- Dandy
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Un dandy est un homme se voulant élégant et raffiné, se réclamant du dandysme, courant de mode et de société venant de l'Angleterre de la fin du XVIIIe siècle, mais aussi d'une affectation de l'esprit et de l'impertinence.
Sommaire
Description
Cultivant l'élégance, la finesse et l'originalité, le style « dandy » s'attache principalement au langage et à la tenue vestimentaire.
La définition d'un dandy pourrait être « homme à l'allure précieuse, originale et recherchée, et au langage choisi ». Mais le dandysme n'est pas une esthétique fixée : il peut être protéiforme, et le dandysme d'un George Brummell, souvent considéré comme originel, est très différent du dandysme d'un Oscar Wilde.
Le dandysme constitue aussi une métaphysique, un rapport particulier à la question de l'être et du paraître, ainsi qu'à la modernité. De nombreux auteurs, la plupart du temps eux-mêmes des dandys, se sont interrogés sur son sens. Ainsi, dans un contexte de décadence, Baudelaire identifie le dandysme comme le « dernier acte d'héroïsme » possible, recherche de distinction et de noblesse, d'une aristeia de l'apparence :
« Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir »
— Baudelaire, Mon cœur mis à nu
Identifié, souvent à tort, comme une simple frivolité, le dandysme, au contraire, se pense par ses pratiquants, surtout au XIXe siècle, comme une ascèse et une discipline extrêmement rigide et exigeante. Ainsi, toujours selon Baudelaire : « Le mot dandy implique une quintessence de caractère et une intelligence subtile de tout le mécanisme moral de ce monde[1]. »
Le dandysme constitue un jeu permanent sur l'être et le paraître qui explique que l'on ne distingue pas véritablement les dandys de chair de ceux de papier.
Dans les romans de La Comédie humaine, Honoré de Balzac a présenté toute la gamme des dandies dont les représentants les plus caractéristiques sont Henri de Marsay : « [...] le jeune comte entra vigoureusement dans le sentier périlleux et coûteux du dandysme. Il eut cinq chevaux, il fut modéré : de Marsay en avait quatorze[2]. » ou Maxime de Trailles : « Monsieur de Trailles, la fleur du dandysme de ce temps là, jouissait d'une immense réputation[3]. »
Dans la vie réelle, Balzac avait une grande admiration pour le « dandy-lion » Charles Lautour-Mézeray, journaliste et mondain[4], qui lui a servi de modèle pour le personnage d'Émile Blondet[5]. Il a en outre donné de nombreuses interprétations sur la notion de dandysme dans des articles parus dans La Mode et dans son Traité de la vie élégante, 1830.
Le dandy le plus connu était George Brummell, dit le « beau Brummell ». C'était un courtisan qui fréquentait la cour d'Angleterre. Ses héritiers sont notamment Barbey d'Aurevilly, Oscar Wilde, Robert de Montesquiou, Paul Bourget ou Baudelaire en France.
Le dandysme suppose un caractère personnel très altier, élégant, raffiné, voire arrogant, et il est une idée très répandue d'estimer que le dandysme perdure de nos jours par cette forme. Mais il s'agit là plus de l’« esprit dandy » que de dandysme véritable, le mouvement comprenant en sa définition même son caractère autodestructeur.
Souvent assimilé au snobisme, le dandysme en est pourtant différent puisque le snob et le dandy hiérarchisent de façon inverse la personne et le groupe[6].
Citations
« Le dandysme est un soleil couchant; comme l’astre qui décline, il est superbe, sans chaleur et plein de mélancolie. Mais, hélas! la marée montante de la démocratie, qui envahit tout et qui nivelle tout, noie jour à jour ces derniers représentants de l’orgueil humain et verse des flots d’oubli sur les traces de ces prodigieux myrmidons. »
« Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c'est ce que font les autres. »
Notes et références
- Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne
- Le Cabinet des Antiques, Furne, vol.7, p.172
- Gobseck, édition du Furne, vol.2, p.394
- André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Hachette, 1965, p.90,191,533
- Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnages fictifs de la Comédie humaine, t. XII, Paris, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1981 (ISBN 2070108775), p. 1186
- Frédéric Rouvillois, Histoire du snobisme, 2008
- Charles Baudelaire, « Le Dandy », Le Peintre de la vie moderne, 1863
Bibliographie
- Marie-Christine Natta, La Grandeur sans convictions, Essai sur le dandysme, Éditions du Félin, 2011 (ISBN 978-2-8664-5756-3)
- Daniel Salvatore Schiffer, Philosophie du Dandysme - Une Esthétique de l'âme et du corps, Presses Universitaires de France (PUF), 2008 (ISBN 978-2-1305-6664-9)
- Maxime Foerster, L'art d'être odieux, éditions Jean-Paul Bayol, 2010 (ISBN 978-2-9169-1332-2)
Annexes
Articles connexes
- Gommeux
- Snob
- Mr Pearl
- Alfred d'Orsay
- Jules Barbey d'Aurevilly
- Pierre François Lacenaire
- Robert de Montesquiou
- Boni de Castellane
- Serge Gainsbourg
- À rebours de Joris-Karl Huysmans
Liens externes
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