- Histoire de Sainte-Marie-aux-Mines
-
Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch en allemand) est une commune française, située dans le département du Haut-Rhin et la région Alsace.
Histoire
Sainte-Marie-aux-Mines, appelé en latin Sancte Maria ad Fodinas, en allemand Mariakirch ou Markirch doit sa célébrité à son sous-sol. Toute son évolution est donc conditionnée à l'exploitation des mines. Elle fut longtemps un importante ville industrielle et florissante et la troisième ville du Haut-Rhin par le nombre d'habitants jusqu'à la moitié du XIXe siècle.
Ces mines auraient été découvertes par les Gallo-Romains qui avaient déjà amorcé l'exploitation des mines au début du IIe ou IIIe siècle après Jésus-Christ. Cette hypothèse avait été suggérée, mais a été très vite abandonnée faute de documents sérieux[1].
C'est ensuite le trou noir jusqu'au Xe siècle où selon le moine Richer de l'abbaye de Senones qui vécut au XIIIe siècle, un moine nommé Blidulphe fonda le monastère d'Echéry, situé tout près de l'actuelle Sainte-Marie-aux-Mines. Les moines s'aperçurent bientôt que la vallée regorgeait de richesses minières[2]. Les moines d'Echéry sont bientôt menacés dans leurs biens et leurs droits par la famille d'Echery qui édifie au XIIIe siècle, le château du Hoh-Eckerich. Cette famille finit par s'approprier les mines que les moines exploitaient[3].
Première mention
La première mention de la région[4] date de l'époque du duc de Lorraine, Thierry II qui rendit en 1078 au monastère de Lièpvre les dîmes de Sainte-Marie (chapelle ?) et celle de Saint-Blaise[5]. Ces terres faisaient partie du prieuré de Lièpvre qui lui avaient été enlevés en 1052 par Gérard d'Alsace son père. Gérard d'Alsace descendrait de la famille des Etichonides qui ont régné sur l'Alsace au VIIe siècle dont le nom est relié à celui d'Etichon qui était aussi le père de sainte Odile[6]. Le prédécesseur de Gérard d'Alsace, Adalbert de Lorraine, était le fils d'un autre Gérard qui avait épousé Gisèle, nièce de l'empereur Conrad Ier. Le nouveau duc héréditaire de la Lorraine, Gérard d'Alsace, appartient donc à une illustre lignée solidement pourvue en Alsace, c'est-à-dire au sud-ouest du royaume de Germanie. Les liens entre la Lorraine, le royaume de Germanie et le Saint Empire s'avéraient de ce fait étroits et solides. Il était soutenu par l'empereur Henri III car les Etichonides avaient toujours loyalement servi l'Empire et lui avaient fourni des fonctionnaires dévoués[7]. Il est fort probable que Gérard d'Alsace eu connaissance des riches mines du Val de Lièpvre, puisque selon Schoepflin il est question dès 963 du temps de Gérard de Toul (963-994) des mines d'argent du Val de Lièpvre dont la renommée dépassait la Lorraine[8]. À cette époque il est déjà question de la dîme que doivent verser les moines du Val de Lièpvre. L'évêque Gérard évêque de Toul nommé en 963 sera canonisé en 1051 par Léon IX qui fut son 5e successeur sur le siège de l'évêché de Toul sous le nom de Léon de Dabo. Dans son recueil Evangelienbuch, poème en langue vulgaire achevé vers 865 et dédié à Louis le Germanique, Otfried de Wissembourg fait l’éloge du pays des Francs, dont il loue, en quatre vers, les richesses minéralogiques de la région vosgienne. Otfried moine de Wissembourg, monastère qui possède des propriétés jusque dans le Sud de l’ancien duché, non loin de Sélestat, et Louis le Germanique paraît avoir manifesté pour cette région un très vif intérêt.
Gérard d'Alsace (1048-1070), duc de Lorraine à partir de 1048 et neveu d'Adalbert(1047-1048) paraît lui aussi troublé par ces mines qui se trouvent sur les terres de ses ancêtres, les Etichonides. En 1055, ce duc affranchit l'abbaye de Saint-Dié de la tutelle des évêques de Toul et se proclame avoué de cette abbaye. Il fait payer chèrement cette protection. Ainsi le chapitre perd progressivement ses droits pour ne conserver qu'une autorité morale et spirituelle.
Sainte-Marie-aux-Mines, appelé en latin Sancte Maria ad Fodinas, et en allemand Markirch, doit son nom et son origine à exploitation des mines et à l'église de Sainte-Marie Madeleine qui était la paroisse de la partie lorraine et qui fut bâtie en 1757. Le grand autel était sous l'invocation de cette sainte et les deux autres collatéraux sous l'invocation de la sainte Vierge et l'autre de saint Sébastien[9]. Un document datée de l'année 1317 ne mentionne pas encore l'existence d'une agglomération, mais signale une chapelle consacrée à la Vierge Marie.
Le partage de la vallée entre ducs et seigneurs
Avec l'extinction du dernier des seigneurs d'Eckerich, en 1381, la moitié du château d'Echery parvint aux ducs de Lorraine qui en étaient les seigneurs directs, et l'autre moitié aux sires de Rappolstein (Ribeaupierre) héritiers allodiaux des Eckerich. Les ducs de Lorraine accordèrent leur portion du château aux nobles de la famille d'Hattstatt et notamment à Frédéric de Hattstatt qui passa le 9 décembre 1399 le traité de Burgfried ou paix castrale avec les deux frères Maximin et Ulrich de Ribeaupierre. À la suite de ce traité, les ducs de Lorraine reçurent pour leur part les communes de Lièpvre, de Sainte-Croix-aux-Mines, Rombach-le-Franc et une partie de Sainte-Marie-aux-Mines située sur la rive gauche de la Liepvrette. Les seigneurs de Ribeaupierre prirent le contrôle des hameaux de Saint-Blaise, de Fertrupt, d'Echéry, et de la partie de Sainte-Marie-aux-Mines qui se trouve à droite de la Lièpvrette. Cette division de la vallée va perdurer pendant quatre siècle, jusqu'à la Révolution de 1789.
La Seigneurie des Ribeaupierre
Une partie de Sainte-Marie-aux-Mines fut pendant de longues années inféodée aux Ribeaupierre, dont le premier personnage connu avec certitude fut un certain Eguenolf d'Ursingen dont les premiers témoignages remontent à l'année 1022. Selon la légende il descendrait d'un nommé Ursini de Spolète, donc d'Italie, qui vécut au VIIIe siècle. Des chevaliers de cette famille, au temps de Frédéric Barberousse, duc de Souabe, se sont fixés en Alsace où ils auraient fait souche. Eguenolf d'Ursingen épousera une riche héritière alsacienne, fondant ainsi la dynastie des Rapolstein ou Ribeaupierre. On leur doit notamment la construction des châteaux de Saint-Ulrich, du Girsberg et du Haut-Ribeaupierre. Ces trois château se trouvant sur le banc de Ribeauvillé ont été occupés dès le XIIe siècle par seize générations de la famille des Ribeaupierre jusqu'au XVIIe siècle. Les Ribeaupierre héritèrent également, à l'extinction de la famille des Echéry, la moitié du château d'Echéry. Le déclin de la famille des Ribeaupierre mettra fin à cette dynastie, époque à laquelle il n'y plus de descendants mâle. Le château de Saint-Ulrich a été habité jusque vers 1525, époque qui correspond à la guerre des paysans dont les ravages ont été importants. Les trois châteaux ont été abandonnés par les Ribeaupierre qui sont venus habiter à Ribeauvillé même dans un château de la Renaissance. La seigneurie de Ribeaupierre s'étendait au cours des siècles de la partie nord de l'Alsace, en s'étendant du Rhin jusqu'à la crête des Vosges. Elle était composée de plus de 30 bourgs et villages appartenant à 9 bailliages allant de Bergheim, Guémar, Heiteren, Jebsheim, Orbey, Ribeauvillé, Sainte-Marie-aux-Mines, Wihr-au-Val et Zellenberg. Chaque chef-lieu de bailliage possédait un château où résidait le bailli. À Sainte-Marie-aux-Mines celui-ci se trouvait au lieu-dit "Auf der Matte" (Sur le Pré) qui a été complètement détruit pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648).
L'un des plus célèbre descendant des Ribeaupierre fut sans aucun doute, Eberhard décédé en 1637 laissant deux fils : Georg Friederich (1594-1651) qui n'a qu'une fille Anna Élisabeth, mariée en 1658 à Christian Ludwig, comte de Waldeck. Le deuxième fils, Johann Jacob (1598-1673) a hérité de l'ensemble de la succession de son père et a reçu le titre de comte. Décédé en 1673 et sans descendant mâle, n'ayant que deux filles. L'une d'elles, Catherine Agathe épousa Christian II de Birkenfeld, comte Palatin et duc des Deux-Ponts. Protégé de Louis XIV, celui-ci lui avait accordé en fief l'ensemble des propriété des Ribeaupierre, dont une partie du Val d'Argent. Lors de la Révolution de 1789, le prince Max, dernier seigneur, fut contraint de quitter l'Alsace pour Munich où il devint prince de Bavière. Au cours de la Révolution, tous les biens des Ribeaupierre en Alsace furent déclarés biens nationaux.
L'introduction du protestantisme dans la vallée de Lièpvre
C'est vers l'année 1550, qu'un nommé Ely, ancien prieur du couvent de Lessines, converti au protestantisme, réfugié à Strasbourg se rend à Sainte-Marie-aux-Mines, pour prendre un travail dans les mines d'argent. Prêchant l'évangile et propageant de nouvelles idées aux mineurs, il réussit à former une petite communauté. Elle se réunit régulièrement dans un lieu connu sous le nom de "Backhofen", un endroit situé au-dessus du hameau de Fertrupt. Il va célébrer dans ce lieu la Sainte-Cène ou présenter des enfants aux baptême. Par la suite il fait appel au pasteur Jean Loque, prédicateur ayant fait des études théologiques. Ses successeurs furent François de Morel sieur de Collonges et Pierre Marboeuf qui est décédé en 1560. À partir de 1566, le sire de Ribeaupierre, Eguenolf III, converti au protestantisme introduit la religion luthérienne dans la partie alsacienne de Sainte-Marie-aux-Mines composée pour l'essentiel d'une population germanophone au nombre de 3000 venus d'Allemagne, en particulier des mineurs. Des réfugiés francophones, constitués par des huguenots chassés de France à la suite du massacre de Wassy en 1562 et de la Saint-Barthélémy en 1572, ainsi que des calvinistes ou des expulsés en 1585 par le duc de Lorraine Charles III et toute la paroisse de Badonviller chassée en 1625 par le comte de Salm, se sont fixés à Sainte-Marie-aux-Mines. Les pasteurs luthériens (culte allemand) et des ministres calvinistes (culte français) ont été autorisés à prêcher auprès des habitants. Les autorités ont en outre octroyé aux luthériens de langue allemande la "Mattenkich" (Église-sur-le-Pré) dont l'édifice remonte à 1542 qui fut ensuite détruite par le feu en 1754. Cette église des mineurs reconstruite en 1757, était d'abord destinée au culte catholique desservie par des religieux. Les réformés de langue française prenaient possession de l'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte (St.Wilhelm = saint Guillaume) devenue vacante à la suite du départ du curé et dont les paroissiens ont rejoint dans leur immense majorité le protestantisme.
Toutefois, par décision de Louis XIV en 1686, le chœur de cette église a été mis à la disposition des catholiques, alors que les protestants et les calvinistes et les luthériens ont gardé la nef de l'église. Celle-ci sert alors aux trois cultes, ce qui est une particularité tout à fait exceptionnelle. Depuis de nombreuses années des concerts aux chandelles ont lieu tous les ans dans cette antique église.
L'introduction de la Réforme vers 1550 (et l'accueil des Huguenots) à Sankt-Merienkirch grâce aux Ribeaupierre, surtout Eguenolf III, devenus luthérien, mais officiellement sujet des Habsbourg (catholiques)allait apporter un essor aux activités artisanales, telles que le tissage, la passementerie. Parmi les mineurs venant d'Allemagne, certains sont Luthériens, ceux venant de France sont des calvinistes chassés par la persécution qui firent de Sainte-Marie-aux-Mines un refuge. Au premier temps, il est difficile de faire une distinction entre les communautés religieuses. Les habitants de la vallée n'ont que faire des subtilités doctrinales et se regroupent d'abord par origine linguistique puisque les prêches ont lieu dans la langue maternelle. Les mineurs allemands ont leur propre église "Sur le pré", tandis que les Huguenots se réunissent sur l'Hâte dès la deuxième moitié du XVIe siècle. Des pasteurs arrivent dans la région et officient dans les deux lieux de culte. Une différenciation plus nette entre le culte réformé français et le culte luthérien allemand est signalée vers la fin du XVIe siècle. Avec l'arrivée de Eberhard de Ribeaupierre (1585-1637) qui succède à Eguenolphe III celui-ci concède définitivement aux luthériens l'église sur le pré. L'église sur le pré est incendiée en 1754 et pendant trois ans la chapelle de Fertrupt remplace l'église détruite.
La chapelle sur le Pré reconstruite en 1757 continuera à recevoir les offices jusqu'en 1867. Le dernier sera célébré le 16 juin de la même année. La chapelle sera démolie en 1881. Trois pierres tombales ont été découvertes lors de la démolition de la chapelle. Seule la pierre de Chrétien Schwengsfelfd, pasteur luthérien, fils aîné du conseiller intime du prince de Birkenfeld, successeur de Jean Jacques de Ribeaupierre a été conservée lors de la démolition et déplacée un peu plus loin. La dalle funéraire se trouve à présent encastrée dans le mur de l'église de Fertrupt. On y lit qu'il est mort en juillet 1772 à l'âge de 60 ans. Une autre tombe intéressante portant un écusson a été découverte et laisse supposer qu'il pourrait s'agir de Jacob Trimbach décédé le 3 septembre 1649. On peut y lire que le défunt occupait une fonction importante dans la hiérarchie minière, peut-être jury. Une troisième tombe datée de 1624 a été mise à jour, mais les inscriptions sont pratiquement effacées et donc peu lisibles.
Les ducs de Lorraine qui occupent l'autre partie de la ville sont de farouches catholiques, en particulier Antoine qui mata le révolte des Rustauds à Scherwiller en 1525. Durant cette crise qui secoua l'Alsace des paysans, Ulrich de Ribeaupierre, après le sac du prieuré de Lièpvre par les insurgés, se tint habilement en dehors du conflit et sauva ainsi sa ville de Ribeauvillé de la vengeance du duc de Lorraine.
Le déclin des mines vers la fin du XVIe siècle fut le début d'une série d'épreuves pour la bourgade et la vallée: peste, massacre durant la guerre de Trente Ans, passage des troupes de Louis XIV lorsque la rive droite ne fit plus partie de l'Empire. Une timide reprise des activités minières au début du XVIIIe siècle relança l'activité. Elle fut accentuée par le démarrage de l'activité textile: fondation Reber en 1755. Dès lors l'activité textile (qui obtint le statut de ville en 1790 sera le moteur du développement de la ville.
Les pillards du 2 septembre 1676
Cette épisode de l’histoire locale est encore peu connu. Vers 1572, un incendie a lieu dans la partie lorraine de Sainte-Marie-aux-Mines. Toutes les maisons, sauf 70 furent ravagées par les flammes. De même en 1589 furent brûlées en l'espace de 3 heures, sur le versant lorrain de la commune, 120 maisons et la même année sur celui d'Alsace, 40 bâtiments, sans que l'on puisse définir les causes et l'origine du désastre. Ces maisons il est vrai avaient été construites à la hâte pour loger les nombreux ouvriers qui arrivaient de toutes part pour travailler dans les mines. Et ce n'est pas avec l'industrie naissante que les choses vont s'arranger. Ce n'est qu'avec l'acquisition de richesses que les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines cherchent à mieux se protéger contre les calamités et le feu. Au XVIe siècle il existe encore des maisons en assez grand nombre qui sont reconnaissables grâce aux sculptures qui ornent leurs portails et leurs croisées aux tours dans lesquels on aperçoit des escaliers en pierre sous forme de spirale qui vont de la cave au grenier. À la Petite Lièpvre on voit fréquemment au-dessus des portes des écussons portant des dates du XVIe siècle avec le marteau et le ciseau du mineur en sautoir.
L’armée impériale composée de troupes hétéroclites et indisciplinées, venues de Kaiserslautern, ayant à leur tête des chefs rivaux et souvent incapables, souvent mal payée et mal nourrie mettent le feu dans la partie alsacienne de Sainte-Marie-aux-Mines. Le 2 septembre 1676 Sainte-Marie Alsace est brûlée par les partisans allemands. Aussi, aux jours de revers, se formait-il souvent dans son sein des groupes de partisans qui à certains moment, s’en détachaient pour entreprendre à leur compte de petites expéditions. Les Allemands appelaient ces aventuriers des Schnapphanen, d’où le nom français de Chenapans. C’est sous ce vocable peu enviable qu’ils sont connus. La ville est également incendiée en 1702 et 1726.
L'arrivée des Anabaptistes
Du XVIe au XVIIe siècle des réfugiés d'origine suisse s'installent à Sainte-Marie-aux-Mines (Montgoutte et Haute Broque), mais également un peu partout dans le Val d'Argent dont ils occupent des fermes dans les endroits un peu isolés des montagnes et dans différentes métairies, notamment à la Petite Lièpvre, mais également à la Hingrie et la vallée de la Bruche. Il s'agit principalement de cultivateurs, membres de l'église anabaptiste mennonite qui est une communauté de chrétiens évangéliques, issue de la Réforme et créée en 1525 à Zurich par le réformateur Suisse Ulrich Zwingli. Ils se sont par la suite séparés de lui car ils tenaient à leur indépendance de l'Église par rapport à l'État. Ils ont préféré abandonner leur patrie et leurs biens pour ne pas renier leur foi. Ils sont pacifiques, patients et paisibles, charitables occupés entièrement à leur négoce, fidèles à leurs maîtres. Ils cultivent en général des terres ingrates au pied des collines. Un grand nombre d'entre eux furent persécutés et expulsés de la Suisse. Une autre vague de Mennonites étaient venus du canton de Berne à la fin du XVIIe siècle s'établir dans la haute vallée de la Bruche, au lieu-dit du Hang, commune de Saales (Bas-Rhin). Les Anabaptistes occupent souvent des "censes[10]" où ils sont appréciés pour leur compétence. Les relations avec la hiérarchie catholique sont franchement mauvaises ; les curés se plaignent que les Anabaptiste ne paient pas la dîme et réclament leur expulsion. Ils célèbrent leur culte au domicile de l'un ou l'autre membre de la communauté. Au début du XIXe siècle la communauté anabaptiste de Sainte-Marie-aux-Mines se réunit au lieu-dit "la Haute Broque" dans l'une ou l'autre ferme. En 1693 sous l'impulsion de Jakob Amman un schisme prendra naissance dont la communauté prendra le nom d'Amisch. Cette communauté remet en cause le baptême des enfants ou "pédobaptisme" qui est depuis longtemps une réflexion constante des Églises protestantes en Europe. Amman renforce les signes vestimentaires obligatoires : port de la barbe pour les hommes, vêtements attachés avec des agrafes et des boutons, interdiction des couleurs voyantes au profit du brun et du bleu sombre. En 1712, Louis XIV promulgue un décret d'expulsion des Anabaptistes en Alsace poussé par le clergé catholique. Mais cet édit aura peu d'incidence dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines dont la partie lorraine n'est pas concernée par les expulsions. La communauté anabaptiste installée dans la partie alsacienne de la ville se disloque et rejoint des censes vosgiennes plus discrètes, comme la Hingrie, les hameaux de Sainte-Croix-aux-Mines, et de Lièpvre. La Révolution de 1789 remet en cause l'équilibre que les Anabaptistes ont su trouver au sein de l'ensemble de la population. Ils ne sont plus considérés comme hérétiques, mais rencontrent d'autres problèmes. Leur statut de fermiers est remis en cause. Certains sont ainsi malmenés, les fermes sont parfois vendues en tant que biens nationaux.
Des Saint-Mariens au secours de la guerre d'indépendance américaine
Pendant la guerre d'indépendance américaine (1775-1783), un corps expéditionnaire formé de 6 000 hommes fut envoyé en 1778 par Louis XVI pour renforcer les effectifs du général George Washington. Dans ce corps expéditionnaire se trouvait un détachement "le Royal Deux Ponts". Comme c'était la coutume à cette époque, les unités combattantes portaient en général le nom de la famille qui en était propriétaire, donc en l'occurrence, le duc de Deux Ponts. Celui-ci possédait la seigneurie de Bischwiller et le comté de Ribeaupierre, dont Sainte-Marie-aux-Mines, un fort détachement de Saint-mariens et d'Alsaciens s'y trouvaient ainsi enrôlés.
La partition de la commune
Avant la révolution de 1789, la commune de Sainte-Marie-aux-Mines était divisée en deux entités, formant chacune une commune distincte, ayant une administration propre, ses propres lois et même sa religion. Grandidier atteste que de son temps, la langue allemande dominait dans l’une des deux parties de la ville et que la langue française était présente dans l’autre moitié.
La partie méridionale de Sainte-Marie-aux-Mines (aussi appelée Sainte-Marie, côté Alsace) appartenait au comté de Ribeaupierre ; la partie septentrionale était lorraine. Entre les deux coulait le Landwasser ou Landbach ( = Liepvrette), formé par la réunion au lieu dit Bréhagotte (hameau aujourd’hui englobé dans la ville) du ruisseau d’Hergochamps ou de Liverselle et de la Liepvrette.
En amont du Bréhagotte, le ruisseau d’Hergochamps séparait seul la Lorraine de l’Alsace, et il en est ainsi jusqu’à sa source appelée « la Gineselle ». Vers la fin du XVIIIe siècle, les communautés de la rive droite de la Liepvrette étaient entièrement germanisées.
Au milieu du XVIe siècle, Sainte-Marie-aux-Mines n’existait pas encore. À cette époque on ne connaissait que Mergenkilch, Marienkirch, Mariakirch, petit hameau élevé depuis peu aux cantons dits "le rain et le pré de Sainte-Marie-Madeleine", situé sur la rive lorraine, et qui jusqu’en 1515, avait servi de pâturage commun aux riverains des deux bords. Tant que le sol sur lequel se bâtit le bourg de Sainte-Marie d’Alsace put sembler improductif, nul ne songea à en revendiquer la possession. Les Seigneurs de Lorraine l’occupèrent, sinon de droit, au moins certainement de fait. Une dizaine de maisons, les seules construites à Mergenkilch avant 1512, leur payait un droit de ménantie et continuèrent à le payer. Un accord, intervenu entre Schmassman de Ribeaupierre et Antoine de Lorraine (1512-1515), ne décida pas absolument de la question de la propriété : il permit en effet aux sujets lorrains de faire paître leur bétail sur le territoire en litige, et Schmassman s’obligea à indemniser les habitants de Fertrupt qu’il avait maltraités et empêchés de travailler aux mines ouvertes par la Lorraine
Les environs immédiats de Sainte-Marie-aux-Mines portèrent des noms allemands et français, qui sont souvent la traduction l’un de l’autre, par exemple : Eckirch et Echery, Fortelbach et Fertrupt, Schoenberg et Belmont.
Cette dualité des dénominations de lieux n’est pas étonnante quand on sait que la haute vallée de la Liepvrette, comme d’ailleurs les hautes vallées voisines de la Bruche, du Giessen, de la Béchine et de la Weiss, était francophone, et que d’autre part les paysans venus de la plaine, et surtout des mineurs venus de la Saxe, parlaient l’allemand et implantèrent leur langue.
Après la réunion de l’Alsace à la France, Louis XIV, en 1669, crut, paraît-il, devoir, par un édit spécial, affirmer à nouveau ses droits sur Sainte-Marie, bourg alsacien. « Tout ce qui se trouve à droite de la hauteur et de l’eau vers le midi sera et demeurera entièrement séparé de la Lorraine … distrait du ban de Marie-Madeleine (Lorraine) et garde le nom de Sainte-Marie, côté Alsace, etc.. On trouve des traces de ces contestations jusque dans les préliminaires et dans l’instrument lui-même de l’Europäische Ruhe de 1719.
La Révolution française
La Révolution française a eu pour conséquence de réunifier les deux parties de la ville, dont l'une dépendait des Ribeaupierre et l'autre du Duché de Lorraine. Après la prise de la Bastille en 1789 des troubles se produisirent un peu partout en Alsace, le peuple voulant se venger des nobles et des couvents par des siècles de servitude, mais l'ordre fut rétabli assez rapidement. Les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines réclamèrent la suppression des nombreuses seigneuries ainsi que les domaines ecclésiastiques, ainsi que les décrets qui morcelaient le bourg. À Sainte-Marie-aux-Mines les troubles furent insignifiants. Le 24 août 1794 (7 fructidor an II) la Convention nationale déclare que le gouvernement ne payera plus les frais du culte ni les salaires de leurs ministres, et qu'aucun local ne sera alloué aux différentes sectes pour y célébrer les pratiques religieuses. Les églises, devenues propriétés nationales, furent fermée, et celles de Sainte-Marie-aux-Mines durent subir le sort commun. Les portes des temples, fermés au culte, ne furent ouvertes que pour réunir les membres des divers clubs révolutionnaires qu y tinrent leurs séances. L'église catholique de Lorraine fut transformée en temple de la Raison, et dans le temple réformé se réunissait le club des Jacobins. Les chaires, privées de leurs curés et de leurs pasteurs, furent occupées par les orateurs des clubs, qui y prononcèrent quelquefois les discours les plus extravagants. la célébration des fêtes de la République avait lieu, non seulement dans l'enceinte du temple de la Raison, mais souvent aussi sur un plateau non loin de la ville, appelé encore aujourd'hui les Halles[11] et formé par les décombres de la mine de Saint-Pierre qui se trouvait à proximité. Sur ce plateau avait été élevé un autel dédié à la Liberté. Lors des fêtes on sortait en procession du temple de la Raison, la musique formant la tête du cortège, suivie d'un détachement de la garde nationale et des autorités municipales avec leurs écharpes tricolores. Le cortège était fermé par une foule de concitoyens qui voulait ainsi prouver leur patriotisme en assistant à ces fêtes nationales. Sur le plan administratif la ville est rattachée au Haut-Rhin et à l'arrondissement de Ribeauvillé et une nouvelle administration communale est constituée. La réunification de Sainte-Marie - Alsace et Sainte-Marie-Lorraine en une seule commune fait l'objet d'un décret le 20 janvier 1790 où la ville est baptisée d'abord Val-aux-Mines puis Sainte-Marie-aux-Mines.
Les mines d’argent
La découverte des premiers gisements
La mise en œuvre des ressources minières aurait, selon certains auteurs, commencé sous l’époque romaine, voire dès l’Âge de fer. Les preuves, font hélas défaut. Toutefois on a extrait, dans certains cas, dans les vallées voisines : l’antimoine près de Charbes (Bas-Rhin), dans le Val de Villé, et du fer au « camp celtique » de la Bure près de Saint-Dié. Les mines de Sainte-Marie-aux-Mines ont été activement exploitées au Moyen Âge. Elles fournissent en effet un argent mêlé d’antimoine que l’on a reconnu dans les monnaies des peuples voisins, Leuques (en Lorraine, versant ouest des Vosges) et Séquanes (Haute-Alsace et Franche-Comté). L'exploitation des mines dans la vallée du temps des Romains pourrait apparaître au 2e ou 3e siècle de notre ère. Ce qui pourrait donner du poids à cette assertion, c'est la découverte d'une médaille en bronze qui a été trouvé en 1846, dans un jardin situé dans la partie supérieure de Sainte-Marie-aux-Mines, dont l'une des faces représente le buste de l'empereur Aurélien avec l'inscription IMP. AURELIANUS, HUC et de l'autre face deux figures ayant chacune une lance à la main. La bonne conservation de cette médaille et surtout le relief des objets prouve qu'elle aurait pu être enfuie dans la terre depuis le règne d'Aurélien qui est monté sur le trône vers l'an 270. Cette médaille, il est vrai peut aussi marquer le passage des troupes romaines, ou la présence de mineurs romains dans la vallée. L'Alsace d'ailleurs était déjà très connue des Romains à cette époque, car depuis Jules César, qui en fit la conquête cinquante ans avant Jésus Christ, les légions romaines ne cessèrent de traverser cette région pour se rendre sur les bords du Rhin où elles avaient établi de nombreuses colonies.
Ensuite, il n'est pas impossible que ces conquérants qui apportèrent la civilisation en Alsace et qui restèrent pendant quatre siècles, n'aient pas connu les riches mines d'argent du Val de Lièpvre, tandis que 600 ans après, elles ont été exploitées par de pauvres ermites dans les solitudes d'Echéry[12].Les premiers témoignages incontestables datent de la fin du Xe siècle dans le diplôme par lequel Otton III confirme à l’église de Toul la possession du monastère de Saint-Dié, il est question des dîmes des mines d’argent et les premières monnaies frappées à Saint-Dié appartiennent à cette époque. C’est aussi l'époque où est fondée la cella d’Echery, dépendance de Moyenmoutier au Val de Lièpvre, qui prit part de bonne heure à l’exploitation des gisements argentifères. Les moines ayant été dépossédé ou concédé ces mines aux nobles d'Echéry[13], elles furent ensuite exploitées jusqu'à l'extinction de cette famille, puis ces mines furent ensuite partagées par les Sires de Ribeaupierre et les ducs de Lorraine. La technique utilisée à l'époque était celle des pingen ou puits verticaux qui étaient fréquemment inondés, puis les puits à ciel ouvert.
Les mines au Moyen Âge
On trouve encore autour de Sainte-Marie-aux-Mines de nombreuses anciennes mines qui ont depuis fort longtemps maintenant été abandonnées. Dans le district de Sainte-Marie-aux-Mines, on a repéré plus d’une centaine de puits appelés « Bingen » ou « Pingen », situés pour la plupart sur les crêtes des filons et qu’en raison de leur caractère primitif, tous les spécialistes s’accordent à reconnaître comme typiques de l’exploitation médiévale et même aloto-médiévale à ciel ouvert. Jusqu’à présent, le plus ancien site fouillé placé très haut dans la montagne, date de la première moitié du Xe siècle. Il est tout à fait logique de penser que les filons qui affleurent plus près de la vallée (Blumenthal, Fertrupt, Saint-Pierremont) ont été mis en exploitation bien avant. On raconte qu'un condamné à mort s’échappa dans les bois aux environs de Sainte-Marie-aux-Mines. Il cherchait des fruits sauvages et trébucha sur une pierre. C’était un filon d’argent et sa découverte fut à l’origine de l’exploitation minière dans le val de Lièpvre.
En 1317, un des rares document médiévaux concernant le val de Lièpvre, fait mention d'une église dédiée à Marie. Vers la même période, de nombreux puits de mines encore visibles aujourd'hui atteste de l'importance activité minière et donc de la population. Mais ce n'est vraiment qu'au XVIe siècle que naît Sainte-Marie-aux-Mines, à partir notamment des hameaux de Fertrupt et de Bréhagoutte (Saint-Philippe). Un plan des mines vers 1580 est illustré d'une vue de la bourgade de Sainte-Marie, telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'agglomération est désignée sur ce plan sous le nom de Marienkirch et a la particularité d'être partagée entre la seigneurie des Ribeaupierre (Rappolstein) qui possède la rive droite de la Liepvrette et le duché de Lorraine qui en possède la rive gauche. Cette curieuse frontière résulte d'un partage aux implications multiples, religieuse, politique et linguistique passé du temps des nobles d'Echéry (Eckerich) dont le dernier s'éteignit en 1381. L'âge d'or de Sainte-Marie-aux-Mines correspond à l'apogée de l'exploitation minière (1530-1570). Il y avait alors deux à trois mille mineurs, venus surtout d'Europe centrale. La ville connaissait de ce fait une activité artisanale très diversifiée (forgerons, tisserand, passementiers) qui était déployée autour de l'activité des mines.
L'une des pièces les plus ancienne qui figure dans les archives relatifs aux mines de Sainte-Marie-aux-Mines est datée du lundi avant la Saint-Laurent de l'année 1486; il s'agit d'une convention entre l'archiduc Sigismond d'Autriche et Guillaume de Ribeaupierre dans laquelle il demande sa part dans l'exploitation des mines. Dans ce document le duc revendique les 2/3 de l'exploitation minière et le reste au seigneur de Ribeaupierre.Cependant, une clause stipule qu'en cas où le duc venait à mourir sans laisser d'héritiers, sa famille collatérale pourrait se voir octroyer la moitié des revenus. Sigismond effectivement décédé sans laisser d'héritiers directs, Bruno, Maximilien et Guillaume de Ribeaupierre firent en 1496 un arrangement avec le roi des romains.
L'âge d'or des mines
C'est à partir du XVIe siècle que commence véritablement à grande échelle l'exploitation des mines du Val d'Argent. C'est Bruno de Ribeaupierre (von Rappolstein) qui donne le coup d'envoi et qui donnera un nouvel essor aux activités minières de la vallée qui constitue la grande époque vers la ruée de l'argent qualifiée d'« âge d'or ». On raconte que certains mineurs en quête de nouveaux gisements aurifères auraient prospecté la montagne avec une baguette de sourcier appelée "virgula divina". Cette méthode était paraît-t-il assez efficace si l'on en juge par les résultats obtenus. Les gisements découverts, d'une exceptionnelle richesse minéralogique étaient estimés à l'époque comme ayant le premier rang en France, le 2e en Europe et au temps de la Renaissance les plus importants du monde. Les filons métallifères répandus dans les gneiss (roches) renfermaient près de quatre vingt espèces minérales constituant les minerais d'argent, de cuivre, d'arsenic, de plomb/galène, de zinc, de nickel de fer, ainsi que d'autres métaux plus rares, tel l'antimoine, le bismuth, l'uranium ou le manganèse. Ces gisements étaient répartis sur trois secteurs : du côté de Sainte-Marie Alsace (sud-ouest) vers l'Altenberg (ancienne exploitation) comprenant les anciennes exploitations comprenant les secteurs de Saint-Blaise, Fertrupt, Blumenthal, Saint-Philippe. Le deuxième secteur, le Neuenberg (nouvelle exploitation), au Rauenthal, Echéry, Rain de l'horloge et au pied du Brézouard granitique. Les exploitations allaient en général d'est en ouest dans la partie occidentale de la région au Neuenberg et nord-sud dans la partie orientale vers l'Altenberg. Le troisième secteur concernait la partie lorraine de Sainte-Marie-aux-Mines dont les exploitations minières s'étendaient sur la rive gauche de la Liepvrette, notamment à la Goutte des Pommes, le Bois du Prince, le Petit Rombach, la Timbach, le Grand Rombach, Musloch dont l'exploitation a duré du XVIe au XVIIIe siècle. À la même époque d'autres mines ont été ouvertes à La Croix-aux-Mines dans le département des Vosges, ainsi que dans la vallée voisine du Val de Villé, en particulier à Urbeis.
En 1502 on comptait à Fertrupt, à l'entrée du vallon, 67 galeries dont 37 étaient encore en bon état. Ces mines étaient situées à Saint-Guillaume où l'on a extrait surtout du plomb. Vers 1532 les mines de Saint Sylvestre, d'Eisenthur et à la Burgonde à la sortie de Fertrupt produisaient surtout de l'argent. À Echéry en 1524 les mines du Rauenthal et de la Petite Lièpvre (mine Saint-Nicolas) produisaient du plomb, de l'argent et du cuivre. À Mariakirch (Sainte-Marie côté Alsace) en 1522 fonctionnait la mine Saint Barthélémy où l'on a extrait de l'argent et du cobalt ainsi qu'à la mine Saint-Philippe. On a également travaillé à partir de 1525 dans les mines de Saint-Michel au Blumenthal. Certaines mines portaient Curieusement des noms en rapport avec la religion. Au début du XVIe siècle, cent cinq mines ont été ouvertes dont on a extrait environ 5 000 tonnes de cuivre, 300 tonnes de minerai d'argent, 80 000 tonnes de plomb. Devant la quantité de minerai extrait, les seigneurs de Ribeaupierre ont fait appel à des mineurs étrangers, la plupart des réfugiés protestants, victimes de la persécution religieuse, recrutés surtout en Saxe, Autriche, Hongrie qui se fixèrent entre Saint-Blaise, Saint-Guillaume et Echéry. En peu de temps de nouvelles maisons sortirent de terre. Des incendies entre 1572 et 1589 décimèrent une partie de ces habitations. Ainsi 120 maisons du côté lorraine et 40 du côté Alsace partirent en fumée.
Le continuateur de Montrelet, dit qu'en 1516 deux seigneurs allemands, le comte Guerlande et le comte Francisque, déclarèrent la guerre au duc de Lorraine au sujet des mines de Lorraine. Ils prirent la ville de Saint-Hippolyte, qui fut bien tôt reprise par le duc Antoine. Les ennemis du duc qui s'étaient poster à l'entrée du Val de Lièpvre pour lui en disputer l'entrée furent défaits[14]. Entre 1519-1521, il y eut quelques difficultés entre l'empereur et le duc de Lorraine au sujet des mines. On nomma des arbitres de part et d'autres. Les compte-rendus sont entreposés aux Archives de Meurthe et Moselle.
Organisation et coutume des mineurs
Au XVIe siècle les mineurs qui travaillaient à Sainte-Marie-aux-Mines Alsace formaient un corps séparé qui avait ses propres juridictions et se comportait comme une véritable organisation para-militaire. Les ouvriers mineurs étaient divisés en plusieurs classes qui avaient les emplois suivants:
- Hauer : mineur travaillant à la pierre
- Haspelknechte : renvideurs
- Hundläufer : coureurs de chien
Cette classe d'ouvriers mineurs travaillaient à l'intérieur de la mine et portaient le nom allemand de Bergknappen. Le corps de mineurs était connu sous le nom de Knappschaft. Autour des mines et dans les divers endroits où l'on travaillait il y a aussi :
- Pochknechte / brocardeurs
- Siebwaescher : laveurs au tamis
- Kruckenwaescher: laveurs à la crosse
- Scheider: Ouvriers qui cassaient la pierre en sortant de la mine et qui séparaient celle qui contenanit du métal de la roche.
- Weiber die das Erz klauben : femmes qui trient le minerai
- Schmelzer: fondeurs
Au seizième siècle, le minerai était partagé entre les actionnaires (Gewercken) avant d'être livré à la fonte et il était loisible à chaque actionnaire de faire fondre sa part où bon lui semblait. Le préposé chargé d'en faire la distribution s'appelait Verweser et celui qui inscrivait les diverses parts Huttmann. Le minerai brocardé et prêt à la vente était mis dans de grands sacs et conduit à la fonderie, le voiturier qui en était chargé se nommait Erzführer. Le costume que portait les mineurs consistait en une petite veste de toile grossière, d'un pantalon de même étoffe, et d'un vieux chapeau rond, ou seulement la tête du chapeau sans bords. Lorsque les mineurs travaillaient dans les mines, ils attachaient quelquefois des morceaux de cuir aux genoux, parce qu'ils sont souvent obligés de grimper à la manière des ramoneurs. Outre le costume de travail, les mineurs portaient un uniforme pour les dimanches et jours de fête. Les officiers des mines, avant la Révolution de 1789 portaient un uniforme très riche: c'était une veste en drap noir, avec revers, parements et large collet rabattu en drap écarlate, le tout bordé de gaons en or; ils portaient la culotte courte en drap écarlate, des bas blancs avec souliers à grandes boucles en argent, un schako en feutre noir, sans visière, bordé d'un galon en or et orné de deux marteaux en sautoir en cuivre doré. L'uniforme des simples mineurs était le même que celui des officiers, à l'exception des galons en or. Les mineurs avaient leur propre caisse de secours qui intervenait en cas de maladie. Lors du décès d'un des membres de cette maîtrise, le convoi funèbre est accompagné par douze mineurs en costume, chacun muni de sa lampe allumée suivant une ancienne coutume en usage.
Mœurs et coutumes
Un des traits les plus marquants qui caractérisait les anciens mineurs était le profond respect pour la religion qui guidait toutes leurs actions. Matin et soir avant d'entrer dans les mines, ils se rassemblaient dans une des chambres d'une maison avoisinant l'entrée de la mine, et là le pasteur ou le curé faisaient journellement la prière, en implorant Dieu de préserver les ouvriers des malheurs qui pourraient leur arriver dans leurs travaux souterrains. Après la prière on chantait un cantique qui était suivi d'une courte allocution du maître mineur qui exhortait les ouvriers à remplir consciencieusement leur devoir. Les mineurs lorsqu'ils se rencontraient se saluaient par le mot de Gluck-auf, ce qui veut dire : que Dieu vous accorde une heureuse sortie de mine. Ce mot de Gluck-auf est même souvent employé dans leurs cantiques et surtout avec beaucoup d'à-propos dans celui qu'ils chantaient à l'enterrement de leurs camarades, et où il fait allusion au passage de la vie terrestre du mineur à la vie dans l'au-delà. Les mineurs étaient très superstitieux et se créaient des fantômes ou des personnages imaginaires qui peuplaient l'intérieur des mines. Ils ne manquaient jamais de prier afin de les préserver contre les mauvais sorts, notamment les lutins et autres mauvais esprits qui hantaient les galeries souterraines afin de les contrarier. Si par exemple leur lampe venait subitement à s'éteindre, c'était un esprit méchant qui l'avait soufflée; arrivait-il un éboulement dans la mine, c'était encore un lutin qui en était la cause.
Le déclin
Très florissantes jusqu'à la fin du XVIe siècle, le déclin des mines allait sonner le glas de la prospérité de Sainte-Marie-aux-Mines. Les difficultés d'exploitation, le manque de bois nécessaire aux fonderies et boisage des mines vint à manquer, en plus des inondations fréquentes seront le lot quotidien qui amèneront le déclin des mines de la région. Par ailleurs une grande quantité d'argent affluant en Europe et en provenance du nouveau monde (Mexique, Pérou) dont les rendements sont meilleurs que ceux de Sainte-Marie-aux-Mines fera diminuer le rendement des mines. La plupart des galeries qui avaient été exploitées depuis le XVIe siècle vont être progressivement abandonnées. Au début du XVIIe siècle, il n'existait plus à Sainte-Marie-aux-Mines qu'une centaine de mineurs sur les 3000 occupés antérieurement dans les 200 puits. La guerre de Trente Ans (1618-1648) et les guerres qui s'ensuivirent anéantirent complètement l'exploitation des mines et de ce qu'il restait. La misère et la famine régnaient partout. Le feu avait anéanti une partie de Mariakirch (Sainte-Marie-aux-Mines) et consumé Fertrupt dans le courant des années 1634 et 1635. La peste qui était apparue dans la vallée allait faire du Val d'Argent un désert, la population ayant pratiquement complètement disparu du fait de la famine, des guerres. À cette époque à Marie-aux-Mines, il ne restait plus qu'une trentaine de familles. Sainte-Marie-aux-Mines se repeuplera dans la 2e moitié du XVIIe siècle grâce à l'arrivée de cultivateurs suisses, principalement des anabaptistes, de réformés allemands qui se joindront à la communauté calviniste. Au XVIIIe siècle, il ne restera comme vestiges des exploitations minières que des galeries à demi éboulées et des puits envahis par les eaux. Seule la ville de Mariakirch subsistait. Au décès de Jean Jacques de Ribeaupierre le 28 juillet 1673 ne laissant pas d'héritiers mâles, succèda le prince Palatin de Birckenfeld qui transmettra la seigneurie à son fils Chrétien II de Birckenfeld. En 1711, trois bourgeois-marchands de Strasbourg, nommés Nicolas Cederer, Jacques Duominguer et Simon Knol essayèrent de faire redémarrer les mines. Il établirent plusieurs ateliers dans les endroits où il y avait d'anciennes mines dont la première est située dans la vallée du Rauenthal sous le nom de Saint Jacques. Ils ouvrirent une ancienne galerie sur 400 toises de longueur. Au bout de ces 400 toises, ils trouvèrent trois grands rameaux faits par ceux qui y avaient travaillé, contenant les trois ensemble soixante toises de profondeur, où ils remarquèrent dans le nettoiement quelques veines de mines, contenant de l'argent et du cuivre. Ils y trouvèrent environ 40 quintaux de mine d'argent et de cuivre qui produisirent environ 7 onces d'argent par quintal et 8 à 10 de cuivre. Ils ne se sont pas trouvés en état de poursuivre la grande galerie, en raison des éboulements. Ils ont donc abandonné l'endroit. Dans la même vallée, une autre mine appelée Saint-Christian a fait l'objet de recherches. Ils sont tombés sur trois galeries en partie éboulées, et ont parcouru celle du milieu sur 150 toises de longueur. À environ 100 de distance de cette galerie, ils ont trouvé quantité de rameaux anciens dans lesquels ils ont fait construire plusieurs petits rameaux où ils ont trouvé de l'azur et de l'argent[15]. Ils ont fait ouvrir d'autres galeries, dans la vallée de la Petite Lièpvre, à Fortelbach et à Fertrupt. Les travaux ont été définitivement abandonnés en 1828
Couvent et églises
Le couvent des Cordeliers
En 1617, Henri II (1563-1624), duc de Lorraine, envoya à Sainte-Marie-aux-Mines, à la sollicitation d'Adam Petz, évêque de Tripoli, suffragant de Strasbourg, quelques cordeliers de la maison de Raon-l'Étape pour assister le curé et lutter contre le protestantisme[16]. Les moines du couvent des Cordeliers ou Franciscains portaient un vêtement large de gros draps gris et une ceinture de corde, d'où leur nom. Le couvent des Cordeliers de Sainte-Marie-aux-Mines relève de la province des cordeliers de Lorraine qui comprend treize maisons partagées en trois custodies, celle de Nancy, des Vôges, du Barrois. Sainte-Marie-aux-Mines fait partie de la custodie des Vôges qui compte quatre maisons: Mirecourt, Neufchâteau, Raon-l'Étape et Sainte-Maie-aux-Mines. Cet ordre fut institué par saint François d'Assise en 1223 et fut classé dans l'ordre des mendiants. Leur maison, établie dans la partie lorraine[17] à l'emplacement où se trouve aujourd'hui la CMDP du Val d'Argent, fut en partie incendiée qui détruisit l'église et fit périr un religieux le 13 mars 1777. Cet incendie d'origine accidentelle est occasionné par le père Gay qui s'est endormi chandelle allumée. Ce dernier, gardien, c'est-à-dire supérieur du couvent depuis 1774, périra dans l'incendie. L'église fut reconstruite et c'est le 12 juillet de la même année qu'on posa la première pierre et en 1786 elle était entièrement restaurée. Malgré la faiblesse numérique, les religieux du couvent des Cordeliers assistent les prêtres de la paroisse de Sainte-Marie-aux-Mines, en célébrant des messes et quelques sermons. La popularité du couvent des Cordeliers était telle que les bourgeois les plus importants de la ville demandent à se faire inhumer dans l'église. C'est le cas d'Antoine Narbey qui demande dans son testament de 1731 d'être inhumé dans l'église. Le 11 juillet 1755 une autre personnalité importante de Sainte-Marie-aux-Mines est inhumé dans l'église, Nicolas Lamouche, prévôt, avocat de la cour souveraine, âgé de 72 ans qui est mis en terre par le père cordelier Bernadier Cordier. Le couvent des Cordeliers était sous l'invocation de saint Jean Baptiste et le grand autel sous son nom. Il y avait dans la nef deux autels collatéraux, l'un dédié à saint François et l'autre à saint Antoine. Avant l'incendie de 1770 il y avait jusqu'à 18 religieux. En 1790 ils étaient encore treize. Les moines vivaient en grande partie des aumônes que recueillait le père gardien du couvent tous les vendredis chez les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines sans distinction de religion. À la Révolution, l'immeuble des Cordeliers est déclaré bien national.
Liste de quelques religieux[18]
- Gervasius Corroyer, arrivé en 1626, originaire de Bâle.
- Minorville, 1674
- Thiery, 1676[19]
- Thyvet, 1754
- Cordier, 1757
- Thyvet, 1764
- Perrin, 1766, gardien en 1767
- Joseph Leopold Gay, 1774. Périt dans l'incendie de 1777
- Hoeld, 1775-1776
- Nicolas Marchal, 1783 (qui fait rétractation de ses vœux en 1801)
- Antoine Mathebs de Bergheim, 1791, né le 6 mai 1748. Gardien du couvent des Cordeliers de Sainte Marie-aux-Mines. Il refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé et est arrêté au cours d'une messe. Il est d'abord déporté à Rochefort sur ordre des autorités du département de la Meurthe. Il meurt le 12 août 1794 à l'âge 46 ans en déportation à l'île d'Aix où il est inhumé[20].
L’ancienne église paroissiale de Saint-Louis
Située rue Saint-Louis, l’église paroissiale de Saint-Louis a été bâtie en 1674 grâce à un don du roi de France, Louis XIV, qui s'était déplacé à Sainte-Marie-aux-Mines en 1673[21]. Elle n’aura cependant survécu que cent quatre-vingt ans. Elle sera détruite en 1854 pour faire place à l’église actuelle.
Vers le XVIe siècle, à l’époque où le protestantisme commençait à s’introduire dans la partie des terres appartenant à la seigneurie de Ribeaupierre, trois églises catholiques s’élevaient dans la partie alsacienne du Val de Lièpvre : l’église d’Echery, l’église de Saint-Blaise et l’église sur le pré. Des trois églises, seules les deux premières existent encore, la troisième a disparu en 1881.
L'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte à Echéry
C'est au cours des XVe siècle et XVIe siècles que fut reconstruite l'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte. Le chœur, par sa voûte d'arête à nervures naissant des murs mêmes, paraît appartenir à la fin du XVe siècle. C'est la seule partie du bâtiment qui ait des vitraux en ogive. Dans le chœur, du côté de l'Évangile, se trouve une armoire enchâssé dans le mur et dont les ornements représentant des entrelacs sculptés en grès vosgiens, d'un beau travail. Sous l'armoire, on voit, gravée en creux, l'année 1504 et, en relief, un écusson aux armoiries de Guillaume, surnommé le Grand, seigneur de Ribeaupierre, auquel appartenait la partie alsacienne du Val de Lièpvre. Guillaume régna de 1450 à 1507 ; c'est à cette période que fut bâti le chœur, ainsi que le clocher qui remonte à 1506, comme l'indique la date gravée au ciseau au-dessus de la porte d'entrée. La tour, carrée et massive, contenait autrefois trois cloches, dont une petite en argent, si l'on en croit la légende populaire. Aujourd'hui, elle n'a plus qu'une cloche. Plusieurs dates dates restent encore visibles : 1511 sur la clef de l'arcade qui sépare la tour de la nef, 1538 au-dessus de la porte du côté nord, 1561 sur l'arc en plein cintre du portail sud, maintenant muré. Ces divers millésimes montrent que l'édification de l'église fut d'une extrême lenteur. Les travaux durent souvent être interrompus, sans doute par suite d'embarras pécuniaires, et ce ne fut qu'au bout d'une soixantaine d'années que l'église fut achevée. Elle semble avoir été construite par de simples ouvriers de la localité, dans le but de donner un lieu de culte aux habitants des vallons d'Echéry. L'arcade en forme d'ogive qui donne accès au chœur paraît avoir été reconstruite vers la fin du XVIe siècle si l'on s'en rapporte à la date de 1576, gravée sur l'une des pierres du côté gauche. L'église renferme plusieurs tombes, dont la plus remarquable est celle d'Antoine Tiusler, exploitant des mines de la seigneurie de Ribeaupierre, inhumé en 1563.
L’église d’Echery est maintenant située à Saint-Pierre-sur-l’Hâte. Dédiée d’abord à saint Guillaume, en hommage à un pieux anachorète qui vivait au Val de Lièpvre vers le milieu du Xe siècle et dont la fête se célébrait le troisième jour des nones de novembre, elle ne fut placée que plus tard sous le vocable de saint Pierre. Il est difficile de déterminer la date de sa création. (On parle de 1140). Par qui fut-elle construite ? Pour le moment la question reste posée. L’église de Saint-Pierre-sur-l’Hâte ne présente pas assez d’uniformité dans son architecture pour qu’il soit permis d’admettre qu’elle fut bâtie d’un seul bloc. La tour semble appartenir au XIIIe siècle ; la nef remonte semble-t-il à la période gothique, mais a été modifiée depuis ; le chœur, par sa voûte d’arête à nervures naissant des murs mêmes, indique le XIVe ou le XVe siècle. Plusieurs dates restent encore apparentes: 1504 sur l'entablement du socle de la custode, 1506 au-dessus de la porte d'entrée, 1511 sur la clef de l'arcade qui sépare la tour de la nef, 1538 au-dessus de la porte s'ouvrant du côté nord, 1651 sur l'arc en plein cintre du portail sud, maintenant muré. Cette dernière date est celle où l'église devint protestante. Dans une lettre écrite le 12 mars 1643 à son collègue P. Ferry de Metz, le ministre J. de Bachelle, pasteur réformé français à Sainte-Marie-aux-Mines, s'exprimait ainsi à propos de l'église d'Echéry "Pour ne point vous parler du costé de Lorraine, faut savoir que le costé des seigneurs de Ribeaupierre est vers le midi et a quatre tant bourgs que village. Le plus haut s'appelle Eschery et est le lieu où nous avons une assez ancienne église, au plus haut d'une petite montagne qu'on appele Surlatte, elle est bâtie depuis l'an 1150. L'année y est engravée sur une pierre, mais à moitié effacée, en lettres Gothiques. Il conste qu'elle fut jadis dédiée à Saint Wilhelm ou Guillaume ..."
La pierre sur laquelle était gravée la date de 1150 dont parle Bachelle a disparu, mais il est certain que la fondation de l'église remonte à une époque antérieure, car son nom apparaît déjà dans une bulle du pape Innocent II rédigé le 11 décembre 1140 qui confirme à l'abbaye bénédictine de Moyenmoutier la possession d'un grand nombre de biens parmi lesquels figure l'église d'Echéry avec ses dépendances[22]. L'église d'Echéry semble donc, à cette époque, unie à l'abbaye de Moyenmoutier et desservie par des religieux de cette maison.
Environ un siècle plus tard, à peu près au temps où le moine Richer de Senones écrivait sa chronique, le zèle des religieux s'étant ralenti, l'église fut convertie en paroisse. La paroisse prit le nom de Saint Guillaume du nom du patron de l'église, et fut placée sous l'administration d'un recteur. L'abbaye de Moyenmoutier ne conserva plus dès lors sur l'église que le droit de patronage, avec la jouissance d'un petit revenu, montant à quinze sous de Strasbourg[23]. Mais ce droit de patronage était aussi revendiqué par les nobles d'Echéry qui prétendaient être les seuls prétendants. En 1279, ils tentèrent de s'accaparer de la cure et d'y installer un curé de l'église de Riquewihr du nom de Gérard, au lieu et placé du recteur Arnold qui y avait été nommé par l'abbaye de Moyenmoutier. L'abbé de Moyenmoutier porta plainte devant la cour de Rome. La sentence rendue par le doyen de l'église de Sarrebourg, délégué à cet effet, le confirma dans ses droits et Arnold fut maintenu dans la possession de la cure[24]. Les nobles d'Echéry ne s'inclinèrent pas devant ce verdict. Quels titres avaient-ils à faire valoir à l'appui de leurs prétentions ? Nous ne saurions le dire. Toujours est-il qu'en 1317, moins de cinquante ans après l'arrêt dont nous venons de parler, ils étaient définitivement entrés en possession du jus patronatus de la cure de Saint-Guillaume à Alt-Eckerich et le cédaient à l'abbaye de Baumgarten dans le Val de Villé. Cette donation fut approuvée en 1323 par Jean Ier, évêque de Strasbourg.
Lorsque Louis XIV impose le simultanéum en 1685, la nef reste aux Réformés tandis que le chœur est accordé aux Catholiques. Aujourd'hui l'église de saint-Pierre-sur-l'Hâte demeure l'un des rares édifices œcuméniques d'Alsace.
L'église Sainte-Madeleine
L'église Sainte-Madeleine ainsi que la maison curiale et l'hôtel de ville occupent aujourd'hui l'emplacement de l'ancien château, ou châtelet, qui était la demeure des ducs de Lorraine. Par la suite, ce château fut occupé par l'entrepreneur des mines qui y avait établi une manufacture de galons d'or et d'argent. La partie septentrionale de Sainte-Marie-aux-Mines dépendait de la Lorraine et comprenait au XVIIIe siècle près de 400 familles tous catholiques et ne parlait que le français et le patois vosgien appelé aussi le Welche. La partie méridionale appartenait aux seigneurs de Ribeaupierre et parlait uniquement l'allemand. Les habitants des deux paroisses étaient différents non seulement par la religion, mais également pour les mœurs et la façon de se vêtir. Cependant, les deux parties étaient si proches géographiquement - le commerce se faisait invariablement des deux côtés - ce qui justifia le proverbe « on y fait le pain en Alsace et on le cuit en Lorraine » ou encore « l'homme couche dans la première de ces provinces et sa femme dans la seconde ».
L'église Sainte-Madeleine construite avec une façade massive est surmontée d'un clocher à bulbe. Cette église lorraine a été construite en 1757 dans un style apparenté baroque puis remaniée en 1816. Les églises de ce style sont très nombreuses dans les départements lorrains. L'autel central dédié à sainte Madeleine est également secondé par deux autels collatéraux dédié l'un à la Sainte Vierge et l'autre à Saint Sébastien. La nef comporte quatre fresques de Caroline Sorg datées de 1897-1898. En face de la chaire en marbre de l'autel de "la Madeleine" présente un tableau surplombé par la croix des mineurs. Au fond de l'église, à gauche se trouve un tableau du XVIIIe siècle comportant la Vierge montrant l'enfant à Saint-Dominique. À droite on trouve un joli baptistère en marbre. Sous le crucifix sont exposés des outils de mineurs (marteau et pointerolle). L'orgue de cet église est le dernier instrument construit par Joseph Callinet (1849).
Galerie d'images
Vitraux de l'église Sainte-Madeleine
-
Vitrail représentant saint Dominique financé par Bodenreider et Mougel en 1894 se trouvant dans l'église Sainte-Madeleine
-
Vitrail représentant l'effigie de sainte Marguerite dans l'église Sainte-Madeleine. Don de Saar/Humbert - 1894
-
Vitrail en l'honneur de saint Bernard. In memoriam B. Brassier 1894
-
Vitrail de l'église Sainte Madeleine représentant Charles Borromée - Don de deux paroissiens, Michel Lang et Raymond Zarcher en 1893
Les anciens temples et chapelles
Chapelle Saint-Mathieu
La chapelle est mentionnée dès 1634 et on peut voir son portrait dans la grande salle du conseil de l'hôtel de ville en 1722. À l'origine cette chapelle était dédiée à saint Nicolas et appartenait à un habitant de Sainte-Marie-aux-Mines du nom de Mathieu.
Église luthérienne dite des chaînes
L'église luthérienne dite des chaînes, est située 81 rue Saint-Louis. L'ancienne église était caractérisée par un clocher massif et la façade était construite en pierres de taille. Elle a été entièrement détruite au cours d'un incendie le 6 octobre 1754 puis restaurée vers 1757.Dans l'incendie tout ou presque disparut, même les pierres tombales où reposaient plusieurs dignitaires de la ville furent anéanties sous l'effet de la chaleur. La reconstruction de la nouvelle église furent rapidement entreprise.
Le nouvel édifice sera inauguré le 30 novembre 1757 et consacré le 31 décembre 1757.L'église actuelle a remplacé l'église Sur-le-Pré devenue trop exiguë dont la première pierre a été posée sur le même terrain que la première incendiée en 1754 appartenant à Charles Weisgerber originaire de Ribeauvillé. Rapidement construite la nouvelle église sera inaugurée le 15 mars 1846. Le nom dite des chaînes lui a été donné parce que la cour de l'église était protégée par des chaînes immenses. Divers mobiliers se trouvant à l'intérieur de l'église luthérienne actuelle ont été classés dans l'inventaire des monuments historiques (I.M.H 1985).Parmi ces mobiliers remarquables ont trouve notamment la descende de croix, les tribunes, la chaire en chêne et son double escalier, et l'orgue de Callinet de 1846. Les vitraux datés du début du XXe siècle ont également attirés l'attention des Monuments historiques en 1995. La cloche de la dernière Église-Sur-le-Pré datée de 1810 est à présent exposée à l'entrée de l'église des chaînes. L'église des chaînes a été rénovée en 2002.
Temple réformé
Situé 5, rue du Temple il a été inauguré le premier octobre 1634 et est l'un des plus vieux temple que la France ait conservé. Le temple d'Echéry étant devenu trop petit, il a donc été décidé d'en construire un autre au centre de la ville. Initialement construit sans clocher, il ne verra le jour qu'à partir de 1807. La paroisse protestante fait alors partie du consistoire de Riquewihr. Par la suite le clocher sera pourvu de deux autres cloches. En 1861, l'une des cloches est fêlée . Les deux sont remplacées par le fondeur Gousset[25]. Le temple réformé de Sainte-Marie-aux-Mines fait actuellement l'objet de travaux de rénovation. Des pierres tombales du XVIIIe siècle sont visibles depuis l'origine sur le sol du temple. On y trouve notamment la pierre tombale de Jean Fattet juge des mines mort en 1707 qui était le conseiller intime du prince Palatin de Birkenfeld. On y trouve également dans cette même tombe, l'épouse du juge des mines, Louise Schoenauer et peut-être aussi Christiane Dorothée Schwengsfeld. Cette dernière famille était très connue à Sainte-Marie-aux-Mines à l'époque. Elle habitait dans une maison aujourd'hui disparue qui était située à l'emplacement de la grande surface, rue Reber. Une autre tombe située entre l'autel et la chaire est celle du pasteur Christof Merian mort à l'âge de 30 ans en 1743. La pierre précise qu'il était très instruit. Une cartouche inscrite en latin en sa mémoire se trouve au consistoire situé en face du temple. Une troisième tombe située sous l'autel du temple est celle de Maria Rosina Seyler "inhumée au temple le 23 février 1703". Il s'agissait de la femme du pasteur Johann Rudolf Brenner qui a officié de 1696 à 1703.
Chapelle du Sacré-Cœur à Echéry
Le terrain sur lequel fut bâti la chapelle du Sacré-Cœur appartenait à Monsieur Frédéric-Louis Weisgerber où existait alors une usine textile qui passa ensuite aux Etablissements Koenig. Le bâtiment a été transformé en chapelle en 1932. Les habitants du hameau d'Echéry se rendaient aux offices dominicales, ce qui leur évitait de se déplacer jusqu'à la ville.
L'église sur le pré
- Située avenue Robert-Zeller
Située autrefois sur l'ancien pré[26] de la Mattenkirch, cette église n'existe plus aujourd'hui. Cette paroisse utilisée par l'ensemble des luthériens fut détruite par le feu le 6 octobre 1754. Elle avait été construite en 1542, puis après l'incendie reconstruite vers 1757. Elle fut démontée en 1880. À côté de cette chapelle, il y avait un cimetière où reposaient de hauts fonctionnaires des mines, dont les familles Pfeffinger, Kroeber, Finck, Saur, Schreiber et plusieurs tombes de la famille Schwengsfeld, ainsi que celle du Landrichter Jean Philippe Von der Lippe qui exerçait au commencement du XVIIe siècle.
Chapelle de Fertrupt (1612)
D'après l'abbé Grandidier les luthériens possédaient également une chapelle à Fertrupt, mais n'y célébraient aucun culte. Jusqu'en 1842, on l'utilisa principalement pour les enterrements. On raconte que lors des obsèques d'un membre de la hiérarchie minière, le sol de l'édifice s'effondra sous le poids du cercueil en plomb .. Le sous-sol était truffé de galeries minières[27]
Celle-ci n'était utilisée que lors des enterrements dont un cimetière se trouve juste à côté de la chapelle. Dans cette dernière chapelle furent inhumés quelques hautes personnalités
- le docteur Jean Christophe Kast, né à Strasbourg, médecin personnel du duc Stanislas. Il était très versé dans la médecine et la botanique. Décédé le 13 décembre 1754 à Lunéville. Il est enterré dans la chapelle de Fertrupt.
- J.H. Barth, archiviste de la ville de Strasbourg, décédé à l'âge de 42 ans en 1755
- Jean Jacques Saur, concessionnaire des mines de Sainte-Marie-aux-Mines Lorraine, décédé en 1757 à l'âge de 70 ans. Il jouissait d'une grande estime auprès du duc de Lorraine dont il était son banquier à Sainte-Marie-aux-Mines. Il avait deux fils, tous nés à Sainte-Marie-aux-Mines, Jean-Jacques né en 1716 et Jean Daniel né en 1721. Tous deux étaient de célèbres minéralogistes.
- Juliana Dorothée Weidner, épouse de Philippe Albert Weidner, officier, décédée en 1758 à l'âge de 84 ans.
Chapelle de la Madeleine
Située rue Mulhenbeck à l'ancien emplacement où s'élevait jadis l'église de Sainte-Madeleine et à côté de l'ancien cimetière. Aujourd'hui, seul le chœur originel subsiste encore. La nef a été détruite en 1756. Au début du XVIIIe siècle cette ancienne église était encore rattachée au prieuré de Lièpvre dont les moines administraient la paroisse. Depuis 1613 l'ancienne église de Sainte-Madeleine est détachée du prieuré de Lièpvre pour devenir une paroisse indépendante avec son propre curé. Entre 1888 et 1889 cette chapelle fait l'objet de travaux pour rénover ce qui pouvait l'être et donner un aspect plus présentable à l'édifice qui commençait à tomber en ruine. On peut encore trouver actuellement dans cette chapelle d'anciens vestiges muraux qui datent des XIVe et XVe siècles et qui ont été rénovés en 1992. Autour de cette chapelle se trouve en ancien cimetière où reposent les curés de l'ancienne église Sainte-Madeleine dont notamment le curé Cornette.
L’industrialisation de la vallée
Indépendamment de l'exploitation minière, Sainte-Marie-aux-Mines possédait plusieurs autres industries qui étaient alors en pleine prospérité. Parmi ces nombre ont relevait surtout celle des tanneurs et des drapiers; la coutellerie y était aussi très florissante. C'est aussi l'époque où un célèbre personnage, François Thomas qui était né à Sainte-Marie-aux-Mines le 14 mai 1670 s'attaqua à la découverte des sources, dont il présentait la proximité grâce à son flair. En effet, il se basait pour découvrir les sources grâce à la verdure de certaines herbes qui poussaient à la surface du sol. Il fit preuve de ses connaissance lors du siège de Lérida dont le commandant était le duc d'Orléans.Il fit creuser dans la montagne et trouva de l'eau en abondance. Léopold, duc de Lorraine, le nomme dans un titre du 27 janvier 1714, son "sujet naturel, ingénieur et machiniste en chef natif de Sainte-Marie-aux-Mines". Le duc le présenta à Pierre le Grand lorsqu'à son retour de Paris, il passa par Nancy pour retourner en Russie. Le Tsar qui désirait s'entourer de savants et ingénieurs lui proposa de le suivre dans son pays et lui fit des propositions fort allégeantes que Thomas refusa préférant rester dans sa patrie.
Sainte-Marie-aux-Mines fut aussi la la patrie des deux frères Sauer, célèbres minéralogistes: Jean Daniel né en 1716 et Jean Jacques né en 1721. Le premier mourut à Sainte-Marie-aux-Mines, le second allait finir ses jours en Espagne. L'un et l'autre firent des recherches assez avancées pour l'époque dans la minéralogie et l'histoire naturelle.
L'industrie textile
C'est en 1755 que la filature de coton à la main fut introduite dans cette ville et dans les vallées environnantes par un industriel, Jean-Georges Reber, qui y joignit bientôt après une fabrique de siamoise. En 1865, il existait à Sainte-Marie, trois établissements industriels plus ou moins florissantes: on y trouvait notamment des manufactures de pignas, madras, cravatess, toiles de Saxe, reps, damas, brocatelles et en général, des tissus connus sous le nom d'articles de Roubaix, des filatures de coton, douze teintureries pour coton, laine et soie, deux blanchisseries de toiles, quatre imprimeries typographiques, quatre lithographie, cinq brasseries, cinq moulins à blé, cinq scieries mécaniques, quatre fabriques de chandelles, quatre huileries, deux tuileries, cinq apprêteurs de tissus, treize commissionnaires de tissus, etc.[28]. Les fabriques de tissus en laine, soie et coton emploient alors tant à Sainte-Marie-aux-Mines que dans toute la vallée, y compris jusqu'à 80 kilomètres à la ronde, plus de 25 000 personnes ouvriers tisserands[29].
La fabrication de tissus comme le guingan a fait la renommée de Sainte-Marie-aux-Mines. L'introduction en 1840 par Jacques Blech de la fabrication de tissus mélangés en soie, coton et laine a revêtu une importance primordiale. Le principe même de la fabrication qui consiste dans le tissage de filés préalablement teints sont utilisés dès la mode des siamoises, donc après 1755, reste le même pour toute la période concernée et depuis le développement de l'industrie du guingan qui ne sont fabriqués qu'à partir de 1825. Dans les années 1870, la production locale a toutefois changé de cap. Elle s'oriente plus décisivement que jamais vers la production d'étoffes pour habillement féminin. Les tissus sont en laine, ou laine mélangée.
Les anciens imprimeurs
Sainte-Marie-aux-Mines, à l'instar des autres villes comme Strasbourg, Colmar, Sélestat, Mulhouse ou Molsheim, eut de bonne heure des établissements typographiques. Parmi les plus anciens imprimeurs il y avait celui de Jean Martin Heller qui en 1722 publia un livre de cantiques et de prières en allemand à l'usage des mineurs. Jean Martin Heller était l'imprimeur du prince palatin de Birckenfeld. Il était interdit à tous les imprimeurs de la province d'imprimer des ouvrages protestants en langue française. Jean Martin Heller imprima aussi les titres des actions de la Compagnie des mines de Sainte-Marie-aux-Mines Alsace. Selon Daniel Risler[30], l'imprimerie de M. Heller était assez importante si l'on en juge par le volume du livre de cantiques qui contient pas moins de 420 pages et pour l'impression duquel il a été employé au moins une trentaine de caractères différents. On ne connaît pas d'autres ouvrages sorti des presses de cette imprimerie, mais à voir la quantité de caractères d'impression qu'il a fallu utiliser pour imprimer ce seul livre de cantiques, il est fort probable que d'autres livres sont sortis de ses presses.
Jean Martin Heller, continua d'imprimer de l'autre côté des Vosges, à Etival à partir de 1725 où il n'imprima que des ouvrages à caractère liturgique ou historique. Il imprima notamment un ouvrage historique fort intéressant : "Sacrae antiquitatis monumenta historica" écrit par l'abbé C.L. Hugo et dont le premier tome a été imprimé à Etival en 1725. Un deuxième tome plus tard remanié et enrichi de cet abbé d'Etival est sorti en 1731 à Saint-Dié[31].
Plus tard, c'est François, le fils cadet de Jean-Georges Reber, fondateur de l'industrie cotonnière de la vallée de Lièpvre qui va se lancer dans l'imprimerie. Au début, François Reber n'imprimait que pour son plaisir et imprima plusieurs publications qu'il mettait en vente. En 1806, il acheta une imprimerie et envoya à Paris un ouvrier nommé Bontemps pour se former dans le métier de typographe. À son retour, et après avoir été formé, François Reber mit sous presse les ouvrages suivants:
- Histoire de la vallée de Lièvre. Extrait de la IIIe livraison des Vues pittoresque de l'Alsace - 1re Édition, 1807
- Deux nuits d'Young, traduite en vers par Colladeau, 1807
- Vérités salutaires ou Les enfants de ma plume, 1807
- Die Grösse Gottes in den Wundern der Natur, 1807
- Sammlung von Aufsäzen vermischtent Inhalls, 1807
- Geschichte des Leberthal, 1808 (2e tirage en 1809)
- Histoire de la vallée de Lièvre, 2e édition, 1810
- Sammlung von Prosaïschen Aufsäzen und Gedichte, 1810
Monsieur Reber imprima également de 1807 à 1814, un journal en vers contenant des chansons, des charades, des logogriphes en français et en allemand. Plus tard, il en réunit un certain nombre de numéros, qu'il fit paraître sous ce titre: "Lieder zum Geselligen Vergnügen" . Il imprima sans doute également "Munster dans la vallée de Saint Grégoire" en septembre 1808.
Un autre imprimeur va faire son apparition à Sainte-Marie-aux-Mines, Armand Jardel, né à Luvigny dans les Vosges, arguant du fait qu'aucun imprimeur ne réside dans cette ville. En 1836 Armand Jardel dépose une demande d'autorisation pour établir à Sainte-Marie-aux-Mines une imprimerie-Lithographie. Le ministère de l'intérieur lui délivre la même année un brevet lui permettant d'ouvrir une imprimerie dans sa ville. Il embauche deux ouvriers. En 1844 il imprima une feuille hebdomadaire d'annonces et d'avis divers de Sainte-Marie-aux-Mines et en 1848 il commence à imprimer le "Journal de Sainte-Marie-aux-Mines" qui est vendu dans la vallée. Il est installé place de la Fleur au no 13, puis déménage son atelier dans la rue de la Vieille Poste au no 18. Il est le rédacteur de la presse locale du journal de Sainte-Marie-aux-Mines du 3 mars 1848 au 2 janvier 1875. L'imprimerie Jardel est l'auteur d'un nombre d'ouvrages concernant les travaux miniers dont les dessins sont extraits de la "Cosmographie de Sébastien Munster" de 1545. Il était aussi spécialisé dans la confection de cartouches d'étiquettes (1854) ainsi que des menus illustrés (1867).
Plus tard, le 2 janvier 1875, l'imprimerie de Armand Jardel de la rue de la Vieille Poste est reprise par David Cellarus qui a suivi une formation de plusieurs années à Paris. C'est sous son impulsion qu'il reprend le journal de Sainte-Marie-aux-Mines qui devint bilingue sous le nom "Der Vogesenbote". En 1903 il imprime une édition bi-mensuelle du "Messager des Vosges Illustré" dont la parution cesse en décembre 1904 faute d'avoir trouvé un nombre de lecteurs suffisants. Le premier avril 1909, David cède son imprimerie-lithographie à ses deux fils Ernest et Robert. En 1910 l'imprimerie occupe neuf ouvriers, une ouvrière et trois apprentis.
Le 7 janvier 1927 Le "Messager des Vosges" tire à 1560 exemplaires. Connu comme rédacteur du journal, David Cellarus est également l'auteur du Grand Almanach alsacien-lorrain édité en 1886.
Le 25 juin 1883 Edouard Czeizorzinski reprend la librairie-papeterie d'Eugène Jung. En 1890, il crée "Grand'Rue", une imprimerie-cartonnerie employant 10 ouvriers de cartonnerie, 3 ouvriers relieurs et 3 apprentis. Le 1er novembre 1903 il informe sa clientèle qu'il vient de joindre à son atelier de reliure une Imprimerie lithographique et de typographie. Le 16 novembre il travaille avec un effectif de 19 ouvriers. Trois semaines plus tard, il rachète la scierie Karl Pracher à la Petite Lièpvre pour y installer une cartonnerie employant 15 hommes et 9 femmes. Enfin le 12 juillet 1912 Edouard Czeizorzinski rachète les Etablissements Charles Woerner, rue Saint Louis où il installe son entreprise. En 1914 l'entreprise de la Petite Lièpvre emploie 19 personnes et 65 à Sainte-Marie-aux-Mines. L'affaire tourne jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale avec une quinzaine de collaborateurs jusqu'en 1953.
Aloyse Freppel qui est le lithographe de l'imprimerie Czeizorzinski s'installe à son compte en embauchant trois ouvriers dans l'ancien commissariat de police, face à la mairie. En 1952, il passe les rênes à Albert Banzet dessinateur-lithographe, pour se consacrer entièrement à la gestion de son entreprise. Un an plus tard il emploie une dizaine de personnes. En 1969, Armand Freppel cède son activité à Roméo Maciuk qui quitte la vallée dix ans plus tard pour Colmar[32]
Les périodes de guerre
La période allemande (1870-1918)
La guerre franco-prussienne de 1870-1871 et la défaite de la France allait de nouveau apporter des bouleversements juridiques pour la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Le traité de Francfort (18 mai 1871) enlevait à la France la province de l'Alsace et une partie de la Lorraine (département de la Moselle, ce qui constituait ni plus ni moins une annexion de ces territoires à l'Allemagne. Une loi votée à Berlin le 23 avril 1871 incorporait l'Alsace et une partie de la Lorraine à l'Allemagne qui devint "Terre d'empire" (Reichsland). Sainte-Marie-aux-Mines était incorporée à la Haute Alsace[33], devenue Markirch faisant partie du cercle de Ribeauvillé. Dès 1871 des décrets ordonnèrent le renouvellement des conseils municipaux, l'enseignement primaire et le service militaire fut rendu obligatoire. Les alsaciens-lorrains pouvaient toutefois conserver la nationalité française, mais à condition de quitter le sol national. On estime ainsi que plus de 400 000 personnes quittèrent le pays. À partir de 1872, 25600 jeunes gens quittèrent le pays pour ne pas servir dans l'armée allemande. Presque tous, se sont engagés dans la Légion étrangère. Entre 1888 et 1902, le régime des passeports mit une barrière infranchissable entre la France et les provinces annexées. En 1874 l'Alsace eut à envoyer pour la première fois des représentants au parlement de Berlin. Tous les candidats alsaciens protestataires furent élus. Une nouvelle constitution pour les provinces annexées fut votée en 1910. Selon la nouvelle constitution, l'empereur d'Allemagne, Guillaume II est nommé souverain direct du "Reichsland" représenté par un "Statthalter" (gouverneur), lequel est assisté d'un président supérieur. Le pouvoir législatif est exercé par deux chambres. La chambre basse est composée de 60 membres élus au suffrage universel. La chambre haute où siégeaient les représentants du clergé et des hauts fonctionnaires, désignés par l'empereur pouvait annuler les décisions de la première chambre. De nombreux incidents ont émaillé, faisant connaitre l'esprit frondeur des alsaciens-lorrains. Les rapports très difficiles entre les autorités administratives allemandes et la population ne devaient prendre fin que le 11 novembre 1918 jour de la signature de l'armistice. Entre 1870 et 1914 d'importants travaux de construction furent entrepris par les allemands à Sainte-Marie-aux-Mines.
La Première Guerre mondiale
Le Violu: théâtre de violents combats entre 1914-1918
En 1914 après de dures batailles qui sont sanglantes et meurtrières, l'ancienne frontière franco-allemande se fige. Les Allemands comprenant l'importance de ce verrou stratégique vont considérablement renforcer leur ligne en établissant un système de défense très dense et pratiquement imprenable. Sur plus de sept kilomètres, ils vont creuser des galeries et des abris et poser des barbelés. Pour acheminer au plus près du front les munitions et le matériel nécessaires ils vont entreprendre une ligne de chemin de fer passant vers le val de Villé jusqu'au début de la crête vosgienne. De nombreux abris sont construits destinés à héberger quelque 15 000 hommes. Il existe encore de nos jours, au-dessus de la ville de Sainte-Marie-aux-Mines de nombreux abris militaires allemands de la Première Guerre mondiale. Ils sont souvent méconnus à la fois par les randonneurs extérieurs à la vallée et par les amateurs d'histoire. Ces constructions ont toutes été réalisées par l'armée allemande qui n'a pas lésiné sur le coût et la qualité des matériaux. Ainsi pour les allemands la guerre 1914-1918 se caractérise aussi par l'édification de tranchées sécurisées et par des abris fortifiés pour suivre l'avancée des troupes françaises. À cette époque des voies de communications (remonte pentes, funiculaires, etc..) dont les traces sont encore visibles sont construits sur les hauteurs de Sainte-Marie-aux-Mines pour permettre de ravitailler en munitions et en nourriture les troupes allemandes. Plusieurs de ces abris sont essentiellement concentrés au sommet du Violu ou vers le haut de la côte d'Echéry. Le sommet du Violu ou tête du Violu était plus connu avant la guerre sous le nom de tête du Chipian. Il culmine à 994 mètres et l'ancienne frontière franco-allemande passait par cette hauteur. Conquis par les français en 1914, il est aménagé en véritable forteresse. Les positions allemandes étaient situées pas très loin des tranchées françaises. Plusieurs abris fortifiés construit au centre du Violu portent des noms rappelant l'Allemagne de l'époque: "Preussen", "Hessen", "Baden", "Hamburg". D'autres abris portent des noms d'animaux: "Dachsgraben" (tranchée du blaireau), "Fuchsloch" (trou du renard), "Maulwurf" (abri de la taupe), "Wolfsgrube" (fosse du loup), "Hamsterbau" (terrier du hamster). Les sommets du violu et du Bernhardstein sont aujourd'hui couverts d'arbres calcinés et de terres labourées par des trous d'obus énormes et des tranchées, vestiges de la Première Guerre mondiale. C'était un endroit où se trouvaient les positions françaises et allemandes qui se pilonnaient mutuellement. On y trouve encore de nombreux abris fortifiés en parfait état, notamment au Violu et vers le haut de la côte d'Echery au lieu-dit du Pain de Sucre près de l'ancien tracé du Benzolbahn. On y trouve encore de nombreux édifices fortifiés avec plusieurs galeries et des bunkers enterrés style "trou de renard" ou encore des rampes de tir. On peut également apercevoir d'autres abris militaires sur les pentes de la Haute Broque de la côte d'Echéry et du Berhardstein[34].
La période française 1918-1940
Dès le retour de l'Alsace à la France le 11 novembre 1918, elle fut administrée pendant plusieurs années par des Commissaires de la République, dont M. Maringer, Millerand et Alapetite. Tous les services administratifs des départements, arrondissements, cantons et communes, ont à nouveau fonctionné selon la législation française. À Sainte-Marie-aux-Mines la population était très francophile et avait beaucoup souffert du régime de tyrannie germanique pendant 48 ans de domination allemande. Dès les premières élections, après le retour de l'Alsace à la France, les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines ont élu, le général Bourgeois Robert, né le 22 août 1858 à Sainte-Marie-aux-Mines, décédé le 10 novembre 1945 à Paris, aux titres de maire de la ville et de sénateur du Haut-Rhin.
La Deuxième Guerre mondiale
Le 22 juin 1940, au moment de la signature à Rethondes (Oise) de la Convention d'armistice franco-allemande, l'Alsace était déjà pratiquement occupée par la 7e armée allemande. Celle-ci après avoir franchi le Rhin le 15 juin 1940, était entrée à Colmar le 17 juin et à Strasbourg le 19 juin. Bien que la convention d'armistice ne comportait aucune clause territoriale relative à l'Alsace-Lorraine, Hitler dès le 26 juin 1940 avait nommé le gauleiter de Bade, Robert Wagner, chef de l'administration civile en Alsace auprès de la 7e armée allemande. Par un nouveau décret du 2 août 1940 l'ensemble de l'administration civile en Alsace était définitivement écartée et confiée au gauleiter Wagner, la Wehrmacht n'exerçant plus que l'autorité militaire. Les Allemands font leur entrée à Sainte-Marie-aux-Mines le 19 juin 1940 devant des habitants médusés et résignés qui adoptent un comportement très réservé. La première mesure prise par les nouvelles autorités concerne la destitution de ses fonctions de maire, M. Louis Kaps, qui est remplacé par un "stadtkommissar" (administration), M. Prestel, exerçant tous les pouvoirs administratifs de la commune. Dès le 13 juillet 1940, les autorités expulsent 53 personnes de confession israélite. Le 30 juillet c'est au tour d'une dizaine d'handicapés moteurs et débiles mentaux d'être déportés en Allemagne. On n'aura plus aucune nouvelle sur leur sort. Le 12 août 1940 une centaine de personnes sont à leur tour expulsées de Sainte-Marie-aux-Mines, toutes immigrées depuis 1918. Il s'agissait en l'espèce d'une mesure de représailles, par rapport aux expulsions des Allemands en 1918. Le 16 décembre 1940, plus de 400 personnes, dont le maire Louis Kaps, résidant à Sainte-Marie-aux-Mines sont expulsées vers le département de la Dordogne et les départements limitrophes. Ils sont suspectés d'être francophiles. On trouve parmi les expulsés d'anciens engagés volontaires dans l'armée française pendant la guerre 1914-1918, ainsi que certains fonctionnaires, industriels ou commerçants. Les personnes expulsées n'ont qu'une heure pour préparer les 30 kilos de bagages autorisés ainsi qu'une somme de 5 000 francs de l'époque. Le 8 mai 1941 c'est un autre coup dur qui atteint la population. Tous les jeunes jeunes gens de 17 à 25 ans sont appelés à effectuer le service du travail obligatoire (Reichsarbeitsdienst) à caractère paramilitaire. Ils seront affiliés in extrémis dans la Wehrmacht. Les jeunes filles sont d'abord mises à la disposition des familles pour des tâches ménagères et à partir de 1942, employées dans les services auxiliaires de guerre ou dans les usines d'armement. Le 25 août 1942 est introduit en Alsace, le service militaire obligatoire pour les habitants âgés entre 17 et 38 ans précédée de l'ordonnance du 23 août 1942 imposant la nationalité allemande aux futurs conscrits. Par ordonnance du 21 septembre 1942 les autorités allemandes mettent en place une zone d'interdiction de 3 km de long entre les Vosges et la frontière. Selon la loi, tout déserteur de l'armée allemande passant cette frontière était considéré comme un ennemi de l'Allemagne et pouvait risquer la peine de mort et à coup sûr la déportation. Les plus jeunes des incorporés de force, n'ont généralement pas plus de 16 ans et se retrouvent souvent dans des unités de la Waffen SS (groupe d'élite) pour aller se battre en Russie. Après la cessation des hostilités le 8 mai 1945 les enrôlés de force dans l'armée allemande ont pu regagner leur domicile. La commune de Sainte-Marie-aux-Mines a eu à déplorer la disparition de 103 jeunes gens incorporés sous l'uniforme allemande morts au combat.
Le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines en 1940
En juin 1940 l'entrée du tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines sera dynamitée par le génie français. Avec l'arrivée des Allemands à Sainte-Marie-aux-Mines le tunnel sera déblayé puis transformé par les nazis en annexe du camp de concentration de Dachau. Des déportés, en grande partie des Yougoslaves provenant de ce camp et de celui du Struthof (Bas-Rhin) seront contraints de participer à la construction d'une usine de fabrication de pièces pour engins de guerre (V1-V2). Cette annexe est une filiale de la Bayerische Motor Werke(B.M.W.)où travaillent 800 déportés de guerre qui étaient logés dans l'usine Diehl et Cie, située à la sortie nord de Sainte-Marie-aux-Mines sur la route d'Echéry. Ces déportés travaillant en deux équipes de 12 heures chacune (6h à 18 h et 18h à 6h) au plus profond de ce tunnel dans des conditions particulièrement éprouvantes ne recevaient pour toute subsistance qu'un léger plat par jour, dont le contenu ne consistait qu'en une soupe avec quelques pommes de terre au fond. Pour marquer cet évènement tragique de la guerre, les municipalités de Trzic (Slovénie) et Sainte-Marie-aux-Mines sont unies par les liens de jumelage. Les cérémonies officielles ont eu lieu l8 mai 1966 et à Trzic le 29 mai de la même année.
La résistance
Avec l'entrée du service militaire obligatoire sous l'uniforme allemand, de nombreux jeunes vont se cacher et déserter. Pour contrer ces désertions, les autorités allemandes vont prendre des sanctions très sévères contre les parents des déserteurs en signe de représailles pour contrer toute velléité de résistance. Souvent les parents seront expulsés de leur village d'origine et transplantés en Allemagne dans des camps spéciaux ou en Haute Silésie. D'autres personnes de la vallée vont être emprisonnées dans la maison centrale d'Ensisheim ou déportées dans des camps de travail comme à Schirmeck. Beaucoup ne reviendront jamais de ces dures épreuves. D'autres, comme les passeurs qui organisaient des filières d'évasion le long de la frontière franco-allemande, étaient passibles de la peine de mort ou du camp de concentration. D'autres organisaient encore des réseaux de résistance où l'on trouvaient souvent des familles entières. On y relève, par exemple pour le Val d'Argent les patronymes suivants : Balland, Schmitt, Wagner, Didierjean (deux ecclésiastiques), Baradel, Receveur, Hinsinger, Payer, Chaetzel, Maurer, Rohfritsch, Preiss, Meyer, Ringue, Leromain, Langlaude, Verdun, Munier, Marchal, Hotz, Diebold, Garisco, Bernard et bien d'autres encore qui sont restés dans l'ombre par modestie. Le travail de passeurs a sans doute été facilité par la configuration du terrain qui était propice à de nombreux camouflages. Dans le Val d'Argent, les itinéraires empruntés le plus souvent par les passeurs se situaient à Echéry, le Rauenthal, le chêne de la liberté, le Robinot, la Chaume de Lusse, le Hury, la Hingrie, le Petit Rombach, le Grand Rombach, Rombach-le-Franc, le Col de Fouchy, la Croix Surmely, etc.. C'est à partir du 2e trimestre 1940 et début 1941 que des réseaux de résistance très actifs vont se constituer dans les trois départements annexés (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle). Le 8 mai 1941 à Strasbourg un groupe de résistants nommé "la main noire de Marcel Weinum, se livre à une tentative d'attentat contre le gauleiter Robert Wagner par le jet de deux grenades sur la voiture où il était censé se trouver. Mais il n'y s'y trouvait pas. À la suite de cet attentat, des mesures très draconiennes sont prises dont les effets sur la résistance vont très vite se faire sentir. Au cours de la période du 26 juin 1940 au 15 novembre 1941, 2 978 alsaciens sont arrêtés dont 399 pour propagande anti-allemande, 47 pour espionnage et 40 pour pour avoir participé à l'évasion de prisonniers. L'année 1942 a été l'année noire de la résistance, la plupart des réseaux ayant été démantelés. Pour la seule année 1943 les tribunaux d'exception (Volksgerichshof) vont prononcer en Alsace 72 condamnations à mort dont 37 ont été exécutées. Il faut rajouter aussi ceux qui ont été condamnés à des peines de prison, déportés ou internés au camp de Schirmeck.
Dans ce chef-lieu de canton, malgré un certain cloisonnement dû au fait que la population y était moins autochtone que les villages voisins, les prisonniers trouvaient néanmoins toujours un endroit sûr où ils pouvaient se cacher, de même qu'un passeur pouvant les amener de l'autre côté de la frontière. Le clergé local joua un rôle de premier plan. Le curé Henna de la paroisse de Sainte-Madeleine en liaison avec l'abbé Didierjean de Sainte-Marie-aux-Mines cachait le plus souvent les évadés et prisonnier sous le clocher de son église. Certains prisonniers étaient envoyés par Mme Grossetti, une libraire qui tenait un magasin dans la Grand'Rue. Le pasteur Wagner du temple (situé rue du Temple) en hébergea également un nombre considérable. L'une des plus importantes filières était organisée par Joseph Rohfritsch et sa femme Marie. Le 13 octobre 1941 deux prisonniers rencontrés à Benfeld, envoyés par un ami vinrent frapper à leur porte. C'est sur la recommandation d'un ami rencontré près de Benfeld qu'ils se dirigèrent vers Sainte-Marie-aux-Mines. Ils furent présentés à Suzanne, fille du restaurateur Adolphe Preiss qui les emmenèrent au nord de la ville sur les hauteurs de la montagne. Pour ne pas éveiller les soupçons des gardes allemands, ils portaient à la main des petits seaux pour faire croire qu'ils allaient à la cueillettes des framboises et des mûres. Ils marchèrent pendant des heures et atterrirent à la Chaume de Lusse, dont la hauteur culmine à 975 mètres. Les deux guides qui les accompagnaient leur firent traverser la frontière.
La libération de Sainte-Marie-aux-Mines
C'est finalement le 25 novembre 1944 que la ville de Sainte-Marie-aux-Mines sera libérée par l'armée américaine (le 142nd régiment de la 36th Division D'infanterie - 7e armée U.S du général George Patton) suivie deux jours après par les troupes françaises sous le commandement du général Joseph de Goislard de Monsabert[35].Le 25 décembre 1944, alors que le territoire alsacien n'était pas encore complètement libre, le général de Gaulle viendra saluer les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines et de la vallée. Des combats acharnés se déroulaient encore dans la poche de Colmar tenue par la XIXe armée allemande, dont la libération n'interviendra finalement que le 2 février 1945 par la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny. Une partie des 1200 alsaciens-lorrains internés dans des camps en Suisse ont pris part dès le 15 aout 1944 au débarquement de la 1re armée française sur les Côtes de Provence pour constituer deux bataillons, le Groupe Mobile d'Alsace (G.M.A) sous les ordres du chef de bataillon Ernest Georges né le 1er aout 1904 à Colmar et dont les parents étaient originaires de Sainte-Marie-aux-Mines. Le commandant d'aviation, Jean Wetzel, né le 20 septembre 1904 à Sainte-Marie-aux-Mines a été l'un des premiers soldat français à pénétrer dans sa ville natale après la libération. L'armistice du 8 mai 1945 et l'arrêt des hostilités a mis fin à la Deuxième Guerre mondiale. Les communes de la vallée se sont mobilisés pour panser les plaies et les blessures morales et physiques et réparer les destructions. Les collaborateurs de l'Allemagne nazie, une centaine dans la vallée, furent arrêtés et conduit dans les dépendances de l'usine Haffner en attendant d'être jugés. Dès le retour de la paix, les expulsés, les prisonniers et les combattants survivants ont pu regagner la ville de Sainte-Marie-aux-Mines. Début mars 1945, avec le retour de M. Louis Kaps (expulsé par les Allemands en 1940) les rouages de l'administration et l'activité économique sont repartis. Sainte-Marie-aux-Mines a cependant payé un lourd au cours de cette guerre: 12 soldats portant l'uniforme allemand sont morts au front, 27 ont disparu, 6 personnes sont mortes dans les maquis et dans la résistance, dont entre autres André Aalberg, André Horb, Maurice Malaisé, Pierre Schmidt, Stahl René. Treize personnes civiles ont également trouvé la mort entre 1941 et 1945.
Un déserteur américain fusillé à Sainte-Marie-aux-Mines
Article détaillé : Eddie Slovik.Attribution de la croix de guerre
En novembre 1948 la ville de Sainte-Marie-aux-Mines s'est vue attribuer la croix de guerre 1939-1945 avec Étoile de Vermeil en raison de la résistance des habitants au nazisme. La ville de Sainte-Marie-aux-Mines compta 12 tués, 20 blessés, 88 déportés, 417 expulsés et 6 fusillés. Environ 600 prisonniers de guerre français, 50 patriotes et 150 réfractaires au S.T.O et à la Wehrmacht ont pu gagner les Vosges grâce à l'aide de la population. Sainte-Marie-aux-Mines avait déjà obtenu la croix de guerre 1914-1918 avec palme.
Le retour de Sainte-Marie à la France en 1945
L'armistice du 8 mai 1945 a mis fin à la seconde Guerre mondiale. L'Alsace fut totalement libérée par la 1re armée française et les armées alliées et redevint une province française. Sainte-Marie-aux-Mines libérée le 25 novembre 1944 par la 1re armée américaine du général Patton, la légalité républicaine sera rétablie dès le 27 novembre 1944. Le commandant Lantz, chef de liaison auprès du 6e corps américain, avait convoqué tous les anciens membres du conseil municipal et présidé la séance. Au cours de cette réunion, plusieurs nominations ont été prononcées, dont celle de M. Eugène Cunrath en qualité d'administrateur provisoire, Louis Zapfel commissaire de police, Jean Jacques Lacour 2e adjoint, Eugène Eschbach maintenu dans sa fonction d'adjoint qu'il exerçait avant le 21 juin 1940. L'ancien maire, M. Louis Kaps qui avait été contraint d'exercer ses fonctions lors de l'entrée des Allemands dans la ville est remis en selle. Il reçoit les pouvoirs de l'administrateur provisoire, Eugène Cunrath au cours du conseil municipal du 8 mars 1945.
L'hôtel de ville
L'hôtel de ville a été édifié d'abord en 1833 sur l'emplacement d'un bâtiment qui fut appelé "le Châtelet" occupé par les représentants du duc de Lorraine. Cet immeuble devenu vacant tombait en ruine et fut démoli en 1880. On a toutefois conservé une tourelle qui aurait servi de cage d'escalier à Madame de Ribeaupierre, ancienne propriétaire.On a fixé sur cette tourelle un bloc de galène (sulfure naturel de plomb) sculpté en écusson, armes parlantes de la ville, témoignage de son ancienne richesse, c'est-à-dire, les mines. En 1957 l'édifice fut entièrement rénové auquel il a été rajouté un bâtiment abritant le Syndicat d'initiative pour devenir ensuite la gare routière de la SNCF. Les premières élections au suffrage universel du 26 février 1790 ont porté à la mairie Nicolas François Lamouche, avocat devenu le premier maire de la ville réunifiée.
Notes et liens
Notes et références
- Robert Forrer la remit en valeur en 1927 en se fondant sur la présence d'antimoine dans les monnaies des Leuques et des Séquanes dont le val de Lièpvre dépendait plus ou moins, antimoine, dans Cahiers d'archéologie et d'histoire d'Alsace, 1927, p.54-55
- Hanovre, 1880, p.284 - De Blidolfo, qui cellam Acheri aedificavit ... In qua postea extiterunt viri, quorum diebus argentarie fosse reperte sunt in quibus multum argentum esse fertur effossum Monuments Germaniae historica, Scriptores, XXV,
- D'après Lesslin et Daniel Rissler, les moines donnèrent les mines en fief aux nobles d'Echéry. Cette affirmation est souvent en contradiction avec d'autres historiens
- On ne parle pas encore de Sainte-Marie-aux-Mines
- XIIIe siècle par les moines pour contrer les prétentions des seigneurs locaux et du duc de Lorraine Deciman de Sancta Maria et de Sancto Blasio - Archives de Meurthe et Moselle G 393/1 - Sainte-Marie: il pourrait s'agir là d'une chapelle qui existait à l'endroit et non le nom de la ville qui n'existait pas encore. Cet acte serait en fait un faux d'après plusieurs analystes et aurait été rédigé bien plus tard, peut-être au
- Cette affiliation est cependant mise en doute par certains historiens
- Henry Bogdan : La Lorraine des ducs, p. 32
- Schoepflin : Alsatia Illustrata, tome, 1, p.43
- Cette église a remplacé l'ancienne dont il ne subsiste plus que le chœur situé rue Mühlenback
- Cense = fermes seigneuriales
- Les Halles, annexe se trouvant aujourd'hui à Sainte-Croix-aux-Mines
- empereur Constance et une autre de Maximilien qui régnèrent au commencement du 4e siècle On a également trouvé dans la vallée une médaille de l'
- Cette hypothèse n'est pas très claire, puisqu'elle varie d'un historien à l'autre
- Herculanus: Histoire de la Lorraine, tome 3, p. cxviii
- Les mines de Sainte-Marie, Revue d'Alsace, 1898, p.309
- Charles IV de Lorraine en 1617 qui fit appel aux Cordeliers pour s'établir à Sainte-Marie-aux-Mines. L'abbé Rice avait été sollicité par Léopold Ier, duc de Lorraine de faire un inventaire de toutes les paroisses dépendantes de son gouvernement et d'en dresser l'inventaire et l'état des revenus et des bénéfices situés en Lorraine en 1702. Ce document forme douze registres qui sont conservés aux archives départementales de Meurthe et Moselle sous la cote B 288-298 Selon l'abbé Rice d'Attigny-la-Tour c'est en réalité
- 1791 se trouve aux Archives départementales du Haut-Rhin, carton des Récollets Le plan du couvent en
- Société industrielle de Mulhouse), Alsatia Sacra ou statistiques religieuses de l'Alsace avant la Révolution, avec notes inédites de Schoepflin, tome II, Colmar Huffel, librairie de l'éditeur, M.DCCC.XCIX, pages 265-266 Nouvelles œuvres inédites de Grandidier, (publiées sous les auspices de la
- Louis XIV Ce religieux, sans doute un patriote lorrain fut enlevé par ordre du maréchal de Rochefort, gouverneur de Lorraine pour
- Archives départementales du Haut-Rhin, Révolution, carton des Récollets
- Louis XIV fit don à cette église d'un calice et finança l'édifice pour une somme de cinq mille cinq cent livres - Abbé Grandidier: Sainte-Marie-aux-Mines, Echéry, 1785
- 1898-99, p. 232, note 5 "Ecclesiam de Echery cum appendiciis suis " - L. Jérôme: L'abbaye de Moyenmoutier, Bulletin de la Société Philomatique vosgienne,
- 1894, le pouvoir du sou strasbourgeois, entre les années 1313 et 1318 était d'environ de six francs cinquante centimes D'après l'abbé Hanauer - Guide monétaire pour l'histoire d'Alsace publiée en
- Moyenmoutier, Bulletin de la Société Philomatique vosgienne, 1899-1900, p. 64-65 L. Jérôme: L'abbaye de
- Mme Magdeleine: Le temple réformée de Sainte-Marie-aux-Mines
- Le pré portait le nom de "Wahlfahrtsmatte" ou simplement Sur-le-Pré. L'église portait le nom de Mattenkirch
- Dernières nouvelles d'Alsace 21 février 1995 - Edition Alsace centrale
- Baquol: Dictionnaire topographique, historiques et statistique du Haut-Rhin, p 253
- Baquol : Dictionnaire topographique, historique et statistiques du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, p.253
- Lièpvre. Cette partie du travail de M. Risler a paru en feuilletons dans le Journal de Sainte-Marie-aux-Mines en mars-mai 1862 Les anciennes industries de la vallée de
- d'après Auguste Kroeber: Les anciens imprimeurs de Sainte-Marie-aux-Mines, Revue d'Alsace, 1867
- d'après Jean Paul Patris, Société d'histoire du Val de Lièpvre, 1993, p.24-30
- La traduction allemande, Oberelsass, est encore utilisée de nos jours par les Allemands et les Suisses pour désigner le département du Haut-Rhin
- L'Association Mémoire & Patrimoine Militaire du Val d'Argent propose des sorties guidées permettant de découvrir les anciens vestiges de la guerre 1915-1918
- commandant en chef des troupes françaises d'occupation en Allemagne Né en 1887, décédé en 1981, il deviendra après la guerre le premier
Bibliographies
- Baquol: L'Alsace ancienne et moderne: Dictionnaire topographique, historique et statistique du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, 1865
- Bogdan, Henry: La lorraine des ducs, sept siècle d'histoire, Perrin, 2005, (ISBN 2-262-02113-9)
- Brièle . Archives départementales du Haut-Rhin, antérieures à 1790, inventaire sommaires, Fonds de Ribeaupierre, série E 1829 à 1979
- Delbos et Koechlin-Schumberger. Description minéralogique et géoogique du département du Haut-Rhin, Mulhouse, 1866, 2 vol. in 8 °
- Dietrich J.J: La chronique des mines de Sainte-Marie par L. Hausenbach, Bulletin de la société d'histoire naturelle, Colmar, 1875-1876,p. 325 et suivante.
- Dietrich (baron de). Description des gîtes de minerai, forge, salines, etc.. de la Haute et Basse Alsace, 3e et 4e partie, Paris 1789, p. 138 et suivantes.
- Dubled, Henri : Sainte-Marie-aux-Mines et sa région dans le passé, Imprimerie Alsatia, 1959, 16 pages, p. 119-134, t.10 - Annuaire de la Société des amis de la bibliothèque de Sélestat
- Garnier-Pierrez, Danièle : Le couvent des Cordeliers de Sainte-Marie-aux-Mines (1617-1789), Société d'Histoire du Val de Lièpvre, 20e cahier, année 1998, p. 103-114
- Grandidier, abbé : Sainte-Marie-aux-Mines, Echéry, Vues pittoresques d'Alsace, Strasbourg, 1785
- Grandidier, abbé : Histoire de l'église et des évêques-princes de Strasbourg depuis la fondation de l'évêché jusqu'à nos jours, imprimerie François Levrault, 2 tomes, 1776
- Kroeber, Lesslin, Petitdidier : Mémoire au gouvernement sur la demande formée par les hameaux d'Echéry, la Petite Lièpvre, Fertru et Saint-Blaise, 1841
- Grandidier, André Philippe : Histoire ecclésiastique, militaire et littéraire de la province Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzi & Schulerii (tome 1) et Levrault (tome II)
- Muhlenbeck Emile : Nos mines, Journal de Sainte-Marie-aux-Mines 1878-1879
- Risler, Daniel: Histoire de la ville de Sainte-Marie-aux-Mines et ses environs, 1873, Strasbourg, réimpression en 1991 par Res Universis (ISBN 2-87760-550-7)
- Risler, Daniel : Histoire de l'industrie dans la vallée de Lièpvre, Sainte-Marie-aux-Mines, 1851, Imprimerie et Lithographie de A. Jardel, 73 pages
- Schricker A : Die Elsaessischen Bergwerke in Markirch, National Zeitung, 1879
Jumelages
Catégories :- Histoire de l'Alsace
- Mine d'argent
Wikimedia Foundation. 2010.