Hugues de Die

Hugues de Die

Hugues de Die, aussi connu sous le nom de Hugues de Bourgogne ou Hugues de Romans, (né vers 1040- mort à Suze en Piémont le 7 octobre 1106) était un homme d'Église français qui fut évêque de Die puis, à partir de 1082 archevêque de Lyon, Primat des Gaules.

Nommé légat du pape par Grégoire VII en 1075, il est l'un des principaux artisans de la réforme grégorienne en Bourgogne et en France.

Sommaire

Évêque de Die

Son origine n'est pas certaine : il semble être natif de Romans, ou du moins du diocèse de Vienne. Présenté aussi comme un neveu des ducs de Bourgogne Hugues Ier et d'Eudes Ier, il est vraisemblablement le frère de Guigues, abbé de l'Île Barbe, et l'oncle de Hugues, prieur clunisien de Saint-Marcel-les-Chalons. Il semble être devenu le prieur de l'église Saint-Marcel de cette localité[1],

Il devient « chamarier »[note 1] du chapitre cathédral de Lyon en octobre 1073, au moment où le légat Géraud, cardinal évêque d'Ostie, le substitue à Lancelin, évêque de Die, qu'il vient de déposer pour simonie[2]. Il est alors simple clerc. Il se rend à Rome se faire ordonner et consacrer évêque le deuxième dimanche de Carême 1074 par Grégoire VII ; et assiste au concile qui se tient en mars.

Légat du pape

Il devient légat du Pape Grégoire VII de 1075 à 1085 puis des papes Urbain II de 1090 à 1099 et de Pascal II jusqu'à sa mort en 1106.

La réforme Grégorienne

Lors du concile romain réuni en février 1075 (quand est publié par ailleurs le décret contre les investitures laïques), le pape le nomme légat pour la Francie et la Bourgogne.

Il applique ainsi les préceptes réformateurs du pape vigoureusement et à plusieurs niveaux :

  • Au plan local, il s'efforce de faire régler dîmes et prémices, et pour améliorer la qualité du clergé, soutient le développement des chanoines réguliers.
  • Au plan du haut clergé, il réunit une série de conciles régionaux où il diffuse les décrets grégoriens et lutte de façon intransigeante contre l'investiture laïque. Des évêques sont déposés (à Clermont, à Tours) ou leur élection est cassée (à Chartres, à Chalon-sur-Saône). Les archevêques de Sens et Bourges sont momentanément suspendus en 1078, et Hugues s'efforce d'obtenir la déposition de l'archevêque de Reims Manassès (effective en 1080).

Liste des conciles régionaux présidés par le légat

  • 7 août 1076: Anse, Dijon, Clermont
  • septembre 1077: Autun
  • janvier 1078: Poitiers, interrompu par le duc d'Aquitaine
  • 1079: Troyes, empêché par le roi
  • 1080: Lyon, Avignon, Toulouse ; le concile d'Avignon révoque l'archevêque d'Arles Aicard et celui de Narbonne, Guifred de Cerdagne.
  • 1081: Bordeaux, Saintes, Issoudun
  • 1082: Meaux

Son action est parallèle à celle de l'autre grand légat grégorien dans l'ouest de la France, Amat d'Oloron.

À travers son action souvent jugée radicale, Hugues cherche, comme Grégoire VII, à redéfinir la place de l'Église dans la société médiévale en luttant pour son indépendance vis-à-vis des puissances temporelles. Le roi de France, l'archevêque de Reims et le duc d'Aquitaine ont parfois entravé son action. Engagé dans une longue lutte contre l'empereur Henri IV, Grégoire VII qui devait les ménager pour ne pas ouvrir un « second front », a ainsi tempéré l'action de son légat de 1077 à 1080, en lui adjoignant en particulier comme légat Hugues de Semur, abbé de Cluny.

Archevêque de Lyon

Après la mort, le 18 avril 1082, de Gébuin (Jubin), archevêque de Lyon et primat des Gaules, le siège de Lyon demeure vacant pendant quelque temps. Le 24 octobre 1082, Hugues de Die est nommé par le pape comme son successeur, mais ce n'est qu'au début de 1083 (le 31 janvier ou le 1er février) que Hugues de Die prend possession du siège de Lyon[3] qu'il occupera jusqu'à sa mort en 1106.

Il s'efforce de faire correspondre cette primatie nouvelle à des pouvoirs réels, dans une optique centralisatrice, contrairement au sens simplement honorifique que l'Église a finalement donné à la primatie lyonnaise.

La lutte entre le roi et le pape

Il est pressenti pour devenir pape après la mort de Grégoire VII[4], et s'oppose à Didier, abbé du Mont-Cassin, qui est finalement élu sous le nom de Victor III. Au concile de Bénévent en août 1087, ce dernier l'excommunie de même que Richard, légat et abbé de Saint-Victor de Marseille,

Urbain II (1088-1099) le réhabilite et il retrouve ses pouvoirs de légat. Il va en particulier traiter de la question de l'adultère royal de Philippe Ier qui a enlevé Bertrade de Montfort. En octobre 1094, c'est sous sa présidence que le concile d'Autun, réuni à sa demande, excommunie le roi de France, excommunication confirmée par le pape lui-même au concile de Clermont en 1095 ; l'interdit est jeté sur le royaume de 1096 à 1104.

En 1097, il accueille Anselme de Cantorbéry, archevêque en conflit avec le roi Guillaume II d'Angleterre[4].

En 1098, il aide à la fondation de l'abbaye de Citeaux[4].

Mal acceptée par le clergé de France soucieux de conserver son autonomie, l'autorité du primat (qui reposait sur les pouvoirs du légat) s'effondre avec l'élection du pape Pascal II en 1099, qui lui retire cette prérogative.

Infatigable voyageur, après un pèlerinage à Compostelle (1095), Hugues fait celui de Terre sainte (1101-1103). Il meurt le 6 octobre 1106 à Suze, sur la route du concile de Guastalla. Il est enterré dans la cathédrale San Giusto.

Notes et références

Notes

  1. Le « chamarier » (auj. camérier) était l'un des huit grands dignitaires du chapitre cathédrale de Lyon. Chanoine-comte, il supervisait la sécurité, la justice, la voirie et avait sous ses ordres douze agents de surveillance. C'est lui qui détenait les clefs des six portes de l'enceinte

Références

  1. Patrice Béghain op. cit., Dictionnaire historique de Lyon, Stéphane Bachès, 2009, p. 658
  2. Jean Julg, Les évêques dans l'histoire de la France: des origines à nos jours, Éditions Pierre Téqui, 2004, p. 76
  3. Francois Villard, Primatie des Gaules et réforme grégorienne., Bibliothèque de l'école des chartes, 1991, n° 149-2, p. 428
  4. a, b et c Patrice Béghain, op. cit., p. 658

Annexes

Bibliographie

Principales sources

  • Chronique d'Hugues de Flavigny (PL CLIV)
  • Lettres d'Hugues de Die (PL CLVII, col.508-528)
  • Lettres de Grégoire VII (MGH)
  • Lettres d'Yves de Chartres
  • Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon, Dictionnaire historique de Lyon, Stéphane Bachès, 2009, Lyon, 1054 p., (ISBN 2-915266-65-8)

Études

  • W. Luhe, Hugo von Die und Lyon, Breslau, 1898
  • Abbé Rony, "Hugues de Romans, légat pontifical", Revue des questions historiques, 107, 1927, p.287-303. ID., "La politique française de Grégoire VII. Conflit entre le pape et son légat", Revue des questions historiques, 109, 1928, p.5-34. ID., "La légation d'Hugues, archevêque de Lyon sous le pontificat d'Urbain II", Revue des questions historiques, 112, 1930, p.124-147.
  • Theodor Schieffer, Die päpstlichen Legaten in Frankreich vom Vertrage von Meersen (870) bis zum Schisma von 1130, Berlin, 1935
  • Bernard Bligny, L'Église et les ordres religieux dans le royaume de Bourgogne, Grenoble, 1960.
  • Gilles Bollenot, Un légat pontifical au XIe siècle. Hugues, évêque de Die (1073-1082), primat des Gaules (1082-1106), thèse (Université de Lyon, Faculté de Droit et des Sciences économiques), 1973.

Articles connexes

Réforme grégorienne

Liens externes



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