- Blidulphe
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Blidulphe (v. 906-975), orthographié aussi quelquefois Blidulfe, Blidulfus ou Olridulphe, était un religieux français de l’abbaye de Gorze. Il fit faire des travaux d’agrandissement à l’abbaye de Gorze, puis se retira dans les Vosges où il fonda le prieuré d’Échéry dans le Val de Lièpvre[1].
Sommaire
Biographie
Un religieux de l’abbaye de Gorze
Religieux de l’abbaye de Gorze, puis archidiacre de la cathédrale de Metz, Blidulphe était princier primicerius et premier archidiacre de la cathédrale de Metz. Le princier ainsi appelé parce qu'il était inscrit le premier sur la table ou tablette enduite de cire contenant les nom des chantres au temps de saint Chrodegang, le troisième personnage après l'évêque. Faisant partie d’une riche famille, Blidulphe fit des études à Saint-Remi de Reims et devint l’un des hommes les plus instruits pour son époque. Atteint d’une grave maladie, il guérit de façon mystérieuse. Il demanda et obtint de l’abbé Einold[2] (qui dirigeait l’abbaye de Gorze depuis 933) l’habit monastique. Il recouvra la santé et se consacra entièrement au service de la religion. Plus tard, l'abbé Einold l'envoya rétablir la discipline religieuse dans l'abbaye de Saint-Maximin de Trèves en compagnie d'Ogon ou de Hugues qui en était abbé. Einold fut secondé par un de ses confrères connu sous le nom de Gundelach, profès[3] de l'abbaye de Fulda. L'un et l'autre revinrent à Gorze après le décès le Hugues en 947 qui avait été nommé évêque de Liège en 945.
De passage à l'abbaye de Moyenmoutier
En l'an 967, Blidulphe et Gundelach furent appelés par Adalbert[4] abbé de l'abbaye de Moyenmoutier pour le seconder dans la restauration de la disciple religieuse à Moyenmoutier. Adalbert avait été chargé par le duc de Lorraine Frédéric Ier (942-978)[5] de rétablir les religieux bénédictins que le comte-abbé Hillin avaient chassé du couvent en 897. Richer et Jean de Bayon affirment que les chanoines vécurent pendant 70 ans à Moyenmoutier, ce qui donne les années 897 à 967[6]. Le chanoine Herquel de Plainfaing quant à lui dit que les chanoines sont restés à Moyenmoutier pendant 60 ans[7]. Le duc Frédéric, un homme intègre cherchait à rétablir et à réformer les monastères dont les mœurs et la discipline laissaient à désirer. Il chargea donc Adalbert, un moine de Gorze à entreprendre les réformes. L'abbé Einold lui recommanda pour le seconder dans sa tâche Blidulphe et Gundelach. Ils séjournèrent quelques années à Moyenmoutier pour établir la discipline religieuse et contribuèrent par leur savoir à rétablir la réputation dans l'enseignement des lettres et des sciences du couvent. Blidulphe avait déjà contribué à côté de Norgandus et Jean de Vandières à rétablir la réputation et la légitimation dans l'instruction des lettres et les sciences de l'abbaye de Gorze. Parmi les gens nobles auxquels il fut confronté à Gorze on retrouve selon Mabillon[8], Guillaume et Achéric qui le suivront plus tard à Echéry, dans la vallée de Lebrath[9].
Fondateur du prieuré d'Echéry au Val de Lièpvre
Il mena des travaux sur l’oratoire en ruine d'Échery fondé par Ermengarde, ou Hugues III duc d'Alsace, la femme de Lothaire Ier duc de Lorraine, qui daterait de l’an 838, et construit un monastère vers 938 et fit venir des religieux auxquels il procura de nouveaux revenus grâce semble-t-il à la découverte de gisements d’argent[10]. Blidulphe, le célèbre moine de Gorze, rompu aux sciences de l'art et des lettres et des procédés industriels a sans doute commencé à exploiter le terrain à la recherche des filons métalliques. Une fois découvert, il a commencé à exploiter avec succès les minerais, puis à former de nombreux disciples. Ils ont sans doute défriché de vastes terrains autour du Petit Rombach et de Sainte Marie-aux-Mines et établis des forges pour façonner les métaux. Les moines bénédictins de l'époque étaient sans doute les seules capables de former les employés et les principaux agents de la civilisation moderne. Plus tard, Blidulphe et Gundelach sont envoyés, par l’abbé Einold à Saint Maximin de Trèves pour y coopérer à la restauration de la discipline religieuse à la demande du duc Frédéric de Lorraine. Après le décès d’Ogon, ils retournèrent à Gorze, puis de nouveau au fond d'une vallée des Vosges qu'ils appelèrent Lebrath, un petit espace renfermé entre les montagnes. Sur le revers de la hauteur qui fait face au midi, Bliduphe fit construire un oratoire qu'il appela Belmont. Bientôt il s'aperçut que le lieu lui convenait et fit construire une église plus spacieuse, en laquelle on a veu neuf autels dédiez selon sa dévotion[11]. Autour de cette église, Blidulphe construisit, selon la position du lieu, des bâtiments et un cloître à l'usage des moines. Il acquit en même temps quelques revenus et ayant réuni des frères, cet homme, dévot de Dieu, passa sa vie dans le célibat[12]. Après avoir séjourné quelques années à Moyenmoutier, Blidulphe revint au Val de Lièpvre avec Gundelach. Il y vécut plus d’une dizaine d’années, jusqu’en 975 et fut enterré dans l’oratoire qu’il avait fait construire trente sept ans auparavant[13]. Gundelach, son compagnon survécut encore quelque temps et fut inhumé dans le même endroit. D’après certains historiens, Blidulphe fut le fondateur du couvent d’Echéry qui remplaça l’oratoire construit en 838 par l’impératrice Ermengarde par une église en 938. D’autres pensent que Blidulphe fut le successeur d’Acheric et Guillaume[14]. L’abbé Grandidier indique que Blidulphe fut le restaurateur du couvent d’Échéry. Au XIIe siècle le monastère d’Échéry devint un prieuré dédié à Saint Benoît sous la dépendance de l’Abbaye de Moyenmoutier, confirmé par le pape Innocent II en 1140 puis réduit en paroisse. Les moines du monastère d'Echéry sont restés dans la vallée du Xe au XIIIe siècle. Les droits de Moyenmoutier passèrent à la famille des nobles d’Échéry (Hoh-Echerich, cf. Sainte-Croix-aux-Mines); en 1317, Henri Waffler céda le couvent d'Echéry sous le patronage[15] du diocèse de Strasbourg avec ses biens au couvent de Baumgarten[16] Val de Villé) à la condition de verser tous les ans une redevance de 15 sous d’argent à l’abbaye de Moyenmoutier.
L'exploitation des mines par les moines
Une croyance populaire établie au XVIIe siècle, ne reposant sur un aucun fondement archéologique, affirmait que le monastère d'Echéry devait se trouver sur la colline de Sur-l'Hâte, près de l'église de saint-Pierre à Sainte Marie-aux-Mines. Cette version était tellement répandue que certains ont cru voir d'anciens vestiges du monastère et un étang dans une dépression de terrain au milieu de prairies, au-delà du chemin de Sur-l'Hâte, à proximité de la montagne du Rimpi. Mais les traces que l'on a pu décerner proviennent d'une âge plus récent, peut-être d'un ancien boccard ou laverie de minerai qui se trouvait à cet emplacement[17]. Si jamais, il a existé un monastère dans les environs de l'église de saint-Pierre-sur-l'Hâte, ce n'est certainement pas celui dont parle Richer de Senones et Jean de Bayon. Éloigné de deux lieues du château du Haut d'Echéry, le vallon de Saint-Pierre-sur-l'Hâte est complètement exposé au nord, tandis que selon Richer c'est sur le penchant d'une montagne exposé au midi que Blidulphe aurait érigé une cella qu'il appela Belmont. Plus bas, dans la même vallée de Lebrath ajoute Richer, Charlemagne avait autorisé la création d'un monastère en l'honneur de Saint-Denis. Il s'agit ici du prieuré de Lièpvre, fondé par Fulrad, abbé de Saint-Denis et richement doté par Charlemagne. La description qu'en donne Richer où Blidulphe a fondé un monastère, ne peut être que le vallon du Petit Rombach, qui débouche dans la vallée centrale, à une lieue du prieuré Saint-Alexandre de Lièpvre, près du château du Haut-Echéry. Les ruines de ce château sont encore visibles dans le vallon du Petit Rombach. C'est dans ce vallon que pouvait se situer Belmont, transformé d'abord en Jabelmont (en patois) dès le XVIe siècle, puis en Jaboumont au XVIIIe siècle dont le nom pourrait indiquer que la vigne y a été cultivée à une certaine époque sur la rive droite du ruisseau du Petit Rombach, à l'ouest du château. On trouve à cet endroit un canton rural désigné sous le nom de Bouille. On sait que dès le Xe siècle, la culture de la vigne a été introduite par les religieux qui étaient venus s'installer. Selon Jean Ruyr, Blidulphe fit élever des habitations conventuelles pour y loger les Bénédictins. Il a sans doute aussi fait construire des logements pour les ouvriers employés à l'exploitation minière. Ces habitations étaient connus au Moyen Âge sous la dénomination de buggi ou hugiae d'où est dérivé le nom français bouger, et peut-être aussi le nom de Bougival que porte un petit vallon, au nord-ouest, qui se pointe en face du château d'Echéry.Les auteurs latins, emploie le terme de cella que le traducteur de Richer au XVIe siècle désigne sous le nom de chambrette[18] cellule pour Ruyr, et oratoire pour Ravenez.
Bibliographie
- F. Chaussier (abbé de Gorze), L’abbaye de Gorze, histoire messine, Librairie de l'Êvêché, N. Houpert, 1894.
- Vita Johannis abbatis Gorziensis', éd. Georg Heinrich Pertz, MGH SS 4, Hanovre, 1841.
- Michel Parisse, L’abbaye de Gorze au Xe siècle, Presse Universitaires de Nancy, 1993, ISBN 2-86480-681-9.
- Belhomme (dom Humbert), Historia Mediani in monte Vosago Monasterii, Argentorati, Ordinis sanscti Benedicti, ex Congregation sansctorum Vitoni et hidulfi (auctore H. Belhomme), Argentorati, sumptibus, J.R. Dusseckeri, 1724, 469 p.
- Jules Degermann, Le monastère d’Echéry au Val de Lièpvre, Strasbourg, 1895, imprimerie strasbourgeoise, 42 p.
- Grandidier (André, Philippe), Histoire de l’église et des princes-évêques de Strasbourg jusqu’à nos jours, deux tomes, 1776, Imprimerie François Levrault.
- Grandidier (Abbé), Histoire écclésiastique, militaire, civile et littéraire de la province Alsace, Argentorati (Strasbourg), 1787, Lorenzii et Schulerii (Tome 1) et Levralt (Tome II).
- Jean Ruyr, Charmesier, chantre et chanoine de l’Église insigne de Sainct Diey. Recherches des sainctes antiquitez de la Vosge, province de Lorraine, Épinal, 1634, Ambroise Ambroise.
- Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, Imprimerie F. Sutter & Cie, 1910, 2 volumes.
- Liber de successoribus sancti hidulfi successoribis in mediani monasterio, Hanovre, 1841
Notes et références
- Richer qui écrivit en 1223, Blidulphe fut le fondateur du prieuré d’Echéry. Selon le moine
- abbaye de Gorze entre 933-968 et ami du bienheureux Jean de Vandières. Il remet l'abbaye dans une grande ferveur. Il obtient d'Adalberon I une charte de restitution en 963, deux privilèges du roi Othon Ier en 936 et 943 et du pape Léon VII. Il prend part au Concile d'Ingelheim en 948, envoie des moines de Gorze à Rome à la demande du pape Agapet II, et intercède pour la ville de Metz assiégée en 953 par Conrad, duc de Lorraine. Abbé de l'
- Profès : celui ou celle qui s'est engagé dans un ordre religieux après la fin du noviciat.
- Gorze qu'il fit connaissance de Blidulphe et Gundelach. Adalbert, moine de l'abbaye de Gorze avant qu'il soit nommé abbé de l'abbaye de Moyenmoutier. C'est à
- 954 à Béatrice, fille d'Hugues le Grand, duc des Franc. Le duché de Lorraine était administrée par Brunon de Cologne, lequel était le frère d'Otton Ier et d'Hedwige de Saxe, donc l'oncle de l'épouse de Frédéric Ier. Il favorisa la réforme des monastères de Saint-Dié et de Moyenmoutier. Frédéric Ier ou Ferry Ier comte de Bar et duc de Lotharingie, fils de Wigeric et de Cunégonde, marié en
- Christian Pfister, Les revenus de la collégiale de Saint-Dié au Xe siècle, Annales de l’Est, 2nd année, 1888, p. 518
- Antiquitas Vallis Galilea, publié par Ch. L. Hugo dans Sacrae antiquitatis Monumenta, 2 vol. le premier imprimé à Étival en 1725 et le second imprimé à Saint-Dié en 1731. Cette deuxième version ne colle pas à la réalité, puisqu'elle mettrait à l'année 957 la rentrée es chanoines à Moyenmoutier alors que le duc Frédéric ne le devint qu'en l'année 959.
- Acta Sanctorum ordinis Sancti Benedicti (Vies des Saints de l'Ordre de Saint-Benoît) (vol. 1 : 1668 ; vol. 2 : 1169 ; vol. 3 : 1672)
- Lebrath : nom qui était employé au Xe siècle pour désigner le Val de Lièpvre.
- Hugues III en l'an 836 ou 838 ou Luitfried. Un oratoire aurait été construit selon d'autres sources par le père d'Ermengarde,
- Jean Ruyr.
- Richer de Senones
- Vita Joannis, nº 69-70 - Dom Calmet, Histoire de la Lorraine, t. I, p. 874 - Mabillon, Annales, t. III, pp. 416-417.
- C'est notamment le cas de Lesslin et Daniel Rissler, deux historiens locaux se fondant sur les récits de Jean Ruyr.
- « Ecclesia parochialis villae Alteneckerich sancti Wilhelmi ».
- Abbaye de Baumgarten fut entièrement détruite en 1525 par les Rustauds. L'
- Archives départementales du Haut-Rhin dans la série E 2065. Les pièces de ces trouvailles se trouvent aux
- Rombach-le-Franc désigné sous ce terme qui fait frontière avec le village de Sainte Croix-aux-Mines, qui pourrait indiquer un endroit où vécurent des moines, peut-être une maison de repos. Mais ce lieu-dit n'a probablement rien à voir avec le monastère d'Echéry, mais pourrait plutôt concerner le prieuré de Lièpvre, dont le banc de Rombach-le-Franc leur appartenait. Il existe un lieu-dit à
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