Histoire de lyon

Histoire de lyon

Histoire de Lyon

L'histoire de Lyon est très riche. Si le lieu est occupé depuis la préhistoire, la première ville date de la Rome antique.

Sommaire

Antiquité

Article détaillé : Lugdunum.

Christianisation

Seulement un siècle après la mort de Jésus-Christ, des chrétiens venus du Levant s'y installent. Saint Pothin et Sainte Blandine figurent parmi les premiers martyrs, morts en 177 sous le règne de Marc Aurèle dans une période incertaine pour l'Empire (peste, invasions barbares). Saint Irénée, successeur de saint Pothin, est l'un des premiers théologiens chrétiens. Lyon devient l'un des centres intellectuels de la chrétienté, illustré au Ve siècle par Sidoine Apollinaire.

En 197, l'empereur Septime Sévère affronte et bat lors de la bataille de Lugdunum son concurrent Clodius Albinus, puis laisse ses soldats piller la ville qui avait soutenu Albinus. Septime Sévère connaissait pourtant bien Lugdunum, pour y avoir été légat, et ses deux fils Caracalla et Geta y étaient nés.

À la fin du IIIe siècle lors des réorganisations de la Tétrarchie, Lugdunum perd son rang de capitale des Gaules, au profit de Trèves, plus proche de la frontière du Rhin. Lugdunum n'est plus que le siège administratif de la petite province de Lugdunaise Ire.

Haut Moyen Âge

En 437, des tribus germaniques burgondes sont installées comme fédérés en Sapaudia par le général romain Aetius après la destruction de leur royaume de Worms par les Huns. Ces Burgondes étendent leur domination lors de la désintégration de l'Empire d'Occident et en 461 font de Lyon la capitale de leur royaume, la Burgondie ou Bourgogne.

En 532, les fils de Clovis intègrent ce royaume sous la domination franque. Les rois francs suivants se disputent le royaume de Bourgogne, fréquemment possession du roi de Neustrie.

En ces temps troublés, les familles de la noblesse gallo-romaine pallient la disparition de l'administration impériale romaine. Certains de leurs membres sont élus évêques de Lyon par leur communauté : saint Rusticus, évêque de Lyon de 494 à 501, son frère saint Viventiolus (514-524), saint Sacerdos, fils de Rusticus et évêque de 544 à 552, qui désigna son neveu saint Nizier pour lui succéder de 553 à 573. Saint Nizier fut inhumé dans une église qui prit son nom.
L'incapacité des rois francs laissa le champ libre à l'élan des conquérants musulmans : solidement installés en Languedoc (notamment à Narbonne de 718 à 759), ils remontent le couloir du Rhône. Vers 725 ou 730 (selon les sources), un raid atteint Autun, ravage Lugdunum au passage (destruction de l'église Saint-Nizier) et revient avec butins et captifs réduits en esclavage. Une seconde expédition vers 737 prend temporairement le contrôle de la vallée du Rhône et atteint la Bourgogne. Les campagnes de Charles Martel et de Pépin le Bref rétablirent la domination franque sur le sud de la Gaule, écartant toute invasion sur Lugdunum pendant quelques générations[1].

Moyen Âge

La ville est un foyer de la renaissance carolingienne, sous l'impulsion de son archevêque Leidrade - ami d'Alcuin -, du diacre Florus, puis d'Agobard.

Après le traité de Verdun et la succession de Charlemagne, la ville revient à Lothaire, comme le reste de la rive orientale de la Saône. Lyon devient dès lors une ville de Francie médiane.

L'administration de la ville est confiée à Gérard de Roussillon qui tente de se rendre indépendant, mais est chassé de la ville par Charles le Chauve en 870. Puis Boson l'incorpore en 879 au Royaume de Provence qui durera jusqu'en 928. Dans le même temps, signe de féodalité, l'ancien duché de Lyon se morcelle en comtés du Lyonnais, du Forez, du Beaujolais.

Les IXe et Xe siècle furent de nouveau une époque de raids de pillages : les Normands remontent le Rhône, en 911 les Hongrois ravagent la Bourgogne, les Sarrasins s'installent dans le massif des Maures jusqu'en 975, et multiplient les expéditions par les routes des Alpes.

En 952, Lyon fait partie du Royaume d'Arles. C'est l'époque où l'Église de Lyon accroît considérablement ses biens grâce à ses archevêques, Burchard Ier et Burchard II, parents du roi. En 1018, le royaume d'Arles est légué par son dernier roi Rodolphe III de Bourgogne au Saint-Empire romain germanique. Par la suite, la ville sera administrée par ses évêques, relevant au temporel de l'Empereur, roi d'Allemagne, d'Italie et de Bourgogne, via l'Archichancellerie de Bourgogne.

Au fil des siècles, le nom de Lugdunum se simplifie : « Loudoun » est cité par un géographe arabe du VIIIe siècle, et « Lion » ou « Lyon » apparaît au XIIIe siècle.

La ville, bien que restant modeste par sa taille, rayonne sur le plan religieux.

Durant toute cette époque, Lyon est prise dans les différends entre pape et empereur, sous l'œil intéressé du roi de France, et, plus directement, soumise aux menées des maisons de Savoie (dans le cadre impérial), de Beaujolais et du Forez (pour le roi de France). Mais c'est le prince-archevêque qui exerce les pouvoirs laïque et religieux sur la ville.

Le mouvement général d'émancipation communale touche Lyon. Philippe IV de France intervient dans les différends qui opposent archevêque et bourgeois, et fait son entrée dans Lyon le 13 mars 1311. En 1312, le rattachement de Lyon au royaume de France est reconnu au Concile de Vienne, sans que l'empereur proteste. Lyon obtient sa charte communale le 21 juin 1320 (la Sapaudine) et un Consulat, composé de 12 consuls, est l'instance municipale qui dirige la ville. Pendant la guerre de Cent Ans, Lyon reste fidèle aux rois de France.

À partir de Louis XI, les rois de France en font le centre des activités françaises en Italie. Lyon profite ainsi très tôt du développement économique et culturel italien. C'est à cette époque que Lyon obtient les franchises pour ses 4 foires annuelles.

Renaissance

Économiquement, la ville se développe surtout à partir du XVIe siècle avec la venue de banquiers florentins, de marchands attirés par les franchises royales et la tenue de quatre foires par an, l'installation d'imprimeurs, et le maintien de liens commerciaux avec l'Allemagne.

Article détaillé : Histoire de l'imprimerie à Lyon.

Le commerce de la soie se développe particulièrement. François Ier, qui souhaite éviter une fuite des devises vers l'Italie, autorise à Lyon la création de la fabrique de « draps d'or, d'argent et de soye ».

Article détaillé : Histoire de la soie à Lyon.

À cette époque la ville est extrêmement prospère. C'est la première place bancaire européenne, devant Genève, la capitale de l’imprimerie et l'une des plus grande cité européenne. De cette époque restent de nombreux immeubles de style Renaissance, témoins de la richesse d'une ville qui atteint une envergure européenne. Le métissage y est très important, ce qui lui vaut le surnom de Myrelingues (« mille langues » dans l'œuvre de Rabelais). La Cour, encore itinérante, y réside à de nombreuses reprises. Le roi François Ier envisage très sérieusement de s'y sédentariser et donc de faire de Lyon sa capitale. La mort du dauphin François dans des circonstances troubles, lors d'une partie de jeu de paume, viendra mettre fin à cette hypothèse, une partie de la bourgeoisie lyonnaise étant accusée d'avoir comploté contre lui. C'est donc à cette époque que François Ier lance les travaux de rénovation du Louvre et retourne à Paris.

Néanmoins la vie des gens simples reste difficile, voire empire par les spéculations des marchands. En témoigne la Grande Rebeyne, révolte de la faim qui a eu lieu le 18 avril 1529.

À l'avènement d'Henri II, Lyon est au faîte de sa puissance. C'est la ville la plus peuplée du royaume, après Paris[2], avec ses 50 000 habitants. La présence fréquente des derniers rois a entraîné une activité économique et culturelle intense. Cependant l'endettement est énorme et va signer un lent déclin.

Les guerres de religion

Les guerres de religion déchirent la ville. Au départ, les catholiques sont majoritairement modérés, mais quelques hérétiques sont brûlés vifs place des Terreaux (notamment le pasteur Monier en 1551). Les troubles prennent de l'ampleur à partir de 1560. Dans la nuit du 29 au 30 avril 1562, les Réformés s'emparent des points stratégiques et Lyon passe à la Réforme[3]. Le baron des Adrets apporte son concours aux réformés. Mais le nouveau gouverneur, le maréchal de Vieilleville, rétablit la situation en faveur du roi : il désarme les huguenots le 15 juin 1563, met un terme aux affrontements, rouvre les églises et permet la construction de trois temples. Il est remplacé par Jean de Losses[4].

Charles IX entre le 13 juin 1564 dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine[4]. L’édit interdisant le culte protestant dans la ville où se trouve le roi est pris à Lyon. Afin de conserver la ville, le fort Saint-Sébastien est construit en 1565, et accueille une garnison de 400 hommes.

La Saint-Barthélemy se répète à Lyon. Dès le 28 août 1572, le gouverneur François de Mandelot est prévenu par courrier royal lui demandant de maintenir l’ordre. Les commerçants sont cependant mis au courant du massacre parisien par leurs contacts d’affaire, et quelques protestants sont assassinés, la municipalité composée de catholiques extrémistes et le gouverneur laissant faire. Le 31 août, les prisons sont forcées par des groupes déterminées : au total, 700 huguenots au moins sont massacrés[5]. L'expédition du baron des Adrets a également marqué la ville, qui met du temps à se redresser mais ne retrouve pas le prestige antérieur aux guerres, la plupart des imprimeurs émigrant à Genève. De même, les grandes familles bancaires fuirent Lyon pour n'y jamais revenir (75 banques italiennes en 1568, 21 en 1597)[6].

Durant la huitième guerre de religion, la ville adhère, comme la majorité de la France, à la Ligue catholique(soulèvement du 24 février 1589). Mais lorsque Henri IV se convertit au catholicisme en juillet 1593, la ville bascule dans l'autre camp, arrête son gouverneur, le duc de Nemours en septembre 1593, avec le soutien de l’archevêque Pierre d'Épinac[7]. En février 1594, la ville ouvre ses portes au lieutenant du roi d’Ornano. Henri IV de France y fait son entrée le 4 septembre 1595. Il met fin à l'autonomie communale par l'édit de Chauny[8].

Le XVIIe siècle

Au cours des deux siècles d'absolutisme royal, l'administration de la ville passe entre les mains des officiers royaux: d'abord les gouverneurs (recrutés notamment dans la famille Villeroy), puis lorsque ceux-ci résideront plus souvent à la Cour qu'en province, les Intendants. (Voir également la Liste des Prévôts des marchands de Lyon)

À partir des années 1630, La tolérance règne et est même soutenue par l'archevêque Camille de Neuville de Villeroy sous son épiscopat (1653-1693). Vers 1630, sous l'impulsion du collège des jésuites (actuel lycée Ampère) Lyon devient un centre intellectuel de la République des Lettres. La richesse des notables lyonnais en font des amateurs éclairés de tableaux, médailles, et livres. La ville s'embellit avec la construction de l'hôtel de ville, Lyon bénéficie des largesses royales grâce à sa fidélité à la couronne lors de la Fronde.

Dans le dernier quart de ce siècle, la fabrique de soie accapare l'essentiel des forces économiques de la ville au détriment du négoce et de la banque, laissés aux étrangers, Genevois et Suisses.

Le XVIIIe siècle

Au XVIIIe siècle la ville de Lyon est à l'étroit dans ses frontières historiques. En effet, la ville se limite à l'actuelle presqu'île et au Vieux-Lyon. Les pentes de Fourvière et de la Croix-Rousse sont inconstructibles, car il s'agit de terrains appartenant à l'Église, et la rive gauche l'est également dans sa grande majorité (à l'exception du faubourg de la Guillotière) car elle est située en zone inondable (Brotteaux). C'est ce qui explique la propension des immeubles lyonnais de l'époque à gagner en hauteur.

Deux personnes vont mettre en place des plans pharaoniques pour agrandir la ville de Lyon. Morand, tout d'abord, prévoit d'assécher une partie des marais de la rive gauche et de lotir ces terrains suivant un plan en damier. C'est ainsi que verra le jour l'actuel Cours Franklin Roosevelt. Il relie ce nouveau quartier à la Presqu'île par un pont, le pont Morand, d'abord en bois, puis en pierre. Le deuxième projet est celui de Perrache, qui projette de doubler la surface de la presqu'île en l'étendant au sud. Il mettra ce projet à exécution, mais n'eut pas le temps de le lotir et le quartier projeté ne fut pas construit.

Le XVIIIe lyonnais est marqué par deux inventions majeures qui furent testées chacune en 1783: le bateau à vapeur et la montgolfière.

Lyon devient la première ville ouvrière de France, plus de la moitié de la population lyonnaise vit alors de la soie. Le 7 août 1786, les ouvriers se mettent en grêve. C'est la Révolte des deux sous, qui sera réprimé le 10 août.

La Révolution française

Sous la Constituante, Lyon devient chef-lieu du département de Rhône-et-Loire qui est scindé en deux après l'insurrection lyonnaise.

En septembre 1792, une troupe de vétérans, de grenadiers et de gardes nationaux, tentent de massacrer huit officiers du 5e régiment de cavalerie qui étaient emprisonnés. Le maire, Louis Vitet, tente de s’interposer, sans succès : six sont finalement tués, un autre se noie en essayant de s’échapper. Trois prêtres furent également tués le même jour. Le maire Vitet regroupe trois bataillons de la garde nationale et parvient par contre à empêcher la répétition de ces massacres à Roanne[9].

Lyon prend en 1793 le parti des Girondins et se soulève contre la Convention. La ville subit un siège de plus de deux mois avant de se rendre. La répression de la Convention est féroce. Le 12 octobre 1793, le conventionnel Barère se vante de son succès en ces termes : Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n'est plus. Lyon prend ainsi le nom de Ville-affranchie. Environ 2 000 personnes sont fusillées ou guillotinées, et plusieurs riches hôtels particuliers autour de la place Bellecour détruits.

L'Empire

La prise de pouvoir par Bonaparte est perçue favorablement, comme la fin de la période noire et le retour à la paix civile. Le consulat et l'Empire favorisent l'industrie de la soierie et portent intérêt aux inventions de Jacquard. Bonaparte fait désigner son oncle Joseph Fesch au siège archiépiscopal en 1802. Lyon accueille favorablement Napoléon lors de son retour de l'île d'Elbe, ce qui lui vaut une réaction royaliste lors de la seconde Restauration. Le dernier gouverneur militaire impérial Régis Mouton-Duvernet y est fusillé en 1816.

Développement de l'industrie de la soie

Alors que le textile est la principale activité industrielle en France[10], Lyon est la 1ère ville ouvrière de France[11] et le tissage y fait vivre la moitié de la population.

Au XIXe siècle, avec l'industrie textile, la ville entre dans la révolution industrielle.

En 1801, le lyonnais Joseph Marie Jacquard met au point un métier à tisser, le métier Jacquard[12], qui permet à un seul ouvrier de manipuler le métier à tisser, au lieu de plusieurs auparavant.

En 1806, le pouvoir napoléonien crée à Lyon le premier conseil des prud’hommes[13] de France, alors uniquement consacré à l'industrie de la soie.

La Restauration et la Monarchie de Juillet

Lyon en 1869 depuis la Croix-Rousse

La ville est reliée à Saint-Étienne par l'une des premières voies ferrées au monde (la première en France) par l'ingénieur Marc Seguin de 1827 à 1832. L'implantation du Métier à tisser de Jacquard marqua l'essor d'une culture sur les systèmes mécaniques complexes. Les inventions de la machine à coudre par Thimmonier et, ultérieurement celle du cinéma par les frères Lumière sont redevables des astuces mécaniques du métier à tisser enchaînant des séries d'actions successives, dont les progressions de bande par à-coup.

Cette mécanisation entraîne de nombreuses luttes sociales avec des crises insurrectionnelles. Les canuts, soumis à de rudes conditions de travail, se révoltent à de nombreuses reprises. Leur première révolte d'octobre 1831 est considérée comme l'une des premières révoltes ouvrières. Ils occupent Lyon aux cris « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ! ». Le roi Louis-Philippe Ier envoie 20 000 hommes de troupe et 150 canons pour réprimer « l'émeute ».

Article détaillé : révolte des Canuts.

Le Second Empire

Le 8 décembre 1852, en plaçant des lampions à leurs fenêtres, les lyonnais donnent naissance aux premières illuminations (connues aujourd'hui sous le nom de fête des lumières).

Vie économique

Au début du second Empire, Lyon est encore la première place financière française. La modification de la structure économique qui va intervenir sous ce régime va remettre en cause cette prééminence à l'avantage de Paris. Toutefois la ville s'enrichit réellement sous le second empire, avec la poursuite de la révolution industrielle, notamment grâce aux capitaux lyonnais investis dans les usines et mines de la région stéphanoise. L'industrie chimique se diversifie et le textile est toujours aussi florissant.

Le second Empire est surtout marqué par la création du Crédit lyonnais en 1863, par Henri Germain.

Grands Travaux

Comme Paris, Lyon est marquée à cette époque par une série de chambardements urbanistiques. Claude-Marius Vaïsse, préfet du Rhône (il assume également les fonctions de maire de Lyon dont le titre a été supprimé), est à l'origine de cette politique de Grands Travaux.

En 1848, le tissu urbain de la presqu'île est considéré comme obsolète. Trois grandes percées sont réalisées pour aérer cet espace: la rue Impériale (rue de la République) et la rue de l'Impératrice (rue de l'Hôtel-de-Ville, puis rue Président-Herriot) ainsi que la rue Victor-Hugo. La rue Impériale fait vingt deux mètres de large et abrite les plus beaux cafés de Lyon. Des places sont également créées : la place Impériale (place de la République) et la place des Cordeliers.

C'est également à cette époque que le parc de la Tête d'Or est aménagé sur la rive gauche. Il s'agit d'un parc de 116 hectares, à cheval sur les communes de Lyon et de Villeurbanne, qui est encore aujourd'hui le plus grand parc urbain d'Europe.

Enfin, Lyon est dotée d'une grande gare, la gare de Perrache, reliant les voies ferrées en provenance de Paris et de Marseille, mais ignorant volontairement celles en provenance de Saint-Étienne. La gare de Perrache permet la liaison Paris-Lyon-Méditerranée, et crée aussi une coupure au milieu de la Presqu'île.

Le 24 mars 1852, par décret impérial, les faubourgs de la Croix-Rousse, de Vaise et de la Guillotière sont rattachés à Lyon.

Les débuts de la IIIe République

Le 4 septembre 1870, quelques jours après la défaite de Sedan, un Comité de Salut public proclame la République à Lyon[14] (à 10 heures du matin, quelques heures avant que Paris ne fasse de même). Le Comité de Salut public, composé de républicains et de quelques militants de l’Internationale, placarde une affiche décrétant la déchéance de l’Empire et s’empare sans résistance de l’hôtel de ville et du pouvoir. Le drapeau rouge est hissé sur le beffroi de l'hôtel de ville[15].

Le 6 septembre, Challemel-Lacour, qui a été nommé préfet du Rhône par le gouvernement de la Défense nationale, arrive à Lyon. Le 8 septembre, dix commissaires sont désignés pour être les « intermédiaires du peuple lyonnais auprès du Comité de Salut public ». Albert Richard, Louis Andrieux et Victor Jaclard, qui en font partie, sont délégués auprès du gouvernement parisien pour discuter avec lui de la levée en masse contre les Prussiens. Andrieux, qui a pour seul souhait le retour de l’ordre, revient de Paris avec le titre de procureur de la République à Lyon. Albert Richard, quant à lui, revient en compagnie du général Cluseret qui doit être nommé commandant des volontaires du Rhône et des corps de francs-tireurs venus du Midi.

Le 15 septembre, les républicains modérés remportent les élections municipales. Jacques-Louis Hénon devient le premier maire de Lyon de la IIIe République.

Le 28 septembre, le leader anarchiste russe Bakounine, venu de Genève pour soulever la ville de Lyon, appelle à la Révolution internationale et tente de s'emparer de l'Hôtel de Ville. Il échoue, faute de soutien populaire[16].

En décembre 1870, au cours de la guerre franco-allemande, l'annonce de la défaite des légions du Rhône à la bataille de Nuits (18 décembre 1870) fait craindre aux lyonnais l'arrivée imminente des Prussiens. Un mouvement insurrectionnel tente alors de s'emparer du pouvoir pour préparer la défense de la ville. Des troubles éclatent dans la ville, provoquant l'exécution du Commandant Arnaud[17].

En avril 1871, la ville connaît de nouveau des troubles, à la suite de la Commune de Paris. Les Internationalistes s'emparent de la mairie d'arrondissement de la Guillotière. Louis Andrieux, ramène le calme, au prix d'une répression sévère. L'expérience de la commune de Lyon fait long feu, et se termine dans un bain de sang.

Article détaillé : Commune de Lyon .

Après la guerre, la décision est prise de construire la Basilique de Fourvière, afin d'expier les péchés de la Commune. La vie politique lyonnaise est encore sous la tutelle de l'État. La fin du XIXe siècle est marqué par de nombreux attentas anarchistes, à Lyon comme dans le reste de la France, dont les plus célèbres sont celui qui frappe le Café Bellecour et l'assassinat du Président Sadi Carnot en 1894 par Jeronimo Caserio.

Le maire le plus emblématique de cette période est le docteur Gailleton, nommé en 1881. Il entreprend d'améliorer l'hygiène publique, il crée de nombreuses écoles municipales, et est à l'origine des premières lignes de tramway. Il crée également la faculté de médecine et rénove certains quartiers comme les quartiers Grolée, Saint-Paul et la Mulatière. C'est à cette époque que Lyon récupère un de ses monuments emblématiques: la Fontaine Bartholdi, initialement prévue pour la Ville de Bordeaux et la place des Quinconces.

En 1900, Gailleton est battu par le socialiste Victor Augagneur. Celui-ci tente de créer une grande commune de Lyon en annexant les municipalités voisines, comme Oullins, La Mulatière, Villeurbanne, Vénissieux, Bron... Cette tentative échoue.

Le mandat Herriot

En 1905, un jeune normalien devient maire de Lyon en remplacement de Victor Augagneur, parti à Madagascar comme ministre plénipotentiaire : Édouard Herriot. Ce maire va rapidement s'imposer comme un grand maire et sera toujours réélu jusqu'à sa mort en 1957.

Les grands projets d'urbanisme

Le mandat Herriot est un mandat riche en projets d'urbanisme. Avant guerre, il réalise le nouveau quartier des Brotteaux, autour de la nouvelle gare homonyme, quartier encore fortement marqué par l'architecture haussmannienne. Il fait également construire un grand Lycée, à l'origine annexe du lycée Ampère, le lycée du Parc, désormais emblématique du rayonnement intellectuel de la ville. D'autres projets voient le jour, sous l'influence notamment de l'architecte Tony Garnier, en forte connivence avec le maire. C'est donc à cette époque que sont lancés les grands chantiers marquants du mandat Herriot: les abattoirs de la Mouche (1906), qui comprennent notamment la Grande Halle (auj. halle Tony-Garnier), l'Hôpital de Grange-Blanche (1910) qui devait remplacer le vieil Hôtel-Dieu, et le stade de Gerland (1914). À noter que tous ces chantiers sont terminés dans l'entre-deux guerres.

Après la première guerre mondiale, les projets s'accélèrent. L'hôpital de la Charité est détruit, laissant sa place à la poste centrale et à une place en continuité de la place Bellecour (auj. place Antonin-Poncet). Le quartier des États-Unis, quartier fortement inspiré de la cité idéale rêvée par Tony Garnier, est construit dans le VIIe arrondissement (cette partie de l'arrondissement deviendra plus tard le VIIIe). Le stade de Gerland est achevé, mais n'accueillera jamais les Jeux olympiques de 1924 qui ont finalement échu à Paris.

D'autres projets vont avorter. En effet, la ville lance à cette époque un concours par an, à chaque fois sur un site différent. Peu de ces projets verront réellement le jour. On peut toutefois citer celui de Tony Garnier qui prévoyait de prolonger l'axe Perrache - Victor-Hugo - Bellecour - République - Opéra jusqu'au boulevard de la Croix-Rousse, au prix d'importantes démolitions sur les pentes et d'une reconstruction dans un style moderne. Cette montée monumentale devait déboucher sur un monument aux morts de la Grande Guerre en lieu et place du Gros Caillou, qui aurait été visible depuis la rive gauche, pendant laïque à Fourvière. La démolition de l'Hôtel-Dieu fut également soumise à concours. Il n'en serait resté que le bâtiment XVIIIe de Soufflot, tandis qu'un nouveau quartier aurait vu le jour en plein cœur historique. Enfin, la démolition-reconstruction du secteur de la Guillotière, autour de la place du Pont fut également envisagée.

Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, étant située en zone libre jusqu'en 1943, et très proche de la ligne de démarcation, la ville accueille les réfugiés et devient un foyer de résistance. Les traboules, très liées à l'histoire de Lyon, y contribuent beaucoup car elles permettent de fuir la Gestapo facilement. Jean Moulin est capturé à Caluire, dans sa banlieue. Le Centre d'histoire de la résistance et de la déportation, ancien siège de la Gestapo (voir Klaus Barbie, Paul Touvier), rend aujourd'hui hommage à ce passé. La ville est bombardée le 26 mai 1944 par l'aviation alliée.

Le 2 septembre, une patrouille de la DI US fait une incursion dans la ville. Le lendemain, la ville est libérée par la 1re DB, alors que 40 000 FFI menaient des opérations de harcèlement depuis le 30 août[18].

Les années 1980/1990

Évolution récente

La population augmente fortement dans les années 60, comme dans le reste du pays. Des grands ensembles d'habitation sont construits en périphérie (La Duchère, pour accueillir les rapatriés d'Algérie, Mermoz, Rillieux…). La modernisation entraîne une série de grands travaux urbanistiques, comme l'entreprise de la construction d'un quartier d'affaires à la Part-Dieu, le tunnel autoroutier de Fourvière ou la construction d'un métro (inauguré en 1978). L'expansion urbaine a également suscité la construction d'une ville nouvelle à L'Isle-d'Abeau et d'un nouvel aéroport à Satolas (1975), rebaptisé depuis peu, aéroport Saint-Exupéry.

Sources

  • Lucien Musset, Les Invasions, le second assaut contre l’Europe chrétienne, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 1965, 2e édition 1971
  • Visages du Lyonnais, ouvrage collectif - Ed des Horizons de France - 1952

Bibliographie

  • André Latreille, Histoire de Lyon et du Lyonnais, Privat, 1975, avec Richard Gascon & al. ISBN 2-70894-701-X
  • Jean-Pierre Gutton, Histoire de Lyon illustrée, Toulouse, Le Pérégrinateur Éditeur, 2008, ISBN 2-910352-48 X
  • Bruno Benoît et Roland Saussac, Histoire de Lyon

Notes et références

  1. Voir Lucien Musset, Les invasions, le second assaut contre l’Europe chrétienne
  2. Paris compte alors 200 000 habitants
  3. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ), p 230
  4. a  et b Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ), p 253
  5. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ), p 286-287
  6. Jouanna, Arlette and Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi, Guy Thiec. Histoire et dictionnaire des Guerres de religion. (Paris: Laffont, 1998) (ISBN 2-221-07425-4), pp. 421-422, Collection: Bouquins.
  7. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ) p 389
  8. Henri IV réorganise le Consulat en réduisant à 4 le nombre des échevins et et en leur donnant pour chef un prévôt des marchands qu'il nomme lui-même
  9. Frédéric Bluche, Septembre 1792. Logiques d'un massacre, Paris, Robert Laffont, 1986, ISBN 2-221-04523-8, p 105-106
  10. « la soie représente en 1835 un tiers des exportations d’objets manufacturés de la France » Sources : http://www.scop.org/laviedesscop/rightb02.htm
  11. La soie à Lyon : une initiative du pouvoir royal
  12. Les inventions qui ont changé le monde, Édition Sélection du reader's digest, 1982. ISBN : 2-7098-0101-9
  13. Histoire des Prud'Hommes
  14. La Troisième République 1870-1940 de Paul Baquiast
  15. L'Identité politique de Lyon, Bruno Benoit
  16. L'identité politique de Lyon, Bruno Benoit
  17. L'assassinat du Commandant Arnaud en 1870. N'est-ce pas Marianne qu'on assassine ?, Bruno Benoit, Centre Pierre Léon
  18. Stéphane Simonnet, Atlas de la Libération de la France, éd. Autrement, Paris, 1994, réimp. 2004 (ISBN 2-7467-0495-1), p 32

Voir aussi

Articles connexes

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