Histoire de Lyon

Histoire de Lyon
Armes actuelles de la ville de Lyon

L'histoire de Lyon concerne l'histoire de l'agglomération présente sur le site de l'actuelle ville de Lyon. Si le lieu est occupé depuis la Préhistoire, la première ville, nommée Lugdunum, date de la Rome antique. Sous l'Empire romain, Lyon devient une puissante cité, capitale de la Gaule romaine. La chute de l'Empire la renvoie à un rôle secondaire dans l'espace européen, place qui perdure avec l'empire de Charlemagne, car elle se situe trop loin des centres de pouvoir. La division de l'empire place la cité rhodanienne en position de ville frontière, ce qui la caractérise durant tout le Moyen Âge. Au cœur de cette période, le pouvoir politique est tout entier entre les mains de l'archevêque, qui protège jalousement l'autonomie de sa ville. Il faut attendre 1320 pour voir une institution bourgeoise contrebalancer son autorité, et dans le même temps, la soumission définitive au Royaume de France.

Ce n'est qu'à la Renaissance que Lyon se développe et devient une grande ville commerçante européenne. Mais ce premier âge d'or est fauché par les guerres de religion, qui font fuir définitivement une partie des marchands-banquiers étrangers. Durant la monarchie absolue, Lyon reste donc une cité moyenne en France, dont la principale richesse est le travail de la soie. La Révolution dévaste la ville, qui ose s'opposer en 1793 aux montagnards. Prise militairement, elle est sévèrement réprimée et sort de la tourmente révolutionnaire très affaiblie.

Napoléon aide à son redressement par un soutien aux soyeux, qui vient en même temps que la mise au point du métier Jacquard. Ce sera le point de départ d'un essor économique et industriel qui durera, malgré quelques fluctuations, jusqu'à la Première guerre mondiale. Durant le XIXe siècle, Lyon est une ville canut, et connait en 1831 et 1834 de violentes révoltes ouvrières. La Belle Époque marque la fin de la domination de la soie lyonnaise et l'essor de nombreuses autres industries (automobiles, chimie, électricité). La municipalité, quant à elle, retrouve ses pouvoirs avec la Troisième république, et s'engage dans un long siècle de radicalisme, qui se termine avec Édouard Herriot en 1955.


La Seconde Guerre mondiale voit Lyon, une des principales villes de la zone libre, être le centre des plus grands réseaux de la Résistance. Jean Moulin, notamment, les unifie au sein des Mouvements unis de la Résistance.

Sommaire

Préhistoire

char d'apparat gaulois

La présence d'une population dès la préhistoire est attestée. De nombreux objets datant, pour les plus anciens du mésolithique, ont été retrouvés sur le site de Vaise. Les nombreuses traces d'habitats et les céramiques découvertes datant du premier âge du fer (VIe siècle av. J.‑C. à cet endroit) prouvent l'existence de circuit commerciaux entre le littoral méditerranéen et le nord de l'Europe passant par ici, sans que l'on puisse parler de lieu urbanisé[Poux 1].

Les traces d'occupations humaines du Second âge du fer ne démontrent pas de sédentarisation avant l'époque romaine, mais elles attestent que le site de Fourvière est utilisé par les peuples environnants comme un site sacré[Poux 2]. Les indices archéologiques tendent à démontrer l'existence de grands rassemblements gaulois et l'existence d'un emporium[Poux 3]. Celui-ci sert entreles romains et les peuples Ségusiaves et Éduens.

Le terme de « Lugdunum » renvoie, à Lug, signifiant la lumière et faisant référence au dieu cetique Lug ; et à « Dunum » désignant un lieu fortifié. Toutefois, le culte de Lug n'étant pas attesté en Gaule, et encore moins à Lyon[a 1], cette toponymie (que l'on trouve sous les deux formes Lugudunum et Lugdunum) pourrait signifier la « forteresse éclairée »[a 2].

Antiquité

Article détaillé : Lugdunum.

Christianisation

Seulement un siècle après la mort de Jésus-Christ, des chrétiens venus d'orient s'y installent. Saint Pothin et Sainte Blandine figurent parmi les premiers martyrs, morts en 177 sous le règne de Marc Aurèle dans une période incertaine pour l'Empire (peste, invasions barbares). Saint Irénée, successeur de saint Pothin, est l'un des premiers théologiens chrétiens. Lyon devient l'un des centres intellectuels de la chrétienté, illustré au Ve siècle par Sidoine Apollinaire.

En 197, l'empereur Septime Sévère affronte et bat lors de la bataille de Lugdunum son concurrent Clodius Albinus, puis laisse ses soldats piller la ville qui avait soutenu Albinus. Septime Sévère connaissait pourtant bien Lugdunum, pour y avoir été légat, et ses deux fils Caracalla et Geta y étaient nés.

À la fin du IIIe siècle lors des réorganisations de la Tétrarchie, Lugdunum perd son rang de capitale des Gaules, au profit de Trèves, plus proche de la frontière du Rhin. Lugdunum n'est plus que le siège administratif de la petite province de Lugdunaise Ire.

Haut Moyen Âge

Durant les premiers siècles du Moyen Âge, Lyon passe sous la domination burgonde, puis franque, tout en restant, de fait, très autonome. Le vrai maître de la ville, dès cette époque, devient l'archevêque. Cette période est mal connue, les sources disponibles étant lacunaires.

D'une domination à l'autre

Le royaume burgonde

En 437, des tribus germaniques burgondes sont installées comme fédérées en Sapaudia par le général romain Aetius après la victoire de ce dernier contre leur roi Gondicaire et la destruction de leur royaume situé près du Rhin. Ces Burgondes étendent leur domination lors de la désintégration de l'Empire d'Occident et, dans les années 470 - 474[N 1], font de Lyon l'une des capitales de leur royaume avec Genève et Vienne[1]. Peu nombreux, ils sont rapidement assimilés par la noblesse gallo-romaine lyonnaise. Ariens, ils construisent une cathédrale vouée à leur culte, mais entretiennent de bons rapports avec les chrétiens. Un certain nombre se convertissent d'ailleurs au christianisme. Ils conservent pour eux-mêmes leur propre loi, la loi gombette[c 1].


En 534, les fils de Clovis intègrent facilement ce royaume sous la domination franque, les Burgondes étant trop peu nombreux et divisés pour résister. Les rois francs suivants se disputent le royaume de Bourgogne. Lyon se retrouve le plus fréquemment en possession du roi de Neustrie. Lyon ne semble pas avoir subi de lourds dommages de ces prises de pouvoir, mais la cité perd tout pouvoir politique direct. La capitale du duché est centrée sur Châlons-sur-Saône. La cité rhodanienne conserve toutefois un grand prestige religieux[c 1].

La période postérieure, durant la domination franque, est très mal connue. Les quelques textes des VIe et VIIe siècles qui nous sont parvenus sont essentiellement religieux. Plus encore, la période centrale du VIIIe siècle ne nous a laissé aucune information sur les évêques, dont nous n'avons qu'à peine les noms[2].

La société lyonnaise au haut Moyen Âge

En ces temps troublés, les institutions ecclésiastiques pallient la disparition de l'administration impériale. De nombreux évêques sont issus de la noblesse gallo-romaine, qui garde longtemps une culture antique : Rusticus, évêque de Lyon de 494 à 501, son frère saint Viventiolus (514-524), Sacerdos, fils de Rusticus et évêque de 544 à 552, qui désigne son neveu saint Nizier pour lui succéder de 553 à 573. Ce dernier est inhumé dans l'église qui prit son nom.

L'influence de l'évêque de Lyon est très forte dans la région, et il conserve une aura positive dans la chrétienté. Il est appelé patriarche lors du concile de Mâcon de 585. Il a l'autorité sur les diocèse d'Autun, Mâcon, Chalon-sur-Saône et Langres. D'autres exemples de cette influence sont perceptibles avec l'envoi en ambassade en Espagne d'Arigius, ou la consécration d'un évêque de Cantorbéry à Lyon par Goduinus[a 3].

La vie intellectuelle de cette période est mal connue. Les quelques lyonnais qui nous ont transmis une œuvre marquante sont Sidoine Apollinaire, Eucher ou Viventiole. Le premier est l'auteur de lettres et panégyriques qui nous renseignent sur l'évolution du monde gallo-romain au Ve siècle sous la domination de peuples germains ou francs. Eucher rédige de nombreux ouvrages sur la foi chrétienne, et des lettres. Enfin, de Viventiole nous est parvenu une Vie des pères du Jura[N 2], qui nous décrit les débuts du monachisme dans la région. Il faut toutefois noter que ces textes datent tous du Ve siècle ou du VIe siècle, fort peu de textes proviennent des sombres VIIe et VIIIe siècles.

Des temps carolingiens à l'an mil

La ville est un foyer de la renaissance carolingienne, sous l'impulsion de son archevêque Leidrade (ami d'Alcuin), du diacre Florus, puis d'Agobard. Après le traité de Verdun et la succession de Charlemagne, la ville est officiellement divisée. La rive droite de la Saône revient à Charles le Chauve, la presqu'île à Lothaire. Toutefois, dans les faits, cette division ne survit pas à l'influence de l'archevêque, qui unifie de fait les deux rives sous sa seigneurie. Après la courte période carolingienne, un voile d'ombre, provoqué par la raréfaction des sources disponibles, obscurcit à nouveau l'Histoire de Lyon.

Le visage de Lyon

Durant cette période, Lyon n'évolue guère topographiquement par rapport aux siècles précédents. Le centre urbain principal est toujours la rive droite de la Saône, compris entre Saint-Laurent de Choulans au sud et Saint Paul, au nord. Il existe aussi des îlots d'habitants autour de Saint Just et Saint Irénée, sur la colline de Fourvière, ainsi que sur la presqu'île. Sans documentation, il est impossible de chiffrer la population à cette époque[a 4].

La renaissance carolingienne à Lyon

Mais si les limites de la ville ne bougent pas, elle change intérieurement. Ainsi, Leidrade crée deux écoles pour élever le niveau intellectuel et moral des clercs de la cité.

La première, l'école des chantres, ou "Scola cantorum", est destinée à enseigner le chant selon le rite du Palais[N 3]. La seconde, la "Scola lectorum", est destinée à initier à la lecture et à la compréhension des textes sacrés. Le but est d'assurer une liturgie de bon niveau. Ces deux écoles ont de beaux succès et établissent les bases scolaires de la ville qui perdurent les siècles suivants. Dans le même temps, il remet en place un scriptorium digne de ce nom et un grand nombre d'ouvrages de cette époque sont parvenus jusqu'à nous[N 4] ; des textes scripturaires, des ouvrages des Pères de l'Église, en particulier Saint Augustin, dont il semble que l'œuvre est présente à Lyon à cette époque[N 5],[b 1].

Agobard et Leidrade mènent également un travail sur l'observance des règles par les religieux de la région. Ils introduisent la réforme canoniale mise en place par Charlemagne[b 2]. Cinq chapitres de chanoines organisés sont ainsi signalés à Lyon dans le Livre des Confraternités de Reichenau ; le chapitre cathédral de Saint-Étienne (qui prendra le vocable de Saint-Jean), de Saint-Paul, Saint-Just, Saint-Nizier et Saint-Georges.

La création des chapitres de chanoines a dû modifier l'équilibre de la population. Les constructions qui ont obligatoirement suivi cette réforme (réfectoires, cloîtres et dortoirs) ont eu certainement une emprise importante au sol. Si les fouilles n'ont pas révélées d'expansion topographique sur le moment, ces nouveautés expliquent que l'expansion future de la cité se soit faite sur la rive gauche de la Saône. Toutefois, ce développement n'aura lieu qu'après le Xe siècle.

Lyon et les puissants

La division de l'Empire au traité de Verdun

Si le visage de Lyon demeure immobile, les cadres institutionnels bougent : le pouvoir religieux impose fermement son autorité sur la ville[a 5]. Sur cette période, les archevêques dirigent dans les faits la cité située trop loin des centres de pouvoir pour que les différents rois qui l'ont en leur possession puissent la contrôler réellement. Certains se permettent même de s'insérer dans les grands conflits de leur temps.

Ainsi, l'archevêque Agobard prend part aux soubresauts du monde carolingien[a 6]. Fidèle aux idéaux de Charlemagne, il participe à la révolte des fils de l'empereur Louis le Pieux contre leur père. Ce dernier retrouvant son trône en 834, Agobard est chassé de la ville lors du concile de Thionville de 835, le siège épiscopal se retrouvant géré par le liturgiste Amalaire. Mais le clergé de Lyon, resté fidèle à son archevêque et soudé derrière le diacre Florus, mène la vie dure à l'arrivant. En 838, suite à la réconciliation de Lothaire et de son père, Agobard retrouve son poste et fait condamner les innovations liturgique de son remplaçant lors du Synode de Quierzy, la même année.

Dans le même ordre d'idée, dès 817, Agobard demande à Louis le Pieux de placer les lyonnais sous les mêmes règles juridiques que les francs, et d'abroger ainsi la loi Gombette, qu'il juge barbare (il vise, notamment, le duel judiciaire).

Rodolphe III de Bourgogne, lié à plusieurs évêque de Lyon

Durant le IXe siècle, l'élite religieuse lyonnaise est plus proche des souverains que de la ville. Ainsi, Rémi Ier est archichapelain du roi Charles de Provence. Aurélien, à la fin du siècle, figure au premier rang de ceux qui conférèrent la royauté au duc Boson lors de l'assemblée de Mantaille (879). Peut-être est-ce même lui qui le sacre à Lyon. La ville reste donc très liée à la noblesse de Bourgogne, comme l'atteste le fait que Burchard I et Burchard II appartenaient tout deux à cette famille royale. Le second fut ainsi archichancelier de son demi-frère Rodolphe III.

En 863, L'administration de la ville est confiée à Girart de Roussillon qui tente de se rendre indépendant, mais est chassé de la ville par Charles le Chauve en 870. Puis Boson l'incorpore en 879 au Royaume de Provence qui durera jusqu'en 928. Dans le même temps, signe de féodalité, l'ancien duché de Lyon se morcelle en comtés du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais.

En 942, Lyon fait partie du Royaume de Bourgogne. C'est l'époque où l'Église de Lyon accroît considérablement ses biens grâce à ses archevêques, Burchard Ier et Burchard II, parents du roi. En 1032, le royaume d'Arles est légué par son dernier roi Rodolphe III de Bourgogne à Conrad II le Salique empereur du Saint-Empire romain germanique. Par la suite, la ville sera administrée par ses évêques, relevant au temporel de l'Empereur, roi d'Allemagne, d'Italie et de Bourgogne, via l'Archichancellerie de Bourgogne.

Ces évènements politiques se déroulent dans un climat d'insécurité lié à de nombreuses invasions. Les IXe et Xe siècles furent de nouveau une époque de raids de pillages : les Normands remontent le Rhône et sont arrêtés en 860 à Valence par Girart de Roussillon, en 911 les Hongrois ravagent la Bourgogne, les Sarrasins s'installent dans le massif des Maures jusqu'en 975, et multiplient les expéditions par les routes des Alpes.

En définitive, cette période voit les archevêques rester largement indépendants d'un pouvoir royal lointain ou affaibli[3]. Même si les sources documentaires ne permettent pas d'établir clairement les modalités de cette domination, elle semble sans contestation. Cela change lors du siècle suivant, avec l'avènement de puissantes dynasties de comtes locaux.

XIe et XIIe siècles

La Manécanterie jouxtant la cathédrale est bâtie au XIe siècle.

Lyon, au cœur du Moyen Âge, est une cité largement indépendante et dominée par les forces ecclésiastiques locales. Se développant lentement, elle est marquée par un immobilisme intellectuel et institutionnel.

Évolution urbaine

Durant ces deux siècles, Lyon ne s'agrandit guère, mais se remodèle et se modifie[a 7]. Peu portée par les mouvements d'enrichissement de l'artisanat et du commerce, la cité se contente des possessions terriennes de ses maîtres religieux pour se développer. Ceux-ci sont actifs et entament de nombreuses constructions.

Nouveaux édifices

Pour sa défense et son développement urbain, Lyon se dote de plusieurs équipements durant cette période.

Le Château de Pierre Scize, dont la construction est entamée au début du XIe siècle (peut être durant l'épiscopat de Burchard II de Lyon), permet de surveiller l'arrivée nord de la ville et la Saône. Renaud II de Forez, fin XIIe siècle le rénove et s'y installe durablement. Après lui, les prélats lyonnais en font une demeure régulière. Après les assauts des contes du Forez en 1162, Guichard de Pontigny établit un rempart autour du quartier canonial de Saint-Jean. Doté de solides murs dont certains sont encore visibles et de deux tours, il était percé de plusieurs portes dont la plus importante, la Porte-froc, se situe dans l'alignement de l'actuelle rue Saint Jean. Cet ensemble religieux est alors nommé le "Grand Cloître". Début XIe, la construction d'un pont de pierre sur la Saône est entamé. Elle sera achevée sous l'archevêque Humbert vers 1076, et permet le développement de la presqu'île. Il part du quartier du Change à celui de Saint-Nizier. Assez étroit (environ 7 mètres), il supporte dès l'origine sur les premières arches des maisons dotées d'étages, et abritant des boutiques au rez-de-chaussée. Fin XIIe siècle, une clôture, dotée d'un fossé, est édifiée au nord de la Presqu'île, percée de la porte Saint Marcel[a 8].

Château de Pierre-Scize

De nombreuses constructions religieuses apparaissent également dans la capitale rhodanienne à cette époque. Les chapelles Sainte Marie et Saint Thomas sont édifiées à Fourvière ; tandis que Notre-Dame de la Platière, une nouvelle collégiale, est fondée sur la rive droite de la Saône.

Mais dans le domaine de l'architecture ecclésiastique, la majeure partie des chantiers ouverts sont des rénovations ou des transformations.

Rénovations du patrimoine religieux lyonnais

Beaucoup d'édifices menacent ruine, ne sont plus adaptés ou sont l'objet d'une volonté d'embellissement : l'église de l'île Barbe, rénovée vers 1070 ; l'église d'Ainay[f 1], fin XIe ; l'église Saint-Pierre, début XIIe ; Saint-Just, dont l'église devenue trop petite est remplacée par une nouvelle, la troisième depuis le IVe siècle, durant les XIIe et XIIIe siècles (devenant ainsi la plus grande de la ville après Saint-Jean) ; l'église Saint-Paul, au cours du XIIe. Le plus gros chantier est cependant celui de la reconstruction de la cathédrale Saint-Jean, entamée dans les années 1170 par l'archevêque Guichard. Immense travail, il se poursuit durant les siècles suivants[f 2].

Avancée urbaine

Les seuls quartiers sur lesquels il est possible de distinguer une extension urbaine sont ceux de la Croix-Rousse et de Saint-Paul. À ces endroits, du peuplement s'installe, en nombre suffisant pour imposer la création de deux nouvelles paroisses[a 9].

La vie politique

L'histoire politique de la ville de Lyon sur ces deux siècles reste, pour la majorité des évènements, locale, et peu en prise aux soubresauts internationaux. Les dirigeants de la ville ne sont mêlés que de loin aux luttes entre rois, entre l'empereur et le pape ou aux premières croisades. Par ailleurs, cette histoire reste relativement linéaire, avec sur toute la période une lutte entre des maîtres de la cité solidement installés, l'Église de Lyon, et des prétendants cherchant à la réduire, essentiellement les comtes de Forez.

Les maîtres de la cité : les archevêques

Durant les XIe et XIIe siècles, les maîtres de la cité sont les archevêques[a 10]. Le plus souvent indépendants des grandes puissances, ils sont élus de manière régulière dans la majorité des cas ; ceux pour lesquels il y eu une pression ont tout de même été de bons prélats pour leur diocèse[b 3]. Il y eu ainsi Oldoric, élu en 1041, et protégé d'Henri III. De même, Grégoire VII semble être intervenu pour imposer Gébuin en 1077 ou Hugues de Die en 1082. Enfin, en 1165, Guichard de Pontigny acquiert le trône archiépiscopal au détriment de Dreux de Beauvoir grâce au soutien du pape Alexandre III et du roi Louis VII. Mais sur la période, dix huit prélats ont été investis. La grande majorité d'entre eux a donc été régulièrement élue, et sont donc représentatif de la volonté du chapitre cathédral. De plus, les quelques archevêques nommés par un pouvoir extérieur n'ont pas aliéné la cité entre les mains d'une puissance étrangère.

Les pouvoirs de police et de justice sont entièrement entre les mains de l'archevêque. Il défend fermement ses privilèges de seigneur (justice, coutumes, péages, droit de battre monnaie) contre ceux qui tenteraient de le lui contester ; en premier lieu les comtes de Forez. Lui, et les différents chapitres lyonnais, possèdent l'ensemble du sol de la cité, qui relève de la directe. Par ailleurs, ils tiennent de vastes terres dans les environs de Lyon qui, bien gérées, drainent de solides revenus vers la cité et les institutions ecclésiastiques[a 10]. Ainsi, l'archevêque possède de solides terres dans les Monts d'Or et entre les vallées de la Brévenne et du Gier, Les chanoines d'Ainay sont bien pourvus dans la basse vallée d'Azergues, et au sud-est immédiat de Lyon, les moniales de Saint-Pierre tiennent des terres dans le Bas-Dauphiné ou le chapitre de l'Île Barbe développe ses fiefs dans le sud des Dombes, le Forez et la Drôme.

Le prestige du trône épiscopal se trouve également renforcé par une nouvelle distinction : Gébuin reçut de la part de Grégoire VII le titre (ou la confirmation) de primat des Gaules[b 4]. Ce titre englobe les territoires des quatre provinces romaines délimitant la gaule à l'époque : Lyon, Rouen, Tours et Sens. Il n'est accepté qu'à Tours, l'archevêque de Sens, soutenu par le Roi de France, refusant cette prééminence, allant jusqu'à la réclamer pour lui-même. Toutefois, cette distinction reste très théorique, elle n'accorde pas de pouvoirs juridiques ou institutionnels. Ainsi, durant un siècle, aucun archevêque lyonnais ne décide de la faire figurer dans sa titulature.

L'archevêque n'est toutefois pas la seule force politique à Lyon. Elle trouve en face d'elle les chanoines des plus grands chapitres de la ville, et surtout du premier d'entre eux : celui de Saint-jean[4]. Ces chanoines possèdent une fortune foncière importante, des droits seigneuriaux notables et ne veulent pas se laisser réduire par un évêque trop entreprenant. À partir du XIIe siècle, le chapitre cathédral, composé essentiellement de nobles, constitue un corps puissant qui compte de plus en plus dans la politique locale. Ainsi, même si les chanoines doivent tous jurer fidélité à l'archevêque, ce dernier doit lui aussi, avant d'entrer en fonction, jurer devant le chapitre d'observer tous les engagements de ses prédécesseurs, les statuts de l'Église de Lyon, d'accepter les franchises et immunités du chapitre[b 5].

La lutte contre les comtes du Forez

Durant tout le XIe, la dynastie du Forez mord et ronge les terres et droits de l'archevêché dans son aire d'influence. Les comtes profitent des moments de faiblesse de l'institution lorsque des prélats sont affaiblis (tel la vieillesse de Burchard II dans les années 1020). Le point d'orgue de cette politique est la tentative infructueuse dans les années 1035-1040 par Géraud II d'installer son fils sur le trône archiépiscopal.

En 1076, un accord est signé lors du plaid de Tassin entre l'archevêque Humbert II et le comte Artaud II. Il prévoit le partage entre les deux puissances de certains droits (de péages notamment), et la frappe de la monnaie est reconnue comme prérogative exclusive de la puissance épiscopale.

Après cet accord, et durant une longue période, la lutte entre les deux partis se calme, en partie à cause de problèmes internes à chacune d'entre elles. Mais les oppositions s'exacerbent à nouveau au milieu du XIIe. La Bulle d'Or octroyée par Frédéric Barberousse à l'archevêque Héraclius de Montboissier en 1157 rompt de fait l'accord de Tassin, en restituant l'ensemble des droits sur la ville de Lyon à ce dernier. Les deux forces se dressent l'une face à l'autre et une bataille a lieu l'année suivante à Yzeron, qui voit l'armée de l'archevêque battue par celle de Guy II. Des négociations s'ouvrent pour résoudre le conflit, et n'aboutissent pas. Excédé, en 1162, le comte de Forez prend Lyon, poussant Héraclius à la fuite. Ce dernier se réfugie auprès de l'empereur, qui ne l'aide guère, trop occupé par ailleurs. Dans le même temps, le comte du Forez, lui, se tourne vers le Roi de France pour se faire rendre un arbitrage favorable, au point de lui rendre hommage en 1167.

Un accord est rendu sous le contrôle du Pape Alexandre III (représenté par l'archevêque Pierre de Tarentaise) en 1167, qui prévoit la gestion de la ville de façon conjointe par les deux parties. Inapplicable, il est remplacé très vite par un autre, en 1173, connu sous le nom de "Permutatio". Celui-ci prévoit l'abandon par le comte de toutes ses prétentions sur Lyon, tandis que l'archevêque lui laisse le pouvoir sur de nombreuses terres qu'il possédait dans le Forez ou dans des zones limitrophes[a 11].

Le faible développement économique de la ville

Durant les XIe et XIIe siècles, la ville ne va pas connaître de profond développement économique. L'essentiel du commerce des marchés se limite à des produits locaux, achetés et vendus par des lyonnais. Le grand commerce ne passe pas encore par la cité, en raison notamment de l'absence de pont sur le Rhône, ou de foires. En définitive, encore au début du XIIIe siècle, l'économie lyonnaise est de type seigneuriale, drainant vers la cité les productions des campagnes environnantes, à destination surtout des grandes puissances religieuses lyonnaises[a 9].

La vie religieuse : un certain conservatisme

À l'orée du nouveau millénaire, l'Église de Lyon a sacrifié aux errances de son temps ; la plupart des chanoines ne vivent plus en communautés et sont très éloignés des idéaux de la réforme grégorienne qui arrive. Ainsi, plusieurs papes enjoignent aux membres des différents chapitres de se restaurer dans l'esprit des règles des saints fondateurs ; dont le pape Grégoire VII, qui leur adresse une lettre officielle le 20 avril 1079. Ces différentes remontrances n'ont que peu d'effets dans la cité lyonnaise, qui ne suit pas le mouvement réformateur tel, par exemple, celui du Languedoc. Au contraire, les chapitres principaux renforcent leur organisation et leurs usages traditionnels, poursuivant leur enrichissement. Deux autres établissements, plus récents et moins influents, reprennent, eux, vie commune et idéal de pauvreté. Symptomatiquement, ils sont issus de la volonté des deux prélats réformateurs qu'a connu Lyon sur cette période. Le premier, Notre-Dame de la Platière, est imposé par Gébuin, sur la Presqu'île. Il reste très modeste. Le chapitre de Saint-Irénée, réformé par Hugues de Die, ne pèse pas non plus d'un grand poids dans la vie religieuse lyonnaise.

Cet immobilisme lyonnais dans le domaine religieux se ressent également dans l'absence de développement de centre intellectuel dans la ville. Les bibliothèques des églises ou cathédrales sont maigres ; nulle université n'est fondée sur cette période.

Ce conservatisme est peut être l'une des cause de l'apparition du mouvement de Valdès dans la ville. Malgré le peu de documents sur l'histoire proprement lyonnaise de Valdès et de ceux qui l'ont suivi, il est significatif qu'un mouvement de retour à la pauvreté apostolique prenne naissance à Lyon à ce moment là. Vers 1170 - 1173, Valdès se débarrasse de sa fortune en dotant sa femme et ses filles, et en donnant le reste aux pauvres. Puis, il se met à prêcher dans les rues en mendiant son pain. Des disciples le rejoignent peu à peu et des membres du clergé se plaignent de lui. À l'origine, les "pauvres de Lyon" sont protégés par l'archevêque Guichard de Pontivy, un prélat favorable à la réforme grégorienne. Soucieux d'orthodoxie, Valdès et les siens vont en 1179 au concile de Latran où ils obtiennent l'approbation par Alexandre III de leur mode de vie. En revenant, ils reprennent leurs prêches, s'attirant l'inimitié de nombreux chanoines, et particulièrement de ceux du chapitre cathédral. À la mort de Guichard, ces derniers élisent à sa place un homme plus éloigné des idéaux réformateurs, Jean Belles-mains, qui expulse aussitôt Valdès et les siens (1183). Après cet épisode fondateur, il n'est plus jamais question des "Pauvres de Lyon", comme ils se nomment eux-mêmes, dans la ville[b 6].

Le long XIIIe siècle lyonnais

Durant cette période, qui va grossièrement de 1200 à 1320, Lyon va évoluer rapidement, sur les plans religieux et institutionnels, sous la pression conjuguée de forces internes et externes. La cité sort ainsi d'un certain immobilisme intellectuel ; et, tout en tombant sous la domination du roi de France, acquiert un régime municipal équivalent à celui des cités environnantes. Cette date de 1320 est clairement un basculement pour l'histoire de la ville. Pour Jacques Rossiaud[a 12] : "Le traité de 1320 partage historiquement le Moyen Âge lyonnais".

Évolution topographique et démographique

Façade de la cathédrale Saint-Jean

Au XIIIe siècle, la population de la ville croit enfin franchement[a 13]. Cela se voit à plusieurs indices indirects, les sources écrites ne permettant pas de quantifier le phénomène. En premier lieu, l'extension du bâti urbain dépasse largement les nécessités d'un simple accroissement naturel des habitants de la cité. Par ailleurs, le nombre d'hôpitaux augmente nettement, passant de 5 à 12 sur le siècle. Une autre indication de l'accroissement de la population est l'installation d'un grand nombre de couvents d'ordres nouveaux qui accompagnent les limites de l'urbanisation (surtout pour les ordres mendiants). Enfin, et même si sa construction subi bien des aléas, le pont sur le Rhône est à coup sûr un facteur de développement.

Cette croissance démographique ne s'étale pas à partir des parties les plus anciennes de la ville, sur la rive droite de la Saône, mais pour l'essentiel sur la presqu'île, qui connait un lotissement important et plusieurs aménagements. Ainsi, le sol de celle-ci, qui appartient pour la plus grande part à l'abbaye d'Ainay, bénéficie de l'intérêt bien compris des chanoines de cette dernière. De nombreuses terres qui n'étaient que cultivées sont bâties, ce qui fournit aux religieux un revenu supérieur et bien plus régulier que les revenus agricoles qu'ils en tiraient auparavant.

La rive gauche du Rhône, quant à elle, ne bénéficie pas encore d'un quelconque développement urbain, à part quelques points isolés.

Le plus gros chantier de la ville est la construction de la cathédrale Saint-Jean[f 2]. Entamée au XIIe siècle, le travail se poursuit, avec l'édification de travées, de verrières et des deux rosaces du transept.

L'autre grande affaire urbanistique du XIIIe siècle lyonnais est la construction du pont sur le Rhône. Entamé à la fin du XIIe siècle, le chantier est financé par des dons, des legs et des offrandes faites à la chapelle édifiée à l'extrémité du pont sur la rive gauche. Achevé en 1183[b 7], le premier pont en bois s'effondre sous le passage des croisés en 1190. Reconstruit en partie en pierre et en partie en bois, il subi tout le long du siècle de nombreux dégâts et sa construction n'est réellement achevée qu'au début du XIVe siècle.

Timide essor économique

L'économie lyonnaise du XIIIe siècle est comme par le passé dominée par les échanges locaux[a 14]. Les tarifs des péages[N 6] comme l'accord de 1193 entre les bourgeois et l'archevêque[N 7] le prouvent, l'essentiel des produits vendus ou achetés à Lyon sont destinés à la consommation de la ville et des environs immédiats. Cette économie est fortement dépendante des voies fluviales, utilisées autant que possible. Cela génère des installations importantes en bord de fleuves, de véritables ports spécialisés naissent ; et une lutte intense entre les différents religieux lyonnais pour le contrôle des taxes (le droit d'épave) liées à cette activité. L'action des hommes d'Église sur le développement économique se voit aussi dans la modification des systèmes agricoles[a 15]. En premier lieu, le vignoble progresse nettement durant ce siècle sur les berges du Rhône et de la Saône, entre Anse et Givors[N 8]. Ensuite, la rive gauche du Rhône se spécialise dans l'élevage, notamment le pays du Velin.

En ville, les principaux corps de métier, qui s'organisent tout au long de ce siècle sont les mêmes que dans les grandes villes de l'époque : ceux liés à l'alimentation, au textile et au cuir.

Le grand commerce fait des tentatives épisodiques pour s'implanter à Lyon. Il est aidé par la construction du pont sur le Rhône, et par les activités religieuses (séjour du pape, organisation de conciles) qui attirent argent et corps de métier très spécialisés. Mais ces opportunités ne sont pas saisies par les marchands lyonnais, qui retournent à leurs activités locales une fois les évènements passés. Les circulations des commerçants au long court (qui passent majoritairement plus à l'est), ne sont modifiées que marginalement. Ainsi, le plus grand marchand lyonnais de l'époque, Ponce de Chaponay, fait-il fortune uniquement loin de sa ville natale.

Le pouvoir lyonnais au XIIIe siècle

Les institutions de la ville restent immobiles durant cette période, contrairement à ce qui se fait dans une grande partie des villes médiévales. Il faudra des décennies de lutte entre les forces ecclésiastiques et bourgeoises pour qu'une charte donne à ces derniers un vrai pouvoir politique. Ce sera au prix de l'indépendance de la cité, qui passe sous le giron du roi de France.

La pérennité du pouvoir ecclésiastique

La zone d'influence politique des seigneurs de Lyon[N 9] est restreinte[a 16]. Ils possèdent peu de places fortes loin du comté du Lyonnais lui-même. Mais à l'inverse, ils sont tout-puissants au sein de celui-ci, excepté dans les environs de Tarare, où l'abbaye de Savigny règne largement. Ce pouvoir est autant un pouvoir politique qu'économique. Les seigneurs de Lyon possèdent la plupart des châteaux, siège de la haute justice, et tiennent en lien vassalique un grand nombre de familles nobles locales. Cette domination seigneuriale implique un drainage vers Lyon de grandes quantités de revenus[N 10].

Ce siècle est une période de prospérité pour les seigneurs lyonnais. Ils profitent des passages des papes[N 11], et des conciles, pour obtenir des faveurs. Ils utilisent leur fortune, et les difficultés des nobles pour arrondir leurs possessions. Ils améliorent méthodiquement l'administration de leurs biens, du point de vue fiscal, militaire comme judiciaire. Pour cela, ils perfectionnent le système de l'obéance[5]. Soucieux de tenir en main leurs hommes, ils sillonnent régulièrement leurs juridictions, séjournant dans leurs châteaux pour y rendre justice et vérifier les comptes.

Mais cette puissance commence à être contestée de l'intérieur de la ville par les bourgeois qui tentent de trouver une place dans l'administration de leur cité. Pour préserver leur domination, les chanoines ferment progressivement l'accès aux institutions maîtresses, les chapitres de Saint-Jean et de Saint-Just. La cooptation devient la règle, entre des familles bientôt toutes nobles[N 12], et un numerus clausus est instauré. « Les neveux siègent à côté des oncles en attendant de prendre leur place »[a 17]. Cette fermeture est autant tournée contre le patriciat urbain, que contre les chanoines imposés de l'extérieur soit par des papes de passage, soit par des archevêques venus de l'extérieur du microcosme lyonnais.

Les bourgeois lyonnais se tournent alors vers l'Église de Saint-Nizier, qui obtient en 1306 un chapitre de l'archevêque Louis de Villars, mais cette église n'a pas le prestige et le pouvoir des anciennes fondations.

L'émergence du pouvoir bourgeois

L'élite laïque lyonnaise se regroupe tout au long du XIIIe siècle pour acquérir autonomie et droits face aux forces traditionnelles de la ville. Uniquement composé de bourgeois, le patriciat lyonnais ne compte pas de noble dans ses rangs. Il est dominé par une grosse dizaine de familles[N 13], que l'on retrouve tout au long du Moyen Âge.

Ces bourgeois sont des marchands (drapiers et pelletiers, surtout) et des hommes de loi. Ils pratiquent le commerce de l'argent à différentes échelles, prêtant surtout aux ecclésiastiques, et aux institutions religieuses. Ils résident en de solides maisons, mais dont ils ne peuvent être propriétaires, le sol appartenant entièrement aux chapitres traditionnels. Ils se concentrent essentiellement dans deux quartiers : Saint-Paul et Saint-Nizier. L'église de ce dernier est le point de ralliement principal des bourgeois tout au long de leur lutte contre l'Église lyonnaise[N 14].

L'histoire de l'obtention de leur consulat s'étend tout au long du siècle, et peut être séparé en plusieurs étapes[a 18].

Un premier soubresaut a eu lieu pour secouer la tutelle canoniale et épiscopale à la fin du XIIe siècle. Un accord entre les bourgeois et l'archevêque est signé en 1193. Destiné à limiter l'arbitraire dans les droits et taxes perçus par les seigneurs ecclésiastiques, il n'a pas de succès notable, des abus déclenchant des protestations rapidement.

Un deuxième épisode survient donc. En 1206, l'archevêque Renaud II de Forez octroie une charte aux lyonnais reprenant les dispositions de 1193, preuve de leur mauvaise application. Mais deux ans après, les habitants et les bourgeois se révoltent, protestant contre de nouveaux abus. Ils s'arment, s'organisent en association jurée, élisent des représentants, dressent une barricade sur le pont de la Saône et font appel au pape Innocent III. Renaud réagit brutalement, mais ne parvient pas à instaurer le calme. Il doit faire appel au duc de Bourgogne Eudes III, qui parvient à mater les bourgeois. Il arbitre en imposant à Renaud le respect des chartes précédemment accordées. L'archevêque remporte toutefois la partie, les lyonnais étant toujours privés de franchises politiques, alors que les villes alentours en sont dotées progressivement.

Le pouvoir lyonnais est également convoité par les familles nobles du chapitre cathédral. Profitant de la faiblesse du trône épiscopal dans les années 1230 et 1240, ils tentent de se soustraire de sa juridiction, et d'obtenir le partage de la justice temporelle, alors entièrement tenue par le sénéchal de l'Église. Ils échouent, trouvant sur leur chemin des bourgeois peu désireux de voir la justice dont ils dépendent passer entre les mains des chanoines.

La crise entre les trois parties éclate entre 1267 et 1274. La renonciation du siège épiscopal par Philippe Ier de Savoie ouvre un vide de quatre ans, que tente d'utiliser le chapitre pour gagner des pouvoirs temporels. Suite à l'arrestation par leurs hommes d'un bourgeois en 1269, les lyonnais réagissent violemment. Ils s'arment, prennent d'assaut le cloître Saint-Jean, celui de Saint-Just où se sont réfugiés les chanoines du chapitre cathédral, pillent les environs. Ces violences sont autant le fait du menu peuple que des bourgeois, unis au sein de sociétés de solidarités confraternelles. Une trêve est conclue en juin 1269, mais la situation est toujours explosive. Le pape et le roi (par l'intermédiaire du bailli de Mâcon), interviennent pour rétablir le calme et trouver des compromis, qui tardent à venir. Le roi de France Philippe III obtient à la demande des bourgeois la garde de la ville, en attendant l'élection d'un archevêque. Lorsque ce dernier, Pierre de Tarentaise arrive, il reçoit de la part du Roi de France, comme du pape de grands avantages, au détriment du chapitre cathédral. Il doit, par contre, se reconnaître vassal du roi de France. Il s'agit de la première fissure sérieuse à l'indépendance de Lyon.

Durant les décennies suivantes, les chanoines tentent à nouveau d'obtenir des pouvoirs sur la justice séculière, et des accords sont trouvés avec l'archevêque. Cela mécontente fortement les bourgeois, qui s'organisent pour protester. Ils demandent à nouveau de l'aide à l'extérieur, en s'adressant tantôt au comte de Savoie Amédée V tantôt au roi de France. Le premier prend la ville sous sa garde dans les années 1280, bloquant certaines décisions épiscopales. À partir des années 1290, c'est le roi qui reprend la main. Il nomme un émissaire sur place, le gardiateur.

Finalement, dans les premières années du XIVe siècle, le roi Philippe le Bel parvient, après de nombreuses péripéties, à prendre définitivement pied dans la ville[6]. Il fait ainsi une entrée solennelle le 13 mars 1311. En 1312, le rattachement de Lyon au royaume de France est reconnu au Concile de Vienne, sans que l'empereur proteste ; l'ensemble des lyonnais doit alors jurer fidélité au roi de France. Par deux accords en 1320, l'archevêque retrouve certes entièrement la justice de première instance, mais il accorde aux bourgeois la charte dite de la "Sabaudine", qui établit un Consulat.

Le début du XIVe siècle est le moment où Lyon bascule définitivement dans le royaume de France, perdant ainsi sa place particulière, à la marge des grandes puissances de l'Europe médiévale. Dans le même temps, avec la prise de pouvoir de la bourgeoisie, la cité perd sa spécificité institutionnelle d'avoir un ecclésiastique tout puissant à sa tête.

La religion à Lyon au XIIIe siècle : transformation et gloire éphémère

Innocent IV au concile de Lyon, miniature de 1278

Les forces religieuses traditionnelles lyonnaises que sont l'archevêque et les chanoines des principales églises voient leur influence spirituelle se réduire durant le long XIIIe siècle de la cité. Les archevêques, peu en symbiose avec leur chapitre cathédral, ne peuvent s'appuyer sur eux pour leur ministère paroissial. Par ailleurs, la plupart des prélats de cette époque ont un règne court[N 15], empêchant toute continuité spirituelle. Philippe Ier de Savoie, celui qui reste aux affaires le plus longtemps, est un seigneur surtout attaché à défendre les intérêts matériels et politiques de son lignage[a 19].
Les chanoines sont avant tout des seigneurs gestionnaires de leurs obéances[b 5]. Le serment d'entrée au chapitre cathédral ne mentionne aucune obligation spirituelle, mais bien la conservation des biens de la communauté. Leur seule action concrète consiste en l'assistance traditionnelle aux pauvres et au service liturgique de la cathédrale. Jaloux de leurs prérogatives scolaires, ils s'opposent longtemps à l'ouverture de toute autre structure éducative, notamment la création de cours de droit à destination des bourgeois, soucieux de formations utiles[a 20].

Le réveil spirituel de Lyon n'est donc pas le fait de ces deux groupes, mais bien des ordres mendiants qui s'installent à Lyon à cette période. Ils furent bien accueillis par les archevêques, et bénéficient souvent de leur libéralité testamentaire. Les premiers furent les frères prêcheurs, qui vinrent dès 1218 s'installer sur les pentes de Fourvière, avant de se fixer sur la presqu'île, en 1235, entre les deux ponts, où ils édifièrent Notre-Dame de Confort. Les cordeliers s'établirent dans le centre marchand lyonnais, près des berges du Rhône en 1220[N 16]. Ces deux premiers groupes rencontrent de francs succès[b 7]. Ils reçoivent de nombreux dons et legs. Au tournant du siècle, les carmes s'installent au-delà des Terreaux. Ils sont suivis en 1304 par les clarisses et en 1319 par les augustins. Même si leurs actions sont mal connues[N 17], il est possible de supposer qu'ils influencèrent fortement le développement du mouvement confraternel lyonnais[a 21].

Lyon connait également à cette époque plusieurs moments de gloire, avec l'accueil de deux conciles généraux, et la venue de plusieurs papes[7]. Ces moments ne permirent toutefois pas à la cité de prendre un essor religieux particulier.

Le premier concile de Lyon est convoqué en 1245 par le pape Innocent IV. Il a pour but principal la déposition de l'empereur Frédéric II dans le cadre de la lutte entre l'empereur du Saint empire et la papauté. À cette occasion, et pour s'éloigner de son ennemi, le pape et toute la curie restent à Lyon durant six ans, jusqu'en 1251. Le deuxième concile de Lyon est convoqué en 1274 par le pape Grégoire X. Les principaux sujets débattus sont la défense de la terre sainte, la réunion des églises d'occident et d'orient, et l'amélioration de l'élection pontificale. En 1305, le pape Clément V est couronné à Lyon. Le choix de la ville est dicté par le roi de France Philippe le Bel, qui entend affirmer son pouvoir sur place et en profite pour venir faire une entrée[N 18]. En 1316, c'est encore une décision royale qui impose le site de Lyon pour l'élection et le couronnement de Jean XXII.

À chaque fois, c'est toujours une volonté extérieure ou une opportunité politique qui dicte les évènements, et jamais la volonté des habitants lyonnais. Ces derniers ne retirent que peu d'avantages particuliers de ces moments de gloire éphémères, qui ne déclenchent aucun essor économique ou politique[a 22].

La fin du Moyen Âge lyonnais (1320-1450)

Lyon lie son sort à la France avec sa soumission au Roi Philippe le Bel, en 1320. Elle reste toutefois encore longtemps à la marge des grands conflits de ce temps, ne subissant pas les horreurs de la guerre de Cent Ans. La cité ne connait pas davantage d'essor économique sur une période qui n'est pour elle, que la continuation d'un long Moyen Âge.

Description topographique

Début XIVe, le plateau de Fourvière est rural, revêtu seulement de vignes et de ruines pillées. Il est ceint d'une muraille allant de Pierre-Scize à Saint-Georges, qui sera renforcée sous les ordres du roi de France Jean le Bon, en 1360. Au sud du plateau se trouve le cloître de Saint-Just ; au centre, celui de Saint-Thomas-de-Fourvière[a 23].

La façade de Saint-Nizier

La ville à droite de la Saône est dense et regroupée près de la rivière. Les pentes de la colline et ses pieds sont surtout recouverts de vignes et de vergers. Les maisons sont bâties très près de l'eau, si bien qu'il n'y a pas de place pour un chemin de halage. Ce quartier est, au sud, dominé par le cloître de la cathédrale Saint-Jean[N 19]. Sa taille coupe la ville en deux, isolant partiellement les quartiers Saint-Georges[8] au sud et Saint-Pierre-le-Vieux au nord. Au nord de ce dernier, en face du pont, se situe le cœur de la ville : les quartiers du Change et de Saint-Paul. Le premier est un quartier commerçant et de changeurs, qui voit passer tous les voyageurs allant de Bourgogne, France ou Flandres à la Provence ou l'Italie. Du côté de Saint-Paul se concentrent les artisans de bouche, et s'y rendent ainsi tous les fermiers et éleveurs des Monts d'Or et des plateaux du nord-ouest lyonnais. Au-delà, la ville s'arrête à la porte de Bourgneuf, à la boucle de la rivière. Ensuite se situe le quartier de Pierre-Scize, dominé par le château de l'archevêque[a 24].

Sur la presqu'île, l'urbanisation est hétérogène, avec des espaces de champs, de vergers, de vignes, entrecoupés de pôles lotis. L'enceinte protège depuis Ainay au sud jusqu'aux pieds des pentes de la côte Saint-Sébastien (l'actuelle Croix-Rousse). La densité de population est impossible à estimer, les terriers de l'archevêché ayant disparus. En de nombreux endroits, les édifices religieux ou civils sont rebâtis, le développement des ordres mendiants lyonnais y étant pour beaucoup[N 20]. Mais le grand ouvrage de l'époque est surtout la reconstruction complète de l'église Saint-Nizier, portée par son chapitre et sa fabrique où passent les plus influents bourgeois de la cité. Ainsi, le clocher nord, achevé en 1460 devient le beffroi de la ville[a 25]. Mais la topographie de la presqu'île est également caractérisée par l'implantation de nombreuses demeures servant de pied-à-terre pour des puissances proches ou lointaines[N 21]. Même si ces édifices n'ont pas le caractère de palais ou de châteaux, ils servent de points d'urbanisation au sein de ce qui était un immense village fortifié. Le centre de ce village est situé autour de l'église Saint-Nizier, où s'est développé le noyau urbain primitif. Semblable au quartier Saint-Paul, il regroupe les métiers de bouche, une halle et les métiers nobles (drapiers, etc.).

Au nord de cette aire, la pente de Saint-Sébastien est vide d'habitants, seulement parcourue par des vignes et des ruines. En haut, des fossés de défense sont établis. À ses pieds, cinq portes marquent symboliquement les limites de la cité, la muraille de défense étant construite en retrait. Ce vieux mur disparaitra avec la poussée urbaine au XIVe siècle. C'est de ce côté, ou contre la rive du Rhône, toujours à l'extérieur des remparts, que sont concentrés les professions dangereuses, insalubres, et qui ont souvent besoin du fleuve : tuileries, tanneries, forges, etc. De même, de l'autre côté des murs, ou près des portes sont concentrés les hôpitaux, destinés à accueillir errants, voyageurs sans toit et miséreux.

La berge du Rhône est complètement dégagée, des débarcadères et des moulins amarrés se succédant le long du flot, à l'ombre du mur d'enceinte. Le pont du Rhône, d'abord édifié en bois au XIIe siècle, est dédoublé au siècle suivant en pierre[N 22]. Ce deuxième ouvrage est très long à se concrétiser[a 26]. Dans les années 1310, seul le premier pilier est commencé. Il faudra un siècle pour voir s'achever, et encore, pas entièrement en pierre, ce qui permettra, à l'orée de la Renaissance, une vigoureuse croissance économique.

La société lyonnaise

Démographie et difficultés du temps

L'année 1320 est également un jalon important de la ville de Lyon sur le plan démographique. En effet, c'est à cette date qu'a été établi le premier document permettant d'avoir un ordre de grandeur de la population. Les 21 et 22 juin de cette année, une liste des citoyens jurant de respecter les franchises est rédigée, elle fournit 3 000 noms. À partir de ce chiffre, il est possible d'estimer la population lyonnaise à environ 15 000 à 18 000 habitants[a 27]. Cela situe Lyon au rang de métropole secondaire, telles Arles ou Avignon.

À cette date, Lyon commence à connaître une lente décroissance, provoquée par les difficultés frumentaires, les épisodes de peste (à partir de 1347) et les guerres (même si Lyon ne fut jamais au centre des conflits). Le nadir démographique est estimé aux environs des années 1430. Ensuite, la hausse de la population est forte dès les années 1460, pour aboutir à environ 35 000 habitants vers 1520.

La première vague de peste, la "mort noire", frappe Lyon en mai 1348. Elle décime la population de la ville et les estimations des contemporains: "Sur trois personnes à peine en demeurait-il une"[a 28], semblent à peine exagérées. Entre un tiers et la moitié de la population disparait lors de cet été. Une première récurrence en 1361 est également dévastatrice, puis les épisodes de peste se répètent périodiquement, plus ou moins violemment jusqu'au XVe siècle.

Lyon n'a jamais été pillée, ni même assiégée à cette époque. Les milices de la ville n'ont presque jamais eu à combattre les pillards qui circulaient à cette époque troublée. Les lyonnais eurent par contre à subir les ravages dans les environs, dévastant les champs et propriétés de nombreux notables. Les deux périodes les plus troublées furent entre 1358 et 1368, ainsi qu'entre 1417 et 1444[a 29].

Une économie encore locale

À partir du XIVe apparaissent des preuves de l'importance des possessions terriennes des bourgeois lyonnais. Lors du recensement de 1388[N 23], près de la moitié de ceux-ci possèdent des biens en dehors de la ville. Ces biens ne diminueront pas en nombre durant la période de crise du début du XVe siècle, mais verront seulement leur valeurs s'étioler. Au XIVe siècle, les lyonnais ne font pas d'opérations foncières loin des murailles. La grande majorité jettent leur dévolu sur les paroisses collées à l'ouest des Saône et Rhône entre Anse et Givors. La tendance de ces bourgeois est d'investir dans la viticulture, les citadins souhaitant visiblement boire le vin de leur propre vigne, et également éviter les taxes sur cette boisson à l'entrée de la ville.

Durant cette période, Lyon ne brille pas par un artisanat particulièrement développé. Il n'y a aucune industrie d'exportation notable, les productions lyonnaises étant uniquement destinées à la région proche. Les professions de changeurs, ou d'aubergistes (souvent très liées), sont les seules à bénéficier de la position stratégique de Lyon. Durant une courte période, la présence des papes à Avignon améliore quelques peu le commerce de la vallée du Rhône, mais leur départ remet la cité à sa place de métropole de second rang dans l'espace européen[a 30].

Le commerce, par voie de conséquence, n'est pas très développé. Peu de marchands étrangers viennent s'installer à Lyon, et les marchés locaux ne voient pas la visite de beaucoup de convois au long cours. Les foires, octroyée par le Dauphin le 9 février 1420[a 30], ne connaissent pas de grande activité durant des décennies. Entre 1425 et 1436, elles disparaissent même, et ce n'est pas leur nombre passant de deux à trois en 1445, qui change les choses. Ce sont les modifications des trajets des voies commerciales européennes qui leur donnent un grand lustre, et provoquent le basculement de la cité lyonnaise dans la Renaissance, aux alentours des années 1450. Une quatrième foire apparait en conclusion d'un mouvement extérieur en 1463.

Vie quotidienne et sociale à Lyon

Malgré l'apparition des foires, et la fin de la construction du pont sur le Rhône, qui crée un flux (certes maigre) de marchands, le rythme de la vie des lyonnais est avant tout basé sur le monde agricole. La veille de la Saint-Jean Baptiste, le jour des renouvellements de contrats, du paiement des échéances est la date la plus importante de la vie économique locale, pas encore concurrencée par des foires saisonnières qui n'ont pas pris leur envol. Le marché du samedi est le moment d'animation principal de la semaine[a 31].

Les couches les plus pauvres de la société vivent d'un petit lot de terre. Les populations un peu plus aisées sont propriétaires de terres cultivées par un métayer ; et surveillent attentivement ce qui fonde la plus grande part de leur aisance. Ces deux groupes sociaux étant largement majoritaires ; une mauvaise saison, et c'est toute la cité qui s'affaiblit. Ainsi, les années 1347 - 1362 sont une période très dure pour Lyon[a 32].

L'étude des documents fiscaux permet de mettre en avant une très forte disparité entre les catégories sociales. En 1377, 13 % des contribuables paient 68 % de l'impôt ; en 1446, 16 % des imposables versent 57 % de l'impôt[a 33]. Le début de prospérité de la ville a ainsi légèrement gommé les inégalités. L'élite lyonnaise est fortunée et puissante[9]. Elle possède de l'argent, un solide patrimoine urbain et des seigneuries[N 24]. Ce groupe discute d'égal à égal avec la noblesse, même s'il n' y a pas beaucoup d'unions entre les deux. Ils font construire de hautes maisons, font porter leurs armes à leurs domestiques, et mènent une vie sociale faite de largesses aux alliés et de libéralités aux nécessiteux.

Sous cette petite élite se trouvent les marchands, encore peu nombreux à cette époque. Mobiles, de fortunes variables et changeantes, ils tentent d'accumuler du capital pour progresser dans la hiérarchie sociale jusqu'à l'élite. Viennent ensuite dans la structure sociale lyonnaise les commerçants (hôtellerie, saunerie, ferraterie, ...) et hommes de lois (avocat, notaire, sergent, ...), qui se confondent avec les artisans qualifiés (doriers, brodeurs, orfèvres, ...). Enfin, la masse des lyonnais sont des affaneurs, des gens qui vivent de travaux ponctuels, glanés de ci de là. Certains d'entre eux parviennent à mobiliser un petit capital pour posséder une barque, un lopin de terre ou tenir à ferme un four commun.

Mais quelles que soient les époques, ces groupes sociaux ne restent jamais figés, les uns s'enrichissant en une ou deux générations, d'autres tombant dans la gêne[a 34].

Une cité aux juridictions multiples

Lyon concentre un grand nombre de juridictions, archiépiscopale, capitulaire, seigneuriale, royale[10]. Cela draine des flux financiers importants, suffisants pour faire vivre plus d'une centaine de personnes diverses (gradués, procureurs, clercs, sergents, ...). L'effectif des notaires est pléthorique pour une ville de cette taille (70 en 1377 et 87 en 1446). Certaines juridictions comprennent tout ce qui touche aux prélèvements. Les seigneuries ecclésiastiques perçoivent les dimes, les cens, et gèrent leurs affaires de manière efficaces, avec un personnel spécialisé (juge ordinaire, juge des appeaux, sergents, coponniers). L'archevêque dirige l'officialité, qui a des compétences dans des domaines très vastes (tutelles, curatelles, affaires matrimoniales et testamentaires). Quatre autres cours (glaive, cloître, cour commune, cour des excès), aux contours flous, s'ajoutent à l'influence ecclésiastique.

À ceci s'ajoute les officiers et les juridictions du roi, qui s'installent peu à peu dans le paysage lyonnais avec la cour des ressorts, prenant progressivement une place importante. Parallèlement, l'influence royale se ressent avec l'extension progressive de l'administration, composé d'une multitude de corps contrôlant les allées et venues, le commerce et les taxes royales[a 35].

Longtemps, les archevêques et les chapitres des églises importantes tentent de défendre leur influence face à la montée en puissance de la justice royale, parfois de manière violente. Les plus combatifs sont les prélats issus de familles princières, tel Gui de Bourgogne ou Charles d'Alençon, qui ont des connaissances à la cours des Valois. Mais les quelques succès obtenus n'arrêtent pas l'évolution vers la domination royale sur toutes les affaires judiciaires importantes[b 8].

Vie politique

Avec l'octroi en 1320 par l'archevêque Pierre de Savoie des franchises aux bourgeois, regroupées sous la charte dénommée la Sabaudine, les civils entrent de plain-pied dans la vie politique de la ville. Cette charte institutionnalise un consulat qui gère les affaires de la cité.

Ce consulat est composé de douze consuls[N 25], six du royaume et six de l'empire[N 26], issus des arts majeurs, et renouvelés chaque année. Toutefois, le mode d'élection entérine la constitution d'un groupe oligarchique qui sera souvent en décalage avec des réalités sociales mouvantes[a 36]. Les consuls se réunissent deux à trois fois par semaine en temps normal, à Saint-Jaquême ou chez l'un d'entre eux. Si de nombreux élus sont régulièrement absents, deux membres permanents sont présents : le receveur-secrétaire et le receveur. Les tâches des consuls sont nombreuses et variées.

Ils nomment les commissaires pour tenir des domaines particuliers (santé, fortifications, comptabilité, ...) et les membres du service municipal, qui agissent en leur nom auprès des quartiers ou de corps de métier (gardes, charpentiers, mandeurs, trompettes, etc...). Ils expédient une foule de petites affaires, de voirie, d'aumônes, etc. Ils veillent à l'adjudication des fermes, à la tenue de l'impôt, à sa rentrée. Les affaires fiscales tiennent l'essentiel de leur temps.

Les impôts (aides, vingtième du vin, deniers mis sus, ...) sont octroyés annuellement par l'archevêque, et surtout le roi de France, et deviennent progressivement permanents. Ils permettent à la ville d'assoir ses finances, et, les périodes de conflits passées, de procéder à de multiples dépenses civiles. Car le gros de la dépense consiste en la résolution des questions militaires ; qu'il s'agisse de payer des capitaines, de verser des rançons pour éloigner des bandes de pillards ou de rénover des fortifications. Les consuls doivent agir régulièrement en ce domaine. Comme pour d'autres villes, c'est lors des périodes de crise que le consulat se forge une histoire commune et se soude[a 36]. À partir des années 1360, la région commence à subir les répercutions des guerres franco-anglaises. Les bandes de soldats en maraude (les "tard-venus", notamment) circulent et pillent le Lyonnais. Ils triomphent en 1362 à Brignais d'une armée levée en toute hâte. Les passages de convois militaires sont moins féroces qu'en d'autres endroits, mais ils sont réguliers jusque dans les années 1390. La deuxième période d'insécurité persistante se situe entre 1417 et 1445[b 9].

La dernière grande affaire du consulat est de subvenir aux besoins alimentaires de la ville. Durant toute la fin du Moyen âge, la ville n'a pas à souffrir de disette importante, moins en raison de la qualité de la gestion des consuls en ce domaine que parce que la faiblesse de la population citadine rendait le bassin d'approvisionnement proche (le Lyonnais proprement dit, la Bresse et la Dombes) suffisant[a 37].

Orientations politiques et grands évènements

Avec la guerre entre le roi de France et la Bourgogne, la ville est sollicitée par les deux partis pour prendre position. Jusqu'en 1417, elle reste autant que possible dans la plus stricte neutralité ; puis, les consuls prennent résolument le parti du roi de France[a 38]. Cette fidélité n'est pas entièrement partagée par la population ; toutefois, aucun soulèvement pro-bourguignon n'a lieu. Dans les années 1410 et 1420, une surveillance particulière a lieu envers les habitants récemment arrivés de la Bresse ou du Mâconnais. Mais rien ne vient étayer des rumeurs qui courent périodiquement, affirmant que des personnes préparent un soulèvement.

Cette position en faveur du roi de France s'explique par trois éléments. En premier lieu, le roi est celui qui a imposé la charte de la ville aux forces ecclésiastiques locales. Ensuite, les marchands lyonnais ne fréquentent plus beaucoup les foires de Champagne, en plein déclin, mais vont plutôt à Genève. Enfin, à cette période, l'approvisionnement en grain de la population peut se passer des terres bourguignonnes.

Ce calme de la ville vis-à-vis des orientations politiques du consulat ne doit pas occulter une tension permanente entre les différentes couches de la population et les élites consulaires[a 39]. Dès 1330, les exclus des affaires consulaires s'agitent. À deux reprises (1376 - 1390 et 1418 - 1436) des périodes d'oppositions larvées obligèrent les consuls à ménager les administrés. Si les forces populaires ne trouvent pas d'appuis assez puissants pour se révolter, à deux reprises, elles créent de vives émotions parmi les consuls.

Le carnaval insurrectionnel de 1393

Depuis fort longtemps, l'archevêque s'oppose aux forces royales à propos de l'exercice de la justice sur les terres lyonnaises. En janvier 1393, un arrêt du parlement de Paris donne raison à Philippe de Thurey pour imposer aux officiers royaux d'opérer en dehors de la cité rhodanienne. Ces derniers s'étaient auparavant installé dans la maison de Roanne, en plein cœur de la ville, et les conflits avec les agents de l'archevêque étaient réguliers. L'archevêque et ses gens, le lendemain de l'arrivée de l'ordre d'exécution, vont sur les lieux et mettent la bâtisse à sac, accompagnés par une foule nombreuse qui conspuent les officiers royaux. Beaucoup parmi le peuple pensent alors que la puissance de l'archevêque face au roi est rétablie, dans le cadre d'une lutte autour du roi entre les princes tenant d'une nation provinciale et les conseillers parisans d'une royauté puissante.

Le charivari de la population modeste tient de l'hostilité non contre le roi[N 27] mais contre les officiers royaux, tenus pour oppresseurs et profiteurs, de connivence avec le consulat. L'archevêque, dans le cadre de sa lutte pour retrouver du pouvoir à la fois contre les bourgeois et le roi, a certainement joué de la grogne populaire. Si ce carnaval a effrayé les puissants laïcs de la ville, il n'a pas débouché sur des pillages et des troubles importants. Il a simplement montré aux consuls que le peuple suivait alors encore l'archevêque lorsque la pression fiscale se faisait trop forte.

L'arrêt du parlement est cassé l'année suivante, et les officiers reviennent en force en ville[a 39].

La rebeyne de 1436

Charles VII

Le terme désigne un épisode lyonnais mouvementé, mais non violent des révoltes fiscales qui ont lieu durant les guerres entre le roi Charles VII de France et la Bourgogne. La paix enfin faite en 1435 avec le Traité d'Arras, le peuple espère la suppression de la charge fiscale, et surtout des gabelles. Quand les États de Poitiers en février 1346 décident le maintien des impôts de guerre, le peuple décide d'envoyer au roi une délégation pour demander un allègement, comme cela s'était déjà vu. Pour cela, les maîtres des métiers demandent en assemblée un délai pour payer, et pour envoyer une délégation élue négocier avec le roi. Le lieutenant royal accepte le délai, mais le consulat, peu désireux de paraître refuser la volonté royale, se dérobe et impose que la négociation soit confiée à un commissaire royal. Celui-ci revient en mai avec un refus du roi.

Immédiatement, le peuple gronde et une assemblée générale se réunit pour protester contre l'impôt. Le consulat, en face, explique qu'il ne peut se dérober à la volonté royale et qu'il faut bien payer. La tension, probablement forte, ne débouche sur aucun affrontement entre riches et modestes. Un compromis est trouvé entre les consuls et les maîtres des métiers, pour faire payer relativement équitablement tout le monde. Le mouvement se termine donc par une soumission tardive de la population lyonnaise.

Jacques Rossiaud[a 40] insiste sur le fait que si des historiens ont fait de cette rebeyne une véritable révolte contre la bourgeoisie consulaire et le roi, il est nécessaire de bien tenir compte que les sources qui la décrivent sont rédigées par ces mêmes consuls, qui ont vécu les évènements dans la peur d'un soulèvement. Mais il n'y eu aucun pillage, aucun mort, et jamais les maîtres des métiers ou les chefs élus des humbles ne perdirent la main sur le mouvement.

Le mouvement se termine donc par la soumission au roi, qui vient à la fin de l'année avec son armée. Il la fait vivre sur le dos de la ville comme en pays conquis durant plusieurs semaines, fait arrêter, juger, condamner les meneurs de la protestation. La plupart sont bannis, et certains exécutés.

Cette "révolte", et la répression qu'elle produit, est la dernière étape à Lyon d'une époque troublée durant laquelle toutes les régions de France souffrent de la guerre de Cent ans. Elle est une borne pour la ville qui, quelque temps après, entre dans la Renaissance.

La religion à Lyon

Jean XXII

Lyon, à la fin du Moyen âge, n'a plus le prestige des siècles précédents lui permettant d'attirer papes et conciles. La proximité de la résidence papale à Avignon lui procure certes un mouvement important de clercs et de penseurs qui traversent la cité, mais pas de développement religieux particulier. Son apparition dans les affaires chrétiennes de l'époque se limite à l'élection de Jean XXII et aux conférences qui préparèrent l'abdication de l'antipape Félix V, le duc de Savoie Amédée VIII.

Les archevêques de Lyon, depuis l'année charnière de 1320, ont perdu une grande part de leur pouvoir judiciaire et politique. Malgré leurs efforts pour en récupérer, et préserver ce qui leur reste, leur influence est lentement grignotée. Ainsi, malgré les accords passés en 1320 qui placent le tribunal du sénéchal royal à Mâcon, il s'installe rapidement dans l'Île Barbe, puis définitivement dans la ville, près du cloître Saint-Jean[b 10].

La plupart des archevêques de cette période gouvernent bien leur diocèse. Beaucoup ont une solide expérience[N 28], une grande culture[N 29] ou une haute valeur morale et spirituelle[N 30]. Ils développent les rouages de leur administration ; étant fréquemment appelé loin de leur région, ils doivent pouvoir s'absenter sans que cela nuise au fonctionnement spirituel du diocèse. Les hommes forts sont alors le vicaire général et l'official. Le premier a la charge de tout ce qui relève de l'administration concrète et spirituelle. Le second dirige la justice archiépiscopale, progressivement affaiblie par les pertes de compétences, mais toujours fondamentale pour tout ce qui concerne, entre autres, les testaments.

L'état des édifices religieux est connu grâce à une visite pastorale dirigée par Jean de Talaru en 1378. Elle révèle qu'une partie du diocèse, fortement touché par les passages des armées et des pestes, ne parvient pas à entretenir ses édifices religieux correctement. Les églises, prieurés ou cures en mauvais état se trouvent essentiellement sur les axes de passage des routiers ou des vagues de peste : vallée de la Saône, plateau lyonnais, vallées de la Turdine et de l'Azergues, plaine de Roanne[b 11]. Ailleurs, dont à Lyon même, l'état des édifices religieux semble satisfaisant.

L'étude des testaments permet de percevoir une certaine évolution dans la manière de considérer l'au-delà et la nécessité de sauver son âme. Alors qu'au XIVe siècle, les bourgeois lyonnais consacrent une partie importante de leurs dons aux œuvres pieuses ou pour les pauvres, au cours du XVe siècle, cette part se réduit, au profit des messes pour leur propre rédemption. De même, les dons pour les œuvres charitables sont moins destinés directement à aider les nécessiteux, qu'à faire fonctionner les institutions. Cette transformation va de pair avec le mouvement plus général des mentalités en Europe occidentale, où la place du "Pauvre"[11] se modifie, et où la religion prend une dimension plus intime, plus personnelle. Elle prépare ainsi l'arrivée de la Renaissance, à Lyon comme ailleurs[b 12].

Renaissance et conflits religieux (1450 - 1600)

Période de prospérité, de développement urbain, économique et intellectuel, c'est le temps des foires, des imprimeurs, les débuts de la soierie et un haut lieu de l'installation de la réforme protestante. L'entrée dans le monde moderne se fait à partir du milieu du XVIe siècle, quand les tensions religieuses débouchent sur le conflit ouvert.

La ville et ses habitants

Illustration de Lyon dans le Schedelsche Weltchronik, 1493

Le Lyon de la Renaissance est une ville qui se remplit, mais dont la morphologie générale ne bouge pas beaucoup. Elle ne s'étale pas, elle se densifie.

À la fin du XVe siècle, les deux parties les plus densément peuplées sont la rive droite de la Saône et, sur la presqu'île, un centre urbain et bourgeois correspondant à la rue mercière (via mercatoria, au Moyen âge) de l'époque, qui courait du pont sur la Saône à celui sur le Rhône, en une longue transversale. La plateau de Fourvière est toujours très peu dense. Les pentes de la colline ne sont loties que le long des rues qui montent au plateau, comme le Gourguillon ou le Chemin-neuf, créé à cette époque. Le reste de la presqu'île est sanctuarisé par des couvents qui possèdent de vastes surfaces, destinées à la production agricole. En son centre, l'Église Saint-Nizier est achevée à cette époque[f 3]. Au sud de Bellecour, et surtout à partir d'Ainay, se trouvent surtout des prés, des vergers, puis des marécages et des îles. Les pentes de l'actuelle Croix-Rousse sont également peu peuplées (mais elles se densifient à cette période), tout comme la rive gauche du Rhône. À noter que le pont de pierre sur le Rhône, long de 270 mètres, est achevé au début du XVIe siècle.

Carte de Georg Braun réalisée en 1575

Il est possible toutefois de détecter quelques transformations dans le tissu urbain. Aux pieds des pentes de Fourvière, la ville enserrée par les cloîtres des chanoines sera ouverte de force par le baron des Adrets, qui abat leurs murailles. Sur la presqu'île, plusieurs cimetières de couvents ou d'églises sont transformés en place (Jacobins, Célestins). La zone qui sera plus tard la place Bellecour est un terrain militaire qui sera plusieurs fois aménagé. Enfin, aux pieds des pentes de la Croix-Rousse, l'antique fossé des terreaux est comblé, pour permettre l'extension urbaine sur le bas de la colline[a 41].

De cette époque restent de nombreux immeubles de style Renaissance, dans le vieux Lyon, témoins de la richesse d'une ville qui atteint une envergure européenne[f 4].

À partir du creux démographique des années 1430, la population de Lyon progresse régulièrement, avec un pic dans les années 1460, pour aboutir à environ 35 000 habitants vers 1520[a 28]. Cette augmentation est essentiellement due à l'immigration, issue de Savoie, Dauphiné et Bourgogne. Le consulat a régulièrement des difficultés pour gérer convenablement le besoin en nourriture que l'augmentation de la population impose[a 42]. Rapidement, les bassins de production habituels ne suffisent plus, demandant des importations toujours plus importantes, venant de Bourgogne. C'est une des causes de la "Grande Rebeyne" en 1529.

Économie

Les années 1450 à 1490 sont une période de formidable essor économique[a 32], qui se poursuit, malgré les soubresauts religieux, par un "siècle d'Or [12]". la ville se développe grâce entre autres à la venue de banquiers florentins[13], de marchands attirés par les franchises royales[14] et surtout la tenue de quatre foires par an[15].

Les possessions terriennes des Lyonnais

Les bourgeois lyonnais sont de solides propriétaires terriens, et la géographie de leurs possessions nous est connue grâce aux "nommées"[N 31] de 1493. Elles indiquent que 849 contribuables possèdent, hors de Lyon, 1 900 hectares de terres. Ces propriétés sont concentrées à l'ouest de Lyon, le long des fleuves, principalement entre Vaise et Millery. On peut également noter des placements importants dans les monts de Tarare, de Jarez, sur les pentes du Pilat. Une bonne part de ces investissements concernent des vignobles, mais les bourgeois les plus riches placent avant tout leur argent dans l'élevage. Lors des crises, les bourgeois soutiennent le redressement des communautés villageoises de la région en prêtant de l'argent, achetant les productions, faisant des commandes et des investissements (moulins, irrigation, maisons et granges), surtout durant la seconde moitié du XVe siècle[a 43].

Édifice Renaissance dit de la « Tour Rose »

La soie à Lyon

Article détaillé : Histoire de la soie à Lyon.

Cette industrie, qui deviendra un élément majeure de l'économie rhodanienne, arrive à Lyon à la Renaissance.

Louis XI essaie de développer le tissage de la soie à Lyon, dans le but d'éviter la sortie massive d'or et d'argent en direction de l'Italie. Il fait venir à Lyon des ouvriers italiens, mais les marchands locaux se refusent à investir dans cette industrie. Louis XI renonce donc et fait venir les ouvriers à Tours. Quelques ateliers, tenus par des lyonnais, subsistent toutefois.

Le véritable démarrage se produit avec Étienne Turquet, qui, obtient le privilège de la fabrication des étoffes d'or, d'argent et de soie en 1536 de François Ier[e 1]. Des ateliers se montent alors dans toute la ville. En 1545, la société de la Fabrique lyonnaise est fondée, avec un capital de 8 000 livres, en partie avec les fondateurs du mouvement dont Turquet et en partie avec de nombreux banquiers. Le succès est immédiat et immense. En 1548, lors du défilé pour l'entrée de Henri II, 459 maîtres de métiers défilent. Dès 1553, 12 000 personnes vivent de la soierie à Lyon.

Toutefois, cette réussite ne doit pas cacher que pendant toute cette période, Lyon ne sait fabriquer que des tissus unis. Les italiens restent maître de la fabrication des façonnés[N 32]. Il faudra attendre les années 1600 pour que Lyon y parvienne, avec les évolutions techniques apportées par Claude Dangon[a 44], très probablement importée d'Italie[e 2].

L'imprimerie à Lyon

Article détaillé : Histoire de l'imprimerie à Lyon.

En 1515, il y a plus de cents ateliers d'imprimeurs à Lyon, alimentant un commerce international, destiné principalement à l'Espagne et l'Italie. Plus que de simples artisans, ce sont des érudits, qui n'hésitent pas à produire des ouvrages humanistes, en plus des habituelles commandes de livres religieux et de piété.

L'un des plus célèbres est Sébastien Gryphe, venu de Souabe. Très pointu dans ses réalisations, il produit plus de mille éditions, fondant une dynastie d'imprimeurs. Il initie Étienne Dolet et l'aide à fonder son atelier. Il édite les classiques de l'antiquité, les ouvrages de Guillaume Budé, Jules César Scaliger, Ange Politien[a 45].

Les conflits religieux entament largement l'économie lyonnaise, qui ne retrouve pas son prestige par la suite. La plupart des imprimeurs émigrent à Genève. Les grandes familles bancaires fuirent Lyon pour n'y jamais revenir (75 banques italiennes en 1568, 21 en 1597)[16]. Lyon est redevenue, à l'orée du XVIIe siècle, une cité de moyenne importance.

Vie politique et sociale

Une Renaissance glorieuse et calme

médaille d'Anne de Bretagne réalisée pour son passage à Lyon en 1499 avec Charles VIII

La renaissance lyonnaise connait moins de peurs liées aux guerres que les décennies précédentes. Il y a quelques alertes, mais la région ne souffre pas lourdement des guerres européennes[a 29]. Sforza passe en 1465, les années 1520 voient circuler quelques armées, mais aucune ne ravage le pays.

Lyon, durant le premier XVIe siècle, devient la seconde capitale du royaume, les rois de France y résidant souvent, pris par les affaires d'Italie. La cour de Charles VIII s'y installe lorsque le Roi se rend dans la péninsule. Louis XII y séjourne plusieurs fois. François Ier y vit, avec sa cour, régulièrement de 1525 à 1540. Cette présence royale attise le développement d'un milieu de lettrés et de poètes, tels Symphorien Champier, Maurice Scève ou Louise Labbé. Dans le même temps, des lettrés passionnés d'antiquités rassemblent des collections archéologiques et épigraphiques, parmi lesquels on peut citer Pierre Sala, Claude Bellièvre[N 33], Nicolas de Langres ou Guillaume Paradis[d 1].

Durant cette période, le passage de nombreux artistes et le mécénat des hommes de pouvoir ou des riches marchands permet à Lyon de « briguer le titre de capitale musicale »[17].

Les guerres de religion à Lyon

Après une expansion modérée de la réforme protestante durant le premier XVIe siècle, les guerres de religion déchirent la ville dans les années 1560 - 1570. Après les défaites des forces protestantes, la ville devient une place forte de la Sainte Ligue, jusqu'au milieu des années 1590.


Les premières mèches de la réforme arrivent dès les années 1520, portés par des imprimeurs venus d'Allemagne et de Genève. En réaction, François de Rohan organise un concile provincial en 1528, qui prend diverses mesures pour contrer les déviations.

La première pierre solide de l'implantation de la réforme à Lyon est, en 1546, la fondation du premier temple réformé lyonnais. À partir de cette date, des cycles de prosélytisme protestant succèdent à des moments de répression catholique, ces derniers ne parvenant pas à empêcher la diffusion des idées nouvelles. Ceci d'autant plus que les archevêques Jean de Lorraine (1537-1539) et Hippolyte d'Este (1539-1551) ne sont pas actifs (ils sont le plus souvent absents de leur diocèse) ; toutes les strates de la société lyonnaise sont finalement touchées.

Dans les années 1550, le nouvel archevêque, François de Tournon (1551-1562) opte pour une action plus ferme, mais le consulat, désireux d'éviter des troubles mauvais pour les foires et le commerce, freine toute action trop violente. La situation se tend progressivement, tandis que les milieux les plus élevés sont finalement atteints (deux notables protestants sont acceptés au consulat en décembre 1561).

En 1562, dans la nuit du 29 au 30 avril, les réformés prennent d'assaut l'Hôtel de ville, font fuir les chanoines et l'archevêque. Ils prennent la forteresse de Pierre-Scize le 7 mai. Minorité déterminée, elle tient la ville par la force, soutenue par le Baron des Adrets. Les insurgés tiennent la cité jusqu'au 15 juin 1563, où un compromis rend les clés de la ville aux forces officielles. Celui-ci est négocié par le Maréchal de Vieilleville ; il permet la réouverture des églises, et le maintien de trois temples[N 34],[a 46].

La décennie 1562 - 1572 voient les deux parties s'affronter le plus souvent par la presse et les prédications, avec quelques accès de violences. Mais les réformés sont finalement brisés le 31 août 1572, lors des "vêpres lyonnaises". Cet évènement, déclenché par la nouvelle de la Saint-Barthélémy, provoque des massacres de plusieurs centaines de personnes dans une ambiance exaltée de reconquête du catholicisme[b 13].

Durant les années 1570 et 1580, Lyon manifeste un catholicisme de combat, refusant souvent les tiédeurs royales vis-à-vis de la religion réformée. Cette opposition au roi est avant tout religieuse, et ne devient politique qu'avec l'arrivée d'Henri IV, protestant. Le mouvement ligueur lyonnais est donc important jusque dans les années 1590. Lorsque Henri IV se convertit au catholicisme en juillet 1593, la ville bascule progressivement dans l'autre camp, arrête son gouverneur, le duc de Nemours[N 35] en septembre 1593, avec le soutien de l’archevêque Pierre d'Épinac.

Henri IV, en représailles contre la ville ligueuse, promulgue l'Édit de Chauny en 1595 qui soumet fortement la municipalité lyonnaise au Roi.

Avec la fin du siècle se termine les troubles qui ont secoués la cité lyonnaise plus de cinquante ans durant. Pour une fois en phase avec l'évolution générale de la France, Lyon s'engage alors dans les siècles d'absolutisme en bonne ville du roi.

La religion à la Renaissance, entre affaiblissement et renouveau

Louise Labbé

À Lyon, la fin du XVe, comme le début du XVIe, est une période sans relief du point de vue religieux. L'archevêque François de Rohan (1501-1536), "le meilleur de son époque" selon Henri Hours[b 14], marque le premier siècle de l'époque moderne de son empreinte. Il réside souvent dans son diocèse, en un temps où les évêques de cour sont légion. Il est attentif à sa bonne tenue, menant une visite générale en 1506, unifiant la liturgie, faisant imprimer et diffuser largement des ouvrages pieux et ne manque pas, lors du concile provincial de 1528, de condamner les doctrines de Luther.

Après 1537, avec les arrivées de Jean de Lorraine (1537-1539), puis d'Hippolyte d'Este (1539-1551), le diocèse est bien davantage délaissé. Les archevêques ne font plus venir de prédicateurs notables. Les commandes de livres pieux baissent, alors qu'au même moment monte la concurrence d'ouvrages profanes, d'esprit humaniste ou déjà réformateurs. Des groupes de lettrés osent rédiger des textes nettement éloignés de la morale purement chrétienne, tel François Rabelais, Louise Labbé ou l'auteur anonyme des "Contes amoureux de Madame Jeanne Flore"[b 15]. C'est le moment où nait ce qui est appelé "l'École lyonnaise de poésie"[18].

Les premiers signes de la Réforme[19] sont visibles dès les années 1520, mais ils restent longtemps isolés ; la première église est dressée en 1546. Le développement du mouvement dans l'ensemble de la société lyonnaise n'a lieu que dans les années 1550. Cette expansion, importante, peut s'expliquer de plusieurs manières. Éloignement de la Sorbonne, proximité de Genève sont des causes externes importantes. Parmi les facteurs propres à la ville, il y a le dévouement d'une partie des imprimeurs[N 36], la négligence spirituelle d'archevêques résidant avant tout à la cour du roi, ou l'assoupissement d'une partie des forces religieuses de la cité. Toutes les couches de la société sont touchées par les conversions, dans des proportions impossibles à évaluer. Seules les populations d'origine italienne restent à l'écart de ce mouvement.

Les années 1560 sont le temps du déchirement religieux de la capitale rhodanienne, s’achevant dans le sang des "vêpres lyonnaises" (septembre 1572). La restauration catholique se fait à Lyon moins par l'action des archevêques que celui de prêtres résolus, au premier rang desquels il faut citer le père Edmond Auger, arrivé en ville en 1563. Il déploie une énergie considérable durant quinze ans, faisant un grand nombre de prédications, montrant un grand dévouement lors de l'épisode de peste de 1564, soutenant des controverses avec les pasteurs et faisant publier un catéchisme largement diffusé[b 16]. Il est aidé par ce qui est le pilier catholique de la ville à cette époque : le collège de la Trinité, confiés aux jésuites en 1567[20].

La restauration catholique est, enfin, parachevée par l'archevêque Pierre D'Épinac. Rigoureux et sérieux, il réforme l'administration du diocèse avec énergie, mais surtout montre l'exemple auprès de la population[b 17].

Lyon sous l'absolutisme - XVIIe et XVIIIe siècles

Les transformations urbaines

La cité lyonnaise, sous les deux derniers siècles de l'ancien régime, subit plusieurs transformations importantes. Elle se densifie, elle s'embellit et les zones d'activités se déplacent[N 37]. Par contre, elle ne s'étend pas beaucoup au-delà de ses antiques murailles, restant jusqu'à la Révolution sur un périmètre d'environ 150 hectares bâtis[a 47].

La population de Lyon augmente, et, les murailles restant durant cette période des limites encore réelles pour le lotissement[N 38], de très nombreux quartiers voient leurs habitations être surélevées, le plus souvent par destruction et reconstruction. Pour la même raison, les quelques zones encore en friche sont bâties. Mais cette densité finit par devenir trop importante, avec un très grand nombre d'immeubles de 4 à 6 étages, ce qui cause de nombreux désagréments. Durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, plusieurs projets voient donc le jour pour repousser les limites de la ville.

Un premier, dans les années 1750, a pour ambition de construire un quartier entier en dehors des remparts, à Saint-Clair, au nord-est de la presqu'ile. Mené par Jacques-Germain Soufflot[21] et ses élèves Musset et Milanois, il est dévolu à la bourgeoisie[a 48]. Dans les années 1770, Antoine-Michel Perrache met au point et lance le projet de rendre salubre le sud d'Ainay, en comblant les chenaux pour allonger la presqu'île. Complexe, ce projet ne verra pas le jour de la vie de son concepteur, et ne sera achevé qu'au XIXe siècle. Enfin, un dernier est lancé par Jean-Antoine Morand dans les dernières décennies du siècle pour créer un quartier aux Brotteaux. Il est à peine entamé à l'aube de la Révolution[d 2].

Par ailleurs, durant ces deux siècles, un grand nombre de monuments s'édifient à Lyon, tant religieux que laïcs.

Hôtel de ville

Un grand nombre de couvents s'installent à Lyon au XVIIe siècle, principalement au sud de la presqu'île, et sur les pentes des deux collines. Trois églises accompagnent l'augmentation de la population : Saint-Bruno-des-Chartreux (fin XVIe), Saint-Polycarpe (1665) et Saint-François de Sales (édifice ouvert en 1690 et différent de l'actuel)[d 3].

L'Hôpital de la Charité est édifié en 1624, l'Hôtel de ville entre 1646 et 1651[f 5],[22]. En 1653 a lieu l'inauguration de la loge du Change, qui est ensuite agrandie par Soufflot au début du XVIIIe. Ce dernier trace également les plans de l'Hôtel-Dieu, d'un théâtre dans le quartier saint-Clair ou du premier opéra de la ville.

Mais Lyon voit également son équipement urbain s'accroitre. Deux ponts sont construits sur la Saône (entre Saint-Jean et Bellecour et entre Saint-Paul et Saint-Vincent) au XVIIe et deux autres au XVIIIe. Cela montre l'importance encore vitale pour la ville de la rive droite de la Saône. La place Bellecour, ouverte par le Baron des Adrets durant les conflits religieux devient une place d'agrément, et est continuellement aménagée durant les deux siècles (arbres, monuments, façades)[d 4],[a 49].

Une économie spécialisée - Lyon, capitale de la soie

brocard de soie tissé à Lyon à la fin du XVIIIe siècle

Lyon, grande ville commerçante de l'époque moderne, possède à côté des secteurs d'activité traditionnels, une forte population de travailleurs attachés aux échanges lointains.

La ville, dans le domaine de la production, présente des caractéristiques similaires à la plupart des cités de sa taille et de son époque. La construction, l'alimentation et l'habillement dominent et font travailler la plus grande part de la population. Lyon est une cité en perpétuelle transformation, et les métiers du bâtiment ne connaissent que rarement la crise. Les métiers de bouche sont diffus dans toute la ville, sauf les bouchers, qui se concentrent dans des quartiers délimités[N 39].

Dans le domaine du textile, Lyon hérite de la Renaissance d'une industrie de la soie déjà développée, mais présentant encore des faiblesses, notamment de ne pas savoir fabriquer de façonnés[N 40] et de brocarts. Ce retard est rattrapé au début du XVIIe siècle grâce notamment au développement du « métier à la grande tire » importé par Claude Dangon. En 1655, un soyeux lyonnais, Octavio Rey, invente le lustrage de la soie, qui augmente le brillant du tissu[e 2]. Ces innovations permettent de concurrencer les villes soyeuses italiennes et assure le succès commercial de cette activité[a 50]. La soie devient progressivement le moteur de l'économie lyonnaise, demandant une main d'œuvre nombreuse et, pour partie, très qualifiée[a 51].

Lyon reste au cours des deux siècles une grande cité d'édition et d'impression. Elle est pourtant concurrencée par d'autres villes, Rouen et surtout Paris, la capitale obtenant des privilèges d'éditer que Lyon ne peut plus avoir. Se tournant donc en partie vers le lucratif domaine de la contrebande, les milieux libraires lyonnais restent jusqu'à la Révolution d'importantes forces économiques locales[a 52].

Les milieux du grand commerce et de la banque sont à Lyon une élite puissante et dynamique. Les marchands, portés par les quatre foires annuelles héritées des siècles passés, voyagent dans toute l'Europe et font affaires dans tous les domaines. À l'inverse, un grand nombre d'étrangers viennent régulièrement dans la cité rhodanienne pour échanger leurs produits ; les dynasties de commerçants étrangers[N 41] venues aux XVe et XVIe siècles restant bien présentes[a 53]. Les autorités lyonnaises s'attachent à maintenir, et même à développer quand c'est possible, les privilèges fiscaux pour cette profession.

Toutefois, si depuis le XVIe siècle, Lyon est dirigée avant tout par des commerçants, une évolution se dessine progressivement, qui voit ces derniers céder leur place, au consulat et aux postes-clés, aux maîtres soyeux. Au XVIIIe siècle, l'évolution est aboutie et l'élite lyonnaise est dominées entièrement par les producteurs de façonnés et de brocarts[a 54].

La société lyonnaise durant les Lumières

Vie politique - un consulat soumis au roi

La vie politique lyonnaise est profondément transformée par l'Édit de Chauny de 1595, imposé par Henri IV. Ce dernier restreint le nombre de membres du consulat, pour les encadrer et les contrôler plus efficacement, le but final étant de s'assurer la loyauté d'une ville longtemps ligueuse. Cette réforme aboutit à un consulat de seulement quatre échevins, présidé par un prévôt des marchands. L'élection du consulat est soumis à l'aval du Roi, qui peut ainsi placer à la tête de la ville des personnes qui lui sont favorables et redevables.

Durant les XVIIe et XVIIIe siècles, la cité est surveillée par deux hommes du roi : le gouverneur et l'intendant.

Le gouverneur a pour fonction de représenter le roi, et dirige les forces militaires locales[N 42]. À Lyon, en tant que représentant, c'est lui qui influence le choix des membres du consulat pour satisfaire le roi, allant certaines fois jusqu'à choisir directement telle ou telle personne. Il a le pouvoir de casser une élection, s'il estime qu'elle amènerait au pouvoir municipal une personne indocile. Le gouverneur est le plus important relais de l'autorité royale dans la région (contrairement à d'autres, où cette place prééminente est dévolue à l'intendant), et toujours choisi dans la meilleure noblesse locale[a 55]. Cette prééminence trouve son apogée avec Camille de Neufville de Villeroy qui, durant 40 ans, cumule les fonctions de gouverneur et d'archevêque, reléguant l'intendant à un rôle mineur[a 56].

Toutefois, c'est bel et bien le consulat qui gère au quotidien la cité rhodanienne.

Celui-ci possède toujours, malgré sa soumission royale, un très grand prestige local, les plus grandes familles œuvrent en permanence pour y accéder. Ce lustre est mis en scène à de nombreuses reprises, notamment lors des entrées royales[a 57]. Présent aux meilleures places lors des processions religieuses, lors des festivités nationales [N 43], le roi préside évidemment toutes les fêtes locales. La construction du fastueux hôtel de ville, place des Terreaux, participe de cette volonté de glorification.

Si les familles importantes de la ville souhaitent entrer au consulat, c'est qu'il est la porte d'entrée pour de grandes carrières, et permet d'offrir places et emplois pour la famille et les amis. L'entrée au consulat confère automatiquement la noblesse, de nombreuses exemptions de taxes et des émoluments importants[a 58]. Durant le XVIIe siècle, le consulat est composé essentiellement d'hommes de loi, issus des administrations, et de rentiers ; ce qui correspond à une période de faiblesse économique de la ville. Au contraire, au XVIIIe siècle, les marchands soyeux réinvestissent fortement les place consulaires, au détriment des rentiers, ceci au moment où les industries de la ville se développent considérablement.

Le consulat gère l'ensemble des services de la cité. Mais leurs décisions les plus importantes sont toujours visées par les agents royaux, et susceptibles d'être refusées. Ainsi, les plus grandes décisions de la cité ne se prennent souvent pas à Lyon, mais avec le gouverneur, et donc à Paris ou Versailles.

Une société en mutation profonde

Au cours des deux siècles de l'absolutisme, Lyon voit sa géographie sociale se transformer, Les zones de richesses passant début XVIIe siècle d'un « axe Change-Pont de Saône-Herberie »[a 59] à un axe Hôtel de ville - Place des Terreaux fin XVIIIe siècle[a 60]. Ce déplacement des élites s'accompagne d'un très fort accroissement de la densité urbaine, qu'il faut toutefois nuancer. Durant les deux siècles, les murailles ancestrales bloquent tout étalement de l'habitat. Progressivement, les zones vides sont bâties, et les immeubles sont détruits pour être reconstruits plus haut, ou des maisons sont directement rehaussées de un ou plusieurs étages. Ainsi, le degré de cohabitation moyen de la cité entière[N 44] passe de 2,2 en 1597 à 10 en 1780. Ceci alors que dans le même temps, de larges maisons bourgeoises et nobiliaires sont construites dans certains quartiers[N 45], faisant chuter la moyenne. "Peu de villes françaises connaissent, à cette époque, un tel surpeuplement[a 61].

Les deux siècles de l'absolutisme voient les troubles sociaux se poursuivent. Certaines émotions sont de classiques mouvements frumentaires, telles les mouvements de l'année 1653. D'autres troubles ont pour origine de nouveaux impôts ou taxes. Pratiquement chaque nouveauté en ce domaine conduit à des échauffourées ou des pillages. En 1632, à deux reprises, une foule se lève pour attaquer les personnes venues de la capitale pour percevoir un nouveau droit. Un première fois en octobre contre une personne récoltant une taxe sur le vin et une deuxième fois en décembre contre un traitant venu récupérer une augmentation des douanes, c'est-à-dire des taxes sur tous les produits entrant dans Lyon. Les deux fois, de nombreux émeutiers s'en prennent aux hommes, et saccagent les maisons[a 62]. Face à ces révoltes, le consulat se trouve dans une position inconfortable. Il doit tout à la fois protester de sa fidélité au roi, et tenter de conserver une légitimité face aux lyonnais. Il y parvient de moins en moins.

Enfin, au cours du XVIIIe siècle, avec la hausse de la population directement employée à la confection des pièces de soie, une sensibilité sociale particulière se développe. En effet, le monde de la "Grande Fabrique"[N 46] se développe et se transforme. Tout à la fois les travailleurs de la soie se retrouvent très nombreux, mais également de plus en plus dépendants d'une petite élite de marchands soyeux par lesquels ils sont obligés de passer pour avoir des commandes et accéder aux débouchés. Un nouveau type de conflits se développe donc, au sein d'un groupe assez nombreux pour créer une société à part entière. Une solidarité s'établit, avec des menaces communes (crise de la demande, baisse des tarifs) et un métier commun. Cela débouche sur des contestations nouvelles, non pas liée à une crise, mais au contraire durant des période fastes[N 47], pour garantir le revenu face aux donneurs d'ordre. Face à ces revendications, la justice royale est particulièrement sévère. Ainsi, la Révolte des deux sous du 7 août 1786, sera vigoureusement réprimée dès le 10 août.

Lyon, de la Contre-réforme aux Lumières

Une vivacité religieuse déclinante

Alphonse Louis du Plessis, frère de Richelieu

Lors de la première moitié du XVIIe siècle, après la sortie des crises religieuses, et des soubresauts de la ligue, le pouvoir royal utilise toute son influence pour imposer des archevêques fiables, au profil plus politique que mystique. Les différents prélats qui se succèdent ne résident, en outre, pas beaucoup, étant souvent à la cour du roi, ou en mission pour lui. Cette politique trouve son acmé avec la nomination du propre frère de Richelieu, Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, en 1628.

Ils mènent une politique de soutien au pouvoir royal et de reconquête religieuse de l'ensemble de la population. Pour cela, ils appuient activement l'éclosion d'un grand nombre de communautés religieuses, notamment les ursulines, et entreprennent d'améliorer les qualités du clergé du diocèse.

Après eux, le diocèse est dirigé par un membre de l'illustre famille Neufville de Villeroy durant quarante ans : Camille de Neufville de Villeroy (1653-1693). Très présent dans son diocèse[N 48], ce prélat imprime une marque majeure à l'archevêché lyonnais. À l'unisson du pays, la région connait un grand développement religieux, autour de trois axes majeurs : encadrement de tous les fidèles, instruction spirituelle de la population et formation du clergé.

Pour encadrer solidement les fidèles au sein de la religion catholique, l'archevêque s'appuie autant sur les institutions traditionnelles (paroisses, prédicateurs, couvents) que sur des plus récentes, et en particulier sur la Compagnie du Saint-Sacrement[b 18], sur le culte du Sacré-Cœur[b 19] et sur les Jésuites[b 20]. Cette politique porte largement ses fruits ; le jansénisme reste faiblement implanté à Lyon sous son épiscopat[b 19], et le culte réformé est disloqué (suite à la révocation de l'Édit de Nantes) sans heurt[b 21].

L'instruction des population devient, sous l'épiscopat de Camille de Villeroy une préoccupation importante des élites lyonnaises. Celles-ci passent, pour une grande part, par le collège de la Trinité, dirigé par les Jésuites. Pour le reste de la population, de premières tentatives sont conduites par la Compagnie du Saint-Sacrement au milieu du XVIIe, puis largement élargie par Charles Démia[23], dans les années 1670. Ce dernier est nommé par l'archevêque directeur des écoles du diocèse. Il s'investit dans sa tâche, créant un bureau pour contrôler les études dispensées, organise des examens pour les maîtres, crée ce qui va devenir le séminaire Saint-Charles pour leur formation, et une communauté féminine pour l'instruction des filles. Cet élan décisif crée une première structure d'enseignement primaire dans la région lyonnaise. Il s'accompagne d'autres initiatives menées par les sœurs trinitaires.

Quant à la formation du clergé, Camille de Villeroy poursuit les œuvres entamées par ses prédécesseurs, mais ne consacre pas toute son énergie à cette œuvre[b 22]. Ainsi, la création du séminaire Saint-Irénée, en 1654, n'est pas suivie par un grand développement des études des curés. Il faut attendre son successeur, Claude II de Saint-Georges, pour voir le séminaire prendre une vraie place dans la formation du clergé de base.

En définitive, les efforts entrepris permettent de construire dans la ville et ses environs une foi solide et encadrée. "Considéré vers le milieu du siècle, le diocèse de Lyon apparait en pleine santé et donne le sentiment d'être entré à pleines voiles dans cette nouvelle chrétienté que le catholicisme français édifiait depuis 150 ans[b 20]."

Durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le retournement de tendance est flagrant, la vivacité religieuse laissant la place à un assoupissement, tandis qu'irrespect ou indifférence s'immiscent dans la sphère intellectuelle de la région. Ces changements se voient à travers de très nombreux indices, malgré une foi perpétuellement renouvelée en façade.

Le recrutement, dans tous les domaines de la vie religieuse, se tarit lentement. Le sous-diaconat perd son attractivité, passant d'un recrutement de 140 sous-diacres par an dans les années 1730 à 75 seulement en moyenne après 1760. Durant ce demi-siècle, on ne compte plus aucune fondation de congrégations à Lyon, et les existantes peinent à se renouveler. "En trente ans (1759-1789), les couvents de Lyon perdirent 40% de leurs effectifs, sans compter la disparition des célestins, des antonins et surtout des jésuites[b 23]." L'ordre de grandeur des pertes est similaire pour les congrégations féminines. De manière générale, dans les congrégations, les règles deviennent moins sévères, et les exceptions à ces dernières de plus en plus tolérées. De même, les associations laïques s'effacent du paysage public lyonnais, n'organisant plus, par exemple, de grandes manifestations populaires de piété.


Durant cette période, des courants mystiques jansénistes réapparaissent, mal combattus par l'archevêque Montazet. Mais il ne s'imposent pas non plus dans la ville.

De nouvelles lumières

Au XVIIe siècle, en partie sous l'impulsion du collège de la Trinité, tenu par des jésuites, Lyon devient un centre intellectuel de la République des Lettres. La richesse des notables lyonnais en font des amateurs éclairés de tableaux, médailles, et livres. Le XVIIIe siècle lyonnais est marqué par deux inventions majeures qui furent testées chacune en 1783 : le bateau à vapeur et la montgolfière. En parallèle, les lyonnais développent un grand goût pour le théâtre[a 63]. Des auteurs lyonnais se font connaître, telle Françoise Pascal, et Molière y passe entre 1653 et 1658, avant sa grande période de gloire. Quant aux arts classiques, ils ne sont pas représentés à Lyon par des personnalités majeures. Il n'y a pas, à cette époque à Lyon d'école de peinture ou de sculpture comme il y en a au XIXe siècle par exemple. Les deux artistes marquant de l'époque moderne sont Thomas Blanchet peintre et Jacques-Germain Soufflot architecte. Lyon, toutefois, connait une activité musicale et théâtrale notable[24].

Jean-Baptise Willermoz, franc-maçon lyonnais

Avec les lumières, Lyon connait, à l'instar de toutes les grandes cités européennes, un foisonnement maçonnique. Les sources manquent pour situer précisément les premières loges maçonniques lyonnaises, que l'on peut estimer apparaître aux alentours des années 1730[a 64]. Les documents officiels de la maçonnerie montrent celle de Lyon à partir des années 1750, et font apparaître une vie dynamique à partir des années 1770. Les deux principaux animateurs sont Jean-Baptiste Willermoz et Jean Paganucci. Autour d'eux, de nombreuses loges naissent, se scindent ou se réunissent, pour des raisons qui peuvent tenir autant de recherches théoriques qu'à des affinités ou inimitiés sociales. Un bref moment, en 1761, la loge tenue par Willermoz et Paganucci ("La Grande Loge des Maîtres réguliers de Lyon") reçu l'accord de la Grande Loge de France pour s'ériger en mère-loge locale. Après maint conflits de préséance, ce droit de reconnaissance d'autres loges à Lyon leur est retiré en 1765 par le Comte de Clermont. Après une période de flottement, consécutive à une grave scission de la Grande Loge de France, La loge lyonnaise s'investit elle-même du titre de "Grand Orient de Lyon". Cette loge participe grandement (Willermoz, notamment) à la reconstruction du Grand Orient de France[a 63].

Par la suite, en 1774, Willermoz crée une autre loge, le "Directoire de la Province d'Auvergne", issue de l'obédience germanique de la Stricte observance templière. Plus mystique, organisée en grades plus nombreux et hiérarchisés, ce mouvement rencontre un bon succès et prend le pas sur la loge lyonnaise d'obédience française[a 65]. À ces côtés, d'autres loges non régulières s'ouvrent, de tendance et d'origine variées. En définitive, "Entre mille deux cents et mille cinq cent frères résidents semblent une estimation plausible et, sans conteste, Lyon était alors devenue la première ville maçonnique du royame après Paris, nettement devant Marseille, Toulouse et Bordeaux[a 66],[25]."


Le développement de l'indifférence religieuse, et le basculement d'une certaine élite vers une pensée philosophique critique accompagne la cité rhodanienne vers la Révolution française.

La Révolution française

A Lyon, la révolte des canuts de 1786 a préparé de manière originale les soubresauts révolutionnaires. Brutalement réprimée, elle a permis aux ouvriers en soie de se structurer, et surtout à le faire en secret[a 67]. Des éléments populaires se regroupent, éditent des tracts pour mobiliser la population, font circuler des pétitions. A ce climat agité au sein des masses travailleuses se surimpose une très mauvaise année agricole en 1788, faisant grimper les prix et exacerbant les tensions.

En parallèle, les élites lyonnaises sont éveillées à la politique, dans un climat intellectuel propice aux réformes. De nombreuses personnalités ou sociétés évoquent et débattent des projets de Turgot, Maupéou ou Loménie de Brienne[a 67],[26].

Les premiers temps révolutionnaires

Lors des assemblées préparatoires à la convocation des états généraux, nombreux[N 49] sont dans l'élite lyonnaise qui souhaitent de nombreuses réformes, contre un groupe de modérés ou de conservateurs déterminés[N 50]. Dès cette époque, des groupes se forment, qui préfigurent les partis politiques de la Révolution.

Le 14 mars 1789, la première réunion des trois ordres à lieu à l'église des Cordeliers. Dès cette première réunion, des éléments nobles, ecclésiastiques et bourgeois proposent l'abandon de leurs privilèges pour solutionner les problèmes financiers du pays[a 68]. Sur le moment, ils débordent les personnes désireuses de ne pas trop bousculer l'ordre établi. Les cahiers de doléances sont donc largement imprégnés des idées nouvelles.

Durant les premiers mois révolutionnaires, comme à Paris, les masses populaires débordent régulièrement la bourgeoisie libérale, que ce soit celle de l'autorité municipale comme celle qui tient les clubs. Le 29 juin 1789, à l'annonce de la fusion des trois ordres, une émeute prend d'assauts les octrois, accusés du renchérissement des denrées, et cible de toutes les accusations en temps de disette. Le roi envoie des troupes pour rétablir l'ordre. Mais le 14 juillet, le château de Pierre Scize est pris. L'ordre est de nouveau rétabli de force.

Durant la Grande Peur, des pillages ont lieu contre des maisons nobles ou de propriétaires bourgeois. Pour rétablir l'ordre, une ébauche de garde nationale s'établit à Lyon. Finalement, les factions les plus avancées renversent le 7 février 1790 les milices de volontaires issues de la bourgeoisie, qui sont remplacées par la garde nationale. Imbert-Colonès s'enfuit[a 69].

La Constituante, fait de Lyon le chef-lieu du département de Rhône-et-Loire qui est scindé en deux après l'insurrection lyonnaise de 1793.

Lyon de la Révolution à la rébellion

Buste de Marie Joseph Chalier

La nouvelle municipalité, modérée et dirigée par Palerme de Savy est immédiatement confrontée aux clubs radicaux, qui l'accusent d'être lié aux conservateurs de tous horizons. Ces groupes ont pour meneur Marie Joseph Chalier qui entretient et développe une atmosphère revendicative, et toujours plus révolutionnaire.

En face, un groupe de royaliste met au point un complot destiné à faire venir le roi à Lyon, à monter des armées de fidèles et à s'appuyer sur des forces étrangères pour renverser la constituante et revenir sur les avancées révolutionnaires. Le plan est lentement monté durant l'année 1790, mais il est éventé et échoue[a 70].

La même année, la divison religieuse se met en place à Lyon, plus qu'ailleurs, car l'archevêque Marbeuf s'oppose vigoureusement et très tôt aux prétentions religieuses de l'assemblée nationale et à la constitution civile du clergé. Le 5 décembre 1790, il fait un discours solennel qui rappelle fermement que l'autorité sur le clergé ne vient que de lui et du Saint-Siège, et qui refuse tout serment[a 71].

Les années 1789, 1790 et 1791 sont mauvaises pour les récoltes et l'économie. La masse populaire, qui en souffre, devient de plus en plus sensibles aux thèmes véhiculés par les clubs démocrates au travers d'une presse combative[N 51]. La nouvelle de la fuite du roi déclenche de nombreux troubles, essentiellement ruraux[N 52],[a 72]. C'est dans cette ambiance que les premières élections municipales portent au pouvoir une majorité rolandine, avec Louis Vitet comme maire, face à un directoire beaucoup plus modéré. Celui-ci est suspendu en décembre 1791 suite à un conflit avec Chalier, à la suite de quoi, Lyon s'enfonce dans les troubles révolutionnaires. Le début de l'année 1792 voit encore poindre une disette, et pour prévenir de nouveaux débordements, des troupes sont massées près de la ville, ce qui ajoute encore à l'inquiétude. En août 1792, des agitateurs soulèvent une foule et massacrent une douzaine de personnes, neuf officiers de ces troupes et trois prêtres, il s'agit de l'évènement surnommé les septembrisades lyonnaises[27].

Un tribunal révolutionnaire

L'apogée de cette radicalisation intervient lors des élections de novembre 1792, lorsque Chalier et plusieurs montagnards sont élus à la mairie. Toujours pas majoritaires, ils déploient une propagande violente pour tenter de rallier la population à leurs vues, en vain. Le 18 février 1793, une nouvelle élection porte Antoine Nivière-Chol au poste de maire, avec toujours une majorité de modérés. Mais l'agitation des jacobins lyonnais porte ses fruits. Suite à des troubles et des combats de rue, la Convention envoie trois des siens pour traquer les contre-révolutionnaires, avec pour ordre de monter sur Lyon une armée révolutionnaire. Plusieurs membres modérés de la mairie sont arrêtés. Grâce à l'intervention des trois conventionnels, les élections suivantes portent à la mairie une majorité de jacobins, avec Antoine-Marie Bertrand comme maire.

Enfin libres d'agir à leur gré, ils multiplient les décisions extrêmes et se trouvent très rapidement fortement impopulaires. Ils sont donc renversés dès le 29 mai 1793 par un coup de force des girondins. Avec ce retour à une majorité modérée, même si pleinement républicaine, Lyon se retrouve à contre-temps, puisque quelques jours plus tard, c'est la gironde qui est mise hors la loi par les montagnards parisiens.

La nouvelle mairie, dont le chef est Jean-Jacques Coindre, est trop éloignée des idéaux jacobins au pouvoir, et la rupture est inévitable. le 12 juillet 1793, la Convention décrète Lyon "en état de rébellion contre l'autorité légitime"[a 73].

Le siège de Lyon

Article détaillé : siège de Lyon.
Le comte de Précy

Les autorités lyonnaises, malgré les menaces d'un affrontement avec Paris, restent fidèles à leur ligne de conduite. Des procès condamnent Chalier et plusieurs de ces amis, lui-même étant exécuté le 16 juillet 1793. Devant l'avance des armées révolutionnaires, conduites par Kellermann, les autorités préparent un siège tout en lançant des appels à l'aide, qui restent sans réponse. La défense est organisée par Louis François Perrin, comte de Précy, qui édifie des redoutes, met en place une organisation défensive et mobilise une armée d'environ 12 000 à 14 000 hommes.

Le siège de Lyon commence le 7 août, mais les armées révolutionnaires ne peuvent assurer un blocus complet que le 17 septembre. Le siège commence par des duels d'artillerie et tentatives de prise de points stratégiques durant lesquels les lyonnais se montrent opiniâtres. Devant l'échec de ses premières tentatives, Kellermann décide de bombarder la ville pour saper le moral des habitants. Le pilonnage commence dans la nuit du 22 au 23 août pour ne cesser qu'avec la reddition de Lyon. Durant les premières semaines, cependant, les lyonnais tiennent toujours bon. Kellermann est remplacé fin septembre par Doppet, qui bénéficie dès son arrivée d'une trahison pour prendre sans combat une position stratégique à Sainte-Foy-lès-Lyon. Dès lors les positions lyonnaises ne sont plus tenables et après deux semaines de combat, Lyon capitule le 9 octobre[28],[a 74].

Le 12 octobre 1793, le conventionnel Barère se vante de son succès en ces termes : « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n'est plus. » Lyon prend ainsi le nom de Ville-affranchie. 1 604 personnes[29] sont fusillées ou guillotinées, et plusieurs riches immeubles autour de la place Bellecour détruits. Durant de nombreux mois, la terreur jacobine s'abbat sur Lyon, et les fêtes révolutionnaires ne mobilisent ni ne convainquent des populations traumatisées.

Lorsque Lyon, le 1er août 1794 apprend la chute de Robespierre, elle bascule dans un nouveau cycle de violences vengeresses.

Reconstruire la société lyonnaise

massacre dans les prisons de Lyon, en avril 1795

Dans une ville affaiblie, les autorités révolutionnaires ou civiles tentent de modérer les passions, mais rapidement, les jacobins sont recherchés et persécutés. Les bustes de Chalier sont détruits. Durant toute l'année 1795, Lyon est le théâtre de violence, dont les points d'orgue sont les massacres de personnes emprisonnées et en attente de jugement, toutes des anciens "mathevons", les jacobins lyonnais, dont Antoine Dorfeuille. Les autorités locales ne parviennent pas à maîtriser ses mouvements de foule, et craignant une complicité, la Convention déclare à nouveau Lyon en état de siège, envoyant des troupes aux Brotteaux[a 75].

Aux élections d'octobre 1795, ces craintes se voient renforcée par l'élection pour le premier Directoire de trois députés monarchistes constitutionnels, Pierre Rambaud, Mayeuvre-Champvieux et Paul Béraud. Aussi le directoire nomme-t-il à la tête de Lyon un républicain éprouvé, Paul Cayre.

Durant deux ans, jusqu'en 1797, un conflit larvé entre républicain et contre-révolutionnaires se tient dans toute la ville. Profondément divisée, celle-ci ne s'unifie pas autour des fêtes et des projets officiels. La population fréquente clubs et théâtres, où les rivalités s'expriment ouvertement et s'aiguisent. Les forces monarchistes parviennent, en 1797 à faire entrer au Conseil des Cinq-Cents Jacques Imbert-Colomès et Camille Jordan.

Ces derniers sont contraints à la fuite suite au coup d'état du 18 fructidor an V (le 4 septembre 1797). Les élections sont cassées dans le Rhône, des autorités énergiques remplacent les précédentes accusées de ne pas avoir suffisamment combattu les contre-révolutionnaires. Durant les deux dernières années de la Révolution française, les autorités s'échinent sans succès à instiller l'idéologie républicaine à une population qui n'adhère pas. Elles tentent également de contrer les libelles monarchistes et contre-révolutionnaires, sans grand succès. Un dernier complot est ourdi en juin 1799 par l'anglais William Wickham, mais il sera arrêté par la victoire de Masséna à Zurich.

En définitive, les lyonnais ne sont dans leur majorité pas des monarchistes fervents. Engagé dans l'idéal révolutionnaire des premières années, ils furent surtout traumatisés par le siège de Lyon et la répression qui s'en suivit. Ils n'ont plus confiance dans les autorités parisiennes, et veulent surtout retrouver la paix et la prospérité[a 76].

L'Église lyonnaise sous la Révolution

Un clergé qui se divise

À la veille de la Révolution, Lyon voit arriver à la tête du diocèse un archevêque conservateur, Mgr de Marbeuf. Dès la préparation de la réunion des États généraux, il se fait remarquer de l'opinion lyonnaise en s'inquiétant des troubles et du désordre que cette initiative engendre. Des groupes de lyonnais le raillent alors dans une mascarade, et il n'ose pas venir dans son diocèse, craignant que sa venue provoque des émeutes[b 24]. Les évènements s'aggravant, il émigre rapidement, et Lyon ne voit pas de toute la Révolution celui qui luttera férocement contre elle.

Le clergé, dès la préparation des cahiers de doléances, se divise entre le clergé de second ordre et les vicaires et autres titulaires de bénéfices ecclésiastiques[b 25]. Cette division est accentuée par le refus définitif de l'archevêque de la constitution civile du clergé et des serments. À partir de ce moment, il s'engage dans une opposition systématique envers l'église constitutionnelle et organise depuis l'étranger l'Église « légitime ».


Le remplaçant de Mgr Marbeuf est Antoine-Adrien Lamourette qui réside assez peu dans son diocèse, étant élu à l'Assemblée législative. Au début, dans les années 1791 - 1793, un grand nombre de prêtres restent dans le giron de l'Église constitutionnelle[b 26]. Mais progressivement, au fur et à mesure des anathèmes prononcés par Mgr de Marbeuf contre les différents serments, de plus en plus de prêtres les refusent ou se rétractent. Durant cette période, toutefois, les deux clergés coexistent correctement, les mesures d'exil contre les réfractaires étant appliquées très souplement[b 27].

Déchéance de l'Église constitutionnelle et résistance de l'Église réfractaire

Tout change avec l'opposition de Lyon à la Convention et le siège de la ville en 1793. Tombée aux mains des révolutionnaires lyonnais les plus acharnés, les mesures antireligieuses se multiplient, avec la transformation de la Cathédrale Saint-Jean en temple de la Raison, des processions burlesques, la destructions de nombreux symboles publics religieux, l'arrestation de nombreux prêtres, notamment de nombreux constitutionnels. Cette première vague déstructure complètement l'Église officielle lyonnaise, qui ne s'en remet pas, et qui subi un deuxième assaut lors des persécutions de Fructidor. Après la mort de Lamourette, guillotiné en 1794, on attend 1797 pour lui élire un remplaçant, Claude François Marie Primat, qui, par crainte du climat local, ne viendra qu'en 1799[b 28].

Pendant toute la Révolution, un culte caché se développe et survit, massivement soutenu par la population, surtout dans les campagnes. Dès après la journée du 10 août 1792, un vicaire de Mgr de Marbeuf, De Castillon, rentre secrètement et prend contact avec l'abbé Linsolas. A eux deux, ils réorganisent secrètement le clergé légitime, entretenant une correspondance étroite et régulière avec l'archevêque resté en exil. De Castillon pris et exécuté à la fin de 1793, Linsolas tient seul jusqu'à la fin de la période révolutionnaire les rennes du clergé réfractaire lyonnais. Il développe une organisation pastorale complète, avec vingt cinq missions réparties dans tout le diocèse, parvenant à construire un petit séminaire, et à jeter les bases d'un grand séminaire[b 29].

A la sortie de la période révolutionnaire, l'indifférence religieuse ou l'hostilité envers l'Église semble avoir nettement progressé. Dans les bourgs ouvriers (Roanne, Saint-Étienne, par exemple), encore très pratiquant avant, de larges pans de la population se sont éloignés de la religion[b 30]. Très divisé, les deux clergé ne se rapprochent pas aisément, Marbeuf et Linsolas refusant toute conciliation avec les constitutionnels. Ainsi, à la mort de Marbeuf, en 1799, le diocèse est délabré et doit attendre trois ans pour retrouver un prélat qui entame le relèvement.

Lyon au XIXe siècle - du Premier au Second Empire

Entre la prise de pouvoir de Bonaparte et l'effondrement du Second Empire, Lyon connait une évolution considérable. Vivant un « âge d'or[d 5] » économique grâce à la soie, elle grossit considérablement, commence son industrialisation, et sa population, souvent aux avants-gardes des combats républicains et anticléricaux, se soulève à plusieurs reprises.

Lyon, d'une ville médiévale à une ville industrielle

Lyon en 1869 depuis la Croix-Rousse

Durant les deux premiers tiers du XIXe, la cité lyonnaise se transforme profondément, à la fois sous la poussée des élites qui créent pour elles-mêmes de larges quartiers bourgeois, et de l'expansion soyeuse et industrielle, qui amène une population ouvrière très importante. Cette période voit enfin Lyon sortir de ces antiques murailles, pour s'étaler en direction des Brotteaux, de la Guillotière et de Vaise.

Dans ces limites originelles, la vente des biens du clergé (appartenant essentiellement à l'église d'Ainay) sous la Révolution libère de larges espaces qui sont rapidement bâtis. Les ouvriers qui travaillent la soie, devant se doter de nouveaux métiers à tisser très volumineux, migrent des quartiers Saint Jean et Saint Paul pour aller dans de nouveaux immeubles, construits spécialement pour cette activité dans les années 1830 et 1840, sur la Croix-Rousse notamment.

C'est sous le Second Empire que l'essentiel des rénovations urbaines a lieu. Le préfet du Rhône et maire de Lyon Vaïsse[N 53] entreprend ces amples rénovations urbaines, à l'instar d'Haussmann à Paris, à la fois pour des raisons de prestige et de sécurité. La presqu'île est percée de deux larges avenues, des ponts (dont les péages sont supprimés) sont rénovés, des quais sont surélevés pour que les nouveaux quartiers soient protégés des crues du Rhône, le Parc de la Tête d'Or est construit et trois gares sont établies dans les quartiers de Perrache[f 6], des Brotteaux et de la Guillotière[a 77]. Enfin, plus au large, une ceinture de fortifications est entamée en 1830 et construite tout au long du XIXe siècle, destinée à défendre la cité contre des attaques étrangères[30].

Article détaillé : Ceinture de Lyon.

Une vie politique sous surveillance

De 1800 à 1830, la vie politique est étroitement contrôlée, et ne s'exprime que dans des cadres restreints.

La prise de pouvoir par Bonaparte est perçue favorablement, comme la fin de la période noire et le retour à la paix civile. Sous l'Empire, toutes les autorités de la cité dépendent du pouvoir central (le préfet, le maire Fay de Sathonay, le commissaire général et l'archevêque Joseph Fesch). La presse, comme tous les clubs et sociétés de notables, est surveillée[a 78]. La seule ébauche de contestation vient des catholiques, qui utilisent pour faire passer informations et libelles le secret des congrégations et réactivent les réseaux contre-révolutionnaires mis en place par Linsolas. Ils seront mis à jour en 1811[a 79]. La grande masse de la population est favorable à l'Empereur, comme le prouve l'accueil enthousiaste qui lui est réservé durant les Cent jours.

Avec le retour de la monarchie en 1815, le paysage politique se structure autour de deux grandes forces, les ultras, conservateurs et ultra-montains, et les libéraux. Une opposition vive s'engage dès lors, par la presse[N 54] et les clubs ou associations de notables. Les opinions sont cristallisées par les élections qui, même censitaires, rythment la vie lyonnaise. Le peuple, totalement exclu de l'espace politique, est largement traversé par les idéaux républicains ou bonapartistes[a 80]. Les idées libérales se développent suffisamment pour que, à l'annonce des ordonnances de juillet 1830, une émeute se forme, destitue les autorités et créent une municipalité provisoire, garante des libertés, avec le docteur Prunelle comme maire. Celle-ci est ensuite confirmée par le nouveau préfet.

Article détaillé : révolte des Canuts.
Révolte des canuts de 1831

Lyon entre dans la Monarchie de Juillet secouée par deux fortes révoltes[31] des canuts, en 1831 et 1834. Ces révoltes, d'un genre nouveau pour l'époque, de travailleurs unis pour l'amélioration de leurs conditions de travail ont un très fort impact en France et en Europe[a 81]. De nombreux hommes politiques, journalistes, écrivains ou philosophes[N 55] s'emparèrent de ces révoltes pour penser le monde d'alors. Ces révoltes serviront d'exemples à de nombreuses autres luttes sociales durant le XIXe siècle. Ces deux révoltes sont réprimées dans le sang et Lyon, sévèrement surveillée, reste ensuite politiquement calme jusqu'en 1848. Les débats politiques se restreignent à nouveau au seul cadre légal des élections, où la très grande majorité des élus sont des orléanistes modérés. Les légitimistes, très minoritaires, se réfugient alors dans la défense de la religion et des droits de l’Église[a 82].

La Deuxième République confirme l'attachement du peuple de Lyon au prestige du nom de Bonaparte, et l'existence d'un solide noyau de républicains, basé surtout à la Croix-Rousse et à la Guillotière. Ainsi, même si aux élections de la Constituante, les candidats de l'Ordre sont majoritaires, aux élections présidentielles, Louis-Napoléon obtient 62 % des voix, et Raspail 14 %. Les troubles ouvriers furent peu nombreux, contrairement à ce qui craignaient les autorités et les élites bourgeoises. Et les masses républicaines ne purent se soulever à l'annonce du coup d'état de 1851, la ville étant quadrillée par l'armée. Mais les résultats du plébiscite indiquèrent nettement l'opinion du peuple lyonnais ; il y eu 25 % d'abstention, et 35 % de non[a 83].

Plan des percements réalisées ou projetées dans le centre de la ville de Lyon à l'époque du Second Empire
le préfet Vaïsse

Sous le Second Empire, la vie politique lyonnaise est toujours enfouie sous un manteau de surveillance et de répression. La municipalité est réformée. Le décret du 24 mars 1852 annexe les communes de la Guillotière, de la Croix-Rousse et de Vaise à Lyon[N 56], divise la ville en cinq arrondissements avec des maires nommés à leur tête, qui n'ont que des fonctions subalternes. Les pouvoirs restent jalousement entre les mains du préfet. En mars 1853, est placé à ce poste Claude-Marius Vaïsse, qui reste onze ans et transforme le centre de la ville. Sous son contrôle, la ville reste calme, mais il ne peut empêcher les progrès des idées républicaines ou socialistes qui parviennent, malgré les pressions, à s'exprimer lors des élections. Ainsi, aux élections de 1857, Jacques-Louis Hénon est réélu comme candidat républicain. Il en est de même en 1863, date à laquelle Jules Favre l'est également, prouvant la montée des courants républicains dans la population. Les républicains lyonnais, à partir de cette date, organisent des comités pour porter encore davantage leurs idées, malgré des divisions internes nombreuses entre, par exemple, républicains et socialistes. La lente libéralisation de l'Empire permet à de nombreux journaux de fleurir à Lyon, représentant toutes les tendances politiques.

Cette division se retrouvera aux dernières élections impériales, en 1869, où contre les républicains modérés Favre et Hénon, les mouvements avancés proposent Désiré Bancel et Raspail, qui sont élus. Ils portent les revendications des masses ouvrières au moment même où de nombreuses grèves ont lieu, en coordination étroite avec l'Internationale, à laquelle adhèrent de nombreux corps de métier[N 57],[a 84].

La déclaration de guerre à la Prusse ne provoque pas d'envolée patriotique, et les premières défaites provoquent rapidement des mouvements républicains. Le 4 septembre, quant l'annonce de la défaite de Sedan parvient à Lyon, la population reprend l'Hôtel de ville et proclame, avant même Paris, la fondation d'une commune lyonnaise et la déchéance de l'Empire.

Une économie dominée par la soierie

Durant les années 1800 - 1870, Lyon retrouve une place importante dans l'économie nationale. Elle y parvient pour la plus grande part avec son activité traditionnelle de la soierie. Néanmoins, d'autres industries prennent progressivement place à ses côtés, ainsi qu'un secteur bancaire très actif.

La période napoléonienne, la reconstruction économique de Lyon

En sortant de la Révolution, Lyon est une ville dévastée et ruinée. L'élite économique a fuit en partie, surtout les étrangers. Un tiers de la population a déserté une cité sans travail, passant d'environ 150 000 à 100 000 entre 1788 et 1800. Les débouchés sont très réduits[a 85]. Le Premier Empire œuvre pour tenter de relancer l'économie.

Destinée à compenser le manque de capitaux, dû à la disparition des quatre foires annuelles, la Banque de France implantée en 1808 est mal acceptée par des banquiers méfiants envers la monnaie fiduciaire et la stabilité du régime. Le livret ouvrier, mal adapté au monde de la Fabrique, est détourné pour résumer les relations entre tisseur et marchand. En revanche, la Condition des soies, indispensable pour mesurer sans ambiguïté le taux d'humidité de la matière, et donc sa qualité, créée en 1805 est adoptée sans détour. Une création purement lyonnaise trouve également immédiatement son utilité : le tribunal des prud'hommes. Crée en 1806, il a dès l'origine une fonction de conciliation et d'arbitrage, et fluidifie la relation entre des groupes sociaux aux positions fermement antagonistes[a 85].

La Fabrique, le poumon économique de Lyon

Article détaillé : Histoire de la soie à Lyon.
Intérieur d'un canut, au moment de la crise de 1877

Si en 1801, Joseph Marie Jacquard met au point un métier à tisser mécanique, le métier Jacquard[e 3], permettant à un seul ouvrier de manipuler le métier à tisser, au lieu de plusieurs auparavant, celui-ci n'explique qu'en partie la formidable expansion que connait le monde des soyeux lyonnais à cette époque.

Durant les deux premiers tiers du XIXe siècle, la production de soie tire la richesse de la cité rhodanienne, avec des taux de croissance annuelle de 4 % environ, alors que la moyenne française est de 1,5 %[a 86]. La Révolution industrielle pénètre peu la Fabrique, qui reste une économie à fort coût de main d'œuvre, aisément supporté par la haute valeur du produit fini. C'est ainsi que le nombre de métier passe de 18 000 en 1815 à 105 000 en 1876. Cette croissance oblige les donneurs d'ordre à en installer non plus en ville, qui est saturée, mais dans les faubourgs et les campagnes environnantes[a 87].

Les maîtres de la Fabrique contrôlent entièrement les débouchés de la production. Ceux-ci évoluent grandement au cours du siècle. Avant 1815, l'essentiel des soies sont vendues sur le continent, dans toutes les cours d'Europe. Ensuite, la forte hausse des barrières douanières déporte les circuits de vente vers l'Angleterre et les États-unis[a 88].

Le monde des entrepreneurs en soie s'élargit régulièrement avec l'expansion de l'activité, pour doubler durant les cinquante premières années du siècle. Par la suite, le nombre stagne, ce qui signifie qu'en moyenne, la richesse de chacun s'accroit. Dans le même temps, une certaine concentration a lieu, mettant entre les mains d'une élite l'essentiel des moyens de productions. En 1855, les treize principales entreprises fournissent 43 % de la soie tissée dans le lyonnais. Cette proportion passe à 57 % en 1867. Ces maisons les plus puissantes ont les fonds pour investir dans des machines mécaniques, standardisant les produits réalisés. Ce sont souvent elles qui intègrent dans leur sein des entreprises annexes très nombreuses : fabricant de machines à gaufrer, l'apprêt, des atelier de teinture (avec les premières teinture chimique), etc[a 89].

Lyon, ville industrielle et bancaire

Autant les entreprises textiles lyonnaises se sont toutes structurées à partir d'un noyau familial, autant les autres industries lyonnaises du XIXe siècle ont pour une partie d'entre elles connue la création sous des formes plus modernes, en commandite ou société par actions. Le démarrage a lieu dans les années 1820.

Quatre trains de la Ligne Saint-Étienne - Lyon:
Train de voyageurs en traction équestre,
train de marchandises en traction équestre,
train de voyageurs en descente sans traction,
train de houille, tiré par une locomotive d'avant de 1835

Le développement des transports est un des indices le plus saillant de la transformation industrielle de Lyon. La ville est reliée à Saint-Étienne par l'une des premières voies ferrées au monde (la première en France) par l'ingénieur Marc Seguin de 1826 à 1832. Trois gares d'eau sont créées dans les mêmes années, à Perrache, Givors et Vaise, indispensable pour absorber l'augmentation du trafic sur le Rhône, de 122 % entre 1828 et 1853[a 90]. Durant toute la période, de nombreuses sociétés de transport, souvent très rentables, exploitent voies d'eau et voies ferrées[a 91].

La sidérurgie et la mécanique se développent fortement à Lyon. L'implantation du Métier à tisser de Jacquard marqua l'essor d'une culture sur les systèmes mécaniques complexes. Les inventions de la machine à coudre par Thimmonier et, ultérieurement celle du cinéma par les frères Lumière sont redevables des astuces mécaniques du métier à tisser enchaînant des séries d'actions successives, dont les progressions de bande par à-coup. La sidérurgie se développe grâce à un approvisionnement aisé en matière première depuis Saint-Étienne, à la fois par voie d'eau et chemin de fer. « En 1847, la tonne de houille valait 19 F dans le Rhône et 32 F dans la Seine. »[a 90]. La première et la plus puissante entreprise sidérurgique est celle des frères Frèrejean, née avant la Révolution mais qui se développe surtout après le Premier Empire. Elle devient la première société anonyme lyonnaise en 1821, connut un accroissement régulier pour être la première entreprise sidérurgique française au milieu du siècle[a 92].

Dès les années 1830, Lyon s'équipe en gaz de ville, et de nombreuses sociétés se développent à partir de la cité, pour devenir de puissantes industries équipant de multiples villes françaises et européennes[a 92].

L'industrie chimique est bien représentée à Lyon avec la Compagnie des produits chimiques d'Alais et de Camargue, qui deviendra Péchiney[a 93]. D'autres entreprises se développèrent autour d'un inventeur ou d'un procédé. Jean-Baptiste Guimet, inventeur de l'outremer artificiel, Claude Perret, exploitant le procédé Clément-Desormes pour fabriquer de l'acide sulfurique et la famille Coignet utilisant la méthode d'Arcet pour produire de l'ostéocolle sont les plus significatives d'entre elles[a 94].

L'enseignement technique nait à Lyon très tôt, avec la fondation en 1826 de l'école de la Martinière. Cette école forme un encadrement qualifié dans des usines où le personnel est déjà bien éduqué. Le département du Rhône, dans les années 1820, est un des plus alphabétisé de France (69 % contre une moyenne à 54,3 %). Mais les besoins en techniciens augmentant, en 1857 est créé une École centrale lyonnaise et en 1872 une École de commerce[a 95].

Durant toute la période, il est malaisé de séparer les banquiers des investisseurs, des marchands ou des chefs d'industrie. Les grosses fortunes lyonnaises issues d'une activité ne s'y limite pas, et toutes les personnes reconnues comme banquières sont également présentes dans d'autres activités. Le développement de la banque à Lyon commence avec la fondation de la Banque de Lyon, en 1835, qui devient en 1848 une succursale de la Banque de France. D'autres caisses, à la fortune diverse apparaissent. Ce n'est que dans les années 1860 que la banque librement ouverte, avec guichets et nombreuses succursales, arrivent sur Lyon. C'est à cette époque, en 1863, que nait le Crédit Lyonnais, fondé par Arlès-Dufour et Henri Germain[a 90].

Vie religieuse et culturelle

« Malgré ces vicissitudes, la reconstruction concordataire est à Lyon particulièrement rapide et brillante, suivie, pendant la Restauration, d'une effervescence religieuse riche de fondations de toutes sortes »[b 31]. Avec la constitution de nombreuses nouvelles congrégations, le développement du culte marial et l'apparition d'un catholicisme social vivace, la cité reste une terre catholique ; l'apparition d'un anticléricalisme puissant est tardif. Sur le plan culturel, cette époque est celle de la naissance et de la prospérité de l'école lyonnaise de peinture, liée à des courants mystiques particuliers à la ville rhodanienne.

Un vif essor après les destructions révolutionnaires

Le Cardinal Joseph Fesch

Lyon, à la sortie de la Révolution, ne connait pas un trop grand détachement religieux, contrairement à de nombreuses campagnes environnantes. Au contraire, l'attachement à la tradition chez une minorité conduit des prêtres à refuser le concordat et construire une Petite Église à Lyon. Elle n'aura pas une grande postérité. Dès 1805, les nouvelles autorités religieuses sous la direction de Joseph Fesch ont résolu la plupart des problèmes matériels des prêtres. Durant la période impériale, le nombre d'ordination bondit, ce qui permet au diocèse de combler ces manques, et de pourvoir à d'autres diocèses en France[b 32].

Ce premier prélat du XIXe siècle gouverne son diocèse avec autorité et travaille avec énergie pour « faire de Lyon un modèle pour la restauration concordataire des autres diocèses[b 33]. » Pacifiant son clergé, il obtient de la grande majorité l'acceptation du concordat, et parvient à unifier presque toutes ses composantes autour de sa personne. Mettant l'accent sur la formation, il crée six petits séminaires[N 58] et rénove les établissements de plus hautes études ecclésiastiques. Usant de son influence auprès de Napoléon Bonaparte son neveu[N 59], il développe les institutions religieuses, dont les missionnaires de France et les frères des écoles chrétiennes.

Durant la première partie du siècle, le catholicisme lyonnais connait un vif renouveau, avec le regain de vitalité d'anciennes congrégations et la création de nombreuses nouvelles. Parmi les nouvelles, les plus dynamiques, l'une des premières, directement issue des conversions faites sous l'épisode révolutionnaire par l'abbé Linsolas, est la Congrégation de Lyon[32], organe secret de vie religieuse et royaliste, surtout implantée dans la bourgeoisie, dont l'une des têtes majeures est Camille Jordan. Toutefois, cette organisation est plus religieuse que politique, à l'inverse des chevaliers de la foi. Mettant l'accent sur les bonnes œuvres, cette congrégation a un esprit proche de celle construite par Pauline-Marie Jaricot avec les Réparatrices du Cœur de Jésus méconnu et méprisé, consacré aux plus démunis des hôpitaux lyonnais. Pauline Jaricot jouera un rôle important dans le financement de l'œuvre de la Congrégation pour la propagation de la foi[33], par l'intermédiaire du « sou des missions »[34]. À côté de ces congrégations de grande ampleur, une multitude de petites associations de vie religieuse, d'enseignement aux pauvres, de soutien aux malades sont constituées dans Lyon et aux alentours[b 34].

Face à cette renaissance, les courants anticléricaux se développent lentement. Initialement porté par les notables avec la résurrection des loges maçonniques, et le foyer de détachement qu'est le Collège royal, ces idées se diffusent par la suite dans les masses ouvrières, notamment grâce aux idéaux socialistes et anarchistes. Ainsi, dès 1851, des milieux proches des carbonari et des voraces mettent en place des enterrements sans prêtre, des baptêmes civils[g 1]. Réprimés par les autorités qui craignent les désordres, ces mouvements se structurent en sociétés de libre pensée, qui dès 1968, sont suffisamment structurées pour se doter d'équipements tel une bibliothèque[g 2].

L’École mystique de Lyon

Pierre-Simon Ballanche

Lyon, durant les dernières décennies du XVIIIe siècle, connait une profonde ouverture à de nombreuses formes de spiritualités sous l'influence d'illuministes tels de Saint-Martin ou Willermoz. Propagées dans les loges maçonniques, ces idées se diffusent largement dans les élites de la ville. Cela crée au début du XIXe siècle un courant original du catholicisme à Lyon, connu sous le nom d'École mystique de Lyon. Cette école se caractérise par une recherche d'unité entre les sciences expérimentales, les sciences de l'esprit humain et un catholicisme authentique[b 35]. Les propagateurs les plus connus de cette pensée sont André-Marie Ampère et Pierre-Simon Ballanche. Cette école se diffuse et s'épanouit à Lyon dans la plupart des institutions culturelles (dont le Musée des beaux-arts), se perpétue entre autres grâce à l'aumônier du Collège royal, l'abbé Noirot, et se diffuse à l'aide de la Revue du Lyonnais, fondée par deux de ces disciples, Léon Boitel et François-Zénon Collombet[b 36].

La question sociale

Le Cardinal de Bonald

La forte croissance du salariat et les débuts de l'industrialisation à Lyon confrontent les catholiques au défi de répondre aux nouveaux besoins d'une population transformée. Jusqu'aux années 1840, les œuvres d'assistance se multiplient bien, mais restent trop traditionnelles pour s'implanter fortement dans la masse populaire. C'est surtout la défiance face aux idées nouvelles, socialistes par exemple, qui en amoindrissent l'efficacité[b 37].

Il faut attendre deux personnages pour voir la question sociale devenir une composante importante du catholicisme lyonnais : Frédéric Ozanam et le cardinal de Bonald. Le premier, membre fondateur des conférences de Saint-Vincent-de-Paul, l'implante à Lyon dès 1836, et influence fortement par son aura les catholiques lyonnais. Le second, dès 1841, « n'hésite pas à dénoncer « les injustices » dont les masses laborieuses sont victimes, à présenter la charité comme une « dette »[b 38] ». Joignant le geste à la parole, il soutient les ouvriers victimes de catastrophes ou de combats suite à des grèves, il met en place des œuvres nouvelles, telle la société de Saint François-Xavier, qui apporte un soutien spirituel et matériel aux ouvriers. Une dernière institution, plus novatrice encore, essaie d'amener dans le monde ouvrier la parole de Dieu : le Prado. Fondée par l'abbé Antoine Chevrier, elle ouvre à la Guillotière une école de catéchisme, qui devient ensuite un petit séminaire[b 39].

l'École Lyonnaise de peinture

Le Vol de l'âme, par Louis Janmot
Article détaillé : École de Lyon (peinture).

Dès les années 1810, et durant tout le long du siècle, Lyon est le centre d'un courant pictural reconnu dès le salon de Paris de 1819[35]. À ses débuts, ce style comprend outre le Style troubadour, des peintres floraux dans la tradition hollandaise, proches des dessinateurs de motifs pour la fabrication de pièces de soie et des peintres de paysages.

L'école lyonnaise se singularise dans les années 1830 avec un mouvement inspiré par les courants mystiques et illuministes lyonnais. On retrouve ainsi des thèmes proches de la franc-maçonnerie, notamment dans des œuvres de Louis Janmot. Ce groupe également représenté par Victor Orsel ou Hippolyte Flandrin est proche des préraphaélites britanniques. Il s'inspire principalement des thèmes philosophiques, moraux et religieux, piochant dans le mouvement nazaréen et influencé par Ingres. Ce courant s'achève avec Puvis de Chavannes et des pré-impressionnistes tels Joseph Guichard, François-Auguste Ravier, François Vernay[d 6].

La IIIe République

Durant les soixante dix années de la Troisième République, Lyon quitte progressivement la grande Histoire, pour se fondre dans le moule des grandes cités industrielles françaises. Marquée par ses maires successifs, elle se développe largement, voyant population et industrie prospérer. Plus particulier est son attachement à un certain radicalisme républicain, édifié et entretenu, qui se dresse contre l'influence de l'Église, en proie à de graves difficultés.

Les évolutions urbaines

Universités de Lyon
Carte postale de la gare des Brotteaux de 1926.

Sous le nouveau régime républicain, la municipalité lyonnaise engage de nombreux travaux pour développer la cité. De grands projets naissent sous le mandat d'Antoine Gailleton, et sont poursuivis par ses successeurs. Ainsi, il entame la rénovation du quartier Grôlée, la construction de plusieurs ponts[f 7], et surtout des Facultés[f 8]. Enfin, sur la rive gauche du Rhône, c'est sous sa direction que le palais de la préfecture[f 9] est bâti.

C'est à la même époque qu'est construite la Basilique de Fourvière. Monument de combat, destiné à montrer la force du catholicisme lyonnais, les plans étaient prêts depuis les années 1860, ce sont les évènements de 1870 qui vont débloquer les fonds nécessaires[f 10].

Le mandat Herriot est un mandat riche en projets d'urbanisme. Avant guerre, il réalise le nouveau quartier des Brotteaux, autour de la nouvelle gare homonyme, quartier encore fortement marqué par l'architecture haussmannienne. Il fait également construire un grand Lycée, à l'origine annexe du lycée Ampère, le lycée du Parc, désormais emblématique du rayonnement intellectuel de la ville. D'autres projets voient le jour, sous l'influence notamment de l'architecte Tony Garnier, en forte connivence avec le maire. C'est donc à cette époque que sont lancés les grands chantiers marquants du mandat Herriot : les abattoirs de la Mouche[f 11] (début des travaux en 1908), qui comprennent notamment la Grande Halle (auj. halle Tony-Garnier), l'Hôpital de Grange-Blanche[f 12] (1911) qui devait remplacer le vieil Hôtel-Dieu, et le stade de Gerland[f 13] (1913). À noter que tous ces chantiers sont terminés dans l'entre-deux guerres.

Après la première guerre mondiale, les projets s'accélèrent. L'hôpital de la Charité est détruit, laissant sa place à la poste centrale et à une place en continuité de la place Bellecour (auj. place Antonin-Poncet). Le quartier des États-Unis, quartier fortement inspiré de la cité idéale rêvée par Tony Garnier, est construit dans le VIIe arrondissement (cette partie de l'arrondissement deviendra plus tard le VIIIe). Le stade de Gerland est achevé, mais n'accueillera jamais les Jeux olympiques de 1924 qui ont finalement échu à Paris.

D'autres projets vont avorter. En effet, la ville lance à cette époque un concours par an, à chaque fois sur un site différent. Peu de ces projets verront réellement le jour. On peut toutefois citer celui de Tony Garnier qui prévoyait de prolonger l'axe Perrache - Victor-Hugo - Bellecour - République - Opéra jusqu'au boulevard de la Croix-Rousse, au prix d'importantes démolitions sur les pentes et d'une reconstruction dans un style moderne. Cette montée monumentale devait déboucher sur un monument aux morts de la Grande Guerre en lieu et place du Gros Caillou, qui aurait été visible depuis la rive gauche, pendant laïque à Fourvière. La démolition de l'Hôtel-Dieu fut également soumise à concours. Il n'en serait resté que le bâtiment XVIIIe de Soufflot, tandis qu'un nouveau quartier aurait vu le jour en plein cœur historique. Enfin, la démolition-reconstruction du secteur de la Guillotière, autour de la place du Pont fut également envisagée.

Lyon, ville radicale

Dès les premiers moments après la chute de l'Empire, Lyon exprime sa culture politique radicale, c'est-à-dire farouchement républicaine et socialement modérée. Elle garde ce trait jusqu'à la fin de la Troisième République.

La commune de Lyon

Article détaillé : Commune de Lyon .
Mikhaïl Bakounine

Le 4 septembre 1870, à l'annonce de la défaite de Sedan, les milieux républicains soulèvent la vile et investissent l'hôtel de ville. Il forment un Comité de Salut public qui proclame la République à Lyon[36]. Le Comité de Salut public est composé de républicains, de socialistes, d'anarchistes, de quelques militants de l’Internationale. Le drapeau rouge est hissé sur le beffroi de l'hôtel de ville[37]. Jacques-Louis Hénon devient le premier maire de Lyon de la IIIe République. Lui et le comité engagent immédiatement de nombreuses réformes[a 96]. Cette alliance entre les différents courants républicains ne dure pas, et à plusieurs reprises, la population de Lyon montre son attachement à un radicalisme modéré.

Le 28 septembre, le leader anarchiste russe Bakounine, venu de Genève pour soulever la ville de Lyon, appelle à la Révolution internationale et tente de s'emparer de l'Hôtel de Ville. Il échoue, faute de soutien populaire[37]. En décembre 1870, au cours de la guerre franco-allemande, l'annonce de la défaite des légions du Rhône à la bataille de Nuits (18 décembre 1870) fait craindre aux Lyonnais l'arrivée imminente des Prussiens. Un mouvement insurrectionnel tente alors de s'emparer du pouvoir pour préparer la défense de la ville. Des troubles éclatent dans la ville, provoquant l'exécution du Commandant Arnaud[38].

Mais après la paix, les candidats de la paix et de l'ordre remportent les élections de février 1871, qui se déroulent dans un scrutin départemental défavorable à une gauche de toute façon divisée. La dernière tentative à lieu en avril 1871. La ville connaît de nouveau des troubles, à la suite de la Commune de Paris. Les Internationalistes s'emparent de la mairie d'arrondissement de la Guillotière le 30, tentant de soulever les autres quartiers populaires comme la Croix-Rousse, sans succès. Louis Andrieux, procureur général de la ville, ramène le calme au prix d'une répression sévère[a 97].

1871 - 1900 : le mandat Gailleton

Les élections de 1871 portent au pouvoir une majorité de monarchistes, qui se méfient de Lyon et décident par la loi du 4 avril 1873 de lui adjoindre, comme Paris, un préfet ayant tous les pouvoirs. Joseph Ducros, choisi pour réprimer les menées républicaines, multiplie les mesures vexatoires, les condamnations et monte des complots contre les mouvances progressistes[a 97]. Il reste jusqu'à la chute de l'Ordre moral, en 1875. Les autorités municipales lyonnaises se battent pour abroger la loi de 1873, et obtiennent progressivement gain de cause. En 1881, la mairie centrale est restaurée, mais le maire toujours nommé par le gouvernement. L'année suivante, le maire et les adjoints peuvent enfin être élu, et Antoine Gailleton, déjà choisi par le gouvernement, est confirmé par le vote[a 97].

Durant les premières décennies de la Troisième République, Lyon enracine solidement son attachement au radicalisme. L'édification de monuments[N 60], une presse conquérante[N 61], des fêtes civiques, et surtout le 14 juillet, qui prennent une véritable place dans la vie citoyenne sont autant de moyen pour les groupes radicaux de construire dans la population lyonnaise une solide culture républicaine et laïque[a 98].

Mais la véritable force des républicains modérés ou radicaux, ce sont les comités électoraux, présents dans chaque quartier et, avant l'apparition des partis structurés (au début du XXe siècle), ils sont le moteur de la vie politique lyonnaise. Le multiplicité permet de toucher une large population et ainsi d'assurer la victoire aux élections, mais cela permet également au maire d'assurer un pouvoir personnel sans faille face à une base éclatée[a 99]. Après la guerre, la décision est prise de construire la Basilique de Fourvière, afin d'expier les péchés de la Commune. La vie politique lyonnaise est encore sous la tutelle de l'État. La fin du XIXe siècle est marqué par de nombreux attentats anarchistes, à Lyon comme dans le reste de la France, dont les plus célèbres sont celui qui frappe le Café Bellecour et l'assassinat du Président Sadi Carnot en 1894 par Sante Geronimo Caserio.

Le maire le plus emblématique de cette période est le docteur Gailleton, nommé en 1881 et constamment réélu ensuite. Il entreprend d'améliorer l'hygiène publique, il crée de nombreuses écoles municipales, et est à l'origine des premières lignes de tramway. Il crée également la faculté de médecine et rénove certains quartiers comme les quartiers Grolée, Saint-Paul et la Mulatière[a 100]. C'est à cette époque que Lyon récupère un de ses monuments emblématiques : la Fontaine Bartholdi, initialement prévue pour la Ville de Bordeaux et la place des Quinconces[f 8].

En 1900, Antoine Gailleton est battu par le socialiste Victor Augagneur. Très autoritaire, il entend diriger toutes les institutions lyonnaises, au risque de brusquer les personnes qui les gèrent. Il entre ainsi en conflit avec les hospices civils ou la bourse du travail. Ayant des idées de grandeur pour la ville, il tente de créer une grande commune de Lyon en annexant les municipalités voisines, comme Oullins, La Mulatière, Villeurbanne, Vénissieux, Bron, etc. Cette tentative échoue[a 101].

1905 - 1939 : le mandat Herriot

Édouard Herriot

En 1905, un jeune normalien devient maire de Lyon en remplacement de Victor Augagneur, parti à Madagascar comme ministre plénipotentiaire : Édouard Herriot. Ce maire va rapidement s'imposer comme un maire charismatique, parfaitement et longtemps en phase avec la population lyonnaise. Il est constamment réélu jusqu'à sa mort en 1957, malgré un long épuisement électoral à partir des années 1930 et de nombreuses mise en minorité.

Édouard Herriot abandonne immédiatement les rêve de grandeur de son prédécesseur, tel l'idée d'annexion des communes voisines ; et il rétablit la paix publique avec les institutions importantes de la ville. Gestionnaire raisonnable des deniers publics, il sait s'entourer de personnes efficaces (le secrétaire général Joseph Serlin, le professeur Jules Courmont ou l'architecte Tony Garnier) pour porter des projets ambitieux sans mettre à mal les finances municipales. Après-guerre, les projets s'enlisent. La crise affaiblie en effet les dépenses publiques. Mais Herriot, très occupé par ses mandats nationaux et ne souhaitant rien déléguer, ne peut pas s'occuper correctement des projets de la cité « lors de ses week-ends lyonnais, déjà surchargés de banquets, inaugurations et réceptions, sans parler de la séance du conseil municipal et des audiences du lundi : dès la fin des années 20, au maire-réalisateur fait place de plus en plus un maire-totem. »[a 102]

L'essor industriel lyonnais

La période 1890 - 1930 présente une grande homogénéité pour Lyon sur le plan économique, en dépit de quelques inflexions. Encadrée par deux crises importantes, elle est caractérisée par la transformation de la soierie traditionnelle lyonnaise, l'apparition et le développement important de nombreuses activités innovantes dans les secteurs de la chimie, de l'électricité et de l'automobile, et le passage de nombreuses sociétés artisanales à une taille industrielle.

La crise des débuts de la Troisième République

Les années 1870 et surtout 1880 sont marquées à Lyon par des difficultés économiques importantes. La sidérurgie, dès 1877, connait des baisses de chiffre d'affaire en raison de la baisse du prix du fer et de l'inadaptation d'un appareil productif trop longtemps resté semi-artisanal. A cela s'ajoute en 1882 le krach de l'Union Générale, qui raréfie le crédit, rendant les investissement plus difficile et entrainant de nombreuses faillites. Lyon sort de ces difficultés à partir de la fin des années 1880 en misant sur de nouveaux secteurs d'activités. Dès les années 1890, « la valeur des usines croit beaucoup plus vite dans le Rhône que dans le reste de la France. »[a 103]

La montée en puissance de l'industrie lyonnaise

automobile Rochet-Schneider de 1898

Durant la vaste « Belle époque » de l'industrie lyonnaise, les investisseurs n'hésitent pas à changer la direction de leurs fonds pour soutenir de nouvelles structures. Quatre secteurs d'activités sont les principaux acteurs de cette effervescence.

Le monde de l'électricité au sens large se développe aussi bien grâce à l'implantation de solides entreprises étrangères (les suisses Volta ou Berthoud-Borel), par la concentration de capitaux lyonnais et parisiens au sein, par exemple, de la Société des forces motrices du Rhône, que par l'essor d'affaires purement locales, tels la Société des électrodes ou A. Grammont[a 103]. Cette dernière affaire est typique de la capacité d'innovation des entrepreneurs lyonnais. Alexandre Grammont, dont la société produit initialement des fils de cuivre et d'autres métaux pour la guimperie et la passementerie locale fait ainsi évoluer ses usines, sans réelle formation technique, pour produire des fils électrique, puis des moteurs[39].

Les nombreuses sociétés automobiles rhodaniennes (Rochet-Schneider, Berliet, Pilain, Luc Court, Cottin-Desgouttes, Bonnet-Spazin), encore artisanales et isolées durant les années 1890 et 1900, connaissent ensuite un puissant cycle d'industrialisation et de concentration, à l'image de Berliet et Rochet-Schneider[a 104].

Sortie des usines Lumière

Les entreprises dans le domaine de la chimie au sens large connaissent un vif succès. En témoigne ainsi les développements du groupe Gilliard-Monnet-Cartier ou de la famille Gillet, mais surtout la société A. Lumière et fils. « Son essor est foudroyant et en 1892, elle a un capital de 3 000 000 F entièrement fourni par autofinancement. »[a 105]

Ces mutations industrielles impactent fortement le monde traditionnel de la Fabrique de soie lyonnaise. Ces transformations se révèlent efficaces pour résister aux concurrences étrangères. La valeur de la production textile de la région progresse de 441 MF à 940 MF entre 1900 et 1928, et la part des biens vendus à l'étranger passe de 50 % en 1880 à 75 % dans les années 1920. Cette réussite est due à une mécanisation rapide et poussée, à un transfert du tissage à bas coûts de Lyon aux régions périphériques et à l'arrivée de nouveaux textiles[a 106].

Enfin, il faut souligner que le tissu industriel lyonnais de cette époque est fort d'une très large diversification allant bien au-delà de ces quatre secteurs principaux[a 107].

Lyon dans la Grande Dépression

La crise mondiale des années 1930 frappe fortement la cité rhodanienne, et surtout le textile. Ce secteur ne se relève pas par la suite, malgré de nombreuses faillites d'établissement non concurrentiels et un important mouvement de concentration, illustré par l'établissement Gillet, qui absorbe plus d'une vingtaine d'entreprises durant la décennie 1930[40]. Mais toutes les industries anciennes sont gravement atteintes par la restrictions des débouchés, notamment les secteurs sidérurgiques[a 108].

le catholicisme lyonnais, entre combat et renouveau

La Troisième République est un moment de conflit intense à Lyon entre les militants catholiques et les anticléricaux. Les premiers, qui conservent majoritairement une orientation socialement conservatrice et politiquement monarchiste malgré quelques tentatives d’évolution, ne peuvent empêcher les seconds de dominer la vie politique locale.

Les catholiques entre défense religieuse et poussée vers la démocratie chrétienne

Joseph Rambaud, fondateur du Nouvelliste

Dès la fin de l’ordre moral, les catholiques lyonnais sont exclus de la vie politique. Ils investissent alors la société civile, où ils mènent un combat permanent pour maintenir l’influence et la place de l’Église. Dans leur grande majorité, les catholiques sont politiquement conservateurs. Leur voix dans la presse est relayée par le Nouvelliste, de Joseph Rambaud, organe virulent de défense religieuse et de soutien à l’idée monarchiste[b 40]. L’élite catholique se retrouve dans plusieurs structures[N 62], tandis qu’au quotidien, les masses font vivre une multitude d’œuvres pieuses, éducatives ou sociales.

  • Les œuvres pieuses
La basilique de Fourvière au tournant du siècle

Les confréries de dévotion, essentiellement féminines, sont très nombreuses sur cette période, et surtout vouées au Rosaire ou au Saint sacrement. Des missions sont régulièrement organisées dans toutes les paroisses, marquant des moments de grandes ferveurs. La piété populaire lyonnaise est alors tournée vers le curé d’Ars et la Vierge Marie. Ainsi, la commission de Fourvière, chargée de l’édification de la basilique est constamment soutenue par une large population. De même, le congrès marial de 1900 attire une grande foule[b 41]. Toutes ces actions entretiennent la mobilisation des catholiques, de même que la question de l’enseignement.

  • L’enseignement libre à Lyon

La question de l’enseignement de la religion mobilise fortement à Lyon. Les hommes d’œuvres comme les archevêques s’attachent à répondre à l’interdiction des congrégations enseignantes et à la constitution de l’enseignement laïc. A la fin du XIXe siècle, chaque paroisse lyonnaise dispose de deux écoles libres gratuites, une pour les filles et l’autre pour les garçons[N 63],[a 109].

Dans l’enseignement supérieur, les lyonnais exploitent dès sa parution la loi de 1875 autorisant les établissements supérieurs libres. Ils fondent la même année une faculté de droit, rejointe dès l’année suivante par une de science et de lettres, ce qui permet de prétendre au statut d’Université. En 1877, une école supérieure de théologie est adjointe à l’ensemble. Voulue pour couronner l’œuvre scolaire catholique de tout le sud-est de la France, elle n’aura jamais le succès de sa rivale d’État[b 42]. En 1908, les facultés catholiques ont 151 élèves, contre plus de 2 000 pour celles de l’État[a 109].

  • Les actions sociales

Sur ce plan, les catholiques lyonnais sont divisés entre conservateurs et progressistes. Les deux tendances créent et développent plusieurs structures parallèles.

Du côté des conservateurs, de nombreuses organisations coopératives et corporatistes s’organisent autour de l’Association catholiques des patrons. Elles aident les salariés grâce à de centres de formation et de placement, le tout encadré par des maristes. D’esprit paternaliste et avant tout tourné vers la religion, ces organisations sont éloignées de l’esprit d’autres initiatives locales, souvent inspirées par les anciennes conférences de Saint Vincent de Paul et l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII.

Dans cette mouvance on retrouve les semaines sociales, qui commencent en 1904 des cycles de réflexions sur les structures économiques et les associations professionnelles. Plus actifs sur le terrain, il faut mentionner la chronique sociale, marquée par Marius Gonin et Joseph Vialatoux. Elle est originale par plusieurs aspects : elle accueille toutes les classes professionnelles, elle se tient éloignée des combats politiques spécifiques aux catholiques et est très audacieuse sur la vie associative, la critique du libéralisme, etc. A ses côtés, mais tout à fait indépendant, on retrouve le Sillon de Marc Sangnier, qui n’a toutefois pas à Lyon une grande influence[b 43]. Toute cette mouvance de la démocratie chrétienne pose des jalons de l’évolution future du monde catholique, qui sont toutefois mis en accusation lors de la crise moderniste, notamment sous le pontificat de Pie X. Le catholicisme progressif lyonnais reste toutefois minoritaire.

Les forces anticléricales et athées

Nombreuses à Lyon, les structures anticléricales sont composées essentiellement des franc-maçons, des radicaux et des libre penseurs. Au début de la Troisième république, il existe une vingtaine de loges maçonniques, très actives pour promouvoir une France libre de toute influence religieuse, mais sans excès. Les lyonnais les plus opposés au catholicisme sont les libres penseurs, souvent soutenus par la municipalité. Ils organisent de nombreux congrès à Lyon[a 110], de grande ampleur, tel celui de 1884, qui regroupe 207 sociétés de libre penée[g 3].

Les hommes politiques radicaux, pour certains franc-maçons ou libre penseurs, mettent ainsi vigoureusement en œuvre la politique anticléricale des différents gouvernements. Ils soutiennent les écoles d'État, les associations laïques, les fêtes et cérémonies indépendantes de la religion catholique. Ils appliquent fermement la loi de Séparation de l'Église et de l'État, sans qu'il y ai d'affrontement trop violent, en partie grâce à la modération des archevêques. Cette séparation a sur Lyon une conséquence sévère sur le clergé, et notamment sur recrutement[N 64],[b 44].

Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, étant située en zone libre jusqu'en 1942, et très proche de la ligne de démarcation, la ville accueille de nombreux réfugiés et devient un foyer de résistance. Particulièrement marquée par la répression, Lyon est finalement libérée le 3 septembre 1944.

Lyon sous l'occupation

Plaque commémorative des victimes des nazis enfermés au fort Montluc

Durant la drôle de guerre, Lyon, comme l'ensemble de la France, ne change pas particulièrement ses habitudes, les seuls signes tangibles de la guerre sont des distributions de masques à gaz et la préparations d'abris. Le 10 mai 1940, l'offensive allemande avec le bombardement de l'aéroport de Bron réveille brusquement les consciences. Le 15 juin, alors que Paris est prise, l'évacuation des plus jeunes est décidé, et trois jours plus tard, la ville à perdu la moitié de sa population. Ce même jour, le maréchal Pétain accorde le statut de ville ouverte à Lyon, pour lui éviter des combats, à la demande d'Herriot. Le lendemain, la ville est occupée[41].

Après le retrait des allemands, Lyon est, avec Marseille, la principale ville de la zone libre. Un grand nombre de parisiens et d'institutions viennent s'y réfugier. Mais le nouveau régime ne la choisit pas comme nouvelle capitale, l'orientation politique de sa population ne correspondant pas à l'esprit des nouveaux dirigeants du pays. Cette méfiance se manifeste rapidement. Le 20 septembre, le conseil municipal est supprimé par décret et remplacé par une délégation nommée par le ministre de l'intérieur. La ville est également étroitement surveillée par le nouveau préfet, Angéli[N 65],[a 111].

En 1940, la grande majorité de la population lyonnaise est fidèle sinon au régime de Vichy, au moins à son chef le maréchal Pétain. Une grande foule se masse pour l'accueillir lors de sa visite de novembre 1940. Le journal le Nouvelliste devient un inconditionnel du maréchal et de son régime, et le suivra jusqu'au bout. Quant au Progrès, il salue l'homme mais ne veut pas abandonner son soutien aux valeurs démocratiques. Il s'éloigne donc très vite de la politique pour se cantonner au quotidien, jonglant le plus longtemps possible avec les impératifs de la censure.

Dès 1941, les rapports du commissaire spécial montrent une érosion dans la confiance que porte la population au gouvernement. De plus en plus considéré comme inféodé aux allemands, le régime déçoit de nombreux lyonnais, les deux grands tournants étant la grande rafle des juifs étrangers du 20 août 1942[42] et surtout l'invasion de la zone sud en novembre 1942[a 112]. Le Progrès décide d'arrêter sa parution, refusant davantage de compromission, et plusieurs de ces employés se tournent vers le soutien à la Résistance.

En 1944, la population lyonnaise, dans sa grande majorité, ne croit plus en Vichy et est persuadée que l'Allemagne va perdre la guerre. Le soutien à la Résistance se développe fortement et en face, la répression nazie devient de plus en plus arbitraire, avec les fusillés du Fort Montluc[N 66]. En tout, plus de 2 000 personnes sont exécutées pendant la guerre. Durant l'été, les conflits entre la résistance deviennent quotidien, une partie de la Résistance souhaitant que Lyon se libère d'elle-même. Après l'échec de plusieurs jours de lutte entre le 24 et le 27 août à Villeurbanne, l'armée allemande se retire en détruisant la quasi-totalité des ponts début septembre. Le jour même, des FFI prennent possession de la préfecture et de l'hôtel de ville. Le 2 septembre, une patrouille de la 45e division d'infanterie américaine fait une incursion dans la ville. Le lendemain, la ville est libérée par la 1re DB[43].

Lyon et la Résistance

statue commémorative de Jean Moulin à Caluire-et-Cuire

A Lyon et dans sa région, dès 1940, des groupes de personnes se regroupent, le plus souvent par connaissance, pour réfléchir au moyen de poursuivre la lutte. Les premières actions consistent à réveiller les consciences au moyen de tracts. Pour certains, ces tracts deviennent des journaux et c'est autour des rédacteurs que naissent les premiers embryons de résistance. Ainsi apparaissent le Coq enchaîné, œuvre de radicaux et de socialistes (dont Louis Pradel), Franc-Tireur, qui étend progressivement son influence sur toute la zone sud et comprend Auguste Pinton, Henri Deschamps ou Elie Péju, et de Combat, issu de la fusion en 1941 de deux autres feuilles[a 113]. Pour plusieurs de ces journaux, et surtout Franc-Tireur, l'aide de membres (dont Georges Altman et Yves Farge) du Progrès se révèle précieuse.

En 1942, la Résistance est très active à Lyon. Les groupes, comme les journaux, y sont nombreux et représentent toutes les tendances politiques ou intellectuelles[44]. Tous les mouvements de résistance de la zone libre ont installés leur quartier général dans la ville[45]. « On ne pouvait pas faire dix mètres sans se heurter à un autre camarade de clandestinité qu'il fallait ignorer jusqu'à ce qu'on se précipite sur lui une heure après comme un frère. », en témoigne François Morin[a 114]. C'est à Lyon que se noue les liens entre la résistance intérieure et la France libre, qui aboutiront à l'unification des mouvements sous l'égide de Jean Moulin.

la libération de Lyon

Parmi les croyants, bien peu réprouvent le régime et appellent à continuer la lutte contre les nazis en 1940 et 1941. Les autorités adhèrent sans beaucoup de réserves au discours et aux actes de Vichy durant les deux premières années[b 45]. Le tournant sera, pour la majorité des catholiques ou protestants, les mesures antisémites proprement françaises de 1942[b 46]. Même si les protestations du Cardinal Gerlier lues en septembre 1942 dans toutes les églises sont moins fermes que d'autres, il couvre à partir de ce moment là les actions des résistants catholiques, que ce soit pour la diffusion de journaux, la cache de juifs ou de réfractaires du STO[a 115].

L'année 1943 est celle de la lutte active entre la Résistance et les services de l'occupant ou de Vichy. A Lyon, le dirigeant de la Gestapo est Werner Knab, secondé par August Moritz et Klaus Barbie ; ils sont activement soutenus par la Milice, dirigée à Lyon par Paul Touvier[a 115]. Malgré quelques succès de ces derniers, tels l'arrestation de Jean Moulin en juin 1943 et une vague d'arrestations en mars 1944 parmi les dirigeants locaux des MUR ; ils ne peuvent empêcher le développement de ceux-ci, surtout après la mise en place du Service du travail obligatoire, qui entraine de nombreux réfractaires vers la Résistance. Les attentas et sabotages sont quotidien au cours des années 1943 et 1944[a 112].

En 1943, progressivement, les instances de direction de la Résistance passent à Paris. En mai, le Conseil national de la Résistance y commence ces réunions. A partir d'août, le comité directeur des MUR quitte Lyon pour Paris. Lyon reste toutefois une plaque tournante importante des réseaux d'opposants[a 116].

Le général de Gaulle arrive le 14 septembre, et souligne dans un discours le rôle capitale de la ville dans la Résistance[a 117].

Évolution récente

La population augmente fortement dans les années 1960, comme dans le reste du pays. Des grands ensembles d'habitation sont construits en périphérie (La Duchère, pour accueillir les rapatriés d'Algérie, Mermoz, Rillieux…). La modernisation entraîne une série de grands travaux urbanistiques, comme l'entreprise de la construction d'un quartier d'affaires à la Part-Dieu, le tunnel autoroutier de Fourvière ou la construction d'un métro (inauguré en 1978). L'expansion urbaine a également suscité la construction d'une ville nouvelle à L'Isle-d'Abeau et d'un nouvel aéroport à Colombier-Saugnieu nommé Satolas (1975), rebaptisé depuis peu, aéroport Saint-Exupéry.

Notes et références

Notes

  1. datation établie par Alfred Coville Recherches sur l'Histoire de Lyon, 1928, et validée par la suite par Jean-François Reynaud.
  2. Commentaire du texte dans Mélanges d'archéologie et d'Histoire, 1898, vol. 18 par M. l'abbé Duchesne visible sur Persee.fr
  3. Il s'agit de la liturgie utilisée à Aix-la-Chapelle, lui même largement inspiré par celui de Rome.
  4. Un grand nombre sont présents à la Bibliothèque municipale de Lyon. Ils sont décrits et consultables ici.
  5. Mais également des œuvres de Saint Jérôme, de Grégoire de Nazianze, de Bède le Vénérable, une "loi wisigoth".
  6. L'examen des tarifs des péages entre 1277 et 1315 montre la continuité dans l'extrême faiblesse des produits d'exportation lointaine.
  7. Les bourgeois se battent pour la diminution de taxes touchant les produits de consommation courante.
  8. Jusqu'à atteindre 30 % des terres cultivées à certains endroits, comme Saint-Genis-Laval.
  9. L'archevêque et les trente deux chanoines-comtes de Saint-Jean, qui gouvernent conjointement.
  10. redevances foncières, taxes sur les marchés et foires, sur les fours, les moulins, des pressoirs, etc.
  11. Innocent IV y séjourne, Clément V y est couronné, Jean XXII y est élu, par exemple.
  12. Les Marzé (Beaujolais), les La Palud (Bresse), les La Tour (Dauphiné), les Charpinel (Forez)
  13. Les Chaponay, Dodieu, Durche, Foreys, Fuers, La Mure, Le Blanc, Nièvre, Varey, Vaux.
  14. Ils se regroupent également dans la chapelle Saint-Jaquême située en face
  15. Plusieurs ne règnent pas plus de quelques années, tels Raoul I, Guy II, Pierre II de Tarentaise ou Raoul II, ce qui ne les empêche pas, pour certains, d'avoir un vrai rayonnement sur la ville, tel Pierre II de Tarentaise.
  16. Ils viennent à l'invitation du sénéchal de l'Église Jacques de Grôlée, qui leur lègue son hôtel et ses dépendances.
  17. La destruction totale de leurs archives de cette époque empêche toute étude approfondie.
  18. C'est lors de cet évènement que mourut le duc Jean II de Bretagne, lors d'un accident dans la montée du Gourguillon.
  19. Petite cité presque autonome, le "Grand Cloître" contient sur quatre hectares la cathédrale Saint-Jean, Saint-Étienne, Sainte-Croix, Saint-Romain, le palais archiépiscopal, les hôtels des dignitaires du chapitre et des chanoines, les logements des officiers et serviteurs, l'auditoire, des prisons, des hôtels des seigneurs des environs (Beaujeu, Savoie). Elle est entourée de murailles édifiée par l'archevêque Guichard.
  20. On peut ainsi compter sur le seul territoire de la presqu'île la reconstruction de Saint-Bonaventure des Cordeliers, de Saint-Jean-Baptiste des jacobins, l'agrandissement des églises des augustins et des carmes, la construction d'une nouvelle chapelle pour les célestins
  21. On peut ainsi compter une maison pour les Templiers, pour les Frères de l'Hôpital, pour les abbayes de Bonnevaux, d'Ambronay, de Hautecombe, de Chassagne ; ainsi que les seigneurs de Savoie, de Beaujeu, et de nombreux chevaliers des environs.
  22. On ne sait à quelle date ce premier pont est démoli.
  23. Le "Vaillant", organisé par le consulat pour estimer la fortune des citoyens lyonnais indique qu'il vaut globalement 53 500 livres, comprenant 480 ha de terres, 878 ha de vignes, 238 ha de prés, environ 400 immeubles (maisons, granges, moulins, pressoirs, ...) et divers autres possessions tels vergers, jardins, bois, ...
  24. On peut citer les Villeneuve (qui possèdent une seigneurie à Yvours), les Chaponay, les Nièvre, les Chevrier, les Fuer (à Pollionnay), les Varey (à Avanges et Varennes).
  25. appelés aussi syndics, conseillers ou échevins
  26. le Lyon du royaume est la partie de la ville à l'ouest de la Saône et celui de l'empire est sur la presqu'île et sur la rive gauche du Rhône.
  27. Très bien accueilli par la population en 1389.
  28. Henri II de Villars, Raymond Saquet ou André d'Espinay ont ainsi eue d'autres charges épiscopales avant leur arrivée à Lyon
  29. Amédée de Talaru est docteur en droit canon, Guy de Boulogne ou Charles II de Bourbon ont une solide formation théologique
  30. Amédée de Talaru vit en saint prêtre, Charles d'Alençon renonce à son conté pour revêtir l'habit de dominicain.
  31. Document fiscal établi par le consulat pour estimer les fortunes des bourgeois lyonnais.
  32. tissu contenant plusieurs fils de couleurs différents composant un dessin.
  33. Il est le père de Pomponne de Bellièvre chancelier de France et le grand-père d'Albert de Bellièvre et Claude de Bellièvre, tous deux archevêques de Lyon.
  34. Ils sont édifiés aux Cordeliers, à Confort et à la Charta.
  35. Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours est un opposant opiniâtre au roi Henri IV, et il tente de soulever le lyonnais contre lui.
  36. Pierre de Wingle, par exemple, qui est celui qui imprime, lors de son séjour à Neufchâtel, la première bible protestante en langue française, traduite par Pierre Robert Olivétan fiche de la BNF
  37. Le centre bancaire de la ville passe en partie du quartier du Change à la rue Mercière, par exemple.
  38. malgré la destruction du fossé de la Lanterne, au nord des Terreaux, les lotissements ne montent guère sur les pentes de la Croix-Rousse.
  39. Les fossés de la Lanterne, autour de l'Hôtel-Dieu, à Saint-Georges et à Saint-Paul.
  40. Un façonné est une pièce de soie ornée d'un grand dessin réalisé avec des fils de différentes couleurs.
  41. Essentiellement des italiens, allemands et suisses.
  42. Celles-ci ont été réorganisées en 1579. Le gouverneur dirige les pennons, qui sont alors au nombre de 35. Le plus haut gradé est alors le capitaine pennon. On trouve ensuite le lieutenant pennon, puis le capitaine enseigne (qui porte le pennon). A ses trois grades se rajoutent, en dessous, ceux de sergents et de caporaux.
  43. Pour la paix de Cateau-Cambrésis, les naissances ou mariages royaux.
  44. Il mesure le nombre moyen d'habitant dans une habitation donnée, quel que soit le nombre d'étages.
  45. Autour des Terreaux et de Bellecour, principalement.
  46. On désigne par le terme de Grande Fabrique, à partir du XVIIe siècle, l'ensemble des métiers qui permettent l'élaboration d'une étoffe de soie. Ce terme désigne bien un groupe social hétérogène, mais uni autour d'un même produit.
  47. Notamment les révoltes de 1717, 1744-45 et 1786.
  48. Au point que Saint-Simon dise de lui : "Il [...] fut peu archevêque et moins commandant que roi en ces provinces, qu'il ne quittait presque jamais."
  49. Mathon de la Tour, Delandine, Berenger
  50. Mgr Marbeuf, l'archevêque, par exemple
  51. Avec, surtout, "Le Journal de Lyon" et "Le courrier de Lyon"
  52. L'épisode ne plus sanglant voit un seigneur honni, Guillin de Montat, être massacré par la population villageoise environnante.
  53. Les maîtres d'œuvres de ces transformations sont surtout l'Architecte en chef de la ville T. Desjardins et l'Ingénieur en chef de la voirie G. Bonnet.
  54. Avec La Gazette universelle de Lyon pour les ultras et Le Précurseur pour les libéraux.
  55. On peut citer Armand Carrel, Saint-Marc Girardin, Chateaubriand, Stendhal, Marceline Desbordes-Valmore, Charles Fourier, Blanqui notamment
  56. Le même décret modifie les limites départementales du Rhône et de l'Isère pour adjoindre au premier les communes de Villeurbanne, de Vaulx-en-Velin, de Bron et de Venissieux.
  57. Au début de 1870, un congrès national est organisé aux Brotteaux, et un projet de fédération lyonnaise des travailleurs est monté, poussé par Eugène varlin.
  58. à l'Argentière, Alix dans le Rhône, Meximieux dans l'Ain, Saint-Jodard, Roche et Verrières dans la Loire
  59. Au début de son mandat, il négocie un dépassement du taux légal d'un tiers d'ex prêtres constitutionnels parmi la population ecclésiastique et en 1811, il obtient de Napoléon un sursis pour l'exclusion des sulpiciens.
  60. Une "république" au bonnet phrygien et aux bras nus à la place de la statue de Napoléon, Un monument au sergent Blandan (place Sathonay), des statues d'Ampère, de Jacquard, etc.
  61. Le tirage cumulé des journaux républicain est constamment le double ou le triple du tirage des journaux conservateurs. Le plus important d'entre eux est le Progrès, qui parvient en 1914 à tirer à 200 000 exemplaires.
  62. La bonne bourgeoisie catholique dispose au début de la troisième République pour se retrouver de la congrégation des Messieurs et du conseil d’administration des hospices. Elle y organise nombre d’actions de défense religieuse. Durant la période, elle investit deux autres associations : la Société des anciens élèves de Mongré et l’Association catholique des patrons de Lyon. Du côté féminin, une extension de la Congrégation des Messieurs, la Ligue des Femmes françaises s’engage également contre les mesures anticléricales.
  63. Outre les écoles primaires, un réseau d’écoles secondaires (école de la Salle, Maristes, Lazaristes) renforce les établissements existant (Oullins, Chartreux, Minimes, saint-Hélène). Vers 1900, il y a 2300 élèves dans le secondaire catholique et 1400 dans le secondaire public.
  64. Les moyennes annuelles des entrées au séminaire passent de 68 à moins de 30 et les ordinations de 81 en 1901 à 29 en 1913.
  65. Alexandre Angéli est condamné à mort lors d'un premier procès à la libération, puis voit sa peine être réduite à quatre ans de prison lors d'un second.
  66. De manière arbitraire, à partir d'avril 1844, les allemands exécutent des groupes de prisonniers, de plus en plus nombreux. On peut citer les 115 abattus à l'aérodrome de Bron, les 120 dans un boucherie de Saint-Genis-Laval ou les cinq résistants tués sur la Place Bellecour, et dont les corps sont laissés visibles plusieurs heures.

Bibliographie

Références

  • André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard et Pierre Cayez, Histoire de Lyon : des origines à nos jours, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, Lyon, 2007, 955 p. (ISBN 2-84147-190-4), présentation en ligne
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  96. page 731
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  99. page 788
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  101. page 800
  102. page 802
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  107. page 767
  108. page 772
  109. a et b page 814
  110. page 817
  111. page 840
  112. a et b page 844
  113. page 842
  114. page 843
  115. a et b page 847
  116. page 845
  117. page 849
  • Jacques Gadille, René Fédou, Henri Hours, Bernard de Vrégille (s.j.), Le diocèse de Lyon, dans Histoire des diocèses de France, tome 16, Beauchesne, 1983, 350 p., (ISBN 2-7010-1066-7)
  1. page 59
  2. page 56
  3. page 68
  4. page 67
  5. a et b page 73
  6. page 84
  7. a et b page 86
  8. page 100
  9. page 95
  10. page 99
  11. page 105
  12. page 118
  13. page 128
  14. page 122
  15. page 124
  16. page 129
  17. page 131
  18. page 151
  19. a et b page 166
  20. a et b page 165
  21. page 154
  22. page 157
  23. page 179
  24. page 191
  25. page 192 & 193
  26. page 197
  27. page 199
  28. page 200
  29. page 202
  30. page 205
  31. page 209
  32. page 210
  33. page 212
  34. page 222
  35. page 224
  36. page 226
  37. page 236
  38. page 238
  39. page 241
  40. page 257
  41. page 270
  42. page 259
  43. page 264 à 267
  44. page 262
  45. page 277
  46. page 279
  • Lucien Musset, Stéphane Lebecq, Les invasions ; les vagues germaniques, PUF, 1994, Paris, Coll. Nouvelle Clio no 12, 323p., (ISBN 2130467156)
  1. a et b page 111
  • André Pelletier, Histoire de Lyon ; De la capitale des Gaules à la métropole européenne ; De -10 000 à + 2007., Éditions lyonnaises d'Arts et d'Histoire, 2007, Lyon, 143 p., (ISBN 978-2-84147-188-1)
  1. page 74
  2. page 73
  3. page 68
  4. page 69
  5. page 85
  6. page 87
  • Bernard Tassinari, La soie à Lyon ; De la Grande Fabrique aux textiles du XXIe siècle, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2005, Lyon, 255 p., (ISBN 2 84147 151 9)
  1. page 14
  2. a et b page 18
  3. page 76 et suiv.
  • Jacques Beaufort, Vingt siècles d'architecture à Lyon (et dans le Grand Lyon) ; Des aqueducs romains au quartier de la Confluence, Jean-Pierre Huguet Éditeur, 2009, Stain-Julien-Molin-Molette, 224 p., (ISBN 978-2-915412-96-3)
  1. page 25
  2. a et b page 31
  3. page 41
  4. page 43
  5. page 55
  6. page 95
  7. page 98
  8. a et b page 99
  9. page 101
  10. page 103 à 106
  11. page 118
  12. page 119
  13. page 120
  • Jacqueline Lalouette, La libre pensée en France ; 1848-1940, Albin Michel, 1997, Paris, 636p., (ISBN 2-226-09236-6)
  1. page 29
  2. page 120
  3. page 44
  • Mathieu Poux, Hugues Savay-Guerraz, Lyon avant Lugdunum, Infolio éditions, 2003, 151 p. (ISBN 2-88474-106-2) 
  1. p. 70
  2. p. 36 à 60
  3. p. 130

Autres références

  1. Pour plus de détail, consulter : Charles Bonnet, Jean-François Reynaud, Genève et Lyon, capitales burgondes, dans Memorias de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona, vol. 25 , 2000, Barcelone, pp. 241 à 266, (ISSN 0213-9499), consultable ici et J. Favrod, Histoire politique du royaume burgonde (443-534), Bibliothèque historique vaudoise, 1997, Lausanne, 544 p.
  2. Sur ces périodes obscures, la référence, même datée, reste : Alfred Coville, Recherches sur l'Histoire de Lyon ; du Ve siècle au IXe siècle (450-800), Éditions Auguste Picard, 1928, Paris, 560p.
  3. Sur les forces politiques locales de cette époque, voir : Etienne Fournial, La souveraineté du Lyonnais au Xe siècle, dans Le Moyen âge, no 4, 1956
  4. Un très bel article décrit le pouvoir du chapitre cathédral : Bruno Galland, Le rôle politique d'un chapitre cathédral : l'exercice de la juridiction séculière à Lyon, XIIe ‑ XIVe siècles, dans Revue d'histoire de l'église de France; T. 75, No 195, juill.-déc. 1989, 1989, p. 293-296
  5. Pascal Collomb, Les statuts du chapitre cathédral de Lyon (XIIe ‑ XVe siècle) : première exploration et inventaire., Bibliothèque de l'école des chartes, volume 153, p. 26
  6. Pour davantage de détail, consulter l'ancien mais encore utile : Pierre Bonnassieux, De la réunion de Lyon à la France ; Étude historique d'après les documents originaux, 1875, Lyon, Paris, 237p.
  7. Sur ces épisodes, il est possible de trouver de nombreuses informations dans : René Fédou, Les papes du Moyen Age à Lyon : histoire religieuse de Lyon, ELAH, 2006, Lyon, 124p., (ISBN 2-84147-168-3) et le très pointu : Gervais Dumeige, S.J. dir., Hans Wolter, S.J., Henri Holstein, S.J., Histoire des conciles œcuméniques tome 7 ; Lyon I et Lyon II, Éditions de l'Orante, 1966, Paris, 320 p.
  8. Ce quartier, nommé Port Sablet à l'époque, est bien décrit dans Grégoire Ayala, Lyon, les bateaux de Saint-Georges : une histoire sauvée des eaux, Éd. lyonnaises d'art et d'histoire : Institut national de recherches archéologiques préventives, impr., 2009, Lyon, 127 p., (ISBN 978-2-84147-209-3), aux pages 70 à 75.
  9. Une solide étude présente cette élite : Guy de Valous, Le Patriciat lyonnais aux XIIIe et XIVe siècles, A. et J. Picard, 1973, Paris, 490p.
  10. Pour une étude détaillée sur ce sujet, voir : René Fédou, Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen âge ; étude sur les origines de la classe de robe, Annales de l'Université de Lyon, 1964, Lyon
  11. Nicole Gonthier, Lyon et ses pauvres au Moyen âge ; 1350-1500, Éditions l'Hermès, 1978, Lyon, (ISBN 2-85934-057-2)
  12. André Pelletier, Histoire de Lyon ; De la capitale des Gaules à la métropole européenne ; De -10 000 à + 2007., Éditions lyonnaises d'Arts et d'Histoire, 2007, Lyon, p. 63, (ISBN 978-2-84147-188-1)
  13. Sur les banquiers italiens, lire : Jacqueline Boucher, Présence italienne à Lyon à la Renaissance. Du milieu du XVe siècle à la fin du XVIe siècle., Éditions LUGD, 1994, Lyon, 175p., (ISSN 2-84147-006-7) ; Sur la présence plus spécifique des florentins, il existe une synthèse : Giuseppe Iacono, Salvatore Ennio Furone, Les marchands banquiers florentins et l'architecture à Lyon au XVIe siècle, Éd. Publisud, 1999, Paris, 285p., (ISBN 2-86600-683-6) et, plus pointu : Sylvain Blanchard, Recherches sur la présence florentine à Lyon au cours du Moyen-âge ; approfondissements d'étude par l'exploitation des sources florentines., 2ème année de Master, Lyon II, 2006
  14. Une solide études sur les marchands lyonnais dans : Gascon Richard, Grand commerce et vie urbaine au XVIe siècle ; Lyon et ses marchands, École pratique des hautes études, 1971, Paris, 2 tomes et du même auteur une étude sur le grand commerce lié à Lyon dans l'article : Lyon, marché de l'industrie des Pays-bas au XVIe siècle et les activités commerciales de la maison Panse (1481-1580), dans Cahiers d'Histoire, tome VII - 1962-4, p. 493
  15. Concernant le fonctionnement des foires, on peut utilement consulter : Marc Brésard, Les foires de Lyon aux XVe et XVIe siècles, Auguste Picard, 1914, Päris, 386p.
  16. Jouanna, Arlette and Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi, Guy Thiec. Histoire et dictionnaire des Guerres de religion, Robert Laffont, 1998, Paris (ISBN 2-221-07425-4), pp. 421-422
  17. Daniel Paquette, La musique à Lyon au XVIe siècle, article dans Lyon et l'Europe : hommes et sociétés : mélanges d'histoire offerts à Richard Gascon, Presses universitaires de Lyon, 1980, Lyon, 2 vol., 348 + 372 p., (ISBN 2-7297-0072-2), page 99.
  18. Ardouin Paul, Maurice Scève, Pernette du Guillet, Louise Labé : L'amour à Lyon au temps de la Renaissance, Nizet, 1981, Paris, 395 p
  19. De nombreux aspects de la religion réformée lyonnaise de cette époque sont détaillés dans : Yves Krumenacker dir., Lyon 1552, capitale protestante ; une histoire religieuse de Lyon à la Renaissance, Éditions Olivétan, 2009, Lyon, 335p., (ISBN 978-2--35479-094-3)
  20. Une solide étude de cette institution est faite dans : Georgette de Groër, Réforme et Contre-Réforme en France : le collège de la Trinité au XVIe siècle à Lyon, Publisud, 1995, Paris, (ISBN 2-86600-727-1)
  21. Sur l'œuvre lyonnaise de Soufflot, consulter : Institut d'Histoire de l'Art de Lyon, L’œuvre de Soufflot à Lyon : études et documents, Presses universitaires de Lyon, 1982, Lyon, 431 p., (ISBN 2-7297-0134-6), et notamment pour le quartier saint-Clair la partie rédigée par Alain Charre et Catherine Servillat pp. 21 à 26.
  22. Sur la construction de l'Hôtel de ville, et notamment sur son principal architecte, Girard Desargues, voir Marcel Chaboud, Girard Desargues, bourgeois de Lyon, mathématicien, architecte, ALEAS Éd. Lyon, 1996, 239 p., (ISBN 2-908016-64-8)
  23. Sur Charles Démia, on peut consulter l'article de Henri Jeanblanc, Charles Démia et l'enseignement primaire au XVIIe siècle, dans Mélanges André Latreille, Université Lyon II, 1972, pp. 423 à 444.
  24. Voir, pour cet aspect : Leon vallas, Un siècle de musique et de théâtre à Lyon ; 1688 - 1789, P. Masson, 1932, Lyon, 559 p.
  25. Pour la question de la naissance de la franc-maçonnerie lyonnaise, on peut consulter : André Combes, Histoire de la Franc-Maçonnerie à Lyon des origines à nos jours, Éditions des Traboules, 2006, Lyon, 527p., (ISBN 2-911491-79-3)
  26. Sur la Révolution à Lyon, l'ouvrage de référence est Louis Trenard, La Révolution française dans la région Rhône-Alpes, Perrin, 1992, Paris, 819p., (ISBN 2-262-00826-4). On peut également consulter le très pratique Bruno Benoit, Roland Saussac, Guide historique de la Révolution à Lyon ; 1789-1799, Éditions de Trévoux, 1988, Lyon, 190p., (ISBN 2-85698-043-0)
  27. Michel Vergé-Franceschi, Jean-Pierre Poussou, dir., Ruptures de la fin du XVIIIe siècle. Les villes dans un contexte général de révoltes et révolutions, 2005, PUPS, Paris, p. 87, (ISBN 2-84050-387-)
  28. Bernard Demotz, Henri Jeanblanc, Claude Sommervogel, Jean-Pierre Chevrier, Les gouverneurs à Lyon ; 1310 - 2010 ; Le gouvernement militaire territorial, ELAH, 2011, Lyon, (ISBN 978-2-84147-226-0), p. 144 à 147
  29. Jean Tulard, Joseph Fouché, Fayard, 1999 (ISBN 2-213-59991-2), p. 50 
  30. Sur les ouvrages défensifs lyonnais, voir : François Dallemagne, Les défenses de Lyon. Enceintes et fortifications, Éditions lyonnaises d'Arts et d'Histoire, 2010, 2eéd. revue et corrigée, Lyon, 255 p., (ISBN 2-84147-177-2)
  31. La référence sur le sujet est Fernand Rude avec, entre autres, L'insurrection lyonnaise de novembre 1831 ; le mouvement ouvrier à Lyon de 1827 à 1835, Anthropos, 1969, Paris, 785 p. et Les révoltes des Canuts : 1831-1834 ; postface inédite de Ludovic Frobert, la Découverte, 2007, Paris, 220 p., (ISBN 978-2-7071-5290-9). Ce deuxième ouvrage fait également le tour de l'historiographie sur le sujet
  32. sur la Congrégation, voir l'ouvrage d'Antoine Lestra, Histoire secrète de la congrégation de Lyon : de la clandestinité à la fondation de la propagation de la foi, Nouvelles Éditions Latines, 1967, Paris, 368p.
  33. Sur la grande aventure des missionnaires lyonnais, consulter : Yannick Essertel, L'aventure missionnaire lyonnaise ; 1815-1962 ; De Pauline Jaricot à Jules Monchanin, Cerf, 2001, Paris, 2001, 427 p., (ISBN 2-204-06454-8)
  34. Xavier de Montclos, dir., Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine ; 6. Lyon ; Le Lyonnais - Le Beaujolais, Beauchesne, 1994, Paris, (ISBN 2-7010-1305-4), p. 243
  35. Sur cette période de l'histoire picturale lyonnaise, se reporter à : Élisabeth Hardouin-Fugier, La peinture lyonnaise au XIXe siècle, Édition de l'Amateur, 1995, Lyon, 311p., (ISBN 2-85917-193-2)
  36. Paul Baquiast, La Troisième République 1870-1940, L'Harmattan, 2002, (ISBN 2-7475-3338-7)
  37. a et b Bruno Benoit, L'Identité politique de Lyon, L'Harmattan, 2000, Paris, 242p., (ISBN 2738474659)
  38. Bruno Benoit, L'assassinat du Commandant Arnaud en 1870. N'est-ce pas Marianne qu'on assassine ?, Bulletin du Centre Pierre Léon, 1997, no 1-2, p. 75
  39. Maurice Lévy-Leboyer,Pierre Cayez, Le Patronat de la seconde industrialisation : études, Les Éditions ouvrières, 1979, Paris, (ISBN 2-7082-2041-1), p. 194 lire en ligne. On peut également consulter l'ouvrage de Lafferrère, Lyon, ville industrielle, PUF, 1960, Paris.
  40. Pour une étude de la famille Gillet, voir : Marcel Peyrenet, La dynastie des Gillet ; Les maîtres de Rhône-Poulenc, Le Sycomore, 1978, Paris, 198 p., (ISBN 2-86262-011-4)
  41. L'ouvrage de Gérard Chauvy : Lyon 1940-1947 - L’Occupation. La Libération. L'épuration, Perrin, 2004, Paris, 395 p., (ISBN 2-262-01998-3) est une solide référence de cette période.
  42. Sur la répression antisémite à Lyon, consulter, entre autre, Laurent Douzou dir., Bénédicte Gavand, Anne-Claire Janier-Malnoury, Voler les juifs ; Lyon, 1940-1945, hachette, 2003, Paris, 341 p., (ISBN 2-0123-5613-3)
  43. Stéphane Simonnet, Atlas de la Libération de la France, éd. Autrement, Paris, 1994, réimp. 2004 (ISBN 2-7467-0495-1) , p 32
  44. Un inventaire très complet de tous les hommes et les femmes engagés dans la résistance à Lyon et sa région est fait par Bruno Permezel dans : Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours - 2824 engagements, BGA Permezel, 2003, Lyon, 740p., (ISBN 2-909992-91-8)
  45. Une synthèse très riche des mouvements de résistance lyonnais peut être consulté dans : Marcel Ruby, Résistance et Contre-Résistance à Lyon et en Rhône-Alpes, Horvath, 1995, Lyon, 731 p., (ISBN 2-7171-0882-3)

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