- Corporations d'arts et métiers médiévales (Florence, Italie)
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L’Arte (pluriel Arti) est, depuis le Moyen Âge, l'ensemble des gestes précis concernant une pratique maîtrisée entre la science théorique et la pratique spontanée et va prendre son sens définitif connu aujourd'hui (Beaux-Arts).
Le mot s'applique donc d'abord pour la maîtrise d'une activité artisanale et ses savoirs transmis par les associations (guildes) ou les corporations des métiers qui protègent ainsi leurs savoir-faire, leurs secrets de fabrication, leur groupe. L'implication de ces corporations est d'abord économique, ensuite politique, mais aussi artistique par le soutien à certains artistes (Liste des œuvres commanditées).Le mot Arte, aussi appliqué à la production plastique artistique depuis l'antiquité se précisera par le nom de Beaux-Arts dès la naissance de la notion d'artiste signant ses œuvres et reconnu comme tel. Ce domaine nécessite autant regroupement et aide mutuelle par souci culturel mais aussi politique (implication des Médicis dans les Beaux-Arts et les artistes à Florence) ; les Arti marchandes s'impliqueront, par le même souci, envers la production artistique, en créant ce que nous appelons aujourd'hui le mécénat.
Sommaire
Histoire
Pour ces raisons, des riches et influentes corporations marchandes de Florence sont nommées Arti di Firenze et sont constituées au milieu du XIIe siècle à l'initiative d'une societas mercatorum de trois consuls en réaction d'opposition à la societas militium des aristocrates et de leurs alliés de la grande bourgeoisie, le popolo grasso.
Elles comportent également un chef militaire ou consul : le podestat dont la charge ne peut dépasser un an (Ainsi Jacopo di Cione inscrit à l'Arte dei Medici e Speziali en 1369, en devient le podestat de la corporation en 1384, en 1387 et en 1392).
Initialement de Calimala (le Change et la Laine - Cambio e Lana), dès 1193, plusieurs autres Arti s'en détachent et constituent les Arti maggiore dès le milieu du XIIIe siècle :
Toutes les corporations de la ville furent supprimées en 1770 par un décret du grand-duc Pierre-Léopold de Lorraine.
Les 7 Arts majeurs - Arti de Calimala
- Arte di Calimala : production et commerce de draps - affinés de l'écru - et par conséquence négoce mais aussi importation d'épices, de parfums, de bijoux, d'étoffes précieuses, exportation de blé
- Arte del Cambio : Le Change et les banquiers
- Arte della Seta o di Por Santa Maria : Les Soyeux et les Orfèvres
- Arte della Lana : la Laine
- Arte dei Vaiai e Pellicciai : Les Pelletiers et Fourreurs
- Arte dei Giudici e Notai : Les Juges et Notaires
- Arte dei Medici e Speziali : les Médecins et Apothicaires, mais aussi barbiers, épiciers, merciers et marchands de couleurs (pour le secret de leur fabrication) ; pour ces dernières raisons les peintres leur sont associés.
Les Arts mineurs - Arti minori
Ils apparaissent à partir de 1289 :
- Arte dei Linaioli e Rigattieri : Tisseurs de Lin et fripiers
- Arte dei Calzolai : Chaussetiers
- Arte dei Fabbri : Forgerons et Métalliers
- Arte dei Maneschalchi : Maréchaux-ferrants
- Arte dei Beccai : Bouchers
- Arte dei Vinattieri : Marchands de vin, taverniers
- Arte degli Albergatori : Aubergistes
- Arte degli Oliandoli e Pizzicagnoli : Marchands d'huile, sel et fromages
- Arte dei Corazzai e Spadai : Tanneurs
- Arte dei Corazzai : Armuriers
- Arte dei Chiavaioli : Serruriers
- Arte dei Correggia : Corroyeurs
- Arte dei Maestri di Pietra e Legname : Marchands de pierres et de bois travaillés
- Arte dei Fornai : Boulangers
- Arte dei Cuoiai e Galigai : Artisans du cuir et les selliers.
La cotisation assez élevée que paient les membres, écartant les petits employeurs ou artisans regroupe par le fait des associations d'employeurs.
Ainsi les poissonniers, le prolétariat urbain et le monde agricole, pourtant acteurs économiques, en sont complètement exclus (le popolo minuto et les ciompi).Traces historiques dans la ville
Les œuvres commanditées par Calimala :
- les portes de bronze doré du baptistère San Giovanni,
- la façade de l'église de San Miniato al Monte et leur signature par l'aigle dorée figurant au sommet.
- Le Caroccio, char guerrier, également du baptistère Saint-Jean, orné de marbres précieux et de mosaïques et restauré par leurs soins en 1280.
- les statues de leurs saints protecteurs sur les piliers de la chapelle Orsanmichele, ancienne loggia et entrepôts qu'elles occupaient :
L'Arte della Lana a été responsable de la bonne marche de la construction du Duomo sur les plans de Filippo Brunelleschi.
Liste complète des saints protecteurs des Arti des tabernacles de Orsanmichele
- La Madone de la rose - Madonna della Rosa (1399) de Pietro di Giovanni Tedesco - commandité par Medici e Speziali (Médecins et Apothicaires)
- Les Quatre Saints couronnés (1408) de Nanni di Banco - commandité par Maestri di Pietra e Legname (Charpentiers et Maçons)
- Saint Luc (1405-1410) de Giambologna - commandité par Giudici e Notai (Juges et Notaires)
- Saint Marc (1411) de Donatello - commandité par Linaivoli e Rigattieri (Tisseurs de lin et Fripiers)
- Saint Philippe (1412-1414) de Nanni di Banco - commandité par Calzauoli (Chausseurs)
- le Christ et Saint Thomas (1467-83) de Andrea del Verrocchio - commandité par Tribunale di Mercanzia (Tribunal des Marchands)
- Saint Eloi (1411-1415) de Nanni di Banco - commandité par Maneschalchi (Maréchaux-ferrands)
- Saint Jacques (1415) de Lamberti - commandité par Pellicciai (Fourreurs et Maroquiniers)
- Saint Pierre (1415) de Bernardo Ciuffagni - commandité par Beccai (Bouchers)
- Saint Jean le Baptiste (1414-1416) de Lorenzo Ghiberti - commandité par Calimala (Négociants de Laine affinée)
- Saint Georges (1416) de Donatello - commandité par Corazzai (Armuriers)
- Saint Matthieu (1419-1420) de Lorenzo Ghiberti - commandité par Cambio (Changeurs)
- Saint Etienne (1428) de Lorenzo Ghiberti - commandité par Lana (Tisseurs de Laine)
- Saint Jean l'évangéliste de Baccio da Montelupo - commandité par Seta (Soyeux et Orfèvres)
Bibliographie
- Giulio Gandi, Le Arti maggiori e minori in Firenze : con numerose illustrazioni di Firenze scomparsa, Multigrafica, Rome, 1971.
- Marco Giuliani, Luca Giannelli, Le arti fiorentine, Scramasax, Florence, 2006.
- Paola Grifoni, Francesca Nannelli, Le statue dei santi protettori delle arti fiorentine e il Museo di Orsanmichele, Quaderni del servizio educativo, Edizioni Polistampa, Florence, 2006.
- Yves Renouard, Les Villes d'Italie de la fin du Xe siècle au début du XIVe siècle, 1968, nouvelle édition par Ph. Braunstein, 1969, SEDES, Tome 2, pp. 364 365.
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