- Cannibalisme
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Le cannibalisme est une pratique qui consiste à consommer (complètement ou partiellement) un individu de sa propre espèce. L'expression s'applique à la fois aux animaux qui dévorent des membres de leur groupe (cannibalisme animal) et aux êtres humains qui consomment de la chair humaine (cannibalisme ou anthropophagie).
Sommaire
Étymologie
Le cannibalisme, lorsqu'il concerne la consommation de viande humaine par des hommes, est également appelé anthropophagie, du grec anthropos (homme) et phagein (manger). Les deux termes peuvent s'utiliser indifféremment, mais les spécialistes distinguent parfois les deux expressions selon l'origine de la pratique (cannibalisme étant réservé aux peuples « sauvages »), selon ses modalités (le cannibalisme comporterait plus souvent un aspect rituel), ou encore selon la finalité de cette pratique (on emploierait de préférence l'un des termes s'il est question de survie, quand il s'agit de s'approprier les qualités de la victime, ou encore quand l'objectif consiste à effrayer les ennemis, etc.).
Le terme cannibale provient du mot caniba ou cariba utilisé par les Taïnos que Christophe Colomb a rencontrés lors de son premier séjour sur Hispaniola. Il désignait alors, selon Christophe Colomb, les redoutables populations de l'est de l'île qui combattaient les autres peuples indigènes et mangeaient leurs victimes. En débarquant à la Guadeloupe en novembre 1493, Christhophe Colomb et son équipage ont découvert des ossements humains qu'ils ont alors attribués aux mêmes peuples Cariba, Caniba, devenus Caribales ou Canibales[1]. Le mot caraïbe fut alors employé pour désigner les autochtones des Petites Antilles mais aussi les anthropophages du Nouveau Monde, avant de se répandre en Europe et de prendre la forme cannibale dans le sens de « sauvage » mangeur d'homme. En 1572, Montaigne y consacre une partie du premier livre (I, 31) de ses Essais, et Shakespeare s'en inspire en 1611 pour créer le personnage maléfique de Caliban dans sa comédie La tempête.
On distingue l’endocannibalisme, qui consiste à manger les membres de son groupe humain, et l’exocannibalisme, qui consiste à manger des membres d'un autre groupe humain.
La Bible considère le cannibalisme comme une malédiction (Lévitique 26 verset 29, 2 Rois 6 verset 28). Le Coran le considère comme un péché majeur pour les musulmans (Sourate 45 verset 12).
Sens figuré
Le verbe cannibaliser est parfois utilisé dans des sens connexes : en économie (« cannibalisation des ventes » d'un produit par un nouveau produit de la même marque), en mécanique ou en électronique, en particulier dans l'armée, pour signifier que l'on prélève des pièces d'un ou plusieurs appareils (en général hors d'usage) afin de constituer ou réparer un appareil en état de fonctionnement. Dans le langage familier cannibaliser peut signifier s'approprier le travail, les ressources ou les idées d'autrui.
Notes et références
- Simone Dreyfus-Gamelon, Et Christophe Colomb vint…, « Ethnies », n.14, 1993, p. 94–105
Voir aussi
Bibliographie
- Cannibales, histoire et bizarreries de l'anthropophagie hier et aujourd'hui, Martin Monestier, le cherche midi, 2000, 264 pages
- Zheng Yi Stèles rouges : du totalitarisme au cannibalisme, éd. Bleu de Chine, 1999, (ISBN 2-910884-13-9)
- Ladan Niayesh, Aux frontières de l’humain : figures du cannibalisme dans le théâtre anglais de la Renaissance, Éditions Honoré Champion, 2009
- Julien Picquart, Notre désir cannibale, La Musardine, 2011
Articles connexes
Liens externes
Le cannibalisme au Guangxi (extrait de Stèles rouges de Zheng Yi)
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