- Jalousie
-
Pour les articles homonymes, voir Jalousie (homonymie).
La jalousie est une émotion secondaire et représente des pensées et sentiments négatifs d'insécurité, de peur et d'anxiété concernant une perte anticipée de valeurs personnelles qu'un individu perçoit. La jalousie est un mélange d' émotions comme la colère, la tristesse, la frustration et le dégoût. La jalousie ne doit pas être confondue avec l'envie.
La jalousie est familièrement liée aux relations humaines. Elle est observée chez les enfants âgés de cinq mois ou plus[1],[2],[3],[4]. Certains témoignages exposent qu'elle est perçue dans toutes les cultures[5], cependant, d'autres exposent qu'elle appartient à une culture spécifique[6].
Sommaire
Approches philosophiques
Vision girardienne
Selon la théorie mimétique de René Girard, la jalousie est un moment dans la dynamique du désir humain. Celui-ci est par nature mimétique, c'est-à-dire que notre désir est emprunté à un modèle, qui désire ou possède l'objet avant nous, et dont l'être nous fascine. Le jaloux est convaincu que l'être jalousé le devance dans la possession de l'objet et lui en interdit l'accès. La complaisance à entretenir ce sentiment vient de ce que l'existence de l'obstacle que constitue le rival jalousé, renforce la valeur de l'objet de la rivalité, laquelle renforce la fascination qu'exerce l'être du rival supposé heureux qui est l'idéal non-conscient du sujet.
Selon Henri Laborit
Henri Laborit utilise une autre approche selon laquelle il n’existe en soi ni de jalousie ni d’instinct de la propriété, mais plus simplement que nous construirions au fil du temps, et parfois dès la très petite enfance, des modèles associant la notion de privation à celle de douleur, et cherchons ensuite inconsciemment à créer des conditions évitant ces risques de douleur.
Jalousie amoureuse
La jalousie amoureuse est une émotion empreinte d'agressivité qui est la conséquence de la peur de perdre l'être aimé ou l'exclusivité de son amour, au profit d'une autre personne – sentiment qui peut être fondé sur l'imagination. Quand elle est permanente, la jalousie est une forme de paranoïa et est attachée à une relation « amoureuse » sur un mode possessif. Dans « Othello ou le Maure de Venise », William Shakespeare fait décrire à Iago la jalousie comme un « monstre aux yeux verts qui produit l’aliment dont il se nourrit ».
La jalousie amoureuse ne peut naitre si les partenaires ont une relation de confiance. Elle est d'autant plus importante que la personne jalouse a le sentiment que son équilibre psychologique repose sur le fait d'être lié à la personne désirée. La jalousie est donc une problématique d'attachement.
Description
La jalousie amoureuse est souvent apparentée à la possession, éventuellement à la haine, c'est ce qui en fait sa force. Par exemple, un amoureux jaloux déteste voir ou imaginer sa partenaire passer du temps avec d’autres hommes, pas seulement parce qu'il est privé de sa présence, mais aussi parce qu’il s'estime seul bénéficiaire légitime de l’attention de son amie. Le même sentiment peut être présent chez la femme et dans les couples homosexuels.
La jalousie se produit dans le cadre d’une relation à trois, lorsque quelqu’un (le jaloux, qui peut être de n'importe quel sexe) estime qu’une deuxième personne se comporte pour un tiers (une troisième personne, un groupe, voire une chose) d’une façon qui menace selon lui (à tort ou à raison) la relation du couple. Le jaloux en conçoit du ressentiment, des reproches, qu’il adresse aux deux autres, avec généralement une focalisation sur la deuxième personne. L'essence du comportement jaloux ne réside pas dans cette inquiétude saine pour le couple, ni dans le fait d'agir, mais dans l'intensité émotionnelle excessive qui l'accompagne et qui compromet le succès de cette action.
Les comportements de la seconde personne suscitant la jalousie chez la première varient : regards, propos, dons d’objet(s), petites attentions, etc. On peut parfois être jaloux de tout un groupe. La jalousie peut même être suscitée par un comportement ordinairement considéré anodin (simplement regarder une personne dans la rue, par exemple). La jalousie s'expose aussi quand on aime une personne qui est avec quelqu'un d'autre.
Références
- (en) Draghi-Lorenz, R. (2000). Five-month-old infants can be jealous: Against cognitivist solipsism. Paper presented in a symposium convened for the XIIth Biennial International Conference on Infant Studies (ICIS), 16–19 July, Brighton, Royaume-Uni.
- (en) Hart, S. (2002). Jealousy in 6-month-old infants. Infancy, 3, 395–402.
- (en) Hart, S. (2004). When infants lose exclusive maternal attention: Is it jealousy? Infancy, 6, 57–78.
- (en) Shackelford, T.K., Voracek, M., Schmitt, D.P., Buss, D.M., Weekes-Shackelford, V.A., & Michalski, R.L. (2004). Romantic jealousy in early adulthood and in later life. Human Nature, 15, 283–300.
- (en) Buss, D.M. (2000). The Dangerous Passion: Why Jealousy is as Necessary as Love and Sex. New York: Free Press.
- (en) Peter Salovey. The Psychology of Jealousy and Envy. 1991. ISBN 978-0898625554
Annexes
Articles connexes
Proverbe
La jalousie n'est pas un défaut, mais une preuve d'amour.
Bibliographie
- P. Chardin L'amour dans la haine ou la jalousie dans la littérature moderne : Dostoïevski, James, Svevo, Proust, Musil, Genève, Droz, 1990.
- D. Lagache, La Jalousie amoureuse, PUF, 1948
- F. Monneyron (dir.), La Jalousie, L'Harmattan, 1996 (colloque de Cerisy)
- F. Monneyron, L'Ecriture de la jalousie, ELLUG, 1997
Liens externes
- Gaëtan Gatian de Clérambault, Les délires passionnels. Érotomanie, Revendication, Jalousie, Bulletin de la Société Clinique de Médecine Mentale (février 1921).
Wikimedia Foundation. 2010.