réf. nécessaire]. Son contrat à la SDN n'ayant pas été renouvelé, il sera engagé, après avoir envisagé d'acheter une clinique en banlieue parisienne et un essai d'exercice libéral de la médecine, par le dispensaire de Bezons (1940-1944) où il effectuera quatre vacations de deux heures par semaine pour lesquelles il sera payé 2 000 F par mois. Il y rencontre Albert Sérouille. Il lui fera même une fameuse préface à son livre : « Bezons à travers les âges »[8]. Pour compléter ses revenus, il occupera un poste polyvalent de concepteur de documents publicitaires, de spécialités pharmaceutiques et même de visiteur médical dans trois laboratoires pharmaceutiques.
C'est toute cette partie de sa vie qu'il relate à travers les aventures de son antihéros Ferdinand Bardamu, dans son roman le plus connu, le premier, Voyage au bout de la nuit (1932), pour lequel il reçoit le prix Renaudot, après avoir manqué de peu le prix Goncourt (ce qui provoquera la démission de Lucien Descaves du jury du Goncourt).
L'époque des pamphlets antisémites
À la fin des années 1930, Céline publie deux pamphlets fortement marqués par un antisémitisme virulent : Bagatelles pour un massacre (1937) et L'École des cadavres (1938).
Il présente lui-même ces ouvrages ainsi : « Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l'envoie. Je suis l'ennemi n°1 des juifs[9] ».
Dès la fin des années 1930, Céline se rapproche des milieux d'extrême droite français pro-nazis, en particulier de l'équipe du journal de Louis Darquier de Pellepoix, la France enchaînée.[10]
Voir, plus loin : Politique, racisme et antisémitisme.
L'Occupation
Sous l'Occupation, Céline envoie des lettres aux journaux collaborationnistes[11], certaines y sont publiées, d'autres pas[12]. Il y fait preuve d'un antisémitisme violent[13],[14]. Par exemple, le 4 septembre 1941, le journal collaborateur Notre combat pour la nouvelle France socialiste publie un article intitulé « Céline nous parle des Juifs » : Céline y déclare « Pleurer, c'est le triomphe des Juifs ! Réussit admirablement ! Le monde à nous par les larmes ! 20 millions de martyrs bien entrainés c'est une force ! Les persécutés surgissent, hâves, blêmis, de la nuit des temps, des siècles de torture[15]... »
Durant cette période, Céline exprime ouvertement son soutien à l'Allemagne nazie. Lorsque celle-ci entre en guerre contre l'Union soviétique, en juin 1941, il déclare : « pour devenir collaborationniste, j’ai pas attendu que la Commandantur pavoise au Crillon... On n’y pense pas assez à cette protection de la race blanche. C’est maintenant qu’il faut agir, parce que demain il sera trop tard. (...) Doriot s’est comporté comme il l’a toujours fait. C’est un homme... il faut travailler, militer avec Doriot. (...) Cette légion (la L.V.F.) si calomniée, si critiquée, c'est la preuve de la vie. (...) Moi, je vous le dis, la Légion, c'est très bien, c'est tout ce qu'il y a de bien. »[16].
Il publie alors Les Beaux Draps, son troisième et dernier pamphlet antisémite (Nouvelles éditions françaises, 1941), dans lequel il exprime clairement sa sympathie pour l'occupant (« C’est la présence des Allemands qu’est insupportable. Ils sont bien polis, bien convenables. Ils se tiennent comme des boys scouts. Pourtant on peut pas les piffer... Pourquoi je vous demande ? Ils ont humilié personne... Ils ont repoussé l’armée française qui ne demandait qu’à foutre le camp. Ah, si c’était une armée juive alors comment on l’adulerait! »[17]).
L'exil : Sigmaringen, puis le Danemark
Après le débarquement du 6 juin 1944, Céline, craignant pour sa vie, quitte la France le 14 juin 1944. Il se retrouve d'abord à Baden-Baden, en Allemagne, avant de partir pour Berlin, puis pour Kraenzlin (le Zornhof de Nord) d'où il ne put rejoindre le Danemark... Apprenant que le gouvernement français se formait à Sigmaringen, Céline proposa alors à Fernand de Brinon, le représentant de Vichy pour la France occupée, d'y exercer la médecine ; celui-ci accepta. Voilà comment Céline gagna par le train Sigmaringen, voyage qu'il relate dans Rigodon ; là-bas il côtoie le dernier carré des pétainistes et des dignitaires du régime de Vichy (D'un château l'autre). C'est seulement après, le 22 mars 1945, qu'il quitte Sigmaringen pour le Danemark, occupé par les Allemands, afin de récupérer son or qui y était conservé. Chronologiquement, la « trilogie » allemande commence ainsi par Nord, se prolonge par D'un château l'autre, et finit par le livre posthume Rigodon. Céline, dans Nord, fait plusieurs clins d'œil au lecteur censé avoir déjà lu D'un château l'autre. Il atteignit enfin le Danemark pour y vivre en captivité : près d'une année et demie de prison, et plus de quatre ans dans une maison au confort rudimentaire près de la mer Baltique.
Il vit dans un taudis qu'il ne peut chauffer, boycotté par le monde littéraire. En 1950, dans la cadre de l'Épuration, il est condamné à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark), à 50 000 francs d'amende, la confiscation de la moitié de ses biens et à l'indignité nationale[4].
Retour en France
Céline est amnistié en 1951 grâce à son nouvel avocat Tixier-Vignancour[18]. Il signe alors un contrat avec Gallimard. Désireux de bénéficier de la retraite, il s'inscrit à l'Ordre des médecins, mais demande une dispense de cotisations, « car il n'a pas de clientèle ». Il doit apposer une plaque de médecin à l'entrée de son pavillon, mais ne semble pas avoir aménagé d'emplacement où il aurait pu recevoir ses patients éventuels. À 65 ans, il retire la plaque et obtient le bénéfice de sa retraite.
L'écrivain veut récupérer son prestige perdu à cause de son antisémitisme virulent, et retrouve le succès à partir de 1957 avec la « trilogie allemande », dans laquelle il romance son exil. Publiés successivement et séparément, D'un château l'autre (1957), Nord (1960) et Rigodon (1969) forment en réalité trois volets d'un seul roman. Céline s'y met personnellement en scène comme personnage et comme narrateur.
Louis-Ferdinand Destouches décède en 1961 d'une rupture d'anévrisme[4] à son domicile, Route des Gardes à Meudon (Hauts-de-Seine), laissant veuve la danseuse et professeur de danse Lucette Destouches (née Almanzor), pour laquelle il écrivit ses arguments de ballets. Il est enterré au cimetière des Longs Réages, à Meudon ; le pavillon qu'il occupait brûlera en 1968[4].
Le style Céline
Céline révolutionne le récit romanesque traditionnel, jouant avec les rythmes et les sonorités, dans ce qu'il appelle sa « petite musique ». Le vocabulaire à la fois argotique et scientifique, familier et recherché, est au service d'une terrible lucidité, oscillant entre désespoir et humour, violence et tendresse. Révolution stylistique et réelle révolte (le critique littéraire Gaétan Picon est allé jusqu'à définir le Voyage comme « l'un des cris les plus insoutenables que l'homme ait jamais poussé »).
C'est en 1936 que, dans Mort à crédit, cette révolution stylistique prend un tour beaucoup plus radical, notamment par l'utilisation de phrases courtes, très souvent exclamatives, séparées par trois points de suspension. Cette technique d'écriture, conçue pour exprimer et provoquer l'émotion, se retrouvera dans tous les romans qui suivront. Elle décontenancera une bonne partie de la critique à la publication de Mort à crédit. Dans ce roman nourri des souvenirs de son adolescence, Céline présente une vision chaotique et antihéroïque, à la fois burlesque et tragique, de la condition humaine. Le livre, cependant, connaît peu de succès, et se trouve même critiqué par les partisans de Voyage au bout de la nuit. Simone de Beauvoir prétendra (mais longtemps après, en 1960) qu'elle et Jean-Paul Sartre y auraient alors vu « un certain mépris haineux des petites gens qui est une attitude préfasciste[19] », tandis qu'Élie Faure, qui avait encensé le Voyage, juge simplement que Céline « piétine dans la merde[20] ».
Sur le plan stylistique, la progression qui apparaît entre son premier roman et son ultime trilogie est marquée par une correspondance de plus en plus nette entre le temps du récit (ou temps de l'action) et le temps de la narration (ou temps de l'écriture). C'est ainsi que le présent de narration envahit l'espace romanesque au point que l'action ne semble plus se dérouler dans le passé, mais bien au contraire au moment même où le narrateur écrit. Le texte se rapproche ainsi progressivement du genre de la chronique, donnant à son lecteur l'impression que les événements se déroulent « en direct », sous ses yeux.
Il est intéressant de le rapprocher de son contemporain Ramuz, qu'il disait être « l'initiateur du transfert de la langue parlée dans la langue écrite ».C'est dans son deuxième roman, Mort à crédit, mettant en scène l'enfance de Ferdinand Bardamu, alter ego littéraire de Céline, qu'il développe son véritable style, dont les points de suspension sont caractéristiques, style que l'on retrouve dans les romans suivants. Ces fameux points de suspension ont fait l'objet de nombreuses thèses. Ils peuvent s'expliquer par la volonté de l'auteur de combiner langue écrite et orale afin d'obtenir ce qu'il dénommait lui-même sa « petite musique ».
Politique, racisme et antisémitisme
La violente critique du militarisme, du colonialisme et du capitalisme qui s'exprime dans ses livres, fait apparaître Céline, dans ses débuts, comme un écrivain proche des idées de la gauche. En 1936, il est invité en URSS, notamment sous l'influence d'Elsa Triolet, à valider ses droits d'auteur pour Voyage au bout de la nuit (en Union soviétique les droits d'auteurs étaient bloqués sur un compte en banque qu'on ne pouvait utiliser que dans le pays même). Il écrit à son retour son premier pamphlet, Mea culpa, charge impitoyable contre une Russie soviétique bureaucratique et barbare, la même année que Retour de l'URSS d'André Gide.
Bagatelles pour un massacre
Céline s'exprime alors par une série de pamphlets violemment antisémites. En 1937, quand paraît Bagatelles pour un massacre, André Gide écrira « Quant à la question même du sémitisme, elle n'est pas effleurée. S'il fallait voir dans Bagatelles pour un massacre autre chose qu'un jeu, Céline, en dépit de tout son génie, serait sans excuse de remuer les passions banales avec ce cynisme et cette désinvolte légèreté[21] », puis en 1938, L'École des cadavres. Ces livres connaissent un grand succès : il y étale un racisme et un antisémitisme radicaux, mais aussi le désir de voir se créer une armée franco-allemande et une apologie de Hitler qui n'aurait aucune visée sur la France : « Si demain Hitler me faisait des approches avec ses petites moustaches, je râlerais comme aujourd'hui sous les juifs. Mais si Hitler me disait : “Ferdinand ! c'est le grand partage ! On partage tout !”, il serait mon pote ![22] »
L'École des cadavres
Et dans L'École des cadavres (1938) :
- « Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, des loupés tiraillés qui doivent disparaître. […] Dans l'élevage humain, ce ne sont, tout bluff à part, que bâtards gangréneux, ravageurs, pourrisseurs. Le juif n'a jamais été persécuté par les aryens. Il s'est persécuté lui-même. Il est le damné des tiraillements de sa viande d'hybride. » (L'École des cadavres, Paris, Denoël, 1938, p. 108).
Ou encore :
- « Je me sens très ami d'Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu'ils ont bien raison d'être racistes. Ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c'est les Juifs et les francs-maçons. Que la guerre c'est la guerre des Juifs et des francs-maçons, que c'est pas du tout la nôtre. Que c'est un crime qu'on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c'est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto. Que c'est la dégringolade au dernier cran de la dégueulasserie[23]. » (p. 151)
Les Beaux Draps
Après la défaite et l'occupation de la France, Céline rédige un troisième pamphlet : Les Beaux Draps, où il dénonce non seulement les Juifs et les francs-maçons mais aussi la majorité des Français, soupçonnés de métissage. Le pamphlétaire demande également, entre autres considérations, une réduction du temps de travail (à 37 heures, pour commencer) et s'en prend assez clairement au Maréchal Pétain. Cela déplaît tant au régime de Vichy que, au même titre que Les Décombres de Lucien Rebatet, le livre est mis à l'index (sans pour autant être interdit de publication). L'écrivain adresse ensuite une quarantaine de lettres ouvertes publiées par les organes les plus virulents de la collaboration tout en restant en marge des différents mouvements collaborationnistes créés à la faveur des événements. Dans ces lettres, il se présente comme le pape du racisme et déplore l'insuffisance de la répression contre les Juifs, les francs-maçons, les communistes et les gaullistes. Il publie en 1944 Guignol's band, récit de son séjour de 1915 en Angleterre.
Interprétations
Plusieurs interprétations ont été données de l'antisémitisme célinien, qui se déchaîne dans cet extrait d'une lettre à sa secrétaire littéraire :
« Je veux les [les Juifs] égorger... [...] Lorsque Hitler a décidé de “purifier” Moabit à Berlin (leur quartier de la Villette), il fit surgir à l'improviste dans les réunions habituelles, dans les bistrots, des équipes de mitrailleuses et par salves, indistinctement, tuer tous les occupants ! [...] Voilà la bonne méthode. » (Lettres à Marie Canavaggia, Du Lérôt éd., 1995).
Ainsi, selon l'historien Philippe Burrin : « Ses pamphlets de l'avant-guerre articulaient un racisme cohérent. S'il dénonçait en vrac la gauche, la bourgeoisie, l'Église et l'extrême droite, sans oublier sa tête de Turc, le maréchal Pétain, c'est pour la raison qu'ils ignoraient le problème racial et le rôle belliciste des juifs. La solution ? L'alliance avec l'Allemagne nazie, au nom d'une communauté de race conçue sur les lignes ethnoracistes des séparatistes alsaciens, bretons et flamands. » (La France à l'heure allemande, 1940-1944, Seuil, 1995, p. 63.)
Burrin écrit encore : « Autant qu'antisémite, il [Céline] est raciste : l'élimination des juifs, désirable, indispensable, n'est pas le tout. Il faut redresser la race française, lui imposer une cure d'abstinence, une mise à l'eau, une rééducation corporelle et physique. […] Vichy étant pire que tout, et en attendant qu'une nouvelle éducation ait eu le temps de faire son œuvre, il faut attirer par le “communisme Labiche” ces veaux de Français qui ne pensent qu'à l'argent. Par exemple, en leur distribuant les biens juifs, seul moyen d'éveiller une conscience raciste qui fait désespérément défaut. » (ibid., p. 427.)
L'historien Robert Soucy, professeur émérite au Oberlin College (Ohio, États-Unis), perçoit une dimension sexuelle dans l'antisémitisme de l'auteur : « Selon Céline, les Juifs ne se bornent pas à dominer la France sur les plans politiques, économique, social et culturel ; ils constituent en plus une menace sur le plan sexuel, et plus précisément homosexuel. Selon Céline, les Juifs sont des “enculés” qui prennent de force les Aryens par derrière. Se montrer docile avec les Juifs, c'est courir le risque de se faire violer par eux. [...] Ses envolées contre les Juifs expriment beaucoup de craintes et aussi une jalousie de nature sexuelle. D'après lui, les Aryens sont souvent violés par des Juifs dominateurs ; quant aux Aryennes, elles trouvent les Juifs particulièrement attirants. Les Juifs exercent la même fascination sexuelle sur les femmes que les Noirs : “La femme est une traîtresse chienne née. [...] La femme, surtout la Française, raffole des crépus, des Abyssins, ils vous ont des bites surprenantes.” Ainsi, dans l'univers mental de Céline, la misogynie et le racisme se renforcent mutuellement[24]. »
Analyse de l'œuvre
Son premier roman, Voyage au bout de la nuit, se construit autour de deux axes principaux qui correspondent aux deux grandes parties de l'œuvre. Le premier axe concerne la découverte et la condamnation par Ferdinand Bardamu de la guerre, de la colonisation, de l'exploitation industrielle : partout des hommes en asservissent d'autres. Le deuxième axe, quant à lui, est un prolongement du premier. Il en confirme l'essentiel : « l'amour est impossible aujourd'hui ». Cependant, ce thème est désormais exploré plus intimement. C'est ainsi que le couple formé par Robinson et Madelon investit progressivement le centre de la narration. Céline dissèque alors la volonté de domination et d'asservissement qui sont à l'œuvre dans les relations les plus idéalisées que sont les relations amoureuses. Le roman progresse ainsi du général au particulier afin de vérifier un des aphorismes présents dès son ouverture : « l'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches ». Les « caniches » que sont les êtres humains, ne pouvant prétendre à cet idéal abstrait qu'est l'amour du fait de leur nature définitivement bestiale ; Céline rejoignant ici la pensée d'Arthur Schopenhauer. Toutefois, certains (minoritaires), tel Pierre Lainé, voient en Céline un auteur humaniste en dépit de ses outrances et de sa crudité[25] ; des bribes d'humanité persistant dans l'œuvre célinienne, comme lorsque, dans le Voyage, Bardamu s'apitoie sur l'enfant Bébert.
Son dernier roman, Rigodon, à considérer plutôt comme une chronique, puisqu'il s'y qualifie lui-même de : « Moi, chroniqueur des grands guignols », fut écrit à Meudon en 1960 et 1961. Son dernier livre fait figure de testament littéraire. En effet, le 1er juillet 1961, Céline prévient sa femme que l'ouvrage en question est achevé, écrit par ailleurs une lettre à Gaston Gallimard, et meurt le soir même, à 18 heures. De ce roman on retiendra le rejet intégral de l'Occident face au dégoût que peut inspirer son Histoire : les guerres, la colonisation, la décadence de l'Europe :
« Vous aimez trop les paradoxes ! Céline ! les Chinois sont antiracistes !... les noirs aussi !
— Cette fouterie ! qu'ils viennent ici seulement un an ils baisent tout le monde ! le tour est joué ! plus un blanc ! cette race n'a jamais existé... un “fond de teint” c'est tout ! L'homme vrai de vrai est noir et jaune ! l'homme blanc religion métisseuse ! des religions ! juives catholiques protestantes, le blanc est mort ! il n'existe plus ! qui croire ? »
« ... mais on a vu pire, bien pire... et on verra je vous assure encore bien plus chouette... les Chinois à Brest, les Blancs en pousse-pousse, pas tirés ! dans les brancards ! ... que toute cette Gaule et toute l'Europe, les yites avec, changent de couleur, qu'ils ont bien fait assez chier le monde ! ... elle et son sang bleu prétentieux, christianémique ! »
Postérité
Auteurs faisant référence à Céline
- Charles Bukowski, fait référence à Céline dans son roman Pulp (1994) alors que le personnage de la Grande Faucheuse demande au protagoniste et détective Nicky Belane de le retrouver pour pouvoir enfin l'attraper. Comme le mentionne Sounes, Bukowski était un grand admirateur de Céline et de son roman Voyage au bout de la nuit considérant le premier comme le plus grand auteur français de tous les temps[26].
- Le style de Frédéric Dard est influencé par celui de Céline, auteur pour lequel il éprouvait une grande admiration, ce qu'il a volontiers reconnu à diverses reprises[27],[28].
- Patrick Modiano ouvre son premier roman, La Place de l'Étoile, sur une reprise du style de Céline, dans un article imaginaire signé par le « docteur Bardamu ».
- James Douglas Morrison fait référence à Voyage au bout de la nuit dans la chanson « End of the night ».
- L'auteur de romans noirs A.D.G., dont le style fait également référence à Céline, cite à plusieurs reprises les titres de ses romans (Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit), notamment dans son polar Pour Venger Pépère.
Citation à propos de Céline
- Charles Berling : « La force, l'intelligence d'une écriture, un vrai style. De l'instinct pur. »
- Michel Bounan : « La bonne question n'est pas de savoir comment un libertaire en vient à s'acoquiner avec des nazis mais pourquoi ce genre de personnage croit bon de se déguiser en libertaire. » L'Art de Céline et son temps, Ed. Allia, 1997
- André Gide : « Je considère Bagatelles pour un massacre trop grotesque pour pouvoir être pris au sérieux. » [29]
- Le 7 décembre 1941, Ernst Jünger, alors capitaine de l'état-major de l'armée allemande à Paris, rencontre Céline à l'Institut allemand. Il note dans son journal : « II [Céline] dit combien il est surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n'exterminions pas les Juifs — il est stupéfait que quelqu'un disposant d'une baïonnette n'en fasse pas un usage illimité : “Si les Bolcheviks étaient à Paris, ils vous feraient voir comment on s'y prend ; ils vous montreraient comment on épure la population, quartier par quartier, maison par maison. Si je portais la baïonnette, je saurais ce que j'ai à faire.”[30] ». Jünger est par ailleurs frappé par le regard de l'écrivain : « Il y a chez lui ce regard des maniaques tourné en dedans qui brille au fond d'un trou. Pour ce regard aussi, plus rien n'existe ni à droite ni à gauche, on a l'impression que l'homme fonce vers un but inconnu[31]. »
- Jean-Pierre Martin : « Céline, écrivain de la haine (un des lieux communs de la critique célinienne) ? A peine. En tout cas pas le dernier Céline. La haine intransitive a une face noble. Elle peut jouxter la révolte. Il arrive qu'elle donne des exaltations sublimes et généreuse.
Céline n'a pas “la haine”, comme on dit aujourd'hui. Il a la rancœur. [...] Une nostalgie aigrie, rassise, étudiant bien ses effets[32]. »
Œuvres
Romans
- Voyage au bout de la nuit, Denoël & Steele, Paris, 1932
- Mort à crédit, Denoël & Steele, Paris, 1936
- Guignol's band, Denoël, Paris, 1944
- Casse-pipe, F. Chambriand, Paris, 1949
- Féerie pour une autre fois, Gallimard, Paris, 1952
- Normance : Féerie pour une autre fois II, Gallimard, Paris, 1954
- D'un château l'autre, Gallimard, Paris, 1957
- Nord, Gallimard, Paris, 1960
- Le Pont de Londres : Guignol's band II, Gallimard, Paris, 1964
- Rigodon, Gallimard, Paris, 1969
Pamphlets
- Mea Culpa, Ed. Denoël & Steele, Paris, 1936
- Bagatelles pour un massacre, Ed. Denoël & Steele, Paris, 1937
- L'École des cadavres, Ed. Denoël, Paris, 1938
- Les Beaux Draps, Nouvelles éditions françaises, Paris, 1941
À l'exception de Mea Culpa, les pamphlets n'ont jamais été réédités, à la demande de sa veuve. Ils sont de toute manière concernés par le décret-loi Marchandeau de 1939 et la loi Pleven de 1972, qui interdisent la provocation à la haine raciale. Les exemplaires d'origine se négocient aux alentours de 150 € (2008) pour une édition ordinaire.
Autres textes
- La Vie et l'œuvre de Philippe Ignace Semmelweis, Simon, Rennes, 1924
- Entretiens avec le professeur Y, Ed. Gallimard, Paris, 1955
- Arletty, jeune fille dauphinoise, La flûte de Pan, Paris, 1983
- Préfaces et dédicaces, Du Lérot, Tusson, 1987
- Histoire du petit Mouck, Éditions du Rocher, 1997
- L'Église, Ed. Denoël & Steele, Paris, 1933
- Foudres et flèches, Ed. F. Chambriand, Paris, 1948
- Carnet du Cuirassier Destouches rédigé en 1913
- Scandale aux abysses, Ed. F. Chambriand, Paris, 1950
- Ballets sans musique, sans personne, sans rien, Ed. Gallimard, Paris, 1959. Ce volume contient les ballets La Naissance d'une fée, Voyou Paul, brave Virginie et Van Bagaden qui figuraient déjà dans Bagatelles pour un massacre, ainsi que Foudres et flèches et Scandale aux abysses.
- Progrès, Ed. Mercure de France, Paris, 1978
- A l'agité du bocal, L'Herne, Paris, 2006
- Céline vivant, anthologie des entretiens audiovisuels avec LF Céline, Ed. Montparnasse, Paris, 2007
Correspondances
- 1979 : Cahiers Céline 5 : Lettres à des amies. Ed. Gallimard
- 1981 : Cahiers Céline 6 : Lettres à Albert Paraz 1947-1957. Ed. Gallimard
- 1984 : Lettres à son avocat : 118 lettres inédites à Maître Albert Naud. Paris : La Flûte de Pan
- 1985 : Lettres à Tixier : 44 lettres inédites à Maître Tixier-Vignancour. Paris : La Flûte de Pan
- 1987 : Lettres à Joseph Garcin (1929-1938). Paris : Librairie Monnier
- 1988 : Lettres à Charles Deshayes, 1947-1951. Paris : Bibliothèque de Littérature Française Contemporaine
- 1989 : Le questionnaire Sandfort, précédé de neuf lettres inédites à J.A. Sandfort. Paris : Librairie Monnier
- 1991 : Lettres à la NRF 1931-1961. Paris : Gallimard
- 1991 : Lettres à Marie Bell. Aigre : Du Lérot
- 1991 : Céline et les éditions Denoël, 1932-1948. Paris : IMEC
- 1995 : Lettres à Marie Canavaggia, 1 : 1936-1947. Tusson : Du Lérot
- 1995 : Lettres à Marie Canavaggia, 2 : 1948-1960. Tusson : Du Lérot
- 1998 : Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen (1945-1947). Paris : Gallimard
- 2002 : Lettres à Antonio Zuloaga (1947-1954), texte établi, présenté et annoté par Eric Mazet, préface de Philippe Sollers, La Sirène, Paris, 2002 (imprimerie Du Lérot, Tusson).
Annexes
Bibliographie
- David Alliot, Louis-Ferdinand Céline en verve, Horay, 2004.
- David Alliot, Céline, la légende du siècle, Infolio, 2006.
- David Alliot, Céline à Meudon, images intimes 1951-1961, préface de François Gibault, Ramsay, 2006.
- David Alliot, L'Affaire Louis-Ferdinand Céline, les archives de l'ambassade de France à Copenhague 1945-1951, Horay, 2007.
- David Alliot, Daniel Renard, Céline à Bezons 1940-1944, Éditions du Rocher, 2008 (ISBN 9782268064987)
- David Alliot, François Marchetti, Céline au Danemark, préface de Claude Duneton, Éditions du Rocher, 2008 [3] ;
- Dominique de Roux, Michel Thélia et M. Beaujour (dir.), Cahier Céline, L'Herne, 1970, 2006 (ISBN 2-85197-156-5)
- Philippe Alméras, Les Idées de Céline, Berg international, 1992 ;
- Philippe Alméras, Céline : entre haines et passion, Robert Laffont, 1993 ;
- Philippe Alméras, Dictionnaire Céline, Plon, 2004 ;
- Philippe Alméras , ‘’sur Céline’’, Editions de Paris, 2008, (ISBN 978-2-85162-224-2);
- Maurice Bardèche, Louis-Ferdinand Céline, La Table Ronde, 1986 ;
- Michel Bounan, L'Art de Céline et son temps, Allia, 1997 ;
- Émile Brami, Céline "Je ne suis pas assez méchant pour me donner en exemple"Ecriture 2003
- Émile Brami, Céline, Hergé et l'affaire Haddock Ecriture 2004
- Yves Buin, Céline, Gallimard, coll. "Folio biographies", Paris, 2009.
- Jean-Pierre Dauphin et Jacques Boudillet, Album Céline (iconographie réunie et commentée), Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1977 ;
- Annick Duraffour, Céline, un antijuif fanatique in L'antisémitisme de plume — 1940-1944 , études et documents, Berg International Éditeurs, 1999 ;
- François Gibault, Céline, Mercure de France, Paris (3 tomes) ;
- Henri Godard, Un autre Céline, Textuel, 2008 (2 volumes)
- Nicholas Hewitt, The Life of Céline. À Critical Biography, Blackwelll critical biographies, Blackwell, Oxford, 1999 ;
- Milton Hindus, L.-F. Céline tel que je l'ai vu, L'Herne, 1999 ;
- H. E. Kaminski, Céline en chemise brune ou le Mal du présent, Les Nouvelles Éditions Excelsior, 1938 (rééditions aux éditions Plasma en 1977, puis aux éditions Champ Libre en 1983 et enfin aux éditions Mille et une nuits en 1997 (avec une postface de Jean-Pierre Martin, Kaminsky scandale, et une notice biographique de Joël Gayraud sur Kaminsky, Portrait partiel d'un proscrit) ;
- Alice Yaeger Kaplan, Relevé des sources et citations dans « Bagatelles pour un massacre », Tusson, Ed. du Lérot, 1987 ;
- Jean-Pierre Martin, Contre Céline, ou d'une gêne persistante, José Corti, 1997 ;
- Éric Mazet et Pierre Pécastaing : Images d'exil, Louis-Ferdinand Céline 1945-1951, préface de Claude Duneton, Éditions du Lérot, 2004.
- Pierre Monnier, Ferdinand furieux (avec 313 lettres inédites de Louis-Ferdinand Céline), Lettera, L'Âge d'Homme, 1979 ;
- Robert Poulet, Entretiens familiers avec L. F. Céline, Paris, Plon, Tribune libre, 1958, ( version définitive Mon ami Bardamu, entretiens familiers avec L. F. Céline, Paris, Plon, 1971);
- Philippe Muray, Céline, Seuil, Paris, 1981 (réédition chez Gallimard, 2001) ;
- André Rossel-Kirschen, Céline et le grand mensonge, Éd. Mille et une nuits, 2004 ;
- François Richard, L'Anarchisme de droite dans la littérature contemporaine, Collection littératures modernes, PUF, Paris, 1988 ;
- Willy A. Szafran, Louis-Ferdinand Céline, Essai psychanalytique, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 1976 ;
- Pol Vandromme, Céline, Éditions Pardès, 2001 ;
- Frédéric Vitoux, Bébert, le chat de L.-F. Céline, Grasset, Paris, 1976 ;
- Frédéric Vitoux, Céline, Belfond, Paris, 1987 ;
- Frédéric Vitoux, La Vie de Céline, Grasset, 1988 ;
- Stéphane Zagdanski, Céline seul, Gallimard, 1993 .
Enregistrements audio
Louis-Ferdinand Céline parle, 1 CD de 52 minutes, Éditions Remi Perrin, 1997.
Paul Chambrillon, Céline/ Anthologie officielle en 2 CD avec Louis-Ferdinand Céline, Michel Simon, Arletty, Pierre Brasseur, Albert Zbinden et Louis Pauwell. livret 32 pages avec des textes de Paul Chambrillon, Jean d'Ormesson et Albert Zbinden. Direction artistique : Paul Chambrillon. Label : Fremeaux & Associés, 2000.
Enregistrements vidéo
Céline vivant, Entretiens - Biographie, 2 DVD et un livret (Éditions Montparnasse 2007), sous la direction de Émile Brami. Reprend des entretiens avec Céline (Pierre Dumayet 1957, André Parinaud 1958, Louis Pauwels 1961), un document sonore (Céline au travail) et des témoignages (Elizabeth Craig, Lucette Destouches, Michel Simon, le Dr Willemin, Me François Gibault, René Barjavel, Gen Paul, Dominique de Roux, Michel Audiard etc.)
Articles connexes
Liens externes
Catégorie Louis-Ferdinand Céline de l’annuaire dmoz
- Trois Interview de Céline à la télévision
- Extraits audio de Mort à Crédit, lus par Arletty
- L'interview de Céline par Pierre Dumayet, dans l'émission "Lectures pour tous" en 1957.
- Une interview filmée du professeur Henri Godard, spécialiste de Céline.
Notes et références
- ↑ Tiré de l'encyclopédie alphabétique : Alpha , éditions Hachette, ISBN 2-245-02693-4
- ↑ Cette famille est issue de la petite noblesse du Cotentin, les Des Touches de Lentillière (Chronologie du volume I romans dans la Bibliothèque de la Pléiade, p. LV, (ISBN 2-07-011000-1)
- ↑ Chronologie du volume I Romans des œuvres complètes de Céline dans la Bibliothèque de la Pléiade, p. LV-LVI, (ISBN 2-07-011000-1)
- ↑ a , b , c , d et e Émile Brami, Céline vivant - Entretiens - Biographie, 2 DVD + livret, Éditions Montparnasse, 2007
- ↑ Louis-Ferdinand Céline — EVENE
- ↑ Si, en 1933, dans une lettre à Élie Faure, Céline s'est déclaré « anarchiste jusqu'au bout des ongles », c'était pour rejeter l'engagement dans l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR, organisation antifasciste proche des communistes) que lui proposait son correspondant, ainsi que « notre dégueulasserie commune de droite et de gauche d'homme ». Mais il ne s'engagera pas non plus avec les anarchistes, alors même que certains d'entre eux l'y incitaient après la guerre. Dans une lettre à Albert Paraz, il écrira même : « J'aime bien les anarchistes mais cette idolâtrie des “grandes figures” est niaise. C'est de l'impuissance mentale. Ils remarquent ceux qui ont souffert pour la cause deux siècles “trop tard” et encore “tout de travers” ! Ou pas souffert du tout. On est dans la connerie. »
- ↑ Citons ces deux passages relevés dans l'édition Folioplus de l'œuvre maîtresse de l'écrivain : « On est tous assis sur une grande galère, on rame tous à tour de bras, […] On travaille ! qu'ils disent. C'est ça encore qu'est plus infect que tout le reste, leur travail. On est en bas dans les cales à souffler de la gueule, puants, suintants des rouspignolles, et puis voilà ! En haut sur le pont, au frais, il y a les maîtres [qui s'engraissent] et qui s'en font pas, avec des belles femmes roses et gonflées de parfums sur les genoux. » (p. 13) « Un patron [avare] se trouve toujours rassuré par l'ignominie de son personnel. L'esclave doit être coûte que coûte un peu et même beaucoup méprisable. Un ensemble de petites tares chroniques et physiques justifie le sort qui l'accable. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve dessus à sa place méritée. L'être dont on se sert doit être bas, plat, voué aux déchéances, cela soulage, surtout qu'il nous payait tout à fait mal Baryton. Dans ces cas d'avarices aiguës les employeurs demeurent un peu soupçonneux et inquiets. Raté, débauché, dévoyé, tout s'expliquait, se justifiait et s'harmonisait en somme. Il ne lui aurait pas déplu à Baryton que j'aye été recherché par la police. C'est ça qui rend dévoué. » (p. 454)
- ↑ Albert Serouille, Bezons à travers les âges. Préface de Louis-Ferdinand Céline. Editions Denoël, coll. "A la Ronde du grand Paris", n° 1, 1944, 17 illustrations et 4 plans. Achevé à Bezons en août 1943 et dédié à son épouse, Mme Serouille de Meester.
- ↑ Lettre au Docteur W. Strauss, 1937.
- ↑ http://lewebceline.free.fr/contreceline/c%C3%A9line_et_lextreme_droite_fran%C3%A7aise.htm
- ↑ Cahiers Céline, N° 7: Céline et l'actualité, 1933-1961 / Louis-Ferdinand Céline. Textes réunis et présentés par Jean-Pierre Dauphin, Pascal Fouché. Préface de François Gibault.Édition augmentée, Gallimard, 1987. Voici la table des matières.
- ↑ Emile Brami et Céline par l’INRP
- ↑ Quatre lettres de Louis-Ferdinand Céline aux journaux de l'Occupation in Philippe Alméras , sur Céline, Editions de Paris
- ↑ L'article « lettres aux journaux » dans Philippe Alméras, Dictionnaire Céline, Plon
- ↑ 4 septembre 1941, dans Notre combat pour la nouvelle France socialiste, organe collaborationniste, reproduit dans le site Mémoire juive et Éducation ; voir aussi le 9 juillet 1943, dans le journal collaborationniste Je suis partout.
- ↑ "Entretien avec Céline. Ce que l'auteur du Voyage au bout de la nuit "pense de tout ça...", [[L'Émancipation nationale]], 21 novembre 1941, in Cahiers Céline, n°8, p.134-135 : [1]
- ↑ Les Beaux Draps, Nouvelles éditions françaises, 1941, p.40 : [2]
- ↑ http://lewebceline.free.fr/contreceline/le_proc%C3%A8s_c%C3%A9line.htm
- ↑ La Force de l'âge, Gallimard, p. 142.
- ↑ Élie Faure, O. C., Jean-Jacques Pauvert, t. III., p. 1127.
- ↑ André Gide, « Les juifs, Céline et Maritain », NRF n° 295, 1er avril 1938.
- ↑ (Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1937, p. 83)
- ↑ L'École des cadavres
- ↑ Robert Soucy, Fascismes français ? 1933-1939, Mouvements antidémocratiques, Collection Mémoires, Éditions Autrement, 2004, pp. 415-420.
- ↑ À ce sujet, on lira cet extrait du Céline de Pierre Lainé (Pardès, 2005).
- ↑ Howard Sounes, Charles Bukowski. Une vie de fou, traduit de l'anglais par Thierry Beauchamp, Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Biographie », 2008, p. 315.
- ↑ Entretien avec Bernard Léchot
- ↑ Entretien avec François Rivière
- ↑ Article intitulé « Les juifs, Céline et Maritain », publié dans les colonnes de la NRF (no 295, 1er avril 1938).
- ↑ Ernst Jünger, Premier journal parisien, Christian Bourgois, 1995, p. 73-74.
- ↑ Annick Duraffour, « Céline un antijuif fanatique », in L'antisémitisme de plume, sous la direction de Pierre-Alain Taguieff, Berg International Éditeurs, 1999.
- ↑ Jean-Pierre Martin, Contre Céline, José Corti éditeur.
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