- Conclave
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Dérivé du latin cum clave, à clef, le conclave désigne pour l'Église catholique romaine le lieu où sont enfermés les cardinaux rassemblés pour élire le Pape pendant la période dite Sede Vacante. Par extension, il désigne aussi l'assemblée elle-même et son travail. Dans la doctrine catholique, le conclave se déroule sous la direction du Saint-Esprit.
Sommaire
Contexte historique
Depuis 1274, les cardinaux sont enfermés (depuis le XVIe siècle dans la chapelle Sixtine, au Vatican), pour procéder à l'élection pontificale. Cette mesure a été prise à la suite de l'élection mouvementée de Grégoire X, en 1271, qui avait duré près de 3 ans, et s'était tenue à Viterbe. Au bout de 2 ans et 9 mois, les autorités romaines avaient emmuré les cardinaux, ôté le toit de la salle où ils se réunissaient et menacé de les affamer pour les pousser à la résolution. Les cardinaux déléguèrent alors cette décision à une commission de six membres.
Pour éviter de nouvelles élections à rallonge, Grégoire X décida lors du concile de Lyon II de garder le principe de l'enfermement (décret Ubi periculum). Il y ajouta de nouvelles restrictions : au bout de 5 jours de conclave, les cardinaux étaient réduits au pain, au vin et à l'eau, ils devaient vivre en commun sans séparation dans la pièce — ce qui provoqua un tollé parmi les cardinaux.
En 1276, Jean XXI suspendit les mesures de Grégoire X et les vacances longues du siège pontifical reprirent, jusqu'à ce que Boniface VIII réinstaure le Ubi periculum. Depuis lors, toutes les élections pontificales ont eu lieu en conclave.
Depuis le Moyen Âge, les modalités du conclave ont évolué sous les différents Papes. À partir du XVIe siècle et jusqu'à la constitution apostolique Commissum nobis du 20 janvier 1904 de Pie X, le droit d'exclusive est régulièrement employé par la France, l'Espagne et l'Autriche, ces États catholiques utilisant leur droit de veto pour exclure leurs candidats respectifs, si bien que le papable est rarement le favori pronostiqué. La jus exclusicæ est supprimée en 1904 mais les ambassades continuent d'intervenir activement pour soutenir l'élection de leur favori. Au début du XXe siècle, les dirigeants de l'Église catholique sont divisés entre les réformateurs et les conservateurs, chacun de ces camps ayant son papable mais pour éviter une division profonde, les électeurs choisissent le plus souvent un troisième candidat, à l'exception de Pacelli en 1939 et Montini en 1963[1].
Le 22 février 1996, Jean-Paul II promulgua la constitution apostolique Universi dominici gregis sur la vacance du siège apostolique et l'élection du Pontife romain. Celle-ci fixe les modalités du conclave qui élut Benoît XVI à la suite de Jean-Paul II le 19 avril 2005 et reste en vigueur ce jour.
Cependant par une lettre apostolique, en forme de motu proprio, intitulée : De aliquibus mutationibus in normis de electione Romani Pontificus, du 11 juin 2007, le pape Benoît XVI a modifié l'article 75 de la Constitution ci-dessus. Jean-Paul II avait prévu que si, au bout de 30 tours de scrutin, l'élection n'était pas encore acquise, on pourrait procéder à l'élection valide du Souverain Pontife seulement à la majorité absolue (la moitié des voix plus une) et non plus à la majorité des deux tiers exigée précédemment. Benoît XVI a supprimé cette clause. La majorité des deux tiers doit être dans tous les cas obtenue pour élire validement un Souverain Pontife. Benoît XVI est ainsi revenu pleinement aux normes édictées par le Concile de Latran III en 1179.
Organisation
Selon la législation actuelle, seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans révolus sont admis au conclave. Par ailleurs, le Pape devra veiller à ce que le nombre des cardinaux électeurs n'excède jamais 120. La discipline grégorienne fut assouplie au cours des siècles et Universi dominici gregis prévoit que les cardinaux électeurs séjournent pour la durée du conclave à la Maison Sainte-Marthe, une résidence construite à cet effet dans l'enceinte de l'État de la Cité du Vatican. Les électeurs ne sont reclus que dans la Chapelle Sixtine, où ils procèdent aux votes d'élection.
Avant l'ouverture du conclave, les cardinaux sont appelés à évoquer le futur de l'Église lors de Congrégations générales, ceci en préparation de l'élection du nouveau Pape. Le premier jour du conclave, le matin est réservé à la célébration de la messe. L'après-midi est consacré à l'entrée en conclave, puis on procède à un premier tour de scrutin. Celui-ci peut toutefois être remis au lendemain. Les jours suivants, on organise un scrutin le matin et l'après-midi. En cas de résultats non concluants, on procède immédiatement à un nouveau scrutin, ce qui porte le nombre de scrutins quotidiens à 4.
Après chaque scrutin, les cardinaux communiquent les résultats au reste du monde par l'intermédiaire d'une cheminée. En effet, le résultat du vote est annoncé soit par une fumée noire (vote non concluant), soit par une fumée blanche (vote concluant). En cas de fumée blanche, le conclave peut prendre fin et le nom du Pape peut être annoncé au monde. Le feu est traditionnellement un feu de paille. Celle-ci est mouillée quand il faut produire une fumée blanche. Depuis le conclave de 2005, des fumigènes sont utilisés en complément, pour éviter les confusions. De plus, et toujours par souci de clarté, on a décidé cette année-là de faire sonner les cloches de Saint-Pierre en accompagnement de la fumée blanche. Le cardinal protodiacre prononce l’Habemus papam depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre.
Le conclave est présidé par le doyen du collège des cardinaux, qui est, traditionnellement, l'évêque d'Ostie et le doyen des cardinaux-évêques. En 2005, Josef Ratzinger était le doyen du collège des cardinaux avec vingt-huit ans de cardinalat. Sans être un jeune cardinal, il n'était pas parmi les plus âgés. À 78 ans, il figurait parmi les cardinaux électeurs alors que le collège des cardinaux comptait plus de 40 cardinaux âgés de plus de 80 ans. Il fut élu Pape le 19 avril 2005 et prit le nom de Benoît XVI.
Les derniers conclaves
Date Pape Pays Nombre
de joursNombre
de scrutins6 février 1922 Pie XI Italie 5 14 2 mars 1939 Pie XII Italie 2 3 28 octobre 1958 Jean XXIII Italie 4 11 21 juin 1963 Paul VI Italie 3 6 26 août 1978 Jean-Paul Ier Italie 2 4 16 octobre 1978 Jean-Paul II Pologne 3 8 19 avril 2005 Benoît XVI Allemagne 2 4 Varia
Conclave budgétaire désigne en Belgique un modus operandi consistant pour le gouvernement à se réunir aussi longtemps que nécessaire à l'obtention d'un consensus sur le budget.
Notes et références
- Bernard Lecomte, Le roman des papes, Éditions du rocher, 2011, 251 p. (ISBN 9782268071244)
Voir aussi
- Liste des papes
- Liste détaillée des papes
- Nom de règne des papes
- Composition actuelle du Collège cardinalice
- Exclusive
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