- Actionnaire
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L'actionnaire est le propriétaire d'un titre, l'action, lui donnant trois droits relativement à une entreprise ayant un statut de société commerciale: le droit de vote en assemblée générale, le droit aux dividendes, et le droit au reliquat en cas de liquidation. Le statut de l'actionnaire vis-à-vis de l'entreprise s'apparente donc davantage à celui d'un investisseur qu'à celui d'un propriétaire. À ce titre, il détient des actions de cette société dont chacune représente une part de son capital. Il est donc co-propriétaire — avec d'autres actionnaires — de la totalité de ce capital. On parle d'actionnaire de référence (ou majoritaire) lorsque la part d'actions détenue représente plus de 50% du capital d'une entreprise.
L'actionnaire est l'un des partenaires financiers de la société et favorise son développement économique par l'apport de ses capitaux. Sa prise de risque financier est rémunérée par des dividendes versés périodiquement par l'entreprise à chacun des propriétaires d'actions.
La qualité d'actionnaire ne se limite pas au secteur étant donné que certaines entreprises publiques ont le statut de société commerciale. Dans ce cas une collectivité publique, par exemple un État, est l'actionnaire soit exclusif, soit simplement majoritaire s'il existe aussi des actionnaires privés (p. ex. en France : EDF).
L'actionnariat, lorsqu'il est conçu comme essentiellement privé, est l'un des fondamentaux de l'Économie de marché, caractéristique des organisations capitalistes de l'économie, qui permet théoriquement l'allocation optimale des ressources financières vers les moyens de production des entreprises.
Sommaire
Exemple pédagogique
En général, la valeur des entreprises privées est trop grande pour qu'une seule personne en soit propriétaire à 100%, même en recourant à l'endettement. Par ailleurs, la diversification des risques appelle à ne pas « placer tous ses œufs dans le même panier. »
Afin de permettre à plusieurs personnes de devenir co-propriétaires d'une même entreprise privée, le capital de l'entreprise est alors matérialisé par des actions. Par exemple, 10 000 actions de 500 euros chacune pour un capital de 5 millions d'euros de l'entreprise E. L'actionnaire qui décide d'acheter 40 actions à 500 euros chacune — c'est-à-dire d'investir 20 000 euros dans le capital de l'entreprise E — devient alors propriétaire de 0,4% de l'entreprise E considérée.
La création d'actions se fait généralement au cours d'augmentations de capital, lorsque les propriétaires historiques font appel à de nouveaux fonds financiers pour développer l'entreprise. La part de ces anciens actionnaires dans le capital total est alors "diluée".
Actionnariat
L'actionnariat d'une société est l'ensemble de ses actionnaires, autrement dit ses possesseurs d'une part du capital de celle-ci sous forme d'actions.
L'actionnariat au sens d'agent économique désigne de ce fait l'ensemble des détenteurs d'actions de société. On peut par extension y assimiler la détention de titres de nature voisine ou dérivée (certificats d'investissement, parts de fonds de placement, obligations convertibles, contrats dérivés, parts de sarl d'une certaine importance...).
Dans les sociétés coopératives, on parle de sociétariat plutôt que d'actionnariat.
Au Québec, on parlera d'« actionnaire ordinaire » pour le détenteur d'action ordinaire et d'« actionnaire privilégié » pour le détenteur d'action privilégié.
Émergence historique de l'actionnariat
Article détaillé : Histoire du capitalisme.L'émergence de l'actionnariat remonte au XIXe siècle, au début de la révolution industrielle. Pour financer le développement industriel apporté par la machine à vapeur, les entrepreneurs ont dû rassembler des capitaux auprès d'investisseurs pour financer le développement de leurs entreprises.
Types de répartition de l'actionnariat
Selon les sociétés, l'actionnariat est concentré ou dispersé selon qu'il est essentiellement dans une ou plusieurs mains, ou au contraire largement réparti dans le public. Souvent, dans ce dernier cas, les actions sont cotées et s'échangent sur un marché organisé (bourse). Un actionnariat dispersé et dont les titres sont publiquement cotés, comme c'est généralement le cas des grandes entreprises est plus facilement propice aux offres publiques. La situation intermédiaire est celle où un petit groupe détient une majorité de contrôle et où le reste de l'actionnariat se répartit dans le public. Cette partie est appelée par les boursiers le "flottant" en ce sens que c'est la partie faisant effectivement l'objet de transactions boursières.
En fonction des pays, l'actionnariat est plutôt direct ou plutôt indirect, selon qu'il est largement détenu par des actionnaires de base ou par le biais de fonds de placement, fonds de pension et autres organismes d'épargne collective. Par ailleurs les grands groupes d'entreprises ont leur actionnariat généralement hiérarchisé sous forme d'une société-mère (holding) qui détient la majorité, voire la quasi totalité, des actions de filiales et sous-filiales,
Actionnariat salarié
On parle d'actionnariat salarié lorsque des salariés détiennent un nombre significatif des actions de leur entreprise (en dehors de simples achats en bourse). Cela provient de souscriptions à prix préférentiel (ou par l'exercice de Stock-options) ou, dans certains cas par distribution de celles-ci en supplément du salaire. Les porteurs sont ainsi intéressés aux actifs et aux bénéfices de la société, détiennent des droits de vote et dans certains cas nomment des administrateurs. C'est l'une des façons parmi d'autres (primes...) pour l'entreprise d'adapter la partie dîte variable des salaires en fonction des bénéfices.
L'actionnariat salarié est une forme d'épargne qui a l'inconvénient de concentrer sur les mêmes personnes les risques en cas de mauvaises affaires de la société (risque de perdre à la fois son travail et son capital, ou sa pension si les actions sont bloquées dans un fond de retraite "maison"), si bien que certaines formes d'intéressement permettent de recevoir des parts de fonds détenant un portefeuille diversifié plutôt que des actions de la société elle-même.
Toutefois, cette stratégie de certaines entreprises de développer l'actionnariat salarié est le plus souvent une stratégie de management plutôt qu'une stratégie économique.
L'actionnaire salarié est une personne physique qui est à la fois : - un collaborateur salarié ou un ancien collaborateur détenant des actions de son entreprise ou d'une entreprise liée dans le cadre d'un contrôle exclusif (code du commerce L233-16), - un actionnaire disposant d'un droit de vote aux assemblées générales qu'il exerce directement ou par l'intermédiaire du conseil de surveillance du FCPE.
L'actionnaire salarié possède légalement une fonction de décision. En tant qu'actionnaire, il peut exercer son droit de vote aux assemblées générales directement ou par l'intermédiaire du conseil de surveillance du FCPE. Etre actionnaire, pour le salarié ou un ancien salarié est à la fois un engagement et une motivation. Cette situation est parfois mal perçue par certains dirigeants qui utilisent le lien de subordination auquel est soumis tout salarié pour essayer de limiter leurs droits d’expression.
Actionnariat populaire
La France compte 7 à 8 millions d'actionnaires individuels en 2007. Les privatisations, à partir de 1986, et le développement du courtage en ligne, ont favorisé le développement de l'actionnariat populaire en France. Des associations de défense des actionnaires se sont constituées pour défendre les intérêts de ces petits porteurs.
Notion de risque
Selon les libéraux, sans prise de risque financier il n'y a pas de possibilité de création de valeur. En effet, dans un tel système, pour produire plus d'argent, l'argent liquide a besoin de devenir solide (en « s'incarnant » dans des investissements matériels (ex: machines, logiciels, usines...) et des produits et services à haute valeur ajoutée) avant de redevenir liquide lors de la production d'un retour sur investissement.
La justification de la rémunération de l'actionnaire est qu'en achetant des actions il prendrait un risque. Pour les critiques d'un tel système de rémunération, l'actionnaire ne prend en réalité que peu de risques, un argument avancé est que le système financier dispose d'outils précis d'évaluation du risque et que l'investissement n'est réalisé que si le risque est faible. Une proposition de l'économiste Frédéric Lordon consiste à ne permettre la rémunération des actionnaires qu'à hauteur du risque pris réellement et de confisquer le surplus via un impôt et donc de permettre une répartition plus juste des richesses créées. Cette proposition s'appelle le SLAM.
Voir aussi
Articles connexes
- Action (finance)
- Bourse
- Capital-investissement
- Capitalisme
- Capital Risque
- Dividende
- Entreprise
- Fonds de pension
- Actionaria
Liens externes
- Institut Français de Gouvernement des Entreprises
- Site de l’AdPA
- Site de la Fédération Française des Actionnaires Salariés et Anciens Salariés
Bibliographie
- "Minority Shareholders and Auditors: A Brief History of a Litigious French Merger", Trébucq S., in Accounting, Business & Financial History, Jul., Vol. 17 Issue 2, 2007, pp. 313-332.
Wikimedia Foundation. 2010.