- Feu
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Le feu est la production d'une flamme et la dégradation visible d'un corps par une réaction chimique exothermique d'oxydation appelée combustion.
De manière générale, le terme « feu » désigne souvent un phénomène produisant de la lumière et / ou de la chaleur, qu'il provienne d'une combustion ou non.
Sommaire
Chimie et physique du feu
Article détaillé : Combustion.La combustion est une réaction chimique dégageant de la chaleur (exothermique) et de la lumière. C'est aussi la dégradation visible d'un objet. Elle ne peut avoir lieu que si l'on réunit trois facteurs : deux composés chimiques (un combustible et un comburant) et une source d'énergie (énergie d'activation), ce que l'on appelle le triangle du feu. En terme général, le feu est déclenché par une flamme et / ou une étincelle, eux-mêmes déclenchés par une réaction chimique entre deux ou plusieurs corps. Sous l'effet de l'énergie d'activation (notamment de la chaleur), le combustible se décompose (pyrolyse), le produit de cette décomposition est un gaz qui réagit avec le comburant (en général le dioxygène de l'air). Ainsi, nous pouvons résumer le processus suivant la formule suivante : combustible + chaleur + dioxygène = feu.
La lumière provient de deux sources :
- d'une part des échanges d'électrons entre les composés au cours de la réaction chimique ;
- d'autre part le rayonnement qu'émet tout corps porté à haute température (rayonnement du corps noir).
Le feu et l'homme
Domestication par l'homme
Article détaillé : Techniques de production de feu.La domestication du feu par Homo erectus a marqué un tournant dans la Préhistoire, l'être humain se distinguant alors des autres espèces animales. Elle est attestée à partir d’environ -450 000 ans, notamment dans les sites de Menez-Dregan à Plouhinec en Bretagne, de Bilzingsleben en Allemagne ou de Vértesszőlős en Hongrie et plus récemment de Terra Amata près de Nice.
Une équipe israélienne fait remonter les plus anciennes traces de la domestication du feu à -790 000 ans sur le site du Gesher Benot Ya'aqov au bord du Jourdain[1].
La maîtrise du feu a inspiré de nombreux mythes, dont celui de Prométhée. À l'époque contemporaine, plusieurs œuvres de fiction ont dépeint l'importance du feu pour les groupes préhistoriques, notamment le roman La Guerre du feu de J.-H. Rosny, adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud.
Symbolique
Dans la philosophie chinoise, il fait partie des cinq éléments avec le métal, l'eau, le bois et la terre.
Chez les alchimistes occidentaux, il fait partie des quatre éléments inertes de base composant chaque matière avec l'eau, l'air et la terre selon l'enseignement bien antérieur d'Aristote[2] (le feu est un élément central de plusieurs doctrines fondées sur les quatre éléments[3]).
Le feu est naturellement associé au Soleil, qui est également une source de chaleur et de lumière (on sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'une combustion mais d'une fusion nucléaire). Il est également souvent associé aux volcans, comme par exemple le feu de la forge d'Héphaistos/Vulcain.
Le feu est souvent associé à des cultes divers. Parfois, il est associé à la puissance divine, d'où un grand nombre de rituels, passés ou actuels, autour du feu (voir infra). Mais il est aussi souvent associé aux forces du mal ; dans la tradition chrétienne, l'enfer est souvent représenté comme le royaume des flammes éternelles.
Cette ambivalence se retrouve dans les aspects moraux et juridiques du feu ; tantôt il a pu être considéré comme l'instrument d'une justice transcendante (le bûcher fut une condamnation pénale courante au Moyen Âge, et existe même très localement à l'époque contemporaine ; alors que l'immolation est considérée par certains comme un acte de sacrifice suprême face à la justice des hommes, y compris dans des sociétés modernes, comme en Tchécoslovaquie en 1969) ; tantôt son usage est rigoureusement contrôlé, et parfois gravement sanctionné (l'incendie était un des plus grands crimes à Athènes).
Le feu est aussi un symbole de purification, d'où l'utilisation du bûcher pour certaine condamnation (cf. supra). Ce symbole provient sans doute de certaines pratiques agraires qui consistent à brûler la terre pour la rendre plus fertile (brûlis), mais il est certain que cette symbolique tient son origine de plusieurs sources. Pourtant, le feu comme symbole de purification était pratique courante pour les chrétiens du Moyen Âge ; avec le temps ces pratiques (ordalies, bûcher, etc.) se sont perdues ou ont tout simplement été interdites[4].
Le feu a aussi un symbolisme érotique. Dans l’Énéide la passion que Didon avait pour Énée la consumait de l'intérieur. Cette symbolique érotique prend son sens dans les métaphores et les images qui font coïncider le feu et l'acte sexuel, la passion, l'affectivité, les sentiments, etc. Dans la mythologie gréco-romaine, Cupidon était représenté par un arc et une torche. De plus, la science soutient cette symbolique, car la motivation psychophysiologique naît des variations thermiques et se termine par l'acte sexuel[5].
Le terme feu (du latin focus, le foyer) désigne au Moyen Âge le foyer, d'abord au sens strict (endroit où brûle le feu) puis figuré : le logement familial (cf. l'expression « sans feu ni lieu »), puis la famille elle-même. Très rapidement, il est utilisé comme unité de base pour l'assiette, le calcul et la perception de l'impôt, on parle alors de feu fiscal.
Culte du feu et rites impliquant du feu
Le feu est divinisé dans de nombreuses cultures et a été l'objet de l'adoration d'un grand nombre de peuples et de tribus. Il est également utilisé dans des rites monothéistes.
Perse
Chez les anciens, les Perses regardaient le culte du feu comme la partie fondamentale de leur religion et les cérémonies de ce culte sont retracées avec détail dans le Zend-Avesta. Les Perses saluaient tous les matins le soleil levant, symbole du feu le plus pur. Ils regardaient le feu comme le protecteur des États et conservaient dans des sanctuaires particuliers le feu sacré qui ne devait jamais s'éteindre. Behram, fils d'Ormuzd et l'un des 28 Izeds, était le génie du feu. Au XIXe siècle, chez les Persans actuels, les Guèbres, qui habitaient surtout dans le Kerman et le Guzzerat, avaient conservé toutes les cérémonies des anciens Perses à l'égard du feu.
Grèce et Rome
Dans la mythologie grecque, il a été volé aux dieux et apporté aux Hommes par Prométhée.
Le feu inextinguible des Grecs, qui brulait sans cesse à Athènes et à Delphes, le culte de Vulcain, le feu qu'entretenaient à Rome les prêtresses de Vesta, rappellent encore la déification du feu, idolâtrie commune du reste à tous les peuples de race pélagique.
Judaïsme
Les Juifs allument une Hanoukkia (chandelier à neuf branches) lors de la fête de Hanoucca pour commémorer le miracle de la fiole d'huile se remplissant par miracle chaque jour.
Chaque vendredi soir lors de la tombée de la nuit, il est également de coutume d'allumer le Handil ou des bougies pour honorer l'entrée du Shabbat ou de toute grande fête religieuse.
De même, dans certaines familles, on allume également le Handil ou les bougies le lundi et le jeudi, jours où l'on sort la Thora, ou à la date d'anniversaire de la mort de certaines personnes (membre de la famille, souvent de grand Rabbin).
Christianisme
L'usage de cierges est généralisé dans les églises catholiques et orthodoxes afin de marquer des temps liturgiques, ou en offrande à des saints. La flamme symbolise aussi l'Esprit Saint.
Un certain nombre de pratiques païennes utilisant le feu ont été récupérées dans le christianisme populaire (les feux de la Saint Jean, les chandelles de Sainte-Lucie en Suède, la Fête des lumières à Lyon, etc...).
Asie (Hindouisme, Bouddhisme…)
Les Hindous et les Bouddhistes font bruler diverses offrandes dans le cadre de leur culte. Ils pratiquent aussi la crémation des défunts.
Utilisations du feu par l'homme
Le feu est un phénomène naturel ; dans la nature, il peut résulter de la foudre ou de la fermentation (production de gaz inflammables et de chaleur). Sa domestication par l'Homme — capacité à le conserver (l'entretien du foyer étant dévolu à la femme dans certaines sociétés traditionnelles), puis à le recréer à volonté — a permis de nombreux progrès :
- cuisson de la nourriture, ce qui permet de tuer des germes et de consommer des aliments immangeables autrement ;
- chauffage durant les périodes froides (hiver), éclairage la nuit ;
- durcissement des outils en bois, ce qui améliore leur efficacité ;
- métallurgie, et de manière générale des transformations chimiques et physiques ayant lieu à haute température ;
- puissance motrice : machine à vapeur, puis moteur thermique.
En 2009, des chercheurs des universités du Cap, de Liverpool, de Wollongong et de Bordeaux ont trouvé que le feu était utilisé pour fabriquer des outils de pierre il y a 72 000 ans dans le sud de l'Afrique. Jusqu'alors, les plus anciennes traces remontaient à 25 000 ans[6].
Risques
Article détaillé : Incendie.Le feu produit de la chaleur et de la fumée, prélève du dioxygène, et a tendance à se répandre sans contrôle en incendie.
Pour les humains, le risque est triple :
- risque de brûlure, par la chaleur : brûlure de la peau au contact de la flamme ou d'un objet chaud, mais aussi brûlure des voies aériennes par inhalation de gaz et fumées chauds ;
- asphyxie : comme indiqué ci-dessus, le feu prélève le dioxygène de l'air et empêche donc la respiration ; il produit des gaz chauds qui chassent l'air (notamment du dioxyde de carbone CO2), ce qui accentue ce phénomène ;
- empoisonnement : le feu peut produire des gaz toxiques ; le plus courant est le monoxyde de carbone (CO), en particulier en cas de manque d'oxygène (la combustion n'est pas complète).
Le feu provoque également la destruction d'objets ou de végétaux, et peut donc mettre en péril le bien-être d'une population, sa capacité à se nourrir, se loger, le fonctionnement de son économie. Il peut présenter un risque pour la biodiversité, en détruisant des espèces animales et végétales.
Notes et références
- (fr) Jean-Luc Goudet, « Découverte du feu : elle daterait de 790 000 ans », Futura-Sciences, 27 octobre 2008. Mis en ligne le 27 octobre 2008, consulté le 4 février 2009
- Métaphysique, Livre Z
- Doctrines de Platon, d'Empédocle d'Agrigente, etc.
- « Il est plus agréable d'être purifié dans une source que dans le feu, les hommes qui n'auront pas été purifiés dans l'une le seront dans l'autre. » (Malach. III, 3)
- Complexe de Novalis
- Le feu, 50 000 ans plus tôt. Consulté le 14 août 2009.
Annexes
Bibliographie
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Feu » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
- Louis Boyer, Feu et flammes, éd. Belin, 2006 (ISBN 2-7011-3973-2).
coll. Pour la science
- Gaston Bachelard, Psychanalyse du feu, 1938 (ISBN 2070323250)
Articles connexes
- Incendie, chronologie des grands incendies
- Explosion-ébullition (BLEVE)
- Boil Over (projection d'huile en feu)
- Embrasement généralisé éclair (flashover)
- Explosion de fumées (backdraft)
- Lutte contre l'incendie
- Sapeur-pompier
- Brûlage à l'air libre, feu de jardin
- Feu de camp
- Feu d'artifice
- Feu follet
- Feu fiscal
- Éclairage
- Feu de signalisation lumineux (feu vert, rouge, clignotant, tricolore, etc.)
- Quatre éléments
Lien externe
- (fr) Évaluation qualitative et quantitative des résidus d’incendies à partir des analyses pédo-anthracologiques. Propositions méthodologiques pour l’étude des feux agro-sylvo-pastoraux en montagne pyrénéenne. Le feu : une pratique clé pour l’historique du pastoralisme et de l’agriculture
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