- Devoir
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Pour l’article homophone, voir Devouard.
Sommaire
Définition
On peut d'abord différencier dans le mot devoir d'une part le verbe et d'autre part le substantif, bien que la notion philosophique se rattache largement à ce dernier l'action telle qu'elle est éclairée par le verbe peut aussi renseigner sur son sens.
- Le verbe
- Le devoir pris comme action peut d'abord marquer une nécessité, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une condition sans laquelle une chose ne pourrait advenir. On peut ainsi retrouver la relation de causalité à travers le sens du verbe "devoir", bien que la nécessité puisse être prise de façon absolue ou relative aux autres faits ou données ; à remarquer aussi qu'il n'est pas encore question ici de personnes physiques ou morales, rien à voir avec le droit. Pour illustrer on pourrait simplement reformuler l'adage "Il n'y a pas de fumée sans feu" par "Il doit y avoir du feu pour qu'il y ait de la fumée" : dans les deux cas "devoir" renvoie à un conditionnel logique (ce n'est pas un biconditionnel logique car l'adage ne renseignement pas sur la situation où il n'y a pas de fumée : y a-t-il du feu ?).
- Une deuxième définition est aussi possible pour le verbe, celle-ci renvoyant davantage à une personne morale. Là où la première explicitait simplement une nécessité d'ordre naturel, logique, il est aussi possible de "devoir" par convenance envers quelqu'un. Dans ce cas "devoir" désigne non pas ce qui est nécessaire mais simplement qu'il "vaut mieux" que cela soit ou que cela ne soit pas. On retrouve ici évidemment le devoir moral, par exemple si on dit : "tu dois être polis", il est convenu que la politesse n'est pas nécessaire, qu'elle ne va pas de soi et qu'il est possible d'être malpoli ; c'est pourquoi on énonce un impératif afin de contraindre l'autre à le respecter car celui-là ne sera pas respecté naturellement. Cette définition du devoir renvoie immédiatement à une forme d'activité : seule l'action peut ainsi être contrainte car pour réellement devoir, ne faut-il pas pouvoir l'inverse ? Devoir s'oppose ainsi à l'être ou au ne doit pas être et renvoie à une opposition du type bien/mal, vrai/faux etc...
- Le substantif
- Le devoir pris au sens abstrait est ici pleinement considéré comme l'obligation morale, non pas à travers telle ou telle règle ou action particulière mais prise pour elle-même. Il s'agit tout bonnement du devoir que l'on rencontre avec l'impératif catégorique kantien. Pour rappel Kant défini deux types d'impératif : l'impératif hypothétique, c'est un moyen pour atteindre une fin comme "Brosse-toi les dents pour ne pas avoir de caries" ; et l'impératif catégorique qui, lui, ne propose pas d'alternatives : "Sois poli".
- Le deuxième sens du devoir concerne en revanche action particulière et concrète. Un citoyen a par exemple des droits et des devoirs : on peut en dresser une liste, il y en a un nombre fini. S'oppose en ce sens à la première définition qui était très conceptuelle. On rejoint ici parfaitement le domaine du droit puisqu'il peut y avoir des devoirs correspondant à tous soit à chacun en fonction de la profession, du statut social etc...
Ce qui induit un devoir
Toute liberté ou tout droit implique nécessairement, pour s'exercer complètement, un devoir de tolérance et de respect.
En Australie : Green Charter (2001) : cette charte n'est pas une loi à proprement parler, mais un texte fédérateur, signé par 800 personnes.
En France : la Charte de l'environnement (2005), votée par le Parlement français, comporte une innovation juridique, en introduisant la notion de devoir, celui de « prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement » (article 2)[1].
Exemples récents
Informatique
Pour le projet Y2K (Passage informatique à l'an 2000), il y eut une loi en France (1998) selon laquelle il y avait pour les fournisseurs d'équipements informatiques un devoir de conseil.
Juridiquement, le devoir de conseil est une partie de l'obligation d'information, figurant dans le code de la consommation.
Citation
« Le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi », Emmanuel Kant[2].
« C'est le devoir qui crée le droit et non le droit qui crée le devoir ». François-René de Chateaubriand, extrait d'un discours à la Chambre des Pairs[3].
Bibliographie
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de philosophie, Puf, coll. « Quadrige/ Dicos Poche », Paris, 2006 (ISBN 2-13-055383-4)
Référence
- Message de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, aux participants du colloque de la Cour de Cassation sur la Charte constitutionnelle de l’Environnement, Palais de Justice de Paris, le 20 juin 2005
- Emmanuel Kant. Fondements de la Métaphysique des mœurs, Première section
- Citation de Chateaubriand
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
Fondements de la métaphysique des moeurs Voir le commentaire de J. Costilhes
Catégories :- Morale
- Concept de philosophie morale
- Le verbe
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