Bonapartiste

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Bonapartisme

Le bonapartisme est une idéologie politique d'origine française, qui s'inspire de l'action de l'Empereur Napoléon I. Elle peut désigner deux choses : au sens strict, le bonapartisme vise à placer un membre de la famille de Napoléon sur le trône impérial de France. Au sens large, les bonapartistes sont partisans d'un État national autoritaire, centralisé mais assis sur la consultation régulière du peuple par le biais de plébiscites. Le système repose sur la fusion des élites et l'adhésion populaire. Ces deux facettes peuvent être distinctes ou confondues, selon les personnes et périodes.

Sommaire

Historique

De 1799 à 1848

Dès 1790, des penseurs comme Sieyès veulent terminer la Révolution. Pour cela, ils cherchent un général, qui devra prendre le pouvoir et rétablir l'ordre, en gardant les acquis révolutionnaires.

Tout d'abord, le général Hoche est pressenti mais meurt en 1797 d'une tuberculose. Puis Joubert, qui est tué à la bataille de Novi. Sieyès et ses amis penseront aussi à Moreau ou à Bernadotte, mais ce fut finalement Bonaparte en raison de ses succès italiens et de son charisme. Ce dernier prendra le pouvoir lors du coup d'État du 18 Brumaire, en 1799.

Une fois Napoléon Bonaparte au pouvoir, il y a eu un bonapartisme de gestion de 1799 à 1815. C'est pendant cette période du Consulat et du Premier Empire que Napoléon crée les institutions qui, aujourd'hui, régissent encore la France (les fameuses « masses de granit » : lycées, Code civil français, écoles militaires, etc.)

Entre 1815 et 1848, le bonapartisme politique est en sommeil. Toutefois, la Légende impériale est très présente avec l'épisode de Sainte-Hélène qui la fonde. Les « Napoléonides » n'ont plus de visées politiques, sauf Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de l'Empereur. Il organisera deux coups d'État en 1836 à Strasbourg et en 1840 à Boulogne qui lui vaudront d'être enfermé à la forteresse de Ham (qu'il appellera son « université de Ham »). Il n'a qu'une poignée de partisans (en 1848, il en compte 7). Avec l'abolition de la monarchie et le retour de la République, le futur Napoléon III peut se faire entendre et sa popularité explose dans le peuple, au point d'être élu Président de la République dès le premier tour à la majorité absolue.

Retour en force du bonapartisme avec Napoléon III

De 1848 à 1870, le bonapartisme de gestion est de retour. Le neveu poursuit l'œuvre de l'oncle, avec une politique sociale très poussée, dès 1852. L'industrie, l'agriculture et le commerce connaissent un grand essor. Le plébiscite de mai 1870 remporte 7,3 millions de voix favorables, l'Empereur est très populaire.

Mais en septembre 1870, c'est la défaite de Sedan qui entraîne une révolution à Paris, orchestrée par les députés républicains, qui renverse le Second Empire devenu pleinement démocratique depuis 1869.

En 1871, un décret interdit les candidatures aux élections pour les anciens préfets et tout le personnel bonapartiste (députés, sénateurs, etc.). Malgré cela, une vingtaine de députés bonapartistes arrive à l'Assemblée Nationale, dont cinq seulement seront contre la déchéance.

Dès 1872-1873, certains bonapartistes préparent en secret un retour de Napoléon III au pouvoir. En 1872 et en 1875, des élections législatives partielles ont lieu, où l'on observe une très nette victoire des bonapartistes. Le mouvement est dirigé par Eugène Rouher, surnommé « Le Vice-Empereur ». À partir de 1876, on assiste à un raz de marée bonapartiste, avec une centaine de députés et un million de voix. La victoire n'est pas plus marquée, faute de candidats, car beaucoup ont peur ou n'osent pas se présenter, alors que 60 % des candidats bonapartistes ont été élus.

En 1879, le Prince Impérial Napoléon Eugène Louis Bonaparte (fils de Napoléon III) meurt au Zoulouland en Afrique. Cela entraîne une division au sein du mouvement entre le cousin et héritier Victor et son père le prince Jérôme, dit « Plon Plon », qui est un républicain anticlérical (pas antireligieux). Peu d'hommes suivent Jérôme. Le mouvement bonapartiste commence à s'affaiblir, tandis que les espoirs d'un retour au pouvoir s'amenuisent. En 1881, le groupe bonapartiste ne compte plus que 46 députés.

Durant la fin du XIXe siècle, l'affaiblissement du mouvement s'accentuera, malgré un certain regain d'enthousiasme lors de l'épisode boulangiste des années 1880 qui avait rallié plusieurs bonapartistes[1]. De plus, de très nombreux bonapartistes gardent leurs opinions politiques mais se rallient à la Troisième République. Vers 1900, le bonapartisme au sens strict qui vise à rendre le trône aux Bonaparte est presque mort. En 1902, seul cinq bonapartistes sont élus députés.

Le bonapartisme au XXe siècle

L'année 1919 est particulièrement faste pour les bonapartistes avec l'entrée de près de vingt députés à la chambre « bleu horizon », parmi lesquels Paul de Cassagnac et le prince Murat. Cependant, durant les années 1920, le mouvement végète. Après la mort du prince Victor en 1926, une feuille bonapartiste est lancée au début des années trente : Brumaire, qui remplace progressivement La Volonté Nationale.

Durant les années 1940, le mouvement est très actif, surtout à Paris ; il est constitué de beaucoup de jeunes. Mais avec la défaite militaire, le mouvement est dissous par le prince Louis, qui s'illustrera dans la Résistance, comme son cousin, le prince Murat, tué au combat. La dissolution de toutes les structures bonapartistes évite leur récupération par l'occupant. Certains doctrinaires bonapartistes, comme Pierre Costantini, s'engagent toutefois activement dans la Collaboration et adhèrent à la politique du Régime de Vichy.

Le bonapartisme est resté vivace en Corse, et plus particulièrement à Ajaccio, dont la principale force municipale a très longtemps été le Comité central bonapartiste, qui eut des élus au Parlement français jusque dans les années 1990.

Dans les années 1990, le mouvement bonapartiste est ressuscité brièvement par le Rassemblement bonapartiste et revendiqué aujourd'hui par le mouvement France bonapartiste. Il inspire également des mouvements à l'étranger, notamment en Belgique, en Hollande (le Bonapartistisch Partij Nederland), ou en Italie.

Principes politiques et postérité

Le bonapartisme ne peut vraiment se limiter à « l'attachement au gouvernement impérial fondé par Napoléon et à sa dynastie». L'idée politique de Napoléon Bonaparte est « l'Autorité dans la Démocratie », tentative de synthèse des différents courants qui se sont opposés lors de la Révolution française. Au jacobinisme, il emprunte la centralisation d'un État autoritaire où le pouvoir se prend par la force. Aux républicains, il emprunte l'idée d'une légitimité démocratique directe. Aux orléanistes, il emprunte l'idée de s'appuyer sur une élite qui fusionne la bourgeoisie et l'ancienne noblesse. Aux légitimistes, il emprunte l'idée de l'autorité unique du monarque.

Dans ce sens, pour René Rémond, le bonapartisme est un des trois courants de la droite. Il s'individualise dans le refus de la division entre les partis, au profit de l'affirmation de la grandeur et de l'unité nationale, s'opposant ainsi au front de classe des socialismes, aux luttes partisanes du parlementarisme, à la césure censitaire de l'élitisme libéral orléaniste ou à l'antimodernisme réactionnaire du légitimisme. Cette idéologie politique valorise un chef plébiscitaire (en uniforme) auquel les circonstances permettent, pour sauver la patrie de la désunion, d'instaurer un exécutif concentré dans ses mains qui fusionne les élites dans une autorité hiérarchique.

En ce sens, il y a une forte influence du bonapartisme dans plusieurs mouvements politique, le mouvement boulangiste, par exemple. Même si l'influence se mêle à des aspects très différents on trouve aussi une certaine filiation dans le bloc national constitué autour de Clemenceau entre 1917 et 1920, peut-être chez François de La Rocque (Croix-de-feu et Parti social français) ou, dans un registre tout à fait différent, dans la Révolution nationale de Vichy. On peut aussi souligner l'influence du bonapartisme sur les différents bolivarismes d'Amérique du Sud (le peronisme par exemple) et son ascendance, en Amérique du nord, sur la brève monarchie mexicaine fondée par l'empereur Augustin Ier (de Iturbide). De la même façon, pour certains historiens, le gaullisme est un bonapartisme (analyse de René Rémond toutefois nuancée par Jean Vavasseur-Desperriers).

Le mouvement politique bonapartiste du XXIe siècle adhère d'ailleurs ouvertement à la constitution de la Vème République. Il suffit de relire les trois premiers articles, originaux, de celle-ci pour comprendre cette adhésion.

  • Article 1: « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. »
  • Article 2: « La langue de la République est le français. »
  • Article 3: « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. »

Mais cette adhésion ne fait pas rejeter par les stricts bonapartistes la possibilité d'une restauration impériale en faveur d'un membre, uniquement, de la famille impériale. Cette restauration ne pouvant se faire que par le souhait du peuple. Les bonapartistes monarchistes dits « dynastiques » restent cependant marginaux, l'immense majorité s'apparentant à des bonapartistes républicains.

Notes et références

  1. Au coeur du mouvement bonapartiste durant l’épisode boulangiste : le témoignage de Clément de Royer, représentant personnel du prince Victor, par Gaetan de Royer in Revue du Centre d'Etudes et de Recherches sur le Bonapartisme n°38, printemps 2009, ISNN 1284-4381

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