Fête de la Saint-Jean

Fête de la Saint-Jean
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La fête de la Saint-Jean d'été, traditionnellement accompagnée de grands feux, est la fête de Jean le Baptiste. Elle a lieu le 24 juin, date à laquelle on fête uniquement les Jean composés - ne pas confondre avec le 27 décembre, date à laquelle on fête les Jean.

Elle est proche de la date symbolique du solstice d'été dans l'hémisphère nord, qui a lieu le plus fréquemment le 21 juin, exceptionnellement le 19 juin (prochaine occurrence en 2488), rarement le 20 juin (occurrences proches en 1896, 2008 & 2012) et le 22 juin (occurrences proches en 1975, au début du XXIIIe siècle puis en 2302). La nuit est encore très courte, et de ce fait plus propice à une fête durant jusqu'au matin.

Le solstice d'été a été fêté de tous temps. La fête de la Saint-Jean reprend donc des traditions pré-chrétiennes.

Sommaire

Origines

En Syrie et en Phénicie, le solstice donnait lieu à une grande fête en l'honneur de Tammuz, qui commençait la veille au soir, comme dans la Saint-Jean traditionnelle.

Les feux de la Saint-Jean, repris par les chrétiens, auraient été copiés sur les rites celtes et germaniques de bénédiction des moissons. La théorie selon laquelle ces rites seraient eux-mêmes directement dérivés du culte moyen-oriental de Baal est aujourd'hui réfutée[réf. souhaitée].

Le culte du feu associé au solstice d'été se retrouve également en Chine, en Turquie, dans les rites vaudous, chez les Incas.

Le bûcher de la Saint-Jean se pratiquait jadis à Paris, les autorités de la ville se chargeant de son organisation. Cette tradition a été abandonnée depuis très longtemps[réf. nécessaire].

La fête est également très vivace en Scandinavie.

Canada

Au Québec

Au Québec, il s'agit de la fête nationale. Cette fête est célébrée dans toutes les villes et régions dont les deux plus grandes, soit Montréal qui est la métropole, et Québec qui est la capitale de la province. Cette fête débute normalement avec des discours patriotiques et des artistes québécois qui chantent. Ensuite il y a un feu symbolique allumé dans toutes les villes et finalement la fête est terminée avec des feux d'artifice.

Au Canada français

Les plus importantes célébrations de la Saint-Jean-Baptiste au Canada français hors Québec ont lieu dans le cadre du Festival franco-ontarien, qui se tient chaque année à Ottawa, en Ontario. La Saint-Jean-Baptiste est aussi une célébration importante pour la région du nord de l'Ontario dans diverses petites villes, dont Hearst et Kapuskasing. Bien que la célébration de la Saint-Jean-Baptiste par les Acadiens en tant que fête catholique ne soit pas inconnue, elle est largement surpassée par la Fête nationale de l'Acadie le 15 août, instituée en 1881 lors d'une convention acadienne, alors que cette date était en compétition avec le 24 juin.

En Belgique

À Mons

Jusqu'en 1822

À Mons, jusqu'en 1822, la Saint-Jean se fêtait par l'allumage d'un feu dans chaque quartier. Ce feu était accompagné d'un coq en cage. Les feux sont montés grâce aux récoltes de bois des enfants. Un concours de chant a aussi lieu à la Saint-Jean. Le premier prix en est un coq vivant.

Arrêt

Suite à un incendie survenu dans une autre ville de Belgique, le collège des bourgmestre et échevins de l'époque interdit la fête.

Reprise

Depuis le 23 juin 1990, une nouvelle fête a repris grâce à un comité formé pour la circonstance, l'association non lucrative Les Feux de saint Jean. Au départ, des cortèges accompagnés de tambours parcouraient la ville pour annoncer la mise à feu d'un bûcher sur la place Nervienne. De nombreuses animations culturelles se déroulaient toute la soirée sur la place Nervienne ainsi que dans les casemates (anciens dépôts militaires) y attenant.

La formule a évolué depuis 1990 et s'est vue complétée de diverses animations, entre autres pour les enfants. Une cérémonie spectacle se déroule sur la grand place de Mons à laquelle participent 300 figurants et 200 musiciens. Ensuite ce sont plus de 6 000 personnes qui se rendent sur la place Nervienne munis de flambeaux dans un cortège rythmé par 8 formations musicales. Un final musical accompagne le boutage de feu. En 2008, 20 000 personnes ont participé à la manifestation qui se déroulait en une soirée. À partir de 2009 deux jours sont consacrés à cette manifestation.

En Espagne

Cette fête est célébrée aussi dans plusieurs endroits (villes et villages) de l’Espagne. Elle symbolise le combat entre les forces du Bien et du Mal (Dieu et Satan), avec le triomphe du premier.

Le "San Xoán" Galicien

Il est célébré la nuit du 23 au 24 juin. Le feu est le protagoniste, puisqu'il est considéré un élément purificatoire.

Les rites de feu

Un jeune sautant la"cacharela" de San Xoán

Les jours précédant la fête, les jeunes apportent du bois pour faire un feu de joie, et l’allumer la nuit. Quand le feu de joie est plus ou moins consommé, les gens sautent par-dessus. Ainsi, et selon la tradition et la croyance populaires, on expulse les impuretés et on éloigne les maléfices.

Les rites d'eau

  • Le bouquet de la Saint-Jean

Un autre rite typique de cette fête est celui des « herbes de la Saint-Jean » ou bouquet de la Saint-Jean. La veille de la Saint-Jean (le soir du 23 juin), on cueille sept herbes différentes, aromatiques ou pas, et des fleurs qui ont des propriétés soi-disant “magiques” : du fenouil, du romarin, des mauves, des fougères mâles, des roses sauvages... On laisse le bouquet dans l’eau pendant la nuit et le lendemain, on le sort et on se lave le visage avec l’eau. On garde le bouquet, le laissant sécher pendu derrière la porte de la maison, pour la protéger des sorcières.

La gastronomie typique de la Saint-Jean

À la Saint-Jean, il est habituel de manger des sardines, puisqu’elles sont en saison et c’est une tradition de manger ce poisson. Les sardines sont rôties dans des braises faites avec des caisses, du bois, etc. On mange les sardines avec du pain de maïs, appelé "boroa", accompagnées de vin rouge.

En France

Le fête de la Saint-Jean était traditionnellement, dans la plupart des paroisses de France, la fête de la Jeunesse avec des jeux et des rites de passages qui étaient à la fois le moment de réception des nouveaux membres de la bachellerie du village ou du quartier (les adolescents), et l'élection du roi et de la reine de la Jeunesse pour la nouvelle année. Cette fête, qui était celle de l'apogée de l'Été, était fortement marquée par la musique. Elle commençait le matin avec la messe de la Saint-Jean au cours de laquelle on chantait et jouait l'Hymne à saint Jean-Baptiste qui a donné son nom aux notes de musiques, et comportait toujours le soir une veillée avec un grand feu allumé avec des bûches que les jeunes gens et les jeunes filles étaient allés mendier les jours précédents dans chaque maison. Elle se terminait par un bal nocturne.

Dans certaines communes françaises, un bûcher de bois d'une dizaine de mètres de haut est construit pour être brûlé le soir de la fête, notamment dans le sud de l'Alsace, dans les communes de la vallée de la Thur et du pays de Thann et récemment de la vallée de la Doller, ainsi qu'en Lorraine à Harsault et Fontenoy-le-Château notamment. En Alsace, le bûcher est appelé un fackel, dans la petite commune de Soultzbach-les-bains, cette tradition perdure le feu est appelé Johànisfirla et est fêté chaque année le dernier samedi de juin. Dans les Vosges, ainsi que dans le Sud de Meurthe-et-Moselle, cette construction est appelée une chavande.

À Sierck-les-Bains, en Lorraine, les lumières de la ville s'éteignent à la nuit tombée et l'on fait descendre le long d'une colline une roue de feu qui termine sa course dans la Moselle. Cette tradition remonte au moins à une cinquantaine d'années, et les spectateurs sont chaque année au rendez-vous.

Le brandon à Saint-Aventin (vallée du Larboust), photographie d'Eugène Trutat, 1898
Pont-sur-Seine (25 juin 2011)

Dans les Pyrénées, et particulièrement en Comminges, le feu de la Saint-Jean s'appelle le brandon. Il est constitué par un tronc de conifère préparé longtemps à l'avance : il est fendu longitudinalement, sur tout le pourtour, en plaçant dans les fentes des coins de bois. Finalement il a une forme de fuseau, il est dressé et on y met le feu. Dans les Pyrénées-Orientales, une marche est organisée du Canigou à Perpignan: les marcheurs portent des torches qui viennent grossir le feu qui brûle aux pieds du Castillet. Cette cérémonie est suivie de sardanes, danses traditionnelles catalanes, et de feux d'artifice.

Dans le Limousin, les enfants du village ou de la ville allaient chercher du bois mort ou d'autres combustibles et fabriquaient eux-mêmes le bûcher auquel ils mettaient le feu la nuit venue. Ils avaient l'accord tacite des parents qui laissaient célébrer une tradition qu'ils avaient respectée quand ils étaient plus jeunes. D'ailleurs beaucoup d'adultes venaient veiller autour du feu, c'est-à-dire tard, car à trois jours du solstice d'été, les jours sont très longs. Dans les années cinquante, ainsi, on voyait en ville, ou sur la route, des attroupements autour de ce qui ressemblait à un feu de camp. Lorsque les flammes baissaient, les garçons surtout, sautaient par dessus le feu autant de fois qu'ils le voulaient pour montrer qu'ils en étaient capables. Pour profiter de cette liberté nocturne, ne pas aller se coucher de bonne heure, pour une fois pouvoir s'amuser la nuit, les jeunes ravivaient le feu, quelquefois avec du laurier ce qui faisait crépiter le brasier. L'apparition des pétards, des fusées de feu d'artifice ont provoqué des accidents que les édiles ont voulu éviter pour la population mais aussi pour ne pas être accusés de laxisme. De plus, le goudronnage des routes, les chaussées transformées en aires de stationnement, l'augmentation de la circulation, la télévision ont eu raison de ces mœurs pittoresques

Dans le Puy-de-Dôme les jeunes, souvent des étudiants, se rassemblaient à Royat et montaient à pied au sommet du Puy de Dôme où ils passaient la nuit en attendant l'aube du 25 juin pour observer le lever du soleil qui apparaît à l'horizon limité à l'Est par les Monts du Livradois et les Monts du Forez. Quelquefois ils allumaient un feu au sommet (peut être aussi pour se réchauffer un peu). Cette coutume existait dans les années 1940 et beaucoup plus tard dans les années 1960 mais existe-t'elle encore?

À Rennes (Ille-et-Vilaine)

Sur le territoire de la paroisse Sainte-Thérèse, au sud de la gare, dans les années 1950, se déroulaient deux événements le soir de la Saint-Jean : un feu place de l'église et un feu place Bir Hakeim.

Le feu de la place de l'église : un caractère religieux

Un petit bûcher de fagots secs était dressé au milieu de la place dans l'axe de l'entrée principale de l'église. Vers 20h, des paroissiens, peu nombreux, se rassemblaient autour du bûcher. Un prêtre de la paroisse, accompagné d'un choriste muni d'un petit seau d'eau bénite et d'un goupillon, venait réciter des prières puis bénissait le bûcher en l'aspergeant d'eau bénite, tout en prononçant des formules pieuses. Ensuite, l'enfant de chœur, à l'aide d'une boîte d'allumettes, mettait le feu au papier disposé sous les fagots. Le feu se propageait vite et en quelques minutes l'ensemble du bûcher flambait. Le prêtre et son servant assistaient un moment à la combustion puis se retiraient dans l'église. Les fidèles contemplaient un moment le feu puis se dispersaient alors, les uns rentrant chez eux, les autres se rendant place Bir Hakeim.

Le feu de la place Bir Hakeim : un caractère festif

La place Bir Hakeim était alors un espace herbu sans utilité particulière; c'était une ère de jeux naturelle pour les enfants du quartier. À l'époque, avant que ne se contruisent les maisons des Castors et celles du Foyer, la campagne se trouvait à 50 m.

Chaque année, à l'instigation d'un habitant du quartier, M ROY demeurant rue Louis Turban, promoteur et animateur de cette soirée, se déroulait une soirée festive ayant comme point d'orgue l'allumage à la tombée de la nuit d'un grand bûcher dressé au milieu de la place.

Il s'agissait, à cette époque, d'une fête à laquelle on venait assister essentiellement en famille. L'atmosphère était bon enfant. Une bonne partie du quartier s'y pressait.

Une estrade était dressée à l'est de la place pour, dans un premier temps, un spectacle à forte connotation bretonnante : musique jouée par les instruments traditionnels de Bretagne intérieure tels que binious, bombardes, et interprétée par des hommes ou adolescents costumés pour la circonstance et danses bretonnes où se mêlaient hommes et femmes eux aussi habillés de beaux vêtements bretons. La foule des spectateurs, Rennais d'origine ou Rennais d'adoption provenant de la campagne, dans le 1er cas de culture française, dans le 2e cas de culture gallo, assistait passivement à ces danses folkloriques inconnues d'elle mais applaudissait néanmoins chaleureusement, à l'invite de l'animateur de la soirée, les prouesses des uns et des autres. C'est que ce rendez-vous était aussi l'occasion, à une époque où les gens ne sortaient guère de chez eux, de retrouver voisins et connaissances non vus depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois. Le brouhaha des conversations emplissait l'atmosphère et avait tendance à détourner les regards de la scène. Les jeunes gens, surtout les jeunes filles se tenaient sagement près de leurs parents; les enfants étaient plus dissipés et attendaient avec impatience le feu !

Il faut rappeler que ce rendez-vous de la Saint-Jean était pour les habitants du quartier l'une des cinq occasions, offertes annuellement aux familles, de se retrouver dans une simple convivialité. S'y ajoutaient deux rendez-vous pour enfants, d'une part l'Arbre de Noël organisé par la Commune Libre, où à l'issue du spectacle il était distribué comme "cadeau" une belle orange qui faisait la joie de tous les enfants, d'autre part, chez divers particuliers et durant quelques années seulement, des rassemblements à l'occasion du mardi gras où les enfants faisaient preuve d'imagination pour se déguiser. Un petit goûter suivait.

La première de ces occasions, à l'automne, était la kermesse paroissiale. Divers étals tenus par des femmes bénévoles offraient à la vente menus objets donnés ou fabriqués par les familles, ou autres articles de pacotille; c'était le lieu de rendez-vous des dames. Différents jeux : palets, fléchettes, pêche à la ligne, jeu de l'anneau (anneau suspendu par un fil au bout d'une canne à poser autour du goulot d'une bouteille), jeu de massacre ou chamboule-tout (boîtes de conserves à renverser à distance à l'aide d'une boule appropriée), occupaient les hommes et les jeunes; bien entendu un bar où le bon cidre de la campagne environnante était vendu à flots se dressait dans un coin; un "panier" que chacune et chacun était invité(e) à soupeser moyennant une pièce circulait dans les mains du sympathique et dévoué Totoche (et il ne serait venu à l'idée de personne de lui ravir cette tâche tant il la remplissait bien !); enfin des billets de tombola étaient vendus au profit des œuvres et c'est une "grande roue", la roue de la fortune ! ou de la loterie !, qui décidait impartialement des heureux gagnants ! Les lots provenaient de dons offerts gracieusement notamment par des commerçants.

Puis au printemps venait la Fête des Fleurs organisée par la Commune Libre : un bal très familial se déroulait (initialement rue Bigot de Préameneu) sur une portion du bd Emile Combes quelque part entre les rues Bernard Salmon et Henri Bannetel (entrée d'un coût modeste) le samedi soir; le dimanche, une fête foraine investissait la place du Souvenir (plus connue aujourd'hui sous le nom de place du marché de Ste-Thérèse) tandis que dans l'après-midi circulait dans les principales rues du quartier le traditionnel défilé de chars, attelés à des tracteurs, joliment confectionnés par des habitants bénévoles qui y consacraient plusieurs dizaines d'heures de travail. Chaque char était vivant par la présence d'enfants ou de jeunes filles, aux costumes étincelants, qui se fondaient dans le décor, magnifique et différent, et c'est dans le dernier, souvent le plus beau, que trônait la Reine du quartier, somptueusement vêtue de blanc comme une mariée, entourée de ses deux Demoiselles d'honneur à peine moins flamboyantes mais assises un degré plus bas (celles-ci et celle-là avaient été au préalable élues au cours d'un cérémonial organisé dans le cinéma de la paroisse; toutes les jeunes filles du quartier pouvaient postuler; l'élection était le point d'orgue d'une soirée festive animée avec brio par Christian Eugène, l'infatigable "Robert Lamoureux" du plateau du Haut Quineleu surnommé ainsi tant il excellait à imiter cet artiste !). Dans le défilé il y avait aussi, intercalés entre les chars, des fanfares, des majorettes et des vélos fleuris ou décorés de papiers multicolores. C'était l'occasion de jeter en pluie ses confettis ou de dérouler ses serpentins (cette Fête perdura des années jusqu'au début des années soixante et bien après que celle de la Ville de Rennes eût cessé d'exister).

La troisième occasion était la sortie paroissiale, journée de pique-nique à la campagne aux alentours immédiats du périmètre de la paroisse. On y discutait beaucoup, les hommes jouaient aux palets tandis que jeunes filles et jeunes gens se regardaient de loin et s'occupaient à leur façon. Il faudra attendre 1960 ou 1961 pour qu'un rapprochement timide s'opère, bien souvent sous l'œil attentif voire inquiet de certains parents. La quatrième occasion était la sortie de l'ESST (Etoile Sportive Ste-Thérèse - club de basket) calquée sur la sortie précédente. Enfin, la cinquième était le feu de la Saint-Jean !

Donc, après la danse sur scène venait le moment tant attendu : celui des folles rondes autour du feu ! C'est qu'un magicien allumait le bûcher haut de trois à quatre mètres dès le bruit des derniers pas de danse disparu dans l'ombre du soleil couchant. Dissipées les dernières lueurs crépusculaires au-delà des maisons à l'ouest, ça rougeoyait au milieu de la place et toutes les familles formaient un cercle qu'on eut dit fraternel, et il semblait que les conversations se soient tues. Apparence trompeuse, la fougue des flammes étouffait en fait l'écho des paroles encore échappées et les consumait en son cœur ardent. Les parents tenaient solidement leurs enfants par la main. Les yeux de tous brillaient. À cause de la chaleur le cercle s'agrandissait. Bientôt le brasier se déchirait, s'ouvrait et engloutissait les fagots les plus hauts montés jusqu'alors léchés seulement par des langues incandescentes. Le feu redoublait de violence et la foule tenue loin s'extasiait et murmurait prête à reculer encore d'un pas. C'est qu'il s'agissait de ne pas servir d'appât à ce glouton qui eut tôt fait de vous transformer en une torche en pleine ignition. Le crépitement des flammes envoyait très haut dans le ciel des étincelles dansantes et joyeuses, éphémères lueurs, lucioles en fin de vie ! Quand, enfin, devenu plus sage, le feu n'était plus un enfer, le paradis s'installait et les rondes, d'abord timides, tourbillonnaient folles d'avoir dû attendre ce qui semblait à certains une éternité pour se former. Les jeunes gens et les jeunes filles s'arrangeaient pour se mélanger pendant des instants qui leur semblaient une éternité; il faisait sombre, les miettes du feu empêchaient de bien voir, cela les rassurait. Chacune et chacun, tandis que leurs mains se touchaient, moment de plénitude en ces années puritaines, se prenaient à espérer que le feu fut inextinguible, que la ronde fut perpétuelle, du moins, plus raisonnablement, que les adultes ne regardent pas trop tôt leur montre et prolongent leurs conversations. Mais les rondes cessaient toujours trop vite, les rêves se brisaient, les parents attendaient; déjà des groupes s'en allaient. Pourtant les plus jeunes s'adonnaient encore à l'impossible saut par-dessus les braises... mais pas irréalisable, pourtant, pour tous ! C'était à qui sauterait le plus haut, le plus loin... sans brûler ses chaussures ! À la fin, la place redevenait triste et juste une petite lumière émanait de son centre. Mais une lumière pour qui ? La place était déserte, les désirs enfouis, les promesses, seules, étalées sur l'herbe fraîche s'en réchauffaient et se demandaient si elles seraient tenues ?

Merveilleuses soirées que celles de la Saint-Jean en ces temps déjà lointains...Prose dithyrambique ? Elle le paraîtra, sans doute, à ceux qui n'ont pas vécu ces moments là. Mais il est à parier que ceux qui les ont vécus se reconnaîtront et seront émus ! "Seules les pierres ne pleurent pas" (dicton portugais).

À Brest et Plougastel-Daoulas (Finistère)

En 1875, la revue "La Terre Sainte" décrit ainsi la Fête de la Saint-Jean à Brest :

« À Brest la Fête de la Saint-Jean a une physionomie particulière et plus fantastique encore que dans le reste de la Bretagne.L'heure venue, trois à quatre mille personnes accourent sur les glacis : enfants, ouvriers, matelots, tous portent à la main une torche de goudron enflammée, qu'ils agitant avec violence. Au milieu des ténèbres de la nuit, on aperçoit des milliers de lumières mobiles qui courent, décrivent des cercles, scintillent et embrasent l'air par d'innombrables arabesques de flammes ; parfois, lancées par des bras vigoureux, ces torchent s'élèvent en même temps vers le ciel, et retombent en gerbes d'étoiles sur le feuillage des arbres. Une foule immense de curieux, attirés par l'étrangeté du spectacle, circule sous cette rosée de feu. Quand le roulement de rentrée se fait entendre, la foule reprend le chemin de la ville, le calme se rétablit, tandis que sur les routes de Modèle:Saint-Marc (Brest), de Morlaix et de Kérinou, on voit des torches fuir en courant, s'éteindre successivement comme les feux follets des montagnes[1]. »

La commune voisine de Plougastel-Daoulas avait aussi des coutumes originales pour la Fête de la Saint-Jean :le journal Ouest-Éclair écrit le 25 juin 1900 :

« La côte de Plougastel offrait hier soir, à la nuit tombée, un bien curieux aspect. Çà et là de longues gerbes de flammes montaient vers le ciel. C'était les feux que, par suite d'une antique coutume, on allume chaque année en Bretagne, en l'honneur de la Saint-Jean. Du haut du Cours Dajot, du port de commerce et de la place de Kerjean-Vras, le spectacle était féérique ! Aussi, nombreux étaient les Brestois qui s'attarcaient pour jouir de ce spectacle pittoresque. À "Brest-même", au Gaz, à Lambézellec et à Saint-Pierre-Quilbignon, des feux ont été allumés et des groupes joyeux se sont formés pour danser de gaies farandoles[2]. »

Saint-Jean d'Hiver

La Saint-Jean d'Hiver correspondant au solstice d'hiver, est la fête de Jean l'Évangéliste. À cette époque, le soleil est au plus bas, il recommence à monter sur l'écliptique.

Cette fête folklorique a lieu à Chièvres, Mons (Belgique) et dans différentes régions françaises, notamment en Bretagne, en Galice, ainsi qu'en Roussillon, principalement à Perpignan.

Notes et références

  1. La Terre Sainte, n° du 15 juillet 1875, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205628b/f495.image.r=K%C3%A9rinou.langFR
  2. Journal [[Ouest-Éclair] n°322 du 25 juin 1900, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k638930z/f3.image.r=Lamb%C3%A9zellec.langFR

Sources

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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