Royaume de France

Royaume de France

Royaume de France

9871791

Drapeau
Blason

Drapeau et armoiries

Devise : Montjoye Saint Denis !

Hymne : Domine, salvum fac regem

Informations générales
Statut Monarchie féodale puis Monarchie absolue de droit divin
Capitale Paris, Versailles
Langue Français[1]
Religion Catholicisme
Monnaie Écu, Livre tournois
Histoire et évènements
987 Accession au trône d'Hugues Capet
1159-1259 Conflit Capétiens-Plantagenêt
1337-1453 Guerre de Cent Ans
1562-1598 Guerres de religion
1648-1653 Fronde
1661 Début du règne personnel de Louis XIV
1789 Début de la Révolution française
1791 Passage à un régime de monarchie constitutionnelle
Roi
(1e) 987-996 Hugues Ier
(De) 1774-1792 Louis XVI

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le royaume de France est le nom du régime politique de la France sous les capétiens, qui ont régné pendant une partie du Moyen Âge et au début de l'Époque moderne - cette dernière époque correspondant à la période dite de l’Ancien Régime.

Le royaume de France est issu directement de la division du royaume des Francs en 843. Le royaume occidental issu de cette partition se séparera nettement des deux autres royaumes médian et oriental. À partir de 911, son roi Charles III revendique l'héritage des Francs et relève le titre de roi des Francs, abandonné depuis Charlemagne et qui deviendra vite le titre particulier du seul roi de l'Ouest, possesseur des terres originelle du royaume de Clovis, avec Tournai, Reims, Paris.

La première mention du mot France pour désigner le royaume occidental des Francs dans sa totalité (parfois appelé Francie occidentale par certains historiens) se trouve dans un diplôme du roi Louis IV datant de 946, évoquant le moment où "le roi récupéra la France"[2].

Mais c'est en 1204 que pour la première fois la titulature royale parle de roi de France au lieu de roi des Francs ; cet usage se généralise progressivement par la suite.

Les rois capétiens feront reculer progressivement le système de monarchie féodale pour mettre en place graduellement une monarchie absolue qui atteignit son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècle.

En 1791, le système de monarchie absolue prend fin et le royaume de France passe à un régime de monarchie constitutionnelle. Moins d’un an plus tard, par la proclamation de l'abolition de la royauté en France le 21 septembre 1792, le royaume de France laisse la place à la Première République française puis au Premier Empire avant d'être restauré en 1814 puis de nouveau en 1815 ayant été entrecoupé par les Cent-Jours. Le royaume de France disparaît définitivement avec la Révolution de 1848.

Sommaire

Formes diverses au cours de l'histoire

Articles principaux : France, Histoire de France et Maison de France.

La date de naissance du Royaume de France fait l’objet de diverses interprétations ; après la conquête des Gaules par l’Empire romain, le territoire de la France actuelle connaît la période dite de la Gaule romaine. Le déclin de l’Empire romain et les invasions barbares sont accompagnés de la période de l’Empire des Gaules.

Les royaumes francs du Ve au IXe siècle

Articles détaillés : Mérovingiens, Royaumes francs et Royaumes burgondes.

Après la disparition de l’Empire romain d'Occident en 476, des royaumes dits barbares se constituent en états indépendants, où les souverains germaniques gouvernent aussi bien les Gallo-romains que leurs propres guerriers. Après la victoire des Francs sur les Gallo-romains de Syagrius puis sur les autres peuples germaniques (Wisigoths, Alamans, Thuringes, Burgondes), les royaumes francs contrôlent la plus grande partie des anciennes provinces romaines de Gaule, ainsi que de vastes territoires germaniques : certaines traditions font remonter la naissance de la monarchie française au baptême de Clovis Ier. À partir de la fin du Moyen Âge, les rois de France sont traditionnellement numérotés depuis les Mérovingiens.

Le royaume des Francs du IXe au XIe siècle

Articles détaillés : Carolingiens et Empire carolingien.

Aux Mérovingiens succèdent les Carolingiens avec Pépin le Bref qui assoit sa légitimité en étant le premier roi sacré. Son fils Charlemagne, est couronné en 800 Empereur d’Occident, donnant naissance à l’Empire carolingien. Dès le début du neuvième siècle se précisent les traits fondamentaux de la féodalité, avec la constitution de puissantes seigneuries rurales et l’hérédité des bénéfices. Après le règne de Louis le Pieux, les territoires du royaume originel des Francs sont connus sous le nom de Francie.

En 843, le traité de Verdun partage l’Empire carolingien entre les petits-fils de Charlemagne : Louis le Germanique obtient la Francie orientale (Germanie) tandis que Charles le Chauve et Lothaire obtiennent respectivement la Francie occidentale et la Francie médiane. Chez les Carolingiens occidentaux (ou « Français ») la dislocation féodale est rapide, et Charles le Chauve perd bientôt toute autorité au delà de la Loire. L’Empire carolingien est réunifié une dernière fois sous Charles III le Gros (885-887).

Le déclin des Carolingiens est marqué par la lutte contre les Vikings, auxquels Charles le Simple cède, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, un territoire qui deviendra le duché de Normandie. Les Robertiens supplantent progressivement les Carolingiens et, en 987, Hugues Capet succède au dernier Carolingien Louis V.

Le royaume de France

Les Capétiens directs

Articles détaillés : Capétiens et Capétiens directs .
Portrait supposé d'Hugues Capet.

Avec l’accession au trône d’Hugues Capet puis de son fils Robert, la dynastie carolingienne disparaît, et avec elle les éventuelles prétentions à l'unité impériale. La Francie occidentale est ainsi définitivement séparée de l’Empire des Ottoniens. Cela a parfois amené à considérer son règne, concurremment au baptême de Clovis, comme l’un des actes de naissance de la France : une dynastie « nationale » remplaçant une dynastie austrasienne. Ce point de vue a particulièrement été développé au XIXe siècle dans la construction des histoires nationales. Hugues Capet inaugure la coutume de faire sacrer son fils aîné de son vivant, dotant la monarchie française d’une légitimité et d’une continuité nouvelles. Le domaine royal s’agrandit, mais les successeurs d’Hugues Capet sont souvent impuissants devant l’indiscipline de leurs féodaux et jouent peu de rôle dans les grands évènements de leur temps comme la conquête normande de l'Angleterre ou la première croisade. C’est avec Louis VI le Gros que la monarchie française connaît un « réveil » qui consolide et accroît le pouvoir royal. Louis VII, en se mariant avec Aliénor d’Aquitaine, crée des liens nouveaux entre la monarchie et le midi de la France ; mais la dissolution de ce mariage entraîne une nouvelle union d’Aliénor avec le comte d'Anjou Henri Plantagenêt, qui devient ensuite roi d’Angleterre sous le nom de Henri II. Le roi d'Angleterre se trouve donc être aussi un vassal extrêmement puissant, tenant un conglomérat de toutes les principautés de la Normandie à l'Aquitaine. Il n'en fait pas moins hommage au roi.

Philippe II Auguste, fils de Louis VII est le premier souverain à porter le titre de roi de France. Son mariage avec la fille du comte de Flandre lui permet d'accroître fortement le domaine royal. Il affronte ensuite « l’empire » angevin des Plantagenêts. Servi par les erreurs de Jean sans Terre, il prend aux Anglais la Normandie, le Maine, l’Anjou, le Poitou et la Touraine. La bataille de Bouvines est un succès décisif pour la France. Les conquêtes et l’administration efficace de Philippe Auguste développent l’État monarchique, par une politique de centralisation appuyée sur la bourgeoisie et la petite noblesse, à l’encontre des grands vassaux. Les fonctionnaires royaux, baillis (ou sénéchaux) administrent les extensions du domaine royal.
La monarchie médiévale française atteint un fort rayonnement international : Louis IX (Saint Louis) liquide le conflit franco-anglais par le traité de Paris en 1259 et se voit confier un rôle d’arbitre dans les conflits internationaux.

Les règnes de Philippe III le Hardi et de Philippe IV le Bel consolident encore le Royaume de France. Philippe le Bel s’emploie à développer l’État en s’appuyant sur des légistes inspirés du droit romain et, désireux de manifester l’unité du royaume autour de lui, convoque pour la première fois les États généraux en 1302. Le roi agrandit encore le domaine royal par la réunion de la Champagne, devient roi de Navarre, et obtient l’élection d’un pape français, Clément V, qui vient s’installer en Avignon.

Après la mort de Philippe le Bel en 1314, ses trois fils Louis X le Hutin (dont le fils Jean Ier le Posthume ne vit que quelques jours), Philippe V le Long et Charles IV le Bel lui succèdent. Avec la mort, sans enfant mâle, de Charles IV s’éteint la lignée dite des "Capétiens directs".

Les Valois

Blason du royaume de France
Drapeau à fleurs de lys.

A la mort de Charles IV, la crise de succession s'achève lorsque Philippe de Valois, cousin du souverain défunt, devient roi de France sous le nom de Philippe VI. Le cousin de ce dernier Édouard III d'Angleterre revendique le trône de France, mais son droit de succession est contesté, en tant qu’héritier par les femmes et en vertu d'un article de la loi salique opportunément redécouvert pour l'occasion. La guerre de Cent Ans, née des revendications anglaises sur le trône de France, est particulièrement éprouvante pour le royaume de France, qui connaît une série de désastres. En 1346, les Anglais remportent une victoire écrasante à la bataille de Crécy. En 1356, au cours de la bataille de Poitiers, Jean le Bon est fait prisonnier. Son fils, le dauphin Charles, régent du royaume et futur Charles V, doit faire face à un grave défi : Étienne Marcel tente, avec la grande ordonnance de 1357, de réduire l'autorité royale. Sa tentative échoue finalement. En 1358, les régions situées au nord de la Seine sont parcourues par la grande Jacquerie. Néanmoins, la France connaît ensuite, sous le règne de Charles V, un redressement militaire. Mais les désastres recommencent ensuite, avec la folie de Charles VI, tandis que la France est ravagée par la peste noire depuis 1347. En 1415, la France est écrasée militairement par Henri V d'Angleterre à la bataille d’Azincourt. En 1420, ce dernier parachève sa suprématie militaire et politique en se faisant, grâce à une alliance avec le duc Philippe de Bourgogne, reconnaître par le traité de Troyes comme successeur de Charles VI, au détriment du dauphin Charles. Mais la mort d’Henri V, survenue peu avant celle de Charles VI, vient compromettre le succès anglais : en 1429, après le succès français à la bataille de Patay, le dauphin est convaincu par Jeanne d'Arc de se faire sacrer à Reims. La guerre de Cent Ans s’achève dans le faits en 1453 par la victoire des Français, au bénéfice de Charles VII « le victorieux », ou « le bien servi ». Le conflit contribue également à la naissance d’un sentiment d’unité nationale[3],[4] et renforce en définitive le pouvoir royal. La Pragmatique Sanction de Bourges, en 1438, limite par ailleurs les pouvoirs de la papauté dans le royaume en faisant du roi le seul gardien de l’Église de France. En 1475, le traité de Picquigny, entre Louis XI et Édouard IV d'Angleterre, met officiellement et définitivement fin à la guerre, contrant également les visées du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, qui cherchait à rallumer le conflit en s'alliant avec Édouard IV.

Louis XI, fils et successeur de Charles VII, s’emploie à briser la coalition des grands féodaux en remportant la victoire en 1465 contre la révolte de la Ligue du Bien public, vient à bout de Charles le Téméraire en 1477, brise les prétentions de la Maison d'Armagnac, et accroît encore le domaine royal. Tandis que le pays, après la guerre, connaît un fort accroissement démographique durant le XVe siècle[5] , la monarchie française poursuit son évolution vers l’absolutisme à l'époque du passage à l'Époque moderne. Les Guerres d'Italie contre les Habsbourgs, initiées sous le règne de Charles VIII, et poursuivies sous Louis XII, François Ier et Henri II, illustrent le redressement militaire et politique de la France après la guerre de Cent Ans. Charles VIII et Louis XII renforcent l'image du roi justicier par la publication de grandes ordonnances sur la justice, en 1493, 1499 et 1510[6]. Par l’union avec la Bretagne et la confiscation des terres du connétable de Bourbon, le domaine royal correspond, sous François Ier, à peu près au territoire français actuel. La France connaît une embellie économique et culturelle, où les villes constituent les pôles du développement de l'économie et du savoir[7]. François Ier tente de se faire élire au trône du Saint-Empire romain germanique, qui échoit finalement en 1519 à Charles Quint : son règne sera ensuite marqué par la rivalité contre la Maison d'Autriche, dont il tentera de contester la suprématique européenne[8]. Le concordat de Bologne passé avec la papauté en 1516 met fin à la Pragmatique sanction de Bourges tout en permettant au pouvoir royal de contrôler le marché des bénéfices ecclésiastiques majeurs. Par ce biais, le roi peut fidéliser les grandes familles aristocratiques car toutes les nominations aux fonctions d'évêques ou d'abbés impliquent une proposition royale[9]. François Ier s’emploie à moderniser l’administration du royaume, créant des ministres et surveillant les provinces par l’intermédiaire de commissaires. La vie fastueuse de la cour aide par ailleurs le roi à se concilier la haute noblesse. En 1539, l’ordonnance de Villers-Cotterêts fait du français la langue officielle du royaume. Pour combler le déficit financier, les souverains ont recours au développement de la vénalité des offices, ce qui favorise la bourgeoisie.

Après la mort prématurée d’Henri II, les trois fils de ce dernier, François II, Charles IX et Henri III se succèdent. Le développement de l'administration étatique entamé sous François Ier se poursuit, avec notamment la création en 1563 d'un conseil des finances destiné à régler les problèmes économiques nés de l'endettement des guerres d'Italie[10].La reine-mère Catherine de Médicis exerce la régence, de droit ou de fait, durant l'essentiel du règne de ses deux premiers fils. À partir de 1562, le royaume est ravagé par des guerres de religion d’une extrême violence, dont le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572 constitue l'épisode le plus connu. Henri III meurt en 1589 sans héritier : Henri, roi de Navarre, fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret lui succède, sous le nom de Henri IV.

Les Bourbons

Article détaillé : Maison capétienne de Bourbon.
Étendard à fleurs de lys, arboré en présence de membres de la famille royale.
Drapeau Standard Royal, arboré en présence du roi.

Le règne d’Henri IV, qui abjure le protestantisme et soumet la Ligue catholique, marque le début de la dynastie des Bourbons et la fin des guerres de religion, auxquelles l’édit de Nantes, signé le 30 avril 1598, vient mettre un terme. Le 2 mai 1598, Henri IV signe la paix de Vervins, mettant fin au conflit avec l'Espagne. S’appuyant sur les élites urbaines dont l’importance s’accroît avec l’hérédité de la vénalité des offices, Henri IV rétablit l’autorité royale et remet en ordre le royaume durablement éprouvé par des années de guerre, grâce notamment à son ministre des finances Sully. En 1610, la France a retrouvé son niveau de production agricole de 1560. Henri IV favorise par ailleurs les implantations aux Amériques et le développement de la Nouvelle-France : la ville de Québec est fondée en 1608 par Samuel de Champlain.

Lorsque Henri IV meurt assassiné le 14 mai 1610, son fils Louis XIII n’a que neuf ans : le trésor royal est en partie dissipé par le maréchal de France Concino Concini, favori de la reine-mère et régente Marie de Médicis. Le 24 avril 1617, le roi réalise un coup de force, faisant assassiner Concini et conduisant à l'exil de sa mère. La reprise en main du royaume par Louis XIII est suivie d’un redressement des affaires de l’État par le cardinal de Richelieu, entré au Conseil du roi en 1624. Richelieu s’emploie à soumettre la noblesse turbulente et à désarmer les protestants, qu'il achève de réduire lors du siège de La Rochelle. Sous son ministère, la France s’engage dans la guerre de Trente Ans, longue et coûteuse, mais qui permet au pays de réaliser plusieurs gains territoriaux sur ses frontières et de renforcer sa position politique en Europe. Ce conflit est prolongé par la guerre franco-espagnole, qui aboutira à affaiblir considérablement l’Espagne et fera de la France la première puissance européenne.

L’apogée de la monarchie absolue
Pavillon royal de Louis XIV

A la mort de Louis XIII, son fils Louis XIV n'a que quatre ans : la régence est exercée par la reine-mère Anne d'Autriche, et le gouvernement assuré par le cardinal Mazarin. Durant la minorité du roi, les factions se réveillent : la Fronde vient durement menacer le pouvoir monarchique, mais le camp royal remporte finalement la victoire. Avec le traité des Pyrénées de 1659, la France met un terme à son conflit avec l'Espagne et s'affirme comme une puissance dominante en Europe : le XVIIe siècle marque l'apogée de la suprématie politique française, ce qui lui vaudra d'être désigné du nom de Grand Siècle. En 1661, après la mort de Mazarin, Louis XIV commence son règne personnel et fait de la royauté française le type accompli de la monarchie absolue. Jean-Baptiste Colbert contribue à redresser les finances du royaume. Le roi tient la haute noblesse sous un contrôle étroit et est absolument maître dans son royaume, concentrant entre ses mains tous les pouvoirs. Le gouvernement central est réparti entre le Conseil du roi, le chancelier de France, et quatre secrétaires d’État. Les États généraux ne sont plus réunis. À partir de 1673, les parlements se bornent à enregistrer les ordonnances royales. En 1667, la police est réorganisée sous l’autorité d’un lieutenant général de police. L’absolutisme concerne également l’Église, et la déclaration des Quatre articles constitue une charte officielle du gallicanisme. La construction du château de Versailles, résidence permanente du roi et de la cour à partir de 1682, marque un apogée symbolique du prestige personnel de Louis XIV.

La politique étrangère demeure le domaine réservé du roi et entraîne la France dans une série de guerres coûteuses, mais d'abord victorieuses et permettant d'agrandir le territoire du royaume. La Guerre de Hollande (1672-1678) amène à la France la Franche-Comté par le traité de Nimègue. La révocation de l’édit de Nantes en 1685 aggrave encore, entretemps, les relations de la France avec les États allemands, tout en entraînant l'exil de nombreux huguenots. La Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) permet à la France, par le traité de Ryswick, d'annexer la Sarre et les quatre cinquièmes de l'Alsace.

La guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), ruineuse, met finalement un terme à la politique d’hégémonie française en Europe : si l'un des petits-fils de Louis XIV est finalement reconnu comme roi d'Espagne sous le nom de Philippe V, le traité d'Utrecht lui impose par contre de renoncer à ses droits sur la couronne de France. Par ailleurs, en quelques années, la famille royale, au sein de laquelle la succession paraissait assurée, est décimée : le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, meurt en 1711, suivi en 1712 et 1714 de ses fils le duc de Bourgogne et le duc de Berry.

À la mort de Louis XIV, son arrière-petit-fils Louis XV, âgé de cinq ans, lui succède. Durant la période dite de la Régence, sous l’autorité du duc Philippe d’Orléans, la France connaît une détente politique, mais également une grave crise économique avec la faillite du système de Law. La crise sous la régence est également diplomatique : la France est isolée en Europe face aux puissances maritimes, et à la division des Bourbons et des Habsbourgs, tandis que la misère d'une partie de la paysannerie et l'agitation des huguenots contribuent au volet social et spirituel des difficultés du pays[11].

Après la mort du cardinal de Fleury, Louis XV souhaite gouverner lui-même, mais se lasse vite et abandonne dans les faits le pouvoir aux factions rivales. Le prestige royal en est atteint, mais le règne de Louis XV est également marqué par un renforcement de l’administration royale et régionale, et un embellissement des villes par une politique de grands travaux. Les institutions du royaume demeurent néanmoins en retard par rapport aux réalités économiques, et la société est parcourue de tensions dues aux rivalités entre classes sociales. Les idées des Lumières tendent au discrédit des institutions traditionnelles et de l’autorité royale. Avec la guerre de Sept Ans, la France perd en outre, par le traité de Paris, le bénéfice d'une grande partie du premier espace colonial français : la Nouvelle-France doit notamment être cédée pour l'essentiel au Royaume de Grande-Bretagne et au Royaume d'Espagne.

La fin de la monarchie
Article détaillé : Révolution française.

Lorsque Louis XVI succède en 1774 à son grand-père Louis XV, il trouve un pays politiquement fort mais nécessitant de profondes réformes économiques et sociales. La participation de la France à la guerre d'indépendance américaine, particulièrement coûteuse, ruine les efforts initiés par Turgot sous le règne de Louis XV. L’État, qui apparaît paralysé par la sclérose de ses institutions, ne parvient pas à résoudre la crise politique, administrative et financière[12],[13] : Louis XVI rappelle les parlements, qui se joignent cependant au camp des conservateurs.

À la fin des années 1780 l’État est au bord de la banqueroute : Louis XVI convoque alors les États généraux, qui s’ouvrent le 5 mai 1789 à Versailles. Mais le contrôle de la situation échappe bientôt au roi : le 17 juin, le tiers état se proclame « Assemblée nationale ». La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, est considérée comme le véritable point de départ de la Révolution française. Bientôt dépassé par les mesures de l’Assemblée nationale, le roi songe à quitter le pays mais il est reconnu et ramené à Paris : l’épisode de la fuite à Varennes lui coûte ce qui lui restait de popularité. Le 3 septembre 1791, la première Constitution de la France est adoptée, mettant fin à la monarchie de droit divin. Le régime de monarchie constitutionnelle dure moins d’un an et la prise des Tuileries, en août 1792, met fin dans les faits à la royauté, officiellement abolie le 21 septembre. Jugé pour trahison envers la Nation, Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793.

Après la fin de la période révolutionnaire et du Premier Empire, la France prendra à nouveau en 1814 le nom officiel de « Royaume de France » lors du retour de la Maison de Bourbon sous la Restauration, mais sous un régime de Monarchie constitutionnelle. Après les Trois Glorieuses de 1830, la France connaît à nouveau un régime monarchique, la monarchie de Juillet. Il s’agit cette fois du règne de la Maison d’Orléans et de Louis-Philippe Ier qui est proclamé « roi des Français » (1830-1848).

Pour l'anecdote, depuis le 27 mars 1901, 110 très officiels vice-rois français de l'île des Faisans se sont succédé jusqu'en 2011, le président de la République française n'étant que par alternance coprince de la principauté d'Andorre.

Prestige du royaume des Francs puis de France

Dès la fondation du royaume des Francs, celui-ci bénéficia d'un grand prestige en particulier, auprès de la papauté. Les Francs puis les Français furent très sensibles à la reconnaissance par les papes du prestige de leur roi et de leur royaume.

  • Le pape saint Grégoire Ier le Grand écrivit à Childebert II, roi des Francs en Austrasie[14] : "Autant la dignité royale élève au-dessus des autres hommes, autant votre dignité royale franque vous élève au-dessus des royautés des autres nations".
  • Le pape Paul Ier mentionna dans une lettre aux chefs clercs et laïcs du royaume des Francs, le prologue de la Loi salique, rédigé entre 757 et 766, qui exalte[15] longument "l'illustre nation des Francs, qui a Dieu pour fondateur".
  • Les papes attribuèrent le qualificatif de "très chrétien" à Charles Martel, puis régulièrement à ses descendants rois des Francs carolingiens puis capétiens[16], jusqu'à ce que ce titre désigne à partir de Charles V le seul roi de France.
  • Le prestige du royaume des Francs puis du royaume de France provient du fait que ses rois sont les successeurs directs de Clovis Ier, premier roi barbare baptisé catholique et furent reconnus par les papes[2],[17],[18] fils aînés de l'Eglise.
  • Le Pape Grégoire IX écrivit à saint Louis dans la bulle Dei Filius Cujus : "Le fils de Dieu aux ordres de qui tout l'univers obéit, au bon plaisir de qui servent les rangs de l'armée céleste, constitua en signe de puissance divine, les divers royaumes selon des distinctions de langue et de race, ordonna les divers régimes des peuples au service des ordres célestes ; parmi ceux-ci, de même que la tribu de Juda est élevée d'entre les fils du Patriarche [Jacob] au don d'une bénédiction spéciale, de même le royaume de France est distingué par le Seigneur avant tout autre peuple de la terre par une prérogative d'honneur et de grâce."

Le prestige du royaume des Francs était même reconnu par l'empire romain d'Orient. Ainsi, Constantin VII Porphyrogénète mentionne[19],[20] qu'un édit gravé sur la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople attribué à Constantin Ier stipulait "qu'un empereur romain ne devait jamais s'unir à une femme étrangère à l'ordre romain, à la seule exception des Francs..." Ce prestige des Francs viendrait des grandes carrières que plusieurs chefs francs firent dans le monde romain et des liens de parentée qui s'établirent entre Francs et Romains, en particulier du mariage en 395 de l'empereur Arcadius avec Eudoxia Aellia, fille du prince franc Bauto.

Notes et références

  1. À partir de 1539
  2. a et b Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve - XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 85 et 127.
  3. Encyclopaedia universalis, Volume 16, 1990, page 7
  4. Guerre de Cent Ans (1337-1453) sur Larousse.fr
  5. Janine Garrisson, Royauté Renaissance et Réforme, Seuil, 1991, page 13
  6. Janine Garrisson, Royauté Renaissance et Réforme, Seuil, 1991, page 112
  7. Janine Garrisson, Royauté Renaissance et Réforme, Seuil, 1991, pages 28-19
  8. Janine Garrisson, Royauté Renaissance et Réforme, Seuil, 1991, page 134
  9. Guy Saupin, La France à l'époque moderne, Armand Colin, 2000, page 136
  10. Guy Saupin, La France à l'époque moderne, Armand Colin, 2000, page 86
  11. Daniel Roche, La France des Lumières, Fayard, 1993, pages 407-408
  12. Jacques Bainville, Histoire de France, édition de 1996, pages 264-268
  13. Daniel Roche, La France des Lumières, Fayard, 1993, pages 417-132
  14. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve - XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 55.
  15. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve - XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 83.
  16. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve - XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 125.
  17. Joseph Leclerc, Le roi de France, "fils aîné de l'Eglise". Essai historique, in : Etudes, Paris, 1933, t. 214, p. 21-36.
  18. Cardinal Paul Poupard, La France fille aînée de l'Eglise, in : Revue des deux mondes, Paris, juillet 1986, p. 37-45 et août 1986, p. 273-280.
  19. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve - XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 64.
  20. Constantin VII Porphyrogénète, De administrando imperio, Budapest, 1949, éd., tradi Gy Moravckik, R.J.H. Jenkins, p.70-71.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Bainville, Histoire de France, Éd. Arthème Fayard, 1924
  • Georges Duby, Histoire de la France des origines à nos jours, Larousse
  • Pierre Goubert et Daniel Roche, Les Français et l'Ancien Régime, Armand Colin, 1984
  • Marcel Marion, Dictionnaire des institutions de France XVIIeXVIIIe siècle, Picard, 1923
  • Hubert Méthivier, Le siècle de Louis XIV, PUF collection Que-sais-je, 1988

Articles connexes


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