- Duel (combat)
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Le duel est un combat par les armes, soumis à des règles précises, qui oppose deux adversaires, l’un demandant à l’autre réparation d’une offense ou d’un tort. Il est précédé d'un défi, habituellement signifié par un cartel. Le combat se déroule devant des arbitres, appelés aujourd'hui « témoins », qui veillent au respect des règles ainsi que des conventions particulières fixées au préalable. Celles-ci fixent, entre autres choses[nb 1], le nombre de tirs à l'arme blanche ou à feu. Dans un duel de plaisance, c'est-à-dire pour la galerie, elles fixent le nombre de touches. Si elles conviennent d'un combat à mort, on parle de duel à outrance.
La coutume du duel visait à règlementer et limiter la violence suscitée par un conflit entre deux individus. En fixant les termes de la résolution du conflit, il obligeait les parties adverses à convenir par le dialogue de conditions convenues et constituait une sorte de droit pénal contractuel. En imposant les armes de guerre individuelles, c'est-à-dire en interdisant l'emploi des poings par exemple, il s'adressait de fait principalement à la noblesse au point que les gentilshommes ne condescendaient à s'y préter qu'entre eux: « Jeu de mains, jeu de vilains ». L'esprit qui le gouvernait donnait ainsi plus de prix à la dignité qu'à la vie, à la manière qu'à l'intérêt, et revendiquait la primauté de la liberté individuelle de régler ses affaires sur le recours à la justice publique. Défendu autrefois tant par des tenants d'un régime aristocratique que par des républicains, le duel est aujourd'hui proscrit.
Le mot vient du latin duellum, forme ancienne de bellum, guerre, et non de duo, deux.
Le combat singulier dans l'Antiquité
Le but et la signification du duel ont variés dans l’histoire.
La forme la plus ancienne connue du duel semble être le duel judiciaire pratiqué par les anciens Germains, signalé déjà par César. Cette forme a lentement évolué au cours des siècles, pour aboutir au duel d’honneur.
L’Antiquité romaine n’a pas connu le duel, au sens où nous l’entendons aujourd’hui.[réf. nécessaire] À cette époque il s’agissait soit de combats singuliers, épisodes de guerre pour lesquels aucune règle n’était respectée, la victoire par tout moyen seule important, soit de la réprésentation de ces combats par des gladiateurs mais alors selon des règles très codifiées. Le duel n'était donc dans ce cas qu'un spectacle populaire donnés par des experts chèrement entrainés mais sans droits civiques (infamie), pas même celui d'une sépulture religieuse et encore moins celui de défendre leurs droits ou leur honneur.
Duel judiciaire (avant 1547)
Le jugement de Dieu au Haut Moyen Age
Le duel judiciaire est une des trois formes du « Jugement de dieu », procédure qui comprend :
- le serment purgatoire : L'accusé prend Dieu à témoin de la justesse de ses paroles, il prête alors serment sur des reliques de saints ou sur la Bible en présence de co-jureurs (qui témoignent de sa bonne foi). Jurer devant Dieu permettait de se « purger » de l'accusation. Être parjure était puni de l'amputation de la main droite sous Charlemagne. Ce type de preuve précédait l'ordalie dans la procédure et était souvent suffisant[1].
- l’ordalie : test de la culpabilité ou de l’innocence d’une seule personne sans combat. Les institutions religieuses s'y opposent car pour elles, on ne doit pas soumettre les hommes au jugement divin. Cependant, ne pouvant les empêcher, elle les tolère jusqu'à leur interdiction par Saint Louis en 1258.
- le duel judiciaire (type d'ordalie bilatérale). Cette dernière forme était une sorte de procès dans lequel la décision finale était fixée par l’issue du combat entre les deux adversaires. Pour que le résultat fût à chaque fois indiscutable, il fallait qu’il existât des règles préalables, connues et acceptées de tous, et donc une autorité pour les énoncer, les légaliser et les faire appliquer.
Les premiers textes connus réglementant cette pratique datent du début du VIe siècle, époque des grandes invasions : ce sont la loi Gombette (501) et la loi des Francs Ripuaires, toutes deux d’origine germanique. Cette pratique se répandit lors du Haut Moyen Âge. Avant ces codes, seuls les peuples germaniques d'Europe du Nord disposaient de la compensation du Wergild afin d'éviter les tueries.
Les règles formalisant le combat concernent :
- ses limites, définies à l’intérieur d’un champ clos ;
- son officialisation, par la désignation comme président d’un personnage important, appelé le maréchal de camp, assisté de juges et de hérauts ;
- son caractère solennel, par un cérémonial et des pratiques religieuses ;
- son impartialité, par le contrôle des deux adversaires et la désignation équitable des places de chacun d’eux ;
- les armes permises selon l’appartenance sociale des combattants ;
- la désignation d’un combattant substitut dans le cas où une des personnes concernées ne pouvait se battre, (femme, enfant ou ecclésiastique).
Charlemagne reconnut toujours la preuve par combat, mais recommandait à ses lieutenants de faire tous leurs efforts pour résoudre autrement les conflits privés relevant de leur autorité, afin d’enrayer ces effusions de sang, ce qui montre que ce type de combat était alors une procédure trop fréquente.
Le Concile de Valence le condamna en 855, proclamant « le survivant du duel sera considéré comme un meurtrier, le perdant comme un suicidé, et sera donc privé de sépulture ».L’issue d’un tel combat, autorisé par la loi et consacré par des cérémonies religieuses, était regardée comme un jugement de Dieu. Le vainqueur était reconnu automatiquement innocent, et le vaincu, désigné indubitablement coupable par Dieu lui-même, devait donc subir la peine correspondant au crime commis. Seul le roi avait le droit de grâce.
La réglementation judiciaire du duel au Bas Moyen Age
Ces pratiques suscitaient l'étonnement du monde musulman, habitué à fonder les preuves sur les témoignages et les aveux. Ainsi, le prince syrien Ibn Mounqidh s'étonne, au XIIe siècle, de cette coutume jugée barbare, en décrivant le duel entre un forgeron et un vieil homme, censé révéler, selon la coutume chrétienne, la vérité, et déclare : « Où était la justice dans tout cela ? Où le criminel ? Et où l'innocent ? » [2]. Elles perdurèrent jusqu'au règne de Philippe le Bel, car l'aristocratie y trouvait le moyen de démontrer son habileté aux armes.
En 1235, le Miroir des Saxons codifie très précisément le duel comme un prolongement de la légitime défense. En 1258, un édit de Saint Louis interdit l'ordalie et ordonne le duel judiciaire, tout en préconisant les preuves écrites et orales, notamment l'enquête de témoins et le serment purgatoire. Louis IX, puis Philippe le Bel fixèrent des limitations visant à réduire l'usage du duel. À partir de cette époque, le duel judiciaire ne fut plus admis lorsque la culpabilité ou l’innocence de l’accusé était manifeste, lorsque les voies ordinaires de la justice permettaient l’établissement de la vérité, ou encore en temps de guerre. Dès lors, il ne fut plus question de jugement de Dieu, mais uniquement de duels judiciaires. A Paris, ceux ci étaient organisés dans l'île Notre Dame[3].
Les règlements de Philippe le Bel de 1306 sur le duel judiciaire déclaraient à l’égard du vaincu :
« Si le vaincu est tué, son corps sera livré au maréchal du camp, jusqu’à ce que le roi ait déclaré s’il veut lui pardonner ou en faire justice, c’est-à-dire le faire attacher au gibet par les pieds.
Si le vaincu est vivant, il sera désarmé et dépouillé de ses vêtements, tout son harnois sera jeté çà et là par le champ, et il restera couché à terre jusqu’à ce que le roi ait pareillement déclaré s’il veut lui pardonner ou qu’il en soit fait justice.
Au surplus tous ses biens seront confisqués au profit du roi, après que le vainqueur aura été préalablement payé de ses frais et dommages. »Le déclin du duel judiciaire après la Guerre de Cent Ans
Avant la guerre de Cent Ans, les conflits féodaux avaient un caractère tout personnel. Durant celle ci, l'ampleur des armées, le caractère civil d'une guerre qui impliquait la bourgeoisie, son commerce et ses finances, la naissance d'un sentiment national interdirent de réduire le sort des batailles au jeu privé des duels. Ce fut la raison invoquée[4] par Philippe de Valois pour refuser le cartel proposé en août 1340 à Tournai par Edouard d'Angleterre pour trancher leur conflit dynastique. L'habitude était en effet de considérer le champ de bataille comme autant de duels possibles. Ainsi vit on le maréchal de Clermont et Jean Chandos se défier le 18 septembre 1356, veille de la bataille de Poitiers, parce qu'ils portaient chacun dans leurs armes respectives la même Dame d'azur au soleil rayonnant[5]. Le maréchal perdit la vie le lendemain en combat singulier au milieu du massacre. Inversement, le Duc de Bourgogne se vit interdire[6] par le roi de répondre au cartel que lui avait adressé oralement à Troyes en août 1380 le Comte de Buckingham[7]. Cette occasion vit, par exemple, les impératifs logistiques primer sur l'honneur et le défi lancé par l'écuyer Gauvain Micaille, relevé par le maréchal Fitz Water, fut tout simplement reporter sine die par Buckingham qui ne pouvait attendre[8].
L’infaillibilité du jugement de Dieu ne fut entamée que lors de l’affaire opposant Jean de Carrouges et Jacques Legris. La Dame de Carrouges, Marguerite de Thibouville, accusa Jacques Legris, gentilhomme du comte d'Alençon, de s'être introduit, de nuit et masqué, dans son donjon afin d’abuser d’elle alors que son mari guerroyait en Ecosse[9]. Legris protesta de son innocence mais la justice n’ayant aucun moyen de découvrir la vérité, un jugement de Dieu fut ordonné en décembre 1386. Legris fut vaincu et on l’acheva en le pendant au gibet. Quelque temps après un malfaiteur avoua le viol parmi d'autres crimes. Legris mort innocent, Carrouges alla se faire tuer en croisade[9].
Le dernier duel judiciaire autorisé par un roi de France eut lieu le 10 juillet 1547. Connu sous le nom de Coup de Jarnac, il opposa Jarnac et La Châteigneraie. Les duels judiciaires disparurent définitivement sous Louis XIII.
Duel d’honneur (après 1547)
Le duel interdit et toléré sous l'Ancien Régime
Le roi ne donnant plus l’autorisation de se battre, on s’en passa, le duel judiciaire prenant alors une nouvelle forme au XVIe siècle, le duel du point d'honneur. Dans le désir de braver le pouvoir royal grandissant, on se battait pour n’importe quelle raison, et au besoin on inventait un prétexte concernant son honneur (privé ou public) quand l’envie venait de vouloir simplement se mesurer les armes à la main. Le duel devint une mode, et sous l’influence des maîtres italiens, l’épée en devint l’arme quasi-exclusive avec la dague et, parfois, la lance.
Le résultat fut qu’en quelques décennies les gentilshommes tués en duel se comptèrent par milliers. Entre 1588 et 1608, ont été comptabilisés près de dix mille gentilhommes tués pour des questions d'honneur[10], soit une moyenne de cinq cent par an ou deux par jour de semaine. Devant cette hécatombe, les souverains successifs reconnurent la nécessité d’interdire cette pratique. Mais issus eux-mêmes de cette aristocratie batailleuse et sourcilleuse, et bien que défenseurs de la religion interdisant cette pratique, ils montrèrent toujours beaucoup d’indulgence envers les duellistes. Les édits d’interdiction se multiplièrent (en 1599, 1602, 1613, 1617, 1623, etc.), mais pas autant que les lettres de grâce, annulant leurs effets : Henri IV en signa 7 000 en 19 ans.
Puis vint Richelieu. Il fit paraître un nouvel édit le 2 juin 1626, prévoyant la peine de mort pour les contrevenants. Dès 1602 avait été introduite autour d'un Tribunal du point d'honneur une législation qui finit sous Louis XIII par assimiler le duel à un crime de lèse-majesté. Celle ci fut appliquée avec la dernière rigueur. La sanction la plus spectaculaire fut, le 21 juin 1627, la décapitation de François de Montmorency-Bouteville, qui s’était pris la fantaisie de se battre en plein jour, place Royale, avec François d'Harcourt, marquis de Beuvron, lequel s’enfuit en Angleterre. La scandale d'une jeunesse se tuant pour des raisons frivoles fut dénoncé au cœur même de la Cour par Malherbe[11] dont le fils, lui même duelliste qui avait bénéficié d'une grâce, fut assassiné le 13 juillet 1627 pour avoir empêcher un duel.
Le duel devint alors une forme de revendication de l'indépendance de l'aristocratie contre l'absolutisme. Déjà en 1625, deux cents gentilhommes manifestaient contre la condamnation d'un des leurs[12]. En 1679, Louis XIV cru pouvoir déclarer « le duel aboli » mais entre 1685 et 1716, le nombre de morts ne « chuta » qu'à quelques quatre cents, pour dix mille duels comptabilisés au sein de l'armée, sans compter les morts par blessures intervenues hors champ[13].
Si les duels se firent plus discrets, ils se poursuivirent comme une mode, gagnant les ecclésiastiques (le cardinal de Retz en était friand) et comme un fantasme, en étant attribués à des femmes. Fougeroux de Campigneulles relate notamment les duels prêtés à la cantatrice Julie d'Aubigny et le duel au pistolet de 1718 entre la marquise de Nesle et la vicomtesse de Polignac, toutes deux cousines et amantes du maréchal de Richelieu[14]. Il n’était pas rare que les seconds combattissent également entre eux. En 1652, lors du duel des ducs de Nemours et de Beaufort, il y eut dix personnes qui se battirent ensemble dans le marché aux chevaux où eut lieu la rencontre. Il y eut trois morts et plusieurs blessés.
Entre juin 1643 et octobre 1711, Louis XIV promulgua pas moins de onze édits interdisant le duel et renforçant les peines, sans pour autant faire cesser cette pratique. Louis XVI, poursuivant cette politique, prononça quelques exils. La maréchaussée restait souvent impuissante quand les duels étaient organisés dans des lieux offrant une immunité de fait, la cour des miracles ou les lieux privés laissés ouverts au public, tels Le Temple, le Palais-Royal, les ruines du château de Madrid[15].
Démocratisation et codification du duel après la Révolution
À la Révolution, l’Assemblée législative rendit un décret d’amnistie générale concernant le duel. Un projet de loi contre le duel n’eut pas de suite. On en revint à un régime de tolérance, avec pour conséquence une démocratisation et une recrudescence des duels d’honneur. A la chute de l'Empire, les « crânes », officiers démobilisés et autres demi-soldes, tel le légendaire[16] Surcouf face à douze prussiens ou quelques russes, n'hésitent pas à provoquer en duel les occupants puis sous la Restauration à régler sur la place publique leurs fréquents différends avec les légitimistes.
Le Code pénal de 1810 n’ayant pas traité explicitement le duel, ce fut la jurisprudence de la Cour de Cassation, établie avec beaucoup d’hésitations (jusqu'à un arrêt de 1837, elle privilégia le code d'honneur au code pénal, considérant qu'il s'agit d'une légitime défense, d'autant plus que la convention qui règle les modalités du combat suppose une entente préalable[17]), qui fut employée ; à savoir, la peine d'assassinat en cas de mort d’homme, de tentative d’assassinat lorsque le duel avait été convenu à mort, et, dans le reste des cas de coups et blessures volontaires. Mais dans la réalité bien peu de duellistes furent poursuivis, et encore moins condamnés, tandis qu’une véritable rage du duel s’emparait du XIXe siècle.
Le duel entra dans les mœurs et devint une sorte d’institution propre à la bourgeoisie et à l’aristocratie, bénéficiant de la bienveillance des autorités. Il devient l'apanage des parlementaires et des journalistes, en quête de légitimité. Lors du duel opposant Clemenceau et Déroulède, les gendarmes étaient bien présents, mais non pour arrêter les participants : ils s’employèrent à contenir la foule trop nombreuse des curieux. Une codification de plus en plus stricte s'élabora, comme en témoignent la publication de nombreux manuels de duels (le plus célèbre étant l'Essai sur le Duel du Comte De Chateauvillard en 1836) qui précisent les procédures :
- - armes « légales » (épée, pistolet et sabre, surtout utilisé par les militaires)
- - choix de l'offensé pour la date, le lieu et les armes du duel,
- - nombres de témoins (deux pour le pistolet, quatre pour l'épée ou le sabre),
- - types de duels (au premier sang ou à mort, au commandement, au visé, etc.)[18]
La plupart des grands noms de ce siècle (Théophile Gautier ou Alexandre Dumas père qui popularisent le roman de cape et d'épée), des personnes qui montrèrent par ailleurs leur intelligence et leur réflexion (Proudhon, Henri Rochefort, « l'homme aux vingt duels ») se retrouvèrent sur le terrain à risquer leur vie parfois pour des prétextes futiles. L’effet de mode et la pression sociale expliquent ces conduites. Le « monsieur qui ne se bat pas » devenait un poltron infréquentable, et cette peur de l’exclusion de la société, de la ruine d’une réputation, fit, pour une bonne part, accepter un combat où l’on n’était pourtant pas sûr de briller. La phrase de Pierre Nicole dans ses « Essais de morale » restait d’actualité : « Combien de gens s'allaient battre en duel, en déplorant et en condamnant cette misérable coutume et se blâmant eux-mêmes de la suivre ! »
Victor Hugo, dans une lettre à sa fiancée Adèle Fouché, résume bien le dilemme posé par le duel aux hommes de ce temps : « Quand un homme raisonnable a eu le malheur de se battre en duel, il doit s’en cacher ou s’en accuser comme d’une mauvaise action ou d’une extravagance..... Le duel ne cesse d’être méprisable qu’en devenant odieux. Voilà toute ma pensée. Je dois cependant pour la compléter ajouter qu’il est des cas où le plus honnête homme ne peut se dispenser d’avoir recours à ce sot préjugé. » Il venait lui-même de se battre quelques mois plus tôt.
Entre 1826 et 1834, il y eut en France plus de deux cents morts par duel. De nombreuses personnalités, comme Évariste Galois, Armand Carrel et Alexandre Pouchkine, y laissèrent la vie. Aux Etats Unis, l'interdiction votée par le Congrès en 1839 à l'instar de la Loi Anti-Duel adoptée par la Virginie en 1810, n'eût quasiment aucun effet. Entre 1798 et 1861, la Marine perdit les deux tiers de ses midships dans des duels, malgré, sinon grâce à la rengaine des prêches publiés à foison.
Dans les universités autrichiennes et allemandes, une forme de duel noble au sabre, la Mensur, était pratiquée tout au long du XIXe siècle. Après l'accident mortel d'Adolph Erdmannsdörffer en 1845, cette pratique perdit de sa force, mais pu être observée jusqu'au cours du XXe siècle dans les fraternités d'étudiants.
Le déclin de la coutume du duel
Dès la fin du XIXe siècle, cette mode perdit de sa force : le « duel au premier sang » (majoritairement au pistolet peu précis) devint de plus en plus une mise en scène raillée dans des journaux ou romans. En 1870, l'affaire Victor Noir jette une certaine oppobre sur les adeptes du duel. En Angleterre, Contrairement à ce qui s'est passé en France, le duel, perçu comme la coutume d'une classe aristocratique restée en place, a très tôt fait l'objet d'une réprobation morale, en particulier de sociétés de vertu très actives. Le dernier duel qui s'y solda par un décès fut celui de deux français exilés à Englefield Green en octobre 1852[19], entre le blanquiste Emmanuel Barthélémy et l'organisateur de la résistance au coup d'état du 2 décembre 1851, Constant-Frédéric Cournet[20].
En Italie, la loi du 26 avril 1875 proscrit le duel, qui restera toutefois impuni par le réglement militaire jusqu'à la loi n° 1938 du 19 octobre 1930.
En Bade en 1890, le duel Vering-Salomon, provoqué par une injure antisémite, remet en cause la politique d'assimilation d'une Allemagne à peine unifiée. La complaisance des milieux conservateurs soutenus par l'Empereur, dont des proches adhèrent à des sociétés d'étudiants, est alors pointée du doigt. La crédibilité de la famille impériale est directement mise en question en 1895 quand, pour clore l'affaire Kotze, le Chambellan de l'Empereur provoque en duel deux de ses détracteurs. L'année suivante, la mort du juriste Zenker, tué en duel par un lieutenant de l'équipage personnel de l'Empereur, Ketelhodt, ajoute au scandale malgré le soutien à l'institution du duel qu'exprime à cette occasion le chef du Parti National Libéral, Rudolf von Bennigsen. Il faudra attendre la mort en duel en janvier 1902 du fils de celui ci, le sous-préfet Adolf von Bennigsen, pour que soit créée une Ligue anti duel.
A la veille de la Première Guerre Mondiale, le duel parsien n'est guère plus qu'un spectacle que se donne à lui même un milieu interlope, tel celui auquel assiste Pierre Lestringuez au Moulin Rouge[21]. Les deux guerres mondiales relèguent l'honneur militaire individuel. Les officiers, pour qui la guerre est une forme de duel, ne peuvent rester debout face au feu des canons ennemis[22]. Le duel tomba complètement en désuétude après la Seconde Guerre mondiale, d'autant plus que la diffamation devînt judiciairement répréhensible. Il n'en restat que le « duel des avocats ».
En 1919, le pacifiste Alain, dénonçant la lâcheté des gouvernements et des états majors ayant conduit à la barbarie de 14-18 et préconisant une éthique du courage en forme de dissuasion face à la mauvaise foi et et l'irresponsabilité individuelle, est un des derniers à défendre l'institution du duel « civilisé » : « que celui qui célèbre la guerre fasse la guerre aussitôt. »[23]
Les derniers duels connus sont ceux de Serge Lifar et du Marquis de Cuevas en 1958, et de Gaston Defferre et René Ribière en 1967 après une altercation entre les deux hommes dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Le dernier pays à avoir interdit le duel fut l'Uruguay dans es années 80. En 1999, l'Italie a en quelque sorte dépénalisé le duel en ne prevoyant de sanction qu'en cas de lésion.
Quelques duels et duellistes célèbres
Duellistes compulsifs
- Paul de Cassagnac (vingt deux duels entre 1880 et 1889 sans jamais être blessé)
- Aurélien Scholl, rédacteur du Nain jaune, grièvement blessé
- Henri Rochefort (blessé)
- Henri Lissagaray, son cousin, rédacteur de l'Avenir, au Vésinet en septembre 1868. Au cours de ce combat, Lissagaray reçut plusieurs blessures, dont la dernière en pleine poitrine, qui le mit au lit pour un mois. À peine rétabli, il renvoya ses témoins chez Cassagnac pour reprendre l'affaire. Celui-ci répondit: " Non monsieur ! j'ai pu consentir à être votre adversaire, il me répugne de devenir votre charcutier...". Pour ce duel, Cassagnac fut condamné à six jours de prison et les quatre témoins à cinquante francs d’amende.
- Gustave Flourens (juillet 1869), épée, blessé au ventre.
- Henri Rochefort (« l’homme aux vingt duels et trente procès »)
- M. Koechlin le 3 juin 1880
- un officier espagnol au sujet d’un article sur la Reine d’Espagne
- Prince Achille Murat (Rochefort blessé)
- Paul de Cassagnac (Rochefort blessé)
- Après ces deux derniers duels malheureux, Rochefort annonça qu’il n’accepterait plus aucun défi.
- Rodolphe Darzens (Moscou, 1865 - Paris, 1938), poète co fondateur du Symbolisme[24] et découvreur de Rimbaud[25] (treize duels entre 1887 et 1893)
- Jean Moréas le 20 mai 1888[26] à l'épée. La maîtresse de Darzens, Elisabeth Dayre, future Madame Gustave Kahn, surnommée L'Anthologie tant elle était connue dans les cercles littéraires pour être volage, lui avait finalement préféré, en 1887, le poête grec[27], vilipendé par le même Darzens dans sa revue La Pleiade[28]. Darzens avait envoyé plusieurs fois ses témoins et agressé physiquement trois fois son rival quand celui ci finit par consentir au duel. Après avoir touché son adversaire beaucoup plus grand que lui, Moréas se trouva corps à corps avec lui et saisit l'épée de celui ci par un réflexe de sa main gauche. Le duel fut interrompu par les témoins et Moréas, déshonnoré par la presse politique, où l'antisémitisme était habituel, « sous l'accusation de félonie et traîtrise »[29] comme auteur « du coup du juif » [29] si bien qu'il provoqua en duels, sans suite, plusieurs de ses railleurs.
- Julien Leclercq le 31 décémbre 1890 à l'épée. En demandant la main de la fille de Darzens, Leclercq s'était vu en devoir de produire un certificat médical attestant qu'il n'était pas pédéraste[30] et les deux hommes en étaient venus aux mains[31]. Les témoins de Leclercq étaient Jules Renard et Paul Gauguin[31].
Motifs obscurs
- Mikhaïl Lermontov et Nicolaï Martynov le 27 juillet 1841 près de la ville d'eau de Piatigorsk alors qu'ils étaient en garnison dans le Caucase. Le duel aurait été mis en scène selon la description faite quelques mois plus tôt par Lermontov dans Un héros de notre temps, au bord d’un précipice, afin que si un quelconque combattant était blessé jusqu’à perdre pied, son destin soit scellé. Ce fut le cas de Lermontov.
- Jules Vallès, alors pigiste à La Revue des deux Mondes, et son jeune ami de vingt et un ans, Louis Poupart-Davyl, qui sera grièvement blessé au bras gauche, en 1856. Les raisons sont obscures.
Arbitrages d'une bataille
- Le duc de Bourbon et le Grand Ferré, duc de Montferrand, capitaine de la forteresse de Verteuil, en 1385, épisode fameux de la Guerre de Cent Ans. Le premier appuyait l'expédition conduite par Geoffroy de la Rouchefoucauld pour reprendre Verteuil cédé aux anglais par le Traité de Brétigny. Le Grand Ferré baissa sa lance en signe de reconnaissance de la vaillance du français et céda la place le lendemain[32] sans plus de morts.
- Jean de Waldburg, comte de Sonnenberg alors agé de dix sept ans, et Antonio Maria di Sanseverino, fils du condottiere défendant Venise à l'été 1487 à Rovereto. Par le cri convenu de Catharina!, le second reconnut sa défaite qui figea la guerre de Roverto par laquelle Sigismond d'Autriche, très endetté, s'était emparé des mines d'argent de la la République Sérénissime.
Litiges en affaires
- Duel judiciaire entre Wilhelm Marschalk von Dornsberg et Theodor Haschenacker sur le marché aux vins d'Augsbourg en 1409. Le glaive du premier brisé, le second fut tué par le sien.
- Ben Jonson et Gabriel Spenser, acteur de la compagnie du premier, le 22 septembre 1598 à Hogsden Fields. La pièce Chacun tel qu'en son trait d'esprit ayant été donnée par une compagnie rivale, il a été supposé que le différent portait sur ce point.
- Robert Mansell, chef d'escadre britannique et futur amiral, et le frère du parlementaire Christopher Heydon, John, en janvier 1601. Pour une querelle de voisinage, celui perdit sa main gauche, aujourd'hui conservée momifiée au château de Norwich. Le duel nourrit la légende de la Royal Navy.
- Alexandre Dumas et Frédéric Gaillardet, un de ses collaborateurs, duel au pistolet en 1832, sans conséquence, au sujet de la paternité de la pièce de théâtre La Tour de Nesle.
- En mars 2008, l'écrivain Thomas Gunzig, ceinture marron de karaté, provoque en duel d'arts martiaux l'éditeur Luc Pire, ceinture rouge de taekwondo, à la Foire du livre de Bruxelles, afin de récupérer ses droits sur un de ses livres. L'écrivain en sort vainqueur[33].
Réparations d'une humiliation
- Victor Hugo et un garde du corps à Versailles en juillet 1821. Hugo fut légèrement blessé au bras. La raison invoquée de ce duel était que ce garde du corps avait arraché des mains d’Hugo la feuille qu’il tenait. Il est possible que ce ne fut pas le véritable motif.
- Sainte-Beuve, jeune critique ambitieux, et son ancien professeur de Rhétorique, Paul-François Dubois, l’un des propriétaires du journal Le Globe rallié à la nouvelle monarchie, le 20 septembre 1830. Pour une paire de soufflets distribuées par le patron à son employé[34], quatre balles furent échangées sans résultat et sans rancune[35]. Comme il pleuvait à verse, Sainte-Beuve conserva son parapluie à la main[36].
- Serge Lifar, cinquante trois ans, et le Marquis de Cuevas, soixante douze ans, à l'épée le 30 mars 1958 près de Vernon. Celui ci avait giflé le premier qui lui interdisait de modifier sa chorégraphie. Lifar est touché sous l'avant bras droit par un coup d'arrêt[37].
- René Ribière et Gaston Defferre, qui l'avait traité d'« abruti » — le 21 avril 1967 à Neuilly, à l'épée. Ribière est touché deux fois, sans gravité. Ce duel est souvent considéré comme le dernier ayant eu lieu en France.
Défis entre maîtres d'armes
- Kojirō Sasaki, champion du sabre long, et Musashi Miyamoto, qui tua son adversaire avec un ou deux sabres de bois, le 13 avril 1612.
- Le chevalier de Saint George et Gian Faldoni le 8 septembre 1766 à Paris, défi sportif du maître d'armes italien au champion français remporté sur celui ci quatre touches à deux.
- Le chevalier de Saint George et le chevalier d'Éon à Carlton House le 9 avril 1787. Rencontre sportive organisée devant le tout Londres par le Prince Régent, le « duel du siècle » fut remporté sept à zéro par un Éon travesti.
- Ciriaco Cañete et Venancio Bacon, chacun défenseur d'une école d'escryma différente. Cañete a soutenu 1948 à Balamban un autre défi célèbre contre un mystérieux Domingo, maître d'arnis.
Duels galants
- Duel des Mignons le 27 avril 1578 au marché aux chevaux de Paris. Des courtisans se battent pour la faveur d'Henri III avec leurs témoins, trois contre trois. Quatre morts et un blessé.
- Henri de Sévigné, joli marquis exalté et fâcheux[38] de trente deux ans, et François Amanjeu d'Albret, comte de Miossens[39], le 4 février 1651 à Picpus[40]. Il avait été rapporté à celui ci que le marquis avait déclaré[41] que Charlotte Galland alias Lolo[42] de Gondran[43], née Bigot de la Honville[38], la maîtresse qui avait remplacé Ninon de Lenclos dans le cœur de ce dernier, « ne fait pas grand cas du chevalier d'Albret ». Cette prétendue cousine du chevalier, courtisée par lui[44], belle-fillle d'un avocat de renom, venait en effet de recevoir de Sévigné un bijou de grand prix, cadeau que cinquante mille écus cédés récemment par sa femme promettait de renouveler. Le marquis nia les propos mais ne se justifiait « jamais que l'épée à la main »[41]. Sur le terrain, les deux hommes se réconcilièrent et s'embrassèrent mais l'esprit du temps était de ne pas manquer une occasion de se battre[45]. Après avoir été touché quatre fois dans le vêtement, Albret para avec une lenteur courtoise[46] mais Sévigné, tout à fait fantasque[47], s'embrocha sur le fer ainsi présenté[46], et mourrut de sa blessure le surlendemain, donnant par là toute sa liberté[48] à une grande femme de lettres, la marquise de Sévigné, sa veuve.
- Charles Amédée de Savoie-Nemours et son beau frère François de Vendôme, cousin germain de Louis XIV, le 30 juillet 1652 à Paris. Ils commandaient tous deux l'armée des Princes durant Fronde. Le duc de Nemours fut tué pour l'amour de Madame veuve de Châtillon.
- George Villiers, 2e duc de Buckingham et Charles Talbot onzième comte de Shrewsbury le 16 janvier 1688. Buckingham, amoureux de la comtesse de Shrewsbury, tua son mari en duel puis se vanta d'avoir obtenu les faveurs de la comtesse avant même qu'il eût ôté ses vêtements ensanglantés[49].
- Évariste Galois, professeur de mathématiques de vingt ans, et Ernest Duchâtelet, chartiste et compagnon de la Société des amis du peuple, pour « l’honneur d’une femme » dont il se crut aimé puis rejeté, le 29 mai 1832 à La Glacière près de Paris. Galois, touché par balle au bas de l’abdomen, mourut le lendemain. Ses travaux à l'origine des mathématiques modernes seront prolongés par les mathématiciens de tous pays avec quinze ans de retard.
- Alexandre Pouchkine et son beau frère, Georges-Charles de Heeckeren d'Anthès, un lieutenant alsacien, au bord de la Rivière Noire dans les faubourgs de Saint-Pétersbourg le 8 février 1837 (calendrier grégorien)[50]. Une campagne de lettres anonymes, que le poëte soupconnait d'avoir été menée par le père d'Anthès, l'avait nommé « coadjuteur du grand maître de l'Ordre des Cocus ». La dernière lettre, qui provoqua le duel deux jours plus tard, dénonçait un rendez vous entre sa femme et son beau frère. Pouchkine reçoit une balle au ventre et meurt deux jours plus tard.
- Jean-Baptiste Rosemond de Beauvallon et Alexandre Dujarrier le 11 mars 1845 pour une actrice. Beauvallon, qui avait provoqué sous un prétexte un Dujarrier inexpérimenté, le tua au pistolet et fut condamné avec son témoin à dix ans de réclusion. Le procès mis en débat public la jurisprudence du duel.
Assassinats politiques déguisés
- Pierre Wessel, vice-amiral danois, et Jacob Axel de Staël von Holstein, officier livonien de la Couronne de Suède et donc alors ennemi. Le 12 novembre 1720, près de Hanovre, le héros national danois est tué déloyalement de deux coups de sabre.
- John Wilkes, député libertin et révolutionnaire, et Samuel Martin, ancien secrétaire au Trésor, le 16 novembre 1763 à Hyde Park. Dans les suites de l'affaire du North Briton, Martin provoqua Wilkes, qui fut atteint d'une balle à l'estomac et dut fuir à Paris. Le Parlement abolit à cette occasion l'immunité parlementaire pour des libelles contre le Roi.
- Le constituant whig Button Gwinnett, et Lachlan McIntosh, héros de l'Indépendance et rival politique. Le président du gouvernement provisoire de Géorgie Gwinnett avait envoyé Mac Intosh se faire tué dans une expédition militaire impréparée et avait fait arrêté son frère pour trahison. De retour, Mac Intosh avait traité devant l'assemblée celui qui le rendait responsable d'une défaite électorale au poste de gouverneur, de « scélérat et racaille menteuse ». Le 16 mai 1777 dans le parc de la résidence du gouverneur britannique à Thunderbolt, chacun fut atteint d'une balle. Gwinnett mourrut trois jours plus tard d'infection.
- Duel Hamilton-Burr entre Alexander Hamilton, coauteur de la Constitution américaine, et Aaron Burr, vice-président des États-Unis. Celui ci, durant la campagne électorale pour la présidence, s'est déclaré offensé par des propos tenus par son adversaire politique au cours d'un dîner auquel il n'assistait pas lui même, propos dont Hamilton déclaraient du reste ne pas se souvenir précisément sinon qu'ils n'étaient pas injurieux. Gravement blessé par balle le 11 juillet 1804 sur les hauteurs de Weehawken, ce dernier décède le lendemain.
- Le comte Léon, premier fils de Napoléon, et le capitaine Hesse, bâtard de la margravine d'Anspach[51] et peut être du Duc d'York[52], le 24 février 1832[52] au bois de Vincennes entre le fort[53] et Nogent[54]. Le dandy[52] « Hesse » avait servi précédemment comme courrier secret de la princesse de Galles[55] puis comme amant de la reine Isabelle[55] en service commandé par sa mère[52]. Le capitaine, une des ordonnances de Wellington[56], avait insulté le souvenir de l'Empereur huit mois plus tôt[56], au cours d'une partie d'écarté[53] entamée avec le comte au Cercle des Etrangers, rue Richelieu[56]. Tirant le premier[53] soit par traîtrise ou maladresse[54] soit parce qu'il avait habilement obtenu la position d'offensé, il manqua son tir et mourrut d'une balle en pleine poitrine[53] quelques moments plus tard sans avoir pu être transporté[53]. Le comte, qui portait en talisman un bouton que lui avait remis la Reine Hortense[54], fut acquitté en août[57]. La documentation ne permet pas de savoir si le duel était une provocation.
- Armand Carrel, patron de presse d'opposition, et Émile de Girardin, député en passe de lancer un journal à un prix écrasant toute concurrence. Le député, ami de l'ex ministre doctrinaire Guizot[58], menaçait[59] de révéler la vie maritale que le journaliste génant, promis aux premières fonctions politiques[60], menait depuis quatorze ans avec l'épouse d'un de ses commandants de régiment[61], le divorce étant alors interdit. Le duel à outrance était résolu, au moins dans l'esprit de Carrel, pour qui il ne faisait pas de doute qu'il s'agissait bien de l'élimination physique d'un adversaire politique[62]. Il était pourtant opposé par principe au duel[63] pour avoir déjà été blessé dans trois précédents[64] [65] [66]et avait dans premier temps déjoué ce quatrième[67]. Le 22 juillet 1836, au bois de Vincennes, il reçut au ventre une balle tirée entre trente et quarante pas et mourrut quarante huit heures plus tard. Girardin, qui avait aussi trois duels à son actif et avait ourdi sciemment celui ci[68], fut blessé à la cuisse et prit la résolution de ne plus jamais se battre.
- Général José Miguel Barceló, président de la Chambre des Députés du Vénézuela, tué par le général Edouard Scanlan, fils du consul de France, puis inhumé au Panthéon à Caracas le 13 mai 1878. Celui ci était mécontent des réformes menées par le premier[69].
Rivalités personnelles entre politiciens
- Andrew Jackson, futur président des Etats-Unis, et le procureur Dickinson en mai 1806. Charles Dickinson, fameux duelliste, tira le premier une balle qui resta logée dans la poitrine de son adversaire toute sa vie et fut abattu quand ce fut le tour de celui ci.
- Le commissaire aux affaires maritimes Stephen Decatur et le chef d'escadre James Barron sur le « terrain des duels » près de Washington le 22 mars 1820. Le « Conquérant des Barbaresques » Décatur (il avait bombardé Alger en 1815) paya son opposition à la réintégration de son adversaire d'une balle mortelle.
- Robert Crittenden, ministre du Territoire de l'Arkansas, et Henry Wharton Conway, receveur, le 29 octobre 1827 près du bourg de Napoléon. Le poste de gouverneur ayant échappé au premier, celui ci tua le second alors élu délégué au Congrès des Etats Unis.
- George A. Waggaman, sénateur whig de Louisiane, et le maire jacksonien de la Nouvelle Orléans. Le premier décède des suites de ses blessures le 31 mars 1843.
- Pierre Joseph Proudhon, député à la Constituante incompris et raillé pour ses idées communistes[70], et Félix Pyat, député de premier plan de la Montagne dans la même assemblée, le 1er décembre 1848. Proud'hon fustigeait les incohérences du projet de loi sur le droit du travail et le jeu politicien de Félix Pyat[71], et critiquait la modération des amis de celui ci, jugés tout à leurs réélections, dans son journal Le Peuple. Pyat lui même y fut décrit le 25 novembre 1848 par E. Madier de Montjau en « aristocrate de la démocratie »[72]. Croisant Proud'hon dans les couloirs de l'Assemblée le soir même, il le traita d'« abominable cochon », ce à quoi il lui fut répondu un coup de poing dans la figure[73]. Malgré le refus préalable de Proud'hon de se prêter à une « comédie ridicule, absurde »[74], le barrage que des ouvriers firent de leur corps devant son domicile une nuit durant, une première interruption par le commissaire dépéché sur place par le Président de l'Assemblée, deux balles furent échangées dans le vide à vingt cinq pas puis une poignée de main. Ce duel montre que la pression sociale rendait quasiment impossible à l'époque de refuser un duel, ce que Proud'hon fit tout de même le 29 décembre quand à son tour Delescluze lui envoya ses témoins.
- Alexandre Ledru-Rollin, porte parole des montagnards, et Jean-François Denjoy, député de la Gironde, le 13 en avril 1849. Deux jours plus tôt, l'attaque de Ledru contre le projet de loi de supprimer les clubs avait en séance été interrompue de nombreuses fois par Denjoy. Des mots avaient été échangés. La pluie fit tourner le duel court.
- Lisandro de la Torre, futur fondateur du Parti Démocrate Progressiste argentin et escrimeur entraîné du Jockey Club, et Hippolyte Yrigoyen, un des chefs militaires de l'UCR et futur président de la Nation argentine, le 6 septembre 1897 sur les docks de Las Catalinas à Buenos Aires. Accusé de travailler de façon occulte contre l'intérêt de la nation, celui ci d'un coup de sabre à la joue obligea celui là, alors encore membre du même parti, à porter sa vie durant une barbe pour cacher la cicatrice.
Duels de propagande
- Wellington, premier ministre du Royaume Uni, et Winchilsea, prédicateur orangiste de la Chambre des Lords, le 21 mars 1829 à Battersea. Le second avait accusé le premier d'avoir, en donnant l'égalité des droits civiques aux catholiques, subverti l'état et aboli la « constitution protestante ». Deux coups en l'air.
- Léon Gambetta, Président de l'Assemblée Nationale, et Oscar Bardi de Fourtou, bonapartiste dont l'élection venait d'être invalidée par le ministre de l'intérieur, le 20 novembre 1878 au Plessis-Piquet. Une dispute sans témoin éclata après que le second eut dénoncé en séance l'ostracisme des républicains contre sa classe, ce que le second avait qualifié de mensonge. Echange au pistolet sans résultat[75].
- Charles Floquet, Président du Conseil, soixante ans, et le général Boulanger, cinquante et un ans, le 13 juillet 1888. Le motif était une raillerie lancée à la Chambre sur l'âge du second, lequel fut blessé par l'épée et la honte.
- Jean Jaurès, vice-président de la Chambre, et Paul Déroulède, ancien chef de la Ligue des Patriotes, près du pont de Béhobie en face de l'île des Faisans le 4 décembre 1904. Exilé en Espagne pour sa participation au putsch boulangiste, ce dernier avait accusé le chef du bloc des gauches de faire « le jeu de l'étranger » dans l'Affaire Thalamas, chacun revendiquant une figure différente, celle de la légende exprimant une volonté nationale ou celle de la sainte envoyée par la Providence, de la même Jeanne d’Arc. Le « Régent de France » avait obtenu un sauf-conduit pour l'éxilé et le concours de la gendarmerie. Deux balles, sans résultat[76].
Duels de presse
- François-Vincent Raspail et Louis-Augustin-François Cauchois-Lemaire le 30 décembre 1834.
- Auguste Dupont, journaliste et ex député, tué au pistolet par le député montagnard Jean-Baptiste Chavoix, le 20 août 1850, pour un article de presse.
- Robert Caze et Paul Bonnetain le 6 avril 1883 à Diegem. Caze est blessé légèrement à la poitrine. Deux ans plus tard, Maurice Barrès évitera de peu un duel avec Caze pour une critique de La semaine d'Ursule parue le 8 août 1885 dans La Vie Moderne[77].
- Robert Caze et Charles Vignier, qui avait publié, à la suite d'une altercation entre celui là et Félicien Champsaur, que le premier avait été « rossé ». Le 15 février 1886 au Bois de Meudon, Caze se jeta sur l'épée de son adversaire et succomba un mois et demi plus tard.
- Jules Bois, journaliste spécialisé dans l'occultisme, et Stanislas de Guaita, rosicrucien ami de Barrès[78], le 19 janvier 1893 à la Tour de Villebon[79] dans le Bois de Meudon, au pistolet, sans résultats. Dans une série d'articles du Gil Blas, Bois avait accusé, à la suite de son ami Huysmans, Guaita d'avoir tué par magie[80] l'abbé Boullan. Le duel fut réédité en mai[81] au sabre entre Bois et le témoin de Guaita au premier duel, le mage Papus. L'affaire, dans un contexte de réaction du positivisme représenté par Zola et Jean-Martin Charcot[82] entre autres, faisait grand bruit. Papus et Bois, qui fut légèrement blessé à l'avant bras, finirent par devenir amis[83].
- Edmond Lepelletier, historien de La Commune, et Jules Guérin, rédacteur en chef du Gil Blas, le 17 avril 1894 après le café, à la Jonchère, à l'ouest de Paris. Dans un article intitulé L'hallali du poète paru dans ce journal[84], Léon Bloy dénonçait le lynchage médiatique de son ami Laurent Tailhade à la suite de l'attentat anarchiste du 4 avril contre celui ci. Lepelletier, qui avait écrit Une bombe intelligente dans L'Echo de Paris[85], prit ce prétexte pour envoyer ses témoins, dont Gaston Leroux[85]. Bloy jugeant, en fidèle catholique[86],[87], le duel « une saleté ridicule inventée par des saltimbanques. Je le remplace volontiers par des coups de pieds au derrière »[84], son directeur, antisémite et anticommunard, releva le défi à l'épée et fut légèrement blessé à la quatrième reprise à la main droite[88], origine de l'offense, en suite de quoi il renvoya son journaliste qui avait par ailleurs l'inconvénient pour son journal de se montrer de plus en plus philosémite et dreyfusard. Le lendemain Lepelletier publiait « Jules Guérin a été blessé par procuration mais Léon Bloy en est mort »[89]. Cette mort sociale recherchée[90] fut effective mais le but initial était la publicité pour Lepelletier lui même[91]. Par un étrange croisement des parcours, Lepelletier, d'organisateur de l'antiboulangisme, devint en 1902 député antidreyfusard sous l'étiquette antisémite.
- Jules-Hippolyte Percher alias Harry Alis ou Harry Allis, rédacteur du Journal des débats et Alfred Le Châtelier, administrateur de la Société du Congo Français, le 28 février 1895 dans un bal de l'île de la Jatte où les consommateurs venaient voir les duels[92]. Le second contestat les concessions que le premier lui attribuait[93] dans un article où était défendu l'alliance avec les belges au Congo[94]. Un rectificatif fut publié mais le journaliste l'entendit, à la suite d'insinuations venus d'ailleurs[95], comme une façon détournée de dire qu'il avait été corrompu par une société de chemins de fer belge[96]. Alis fut transpercé par l'épée de son adversaire qui s'était fendu après une deuxième riposte[97] et mourrut le lendemain. Le Châtelier, ancien officier qui se défendait contre un fleuretiste entraîné et plus grand[98], fut acquitté par le jury à la demande du ministère public et à la faveur Président[99], le duel n'étant passible de sanctions pénales qu'en cas de mort d'homme, ce qui était le cas, ou de manque de loyauté[100].
- César Campinchi, avocat et député de Bastia, et Horace de Carbuccia, éditeur de Gringoire et autre député de Bastia, le 6 mars 1935 au vélodrome du Parc des Princes à propos d'un article de presse. Les duellistes attendirent que le stade se remplisse de spectateurs[101]. Quatre balles furent échangées à trente cinq pas. Campinchi fut blessé au bras. Le duel fut réédité à l'épée le 11 octobre à Ajaccio dans la résidence du Docteur Miniconi entre Monsieur Poli, directeur du Journal de la Corse qui soutenait Campinchi, et Monsieur Tanot, rédacteur en chef de La Jeune Corse, financé par Carbuccia[102]. A la troisième reprise, Tanot fut touché à l'avant bras et les adversaires se serrèrent la main.
- Paul de Cassagnac et Guy de Cassagnac, fils de Paul de Cassagnac et directeurs du journal conservateur L'Autorité, contre Charles Maurras, directeur du journal de la droite activiste L'Action Française, le 26 février 1912 à Neuilly. Celui ci, alias « Criton », avait, dans un vomis d'insultes, accusé les premiers, « dans la voie des compromissions », de donner « raison au juif contre le Français » en défendant Henri Bernstein et en acceptant l'aide financière du « traître juif Arthur Meyer », directeur du journal royaliste Gaulois[103]. Inversement L'Autorité n'avait pas épargné L'Action Française. A travers une querelle éditoriale sur le thème porteur de l'antisémitisme, il s'agissait pour Maurras de discréditer un journal concurrent en difficulté et de capter son lectorat. Maurras, fleuretiste, fut touché à la manchette par l'épée de Paul et abandonna sur un deuxième assaut qui lui aurait été fatal[104]. Il eut un second duel avec Guy[105] pour la forme. La querelle pris un tournant plus virulent en 1921 mais cette fois ci Léon Daudet refusa le duel.
Accusations entre politiciens
- Georges Clemenceau (douze duels au total[106]) et le député radical démissionnaire Auguste Maurel, le 15 décembre 1888 à Enghien[107]. Ayant siègé plusieurs fois à l'extrème gauche, Maurel avait finalement espéré en démissionnant obtenir du gouvernement opportuniste un poste aux colonies. Ne l'ayant pas obtenu, il accusa Clemenceau, influent collègue dans la circonscription du Var[108], de s'être parjuré en ne soutenant pas son successeur. Il l'accusa[109] d'avoir publié une dépêche post datée affirmant ce soutien, dêpêche que Clemenceau démentit[110], sous entendant par là qu'elle avait été fallacieusement écrite par un Maurel usurpant sa signature. Le contexte était celui de la dénonciation du trafic des investitures. L'arrangement proposé par un jury d'honneur fut refusé par Maurel dont l'épée blessa légèrement l'extérieur de l'épaule droite de son adversaire. Le duel fut aussitôt interrompu par les médecins[111]. Un des témoins de Clemenceau était Victor Schoelcher[107].
- Georges Clemenceau et Déroulède, le 23 décembre 1892 au champ de course du château de Saint-Ouen[111] devant la foule contenue par des gendarmes. Trois jours plus tôt, dans un discours tenu à l'Assemblée, le président de la Ligue des Patriotes accusait Clemenceau de corruption dans l'affaire de Panama, tout en lui reprochant que son journal soit financé par un juif, Cornelius Herz. Au commandement, six balles furent échangées à vingt cinq mètres sans résultat, ce qui fit douter Clemenceau de la fiabilité des pistolets et tenter en janvier de provoquer un nouveau duel.
- Georges Clemenceau, redevenu à cinquante deux ans simple journaliste, et Paul Deschanel, député de la génération montante, le 27 juillet 1894 dans le parc de l'hôtel Cornudet[112] à Boulogne, pour la même raison. Deschanel est touché au front par l'épée du Tigre et, livide, s'en sort avec une paupière droite abimée.
- Leberecht von Kotze, chambellan de Guillaume II, et le baron Hugo de Reischach, maréchal de la cour d'une part, et le baron Schrader d'autre part, en 1895. Ceux ci se seraient prêtés à la rumeur qui accusait le chambellan d'être à l'origine des clichés pornographiques dénonçant l'homosexualité de membres de la famille impériale et de certains officiers supérieurs. Les deux furent blessés, le second à mort. L'« affaire Kotze » fut un scandale d'état.
- Lisandro de la Torre, sénateur du Parti Démocrate Progressiste argentin, et Federico Pinedo, ministre des finances, en 1935 à Buenos Aires. Celui ci, dont la corruption avait été dénoncée par un rapport parlementaire, manqua son coup et le vieux sénateur, quand ce fut son tour, tira en l'air.
Querelles autour du racisme
- Le chevalier de Saint George et Alexandre Picard à Rouen, en 1766. A dix neuf ans, Saint George reçoit de son père l'ordre de punir les insultes contre les nègres du maître d'armes, qu'il ridiculise chez lui.
- Lamartine et le colonel italien Gabriel Pepe qui le blessa au bras (duel à l’épée dans les jardins de l’ambassade vers 1826). Le colonel avait provoqué Lamartine, parce qu’il avait jugé injurieux à l’égard de l’Italie quelques vers de celui-ci, où il comparait les Italiens à de la poussière humaine :
- « Je vais chercher ailleurs (pardonne, ombre romaine!)
Des hommes, et non pas de la poussière humaine. »
- David C. Broderick, sénateur, et David S. Terry, président de la Cour d'appel de Californie, le 13 septembre 1859 au lac Merced près de San Francisco. Des insultes avaient été échangées au cours de la convention du Parti Démocrate quand le second, esclavagiste, reprochait d'avoir perdu son élection à cause du manque de soutien de l'autre, abolitionniste. Le coup du sénateur partit trop tôt au sol. Son adversaire voulut le blesser au poumon. Broderick mourut trois jours plus tard.
- Ferdinand Lassalle et le Prince Yanco von Racowitza dans les bois de Carouge en 1864. Lassalle provoqua en duel le père, anti sémite et rejetant, de sa fiancée. Un concurrent dans le cœur Hélène von Dönniges pris la place du vieil homme, tua son adversaire et gagna le mariage.
- Eugène Mayer, directeur de La Lanterne, et Édouard Drumont, nouveau directeur du Monde et auteur de La France juive, le 25 avril 1886 dans le parc de l'ancien hôtel du baron Hirsch. Drumont, blessé à l'épée et saignant, perdit son pantalon et hurla « Au Ghetto, sales juifs, vous êtes des assassins... c'est vous qui avez choisi cette maison ayant appartenu à Hirsch ». Léon Daudet, témoin du vaincu, se retint d'assassiner le vainqueur[113].
- Eugène Mayer et Emmanuel Arène, député de Corse, le 24 novembre 1887 à Paris. Celui-ci jugeait injurieux à l'endroit des Corses un article paru dans La Lanterne .
- Edouard Salomon, féru de duels, et Carl Vering, membre des Rhénans, le 6 février 1890 dans le bois de Mooswald au sud ouest de Fribourg-en-Brisgau. Quatre jours plus tôt, le second avait, dans un café, qualifié l'ami du premier de « jeunesse juive crochue ». Juif lui-même, il refusa un arrangement. Manquant ses tirs, Salomon fut touché, à trente pas, par la première des trois balles, se releva puis reçut une seconde balle. Il mourut le jour même à la clinique, à l'âge de vingt six ans. Il repose au cimetière juif de Fribourg.
- Le Marquis de Morès et le capitaine Armand Mayer, en 1892, à cause d'articles antisémites visant les officiers juifs dans la Libre Parole. Mayer a le poumon perforé et meurt en un instant. Accusé, Morès sera acquitté.
- Marcel Proust, qui était alors encore obscur, et Jean Lorrain, écrivain antisémite[114]°[115], le 6 février 1897 à la Tour de Villebon au bois de Meudon. Lorrain, en tant que disciple de Leconte de Lisle, fanfaronna, par des critiques des Plaisirs et les Jours parues dans Le Journal, contre le salon littéraire constitué autour d'Anatole France par Madame Arman de Caillavet[116], républicaine d'origine juive. Proust n'aurait pas été un écrivain mais un snob publié par relations[117]. La flèche[118] fut le sous-entendu d'une liaison sentimentale entre Lucien Daudet[119] et celui ci, traité de « chochotte », alors que Lorrain lui même affichait son homosexualité. L'attaque traduisait, au delà du clivage littéraire, un antagonisme politique avec une société « cosmopolite ». Les témoins de Proust furent le peintre Jean Béraud et le maître d’armes Gustave de Borda. Paul Adam et Octave Uzanne secondaient Lorrain[120], lequel avait déjà eu un duel dix ans plus tôt, avec le journaliste René Maizeroy. Deux balles furent tirées en l'air. L'année suivante, Proust assistait au procès de Zola en soutien à Dreyfus. Toute sa vie, il restera, d'après sa correspondance, fier de cet unique fait d’armes mondain entre dandys. Il se servira de certain traits de Lorrain, comme la fréquentation de canailles, pour peindre Charlus.
- Colonel Picquart et Colonel Henry, à l'épée en 1897 à l'École Militaire à propos de l'affaire Dreyfus. Henry, l'offensant, est blessé au bras.
- Georges Clemenceau et Édouard Drumont, fondateur de La Libre Parole, le 26 février 1898 au parc des Princes. Les deux hommes se ratèrent au pistolet et Drumont, qui accusait son adversaire de soutenir, dans l’affaire Dreyfus, les « insultes » d'Emile Zola à l'armée et la nation se fit élire député sous l'étiquette antisémite.
- Maurice Barrès, candidat malheureux sous l'étiquette du groupe parlementaire antisémite, et Laurent Tailhade, journaliste devenu dreyfusard, le 17 octobre 1898. Tailhade, qui se battit une trentaine de fois, fut gravement blessé à l'épée par son ancien ami.
Duels dans la fiction
Poésie épique
- Achille <> Hector, durant le siège de Troie conté par Homère dans l'Iliade. Achille venge la mort de Patrocle en tuant Hector. La fureur des héros les entraînent à accomplir par un enchaînement de vengeances un destin fatal dont l'ensemble des mortels, amis, femmes, descendants, est le jouet.
- Arjuna, le Chevalier d'Argent, et Karna, le Prince Boucle d'Oreille, dans le Mahabharata. La religion commandent aux deux champions d'oublier leur parenté et de se plier à leur destin de s'affronter, tuer et mourir. La victoire d'Arjuna décide de la bataille qui se termine le lendemain, au dix neuvième jour, dans une ruine réciproque et se revèlera une duperie dans un monde d'illusions.
- Roland et Olivier dans la geste Girard de Vienne. Une vaillance égale rend la victoire impossible et le duel finit en amitié. Le poête figure une vertu chevaleresque aristotélicienne[121] modérant la force, representée par le germain Roland, par la sagesse, représentée par le romain Olivier. La formule « Roland est preux mais Olivier est sage »[122] préfigure un idéal humaniste.
- Tristan de Loonnois et le Morholt d'Irlande dans le Tristan de Béroul. L'épisode inaugure l'esprit du panache, celui par lequel Tristan renvoie sa nef de l'île Samson où il a rejoint son adversaire, une seule embarcation suffisant pour ramener le vainqueur.
- Yvain et son cousin Gauvain dans Yvain ou le Chevalier au lion. Chacun défendant le parti d'une pucelle différente, le combat cesse quand ils se reconnaissent, et le litige entre demoiselles est réglé par un arrangement.
- Rodrigue, futur Cid, alors simple alferez de la cavalerie du roi de Castille, et Jimeno Garcés, sénéchal de Navarre, dans le Carmen Campidoctoris puis le Cantar de mio Cid. Donné perdu d'avance, le jeune héros acquiert par sa victoire dans un tournoi, daté par les commentateurs de 1066, le titre de Campi doctor, littéralement maître du champ de bataille en latin au sens de général d'armée, Campeador en castillan, al-Qanbiyatur en arabe, Champion en français.
- Le combat de Tancrède et Clorinde dans le chant XII de La Jérusalem délivrée. Tancrède blesse mortellement la fille du roi d'Éthiopie. Il ne reconnait celle qu'il aime, venue incendier son camp, qu'en la désarmant. Le Tasse décrit l'empire des passions, cause des défaites, sur la vertu guerrière. Par ce duel, le héros a tout perdu, victoire et amour.
Théâtre
- Macbeth et Macduff, dans la dernière scène de Macbeth de Shakespeare.
- Les personnages de Don Rodrigue et Don Gomez dans Le Cid (1637) de Pierre Corneille. Rodrigue tue Gomez, le père de son amante, ce qui constitue la source du conflit central de la pièce.
- Eugène Labiche, Le Voyage de monsieur Perrichon.
- Cyrano de Bergerac <> vicomte de Valvert au sujet du nez du premier.
Romans
- Danceny <> Valmont, dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Valmont se laisse tuer.
- Le docteur Benjamin Rathery et le mousquetaire de Pont Cassé dans Mon oncle Benjamin (chapitre XVI). L'auteur, tout en dénonçant l'absurdité d'une telle coutume dans une société aristocratique dévoyée, célèbre l'héroïsme de la tradition du duel républicain.
- Les Mémoires de Barry Lyndon, de William Makepeace Thackeray (1844), commencent par un duel. Ce point d'honneur est l'un des fils directeurs de la vie de l'aventurier. L'auteur peint une société qui a sacrifié ses valeurs au hasard du jeu, de la guerre et du duel.
- D'Artagnan <> Athos dans Les Trois Mousquetaires, pour une bousculade. Les témoins furent Aramis et Porthos. En conséquence de ce duel, les quatre personnages devinrent amis.
- Le Capitaine Fracasse (Baron de Sigognac) <> Duc de Vallombreuse, pour l'amour/honneur d'Isabelle, comédienne. Deux duels, Vallombreuse blessé les deux fois, la seconde gravement.
- Georges Duroy dans Bel-Ami est prié par M. Walter, rédacteur en chef de La Vie Française, un quotidien pour lequel il travaille, de combattre en duel un opposant au journal. Au final personne n'est touché.
- La nouvelle de Maupassant « Un Lâche », parue dans les Contes du jour et de la nuit (1885), raconte la nuit d'angoisse précédant le duel d'un vicomte, qui est terrorisé à l'idée de mourir.
- Guy de Maupassant écrit une nouvelle, Un duel, publié dans Le Gaulois du 14 août 1883[1].
- Pierre et Dolhokov dans Guerre et Paix dans le Parc Sokolniki.
- Piétchorine et Grouchnitski dans Un héros de notre temps de Mikhaïl Lermontov.
- Eugène Onéguine, personnage éponyme du roman de Pouchkine, et Vladimir Lenski.
- Dans Effi Briest de Theodor Fontane (1895) : duel au pistolet entre le baron von Innstetten et le commandant Crampas, ce dernier ayant entretenu une liaison avec l'héroïne éponyme, épouse d'Innstetten. Le baron blesse mortellement l'homme qui l'a offensé.
- Nicolaï Vsévolodovitch Stavroguine <> Artémi Pétrovitch Gaganov dans Les Possédés de Fiodor Dostoïevski. Duel au pistolet. Stavroguine manque volontairement son adversaire, qui échoue lui involontairement.
- Duel de Joseph Conrad (qui servit de sujet au film Les Duellistes de Ridley Scott, en 1977) : deux officiers de l'armée napoléonienne se battent en duel à plusieurs reprises au fil des ans.
Cinématographe
- Les Duellistes de Ridley Scott (1977) d'après la nouvelle Le Duel de Joseph Conrad, parue en 1908.
- Frédérick Lemaître dans Les Enfants du Paradis, interprété par Pierre Brasseur
- Duel 1971, un telefilm de Steven Spielberg, d'après une nouvelle de Richard Matheson.
- Dans le film Le professionnel, Josselin Beaumont, interprété par Jean-Paul Belmondo, défie en duel le redoutable commissaire Rosen, interprété par Robert Hossein. Beaumont tue Rosen.
- Barry Lyndon, film de Stanley Kubrick (1975), inspiré des Mémoires de Barry Lyndon, le héros connait deux duels significatifs au début et la fin du film, qui marquent respectivement pour le premier le commencement du destin extraordinaire du personnage, et pour le second sa chute.
- Dans le film Ridicule, le jeune baron Grégoire Ponceludon de Malavoy, personnage principal, affronte et tue en duel le Colonel de Chevernoy, officier du roi.
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- De Chateauvillard, Essai sur le Duel, Paris, 1836.
Notes
- Charles Maurras et de Paul de Cassagnac:
« Les quatre témoins se sont réunis aujourd’hui 24 février, et ont jugé la rencontre inévitable. Elle aura lieu après-demain, lundi, 26, dans la matinée. Les conditions seront les suivantes :
Épée réglementaire de combat.
Chacun ses armes.
Chemise molle, gants de ville, chaussures à volonté.
Reprises de deux minutes.
Repos égaux.
Quinze mètres derrière chaque combattant.
Le terrain gagné restera acquis.
Les corps-à-corps sont interdits.
Le combat sera alternativement dirigé par M. de Blest-Gana et par M. Léon de Montesquiou. Le combat cessera quand l’un des deux candidats sera déclaré, par ses témoins, en état d’infériorité manifeste.
Fait en double, à Paris, le 24 février 1912. » (Source: L’Action française, 27 février 1912.)
Exemple de protocole établi par les témoins de
Références
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