- Jules Renard
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Jules Renard Nom de naissance Pierre-Jules Renard Activités Écrivain Naissance 22 février 1864
Châlons-du-Maine, Mayenne, FranceDécès 22 mai 1910 (à 46 ans)
Paris, Île-de-France, FranceLangue d'écriture français Genres Roman, journal, théâtre Distinctions Légion d'honneur; Académie Goncourt en 1907 Œuvres principales - L'Écornifleur (1892)
- Poil de Carotte (1900)
- Journal, 1887-1910 (1925)
Pierre-Jules Renard, dit Jules Renard, né à Châlons-du-Maine (Mayenne) le 22 février 1864 et décédé le 22 mai 1910 à Paris, est un écrivain français.
Il faut se garder de confondre cet auteur avec le Jules Renard vaudevilliste (1813-1877), auteur de La Clarinette postale, Le musée d'Anatole, Même maison, Un coup de vent, Un tailleur pour dames, Une noce sur le carré. Différents guides et manuels bibliographiques ayant commis cette erreur, la précision n'est pas inutile.
Sommaire
Vie et œuvre
La jeunesse
C'est par hasard que Pierre-Jules naît en Mayenne : son père, François Renard (1824-1897), est entrepreneur de travaux publics et travaille à ce moment-là à la construction du chemin de fer dans la région. Le jeune Renard est le dernier de la fratrie : Amélie (décédée en 1858), une autre Amélie (née en 1859) et Maurice (né en 1862). Sa mère, Anne-Rosa Colin, a vingt-huit ans : elle ne supporte plus son mari et elle aura la même attitude avec son dernier fils[1].
Très rapidement la famille s'installe à Chitry-les-Mines (lieu de naissance du père). La scolarité des deux garçons se déroule à Nevers, en pension. Pierre-Jules est reçu bachelier ès lettres en 1883 (à Paris au lycée Charlemagne), mais refuse de se présenter au concours de l'École normale supérieure[2].« Je suis de la vieille école, moi, de l'école qui ne sait pas lire », écrira-t-il dans les Bucoliques.
Les débuts et le mariage
Le succès n’est pas pour tout de suite : nombreuses lectures, fréquentation du milieu littéraire, collaboration à des journaux, publications de poèmes et de nouvelles (Crime de village), et début du roman Les Cloportes caractérisent ces années. Il habite, début 1888, l’Hôtel des Étrangers, 24 rue Tronchet, près de sa fiancée, Marie Morneau, qui habite 44 rue du Rocher : la rue du Rocher sera son adresse parisienne jusqu’à sa mort en 1910. Son mariage améliore sa situation financière. De cette union vont naître Jean-François (Fantec) en février 1889 et Julie Marie (Baïe) en mars 1892.
Premiers succès
Lorsque, en 1889, de jeunes écrivains fondent le Mercure de France, Renard est un des principaux actionnaires : il est à la fois critique et prosateur, rédacteur en chef et administrateur. Le succès arrive avec L'Écornifleur, publié en 1892. Alphonse Allais, Edmond Rostand, Courteline, les Goncourt, Tristan Bernard, Lucien Guitry et Sarah Bernard font partie de son entourage[2]. En 1894, il entre à la Société des gens de lettres et rédige Le Vigneron dans sa vigne ainsi que Poil de Carotte . « Je cours les dangers du succès » note-t-il dans son Journal
La controverse de La Demande
On attribue souvent à Renard La Demande. En réalité, il signe cette pièce avec Georges Docquois. Mais ce dernier, dans un article postérieur de deux ans à la mort de Renard, explique que, s'inspirant de la nouvelle de Jules Renard, les deux amis composèrent chacun un acte. Un arbitre préféra celle de Docquois, et ce fut celle-ci qui fut jouée au théâtre municipal de Boulogne-sur-Mer en janvier 1895. Jules Renard regretta vite de s'être prêté « à cette aventure médiocre ».
Renard et Rostand
En 1895, Renard se lie d'amitié avec Edmond Rostand ; amitié difficile mêlée d'envie qui, si elle ne gêne pas son admiration pour Cyrano, se dévoile peu à peu dans le ton un peu aigre de ses lettres. Dans un passage de son Journal, il raconte la première de la pièce ; il y détecte immédiatement un chef d'œuvre. Mais à son enthousiasme se mêle aussitôt une tristesse littéraire : celle de n'avoir pas réussi à faire aussi bien que Rostand. Renard ne connaîtra le succès qu'avec Le Plaisir de rompre puis Le Pain de ménage. Rostand n'assistera jamais à l'une de ces représentations, malgré l'insistance de l'auteur. (Selon certains analystes, comme Léon Guichard, Jules Renard admirait Mme Rostand comme, dans la pièce, Pierre admire Marthe...)
Le militant républicain
À partir de 1896, Renard passe plusieurs mois par an à Chaumot, proche de Chitry-les-Mines (Nièvre), dans une petite maison de curé nommée La Gloriette. En 1897, son père se suicide. En 1900, il accepte la Légion d'honneur[3]. Entre 1901 et 1903, il rédige de nombreux articles pour le journal L'Écho de Clamecy : la tonalité est laïque, anticléricale et républicaine. Succédant à son père, il devient maire de Chitry le 15 mai 1904. Élu sur une liste républicaine, il s'engage dans la lutte contre l'ignorance et une de ses mesures les plus spectaculaires sera la gratuité des fournitures scolaires.
Lors de l'affaire Dreyfus, il soutient Émile Zola et critique sévèrement sa condamnation.Derniers honneurs
Jules Renard est élu membre de l'académie Goncourt en octobre 1907, au fauteuil de Huysmans grâce à Octave Mirbeau, qui a dû menacer de démissionner pour assurer son succès. Il prend sa nouvelle charge très au sérieux et participe à toutes les réunions.
Sa mère se noie dans le puits de la maison familiale.
Sa pièce La Bigote suscite des polémiques.Il meurt d'artériosclérose à l'âge de 46 ans.
Jugements et citations
Comme tous les grands écrivains, Jules Renard n'a jamais fait l'unanimité. Il est, selon Charles Du Bos, « un Montaigne minuscule dont La Bruyère aurait affûté le style. »
On l'accuse, par ailleurs, de misogynie. Il écrit, par exemple, dans son Journal (1905) :- « Les femmes cherchent un féminin à “auteur” : il y a “bas-bleu”. C’est joli, et ça dit tout. À moins qu’elles n’aiment mieux “plagiaire” ou “écrivaine”. »
- Autres citations
- « Oui, homme de lettres. Je le serai jusqu'à la mort. Et si, par hasard, je suis éternel, je ferai, durant l'éternité, de la littérature. »
- « Aimer la Musique c'est garantir le quart de son bonheur. »
- « Ajoutez deux lettres à Paris : c'est le paradis. »
- « Il faut me prendre comme je suis et ne pas trop serrer » (in « Le Hérisson », Histoires Naturelles, 1896).
- « Ah ! que j'écrirais de belles choses dans un journal, qui n'aurait pas un lecteur. »
- « Dans les salles de rédaction, il me semble que je perds mon temps sous moi. »
- « (…) j'ai fini. Je pourrais recommencer et ce serait mieux, mais on ne s'en apercevrait pas. »
- « La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort. »
- « Il n'y a pas d'amis : il y a des moments d'amitié. »
Publications
- Œuvres romanesques
- Crime de village (1888)
- Sourires pincés (1890) Texte en ligne
- L'Écornifleur (1892) texte en ligne
- La Lanterne sourde (1893) Texte en ligne
- Coquecigrues (1893)
- Deux fables sans morale (1893)
- Le Coureur de filles (1894)
- Histoires naturelles (1894) texte en ligne
- Poil de carotte (1894) >texte en ligne
- Le Vigneron dans sa vigne (1894) Texte en ligne
- La Maîtresse (1896) Texte en ligne
- Bucoliques (1898)
- Les Philippe (1907) texte en ligne
- Patrie (1907) texte en ligne
- Mots d'écrit (1908)
- Ragotte (1909)
- Nos frères farouches (1909)
- Causeries (1910)
- L'Œil clair (1913)
- Les Cloportes (1919)
- Théâtre
- Le Plaisir de rompre (1897) Texte en ligne
- Le Pain de ménage (1898)
- Poil de Carotte (1900)
- Monsieur Vernet (1903)
- La Bigote (1909)
- Huit jours à la campagne (1912) Texte en ligne
- Le Cousin de Rose
- Journal
- Journal, 1887-1910 (1925) Texte en ligne
- Leçons d'écriture, Les Éditions du Sonneur (2008)
- Éditions de bibliophilie
- L'Écornifleur (1892), gravures originales de Jacques Boullaire, Les Bibliophiles de France, Paris (1955)
- Les Philippe (1907), lithographies originales d'André Minaux, Les Francs Bibliophiles, Paris (1958)
Annexes
Bibliographie
- Michel Autrand, « L’humour de Jules Renard », thèse de doctorat, Paris, Klincksieck, 1978
- Henri Bachelin, Jules Renard, 1864-1910. Son œuvre, Paris, 1930
- Léon Guichard, « L’œuvre et l’âme de Jules Renard », thèse de doctorat, Paris, Nizet et Bastard, 1935
- Pierre Nardin, La Langue et le style de Jules Renard, Paris, Droz, 1942
- Marcel Pollitzer, Jules Renard. Sa vie. Son œuvre, Paris, La Colombe, 1956
- Pierre Schneider, Jules Renard par lui-même, Paris, Le Seuil, 1956
- Maurice Toesca, Jules Renard, Paris, Albin Michel, 1977
- Serge Zeyons, Monsieur Poil de carotte, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1976
Liens externes
- Site de la ville de Nevers sur la vie et l'œuvre de Jules Renard
- Œuvres en ligne (projet Gutenberg)
- Journal en ligne (ABU)
Notes et références
- Encyclopedia Universalis
- Biographie sur pour-Jules-Renard.fr. Consulté le 26 décembre 2010
- « Oui, je porte ma décoration. Il faut avoir le courage de ses faiblesses. »
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