Wehrmacht

Wehrmacht
Wehrmacht
Balkenkreuz.svg

Insigne de la Wehrmacht

Période 16 mars 19358 mai 1945
Pays Allemagne
Allégeance Drapeau : Allemagne Reich allemand
Rôle Forces armées du Reich allemand
Effectif Maximum : 10,2 millions personnes
Composée de Heer
Kriegsmarine
Luftwaffe
Guerres Guerre d'Espagne
Seconde Guerre mondiale
Commandant historique Werner von Blomberg / Adolf Hitler

La Wehrmacht (mot à mot en français « force de défense ») est le nom porté par l’armée allemande de 1935 à 1945 dans le cadre du IIIe Reich d'Adolf Hitler. Elle est issue de la transformation de la Reichswehr, l'armée allemande créée par le traité de Versailles.

La Wehrmacht comportait trois armes :

  • la Wehrmacht Heer (« Armée de terre »),
  • la Wehrmacht Kriegsmarine (« Marine de guerre »),
  • la Wehrmacht Luftwaffe (« Armée de l'air »).

La Waffen-SS ne faisait pas partie de la Wehrmacht, mais du Schutzstaffel dirigée par Heinrich Himmler, bien que sur le plan opérationnel la Waffen-SS fût dirigée par des états-majors de la Wehrmacht.

Le ministère du Reich à la Guerre était responsable de ces prérogatives mais l’armée de l’air dépendait du ministère de l'Air du Reich.

Suite à la Capitulation, la Wehrmacht est dissoute par les Alliés. Lorsqu'en 1955, une nouvelle armée allemande est créée par les Alliés en Allemagne de l'Ouest (République fédérale d'Allemagne), elle prend le nom de Bundeswehr (mot à mot en français « protection fédérale ») pour bien marquer le changement politique, car le nom « Wehrmacht » était associé au IIIe Reich. Le mot « Wehrmacht » est un terme générique en allemand, tout comme « Luftwaffe » ou « Kriegsmarine ». En allemand, ces mots sont employés indistinctement pour évoquer des entités militaires. On parle ainsi de « französiche Wehrmacht » ou de « bulgarische Luftwaffe ». « Heer » en revanche est un nom uniquement employé pour désigner l'armée de terre allemande. Le terme générique correspondant est « Armee ». L'armée rouge se dit « Rote Armee ».

Sommaire

Historique

Entraînement en 1939 sur une Maschinengewehr 34

En instituant aussitôt après la mort de Paul von Hindenburg, le 2 août 1934, le serment solennel du soldat par lequel celui-ci s'engageait à obéir au Führer, Werner von Blomberg[1] créait les conditions d'une brutale politique d'expansion et d'agression : « Je fais devant Dieu la promesse sacrée d'une obéissance absolue au Führer du Reich et du peuple allemand, commandant suprême de la Reichswehr[2], et d'engager ma vie de vaillant soldat au service de ce serment. » Plus tard, ce serment servira d'alibi à bien des militaires pour justifier leur passivité face aux ordres injustifiés des nazis, ce qui explique l'introduction d'un article dans la Constitution de l'actuelle République fédérale, reconnaissant aux militaires le droit de désobéir à des ordres qui heurteraient leur conscience.

Le terme « Reichswehr » disparut définitivement de l'usage officiel à partir de 1935 et l'armée allemande fut désignée par le terme « Wehrmacht » lors de la réinstitution de la conscription.

Dès le départ, les jeunes officiers et sous-officiers sont sélectionnés parmi les cadres des organisations du Parti national-socialiste des travailleurs allemands: Jeunesses hitlériennes, Reichsarbeitsdienst (service du travail du Reich), SS, SA, NSKK (corps motorisé national-socialiste), etc.

Militaires allemand avec un fusil mitrailleur Degtyarev DP 28 soviétique pris sur l'ennemi sur le front de l'Est
Formation de bombardiers Heinkel He 111. Ce bombardier léger fut construit à environ 6 500 exemplaires entre 1935 et 1944.
Défilé de blindés de la Wehrmacht à Paris en 1941. Les chars sont des Somua S-35 et Hotchkiss H35 français capturés en 1940. De très nombreux matériels capturés furent utilisé par les forces du Reich.

Usant de nombreuses innovations, dont notamment l'emploi de la tactique du Blitzkrieg, la Wehrmacht connut un grand nombre de succès au début de la Seconde Guerre mondiale, avant d'être confrontée à une adversité plus forte (avec une sous-estimation des forces de l'Union soviétique puis l'entrée en guerre des États-Unis), la défaite emblématique de Stalingrad et à un épuisement de ses propres ressources, qui l'ont conduite à une multiplication de revers et finalement à la défaite en 1945.

On note, en reprenant un article du site « La plume et le sabre »[3], que « face à l'expérience du front de l'Est ou la plus grande partie de ses forces sont impliquées, elle subit, entre 1941 et 1945, une baisse du niveau de l'encadrement, les officiers et sous-officiers vétérans remplacés par des hommes moins expérimentés, suite aux énormes pertes subies ainsi qu'une démodernisation ».

La première facette, la plus évidente, est celle de la diminution du niveau technologique global. Un simple exemple suffira à l'illustrer : en 1941, les Panzerdivisions allemandes sont intégralement motorisées ; en 1945, les tables d'organisation de ces mêmes unités prévoient des bataillons d'infanterie cyclistes et des unités du train hippomobiles. L'attrition et la trop tardive mobilisation industrielle allemande, ainsi que la nécessité de lever toujours plus d'unités, ont conduit à diminuer le niveau technologique global de l'armée allemande. Ce qui est intéressant, c'est que cette démodernisation technologique s'est accompagnée de la production d'armements très en avance par le complexe militaro-industriel allemand : armements antichars (Panzerfaust), fusil d'assaut StG44, char Panther, chasseurs et bombardiers à réaction (Me 262 et Ar 234), et les premiers missiles (V-1, V2), mais que ces armements coûteux ont eu raison de la cohérence de l'ensemble : la qualité ne peut compenser la quantité et la performance de certains matériels est sans objet si des fonctions logistiques élémentaires ne peuvent plus être accomplies.

Le second volet de la démodernisation allemande fut tactique : les pertes colossales subies par l'armée allemande ne lui permirent pas de préserver la qualité de l'encadrement, et conduisirent à la promotion trop rapide d'officiers pour combler les pertes. Si l'efficacité tactique de la Wehrmacht se maintint tant bien que mal jusqu'en 1945, ce fut au prix de l'emploi pour accomplir des missions simples d'unités toujours plus grandes : là où un régiment aurait suffi en 1942, les contre-attaques de 1944 étaient conduites par des divisions ; en outre, l'Auftragstaktik tant vantée fut sacrifiée dans les dernières années du conflit, et remplacée par un style de commandement beaucoup plus directif, afin de compenser la moindre qualité de l'encadrement aux échelons intermédiaires (régiment, bataillon, compagnie). Aussi, l'armée allemande de 1945 était du point de vue tactique, et à l'exception de quelques unités d'élite, arriérée par rapport à ses adversaires qui avaient eux subi l'évolution inverse. »[4]

Les diverses branches des forces allemandes connaissent également une certaine forme de féodalisation propre au régime nazi, chaque arme voulant étendre ses prérogatives et ne coopérant guère avec les autres armes. Exemples, chaque branche gérait ses propres camps de prisonniers, les divisions parachutistes dépendait de la Luftwaffe mais la Heer et la SS créèrent également des unités parachutistes, la coopération entre la marine et l'aviation dans la bataille de l’Atlantique était l'exception plus que la règle, etc.

Galerie

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Effectifs et pertes

On compta au total 18 000 000 personnes sur une population d'environ 80 millions d'habitants qui furent sous l'uniforme entre 1939 et 1945 avec un maximum des effectifs de 10 200 000 personnes[5] ;

Les effectifs fin mai 1940 sont de 5 600 000 et fin mai 1941 de 7 200 000 militaires[6].

Environ 5,1 millions furent tués ou portés disparus et 5,3 millions blessés[7] dont 185 000 à la veille de l'opération Barbarossa et environ la moitié après l'attentat raté contre Hitler, donc dans les 9 derniers mois de la guerre. Un registre à Berlin mentionne chacun des soldats allemands tués, il s'agit de la Deutsche Dienststelle (WASt).

  • Heer : Entre 1939 et 1945, 13 millions de personnes servirent dans l'armée de terre allemande. Environ 1,6 million furent tués et 4,1 millions blessés[8].
  • Kriegsmarine : Entre 1939 et 1945, environ 1,5 million de personnes servirent dans cette marine de guerre. 65 000 furent tués (dont 30 000 des 40 000 sous-mariniers) et 21 000 blessés[9].
  • Luftwaffe : Entre 1939 et 1945, environ 3,4 millions de personnes servirent dans cette armée de l'air. 165 000 furent tués, et 192 000 blessés[10].

Il faut compter aussi les « malgré-nous » (Alsaciens, Mosellans, Belges des cantons de l'Est et Luxembourgeois), des territoires annexés par l'Allemagne pendant la guerre et qu'elle considérait comme ayant une population allemande, et l'incorporation de volontaires étrangers dont les Hiwi.

Organisation de la Heer

Hiérarchie des unités

La Heer se subdivise en « Heeresgruppen »:

Nom Nbre d'hommes Unités subalternes Grade de commandement
Heeresgruppe + 300 000 2 à + Armeen (Armées) Generaloberst ou Generalfeldmarschall
Armée + 100 000 - 300 000 2 à + Armeekorps (Corps d'armées) General ou Generaloberst
Armeekorps + 30 000 - 80 000 2 à + Divisionen (Division) Generalleutnant ou General
Division + 10 000 – 20 000 2 à 6 Brigaden (Brigade) Generalmajor ou Generalleutnant
Brigade + 3 000 – 5 000 jusqu'à 3 Regimentern (Régiment) Oberst ou Generalmajor

Désignation des unités

  • groupe d'armées : lettre (Heeresgruppe B) ou nom géographique (Heeresgruppe Weichsel ou HGr Weichsel)
  • armée : numérotation arabe (6. Armee ou 6. Ar)
  • corps d'armée : numérotation romaine (III. Armeekorps ou III. A.K.)
  • division : numérotation arabe (1. Panzerdivision, ou 1. PD)
  • brigade : numérotation arabe postposé (Panzerbrigade 14 ou PzBr)
  • régiment : numérotation arabe postposé (Fernmelderegiment 1)
  • bataillon : numérotation arabe postposé (Panzergrenadierbataillon 12 ou PzGrenBat 12)
  • compagnie : numérotation arabe (2./Panzerartilleriebataillon 2)

Propagande

Article détaillé : Propagande nazie.

L'effort de propagande de l'armée allemande a été très important et du ressort du Abteilung Wehrmacht Propaganda regroupant les Propaganda Kompanien (de) sous la houlette du Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande de Joseph Goebbels à partir de l'été 1939. En 1942, au plus fort de ses effectifs, la Abteilung Wehrmacht Propaganda comptera 15 000 personnes. Parmi eux, 285 cameramen, 1 329 photographes ainsi que des journalistes et des radio-reporters[11].

Elle a été diffusée notamment par le magazine Signal dont les illustrations, particulièrement celles en couleur, sont d'une grande qualité.

Crimes de guerre et crimes contre l'Humanité

Article détaillé : Crimes de guerre de la Wehrmacht.
Civils grecs massacrés par des parachutistes allemands à Kondomari, durant la bataille de Crète, le 2 juin 1941.

La Wehrmacht a commis de nombreux crimes de guerre au cours de la Seconde Guerre Mondiale – bombardements de villes ouvertes, massacres de civils, exécutions sommaires de commissaires politiques soviétiques en application de l’ordre relatif aux commissaires, et exécutions de prisonniers de guerre et d’otages civils en guise de représailles pour les activités des guérillas dans les territoires occupés, principalement en URSS.

Bien que les campagnes d’extermination massive associée à l’Holocauste aient été essentiellement le fait des SS et des Einsatzgruppen, la Wehrmacht y fut également impliquée : ses officiers et hommes de troupe ont coopéré avec les Einsatzgruppen en rassemblant les Juifs et d’autres personnes en vue de leur internement ou de leur exécution. Les officiers de la Wehrmacht ont parfois ordonné aux Einsatzgruppen de « nettoyer » leurs arrières. Il est enfin arrivé que des membres de la Wehrmacht participent aux massacres.

Après la guerre, l'idée fut répandue que la Wehrmacht mena une guerre « propre », et qu'elle n'était pas ternie par les crimes commis par les SS et les autres groupements politisés. Bien que le Tribunal de Nuremberg ait condamné le chef de l'Oberkommando der Wehrmacht Wilhelm Keitel et le chef d’état-major Alfred Jodl pour avoir commis des crimes de guerre, il jugea que la Wehrmacht n'était pas une organisation criminelle à mettre sur le même plan que la SS. Beaucoup d’Allemands ont considéré cela comme une exonération de la Wehrmacht. Au sein des historiens allemands, la profonde implication de la Wehrmacht dans la perpétration de crimes de guerre, en particulier sur le front de l’Est, est devenu un fait historique largement accepté à la fin des années 1970 et au cours des années 1980. Dans son livre L'armée d'Hitler, l'historien Omer Bartov montre ainsi que, au moins sur le front de l'Est, les cadres de la Wehrmacht sont de plus en plus composés de jeunes officiers endoctrinés.

Résistance politique

Dès 1933, une résistance politique connue sous le nom d'Orchestre noir se mit en place dans les hautes sphères de l'armée et tentèrent plusieurs coups d’État et tentatives d'assassinat contre Hitler. Pensant la guerre perdue et espérant négocier une paix séparée avec les Anglo-Américains, un grand nombre de généraux de la Wehrmacht organisèrent un complot pour tuer Adolf Hitler le 20 juillet 1944, qui constitue l'action la plus célèbre de l'organisation. L'attentat échoua et la SS procéda sur ordre du Führer à une répression féroce, la quasi-totalité des officiers ayant participé à l'attentat seront exécutés ou se donneront la mort (voir le cas d'Erwin Rommel).

Militaires célèbres

Après la Seconde guerre mondiale

Après la reddition inconditionnelle de la Wehrmacht, qui est entré en vigueur le 8 mai 1945, certaines unités de la Wehrmacht sont restées actives, soit de façon indépendante (par exemple en Norvège), soit sous commandement allié en tant que forces de police[12]. À la fin du mois d'août 1945, ces unités ont été dissoutes, et un an plus tard, le 20 août 1946, le Conseil de contrôle allié déclare que la Wehrmacht a officiellement été abolie (Kontrollratsgesetz n ° 34). Alors qu’il fut interdit à l’Allemagne d’avoir une armée, les forces alliées ont profité des membres de la Wehrmacht, comme Reinhard Gehlen, pour parfaire leurs connaissances[Quoi ?].

Dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les tensions de la Guerre froide ont conduit à la création des forces militaires de la république fédérale d'Allemagne et la république démocratique allemande. L'armée de l'Allemagne de l'Ouest, officiellement créé le 5 mai 1955, a pris le nom de Bundeswehr, qui signifie « Force de défense fédérale ». Son homologue est-allemand, créé le 1er mars 1956, a pris le nom de Nationale Volksarmee (« Armée nationale populaire »). Les deux organisations font travailler de nombreux anciens membres de la Wehrmacht, en particulier dans leurs premières années de formation.

Notes et références

  1. Joachim Fest, La résistance allemande à Hitler, Paris, Perrin, 2009, 367 p. (ISBN 978-2-2620-2779-9), p. 54 
  2. Qui deviendra la Wehrmacht.
  3. Par Stent
  4. Un conflit hybride ? La pertinence de l'étude de la seconde guerre mondiale sur le front de l'Est pour les conflits d'aujourd'hui et de demain - M. Stent, 1er novembre 2008
  5. John Campbell, La Seconde Guerre mondiale, Sélection du Reader's Digest, 1990, 91 p. (ISBN 2-7098-0326-7) 
  6. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande 1939-1945, 12 mai 1999, 553 p., p. 397 
  7. (en) Statistiques
  8. (en) La Heer su feldgrau
  9. (en) La Kriegsmarine su feldgrau
  10. (en) La Luftwaffe su feldgrau
  11. (fr) Rémi Kauffer, « LES ARCHIVES OUBLIÉES DE LA WEHRMACHT », dans [Le Figaro], 5 mai 2009 [texte intégral (page consultée le 3 septembre 2009)] 
  12. Alexander Fischer, Teheran – Jalta – Potsdam, Die sowjetischen Protokolle von den Kriegskonferenzen der „Großen Drei“, mit Fußnoten aus den Aufzeichnungen des US Department of State, Köln 1968, S.322 und 324

Annexes

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