- Huguenot
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Le terme huguenot est l'ancienne appellation donnée par leurs ennemis aux protestants français pendant les guerres de religion. À partir du XVIIe siècle, les huguenots seront appelés religionnaires, car les actes royaux employaient le terme de « Religion prétendue réformée » pour désigner le protestantisme[1]. Environ 300 000 d'entre eux ont dû quitter le territoire après les dragonnades et la révocation de l’édit de Nantes le 18 octobre 1685.
Sommaire
Étymologie et symboles
Il semble que le mot « huguenot » n'apparaisse en France qu'en 1560 dans les textes, dans la région tourangelle, et remplace celui de « luthérien », utilisé jusqu'alors. Il apparaît dans une lettre de Théodore de Bèze parlant du tumulte d'Amboise, écrite de Genève le 6 juin 1560. De nombreuses recherches plus ou moins fantaisistes ont tenté d'en trouver l'origine : de Hugues Capet, de la porte Hugon à Tours près de laquelle les protestants faisaient leur assemblée. La plus plausible est de faire dériver le mot de l'allemand Eidgenossen, signifiant "camarades liés par un serment" (membres d'une ligue, confédérés), ou de la corruption de ce mot à Genève Eidgnots, utilisé aussi par les partisans des Guises. Dans une déclaration faite par le prince de Condé en 1562, il emploie le mot Aignos et Aignossen[2]. On retrouve le mot dans un quatrain de Ronsard de 1562, Remonstrance au peuple de la France :
- Je n'aime point ces noms qui sont finis en os,
- Gots, cagots, austrogots, visgots et huguenots,
- Ils me sont odieux comme peste, et je pense
- Qu'ils sont prodigieux à l'empire de France.
L'hypothèse couramment admise[3] indique que le mot vient de Eignot de l'allemand Eidgenossen, utilisé d'abord en Suisse et signifiant confédérés ou conjurés, et l'influence du patronyme de Bezanson Hugues, un des premiers chefs protestants suisses ayant négocié l'alliance des cantons. Au sein du Petit-Conseil de Genève, ce fut le nom donné aux partisans des Cantons suisses, les partisans du duc de Savoie étant les Mamelouks. L'Encyclopédie catholique[4] propose également l'étymologie Hugon, en référence au lieu de rassemblement des réformés de Tours qui portait le nom d'un comte de sinistre mémoire. Dans Les Cultures du peuple, Natalie Z. Davis indique qu'à Tours, le roi Huguet était un terme générique pour désigner les fantômes qui viennent hanter les vivants au lieu de faire leur temps au purgatoire. Comme les protestants sortaient pour se réunir la nuit, on commença ici à les appeler huguenots puis l'expression se propagea[5].
Théodore de Bèze, proche collaborateur et continuateur de Jean Calvin, mentionne une étymologie populaire évoquant un légendaire et hérétique roi « Hugonet[6] », mais cette origine n'est pas retenue.
Les protestants français restent très attachés à la croix huguenote. Les huguenots réfugiés aux Amériques adoptèrent en l'honneur de Marguerite d'Angoulème une marguerite[7] comme symbole, c'est-à-dire huit pétales en étoile, réminiscence des huit béatitudes du martyre évoquées dans le Sermon sur la Montagne[8].
Durant les guerres de religions, les partisans d'un camp ou de l'autre se reconnaissaient à l'étendard du régiment de leur parti, en particulier celui de Navarre. Comme ces étendards étaient variés, la coutume militaire était de cravater les différents étendards d'une écharpe distinctive. La Ligue portait une cravate verte[7], couleur que le pape avait donné à l'occasion de la conférence de Gisors le 13 janvier 1188 aux Flamands partant en croisade et qui était revenu à l'Espagne, championne du catholicisme, avec la possession des Pays-Bas. C'est ainsi que Ferdinand d'Aragon et Isabelle la Catholique avaient donné à Christophe Colomb un étendard à la croix verte. De même, les ducs de Guise, feudataires de l'Empire et champions de la Ligue, portaient de sinople leur croix de Lorraine. Les huguenots mirent à la bataille d'Ivry une cravate blanche aux étendards de leurs régiments. Le blanc étant la couleur du roi, c'était une surenchère légitimiste qui ajouta à la confusion, les ligueurs portant justement ce jour-là la même couleur. Par la suite, les huguenots portèrent durant les combats en plus de l'écharpe banche, une casaque blanche[9]. L'enseigne "nette" resta celle de Coligny. L'expression prêtée à Henri IV « ralliez vous à mon panache blanc » était une invitation adressée aux partisans huguenots à se rallier à leur ancien chef de guerre converti, aux catholiques à renoncer au parti espagnol, et aux deux à la paix.
Persécution en France
Avant même la révocation de l'Édit de Nantes, des huguenots fuient le royaume à cause des pressions et des brimades de plus en plus violentes exercées par le pouvoir royal. Dès l'année 1680, les huguenots sont victimes de persécutions dans le cadre des dragonnades, du nom d'un corps d'armée, les dragons, organisées par Louvois, le Secrétaire d'État de la Guerre de Louis XIV (tortures, dépouillement de leurs biens, viols et violences), ce qui amène Colbert à rédiger un mémoire pour prendre leur défense.
En 1685, la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV supprime définitivement leur liberté de culte et leur survie est clairement en cause s'ils ne se convertissent pas au catholicisme. Cela conduit la plupart des huguenots à fuir pour les pays protestants d'Europe, les Provinces unies des Pays-Bas, l'Angleterre, la Suisse ou les principautés protestantes allemandes (Hesse-Cassel, Brandebourg, etc.). L’Encyclopédie, à l'article « Réfugié », affirme : « Louis XIV, en persécutant les protestants, a privé son royaume de près d'un million d'hommes industrieux. » Des estimations plus prudentes évoquent le chiffre de 200 000 personnes.
L'édit de Nantes interdit sévèrement toute émigration des huguenots et punit toute aide à l'émigration, obligeant à une extrême discrétion et à la francisation des noms. Les biens des huguenots étant récupérés dans l'illégalité, cette discrétion concerne aussi bien les bourreaux que les victimes. Les nombreux entrepreneurs huguenots qui ont dû prendre la fuite ont perdu leurs biens mais emporté le plus précieux, leur savoir-faire, car la plupart d'entre eux étaient à l'origine des artisans, qui ont ensuite pris des risques pour se reconstituer un patrimoine.
La discrétion était nécessaire, car fuir était puni par la pendaison ou les galères, pour les hommes, la prison à vie pour les femmes, comme dans la tour de Constance à Aigues-Mortes. Aider les fuyards était jugé encore pire. En août 1686, 245 huguenots de l’Oisans arrêtés à Saint-Jean-de-Maurienne sont jetés en prison ou envoyés au gibet[10].
Les paysans sont nombreux à fuir dans les régions des Alpes, des Charentes et du Midi, car leur abjuration est jugée suspecte et n'empêche pas les persécutions.
Ceux qui restèrent en France furent persécutés jusqu'au milieu du XVIIIe siècle par les dragons, soldats chargés de persécuter les protestants en les traitant comme ils l'auraient fait en pays conquis. Certaines grottes du sud de la France portent le nom des huguenots (notamment les prédicants de passage) qui s'y cachèrent pour ne pas être arrêtés.
Les catholiques galiciens et les réformistes, comme Jacques Lefèvre d'Étaples, furent parmi les prédécesseurs des huguenots. Ceux-ci suivirent le mouvement initié par Martin Luther en Saxe, puis organisé par Jean Calvin à partir de Genève. Ils formèrent les Églises réformées en France, appelées dédaigneusement « religion prétendue réformée » dans les textes officiels.
Lyon, capitale européenne de l'imprimerie devant Anvers, imprime les premières bibles en langue vulgaire. Toute cette organisation est emportée par les huguenots dans leur fuite, ainsi que les connaissances développées en agronomie et en irrigation ou dans le domaine du textile et de la construction navale, les huguenots étant très nombreux chez les artisans et les armateurs.
Dans son Mémoire pour le rappel des Huguenots, édité en 1689, l'ingénieur Vauban détaille l'ensemble des dégâts qu'a causé sur l'économie française le départ des artisans, marins et soldats protestants. Lorsque il se rend dans le Queyras, Vauban rechigne à fortifier Château-Queyras et critique les combats qui ont eu lieu entre l'armée et les populations protestantes locales.
Émigration en Europe
De nombreux huguenots ont fui pour échapper aux galères du Roi vers "l'Arche du Refuge", Provinces-Unies des Pays-Bas et Angleterre, ainsi qu'en Suisse et en Prusse.
En Hollande
L'immigration protestante en Hollande commence au XVIe siècle avec le départ de 30 000 protestants flamands d'Anvers pour Amsterdam. La réputation d'Amsterdam comme capitale des libertés religieuses en Europe en fait un nœud de l'émigration vers d'autres régions.
L'architecte Daniel Marot arrive en 1684 aux Pays-Bas. On lui doit l'intérieur du palais de Het Loo et le grand hall d'audience des États-Généraux à La Haye. Il suit Guillaume III d'Angleterre en Angleterre. En 1688, une expédition de 11 000 fantassins et 4 000 cavaliers quitte la Hollande et débarque en Angleterre, pour organiser la Glorieuse Révolution. Parmi eux, trois régiments d'infanterie de 750 hommes chacun, et un escadron de cavalerie, composés de réfugiés protestants en Hollande, auxquels s'ajoutent 730 officiers français disséminés dans les autres régiments, soit 3 300 huguenots. L'ensemble de cette armée est dirigée par le maréchal Armand-Frédéric de Schomberg[11]. Quelques exemples précis d'immigration de protestants cévenols en Hollande sont connus pour cette période[12].
En Allemagne
Article détaillé : Émigration messine à Berlin suite à la révocation de l'édit de Nantes.Alors que l'empire germanique est encore divisé en 300 états, les protestants français contribuèrent à l’essor de ce qui deviendra, à partir de 1701, le royaume de Prusse, puis, après 1871, le cœur du Reich allemand.
Entre la fin de la guerre de Trente Ans (1648) et suite à la révocation de l'édit de Nantes (1685), 50 000 huguenots émigrent en Brandebourg. Les Prussiens accueillent volontiers ces Français car leur économie est au plus bas suite à la guerre de Trente Ans et à cinq épidémies de peste qui ont fait 140 000 victimes. Le grand électeur Frédéric-Guillaume Ier de Prusse fait savoir aux communautés du Languedoc et du Dauphiné qu'elles sont les bienvenues.
Les princes-électeurs de Hesse et du Brandebourg voyant l'opportunité d'accueillir cette population huguenote souvent bien formée et d'un bon niveau intellectuel, prennent des mesures d'accueil à peine dix jours après la révocation de l'Édit de Nantes, soit le 29 octobre 1685 (Édit de Potsdam)[13]. Des lopins de terres leurs sont réservés, ainsi que la possibilité de mettre en place une administration parallèle judiciaire et pénale, comme à la colonie de Französisch Buchholz. Les persécutés se transforment en colons. Les nombreux privilèges accordés aux huguenots, particulièrement ceux liés à la propriété terrienne, attisent la jalousie. Malgré cela, l'intégration des Français se passe relativement bien et leur apporte des avantages : la venue de nouveaux métiers tels les métiers de l'horlogerie, par exemple, et de nouveaux fruits et légumes, tels les oranges, les citrons, les choux-fleurs, les petits pois et les artichauts.
L'influence des huguenots français est aujourd'hui remarquable dans les grandes villes d'immigration telles que Berlin ou Francfort-sur-le-Main. Berlin, à elle seule, a accueilli plus de 35 000 huguenots français. Une large partie s'installent dans les campagnes environnantes et dans les bourgs aux abords de la ville. En 1697, la population de Berlin intra-muros atteint 20 000 habitants, dont 4 922 exilés français, selon Pierre Miquel[14]. En 1732, ils sont 8 900 pour la seule ville de Berlin[réf. nécessaire]. La ville a construit son économie pré-industrielle ainsi que son centre économique autour du capital et du savoir-faire des artisans et commerçants huguenots. Certains quartiers de Berlin, comme la Friedrichstadt, premier foyer d'installation des huguenots, se ressentent toujours cet héritage.
Parler le français est prestigieux, les riches Allemands veulent des professeurs français pour leurs enfants. La culture allemande est alors fortement influencée par les huguenots. Aujourd'hui, cette influence est encore attestée par des termes allemands, certes de plus en plus désuets, issus du français comme etepetete (« être-peut-être ») servant à qualifier une femme prétentieuse ou Muckefuck (« faux mocca ») pour un café un peu trop clair ou de chicorée ou d'orge ("Ersatzkaffee"). L'occupation française des guerres napoléoniennes a provoqué une réaction nationaliste qui a fait disparaître cette tendance.
Dans le sud, la ville d’Erlangen en Franconie, près de Nuremberg est fondée par des huguenots. Près de la frontière tchèque, dans la région du Fichtelgebirge, au nord de l'actuelle Bavière, une tradition perpétue le peuplement protestant français : la décoration des fontaines pour Pâques en forme de fleur de lys.
Dorothea Viehman[15], née Pierson, d'origine messine, réfugiée à Berlin, est l'une des principales conteuses auprès desquelles les frères Grimm ont recueilli les contes réunis dans leur recueil, d'origine française pour beaucoup.
À Magdebourg, les huguenots viennent du Gard, d'Alsace, de Picardie ou de Brie[16]. Jean Meffre du village d'Uzès dans le Gard écrit à sa famille depuis Magdebourg où il est réfugié avec plusieurs milliers de huguenots, que l'on « s'habitue facilement à la bière. » Une liste datant de 1703 des Français réfugiés à Magdebourg a été retrouvée à la bibliothèque de la Société d'histoire du protestantisme français[17]. Plusieurs orfèvres de Strasbourg fuient à Magdebourg où ils fondent des entreprises, comme le fils de Johann Nicola Guischard, Johann Philipp Guischard[15]. Une branche de la famille Gruson de Fleurbaix en Flandres dans le pays de L'Alleu [18]est partie en Allemagne, à Mannheim puis Magdebourg, où Herman Gruson fonde la firme Gruson de Magdebourg, future Gruson Krupp[19].
Près de 70 familles de paysans de la Brie ont fui à NeuIsembourg, où elles ont trouvé des terres à cultiver, selon Pierre Miquel (page 478)[14]. Les réfugiés huguenots en Saxe-Weimar vont aussi installer de nombreuses manufactures de bonneterie, décrites dans la thèse de Herbert Ellinger en 1933.
La ville de Friedrichsdorf près de Francfort est fondée en 1686 par des réfugiés français. Plusieurs familles viennent du hameau de « Rue de Bohain » qui fait maintenant partie de Lemé dans l’Aisne et où il y a toujours une forte tradition protestante[17]. D'autres familles viennent du village de Pourrières, en Val Cluson, aujourd'hui italien.
Sur le versant oriental de la Forêt-Noire, un petit village porte le nom de Queyras, donné par des protestants venus de cette vallée du sud des Alpes françaises en 1685[20]. D'autres protestants du Queyras, du village d'Abries, fondent une colonie agricole dans le Nord de l'Allemagne, à Carlsdorf, près de Rostock.
En Suisse
La population de Genève triple durant les années 1680. Alors qu'elle s'élevait à 16 000 habitants, plus de 30 000 huguenots s'y rendent, les premiers étant les plus proches, les paysans du pays de Gex, qui chargent 4 000 charrettes de leurs récoltes. Une partie des arrivants repart lors de la Glorieuse rentrée de l'été 1688, qui voit les protestants vaudois du Piémont italien réfugiés à Genève en 1687 se réinstaller dans leurs vallées, au terme d'une marche de 200 kilomètres, avec le feu vert du duc de Savoie, au moment de la création de la ligue d'Augsbourg par Guillaume III d'Angleterre. Une fois rentrés chez eux, ces vaudois vont accueillir des protestants du Dauphiné venus des vallées voisines, comme le Queyras. Mais les renversements d'alliance du duc de Savoie les obligent ensuite à fuir en Allemagne.
Ces Piémontais avaient été aguerris dès l'épisode sanglant des Pâques vaudoises de 1655, à l'issue duquel les écrits du pasteur Henri Arnaud avaient averti toute l'Europe protestante, plaçant par cet appel à la vigilance les jalons de la Glorieuse Révolution anglaise de 1688.
Les huguenots des villages queyrassins de Saint-Véran et Molines ont été respectivement 86 et 103 à émigrer en 1685, en grande partie à Genève[10]. Parmi eux, les fondateurs de trois des quatre premières usines d'impression d'indiennes en coton d'Europe : Daniel Vasserot et son neveu Antoine Fazy, tous deux du village de Saint-Véran[10]. Une rue de Genève rappelle leur aventure et leur rôle dans l'histoire des indiennes de coton en Europe. L'un de leurs employés installera ensuite, pour son propre compte, cette industrie à Neuchâtel, où s'installera ensuite la famille de Pourtalès, puis l'essaimage touche toute la Suisse francophone, puis l'Alsace et la Franche-Comté, en particulier la ville frontalière de Mulhouse, où quatre frères protestants créèrent en 1746 DMC, et qui deviendra la première capitale européenne du coton, avant sa rivale Manchester.
Genève voit aussi arriver des protestants de la région de Nîmes, en particulier Pierre Cazenove, dont les enfants émigreront à Londres pour fonder la Banque Cazenove, le seul établissement bancaire de l'époque encore en activité[réf. nécessaire].
À Gênes
Dès le XVIe siècle, le Vivarais et les Cévennes sont des bastions huguenots, grâce en particulier à l'action d'Olivier de Serres. Plusieurs protestants du Gard et des Cévennes sont partis dans les villes commerçantes italiennes. La famille André de Nîmes est partie dès 1677 dans le grand port italien de Gênes pour fonder une fabrique de toile qui donnera son nom au (blue)-jean et à la toile Denim.
En Angleterre
La région de Cantorbéry et plusieurs quartiers de Londres ont accueilli des dizaines de lieux de culte huguenots à partir de 1688, après la Glorieuse Révolution de 1688 menée par le futur Guillaume III d'Angleterre, dont l'armée était dirigée par un maréchal de France resté fidèle à sa foi protestante, le Frédéric-Armand de Schomberg.
Cette armée franco-néerlandaise de 15 000 hommes, parmi lesquels 3 000 huguenots français réfugiés en Hollande, a défait les Jacobites irlandais, alliées aux troupes de Louis XIV, à la bataille de la Boyne en Irlande. Près de 5 000 huguenots s'installent à Dublin[21], dont une majorité d'artisans.
Puis le fils du maréchal Schomberg, le comte Ménard de Schomberg revient dans les Alpes défendre les protestants du Dauphiné. En 1692, avec 1 500 Vaudois italiens et 2 000 huguenots réfugiés en Angleterre[10], il passe le col Lacroix et met le siège devant Château Queyras[22]. Un site historique où Vauban exprime des doutes sur la nécessité de combattre les populations locales et traîne les pieds pour fortifier la citadelle, préférant construire celle de Montdauphin. Cet épisode militaire coûtera la vie à une partie des réfugiés huguenots en Angleterre.
L'Angleterre accueille beaucoup de protestants du Sud-Ouest de la France, qui fuient par bateau. Manès, d'Angoulême[23], et plusieurs autres fabricants réputés importent l'industrie du papier à Londres[24]. Après 1687, les huguenots Portal, De Vaux et Dupin perfectionnent la technique du papier blanc.
De 1688 à 1692, vingt-six publications nouvelles apparaissent en Angleterre[25], dont les premiers quotidiens, le nouveau pouvoir ayant décidé de ne pas utiliser la loi sur l'autorisation préalable. Un pasteur du Périgord, Jean de Fonvive, gagne 600 sterling par an[26], avec son journal Post Man, qui sort trois fois par semaine et relie la diaspora des huguenots à travers le monde[27]. Un autre huguenot, Pierre-Antoine Motteux, fait paraître dès 1692 le Gentleman's magazine[28], tandis qu'Abel Boyer (1667-1729), le fils d'un consul protestant de Castres arrivé en 1689, édite le Postboy.
Les tisserands huguenots, menacés par le durcissement du pouvoir en France, affluent à Londres dès la fin des années 1660, lorsque le faubourg de Spitalfields naît de la nécessité de reconstruire sur des bases plus saines après le grand incendie de 1666[29]. Ils apportent leur connaissance de la soie, de la joaillerie, du travail des métaux et des rubans et sont les fournisseurs de la plupart des grandes cours d'Europe. Leurs qualifications souvent plus élevées sont perçus comme des menaces par les artisans anglais. En 1684, Jean Larguier de Nîmes, est fait maître tisserand à condition d'utiliser de la main-d'œuvre anglaise[30]. Dans la ville lainière de Norwich, des émeutes visent les Français en 1683[31]. Les tisserands de soie huguenots de Tours sont nombreux à Spitalfields. Londres dépasse la ville de Lyon, en 1820, pour la consommation de soie brute. Lyon avait connu au XVIe siècle une émigration plutôt vers Amsterdam, après une première vague de violences. L'histoire de l'imprimerie à Lyon avait fait de la ville la capitale de l'imprimerie au détriment d'Anvers ; ce titre est perdu au XVIIe siècle au profit d'Amsterdam puis Londres.
Les exportations britanniques de l'année 1700, à 85% de la laine, sont double de leur niveau des années 1660[32].
Les huguenots sont très présents dans la vie culturelle et financière de l'Angleterre, qui instaure en 1689 la liberté de religion et la liberté de la presse. C'est un dénommé Coste, des Cévennes, qui traduit l'œuvre du républicain anglais John Locke, le Traité du gouvernement civil de 1689, premier ouvrage autorisant le peuple à se révolter en cas d'abus.
Les traces des huguenots sont visibles dans les secteurs de Tentergrown, Soho, Petitcoat Lane et du marché couvert de Spitalfields, à 900 mètres du Royal Exchange.
À Dublin
Article détaillé : Les 239 huguenots de Dublin.Jean-Paul Pittion, auteur de The Hugenots in Ireland, an Anatomy of an Emigration a sauvé de l'oubli, il y a 25 ans, le cimetière[33] où l'on peut retrouver par leurs noms les 239 huguenots de Dublin[34] enterrés dans une sépulture collective, qui a survécu dans une petite rue près d'un parc, Mansion Row. Les huguenots de Dublin avaient un autre cimetière, dans Cathédral Lane, utilisé jusqu'en 1865. Lorsque cette communauté s'est installée dans la capitale irlandaise, elle a dopé sa croissance économique et démographique au point d'en faire dès 1700 la deuxième ville de l'empire britannique. Le quartier de Temple Bar, sorte de quartier latin dublinois était celui des huguenots.
Une partie de ces huguenots servait dans l'armée franco-néerlandaise de 15 000 hommes, parmi lesquels 3 000 huguenots français réfugiés en Hollande, qui a réussi la Glorieuse Révolution de 1688 et ensuite défait en 1690 les troupes Jacobites irlandaises, alliées aux soldats de Louis XIV, à la bataille de la Boyne, dans le sud de l'Irlande[21]. Les premiers huguenots non-combattants arrivèrent en Irlande pour y travailler: cartographes, graveurs, soyeux, artistes, architectes ou agronomes, très vite au nombre de 5 000 personnes, venues de Picardie, Bordeaux et d'autres régions, ils ont beaucoup apporté à cette partie de l'Irlande[35] et ont développé l’industrie de lin à partir de 1698 dans la région de Lisburn.
Dès 1666, le duc d'Ormond avait créé une église de France de la Saint-Patrick et attiré près de Dublin des tisserands huguenots en toile, en espérant qu'ils joueraient un rôle pacificateur après les guerres de Cromwell[36].
En Suède
Moins connue que les autres, plus ancienne, l'émigration en Suède s'explique par le fait que ce pays s'est rangé du côté des protestants pendant les guerres de religion qui, en Allemagne se sont soldées par la paix de Westphalie en 1648.
En 1617 arriva à Stockholm Jean Bédoire, un calviniste français, qui fut un des fondateurs de l'Église Réformée française. Lors des persécutions qui suivirent la Révocation de l'Edit de Nantes en 1685, de nombreux réformés fuirent la France, certains d'entre eux vers la Suède. Cependant, le roi suédois Charles XI leur refusa le droit de culte mais ils trouvèrent refuge chez les presbytériens britanniques dans une paroisse bilingue. Il y restèrent jusqu'à l'avènement du roi suédois Charles XII qui leur accorda plus de liberté. Ils purent petit à petit avoir leur propre culte conforme à l'ordonnance du 4 janvier 1724. L'Église fut reconnue officiellement par un Edit royal en 1741[37].
Plusieurs milliers de Wallons de Suède, venus pour des raisons religieuses et économiques, en passant par la Hollande, ont en particulier lancé les Forges d'Engelsberg. Entre 1620 et 1750, les exportations de fer suédoises ont triplé, à 17 300 tonnes par an, en particulier pour les canons des marines anglaises et hollandaises. L'armateur liégeois Louis de Geer accueilli par Guillaume de Bèche qui se trouve en Suède depuis 1595 et exploite les forges de Nyköping et Finspang, en faisant venir des Wallons exilés aux Pays-Bas, deviendra le « père de l’industrie suédoise ».
Les de Geer se lancent dans le commerce des armes, s'implantent à La Rochelle et prêtent de l’argent au roi Gustave II Adolphe de Suède. Louis de Geer devient partenaire de de Bèche pour les usines de Finspang, d’où sortiront des canons de fer réputés mondialement. Entre 1620 et 1640, cinq mille artisans qualifiés sont recrutés en Wallonie, en France (Givet), en Lorraine, avec bureau de recrutement et contrats de travail. Au nord-est d’Uppsala, vingt-trois bruks (villages de forges), répartis sur quatre communes, produisent jusqu'en 1992, des gueuses (barre de fer) à partir de la mine de fer de Dannemora, considérée comme la première du monde, en quantité de minerai extrait comme en qualité[38].
Au Danemark
Leur arrivée est plus tardive et réclamée pour leur expertise agronomique dans la culture du tabac. Ils venaient d'une région située entre Stettin (qui appartient à la Suède entre 1631 et 1720) et Berlin, de Battin, Bergholz, Rossow, Strasbourg, Wallmow. Frédéric IV de Danemark, en plein accord avec son cousin le roi de Prusse, invite trois fermiers Jacob de Vantier, Daniel Le Blond et Paul d’Arrest en accordant des exemptions de taxes, l'ouverture d’une école, le maintien du français et de leur religion. La ville nouvelle de Frédéricia, dans le Jutland accueille trente-six familles en 1721. Les colons s’organisent en communauté avec consistoire, école, et bibliothèque, puis défrichent peu à peu les landes jutlandaises, introduisant la pomme de terre et les artichauts. Ils sont les premiers à produire, en deuxième assolement, des raves. La communauté huguenote occupait une place importante dans l’activité financière danoise.
Émigration aux Amériques
C'est d'Hollande et d'Angleterre que les huguenots gagnent les colonies américaines, car le port de La Rochelle, point de départ des corsaires huguenots au XVIe siècle a été désarmé par Richelieu en 1628. Les Hollandais les envoyèrent aussi en Afrique du Sud pour leurs compétences agricoles, dans la région du Cap, où le hameau de Lormarin est la réplique du village Lourmarin du Luberon.
Les huguenots en Nouvelle-France
Quelques milliers s'exilent discrètement vers l'Acadie, venant de la région de Loudun, en Poitou. L'Aunis-Saintonge constitue la moitié des souches d'origine des Acadiens, qui une fois en Nouvelle-France deviennent peu à peu catholiques.
Les nouveaux arrivés boudent Annapolis Royal et s'agglomèrent plus au nord dans les secteurs en forte croissance de Beaubassin et Grand-Pré, découverts en 1681, où ils deviennent défricheurs d'eau, en utilisant des aboiteaux, une technique empruntée aux Néerlandais pour assécher une partie du marais poitevin sous Sully et qui leur permet de gagner sur la mer ou les rivières des terres fertiles.
Cependant, après la déportation de 1755, organisée par l'Angleterre anglicane, les Acadiens font bloc autour de leurs curés et le catholicisme soude désormais les communautés en exil. Les Espagnols demanderont en 1765 aux Acadiens revenus en France de repartir pour le Nouveau-monde afin d'assécher les bayous de Louisiane grâce à leur savoir-faire.
En plus de l'Acadie, les huguenots sont aussi nombreux à s'exiler au Canada, dont la population gonfle soudainement après 1685, même si à partir de 1628, il est interdit aux protestants d'émigrer en Amérique du Nord. Les jésuites tiennent solidement l'administration coloniale et si le protestantisme peut durer, c'est chez les coureurs de bois. Selon l'historienne Leslie Choquette, autour de 300 protestants se seraient installés en Nouvelle-France, à une époque où l'accroissement naturel représente l'essentiel de la croissance démographique.
Pierre Dugua de Mons, Hélène Boullé, Jean-François de La Rocque de Roberval, Pierre de Chauvin, Guillaume de Caen et d'autres figures marquantes de la Nouvelle-France étaient des huguenots, comme l'a rappelé l'exposition Une présence oubliée : les huguenots en Nouvelle-France, au musée de l’Amérique française[39].
Aux Antilles
Selon l'historien Pierre Miquel, plus d'un millier de huguenots ont été déportés de force aux Antilles françaises, où une partie d'entre eux s'est ensuite enfuie pour rejoindre les flibustiers et les boucaniers, au Panama et au Honduras, alors que la Caraïbe est prise en main par Charles François d'Angennes à partir de 1678, quatre ans après la vente de son château à Madame de Maintenon, nouvelle maîtresse de Louis XIV.
Les huguenots sont nombreux à se réfugier dans les 13 paradis des frères de la côte, où ils se mélangent avec les Hollandais et les Anglais, et luttent ensemble contre la flotte espagnole.
Aux États-Unis
D'autres huguenots réfugiés en Hollande partent sur l'île de Manhattan en Nouvelle-Amsterdam, (l'actuelle New York), où le gouverneur wallon de la Nouvelle-Néerlande, Pierre Minuit[40] avait acheté l'île aux indiens. Ils rejoignent aussi la Virginie et la Caroline, soit directement de France, soit, plus souvent après une première halte en Angleterre, après avoir anglicisé leurs noms.
Les huguenots venus directement de France se sont ajoutés à ceux qui sont passés par l'Angleterre et les Provinces-Unies. Ils ont été nombreux à participer à la croissance de la Nouvelle-Amsterdam (la future New York) et de Boston, où des francophones wallons protestants sont arrivés dès les années 1630 pour fonder la Nouvelle-Néerlande avec en particulier un village sur l'île new-yorkaise de Staten Island. Dans la région de New York, une nouvelle vague arrive dans les années 1680 pour fonder New Paltz, le Nouveau Palatinat, région rhénane d'Allemagne qui les avait accueillis.
Un des premiers recensements à la suite de la Révolution américaine signalera la présence de plus de 100 000 Américains d'origine huguenote, sur environ un million et demi. Les arrivées de colons huguenots dans les treize colonies sera supérieur au nombre total de colons envoyés en Nouvelle-France durant tout le Régime français, les jésuites s'étant opposés très vite à l'envoi de protestants[41].
Au nord de New York, en allant sur Boston, la Nouvelle-Rochelle témoignent de leur origine française[42]. Soixante ans plus tôt, des huguenots passés par Londres avaient déjà débarqué au cap Fourchu, avec le Mayflower, aux côtés d'Anglais, près de Boston.
Cinq d'entre eux ont fondé le site qui s'appelait Esopus du nom de la tribu locale amérindienne, et qui a été rapidement rejoint par des wallons de la Nouvelle-Amsterdam et Fort-Orange[43]. Une quarantaine d'entre eux furent fait prisonniers par les indiens. Pieter Stuyvesant le rebaptisa Wiltwijck (région des cerfs en néerlandais). Une fois la cession de la Nouvelle-Néerlande aux Anglais effective, en 1664, la ville fut rebaptisée Kingston. En 1777, elle fut promue capitale de l'État de New York, pendant la guerre d'Indépendance américaine.
Au sud, en Virginie, un groupe de sept cents huguenots se sont établis à Manakin[44]. Les huguenots sont arrivés à Manakintown en décembre 1700, directement d'Angleterre, la couronne leur ayant donné officiellement des terres sur le Nouveau Monde, acheminés sur les bateaux Mary and Ann, le Ye Peter and Anthony et le Nassau. Une loi de 1699 leur donne la nationalité anglaise[45].
On les trouve aussi dans la quatrième et dernière zone de la côte Est, les deux Caroline. Au XVIIe siècle, alors que la Georgie est utilisée comme pénitencier, les deux Caroline sont annexées un peu après la Virginie par de nouveaux colons, dont beaucoup de huguenots. En Caroline du Sud, le bateau le Richemond débarque une cinquantaine de familles en 1685. Le voyage a été financé par la couronne d'Angleterre, afin que les huguenots développent la culture de la vigne, du mûrier et de l'olivier.
Dans les décennies qui suivent, les huguenots sont nombreux à emprunter la Great wagon road, qui longe les Appalaches, du Nord au Sud dans l'intérieur des terres, à partir de la Pensylvannie, la colonie créé en 1685 par William Penn, fils de l'amiral William Penn qui a conquis la Jamaïque pour Cromwell en 1655. Cette porte d'entrée des minorités religieuses en Amérique est aussi le pays des Amish, église protestante apparue en Alsace dans les années 1680 et très vite persécutée malgré sa non-violence, décrite dans le film Witness.
L'un des huguenots américains le plus célèbre est Davy Crockett, issu de la famille huguenote de Croquetagne, qui anglicise son nom en se réfugiant en Angleterre, avant de venir dans les Appalaches. En 1828, il est l'élu à la représentant des trappeurs de la « frontière sauvage » du Tennessee, à 700 kilomètres seulement de l'Atlantique, et y combat l'Indian Removal Act du président Andrew Jackson qui veut déporter les Indiens au-delà du Mississippi.
Ailleurs, dans le monde
En Afrique du Sud
Article détaillé : Huguenots d'Afrique du Sud.La Compagnie néerlandaise des Indes orientales, créée en 1602 avec un stock d'or dont le tiers provenait des huguenots des Flandres wallonnes, finance l'installation de huguenots, en 1688, à 60 kilomètres au Nord du Cap, dans le secteur de Franschhoek (« le coin des Français » en néerlandais). Des huguenots du Luberon (Lourmarin et La Motte-d'Aigues) importent la culture du vin, et fondent des hameaux homonymes, dans la première vraie colonie du continent africain, jusqu'alors ceinturé de simple comptoirs.
L'émigration des huguenots vers l'Afrique du Sud n'a concerné que moins d'un millième des 300 000 protestants qui quittèrent la France après la révocation de l'édit de Nantes. Cent-soixante-dix-huit familles font le voyage sur quatre bateaux, entre 1688 et 1691[46].
Les bateaux empruntaient une voie maritime longue, par l’extrémité Nord des îles britanniques, pour éviter les navires français, naviguant quatre mois avec une forte mortalité. On dénombre plus de trente décès pour deux d'entre eux. La majorité des réfugiés ne possède rien ou presque rien en arrivant. Arrivées au Cap, ces 178 familles représentent à elles seules le sixième d'une colonie qui en représente environ un millier et qui avait récupéré après sa création 190 esclaves noirs dans une colonie portugaise des Indes. Une enquête publiée dans le Sunday Times Magazine du 4 octobre 1981, indique que sur les 36 noms les plus usités en Afrique du Sud, neuf sont d'origine huguenote.
Ces protestants sont originaires pour l'essentiel de deux groupes de régions, l'une s'étendant en arc de cercle du Comté de Flandre à la Saintonge, l'autre allant du Dauphiné au Languedoc en passant par la Provence. Un quart vient du Luberon. Ils demandèrent à être regroupés et à bénéficier d’une gestion ecclésiale, avec élection conforme à leur tradition démocratique.
« Parmi eux, il y a des viticulteurs, des spécialistes de la production d’eau de vie et de vinaigre ; de la sorte, nous espérons qu’ils pourvoiront à la pénurie de certains produits dont vous vous plaignez », écrit la Compagnie des Indes orientales, qui leur attribuaient fermes, outils, instruments, graines, remboursés plus tard.
Les plants de vigne passent de cent en 1655, trois ans après l’arrivée de Jan Van Riebeckk, à 1,5 million en 1700, dont 40 000 pour les frères de Villiers et autant pour Jean Roy, de Lourmarin (Luberon). Le vin d'Afrique du Sud, septième producteur mondial, est concentré à 90% dans l'ex-colonie huguenote.
Dans l'océan Indien
De 1691 à 1693, une colonie de flibustiers huguenots a vécu dans l'océan Indien sur l'île Rodrigues, mais sans parvenir à se développer. Cette première colonie permanente établie par le huguenot François Leguat et sept de ses compagnons avait été mandatée sur ordre du marquis du Quesne. Partis d'Amsterdam le 10 juillet 1690 sur la frégate l'Hirondelle, les huit compagnons quittèrent l'île au bout de deux ans sur un radeau de fortune… faute de femmes dans leur exil volontaire. Le récit détaillé de ce voyage par François Leguat dans ses mémoires[47] contribua à faire connaître Rodrigues dans les îles avoisinantes de l'océan Indien : en 1737, ce sont des Français de l'île Maurice et de la Réunion qui leur ont succédé dans l'île.
En Amérique latine
Du hameau de Costeroux, dans le Queyras, Paul Ebren et son épouse, Marguerite Eyméoud, émigrent, vers 1685, au Mexique. Il meurt à Guadalajara, à une époque où les émigrants non-espagnols sont encore très rares en Amérique latine.
À la même époque, on retrouve des huguenots dans le Darien, à la frontière de la Colombie et du Panama, où ils vivent avec les indiens Cunas, dans l'archipel des îles San Blas, parmi les 13 paradis des frères de la côte, dans ce qui deviendra au XXe siècle le territoire autonome de Cuna Yala, au sein de la province du Darién.
En 1688 et 1689, ils organisent régulièrement le Rendez-vous de l'île d'Or, qui consiste à faire traverser une armée de flibustiers anglais écossais et huguenots à travers les jungles de l'isthme, pour accéder aux mers du Sud, une tradition qui remonte aux exploits de Francis Drake et Guillaume Testu à la fin du siècle précédent. En 1715, la communauté compte environ 800 personnes dont plusieurs couples mixtes entre Européens et Cunas, et cultive le cacao.
Représentants célèbres
Fils de Jeanne d'Albret, le futur Henri IV est forcé d'abjurer pour sauver sa vie lors du massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), puis pour prétendre à la couronne de France en 1593. Pendant son règne, il restaure la paix civile en France en signant l'édit de Nantes (13 avril 1598) et en donnant certaines places fortes aux protestants.
Le maréchal Frédéric-Armand de Schomberg, héros des guerres allemandes qui permirent l'essor de la Prusse et de la ville de Berlin, est le chef militaire de la Glorieuse Révolution anglaise de 1688. À la tête de 3 300 huguenots, il a définitivement installé le parlementarisme en Angleterre, un siècle avant la France et mis en place les bases de la révolution industrielle.
Olivier de Serres est à l'origine du développement de la culture de la soie en Europe. Il a causé ainsi la ruine du commerce vénitien.
Ambroise Paré, chirurgien des rois, est à l'origine de plusieurs instruments de médecine actuelle.
La famille Van Robais fonde à Abbeville, avec le soutien de Colbert, une manufacture de draps en 1665. Elle emploie jusqu'à 1 600 ouvriers[48], est revenue à Amsterdam après la révocation de l'édit de Nantes, suivie par de nombreux huguenots de la région.
Francis Marion, héros de la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique, est lieutenant-colonel dans l'Armée continentale puis général de brigade dans la milice de Caroline du Sud. Le film The Patriot de Roland Emmerich est en partie, inspiré de ses faits d'armes.
Voir aussi
- Projet:Protestantisme
- Église wallonne
- Croix huguenote
- Protestantisme
- Église réformée de France
- Henri IV
- Édit de Nantes
- Huguenots d'Afrique du Sud
- Cimetière français de Berlin
- Cimetière de la communauté réformée française de Berlin
- Association suisse pour l'histoire du Refuge huguenot
Liens externes
- La base de données du CNRS
- La base de données du refuge Huguenot du CNRS/LARHRA
- Les réfugiés huguenots, en Allemagne, Angleterre Amérique par Ch. Weiss. Éditions Ampelos
- Le musée du Désert
- Huguenots de France et d'ailleurs
- The National Huguenot society
- The Huguenot Society of Australia
- Deutsche Hugenotten-Gesellschaft
- Bibliothek für Hugenottengeschichte / Bibliothèque pour l´histoire des huguenots
- The Huguenot Web Site
- Les Huguenots, cent ans de persécutions, 1685-1789 par M. de Janzé, ancien député. 1886. Ouvrage en ligne.
- Association suisse pour l'histoire du Refuge huguenot
- Une colonie agricole à Fredericia, au Danemark
- Les huguenots dans l’industrie du fer en Suède
- Les fondateurs d'Esopus, première capitale de l'État de New York
- De Français à paysans : modernité et tradition dans le peuplement du Canada français
- FHM. Fédération huguenote mondiale ry
Bibliographie
- Mickaël Augeron, Didier Poton et Bertrand Van Ruymbeke (dir.), Les Huguenots et l'Atlantique. Pour Dieu, la Cause ou les Affaires, préface de Jean-Pierre Poussou, Paris, Les Indes savantes, 2009
- Yves Krumenacker, Les Protestants du Poitou au XVIIIe siècle (1681-1789). Éditions Honoré Champion, 1997. 528 p., rel. 978-2-85203-742-7
- Le Livre des délibérations de l’église réformée de l’albenc (1606-1682), édition du manuscrit conservé à la bibliothèque d’Étude et d’Information. Fonds dauphinois. Établie par F. Francillon. Éditions Honoré Champion, 1998. 352 p., rel. 978-2-85203-741-0.
- Édifier ou instruire ? Les Avatars de la liturgie réformée du XVIe au XVIIIe siècle. Textes recueillis par Maria-Cristina Pitassi. Éditions Honoré Champion, 2000. 146 p., rel. 978-2-7453-0220-5.
- Didier Boisson, Les Protestants de l’ancien colloque du Berry, de la révocation de l’édit de Nantes à la fin de l’Ancien Régime (1679-1789), ou l’inégale résistance de minorités religieuses. Éditions Honoré Champion, 2000. 800 p., rel. 978-2-7453-0238-0.
- Myriam Yardeni, Repenser l’histoire : aspects de l’historiographie huguenote des guerres de religion à la Révolution française. Éditions Honoré Champion, 2000. 224 p., rel. 978-2-7453-0240-3.
- La Diaspora des huguenots. Les réfugiés protestants de France et leur dispersion dans le monde (XVIe-XVIIIe siècles). Préface de P. Joutard, conclusion de C. Bordes-Benayoun. Textes réunis par Eckart Birnstiel avec la collaboration de Chrystel Bernat. Éditions Honoré Champion, 2001. 208 p., rel. 978-2-7453-0425-4.
- Hubert Bost,Ces Messieurs de la R.P.R. Histoires et écritures de huguenots, XVIIe-XVIIIe siècles. Éditions Honoré Champion, 2001. 416 p., rel. 978-2-7453-0503-9.
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- La Vie intellectuelle aux refuges protestants. Tome II. Huguenots traducteurs. Actes de la Table ronde de Dublin, juillet 1999, édités par Jens Häseler et Antony McKenna. Éditions Honoré Champion, 2002. 192 p., rel. 978-2-7453-0530-5.
- Yves Krumenacker, Des Protestants au Siècle des lumières. Le modèle lyonnais. Éditions Honoré Champion, 2002. 368 p., rel. 978-2-7453-0533-6.
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- Refuge et Désert. L’évolution théologique des huguenots de la Révocation à la Révolution française. Actes du colloque du Centre d’étude du XVIIIe siècle, Montpellier, 18-20 janvier 2001. Édité par Hubert Bost et Claude Lauriol. Éditions Honoré Champion, 2003. 320 p., (ISBN 978-2-7453-0751-4).
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- Jürgen Wilke, « Statut et pratiques judiciaires des Huguenots en Brandebourg-Prusse (1685-1809), », dans Magdelaine (M.), Thadden (R. von), op. cit., p. 111-126.
- Les Réfugiés huguenots en Saxe-Weimar. Leurs manufactures de bonneterie, de Herbert W. Ellinger, 1933.
- Les Soupirs de la France esclave, qui aspire après la liberté, série de pamphlets anonymes de 1689 et 1690, publié à Amsterdam, qu'il faut sans doute attribuer à Michel Levassor[49].
- Jean Tivolier, Monographie de la vallée du Queyras (Hautes-Alpes).
- Gabriel de Convenant, avoué de la « glorieuse rentrée » des Vaudois. Correspondance avec les États-Généraux des Provinces-Unies (1688-1690)[50]
Notes et références
- Jean-Louis Guez de Balzac dans le Socrate Chrestien, 10e discours (1623) sur la meilleure façon de nommer les protestants. Voir la discussion de
- Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français. Volume 8 - Peut-on préciser à quel moment Paris les protestants de France commencèrent à être appelés Huguenots - Paris - 1859
- Voltaire et Sismondi avec citation d'autorité. Pour la première fois par le père Maimbourg, jésuite, dans son "Histoire de la Réforme", origine reprise par
- Huguenot
- XVIe siècle, Paris, Aubier, 1979. Natalie Z. Davis, « Les rites de violence » in Les Cultures du peuple. Rituels, savoirs et résistances au
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- Notice - De l'esprit de conquête au Refuge
- http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9A0CE2D91731E033A25756C2A9659C94629ED7CF
- Huguenots of Manakin Home Page
- http://cdl.library.cornell.edu/cgi-bin/moa/pageviewer?frames=1&coll=moa&view=50&root=%2Fmoa%2Fcont%2Fcont0003%2F&tif=00364.TIF
- http://www.upfsa.co.za/LesHuguenotsdAfriqueduSud.pdf
- François Leguat, « Voyage et Avantures de François Leguat et de fes compagnons en deux isles désertes des Indes Orientales. », Londres, 1707.
- http://www.universalis.fr/encyclopedie/T304139/VAN_ROBAIS_J.htm
- http://books.google.fr/books?id=CJASAAAAIAAJ&pg=PA355&dq=Les+soupirs+de+la+France+esclave&lr=&ei=myvSSNHSJozAzASIvPzpAw
- http://huguenots.ch/fr/C_catalogue.php
Catégories :- Histoire du protestantisme
- Guerres de religion
- Religion sous l'Ancien Régime
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