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Sainte-Cène
Chez les protestants et les saints des derniers jours (mormons), la Sainte-Cène désigne le sacrement par lequel on prend le pain et le vin en souvenir du sacrifice expiatoire du Christ. Le pain rompu représente sa chair brisée ; le vin représente le sang qu'il a versé pour expier les péchés de l'humanité (1 Co 11:23–25). Lors de la Dernière Cène, Jésus expliqua le sacrement de la Sainte-Cène tandis qu'il mangeait avec les douze apôtres (Mt 26:17–28 ; Lu 22:1–20).
Sommaire
La Sainte-Cène dans la liturgie protestante
Introduction
L’observation de la Sainte Cène en tant qu’ordonnance de l’Eglise a été instituée par Christ lorsqu’il a pris le repas de la Pâque avec ses disciples la nuit précédant sa mort. Bien sûr, la Pâque était observée pour commémorer la délivrance des enfants d’Israël de l’esclavage en Egypte. La mort expiatoire substitutive imminente de Jésus n’avait pas pour seul but d’accomplir et de remplacer la pâque, elle allait aussi remplacer les rites de l’Ancien Testament. Ecoutons l’apôtre Paul s’écrier en 1 Corinthiens 5:7 :« Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. Cependant au lieu de regarder en arrière aux types de l’Ancien Testament qui parlent de rédemption, les disciples allaient devoir se souvenir de Christ et de son sacrifice parfait pour eux. On trouve les récits de l’institution de la Cène dans les évangiles synoptiques Mathieu 26.26-29, Marc 14.22-26 et Luc 22.14-20. Ils sont complétés et même commentés par l’apôtre Paul en 1 Cor 11. 23-34. C’est dans le récit de Luc et celui de Paul qu’on trouve le commandement explicite de Jésus figure « faites ceci en mémoire de moi ». Il semble que le texte des Actes des Apôtres 2. 42-47 montre que la cène était déjà célébrée dans l’Eglise Primitive.
Les composantes
Tous les récits bibliques mettent l’emphase, tout d’abord, sur l’action de grâces, ensuite la fraction du pain qui représente le corps du Christ et enfin la coupe représentant le sang de Christ qui va être versé sur la croix. Ainsi le pain et le vin sont les éléments qui vont être pris dans une attitude de prière et d’actions de grâces. Il est important de préciser que cette ordonnance porte des appellations diverses dans l’Écriture. Il est appelé le Repas du Seigneur, la Communion, la fraction du pain, l’Eucharistie qui vient du verbe grec euvcariste,w qui veut dire rendre grâces, la Coupe du Seigneur, la Table du Seigneur, la Coupe de bénédiction, la Sainte Cène et on en passe (voir Actes 20.7, 1 Cor 10.16, 21 et 1 Cor 11.20). Après avoir établi l’ancrage biblique de cette ordonnance, il nous reste à passer en revue les grandes conceptions ou du moins les interprétations dont la Sainte Cène a été l’objet à travers l’histoire, notamment dans le protestantisme.
L’herméneutique de la Sainte Cène
Parmi les sujets qui ont fait couler beaucoup d’encre, la Sainte Cène n’est pas des moindres. Au cours de l’histoire de la chrétienté, cinq conceptions fondamentales y sont apparues. La façon de concevoir de quelle manière le Christ est présent est la source de toutes ces divergences.
Commémoration
Il semble que dans l’esprit de l’Écriture Jésus a voulu en tout premier lieu que la Sainte Cène soit une commémoration. Ainsi dit-il : « Faites ceci en mémoire …». Les deux idées cardinales sont : d’une part en mémoire de Christ et d’autre part la communion entre les membres de son corps et avec Christ. Qu’est ce que cela veut dire en mémoire de Christ ? Nous pourrions voir dans cette idée une triple signification. 1. Le souvenir du sacrifice pour tous les hommes, ce sacrifice étant substitutif et accompli une fois pour toutes pour nous racheter 2. La présence salvatrice de Christ 3. Le retour futur de Christ. Qu’en est-il de la communion elle-même ? La sainte Cène doit nous rappeler notre unité avec Christ et avec les autres croyants autour de la table. Lors de la Cène, le croyant se trouve en communion intime avec Christ et expérimente l’unité avec les autres croyants. Cette approche met en évidence la dimension communautaire de la Cène. D’une façon réelle mais spirituelle Christ est présent lors de l’observation de la Sainte Cène bien qu’il ne soit pas dans les éléments qui demeurent inchangés. Dans cette optique la Cène n’est pas un moyen de transmettre la grâce mais une commémoration qui nous invite à nous tourner vers les passé pour nous souvenir de la mort de Christ et à nous tourner également vers l’avenir dans l’attente patiente de son retour.
Conception sacramentaliste
Interprétant littéralement les paroles de Christ « ceci est mon corps, ceci est mon sang », les Catholiques Romains enseignent que le pain et le vin sont transformés, bien que leur apparence ne change pas, et qu’ils deviennent véritablement le corps et le sang de Christ lorsque « le prêtre prononce la formule de consécration des éléments ». C’est ce qu’on appelle la transsubstantiation. Ce point de vue n’est pas conforme aux Écritures parce qu’il véhicule l’idée que le sacrifice est offert à nouveau chaque fois que la communion est célébrée. Ce qui est réfutée clairement par Hébreux 9.28, texte dans lequel il est : « … de même Christ, qui s'est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l'attendent pour leur salut.». Hébreux 10.10-12 soutient la même idée. De plus le contexte montre que Christ emploie un langage symbolique comme il le fait dans son discours sur le Pain de Vie en Jean 6.47-69 où la vérité de l’enseignement est littérale mais où le langage est figuratif. Ainsi selon cette conception sacramentaliste, Christ est véritablement présent dans les éléments qui se transforment pour devenir son corps et son sang. Les éléments sont alors un moyen pour transmettre la grâce.
Conception luthérienne
Selon cette conception Christ est réellement présent pendant la Cène mais les éléments ne sont pas transformés littéralement en son corps et son sang. On dit que Christ est « dans, avec et sous les éléments. C’est ce qu’on appelle la consubstantiation. Ainsi les participants prennent part en quelque sorte au vrai corps et au vrai sang de Christ. Cette façon de voir présente les mêmes défauts que la conception catholique romaine et n’est pas appuyée par les Saintes Écritures.
Conception de Zwingli
On associe Zwingli, le Réformateur Protestant, à la conception de la Cène en que commémoration. Zwingli rejetait toute idée de présence corporelle réelle de Christ et affirmait que la Cène était d’abord un acte commémoratif. Christ était, cependant, présent spirituellement auprès de ceux qui prenaient part à la Cène et en quelque sorte il « reconnaissait une œuvre de Dieu dans la Cène ». Bien que Zwingli soit à l’origine de la conception en tant que commémoration, il a peut-être sous estimé l’idée de la communion avec Christ lors de la Cène.
Conception Réformée
La conception calviniste rejette la présence corporelle de Christ dans la Cène mais affirme que la présence spirituelle de Christ est tellement réelle que « sa personne entière, corps et sang, est sensible dans la Cène ». Il y a ici un aspect d’efficacité en ce sens que la mort sacrificielle de Christ est rendue d’une certaine manière « effective dans le croyant lorsqu’il prend part aux éléments dans la foi ». Ainsi, selon la conception réformée, les éléments sont plus que symboliques et en prenant part à la Cène un croyant expérimente la présence libératrice de Christ.
Façons de procéder et fréquence
Bien que la prière, les actions de grâces, la fraction du pain et le partage de la coupe apparaissent comme des éléments constitutifs de la célébration de la Cène, en revanche la façon exacte de procéder et la fréquence observée ne sont pas explicitée dans les Saintes Ecritures. Il est clair que la célébration régulière de la Cène dans une attitude d’adoration faisait partie des habitudes de l’Eglise du Nouveau Testament.
Conclusion
Les textes bibliques montrent que ce sont les aspects de la commémoration et de communion qui sont à retenir sans chercher quelque chose de magique ou de mystique qui aurait lieu lorsque l’on prend le pain et le vin.[interprétation personnelle] Les éléments symbolisent le corps brisé de Christ et son sang versé. La présence spirituelle de Christ est aussi réelle dans la Sainte Cène qu’elle l’est dans la Parole et dans la vie du croyant lorsqu’il est en communion avec Christ. La Sainte Cène occupait une place importante et pleine de signification dans le culte régulier de l’Église du Nouveau Testament. Ce devrait être la même chose aujourd’hui pour les croyants qui s’approchent de la table dans une attitude d’adoration, qui se sont examinés eux-mêmes, et qui sont en communion avec le Seigneur et avec les autres chrétiens. Faire autrement serait « participer de façon indigne ».[interprétation personnelle][non neutre] Bref, nous pouvons dire que la Sainte Cène est :
- Une commémoration de Christ 1 Cor 11.24-25
- Une marque de la Nouvelle Alliance Luc 22.20
- Une proclamation de la mort de Christ 1 Cor 11.26
- Une anticipation du retour de Christ 1 Cor 11.26
- Une occasion de communion avec Christ et avec les autres croyants 1 Cor 10.21
La Sainte-Cène dans le mormonisme
Lorsqu'ils prennent la Sainte-Cène, les membres de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours qui sont dignes promettent de prendre sur eux le nom du Christ, de toujours se souvenir de lui, de garder ses commandements et de perséverer jusqu'à la fin. Grâce à ce sacrement, ils renouvellent les alliances du baptême. Le vin a été remplacé par l'eau, mais la signification reste la même (D&A 27:2).
Sous la direction de l'autorité présidente, la Sainte-Cène est bénie et distribuée par des détenteurs de la prêtrise d'Aaron ou de la prêtrise de Melchisédek qui en sont dignes. Celui qui bénit le pain s'agenouille et prononce la prière de Sainte-Cène concernant le pain (D&A 20:77 ; Moroni 4:3). Le pain est alors distribué à l'assemblée. Celui qui bénit l'eau s'agenouille et prononce la prière de Sainte-Cène concernant l'eau (D&A 20:79 ; Moroni 5:2). L'eau est alors distribuée à l'assemblée. Les prières de Sainte-Cène sont prononcées mot pour mot.
La réunion de Sainte-Cène, hormis les jours de conférence de Pieu et de conférence générale, a lieu chaque dimanche.
Bibliographie
- Protestantisme
- CALVIN, J.,Institution de la Religion Chrétienne, 1995, vol. IV.
- BAUBEROT, J.,Le Protestantisme, 1987
- Le Grand Dictionnaire de la Bible, Excelsis 2004.
- KUEN Alfred, Le Repas du Seigneur, 1999
- R.P Martin, Worship in The Early church, 1974
- Bruno Bürki, Cène du Seigneur. Eucharistie de l’Eglise. Le cheminement des Eglises réformées romandes et françaises depuis le XVIIIe siècle, d’après leurs textes liturgiques. Fribourg 1985 (Cahiers œcuméniques 17A-17B).
- Max Thurian, Le mystère de l’eucharistie. Une approche oecuménique. Paris 1981 (Foi chrétienne).
- Jean-Jacques von Allmen, Essai sur le repas du Seigneur. Neuchâtel 1966 (Cahiers théologiques 55).
- Mormonisme
- Les principes de l'Evangile, La Sainte-Cène p143
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