Lithographie

Lithographie
Affiche pour une exposition consacrée au centenaire de la lithographie par Pierre Puvis de Chavannes, 1895.
Histoire de l’imprimerie
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Technologies
Sceau-cylindre 4100-500 av. J.‑C.
Disque de Phaistos 1850–1400 av. J.‑C.
Xylographie 200 ap. J.-C.
Taille-douce années 1430
Imprimerie 1439
Typographie 1450
Lithographie 1796
Chromolithographie 1837
Presse rotative 1844
Flexographie années 1890
Impression offset 1903
Quadrichromie XIXe-XXe siècle
Sérigraphie 1907
Sublimation 1957
Photocopieur années 1960
Tampographie années 1960
Imprimante laser 1969
Imprimante par matrice de points 1970
Imprimante thermique
Jet d’encre 1976
Impression numérique 1993
Impression 3D
v · Aloys Senefelder en 1796 en Allemagne, la lithographie (du grec lithos, « pierre » et graphein, « écrire ») est une technique d’impression à plat qui permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire.

Remarque : Il ne faut pas confondre lithographie et lithogravure : la lithogravure consiste à graver en creux (ou en relief) des plaques de pierre et est relativement peu utilisée pour produire des estampes. C'est aussi un procédé photomécanique et chimique qui permet de réaliser des composants de micro-électronique.

Sommaire

Histoire

Le Château de Chillon avec les dents du Midi en arrière plan (lithographie, entre 1890 et 1905).

Selon la tradition, la lithographie serait une invention fortuite : En 1796, le dramaturge allemand Aloys Senefelder ne trouve pas d'éditeur pour ses pièces et décide de les graver lui-même. Le cuivre étant trop cher, il utilise une pierre bavaroise , tendre et lisse ( dite pierre de Solenhofen).

La lithographie est introduite en France en grande partie grâce, d'une part, à Louis-François Lejeune qui la découvre dans l'atelier d'Aloys Senefelder lors des guerres de l'Empire et, d'autre part, au neveu de ce dernier, Édouard Knecht, installé à Paris dès 1818[1]. Selon d'autres sources, c'est au Comte Charles de Lasteyrie du Saillans, imprimeur à Paris et qui été allé apprendre le procédé à Munich, que cette introduction est attribuée.[2]

Comparativement aux techniques de gravure que l'on n'acquiert qu'après un long apprentissage, le succès de la lithographie tient à sa facilité d'exécution : l'artiste peut dessiner sur la pierre comme il a l'habitude de le faire sur du papier, avec relativement peu de contraintes techniques. Les pierres peuvent être réutilisées après impression, moyennant un polissage.

La lithographie devient très populaire dès le début du XIXe siècle, [3] avec la publication de nombreux recueils, illustrant par exemple d'innombrables récits de voyages correspondant à l'« invention » du tourisme (tels les monumentaux Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France [à partir de 1820] du baron Taylor et Charles Nodier). De surcroît, au milieu du même siècle, les gravures sur bois de l'imagerie d'Épinal cèdent la place aux lithographies[4], grâce au procédé de la chromolithographie de Godefroy Engelmann (d'où le terme, rapidement péjoratif, de « chromo »). La réclame a recours au procédé pour produire des images à collectionner, des calendriers ou toutes sortes de chromos.

Meilleur marché que la peinture, la lithographie sert également à la reproduction d'œuvres peintes, aussi bien qu'à la création d'œuvres originales, intéressant des artistes comme Toulouse-Lautrec.

Technique d'impression

À gauche, la pierre, à droite, la feuille imprimée.
Presse lithographique.

La pierre est préparée selon diverses recettes, chaque lithographe ayant la sienne.

Le tracé est exécuté directement sur la pierre, au moyen de crayons lithographiques, de plumes ou de pinceaux avec de l'encre lithographique que l'on peut étendre à la manière du lavis, ou en ayant recours à diverses techniques pour obtenir des matières particulières. On peut gratter certaines parties du dessin. On peut aussi procéder à un report d'un dessin par un calque ou un « papier report ».

Une fois le tracé exécuté, la pierre est placée sur la presse lithographique et humidifiée pour l'impression ; étant poreuse, la pierre calcaire retient l'eau. L’encre grasse est alors déposée au moyen d’un rouleau en caoutchouc. À l'origine on utilisait des rouleaux en cuir, plus difficiles à nettoyer. L'encre reste sur la pierre aux endroits imprégnés du gras du dessin tandis qu'elle est repoussée par l’humidité partout ailleurs (l'encre grasse est hydrophobe). Lorsque la pierre est assez encrée, on pose le papier et on passe sous presse. Pour imprimer en couleurs, il faut recommencer l'impression de la même feuille, en redessinant à chaque fois, sur une pierre différente, le motif en fonction de sa couleur, et en tenant compte éventuellement des superpositions de couleurs qui donneront des teintes mixtes.

La difficulté est de repérer exactement le positionnement de la feuille sur les pierres successives, d'autant que la feuille étant humectée tend à subir des variations dimensionnelles. On commence ordinairement par les teintes les plus claires, pour terminer par la plus sombre, généralement le noir. Selon d'autres techniques, on n'utilise qu'une seule pierre, en re-préparant la pierre et en y redessinant chaque nouvelle couleur, en se basant sur l'« image fantôme » du premier dessin qui subsiste sur la pierre. Dans ce cas, on ne peut pas refaire un nouveau tirage, la pierre ayant été modifiée pour chaque couleur successive.

Ces difficultés seront résolues par le procédé de chromolithographie, qui facilite le repérage et ne nécessite plus d'humidifier les feuilles.

La lithographie est dite « impression à plat » ou « planographique », d'une part parce que le relief n'intervient pas dans le processus d'impression lui-même et, d'autre part, par opposition aux techniques modernes d'impression à partir de cylindres rotatifs. Elle est à l’origine de la technique moderne de l’offset, qui utilise, au lieu de la pierre, des plaques de matériaux aux mêmes propriétés, mais flexibles et pouvant donc être adaptées à des cylindres. L'offset est donc une impression « planographique » par le principe de la forme imprimante, mais pas par le fonctionnement de la presse, obligatoirement rotative à cylindres[5].

Exemple de lithographie : portrait de Louis Agassiz.

La lithographie est adaptée à la reproduction d'œuvres d'artistes aux techniques variées, ainsi qu'à des tirages en quantité limitée.

Marché

Justification

La ou les pierres servent pour le tirage du nombre d'exemplaires de lithographies voulu. Le premier exemplaire est annoté BAT (pour « bon à tirer ») une fois que l'artiste est satisfait du résultat.

Les autres exemplaires sont numérotés sur le nombre total d'épreuves tirées, par exemple 25/100 pour le 25e tirage d'une lithographie tirée à 100 exemplaires. Avant d'être numéroté et signé par l'artiste, chaque exemplaire est comparé au BAT et jugé en fonction de celui-ci. Quelques exemplaires sont annotés EA (« épreuve d'artiste ») et HC (« hors commerce »), et sont réservés au graveur et à l'imprimeur.

Après le tirage du nombre d'exemplaires voulu, les pierres sont traitées, polies, le dessin disparaît définitivement, ce qui garantit la régularité du tirage officiel. Les pierres peuvent resservir indéfiniment dès lors qu'elles sont polies et traitées convenablement.

Évaluation

La valeur d'une lithographie dépend du nombre d'exemplaires tirés (cela conditionne la rareté), de la cote de l'artiste et de l'implication de l'artiste lors du tirage.

Utilisations

Affiche de Jules Chéret.

À la fin du XIXe siècle et au début du xxe, la publicité a eu recours à la lithographie pour l'impression d'affiches. Des artistes comme Toulouse-Lautrec, Bonnard ou Jules Chéret ont laissé une production abondante.

Au cours du XXe siècle, la lithographie restera employée, comme support publicitaire, par exemple pour la réalisation d'affiches d'exposition, en particulier lorsqu'elles sont créées par les artistes eux-mêmes (Miró, Picasso, Rebeyrolles). Un artiste comme Miro réalisera un œuvre gravé considérable, en particulier en lithographie, avec l'imprimeur Fernand Mourlot[6] ; cela donna lieu à l'édition d'un catalogue raisonné, lui-même illustré de lithographies spécialement créées pour l'occasion, et insérées dans les différents volumes.

Aujourd'hui, la lithographie est presque exclusivement, pour les artistes, un moyen de diffusion de leur œuvre, certains d'entre eux l'utilisant encore comme un moyen d'expression à part entière. Selon les cas, les lithographies sont réalisées directement par l'artiste ou peuvent être l'interprétation par un lithographe d'une œuvre préexistante.

Impression de timbres

La lithographie a parfois servi à imprimer des timbres dans les périodes de crise, pour faire face aux besoins urgents, ou sous fortes contraintes économiques. Le cas le plus connu est en France celui de l'émission de Bordeaux destinée, en 1870, à approvisionner les bureaux de poste de province isolés de Paris assiégée. Divers timbres de colis postaux ont également été émis selon cette technique, par exemple en France, en 1923, pour des timbres de livraison par express, ou en Algérie, de 1899 à 1927.

La lithographie a aussi été utilisée avec plus ou moins de succès par divers faussaires visant à tromper la Poste ou le fisc, en imitant par ce moyen des timbres imprimés par d'autres procédés.

Notes et références

  1. Page consacrée à Édouard Knecht, sur le site des Amis de L'Isle-Adam.
  2. «Les grandes inventions» par P Germa, Edit Berger Levrault, Paris 1982
  3. l'ordonnance du 8 octobre 1817 assimile les imprimeurs lithographes aux imprimeurs typographes
  4. « Contes de fées, les variantes narratives », exposition de la Bibliothèque nationale de France.
  5. L'anglais offset printing est aussi appelé lithography offset, ce qui autorise parfois à appeler lithography une épreuve imprimée par cette méthode.
  6. Voir sur le site Fernand Mourlot lithographe.

Voir aussi

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Articles connexes

Personnes

Techniques

Lien externe

  • (en) (fr) Reportage photo : les étapes de la création d'une lithographie

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