- Philippe IV de France
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Philippe IV Philippe IV le Bel (vue d'artiste)Titre Roi de France 5 octobre 1285 – 29 novembre 1314
29 ans, 1 mois et 24 joursCouronnement 6 janvier 1286,
en la cathédrale de ReimsPrédécesseur Philippe III Successeur Louis X Roi de Navarre de jure uxoris 5 octobre 1285 – 4 avril 1305 En tandem avec Jeanne Ire (1285-1305) Prédécesseur Jeanne Ire Successeur Louis Ier Biographie Dynastie Capétiens Date de naissance 1268 Date de décès 29 novembre 1314 (à 46 ans) Père Philippe III de France Mère Isabelle d'Aragon Conjoint Jeanne Ire de Navarre Enfants Louis X
Marguerite de France
Philippe V
Isabelle de France
Blanche de France
Charles IV
Robert de FranceRésidence Paris
Rois de France modifier Philippe IV de France, dit Philippe le Bel[1] ou le roi de fer (Fontainebleau, avril/juin 1268 - Fontainebleau, 29 novembre 1314), fils de Philippe III de France (1245-1285) et de sa première épouse Isabelle d'Aragon. Il fut roi de France de 1285 à 1314, onzième roi de la dynastie des Capétiens directs.
Biographie
Philippe IV le Bel est le second fils de Philippe III le Hardi, après Louis (1264-1276). Il a deux frères utérins cadets, Robert (1269 - av. 1276) et Charles de Valois, comte de Valois. Par le remariage de son père, il a, en outre, trois autres frère et sœurs : Louis, comte d'Évreux, Marguerite de France (reine d'Angleterre) qui épouse en 1299 Édouard Ier roi d'Angleterre et Blanche (1278-1306), qui épouse en 1300 Rodolphe III, duc d'Autriche.
Son père confie une partie de l'éducation du jeune Philippe à Guillaume d'Ercuis, son aumônier. À la différence de son père, Philippe le Bel reçoit par le soin de son précepteur une bonne éducation[2]. Il comprend le latin et aime étudier.
Personnalité
Surnommé par ses ennemis tout comme par ses admirateurs le « roi de marbre » ou « roi de fer », il se démarque par sa personnalité rigide et sévère. L'un de ses plus farouches opposants, l'évêque de Pamiers Bernard Saisset, dit d'ailleurs de lui : « Ce n'est ni un homme ni une bête. C'est une statue. » Philippe le Bel fut un roi qui souleva au cours de son règne beaucoup de polémiques, le pape Boniface VIII le traitant par exemple de « faux-monnayeur ».
Politique financière
Désordre et instabilité monétaire
Sous le règne de Philippe IV, les traditions féodales sont abandonnées pour mettre en place une administration moderne. Mais la centralisation monarchique mécontente les grands seigneurs et les nouveaux impôts dressent les bourgeois contre le pouvoir royal.
Grâce à l'aide de juristes, notamment son fidèle collaborateur Guillaume de Nogaret, Philippe IV transforme véritablement un État encore féodal en une monarchie moderne où la volonté du roi s'impose à tous, et un impôt national est prélevé sur tout le royaume de France.
Son règne est particulièrement agité sur le plan monétaire. Le roi et ses conseillers multiplient les émissions de nouvelles monnaies. Aux dévaluations succèdent les réévaluations, qui donnent un sentiment d'incohérence de la politique royale. Ces mutations monétaires aboutissent finalement à un mécontentement général dans le royaume. Entre 1306 et sa mort, le roi fait face à des émeutes populaires mais aussi à des ligues nobiliaires qui exigent, entre autres, le retour à la bonne monnaie.
Dans la pratique, le roi ne contrôle pas tous les paramètres de la politique monétaire. Les assemblées de prélats et de barons, convoquées périodiquement au début du XIVe siècle pour donner leur avis sur la question monétaire, réclament toutes le retour à la bonne monnaie de Saint Louis, quelque peu idéalisée. Il est vrai que la politique monétaire de Philippe le Bel est tout sauf stable. Le système monétaire a été bouleversé de fond en comble. Cette situation, qui n'avait pas de précédent historique, contraste fortement avec les pratiques monétaires de ses prédécesseurs, Saint Louis et Philippe le Hardi, dont les monnayages sont alors considérés comme des modèles de stabilité. Pour l'opinion publique, le résultat des mutations est facile à comprendre: bien que le roi agisse selon son bon droit, toute transformation de la monnaie est assimilée à un abus déloyal, voire à une falsification pure et simple.
Par ailleurs, le règne de Philippe le Bel se traduit par une période de changements majeurs. L'innovation la plus remarquable de cette période est sans doute l'apparition durable d'émissions de monnaies d'or. Le retour à un vrai bimétallisme s'est accompagné de sévères crises monétaires, attisées par la spéculation internationale, la concurrence des monnaies seigneuriales et les incohérences du système monétaire. La carence en métaux précieux provoque une forte dévaluation de la monnaie de compte, qui se traduit dans la pratique par de nombreuses émissions de nouvelles monnaies. L'inflation, provoquée par ces mutations, mécontente la noblesse, les bourgeois des bonnes villes et l'Église qui voient leurs revenus diminués considérablement. Des réévaluations des pièces d'argent et de billon sont tentées mais leur résultat est plus que mitigé : des émeutes populaires éclatent, et surtout, l'argent finit par ne plus être monnayé, car son prix d'achat est fixé trop bas. Le roi, après avoir tout tenté pour stabiliser sa monnaie, finit par se trouver dans une position politique difficile. À la fin de son règne, il doit affronter la fronde d'une partie de ses sujets.
Assainissement des finances du royaume
Pour assainir les finances et acheter le Quercy aux Anglais contre une rente de 3 000 livres, il s'attaque à ceux qui ont de l'argent, y compris aux religieux de l'Église catholique, aux Lombards, aux Juifs (« Don de joyeux avènement » en 1285[3]) et aux Templiers.
Il tenta de pallier ses difficultés financières en essayant d'établir des impôts réguliers, en taxant lourdement les Juifs et les Lombards, parfois en confisquant leurs biens et en pratiquant les dévaluations monétaires. Il conserva les richesses monétaires de l'ordre des Templiers après l'avoir dissout. Il centralisa le pouvoir royal, atteignant un niveau sans limites. La dure crise économique que subit le royaume de France sous son règne provoqua de vastes mouvements de révoltes de la part du peuple mais aussi des nobles et de l'aristocratie. Pour contrer ces graves difficultés économiques, il recourut à des altérations de la valeur du cours de la monnaie, mais ces mesures frappèrent lourdement le petit peuple.
Pour obtenir le passage de l'armée française afin d'évacuer la Guyenne, Philippe donne sa sœur, Marguerite de France, en mariage au roi Édouard Ier d'Angleterre, et promet sa propre fille, Isabelle de France, au fils issu de la précédente union (le futur roi Édouard II d'Angleterre).
Vers un État centralisateur et administrateur
Philippe IV s’entoure de légistes, des conseillers compétents qui jouent un rôle décisif dans sa politique. Les légistes appartiennent pour la plupart, au début, à la petite noblesse puis, à la bourgeoisie ou à la noblesse de robe. Les légistes sont apparus sous Philippe Auguste et sont formés au droit romain pour faire évoluer une monarchie féodale, où les pouvoirs du roi sont limités par ses vassaux, vers une monarchie absolue. Il termine cette centralisation commencée par son grand-père, Louis IX, mais ce système sera remis en cause par les Valois directs. Outre les légistes, le roi est entouré de ses héritiers et de sa famille.
L’administration du royaume, limitée à la cour du roi chez ses prédécesseurs, va se diviser en trois sections sous le règne de Philippe le Bel :
- Le Grand Conseil qui examine les dossiers politiques.
- Le Parlement qui se charge de la justice.
- La Chambre des comptes, spécialisée dans les affaires financières, elle établit des taxes pour les exportations, soumet les terres de l'Église à une redevance (les décimes), introduit une taxe pour toute vente, et réalise des manipulations monétaires en changeant le poids ou le taux des métaux précieux des pièces sans en changer la valeur, ce qui fait donner à Philippe IV le surnom de faux-monnayeur par ses détracteurs.
Ces transformations rendirent Philippe Le Bel très impopulaire dans tous les niveaux de la société.
Philippe IV a aussi créé l’embryon des états généraux, en ordonnant la tenue d’assemblées formées de représentants des trois ordres : le clergé, la noblesse et la bourgeoisie (à cette époque on ne parle pas de tiers état). Ces assemblées étaient très peu réunies, seulement lors de crises et n’avaient pas beaucoup de pouvoir, leur rôle n’étant que d’approuver les propositions du roi et de ses conseillers.
Sous le règne de Philippe IV, la France abandonna ses traditions féodales pour devenir un État avec une administration moderne. Mais la centralisation monarchique mécontenta les grands seigneurs, les nouveaux impôts dressèrent les bourgeois contre le pouvoir, et les paysans, accablés de taxes diverses, se révoltèrent.
La tentative de conquête de la Flandre
Lorsque le comte de Flandre, Gui de Dampierre, allié au roi Édouard Ier d'Angleterre, rompit son hommage de vassal au roi de France en 1297, Philippe IV mobilisa 60 000 hommes pour envahir son comté, mais subit néanmoins deux échecs :
- Les Matines de Bruges : à l’aube du 18 mai 1302 à Bruges, des insurgés flamands armés attaquèrent une des garnisons française de la ville. Selon la tradition, pour distinguer les Français, ils auraient abordé les occupants des chambres en leur demandant de répéter après eux le shibboleth : « schild en vriend », difficile à prononcer pour un francophone car le « ch » transcrit un son guttural inconnu en français, le " r " est roulé et « ie » se prononce « i » et qui signifie « bouclier et ami ». Une autre version dit qu'il s'agirait plutôt de la phrase « des gildens vriend », « ami des guildes ». Plus de mille soldats français de la garnison sont démasqués et assassinés au pied du lit. On appelle cette journée « Matines de Bruges », par analogie aux « Vêpres siciliennes » qui chassèrent les Français de Sicile vingt ans plus tôt.
- La Bataille des éperons d’or : le 11 juillet 1302, les chevaliers français menés par Robert II d'Artois furent écrasés ce jour là près de Courtrai par des milices communales flamandes de la même façon que la bataille de Mansourah et comme celles futures de Crécy et d’Azincourt.
- Bataille de Mons-en-Pévèle : le 18 août 1304, le roi parvient à remporter une belle victoire. Une escouade de Français avait réussi à crever les tonneaux de bière placés sur un petit tertre par les Flamands pour se désaltérer: ceux-ci n'ont plus à boire. Cette après-midi là, le roi échappa à la mort : 600 Flamands, en désespoir de cause, firent un ultime raid vers le camp royal. Par chance, Philippe s'était dévêtu de son armure royale. Les Flamands ne le reconnurent pas et il réussit à sauter sur un cheval et se dégager à grands coups de hache d'armes. « Le roi se combat ! le roi se combat ! » criait-on dans le camp des Français. De nombreux seigneurs perdirent la vie, dont le vicomte de Turenne et Mathieu IV de Montmorency[réf. nécessaire].
Conflit de pouvoir avec le pape
Le règne de Philippe le Bel est marqué par ses différends avec le pape Boniface VIII, dont le point central est le droit que s'attribue Philippe le Bel d'imposer -taxer- les biens de l'Église situés dans son Royaume, la France. Ce que va contester le Pape, soucieux de conserver la force du principe de pré-éminence du pape sur les rois, du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. La décrétale Clericis laicos du 24 février 1296 est le point de départ. Boniface VIII, qui a alors d'autres préoccupations (conflits avec les Aragonais de Sicile et les Colonna), se trouve dans l'embarras et, en dépit de son caractère hautain, cède bientôt. Les bulles Romana mater (février 1297) et Etsi de statu (juillet 1297) donnent au roi gain de cause. Ce dernier document contient une renonciation formelle aux prétentions émises pour la défense des biens ecclésiastiques contre l'arbitraire des rois dans la décrétale Clericis laicos.
Cependant, en 1302, par la bulle Unam Sanctam, Boniface VIII déclare la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, et par ce biais la supériorité du pape sur les rois, ces derniers étant responsables devant le chef de l'Église. Philippe le Bel réunit un concile des évêques de France pour condamner le pape, ainsi que des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris (précurseurs des états généraux, qui apparaissent pour la première fois sous son règne). Le roi cherche l'appui de tous ses sujets afin de légitimer la lutte qu'il mène contre le pape. Ce dernier menace de l'excommunier et de jeter l'interdit sur le royaume de France.
Fort du soutien de la population et des ecclésiastiques, le roi envoie alors son conseiller (et futur garde des Sceaux), le chevalier Guillaume de Nogaret, avec une petite escorte armée vers l'Italie, dans le but d'arrêter le pape et de le faire juger par un concile. Nogaret est bientôt rejoint par un ennemi personnel de Boniface VIII, Sciarra Colonna, membre de la noblesse romaine, qui lui indique que le pape s'est réfugié à Anagni, résidence d'été du pape, proche de Rome, et fief des Caetani, la famille du pape.
Le 7 septembre 1303, Nogaret et Colonna arrivent à Anagni et trouvent le pape seul dans la grande salle du palais épiscopal de Caetani abandonné par ses partisans. Le vieil homme de 68 ans est assis sur un haut siège, en habit de cérémonie, et ne réagit pas à l'irruption de la troupe armée. En voyant Guillaume de Nogaret et Sciarra Colonna approcher, il incline légèrement la tête et déclare : « Voilà ma tête, voilà mon cou, au moins je mourrai en pape[4]!»
Guillaume de Nogaret recule, impressionné, tandis que Sciarra Colonna, dans sa haine de Boniface VIII, se serait avancé insolemment et lui aurait, dit-on, donné une gifle avec son gantelet de fer.
Peu de temps après le 9 septembre, la population de la ville d'Anagni se révolte et dégage le pape des mains des Français mais ce dernier tombe malade et meurt un mois plus tard à Rome le 11 octobre 1303.
Cet énorme scandale éclabousse Philippe le Bel, bien qu'il n'en soit pas directement responsable, mais ceux qui ne le savaient pas encore comprennent qu'il vaut mieux ne pas s'opposer au roi de France. D'après Jean-François Chantaraud dans L'état social de la France, cette partie d'échec remportée par Philippe IV contre le Pape constitue la clé de voute de la fusion française des pouvoirs temporel et spirituel : dès lors, le chef de l'exécutif détient le monopole de la légitimité à dire le juste et l’État va devenir le producteur des justifications sur lesquelles il fait reposer ses propres décisions.
Anéantissement de l'ordre du Temple
Article détaillé : Procès de l'ordre du Temple.Après le très court pontificat de Benoît XI, Clément V, d'origine française, installé par Philippe le Bel à Avignon dans le Sud de la France, sera d'une aide précieuse pour anéantir l'ordre du Temple. Le vendredi 13 octobre 1307, les Templiers sont mis en prison puis torturés pour leur faire admettre l'hérésie dans leur ordre. Le maître de l'ordre, Jacques de Molay, périt sur le bûcher à Paris en 1314 après avoir été déclaré relaps. C'est lors de son exécution, alors que Jacques de Molay brûlait, qu'il aurait proféré sa célèbre malédiction, exploitée par l'écrivain français Maurice Druon dans son roman historique en sept tomes, les Rois maudits :
« Pape Clément, chevalier Guillaume de Nogaret, roi Philippe, avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu. Maudits, vous serez tous maudits, jusqu'à la treizième génération de vos races. »
En réalité, selon Geoffroi de Paris, témoin oculaire[5] de l'événement et chroniqueur de l'époque, les termes de la malédiction auraient été[6] :
« Je vois ici mon jugement où mourir me convient librement ; Dieu sait qui a tort, qui a péché. Il va bientôt arriver malheur à ceux qui nous ont condamnés à tort : Dieu vengera notre mort. »
Une succession de malheurs touchait alors la famille royale capétienne, dont la plus célèbre reste l'affaire des deux brus adultères du roi (affaire de la tour de Nesle). Marguerite de Bourgogne, capétienne, fille du duc Robert II de Bourgogne (1248-1306) et d'Agnès de France (1260-1325), Jeanne de Bourgogne et Blanche de Bourgogne, toutes deux filles du comte Othon IV de Bourgogne et de la comtesse Mahaut d'Artois, épousent respectivement les rois Louis X de France, Philippe V de France et Charles IV de France, les trois fils de Philippe le Bel.
Anéantissement des juifs
Moins célèbre que l'anéantissement de l'ordre du Temple, Philippe le Bel entreprit aussi celui du judaïsme en confisquant les synagogues et les biens de cette communnauté. À titre d'exemple, voici 3 textes :
La Synagogue-de-Dun-le-Roi. Commune de Dun-sur-Auron. Vidimus et confirmation de l’adjudication après enchères du 8 février 1308 [acte en français] par Hugues Gouhaut, bailli de Bourges, à Jean de Patinges, de la Synagogue de Dun le Roy, sise dans le pourpris du chasteau, pour le prix de 11 livres tournois, qui seront rendues par led. Hugues dans les comptes des biens des juifs, février 1310 (Archives Nationales-JJ 41, fol. 103, no 192 = 42B, fol. 91, no 191).
La Synagogue-de-Janville. Commune de Janville. Adjudication à Jean Le Grand, de la Synagogue de Yenville, avec 2 places en dépendant, la 2de appelé la Miquerie, janvier 1313 (Archives Nationales-JJ 48, fol. 95 v°, no 167).
La Petite-Synagogue-d’Orléans. Commune d’Orléans. La Petite Synagogue des juifs, sise à Orléans, 4 avril 1307 (Archives Nationales-JJ 44, fol. 23-24, no 37, vidimus de décembre 1317).
Au nom de ses difficultés financières, certes, mais aussi de gouvernement : une foi, une loi, un roi.Accroissement du domaine royal
Pendant le règne de Philippe le Bel le domaine royal s’est agrandi grâce à la politique d’assujettissement des grands féodaux et aussi :
- Suite à son mariage en 1284 avec Jeanne Ire de Navarre, fille unique et héritière d'Henri Ier, roi de Navarre et comte de Champagne. Par cette union, il acquiert en dot le comté de Champagne et la Navarre et devient le premier roi de France et de Navarre.
- En 1286, il achète le comté de Chartres à Jeanne de Blois-Châtillon.
- Après sa victoire à Mons-en-Pévèle en 1304, le Traité d'Athis-sur-Orge lui permet d'annexer les châtellenies de Lille, Douai et Béthune.
- En 1312, deux ans avant sa mort, les bourgeois de Lyon se placent sous sa tutelle, à cause du prestige de la royauté.
Scandale occasionné par les belles-filles du roi
En avril 1314, année même de la mort de Philippe le Bel, un grand scandale éclate : Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X de France, déjà roi de Navarre (par sa mère, Jeanne Ire de Navarre), et Blanche de Bourgogne, femme de Charles (futur Charles IV le Bel), sont dénoncées par Isabelle de France (fille de Philippe le Bel et reine d'Angleterre) dans l'affaire de la tour de Nesle. Elles auraient trompé leurs maris avec les frères Philippe et Gauthier d'Aunay, tous deux chevaliers de l'hôtel royal. Une enquête est menée et les deux frères avouent, sous la torture, entretenir des relations adultérines avec deux des belles-filles du roi. Les deux amants sont jugés et condamnés pour crime de lèse-majesté ; ils sont exécutés sur-le-champ en place publique à Pontoise : dépecés vivants, leur sexe tranché et jeté aux chiens, ils sont finalement décapités, leurs corps traînés puis pendus par les aisselles au gibet. Une telle cruauté s'explique par l'affront fait à la famille royale, mais aussi par l'atteinte aux institutions du royaume : cet acte met en péril la dynastie capétienne et le royaume de France. « Quelles auraient été la légitimité et l'autorité d'un futur souverain dont on aurait pu mettre en doute la royale paternité ? »
Les implications politiques sont si graves que le châtiment se doit d'être exemplaire. Marguerite de Bourgogne est condamnée à être tondue et conduite dans un chariot couvert de draps noirs à Château-Gaillard. Occupant une cellule ouverte à tous vents au sommet du donjon, elle y meurt en 1315 (certains disent qu'elle fut étranglée, mais ses conditions d'incarcération ne mettent pas en doute une mort d'épuisement).
Blanche de Bourgogne est aussi tondue mais bénéficie d'un « traitement de faveur » : elle est emprisonnée pendant sept ans, puis obtient l'autorisation de prendre l'habit de religieuse. Femme du cadet et non du futur roi de France (du moins, c'est ce que l'on croit, puisque son époux deviendra le roi Charles IV le Bel en 1322), Blanche a donc un traitement moins cruel que sa belle-sœur. Elle devient reine de France en prison le 21 février, jusqu'à ce que son mariage soit annulé le 19 mai par le pape Jean XXII.
Quant à la troisième, la comtesse Jeanne de Bourgogne et d'Artois, femme du futur Philippe V de France, elle est enfermée à Dourdan pour avoir gardé ce secret. Soutenue par sa mère Mahaut d'Artois, elle se réconcilie avec son mari le roi Philippe le Long et devient reine de France en 1317.
Mort
Le 4 novembre 1314, Philippe le Bel rend visite à son oncle le comte Robert de Clermont[réf. nécessaire] et c'est lors d'une partie de chasse en forêt de Pont-Sainte-Maxence (forêt d'Halatte) qu'il fait une chute de cheval, ou qu'il "éprouve un saisissement subit, avec impossibilité de prononcer une parole[7]". Les chroniques du temps se partagent entre l'accident ou la maladie inexplicable[8]. Transporté à Poissy, chevauchant jusqu'à Essone[7], puis porté en litière à Fontainebleau, il meurt quelques semaines plus tard, le 29 novembre 1314[9],[10].
Son cœur fut déposé à l'église du Prieuré de Poissy dans une urne retrouvée en 1687 lors de travaux dans un des caveaux. Son corps sera inhumé dans la basilique de Saint-Denis. Sa sépulture, comme celles des autres princes et dignitaires reposant en ce lieu, sera profanée par les révolutionnaires en 1793.
Les Grandes Chroniques de France signalent que Pierre de Latilly, évèque de Chalons, fut emprisonné un moment en 1315, soupçonné d'avoir empoisonné le roi défunt[11].
Ascendance
Ascendance de Philippe IV de FranceMariage et descendance
Le 14 août 1284, Philippe épouse à l'âge de 16 ans Jeanne Ire de Navarre (reine de Navarre de 1274 à 1305), ce qui lui confère le titre de roi de Navarre (Philippe Ier) de 1284 à 1305.
De cette union naissent sept enfants :
- Louis X de France (1289-1316), roi de Navarre et roi de France de 1314 à 1316, et postérité ;
- Marguerite de France (1290-1294) (promise en 1294 à Ferdinand IV de Castille), sans postérité ;
- Philippe V de France (v. 1291-1322), roi de France de 1316 à 1322, et postérité ;
- Isabelle (1292-1358), reine d'Angleterre en épousant Édouard II d'Angleterre (1284-1327), et postérité dont notamment Édouard III d'Angleterre (1312-1377) ;
- Blanche de France (v. 1293-peu après 1294), sans postérité ;
- Charles IV de France (1294-1328), roi de France de 1322 à 1328, et postérité ;
- Robert de France (v. 1296-1308), sans postérité.
Bien que veuf encore jeune (37 ans), Philippe IV ne se remarie pas et resta fidèle au souvenir de son épouse décédée.
Postérité
La nature même du pouvoir de ce grand souverain reste une énigme : fut-il le jouet de ses ministres ou le premier « roi absolu » ? La plupart des analyses tendent vers la seconde proposition, au vu de sa politique au long terme qui témoigne d'une volonté unique et cohérente (alors qu'il changea souvent de conseillers), et de son caractère intransigeant.
Grâce à l'aide de juristes, il transforme véritablement un État encore féodal en une monarchie moderne où la volonté du roi s'impose à tous, et un impôt national est prélevé sur tout le royaume de France.
Il agrandit également le territoire du royaume, notamment avec l'annexion de Lille après la signature du traité d'Athis-sur-Orge.
Ses contemporains le jugent comme étant d'une rare beauté, et son physique tout entier « semblait une vivante image de la grandeur et de la majesté des rois de France » (d'après une chronique médiévale).
Roman historique
- 1955 : Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer, roman historique en sept tomes de Maurice Druon.
Télévision
- 22/04/1961 : Les Templiers La caméra explore le temps (série télévisée française, 1957-1966) de Stellio Lorenzi, avec Jean-Pierre Marielle dans le rôle de Philippe le Bel. Scénaristes: André Castelot et Alain Decaux.
- 1972 : Les Rois maudits, feuilleton télévisé français en six épisodes de Claude Barma, avec Georges Marchal dans le rôle de Philippe le Bel. Inspiré de l'œuvre de Maurice Druon Les Rois maudits.
- 2005 : Les Rois maudits, feuilleton télévisé franco-italien en cinq épisodes de Josée Dayan, avec Tchéky Karyo dans le rôle de Philippe le Bel. Inspiré de l'œuvre de Maurice Druon Les Rois maudits.
Notes et références
- (en) Généalogie de Philippe IV sur le site Medieval Lands
- The Middle Ages, par Frantz Funck-Brentano, 1925, p. 854
- Histoire des Juifs en France - Les origines et le Moyen Âge, Privat, 1972,p. 42
- Antoine de Lévis-Mirepoix, Le siècle de Philippe le Bel, Le Livre Contemporain, 1961, p. 98
- L'information historique pour l'enseignement, p. 70 Geoffroi de Paris, témoin oculaire
- L'information historique pour l'enseignement, p. 70 Toute la citation dans
- Charles Baudon de Mony, Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, n°58, p.9, 1897
- Charles Baudon de Mony, Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, n°58, p.8, 1897
- L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance de Notre-Seigneur 1818, p. 21 Maur-François Dantine
- Jules Viard Les Grandes chroniques de France 1934, p. 303
- Les grandes chroniques de France, publiées par Paulin-Pâris, Paris : Techener, 1836-1838, t.5 p.221
Bibliographie
- Marc Bloch, La France sous les derniers Capétiens 1223-1328, Armand Colin, Paris, 1958
- Jean Favier, Philippe le Bel, Fayard, Paris, 1978 (ISBN 9782213006000)
- Georges Bordonove, Philippe le Bel, roi de fer, Le Grand livre du mois, Paris, 1984 (ISBN 9782724232714)
- Bernard Guenée, L'Occident aux XIVe et XVe siècles - Les États, P.U.F., Paris, 4e éd. 1991 (ISBN 9782130493532)
- Dominique Poirel, Philippe le Bel, Perrin, collection : Passé Simple, Paris, 1991. 461 p. (ISBN 9782262007492)
- Sylvie Le Clech, Philippe IV le Bel et les derniers Capétiens, Tallandier, collection : La France au fil de ses rois, 2002 (ISBN 9782235023153)
- Julien Théry, Philippe le Bel, pape en son royaume in Dieu et la politique. Le défi laïque, L’Histoire no 289, 2004, pp. 14-17.
- Jean Favier, Un roi de marbre : Philippe le Bel, Enguerran de Marigny , Fayard, collection : Les indispensables de l'histoire, 2005 (ISBN 9782213626499)
- Collectif, Monnaie, fiscalité et finances au temps de Philippe Le Bel, La Documentation Française, Collection : Histoire économique et financière de la France, Paris, 2007, sous la direction de Philippe Contamine, Jean Kerhervé, Albert Rigaudière et Xavier Hélary (ISBN 9782110953827)
- Danielle Gaborit-Chopin dir., L’art au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils (1285-1328), Paris, RMN, 1998.
Articles connexes
Liens externes
- Les olim ou registre des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis le Hutin et de Philippe le Long, par le comte Beugnot. Tome 1
- Les olim ou registre des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis le Hutin et de Philippe le Long, par le comte Beugnot. Tome 2
- Les olim ou registre des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis le Hutin et de Philippe le Long, par le comte Beugnot. Tome 3
- La politique monétaire trouble de Philippe le Bel
Catégories :- Capétien direct
- Roi de France du Moyen Âge
- Roi de Navarre
- Ordre du Temple
- Naissance en 1268
- Naissance à Fontainebleau
- Décès en 1314
- Templiers et pouvoir politique
- Mort causée par une chute de cheval
- Personnage cité dans la Divine Comédie (Enfer)
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