Louis XVI De France

Louis XVI De France

Louis XVI de France

Louis XVI
Roi de France
puis roi des Français
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Portrait de Louis XVI

Règne
10 mai 1774 - 10 août 1792
Sacre 11 juin 1775
en la cathédrale de Reims
Dynastie Maison de Bourbon
Titre complet Roi de France et de Navarre
puis roi des Français

Coprince d'Andorre
Prédécesseur Louis XV
Successeur Abolition de la monarchie
Convention nationale (Ire République)
Héritier Louis de France, prince royal

Autres fonctions
Roi de Navarre
Période
10 mai 1774 - 10 octobre 1789
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Monarque Louis V[1]
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Prédécesseur Louis XV
Successeur Conseil exécutif provisoire (Commune insurectionnelle de Paris)
Convention nationale (Ire République)

Coprince d'Andorre
Période
10 mai 1774 - 10 octobre 1789
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Monarque Louis XVI
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Prédécesseur Louis XV
Successeur Conseil exécutif provisoire
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Biographie
Nom de naissance Louis-Auguste de France, duc de Berry
Naissance 23 août 1754
Pavillon royal de France.svg Versailles, France
Décès 21 janvier 1793 (à 38 ans)
Drapeau de la France Paris, France
Père Louis de France
Mère Marie-Josèphe de Saxe
Conjoint(s) Marie-Antoinette d'Autriche
Descendance Princesse Marie-Thérèse de France
Prince Louis Xavier de France
Prince Louis de France, prince royal
Princesse Sophie-Béatrice de France
Résidence(s) Château de Versailles
Palais des Tuileries

Grandes Armes France-Navarre.svg
Roi de France
Roi des Français

Louis XVI, Louis Auguste de France, surnommé Louis le Dernier ou Louis Capet par les Révolutionnaires, né le 23 août 1754 à Versailles et guillotiné pour « trahison » le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution à Paris, est roi de France et de Navarre (1774-1791) puis roi des Français (1791-1792).

Il est le fils de Louis de France et le petit-fils de Louis XV auquel il succède en 1774, et le frère aîné des futurs rois Louis XVIII et Charles X.

Le règne de Louis XVI est marqué par des réformes importantes concernant le droit des personnes : abolition de la torture en 1781 et 1788, abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition du péage corporel des juifs d'Alsace en 1784, édit de tolérance des protestants en 1787. Il est aussi marqué par quatre tentatives de réformes profondes du royaume (1774-1776, 1781, 1787 par deux fois) passant par l'instauration d'un impôt direct égalitaire (en remplacement de la taille inégalitaire) et d'assemblées provinciales élues destinées à contrôler cet impôt. Ces dernières réformes butèrent sur l'hostilité des privilégiés, en particulier la noblesse de robe du Parlement de Paris et la Cour de Versailles. Louis XVI tenta alors de passer outre l'opposition des privilégiés en présentant ses réformes devant une assemblée de notables (1787) puis devant les états généraux (1789).

Les dernières années du règne de Louis XVI sont marquées par la Révolution française qui, tout en reprenant certaines des réformes soutenues par le roi avant 1789, les dépassent grandement. Louis XVI est de facto devenu monarque constitutionnel en 1789, mais a été accusé de ne pas jouer le jeu constitutionnel, d'avoir manœuvré secrètement contre la Révolution et d'avoir tenté de fuir la France (arrestation de Varennes), des faits considérés comme une trahison. Il a donc été renversé le 10 août 1792 par les sections républicaines, mis en procès par les élus du peuple et guillotiné le 21 janvier 1793.

Aujourd'hui, les historiens français en général ont une vue nuancée de Louis XVI, considéré comme un honnête homme mû par de bonnes intentions, mais qui n'était pas à la hauteur de la tâche herculéenne qu'aurait représenté une profonde réforme de la monarchie.

Sommaire

Biographie

Famille

Louis Auguste naît le 23 août 1754, à Versailles. Il est le troisième fils du dauphin Louis-Ferdinand et de sa seconde épouse Marie-Josèphe de Saxe, qui ont eu huit autres enfants :

François-Hubert Drouais a ici représenté le troisième (à droite, le duc de Berry, futur Louis XVI) et le quatrième fils (à gauche, le comte de Provence, futur Louis XVIII) du dauphin Louis-Ferdinand en somptueux costumes de cour.(1756[2])

Louis Auguste porte initialement le titre de duc de Berry. Après la mort de ses deux frères aînés - le duc de Bourgogne et le duc d'Aquitaine - et de son père Louis-Ferdinand de France, fils du roi Louis XV de France, le 20 décembre 1765, il devient l' héritier au trône de France et reçoit le titre de dauphin.

Il est élevé dans une religion stricte et est formé à des principes conservateurs sous la tutelle du duc de La Vauguyon. Élève studieux, il se passionne pour plusieurs disciplines scientifiques.

Le 16 mai 1770, le dauphin Louis Auguste épousa l’archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, fille cadette de François de Lorraine, grand-duc de Toscane et empereur souverain du Saint Empire romain germanique et de son épouse Marie-Thérèse, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Milan, reine de Bohême et de Hongrie. Cette union est la concrétisation d’une alliance visant à améliorer les relations entre la Maison de Bourbon (France, Espagne, Parme, Naples et Sicile) et la Maison de Habsbourg-Lorraine (Autriche, Bohême, Hongrie, Toscane). Les époux bien qu'étant alors âgés de 14 et 15 ans ne consommeront réellement leur mariage que sept ans plus tard.

De leur union, quatre enfants naîtront :

Éducation

Selon l'historien français Ran Halévi (Louis XVI, faut-il le réhabiliter ? dossier in revue L’Histoire, n°303, novembre 2005, page 34), Louis XVI a reçu l’éducation d’un « prince des Lumières » : « C’était un monarque éclairé ». Se basant notamment sur le dossier de L'Histoire, les professeurs d'histoire Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek précisent que "Louis XVI connaissait le latin, l’allemand, l’espagnol, maîtrisait l’anglais parfaitement, pratiquait la logique, la grammaire, la rhétorique, la géométrie, l’astronomie. Il avait une culture historique et géographique incontestable et des compétences en économie.". Ils estiment qu’« il est très influencé par Montesquieu, qui lui inspire une conception moderne de la monarchie détachée du droit divin. »[3].

Le dernier monarque de l'Ancien Régime

À la suite du décès de Louis XV, le 10 mai 1774, Louis Auguste devient roi de France. Il a 19 ans. Selon la tradition remontant à Pépin le Bref, il est sacré en la cathédrale de Reims le 11 juin 1775.

Louis XVI par Duplessis

Le règne de Louis XVI est marqué par de nombreuses tentatives de réformes économiques et institutionnelles, dans le sillage de la réforme René Nicolas de Maupeou (1771) initiée sous Louis XV. Louis XVI rétablit les parlements. À au moins quatre reprises (avec Turgot, Necker, Calonne, Loménie de Brienne, puis Necker de nouveau), il tente de mener des réformes plus ou moins profondes du royaume, et plus spécifiquement l'instauration d'un impôt égalitaire. Il se heurte à chaque reprise à l'opposition des élites du pays (la majorité de la noblesse et une partie du clergé) et de son entourage (la cour, la reine, etc.). Les Parlements, composés de la noblesse de robe attachée au maintien des privilèges, s'y opposent également et Louis XVI, qui est un légaliste, n'entend jamais excéder les pouvoirs que lui donnent les lois fondamentales du royaume. Il doit donc faire avaliser ses réformes. La convocation des États généraux, au cours desquels Louis XVI espère pouvoir faire plier en toute légalité les deux ordres qui le bloquent est le dernier épisode de cette confrontation.

Si le blocage systématique des réformes par la noblesse et le haut-clergé est le problème politique majeur de son règne, le déficit croissant en est le problème économique principal. Or là aussi le roi pense qu'il ne peut être résorbé que par de grandes réformes écornant certains privilèges. Les États Généraux, convoqués par le Premier ministre pour tenter de les mener à bien le plus paisiblement possible, échappent assez vite à son contrôle.

Le ministère Turgot

Turgot est appelé par Louis XVI comme contrôleur général des finances. Un choix audacieux : Turgot avait écrit des articles économiques de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, un ouvrage semi-interdit.

Turgot s'attelle alors à un projet « révolutionnaire » de mise en place d’une pyramide d’assemblées élus à travers le royaume : municipalités de communes, d’arrondissement puis de province et une municipalité de royaume. Comme l'explique en 1854 l'historien Victor Duruy : « C’étaient là de bien grandes nouveautés ; Turgot en projetait d’autres plus redoutables : abolition des corvées qui pesaient sur les pauvres ; établissement sur la noblesse et le clergé d’un impôt territorial ; mais amélioration du sort des curés et vicaires, qui n’avaient que la plus petite portion des revenus de l’Église, et suppression de la plupart des monastères ; égale participation de l’impôt par création d’un cadastre ; liberté de conscience et rappel des protestants ; rachat des rentes féodales ; un seul code : un même système de poids et mesures pour tout le royaume ; suppression des jurandes et maîtrises qui enchaînaient l’industrie ; la pensée aussi libre que l’industrie et le commerce ; enfin, comme Turgot s’occupait des besoins moraux aussi bien que des besoins matériels, un vaste plan d’instruction publique pour répandre partout les Lumières. » [4].

Une vaste coalition d’intérêts se forma contre Turgot : détenteurs du monopole sur le grain, parlementaires appartenant à la noblesse de robe (opposés au remplacement de la corvée par un impôt payé par les propriétaires, et qui déclare que « le peuple est taillable et corvéable à volonté et que c’est une partie de la constitution que le roi est dans l’impuissance de changer. »), patrons des jurandes, privilégiés, etc. A cette coalition s’ajoute l’entourage immédiat du roi : le ministre Maurepas, la Reine Marie-Antoinette. Louis tente d'abord de résister, seul, aux corps privilégiés et à son entourage immédiat afin de soutenir le plan de réformes révolutionnaires de Turgot. En mars 1776, il déclare encore : « Je vois bien qu’il n’y a que M. Turgot et moi qui aimions le peuple. »[5].

Mais, après deux années de "résistance", Louis XVI et ses ministres réformateurs finissent par céder aux pressions. Malesherbes démissionne. Puis Louis XVI doit se résoudre à renvoyer Turgot, le 12 mai 1776, et à revenir peu après sur ses réformes (rétablissement des corvées et des maîtrises)[6].

Le ministère Necker

En octobre 1776 Louis XVI fait appel à Necker comme « directeur des Finances » (l'équivalent du "contrôleur général des Finances"). Une triple révolution : c’est un banquier roturier, un étranger (genêvois) et de surcroît un protestant.

Necker et Louis XVI remettent sur le métier les réformes les plus essentielles du royaume. L’administration de Necker est ainsi marquée par l’affranchissement des derniers serfs du domaine royal par une ordonnance du 8 août 1779 [7]. Refusant l'abolition sans distinction de la servitude personnelle, il abolit toutefois dans tout le royaume le « droit de suite », et affranchit tous les « main-mortables [les serfs] des domaines du roi », ainsi que les « hommes de corps », les « mortaillables » et les « taillables » [d'où vient l'expression « taillable et corvéable à merci »] [7]. Cette ordonnance avait été favorisée par l'intervention de Voltaire, qui avait plaidé en 1778 la cause des serfs du Mont-Jura et de l'abbaye de Saint-Claude [7]. Il autorise en outre les « engagistes qui se croiraient lésés » par cette réforme à remettre au roi les domaines concernés en échange de contreparties financières [7]. Afin de favoriser l'imitation de son acte royal d'affranchissement des serfs dans les domaines royaux, l'ordonnance précise que « considérant bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour au droit naturel, nous avons exempté ces sortes d'actes [d'affranchissement] des formalités et des taxes auxquelles l'antique sévérité des maximes féodales les avaient assujettis » [7].

Néanmoins l'ordonnance ne fut guère appliquée [7], et le servage a persisté localement jusqu'à la Révolution qui l'abolit avec les privilèges lors de la célèbre nuit du 4 août 1789.

Il abolit en outre la question préalable (appliquée aux condamnés à mort). « Il projetait aussi une organisation d’assemblées provinciales, mais dans un simple but d’administration financière. » ajoute l'historien Victor Duruy [8].

Après la publication en 1781 par Necker du Comptes rendu de l’état des finances en 1781, « la guerre qui avait si bien réussi contre Turgot recommença sous son successeur.», explique Victor Duruy. Le parlement refusa l’édit qui ordonnait le rétablissement des assemblées provinciales, et les courtisans, menacés dans leurs dépenses somptuaires, usèrent de la calomnie pour saper l'autorité du roi et de ses ministres. Louis XVI et Necker ne purent tenir longtemps devant l'opposition des privilégiés. Necker remit sa démission au roi, qui l'accepta le 21 mai 1781[9].

Le 8 août 1779, un édit autorise les femmes mariées, les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans autorisation (notamment celle du mari en ce qui concerne les femmes mariées)[10].

Le ministère Calonne

Louis XVI appelle Charles Alexandre de Calonne, qui avait une réputation de bon technicien de la finance, comme contrôleur général des Finances (novembre 1783) puis ministre d'État pour remplacer Necker. Calonne entreprend pendant trois années une politique de dépenses et d’emprunts, de "relance" selon certains (grands travaux dans les transports, l'industrie, traité de commerce avec l'Angleterre en 1786), destiné à rétablir le crédit de l'État par les moyens inverses de ceux du rigoureux Necker.

Mais c'est l'échec. Calonne doit se résoudre au même plan de réformes que ses prédécesseurs : libéraliser le commerce intérieur par la suppression des douanes intérieures, supprimer les traites, réduire la taille, remplacer les corvées en nature médiévales par une prestation en argent, transformer la Caisse d’escompte en une banque d’État et surtout « soumettre les privilégiés à l’impôt et à une subvention territoriale ; établir des assemblées provinciales » élues qui répartiraient cet impôt. Comme dans le plan de Turgot, Calonne prévoyait une pyramide d'assemblées locales (assemblées paroissiales et municipales, assemblées de districts) élues par les contribuables.

Louis XVI aurait lancé à Calonne : « C'est du Necker tout pur que vous me donnez là ! », mais le plan serait plus proche de celui de Turgot. L'un des principaux rédacteurs du projet est le physiocrate Pierre Samuel du Pont de Nemours, ancien collaborateur de Turgot[réf. nécessaire].

Pour ne pas avoir à affronter la minorité privilégiée des parlementaires (groupe puissant de la noblesse de robe), qui refusent toujours les réformes et l'égalité fiscale, le gouvernement convoque une assemblée de 144 notables (en fait toujours essentiellement des privilégiés) pour lui soumettre son projet. Mais, réunie en février-mars 1787, celle-ci refuse l’impôt territorial égalitaire. Louis XVI, qui l'avait soutenu pendant plusieurs mois, retire brutalement son soutien à Calonne en avril 1787[11], peut-être sous l'influence de la Cour, de la Reine, ou de l'opinion publique.

En janvier 1784, Louis XVI abolit le péage personnel qui pesait sur les Juifs d'Alsace [12].

Le ministère Brienne

Le 1er mai 1787, Louis XVI appelle l'évêque libertin Etienne-Charles de Loménie de Brienne au Contrôle général des Finances. Brienne reprend toujours les mêmes réformes indispensables mais avec en face de lui le Parlement de Paris. Il réussit à faire le libre-échange à l’intérieur du pays, l'instauration d'assemblées provinciales élues, ainsi que le rachat des corvées. « Mais la lutte s’engagea vivement à propos de l’impôt du timbre et de la subvention territoriale. Le roi tint un lit de justice et fit enregistrer les deux dernier édits. »[13].

Devant la protestation du parlement, Louis XVI l’exile à Troyes en août 1787 et ne le rappelle que lorsque les parlementaires acceptent d'étendre l'impôt direct à toutes les formes de revenus. Mais les parlements s'opposent à un nouvel emprunt d'État[14]. Les Parlement finissent par faire appel aux état-généraux dans l'espoir de bloquer la réforme de l'impôt égalitaire. Brienne accepte leur tenue et quitte le pouvoir le 25 août 1788.

Le 17 novembre 1787, Louis XVI demande à Malesherbes de lui remettre un rapport en vue "d’améliorer la situation des juifs en France"[15].

Le second ministère Necker

Devant la banqueroute de l’État, Louis XVI fait de nouveau appel à Necker, le 25 août 1788. Il reprend une revendication du parlement : la convocation des Etats généraux en 1789. Une mesure qui finira par se retourner contre les privilégiés, notamment parce que Necker se prononce en faveur du doublement de la participation du tiers état.

Diverses réformes

C'est sous son règne, le 24 août 1780[16] que la question préparatoire[17] est abolie puis, 1er mai 1788, un nouvel édit supprime la question préalable[18]. Les parlements refusent toutefois d'entériner cet édit et le roi doit tenir un lit de justice pour l'imposer le 8 mai 1788. De nombreux travaux publics sont également lancés notamment en matière d'assèchements de marais.

À la suite de la première tentative d'unification des poids et mesures du Royaume de France du Roi Philippe le Long aux États Généraux d'Orléans, en 1321, ainsi que les suivantes jusqu'à celle du Roi Louis XV en 1770, Louis XVI va concrétiser cette longue série de tentatives en signant le 8 mai 1790 le projet d'unification des poids et mesures du Royaume de France, proposé par Talleyrand. Suite au rapport du 19 mars 1791 de l'Académie des Sciences, et sur proposition du Chevalier Jean-Charles de Borda, le « mètre » de Burattini, mieux défini, est adopté comme unité de longueur. Dès le 26 mars 1791, la proposition de Jean-Charles de Borda est transmise par Condorcet à l'Assemblée. Les tâches réparties entre les savants : Borda, Cassini, Lavoisier, et Hauj aboutiront à la détermination du mètre, de la seconde et du kilogramme, fondements du système métrique qui aujourd'hui s'appelle Système international d'unités (SI), appliqué suite à la métrification dans tous les pays du Monde, à l'exception des États-Unis, de la Grande-Bretagne (où les panneaux routiers restent libellés en miles et la bière vendue en pintes), du Liberia et du Myanmar.

Politique extérieure

La France joue un rôle géopolitique prépondérant en Europe. Le roi dote l'armée d'une marine qui rivalise pour la première fois depuis la Guerre de succession d'Autriche (quarante ans auparavant) avec celle de l'Angleterre, notamment lors de la Guerre d'indépendance des États-Unis où la France aide militairement les "insurgents".

Il poursuit la politique traditionnelle française d'appuyer des missions catholiques au Proche-Orient. Face au vide créé par l'interdiction de la Compagnie de Jésus (les Jésuites) en 1773, il choisit les Lazaristes pour les remplacer dans les missions en territoire ottoman. Le Pape Pie VI accepta ce changement, symbolisé par la prise en charge du centre des missions catholiques en Orient, le Lycée Saint-Benoît à Istanbul, par la Congrégation de la Mission de Saint Vincent de Paul, le 19 juillet 1783. Il reconnaitra comme valide les actes de naissances, mariages, décès de ses sujets protestants en 1788 (Edit de Tolérance).

Louis XVI a joué un rôle important dans la modernisation de la Marine française. Selon l'historien de la mer André Zysberg (université de Caen) : "C’est un roi géographe qui se passionne pour la mer ; il lit avec passion les récits de voyage, s’informe sur les techniques nouvelles de navigation. Il développe un programme de construction, augmente les crédits de la flotte de guerre, améliore les conditions de vie des matelots, sujet crucial à l’époque ; il promeut au mérite, contre la tradition, les chefs d’escadre issus de la guerre d'Amérique."[19].

Un roi simple mais érudit

Louis XVI a été longtemps caricaturé comme un roi un peu simplet, manipulé par ses conseillers, peu au fait des questions de pouvoir, avec des marottes comme la serrurerie et une passion envahissante pour la chasse.

Cette image est en partie due à son attitude envers la cour, et surtout en raison des calomnies du parti Lorrain et en premier M. de Choiseul, le comte de Mercy, l'Abbé de Vermond et enfin Marie-Thérèse d'Autriche.

Louis XVI était un prince studieux et érudit. Hormis sa passion connue pour la serrurerie, il était féru d'histoire, de géographie, de marine et de sciences. Il fit de la marine une priorité de sa politique étrangère, soucieux de contrecarrer les avancées anglaises outre-mer, et de prendre la revanche du désastreux traité de Paris de 1763. Cette marine puissante contribua fortement au succès des indépendantistes américains. Il avait en outre une connaissance théorique de la marine si pointue, qu'il se plut, quand il vit pour la première fois la mer, à faire des remarques dont la pertinence stupéfia ses interlocuteurs.

Sur le plan scientifique, il mandata Jean-François de La Pérouse pour effectuer le tour du monde et le cartographier. Il demandera de ses nouvelles jusque sur l'échafaud. Louis XVI favorisa également l'implantation en France de la culture de la pomme de terre, la faisant cultiver à proximité de Versailles.

Depuis Louis XIV, la noblesse était en grande partie « domestiquée » par le système de cour. L'étiquette régissait la vie de la cour en faisant du roi le centre d'un cérémonial très strict et complexe. Cette construction de Louis XIV visait à donner un rôle à une noblesse qui avait été jusque là souvent rebelle et toujours menaçante pour le pouvoir royal.

Au sein de la cour, la noblesse voyait sa participation à la vie de la nation organisée en vase clos dans un subtil système de dépendances, de hiérarchie et de récompenses, et ses velléités d'autonomie vis-à-vis de l'autorité royale nettement réduites. Louis XVI hérita de ce système. La noblesse était au service du roi et en attendait des récompenses et des honneurs. Même si l'écrasante majorité de la noblesse n'avait pas les moyens de vivre à la cour, les textes montrent bien l'attachement des nobles de province au rôle de la cour, et l'importance que pouvait prendre la « présentation » au roi.

Comme son grand-père Louis XV, Louis XVI eut les plus grandes peines à entrer dans ce système qui avait été construit un siècle auparavant par son quadrisaïeul pour répondre à des problèmes qui n'étaient plus d'actualité. Ce n'était pas par manque d'éducation : il fut le premier monarque français à parler couramment anglais ; nourri des philosophes des Lumières, il aspirait à trancher avec l'image « louis-quatorzienne[20]» du roi en constante représentation. Cette image du roi simple rejoint celle des « despotes éclairés » de l'Europe, comme Frédéric II de Prusse.

Le refus d'entrer dans le grand jeu de l'étiquette explique la très mauvaise réputation que lui fera la noblesse de cour. En la privant du cérémonial, le roi la privait de son rôle social. Ce faisant, il se protégeait également. Si à l'origine la cour servait à contrôler la noblesse, la situation se renversa très vite : le roi se trouvait à son tour prisonnier du système.

La mauvaise gestion par Louis XV puis par Louis XVI de cette cour, le refus par les Parlements (lieu d'expression politique de la noblesse et d'une partie de la haute bourgeoisie judiciaire) de toute réforme politique, ainsi que l'image souvent désastreuse de la capricieuse reine dégraderont peu à peu son image : beaucoup de pamphlets le ridiculisant viennent d'une partie de la noblesse qui supporte mal le risque de perdre sa place particulière, le décrivant non pas comme le roi simple qu'il était, mais comme un roi simplet.

Roi sous la Révolution

Le monarque constitutionnel

Louis XVI en 1786
Louis XVI jurant fidélité à la Constitution en 1790 (tableau de Nicolas Guy Brenet).

Après la prise de la Bastille, le roi se rend de son plein gré à Paris, le 17 juillet, où il est accueilli par le maire de la nouvelle municipalité, Bailly. Le roi accepte la cocarde bleue et rouge (aux couleurs de la ville de Paris) que lui offre Bailly et la place sur son couvre-chef orné de blanc. Par cette visite et ce geste, le roi entérine ainsi les conséquences de la journée révolutionnaire du 14 juillet. Dès lors, l'abolition des privilèges fut votée dans la nuit du 4 août, et le 26 août la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen est adoptée. Toutefois, ce n'est que le 5 octobre que le roi accepte de signer les décrets consacrant les décisions prises en août. À la suite de quoi, une foule venue de Paris, majoritairement composée de femmes, après avoir envahi la résidence royale (le château de Versailles) exige le transfert de la famille royale au Palais des Tuileries en plein centre de Paris.

Article détaillé : Journées des 5 et 6 octobre 1789.

L'Assemblée nationale décréta le 10 octobre 1789, lors de la discussion sur le mode de promulgation des lois, que la formule serait : "Louis, par la grâce de Dieu et la loi constitutionnelle de l'État, Roi des Français à tous présents et à venir, salut". Pour certains, le nouveau titre du chef de l'État serait donc roi des Français à partir de cette date. Rien pourtant d'anormal qu'à partir du 6 novembre 1789, il fit commencer ses actes officiels (lettres patentes, lois, etc.) par la formule « Louis, par la grâce de Dieu, et par la Loi constitutionnelle de l'État, Roi des Français », puisqu'il se conformait à la formule de promulgation qui avait été décrétée le 10 octobre par l'Assemblée constituante. Le nouveau sceau royal, utilisé à partir de février 1790, porta l'inscription : « Louis XVI par la grâce de Dieu et par la loy constitutionnelle de l'État Roy des François ». Le 14 juillet 1790, lors de la fête de la Fédération, sur le Champ-de-Mars, le roi, La Fayette et le peuple de Paris (260 000 Parisiens et 14 000 Fédérés) prêtent serment « d'être à jamais fidèle à la nation, à la loi et au roi » et le 21 octobre de la même année, le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc qui était la couleur de l'étendard royal.

Le roi des Français

Joseph II au « roi des Français » : « Que fais-tu là, beau-frère ? Je sanctionne. »

Pour d'autres, il n'aurait été déclaré roi des Français que par la Constitution du 3 septembre 1791 (texte intégral) (chapitre II, article 2 : « le seul titre du roi est Roi des Français »), « acceptée » par le roi le 13 septembre 1791. Les pouvoirs du roi y sont en effet limités et précisés. Louis XVI n'est plus roi par la grâce de Dieu, mais roi des Français, c'est-à-dire non plus un souverain de droit divin, mais en quelque sorte le chef, le premier représentant du peuple français. Il conserve la totalité des pouvoirs exécutifs, qu'il exerce en vertu de la loi humaine[21]. Cette constitution maintenait en outre le changement du titre du dauphin en prince royal (qui avait eu lieu le 14 août 1791).

Le 14 septembre 1791, Louis XVI jure fidélité à ladite constitution.

L'épisode de la fuite du roi et de son arrestation à Varennes est célèbre. Un plan de fuite avait été étudié par la reine à la fin de l'année 1790. En avril 1791, les événements entraînent sa réalisation. Une manifestation l'empêche physiquement de se rendre au château de Saint-Cloud. Les révolutionnaires s'opposent en effet à ce qu'il fasse ses Pâques avec un prêtre réfractaire à la constitution civile du clergé. Le roi se décide alors à quitter la ville de Paris le 20 juin avec sa femme, sa sœur et ses deux enfants, Marie-Thérèse et Louis-Charles. Il est arrêté à Varennes-en-Argonne le 21 juin malgré la présence de 60 hussards de Lauzun.

Une déclaration[22] qu'il avait laissée à Paris en quittant la ville, stigmatisant les Jacobins et leur emprise croissante sur la société française, fut bloquée par l'Assemblée et ne fut jamais diffusée dans son intégralité. Les caricaturistes révolutionnaires s'en donnèrent à cœur joie.

Appel nominal sur le jugement de Louis XVI, supplément au numéro 77 du journal Le Républicain, première page

Un mouvement important parmi les révolutionnaires commence à réclamer le départ du roi. Les Cordeliers rédigent plusieurs pétitions contre lui, soutenus par des journaux comme le Républicain. Les Jacobins décident de suivre les Cordeliers, ce qui crée une rupture en leur sein. Une partie de leurs membres créèrent le club des Feuillants. C'est dans ce contexte que la constitution du 13 septembre 1791, évoquée ci-dessus, est proclamée.

Le jeu politique extrêmement complexe de l'année qui suit conduit à la déchéance du roi. Le pays subit de très fortes tensions. Dans les campagnes, les récoltes sont bonnes, mais la politique libérale conduite par l'Assemblée entraîne une pénurie alimentaire et de nombreuses émeutes, malgré des réserves souvent excédentaires. En plus de ces tensions sociales, la guerre est le principal facteur des difficultés de la monarchie. Les défaites de l'armée française entraînent le vote de décrets plus radicaux auxquels le roi met son veto. Les débats qui s'ensuivent et les émeutes organisées par les révolutionnaires poussent l'Assemblée législative à décréter la suspension du roi.

Louis XVI est donc suspendu par l'Assemblée le 10 août 1792, et détrôné lors de la première séance de la Convention nationale qui décrète, le 21 septembre 1792 que « la royauté est abolie en France » et que « l'An I de la République française » partira du 22 septembre 1792. Louis XVI perd alors tous ses titres, les autorités révolutionnaires le désignent sous le nom de Louis Capet (en références à Hugues Capet, dont le surnom est considéré, de manière erronée, comme un nom de famille).

Le procès de l'ancien roi et son exécution

Le procès

Considéré comme un citoyen ordinaire, "Louis Capet" est déclaré coupable de « conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l'État » par la Convention nationale (auto-instituée en tribunal) lors d'un premier vote le 15 janvier 1793, par 707 voix pour 718 votants.

Puis, avec une majorité étroite, condamné à mort au manège du château des Tuileries, à la suite de la « séance permanente du mercredi 16 et du jeudi 17 janvier 1793 » et du scrutin rectificatif du 18. Un vote nominal, suivi d'une justification des votants à la tribune, qui donne 387 votes pour la peine de mort, dont 26 demandant un éventuel sursis. La majorité requise étant de 361 voix, l'ancien roi est condamné pour un unique vote. Ce dernier scrutin ne souffrit cependant pas de contestations du fait de sa nature nominale.

On commence à le surnommer « Louis le dernier »[23].

L'exécution (21 janvier 1793)

Article détaillé : Exécution de Louis XVI.

Les bourreaux voulurent dépouiller Louis XVI de ses habits. Il les repoussa fièrement, se déshabilla lui-même et défit le col de sa chemise. Ils voulurent lui lier les mains. Cette dernière humiliation le révolta :

« Que prétendez-vous ? », demanda-t-il.
« Vous lier », lui fut-il répondu.

L'ancien roi reprit :

« Me lier ? Non, je n'y consentirai jamais. Faites ce qui vous est commandé, mais vous ne me lierez pas ; renoncez à ce projet. »
« Avec un mouchoir, Sire » demanda le bourreau Sanson avec respect, montrant un morceau de soie.

Louis XVI, qui n'avait plus été appelé « Sire » depuis bien longtemps, accusa le coup. Il hésitait quand il se tourna vers son confesseur. Les bourreaux allaient l'empoigner quand l'abbé Henri Edgeworth de Firmont lui dit :

« Sire, dans ce nouvel outrage je ne vois qu'un dernier trait de ressemblance entre Votre Majesté et le Dieu qui va être votre récompense. »

Louis leva les yeux au ciel :

« Assurément, dit-il, il ne faut rien de moins que son exemple pour que je me soumette à un tel affront. »

Et se tournant vers les bourreaux :

« Faites ce que vous voudrez ; je boirai le calice jusqu'à la lie. »

Il se laissa dès lors lier les mains et couper les cheveux. S'appuyant sur l'abbé Henri Edgeworth de Firmont il monta calmement les marches qui conduisaient à l'échafaud. L'abbé Henri Edgeworth de Firmont craignait que le courage commençât à lui manquer, et il aurait ajouté :

« Fils de Saint Louis, montez au Ciel ! »

Mais, parvenu au pied de la guillotine, Louis, placide, considéra un instant les instruments de son supplice et demanda si les tambours s'arrêteraient de battre. Il s'avança pour dire :

Tombe de Louis XVI et de Marie-Antoinette, basilique Saint-Denis.
« Je meurs innocent des crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez verser ne retombera pas sur la France ».

Il voulut poursuivre mais les tambours couvrirent ses dernières paroles. On cria aux bourreaux de faire leur office. Le roi déchu redevint silencieux, et n'opposa plus aucune résistance à l'exécution.

Louis XVI fut guillotiné le lundi 21 janvier 1793 à Paris, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Le couperet siffla à 10 heures 22, sous les yeux de cinq ministres du conseil exécutif provisoire et de quelques autres personnes, invitées par le ministre de la Marine dans son bureau, pour assister à l'exécution.

Il fut enterré au cimetière de la Madeleine, rue d'Anjou-Saint-Honoré. Les 18 et 19 janvier 1815, Louis XVIII fit exhumer ses restes et ceux de Marie-Antoinette pour les faire inhumer à la basilique Saint-Denis le 21 janvier. En outre, il fit édifier en leur mémoire la Chapelle expiatoire à l'emplacement du cimetière de la Madeleine.

Le 3 mai 1826 place de la Concorde, Charles X pose la première pierre du monument à la mémoire de Louis XVI. Mais la statue ne sera en fait jamais édifiée. Son socle servira de base à l'obélisque de Louxor dressé en 1836. L'actuel pont de la Concorde portait le nom de Louis XVI avant la Révolution.

Pour anecdote, quelques jours avant son exécution, il s'intéressait encore au sort de La Pérouse et de son expédition.

Historiographie

Sous la phase jacobine de la Révolution française, Louis XVI est traité de "tyran" et considéré comme un traître à la patrie, jouant double jeu : il aurait fait semblant d'accepter les mesures de la Révolution française, pour sauvegarder sa vie et son trône, tout en souhaitant secrètement la guerre, de connivence avec les princes étrangers qui déclarent la guerre à la France révolutionnaire.

De son côté, le courant royaliste contre-révolutionnaire a dressé dès la même époque le portrait d'un "roi martyr", conservateur, très catholique, aimant son peuple mais incompris de lui.

Sur sa personnalité

En 1900, le leader socialiste Jean Jaurès, juge Louis XVI "indécis et pesant", "incertain et contradictoire". Il estime qu'il n'a pas compris la "révolution dont lui-même avait reconnu la nécessité et dont il avait ouvert la carrière", ce qui l'a empêché d'en prendre la tête pour former une "démocratie royale" car "il en était empêché par la persistance du préjugé royal ; il en était empêché surtout par le poids secret de ses trahisons. Car il ne s'était pas efforcé seulement de modérer la Révolution : il avait appelé l'étranger pour la détruire."[24].

Les grands historiens de la Révolution française du XXe siècle, Albert Soboul, Georges Lefebvre, Alphonse Aulard, Albert Mathiez, s'incrivent dans la lignée jacobine qui considère que Louis XVI a trahi la Révolution française.

Un courant historiographique, de réhabilitation, place Louis XVI dans la filiation des Lumières. C'est par exemple la biographie de l'historien Jean de Viguerie (université de Lille) (Louis XVI le roi bienfaisant, 2003). Pour lui, "Nourri de Fénelon, ouvert aux Lumières, croyant que gouverner était faire le bien, Louis XVI, roi singulier, prince attachant, ne pouvait qu'être sensible à l'aspect généreux de 1789, puis choqué - voire révolté - par les dérives révolutionnaires. Roi bienfaisant, il fut emporté par une tourmente imprévisible, presque imparable."[25].

Dans la même lignée se situe la biographie de l'"historien et écrivain" Jean-Christian Petitfils (Louis XVI, 2005) pour qui Louis XVI est : "un homme intelligent et cultivé, un roi scientifique, passionné par la marine et les grandes découvertes, qui, en politique étrangère, joua un rôle déterminant dans la victoire sur l’Angleterre et dans l’indépendance américaine. Loin d’être un conservateur crispé, en 1787 il voulut réformer en profondeur son royaume par une véritable Révolution royale."[26]

Pour le Dictionnaire critique de la Révolution Française de François Furet, Mona Ozouf et alii (1989), les historiens « ont pu le peindre tantôt en roi sage et éclairé, désireux de maintenir le patrimoine de la couronne en conduisant les évolutions nécessaires, tantôt en souverain faible et imprévoyant, prisonnier des intrigues de cour, naviguant au plus juge sans pouvoir jamais peser sur le cours des choses. À ces jugements, il existe des raisons politiques, puisque le malheureux Louis XVI est pris au premier rang dans la grande querelle de l’Ancien Régime et de la Révolution ». François Furet croit dans le double jeu du roi.

Sur la fuite de Varenne

L'épisode de la Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes, en juin 1791, constitue un élément de preuve de la duplicité du roi, qui n'aurait accepté officiellement la révolution française que pour sauver son titre royal et n'aurait attendu qu'une occasion pour rejoindre les princes étrangers.

En 2009, au sujet d'une téléfilm sur le sujet (« Ce jour-là, tout a changé : l'évasion de Louis XVI »), l'historien Jean-Christian Petitfils a émis une thèse différente sur le sujet : "Le scénario qui m'avait été présenté aborde deux thèmes essentiels et pourtant peu connus, ou en tout cas que les historiens en général n'ont pas pris en compte : Louis XVI est prêt à s’entendre avec les révolutionnaires, il accepte le principe d’une monarchie limitée. Néanmoins, il souhaite conserver une autorité dans certains domaines politiques. Mais cette volonté est rejetée par une grande majorité de députés de l’assemblée. (..)"[27].

Une collectif d'historiens a fortement critiqué la thèse de Petitfils. Ils citent notamment l’historien Edgar Quinet qui a évoqué le plan de Mirabeau (devenu conseiller de la Cour jusqu’à sa mort le 2 avril 1791) : le roi devait se réfugier dans une place forte au milieu des régiments fidèles, dissoudre l’Assemblée, et reprendre Paris aux révolutionnaires. Ils citent l'historien Alphonse Aulard : "« Dès le mois d’octobre le projet était arrêté de partir secrètement pour Montmédy. L’empereur ferait sur nos frontières une démonstration militaire qui effraierait les patriotes. Louis XVI marcherait sur Paris avec l’armée de Bouillé ». Ils invoquent l'historien François Bluche pour qui "Louis XVI prisonnier de Paris depuis le 18 avril, ulcéré d’avoir dû accorder sa sanction à la Constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 et condamnée par le pape le 10 mars 1791 est décidé à ne plus jouer le rôle que les circonstances lui imposaient depuis presque deux ans. Il est résolu à fuir la capitale, à se réfugier en province à Montmédy afin de retrouver au moins la plénitude de ses attributions constitutionnelles."[28]

Sur son procès

Le procès de Louis XVI s'appuie principalement sur l'accusation de trahison envers la patrie.

Les historiens amateurs Paul et Pierrette Girault de Coursac ont tenté de dédouaner Louis XVI estiment que la faute des liens avec l'étranger en revient à un parti réactionnaire qui menait la "politique du pire". Leur ouvrage de réhabilitation de Louis XVI (Enquête sur le procès du roi Louis XVI, Paris, 1982) affirme que l'"armoire de fer" contenant la correspondance secrète du roi avec les princes étrangers aurait été fabriquée de toute pièce par le révolutionnaire Roland pour accuser le roi. L'historien Jacques Godechot a vivement critiqué les méthodes et conclusions de cet ouvrage[29].

L'une des réponses classiques apportées à la question du procès est politique et dépasse la simple personne de Louis Capet. L'historien communiste Frédérick Genevée (lycée du Kremlin-Bicêtre, membre du Conseil national du PCF et responsable des archives) avertit ainsi : "Ne banalisons pas l’acte. Ils ont réussi à s’extraire d’un millénaire de croyances dans le caractère quasi surnaturel du souverain. Ils ont libéré la société française d’une pesanteur obscurantiste dont on a du mal à imaginer la force et les conséquences. (...) Aujourd’hui, il serait vain pour l’historien de tenter de justifier ou de condamner. Il s’agit d’analyser. Quant aux militants de la libération humaine, hostiles à la peine de mort, ils n’ont pas à voir dans cette décapitation une méthode atemporelle de lutte. Nous n’avons plus de roi ni personne d’autre à condamner. Le mérite en revient en partie aux fondateurs de la République et à ceux qui jugèrent Louis XVI."[30].

Notes et références

  1. Louis XVI figure dans la chronologie des rois de Navarre avec ce titre. Le suivant roi de Navarre est Louis XVIII en qualité de Louis VI.
  2. Philippe Huisman et Marguerite Jallut, Marie-Antoinette : L'Impossible bonheur, Edita Lazarus, 1970, p. 42
  3. Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek, Un même personnage, des images contradictoires : Louis XVI sur le site de l'Académie de Lille..
  4. Victor Duruy, Histoire de France, 1854, tome II, page 426-427.
  5. Victor Duruy, idem, page 427.
  6. Victor Duruy, idem, page 427-429.
  7. a , b , c , d , e  et f Louis Firmin Julien Laferrière, Histoire du droit français, Joubert, 1837, p.  510 sq. (texte en ligne sur Gallica et d'autres sites)
  8. Victor Duruy, idem, pages 429-431
  9. Victor Duruy, idem, page 431.
  10. Recueil général des anciennes lois françaises, page 286, chapitre Pensions.
  11. Victor Duruy, idem, page 448.
  12. Elie Barnavi et alii, Histoire Universelle des juifs, Hachette, 1993 sur le [Campus numérique juif http://www.akadem.org/photos/contextuels/1651___1_Chronologie.pdf]
  13. Victor Duruy, idem, pages 449-450.
  14. Victor Duruy, idem, pages 449-450.
  15. Elie Barnavi et alii, Histoire Universelle des juifs, Hachette, 1993 cité sur [1].
  16. C. Carlier et M. RennevilleChronologie relative aux peines et aux prisons en France : De l’Ancien Régime à la Restauration,sur le site du CNRS/Criminocorpus
  17. phase de torture qui vise à obtenir les aveux de l’inculpé
  18. visant à obtenir les noms d’éventuels complices, avant l’exécution d'une peine
  19. Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek, Un même personnage, des images contradictoires : Louis XVI sur le site de l'Académie de Lille. citant André Zysberg, Louis XVI, le Roi qui aimait la mer, in revue L’Histoire, n°270, novembre 2002.
  20. Louisquatorzienne : adjectif, s'écrit soit d'un seul mot ou avec un tiret entre louis et quatorzienne, voir Le trésor de la langue française informatisée
  21. Michel Biard et Pascal Dupuy, la Révolution française, 2004, p.65
  22. Déclaration de Louis XVI à tous les Français, à sa sortie de Paris, sur Wikisource
  23. Par exemple Jacques Roux avec son Discours sur le jugement de Louis le dernier, sur la poursuite des agioteurs, des accapareurs et des traîtres (1er décembre 1792)
  24. Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, 1900. Réédité en 2006 Ppr Tallandier et Max Gallo sous le titre Louis XVI et [2]
  25. Jean de Vigueries, Louis XVI le roi bienfaisant, Editions du Rocher, 2003, 4e de couverture.
  26. Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Perrin, 2005, 4ème de couverture
  27. Jean-Christian Petitfils sur le site docandfiction-tv.fr en 2009
  28. Lettre ouverte à aux inspecteurs pédagogiques régionaux d’histoire et de géographie de l’Académie de Paris, sur le site de l'Institut d'Histoire de la Révolution française, Université Paris I, 2009
  29. Godechot Jacques Annales historiques de la Révolution française Année 1983 Volume 254 Numéro 254 pp. 643-645
  30. Frédérick Genevée, L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 eut un retentissement universel, in L'Humanité, 20 janvier 1993

Voir aussi

Articles connexes

Évènements de sa vie
Contexte

Bibliographie

Ouvrages d'Histoire
  • Vincent Cronin, Louis and Antoinette, éd. Collins, London, 1974 (ISBN 0809592169) ;
  • Évelyne Lever, Louis XVI, éd. Fayard, Paris, 1985 (ISBN 2213015457) ;
  • Jean Imbert et Georges Flécheux, Le Bicentenaire du procès du roi, éd. F. X. de Guibert, 1993 ;
  • Étienne Taillemite, Louis XVI ou le navigateur immobile, éd. Payot, Paris, 2002 (ISBN 2228895628) ;
  • Timothy Tackett, Le roi s'enfuit. Varennes et l'origine de la Terreur, éd. La Découverte, Paris, 2004 (édition américaine: Harvard UP, 2003) (ISBN 2707142387) ;
  • Jean de Viguerie, Louis XVI, le roi bienfaisant, éd. du Rocher, Paris, 2003 (ISBN 2268045064) ;
  • Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, éd. Perrin, Paris, 2005 (ISBN 2262014841) ;
  • Mona Ozouf, Varennes : la mort de la royauté (21 juin 1791), éd. Gallimard, coll. « Les Journées qui ont fait la France », Paris, 2005, (ISBN 2070771695) ;
  • Joël Félix, Louis XVI et Marie-Antoinette : un couple en politique, éd. Payot & Rivages, Paris, 2006, (ISBN 2228901075)
  • Bernard Vincent, Louis XVI, éd. Gallimard, Paris, 2006 (ISBN 978-2070307494) ;
  • Paul et Pierrette Girault de Coursac, spécialisés dans l'étude de Louis XVI et Marie-Antoinette ont rédigé un ensemble d'ouvrages à partir d'archives, voir Paul et Pierrette Girault mémoires relatifs à l'histoire de France pendant le 18e siècle, n° 9, Paris, (1847), 475 p. [lire en ligne sur google books]
  • A Journal of Occurrences at the Temple, During the Confinement of Louis XVI, King of France, Cléry (1798) [lire en ligne sur google books]
Fiction

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