- Végétarisme
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Le végétarisme est une pratique alimentaire qui exclut la consommation de chair animale. Selon la définition qu'on en fait[1], le végétarisme peut exclure ou inclure certains produits issus du règne animal comme les produits laitiers, les œufs, le miel, etc. Lorsque ces produits sont exclus, on parlera alors de végétarisme pur ou de végétalisme; dans le cas contraire, on utilisera des termes tels que lacto-végétarisme, ovo-végétarisme, etc.
Sommaire
- 1 Histoire
- 2 Répartition mondiale
- 3 Formes de végétarisme
- 4 L'équilibre nutritionnel
- 5 Motivations
- 6 Critiques
- 7 Dans la culture
- 8 Notes et références
- 9 Voir aussi
Histoire
Le mot végétarisme apparaît au XIXe siècle, cette pratique ayant été appelée « abstinence » dans un premier temps, puis « xérophagie » ou « diète végétale »[3], en Occident du moins ; les végétariens étaient appelés jusque là « pythagoréens »[4], en référence au philosophe Pythagore. La Vegetarian Society (qui eut comme membre M. K. Gandhi), fondée en 1847, écrit qu'elle a créé le mot végétarien à partir du Latin vegetus signifiant « sain, frais, vivant », comme, par exemple, dans l'ancienne expression homo vegetus désignant un homme sain de corps et d'esprit[5],[6]. L'Oxford English Dictionary écrit que le mot pris un usage général après la formation de la Vegetarian Society à Ramsgate en 1847, bien que donnant deux exemples d'utilisation en 1839 et en 1842[7].
Le régime végétarien a été prôné par de nombreux courants philosophiques, notamment indiens (hindous, jaïns et bouddhistes, dans le cadre de l'Ahimsâ) et grecs (essentiellement l'orphisme, le pythagorisme, et les disciples d'Empédocle) ainsi que par plusieurs personnalités et mouvements juifs[8] (esséniens par exemple), chrétiens[9],[10],[11] et musulman (au sein du soufisme)[12].
Tout au long de son histoire, la dimension éthique et non-violente du végétarisme a été soutenue et pratiquée par de très nombreuses personnalités, comme le Maharishi Vyāsa[13], le philosophe du yoga Patanjali, les rois hindous Râma et Krishna[14], le poète hindou Valmiki[15], le philosophe grec Pythagore[16], le philosophe indien Mahavira (et les Tirthankaras), le philosophe sicilien Empédocle[17], l'empereur indien Ashoka[18],[19], le philosophe indien Gautama Bouddha[20],[21], le philosophe grec Théophraste[22],[23], le philosophe phénicien Porphyre de Tyr[24],[25],[26],[27], le philosophe grec Apollonius de Tyane[28], le philosophe latin Plotin[29], le philosophe grec Plutarque[30], le poète latin Ovide[31], le poète latin Horace[14], le poète latin Virgile[14],[32], le prophète iranien Zarathoustra[14],[33], le prophète iranien Mani[34], le poète tamoul Tiruvalluvar[35], le philosophe hindou Adi Shankara, le philosophe hindou Madhva[36], la mystique irakienne musulmane Rabia al Adawiyya[14],[37], l'empereur chinois Wudi[38],[39], l'empereur japonais Tenmu[40], le roi indien Kumârapâla[41],[42],[43], l'artiste flamand Pierre Paul Rubens[44], la femme politique birmane Aung San Suu Kyi[45], le philosophe hindou Chaitanya Mahaprabhu[46], le poète saint Kabîr[47],[12],[48], le Mahatma Gandhi[49] (avec une tendance nette au végétalisme[50]), le poète arabe Abu-l-Ala al-Maari (végétalien)[51], le poète indien Rabîndranâth Tagore[52], le physicien Albert Einstein[53], l'artiste italien Léonard de Vinci[54], le poète et philosophe indien Guru Nanak[55],[56], le philosophe hindou Jambeshwar Bhagavan[57], l'écrivain russe Léon Tolstoï[58], le philosophe anglais David Hartley[59], le philosophe américain Amos Bronson Alcott[60], le médecin américain John Harvey Kellogg[61], le poète anglais Percy Shelley[62], le poète britannique Lord Byron[63], le philosophe hindou Swaminarayan[64], l'écrivain tchèque Franz Kafka[65], l'écrivain irlandais George Bernard Shaw[66],[67], l'écrivain américain d'origine polonaise Isaac Bashevis Singer[68], l'écrivain israëlien Shmuel Yosef Agnon[69], le poète et homme politique français Alphonse de Lamartine[70], l'écrivain français Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre[71],[72], le géographe français Elisée Reclus[73], la féministe britannique Anna Kingsford, l'écrivain belge Maurice Maeterlinck[74],[44], le philosophe protestant et médecin alsacien Albert Schweitzer[75],[76]'[77],[78], l'écrivain iranien Sadeq Hedayat[79], le philosophe hindou A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada[80], le philosophe indien Jiddu Krishnamurti[81], la danseuse et femme politique indienne Rukmini Devi Arundale[82]ou l'écrivain d'origine belge Marguerite Yourcenar[83].
Actuellement, des personnalités telles que Paul McCartney[84] s'associent à Olivia Harrison, Yoko Ono, Sheryl Crow, Jeff Beck, Bryan Adams, Moby et fondent Meat Free Monday, « un jour sans viande » afin de sensibiliser l'opinion sur le retentissement de la consommation de viande sur l'écosystème : « manger moins de viande pour un monde meilleur[85] ».
Aujourd'hui, alors que la consommation de viande a quintuplé depuis 1950 au sein de l'humanité pratiquant la zoophagie[86], le végétarisme connaît un nouvel essor dans les pays industrialisés[87], pour des raisons d'ordre éthique[88] et écologique[89].
Répartition mondiale
Le végétarisme est une pratique minoritaire en France avec une estimation d'un million de personnes[90], soit environ un peu moins de 2 % de la population française[91], mais a été popularisé largement au Moyen-Âge dans le sud de la France grâce au catharisme[92], avant d'être combattu lors de la Croisade catholique et l'Inquisition à l'encontre des « Albigeois », puisque :
« Dès la fin du XIIe siècle dans le Midi de la France, « manger de la viande » et se convertir au catholicisme sont synonymes. »
— René Nelli, la vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle[92].
En Europe, l'Allemagne et l'Italie sont les pays qui regroupent le plus de végétariens, avec respectivement 8[90] et 6 millions d'individus[93]. Les États-Unis en comptent 25 millions[90]. Pour ce qui est du Moyen-Orient, c'est Israël qui a le pourcentage le plus élevé de végétariens, avec 8,5 % de sa population[94].
L'Inde est le pays où le végétarisme est le plus pratiqué au monde (le végétarisme indien excluant les œufs), avec un taux d'environ 40 % de la population[95], soit 450-500 millions de personnes[90] : c'est l'État du Gujarat qui possède le plus haut pourcentage de végétariens en Inde[42], avec 80 % de la population[96], soit plus de 40 millions de personnes.
Il existe dans le monde des villes strictement végétariennes de par la loi (prohibant la vente/consommation de viande et la présence d'abattoirs sur leur sol et leur périphérie), la plupart se trouvant en Inde. Ce sont des villes saintes de l'hindouisme ou du jaïnisme : Pushkar, Haridwar, Rishikesh[97], Ayodhya[98], Palitana[99] par exemple.
Bodh-Gaya, ville sainte du bouddhisme, à la demande des moines bouddhistes – et de l'acteur Richard Gere[100]–, pourrait devenir aussi une zone strictement végétarienne d'un point de vue juridique[101].
Le cas particulier de l'Inde
Le végétarisme en Inde est très répandu et a engendré des méthodes commerciales originales ; l'Inde, pays peuplé par plus d'un milliard d'habitants, est aussi celui où le pourcentage de la population végétarienne est le plus important. Beaucoup de restaurants en Inde se distinguent clairement – ainsi que les marchés –, comme étant « non-végétariens », « végétariens » ou « purs végétariens » (ce qui fait référence au régime lacto-végétarien).
Selon le Hindu-CNN-IBN de 2006[95], 31 % des Indiens sont lacto-végétariens, et 9 % sont lacto-ovo-végétariens : d'après cette étude, 40 % des Indiens sont donc végétariens dans le sens occidental du terme (absence de zoophagie), soit environ 500 millions de personnes (autant que la population de l'Union européenne).
Parmi toutes les communautés, le végétarisme est le régime le plus répandu chez les hindous avec 85% de pratiquants[102] (chez les jaïns, il est obligatoirement à 100 %) et le moins fréquent, respectivement, chez les musulmans (3% de végétariens), les chrétiens (8% de végétariens) et les habitants des zones côtières, consommateurs de poissons. Les femmes indiennes sont plus nombreuses que les hommes à être végétariennes. De même, les habitants du sud de l'Inde le sont plus souvent que leurs compatriotes du nord. Ces mêmes enquêtes indiquent que même les Indiens qui mangent de la viande le font très rarement (moins de 30% de consommateurs réguliers).
L'Inde a créé un système de label visible sur les produits fabriqués avec des ingrédients strictement végétariens : un point vert dans un carré vert. Une marque « point rouge dans un carré rouge » montre que l'aliment en question n'est pas strictement végétarien. Les médicaments sont marqués d'un label similaire : ainsi la pilule Omega-3 fabriquée à partir d'huiles de poissons est marquée avec un « point rouge dans un carré rouge » puisqu'elle utilise des ingrédients non-végétariens.
Formes de végétarisme
Il existe plusieurs formes de végétarisme :
- « ovo-lacto-végétarisme », la pratique la plus répandue dans les pays occidentaux[103], inclut les œufs, produits laitiers (fromage, beurre, yaourts...) et le miel.
- « lacto-végétarisme » (ou « végétarisme indien ») inclut les produits laitiers mais exclut les œufs[104].
- « ovo-végétarisme », à l'inverse du lacto-végétarisme, exclut tout produit laitier mais inclut les œufs[105].
- Les « végétaliens » se nourrissent uniquement de végétaux (plus des minéraux ou micro-organismes comme des levures ou des bactéries) et évitent la consommation de tout produit issu de l'exploitation animale (y compris les œufs, lait, fromage et miel).
- Le « véganisme » s'applique à ceux qui en plus d'être végétaliens, évitent d'utiliser tout produits d'origine animale (le cuir, la laine, la fourrure, la cire d'abeille et les produits cosmétiques testés sur les animaux par exemple)[106]. Un végane n'accepte que les produits non-issus de la souffrance d'un animal : végétaux, minéraux ou micro-organismes (non-testés sur les animaux).
- Le « fruitarisme » consiste à ne manger que des fruits, noix, graines et matières végétales qui peuvent être recueillies sans abîmer de plantes. Le principe derrière ce mode d'alimentation est de ne pas détruire de plantes pour se nourrir, ce qui peut être évité, dans une certaine mesure, si on se contente de récolter les fruits mûrs des arbres. Un fruitarien peut donc manger les haricots, les tomates, les cucurbitacées mais refuse de manger les tubercules (pommes de terre) et les épinards[107].
- Le « crudivorisme-véganisme » consiste à ne pas chauffer la nourriture à plus de 48 °C et à ne manger que des fruits et légumes crus, noix et pâtes de noix, germes de céréales et de légumineuses, graines, huiles végétales, légumes de la mer, herbes et jus de fruits frais. Les crudivores mangent les aliments crus pour des raisons de santé.
Certaines personnes se disent végétariennes mais mangent de la chair d'oiseaux (« volailles »), des fruits de mer, ou du poisson[108]. Dans ce cas, on parlerait plutôt de « semi-végétarisme »[109].
Les fromages fabriqués avec des enzymes animales (comme la présure) dont l'obtention nécessite la mort de l'animal, de la gélatine (E441), ou des œufs produits dans des fermes industrielles (poules généralement élevées dans des batteries de cages) sont également généralement proscris par les végétariens.
Régimes particuliers non-végétariens
Les régimes alimentaires suivants ne sont pas végétariens mais s'y rapprochent :
- Le « flexitarisme », consiste à introduire occasionnellement des produits d'origine animale dans un régime essentiellement végétarien.
- Le « pescetarisme » (ou « pesco-végétarisme »), qui inclut les produits provenant de la mer (poissons et fruit de mer) est le régime pratiqué par le médecin Andrew Weil, M.D. et recommandé dans son livre Eating Well for Optimum Health (Une bonne alimentation pour une santé optimale). Ce dernier se rapproche de la pratique alimentaire des catholiques pendant le vendredi de carême et plus traditionnellement, tous les vendredis. De nombreuses personnes, bien que se considérant elles-mêmes comme végétariennes, incluent du poisson ou de la volaille dans leur menu, entretenant la confusion entre pesco-végétarisme et végétarisme.
- L'approche « macrobiotique » fut définie par Georges Ohsawa : c'est une discipline alimentaire à caractère philosophique s'appuyant sur le principe du yin et du yang. Ce système se compose de dix façons de se nourrir portant des numéros : -3, -2, -1, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Les niveaux -3 à 3 ne sont pas végétariens. Les n°4 à 7 sont végétaliens et excluent les salades, crudités et fruits. Un macrobiotique peut naviguer entre tous les niveaux et n'est pas forcément végétarien ou végétalien.
L'équilibre nutritionnel
Article détaillé : Aliments non consommés en régime végétaliste.Le végétarisme est un régime alimentaire qui ne comporte pas plus de risque de carence qu'un régime alimentaire zoophage s'il est suffisamment diversifié. Cette diversification doit concerner principalement les sources de protéines (les haricots, les lentilles en contiennent énormément (21-24 %), et le soja, par exemple, contient 35-37% de protéines, contre 17% dans la viande bovine : en fait, les végétaux contenant beaucoup de protéines en apportent plus que la viande).
Les végétaliens, qui proscrivent non seulement la chair animale mais également les produits dérivés de l'élevage tels que le lait et les œufs, doivent être attentifs à la diversification de leur alimentation en ce qui concerne la vitamine b12, et peuvent avoir recours à des suppléments alimentaires. Comme dans d'autres régimes alimentaires, des déficiences en certains nutriments peuvent apparaître si l'alimentation n'est pas suffisamment variée[110].
L'industrie alimentaire utilise de nombreuses substances provenant d'animaux qui ne permettent pas un régime végétarien quand elles entrent dans la composition même de l'aliment (additifs), ni un régime végétalien quand ces denrées sont utilisées pour la production des aliments.
Comme dans tous les régimes alimentaires, les apports d'un régime végétarien doivent être principalement constitués de protides, glucides et lipides mais également comporter certaines substances comme les vitamines et minéraux en petites quantités. Les fibres quant à elles ne sont pas assimilables lors de la digestion mais participent à son bon déroulement.
Protides, glucides, lipides et fibres
Apport en protéines
Les protéines sont des polymères constitués de molécules plus petites, les acides aminés. Il existe vingt acides aminés différents dont huit sont dits essentiels pour l'Homme (neuf chez le nourrisson). Ces acides aminés essentiels ne peuvent être synthétisés par l'organisme à partir d'autres molécules et doivent absolument être apportés par l'alimentation. Si les protéines animales sont complètes, c'est-à-dire fournissent les acides aminés essentiels dans des proportions correspondant aux besoins humains, la plupart des protéines végétales sont incomplètes, un ou plusieurs acides aminés essentiels leur manquant[111]. Par exemple, la zéine, la principale protéine du maïs ne contient pas de lysine[112].
Cependant, les acides aminés essentiels peuvent facilement s'obtenir en quantité suffisante par la combinaison de différents aliments d'origine végétale tels qu'une céréale et une légumineuse. Cette association se retrouve d'ailleurs dans maints plats traditionnels de par le monde[113]. Seuls quelques rares espèces végétales contiennent la totalité des acides aminés (dont ceux dit essentiels) en quantité suffisante et équilibrée : le quinoa, le chènevis et les amaranthes. Par conséquent, pour pallier d'éventuelles carences dans le cadre d'un régime végétarien ou végétalien, quelques recommandations alimentaires sont fréquentes. En particulier, l'association de céréales (pauvres en un acide aminé essentiel appelé lysine, dont les besoins sont élevés au cours de la croissance) et des légumineuses (pauvres quant à elles en méthionine)[114]. D'autres part, certains nutritionnistes recommandent de veiller à ce que les 8 acides aminés essentiels soient tous présents durant la digestion (dans l'intestin grêle), faute de quoi la synthèse des protéines se trouve bloquée[115] ; d'autres nuancent et estiment suffisant que cette combinaison céréales-légumineuses se produise au cours d'une même journée[116]. Les autres acides aminés essentiels sont présents en bonnes quantités dans la plupart des sources protéiques végétales. L'Association américaine de diététique déclare : « À elles seules, les sources végétales de protéines peuvent fournir des quantités adéquates d'acides aminés si elles sont consommées de façon variée et que les besoins énergétiques sont satisfaits ».
Apport en glucides
Les végétaux tels que les céréales, racines, fruits et légumes sont très riches en glucides. Comme dans tout régime alimentaire, il faut minimiser les apports en sucres simples et privilégier les apports en sucres lents. En effet, les sucres simples, et notamment le saccharose, appelé couramment sucre, consommés en excès sont susceptibles d'entraîner une prise de poids et le développement de maladies comme le diabète. La plupart des fruits cependant, bien que riches en sucres simples apportent également beaucoup de vitamines et de fibres[117]. Par contre, les confiseries, confitures, peuvent ne pas contenir de substance d'origine animale mais n'en sont pas moins, de par leur richesse en sucres simples, à consommer en petites quantités.
Apport en lipides
Les apports en Lipides ne sont pas problématiques dans le cadre d'une alimentation végétarienne ou végétalienne. En effet, la seule carence possible peut provenir de l'absence de certains acides gras insaturés dits essentiels car non produits par l'organisme. C'est par exemple le cas de l'acide linoléique[112]. Or, la plupart des huiles végétales permettent un apport suffisant en ces acides gras essentiels.
Les graisses d'origines végétales sont par ailleurs bien plus saines pour l'organisme que celles qui proviennent des animaux, car elles préviennent les maladies cardiovasculaires[118] et préviennent l'apparition d'athérosclérose[118].
Apport en fibres alimentaires
Essentielles au bon déroulement de la digestion intestinale, les fibres alimentaires se trouvent quant à elles en grande quantité dans presque tous les fruits, légumes et céréales.
Les apports et les carences en vitamines
La provitamine A, présente dans de nombreuses tubercules et racines, est convertie en vitamine A dans les parois de l'intestin.
Mis à part la vitamine B12 (cf. ci-dessous), les vitamines B se trouvent toutes facilement dans le règne végétal. Les légumes, céréales, légumineuses et noix en renferment en bonnes quantités.
La vitamine B12 (ou cobalamine) pose un problème particulier; on en trouve dans le lait et les œufs, mais cet apport risque d'être insuffisant, sauf pour une personne végétarienne qui en consommerait de grandes quantités. Il est recommandé aux végétaliens, mais aussi aux lacto-ovo-végétariens, de veiller à un apport sous forme de complément alimentaire.
La vitamine C se trouve en abondance dans les fruits et légumes.
La vitamine D n'est pas présente dans les végétaux, mais elle est fabriquée par la peau lors de l'exposition au soleil. Une supplémentation peut être conseillée dans le cas de personnes à la peau foncée (qui produit moins de vitamine D) et/ou s'exposant peu au soleil, surtout dans le cas des enfants. La vitamine D (d'origine végétale) se trouve aussi parfois en supplémentation dans certains aliments du commerce. Les lacto-ovo-végétariens en trouveront également dans les produits laitiers et, dans une moindre mesure, dans les œufs.
Les huiles végétales et le son de blé sont d'excellentes sources de vitamine E.
Les légumes verts et les laitages contiennent de la vitamine K en grande quantité.
Les nutriments minéraux
Le calcium est présent dans tous les végétaux, particulièrement dans les parties feuillues; par exemple, dans les épinards. Les brocoli et d'autres types de chou sont également riches. Le lait de soja du commerce et les yaourts de soja sont souvent supplémentés en calcium, au même taux que le lait de vache (environ 1200 mg/l). Certaines eaux minérales, ainsi que l'eau du robinet dans certaines régions, sont elles aussi une source importante. Les purées d'oléagineux comme la purée d'amandes complètes ou de sésame contiennent de grandes quantités de calcium. Le lait de vache est une source riche pour les lacto-végétariens.
Les légumineuses telles que lentilles, haricots ou pois sont de bonnes sources de fer. Idem pour les purées d'oléagineux (amandes, sésame...), la mélasse ou le sucre complet. Bien qu'il soit non héminique, le fer d'origine végétale est bien absorbé par l'organisme grâce à la vitamine C.
Les algues marines et le sel iodé sont des sources notables d'iode dans l'alimentation. Les végétaux en sont une source aléatoire, leur richesse en iode dépendant de celle du sol où ils poussent.
Le magnésium se trouve dans les légumes et fruits comme les bananes et les amandes.
Parmi les sources de manganèse, l'on peut citer le riz (surtout complet), l'avocat ou encore les œufs.
Le sélénium se retrouve dans les champignons, les endives ainsi que l'ail.
Dans le monde végétal, le zinc se trouve principalement dans les noix et amandes. On en trouve également dans les produits laitiers.
De nombreux oligoéléments, minéraux et éléments chimiques, parmi lesquels figurent le fluor, le cuivre, le chrome ou le brome, sont présents dans l'eau minérale ou de source.
Motivations
La décision de devenir végétarien peut être due à une combinaison de raisons :
Éthique
Les « végétariens éthiques » considèrent que la majorité de la population mondiale ne se nourrit de viande que par tradition, par commodité, par simple habitude ou pour le plaisir. Ces justifications ne leur apparaissent pas suffisantes pour la souffrance occasionnée par la production de viande, en accord avec Rabîndranâth Tagore, (premier prix Nobel de littérature de l'Asie, en 1913), qui a dit à ce sujet :
« Nous arrivons à manger de la chair animale, uniquement parce que nous ne pensons pas à la cruauté de cet acte[119]. »
Ce type de végétarisme est souvent associé avec le mouvement de Libération animale, quand bien même tous les végétariens éthiques ne souscrivent pas à cette notion de droit de l'animal. Néanmoins, cette éthique peut avoir d'autre source philosophique et ce, depuis l'Antiquité ; ainsi, le philosophe et prêtre d'Apollon à Delphes, Plutarque, et le poète latin Ovide (en référence à Pythagore), défendent le végétarisme selon un point de vue éthique :
« Pour un peu de chair, nous leur ôtons la vie, le soleil, la lumière et le cours d'une vie préfixé par la nature : et nous pensons que les cris qu'ils jettent de peur ne sont point articulés, qu'ils ne signifient rien, là où ce ne sont que prières, supplications et justifications de chacune de ces pauvres bêtes qui gémissent.(...) Regardons-nous comme indifférente la perte d'une âme ? Je veux que ce ne soit pas, comme le croit Empédocle, celle d'un père, d'une mère, d'un fils ou d'un ami ; c'est toujours celle d'un être qui sent, qui voit et qui entend, qui a de l'imagination et de l'intelligence, facultés que chaque animal a reçues de la nature pour se procurer ce qui lui convient et éviter ce qui peut lui nuire. »
— Plutarque, S'il est loisible de manger chair[120],[121].
« Comme il se fait d’horribles goûts, comme il se prépare à verser un jour le sang humain, celui qui égorge de sang-froid un agneau, et qui prête une oreille insensible à ses bêlements plaintifs ; celui qui peut sans pitié tuer le jeune chevreau et l’entendre vagir comme un enfant ; celui qui peut manger l’oiseau qu’il a nourri de sa main ! Y a-t-il loin de ce crime au dernier des crimes, l’homicide ? N’en ouvre-t-il pas le chemin ? Laissez le bœuf labourer, et ne mourir que de vieillesse ; laissez les brebis nous munir contre le souffle glacial de Borée, et les chèvres présenter leurs mamelles pleines à la main qui les presse. Plus de rêts et de lacs, plus d’inventions perfides ; n’attirez plus l’oiseau sur la glu, ne poussez plus le cerf épouvanté dans vos toiles, ne cachez plus, sous un appât trompeur, la pointe de l’hameçon. »
— Ovide, Les Métamorphoses, livre XV[122].
L'antispécisme est un mouvement philosophique et politique qui considère que tous les êtres sensibles (capables de ressentir de la souffrance, du plaisir et d'autres sensations et émotions) sont égaux en un sens moral ; et qu'en conséquence, les intérêts d'un animal non humain à ne pas souffrir ou à vivre une vie heureuse et satisfaisante ont autant d'importance que les intérêts équivalents d'un humain. Dès lors, selon ce mouvement, le spécisme est une discrimination arbitraire fondée sur l'espèce, tout comme le racisme est une discrimination arbitraire fondée sur la race et le sexisme une discrimination arbitraire fondée sur le sexe. Sur cette question, Peter Singer, célèbre philosophe utilitariste, cite le philosophe Jeremy Bentham qui écrivait, en allusion au Code noir de Louis XIV régissant l'esclavage[123] :
« Les Français ont déjà découvert que la noirceur de la peau ne constitue pas une raison justifiant qu'un être humain soit abandonné sans recours possible aux caprices de quelqu'un qui le tourmente. Un jour viendra peut-être où on reconnaîtra que le nombre de pattes, la villosité de la peau ou la terminaison de l'os sacrum sont des raisons également insuffisantes pour abandonner un être sensible au même sort. (...) Un chien ou un cheval adulte, est, au delà de toute comparaison possible, un être plus rationnel, et aussi plus apte à la conversation, qu'un nouveau-né d'un jour, d'une semaine ou même d'un mois. Mais, à supposer même qu'il en soit autrement, que s'ensuivrait-il ? La question n’est pas : « peuvent-ils raisonner ? » ou « peuvent-ils parler ? » mais : « peuvent-ils souffrir ? » »
— Jeremy Bentham, An Introduction to the Principles of Morals and Legislation (éd. 1780)[124].
Peter Singer reprend l’affirmation à son compte en disant : « Un chimpanzé ou un cochon, par exemple, se rapproche bien plus du modèle d'être autonome et rationnel qu'un nouveau-né » et pousse le raisonnement plus loin en déclarant : « s’il n’est pas acceptable de prendre la vie d’un enfant abandonné ayant subi des dommages importants au cerveau, il n’est pas acceptable de tuer un chien ou un cochon à un niveau mental équivalent[125] ». Cette dernière affirmation, liée à un débat parallèle qu’il a suscité sur la distinction entre « considération égale des intérêts et traitement égal » a provoqué des polémiques et critiques diverses, en particulier dans les milieux chrétiens[126].
Cette critique correspond de manière plus large à celle du « posthumanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste et dont Claude Lévi-Strauss est, par exemple, le plus illustre représentant :
« C'est maintenant (...) qu'exposant les tares d'un humanisme décidément incapable de fonder chez l'homme l'exercice de la vertu, la pensée de Rousseau peut nous aider à rejeter l'illusion dont nous sommes, hélas ! en mesure d'observer en nous-mêmes et sur nous-mêmes les funestes effets. Car n'est-ce-pas le mythe de la dignité exclusive de la nature humaine qui a fait essuyer à la nature elle-même une première mutilation, dont devrait inévitablement s'ensuivre d'autres mutilations ? On a commencé par couper l'homme de la nature, et par le constituer en règne souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir qu'il est d'abord un être vivant. Et en restant aveugle à cette propriété commune, on a donné champ libre à tous les abus. Jamais mieux qu'au terme des quatre derniers siècles de son histoire l'homme occidental ne put-il comprendre qu'en s'arrogeant le droit de séparer radicalement l'humanité de l'animalité, en accordant à l'une tout ce qu'il refusait à l'autre, il ouvrait un cercle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d'autres hommes, et à revendiquer au profit de minorités toujours plus restreintes le privilège d'un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l'amour-propre son principe et sa notion. »
— Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale (1973).
D'autres motivations, plus précises dans la définition éthique, existent, comme le principe de non-violence, qui est la raison majoritaire du végétarisme pour l'humanité le pratiquant, majorité qui est hindoue (la « non-violence » originale, ou l'ahimsa, base politique de la vie en société hindoue selon les Lois de Manu[127], est synonyme de végétarisme/végétalisme/véganisme), ou la volonté de revaloriser la mort et la souffrance jusqu'alors banalisées :
« Tout ce verbiage sur la dignité, la compassion, la culture ou la morale semble ridicule lorsqu’il sort de la bouche même de ceux qui tuent des créatures innocentes, pourchassent des renards que leurs chiens ont épuisés, ou même encouragent l’existence des combats de taureaux et des abattoirs. Toutes ces explications, selon lesquelles la nature est cruelle et donc nous sommes en droit d’être cruels, sont hypocrites. Rien ne prouve que l’homme soit plus important qu’un papillon ou qu’une vache. Je considère le fait d’être devenu végétarien comme la plus grande réussite de ma vie. Je ne prétends pas sauver beaucoup d’animaux de l’abattoir, mais mon refus de manger de la viande est une protestation contre la cruauté… Personnellement, je ne crois pas qu'il puisse y avoir de paix dans ce monde tant que les animaux seront traités comme ils le sont aujourd’hui. »
— Isaac Bashevis Singer, The Letter Writer.
Droit
Le végétarisme est une pratique qui peut être motivé par le droit – défini comme l'« ensemble des règles qui régissent la conduite de l'homme en société, les rapports sociaux[128] », dans le cadre évidemment du droit considérant comme nécessaire les droits des animaux.
Le végétarisme (ou l'interdiction de tuer/manger un animal), en tant que norme à faire respecter par des lois, existe depuis l'Antiquité, avec, en Inde, les édits de l'empereur Ashoka (v. 304 av. J.-C. - 232 av. J.-C.), au Gujarat, les lois du roi jaïn Kumârapâla (1143–1172)[41],[42],[43], et, au Japon, les lois promulguées (en 676 ap. J.-C.) par l'empereur Temmu[40] par exemple, mais aussi en Europe à l'époque présocratique, avec, en particulier, Pythagore et Empédocle[129] :
« Cicéron rapproche de manière critique les deux philosophes [Pythagore et Empédocle] quand il rapporte qu'à leurs yeux, tous les vivants jouissant du même droit, il fallait que les mêmes sanctions frappent les homicides et ceux qui tuent des animaux[130] : les hommes (...) ne forment pas seulement une communauté avec les dieux, mais avec les bêtes (...) – en vertu, dit le Sceptique Sextus Empiricus, d'un « esprit un qui pénètre, à la façon d'une âme, le cosmos tout entier[130] » »
— Elisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité, p.66[129].
Aujourd'hui, c'est le philosophe américain Tom Regan, professeur à l'université d'État de Caroline du Nord (et président en 1993 de l' American Society for Value Inquiry), qui est célèbre pour sa défense du végétarisme et des animaux dans le cadre du droit ; en premier lieu, il prend appui, pour développer sa théorie du droit, sur la considération de la vie mentale des animaux, considérée selon leur degré de complexité, et en arrive à ce bilan :
« La conclusion de T. Regan est la suivante : certains animaux ont une vie mentale suffisamment complexe pour avoir une expérience propre de leur bien-être. En d'autres termes, ils ont une vie mentale assez complexe pour que ce qui leur arrive leur importe. »
— Jean-Yves Goffi, Droits des animaux et libération animale, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik[131].
Ce faisant, les conséquences de ce point de vue amènent à considérer l'animal en tant que tel comme détenteur de droits :
« Les êtres qui sont les sujets d'une vie ont une valeur inhérente. Seul le langage des droits est apte à exprimer l'exigence de ne pas leur infliger des dommages sans des raisons contraignantes. (...) On est le sujet d'une vie dès lors qu'on est capable de manifester une vie mentale assez complexe pour s'intéresser à son bien-être (...). Il s'ensuit que les animaux sont des sujets d'une vie et qu'ils sont des titulaires de droits, même s'ils ne le savent pas. »
— Jean-Yves Goffi, Droits des animaux et libération animale, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik[132].
Les obligations qu'impose une telle conception du droit vont au-delà de la pratique du végétarisme :
« Tom Regan considère comme injustifiables des pratiques ou des institutions comme la chasse, la pêche, l'alimentation carnée, les cirques, les zoos, l'élevage intensif. (...) Il englobe dans la même condamnation l'expérimentation sur l'animal dans une perspective médicale ou biologique (...). Il n'admet de transgression au principe de (non)-dommage que dans des cas soigneusement définis d'auto-défense.(...) Être le sujet d'une vie (...) suffit à conférer des droits et à justifier la protection du titulaire de ces droits, avant même que quoi que ce soit ait été énoncé à propos de ce qui rend la vie digne d'être vécue. La puissance publique doit protéger impartialement ces droits, indépendamment de toute conception du bien et du mal[133]. »
— Jean-Yves Goffi, Droits des animaux et libération animale, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik[134].
Ce point de vue est partagé (mais élargi à tout être vivant sensible et non aux seuls animaux qui ont des capacités cognitives complexes[44]) par le professeur de droit à l'université d'État du New Jersey – Gary Francione[44], qui écrit[135] :
« Le mouvement pour les droits des animaux soutient que tous les êtres sensibles, humains ou non, ont un droit : le droit fondamental à ne pas être traités comme la propriété d'autrui. Notre reconnaissance de ce droit fondamental signifie que nous devons abolir – et non pas simplement réglementer – les pratiques établies d'exploitation animale, parce qu'elles supposent que les animaux sont la propriété des humains. (...) Nous considérons que le pas principal vers l'abolition que chacun de nous peut franchir consiste à adopter un mode de vie végan et à éduquer le public sur ce mode de vie[136],[137]. »
Ce rapport au droit se veut donc une conception de la justice concernant les êtres humains ou non humains pour le bénéfice de tous ; ainsi, dans l’introduction de Vegetarianism, a way of life, de Dudley Giehl, Isaac Bashevis Singer écrit :
« Tant que les êtres humains continueront à répandre le sang des animaux, il n’existera pas de paix dans le monde. La distance qui existe entre la création des chambres à gaz à la Hitler et les camps de concentration à la Staline n’est que d’un pas, car tous ces actes ont été perpétrés au nom d’une justice sociale et il n’y aura aucune justice tant que l’homme empoignera un couteau ou un pistolet pour détruire des êtres plus faibles que lui. »
Dans le même sens, Charles Patterson, résumant la pensée de Theodor W. Adorno, écrit dans Eternal Treblinka:
« Auschwitz commence partout où quelqu'un regarde un abattoir et pense: ce sont seulement des animaux. »
Dégradation de la condition animale
Le végétarisme/végétalisme/véganisme peut s'affirmer en tant que mesure de boycott nécessaire contre la dégradation de la condition animale, surtout depuis les deux derniers siècles :
« Aucune civilisation n'a jamais infligé d'aussi dures souffrances aux animaux que la nôtre, au nom de la production rationnelle « au coût le plus bas ». (...) N'ayons pas peur des mots : la France est couverte de camps de concentration et de salles de torture. (...) Pour ces millions, pour ces milliards d'animaux, le simple fait de vivre, depuis la naissance jusqu'à la mort, est un supplice de chaque seconde (...). »
— Armand Farrachi, Pitié pour la condition animale[138].
En effet, le philosophe Jacques Derrida, qui considère la question de l'« animal » comme centrale dans son œuvre de déconstruction[146], (avec son ouvrage posthume L'animal que donc je suis), insiste sur les « proportions sans précédent de cet assujettissement de l'animal »[147] né « de la violence industrielle, mécanique, chimique, hormonale, génétique, à laquelle l'homme soumet depuis deux siècles la vie animale »[147], violence à l'encontre des animaux comparée par le philosophe à la Shoah (génocide qui tient son caractère « exceptionnel » du fait qu'il est aujourd'hui encore le seul de type industriel[129]) :
« De quelque façon qu'on l'interprète, quelque conséquence pratique, technique, scientifique, juridique, éthique, ou politique qu'on en tire, personne aujourd'hui ne peut nier cet événement, à savoir les proportions sans précédent de cet assujettissement de l'animal. (...) Personne ne peut plus nier sérieusement et longtemps que les hommes font tout ce qu'ils peuvent pour dissimuler ou pour se dissimuler cette cruauté, pour organiser à l'échelle mondiale l'oubli ou la méconnaissance de cette violence que certains pourraient comparer aux pires génocides (il y a aussi des génocides d'animaux : le nombre des espèces en voie de disparition du fait de l'homme est à couper le souffle). De la figure du génocide il ne faudrait ni abuser ni s'acquitter trop vite. Car elle se complique ici : l'anéantissement des espèces, certes, serait à l'œuvre, mais il passerait par l'organisation et l'exploitation d'une survie artificielle, infernale, virtuellement interminable, dans des conditions que des hommes du passé auraient jugées monstrueuses, hors de toutes les normes supposées de la vie propre aux animaux ainsi exterminés dans leur survivance ou dans leur surpeuplement même. Comme si, par exemple, au lieu de jeter un peuple dans des fours crématoires et dans des chambres à gaz, des médecins ou des généticiens (par exemple nazis) avaient décidés d'organiser par insémination artificielle la surproduction et la surgénération de Juifs, de Tziganes et d'homosexuels qui, toujours plus nombreux et plus nourris, aurait été destinés, en nombre toujours croissant, au même enfer, celui de l'expérimentation génétique imposée, de l'extermination par le gaz et par le feu. Dans les mêmes abattoirs. (...) Si elles sont « pathétiques », ces images, c'est aussi qu'elles ouvrent pathétiquement l'immense question du pathos et du pathologique, justement, de la souffrance, de la pitié et de la compassion. Car ce qui arrive, depuis deux siècles, c'est une nouvelle épreuve de cette compassion. »
— Jacques Derrida, L'Animal que donc je suis.
Cette position de Jacques Derrida sur la dégradation irrésistible de la condition de l'animal, (jusqu'à en faire, à la manière d'Isaac Bashevis Singer, une autre Shoah), n'a rien d'isolée ; la philosophe Elisabeth de Fontenay pense d'ailleurs que cette dévalorisation de l'animal (jusqu'à sa réduction à l'état de « chose », de « produit », de « machine »), en parallèle avec sa condition devenant au fil des siècles de plus en plus lamentable pour en devenir insoutenable à l'époque industrielle[129], commence à l'ère chrétienne[129], où des philosophes – en référence à la théologie – verrouillent le propre de l'homme, et ce, en ressassant les traits qui le différencient des autres animaux considérés comme négligeables (faisant de l'Antiquité « en quelque sorte un âge d'or pour les bêtes »)[129] :
« « Nous » mangeons n'importe quoi et n'importe comment, nous donnons la vie aux bêtes, nous les faisons vivre et mourir dans le processus d'une technicité « rationnelle » qui n'est pas sans rapport avec les techniques de concentration, sinon d'extermination, qui ont marqué le XXe siècle du sceau de l'irreprésentable. (...) La pensée de la condition moderne (...) est celle d'un vivant tellement profane qu'on ne peut même plus le profaner (...). (...) Je me demande (...) quelle manière d'être ensemble (...) pourrait aider à réinscrire l'animal dans une chaîne symbolique qui ne fasse plus bon marché de lui. »
— Elisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité, p.716.
Au XIXe siècle, Jules Michelet est l'un des premiers à dénoncer les exactions écologiques (dans le même mouvement que celui des crimes coloniaux)[129] ; ainsi, dans son œuvre La Montagne (1868), l'historien écrit :
« « Nos voyages de savants qui font tant d'honneur aux modernes, le contact de l'Europe civilisatrice qui va partout, ont-ils profité aux sauvages ? Je ne le vois pas. (...) Les conquérants, les missionnaires, les marchands ont massacré, épuisé, abruti et vérolé les populations, ils ont produit le désert. (...) On peut juger que si l'homme a ainsi traité l'homme, il n'a pas été plus clément ni meilleur pour les animaux. Des espèces les plus douces, il a fait d'horribles carnages, les a ensauvagées et barbarisées pour toujours. » (...) Car tous les récits de voyageurs concordent : il fut un temps où les lamantins, les phoques, les pingouins, les manchots, les baleines aimaient la compagnie de l'homme... »
— Elisabeth de Fontenay, le silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité, p. 624-625.
Enfin, si, au fil des siècles jusqu'à nos jours, la dégradation de la condition de l'animal, au niveau mondial, est incontestable, cette dégradation s'accompagne de la disparition formelle de ces animaux qui n'ont pourtant jamais été autant utilisés par l'homme en tant que moyens ; c'est ce que Jacques Derrida appelle « l'horizon des fins de l'animal » :
« L'horizon des fins de l'animal (...) est l'horizon d'une hypothèse réelle, si je puis dire. (...) Ce spectacle ne peut se former que comme le symptôme d'un désir ou d'un phantasme : le tableau d'un monde après l'animalité, d'abord présente à l'homme, aurait un jour disparu. Elle aurait été détruite ou anéantie par l'homme, soit purement et simplement, ce qui paraît à peu près impossible même si on se sent en route vers ce monde sans animaux, soit à travers un traitement dévitalisant ou désanimalisant, d'autres diraient dénaturant de l'animalité, la production de figures si nouvelles de l'animalité qu'elles paraîtraient assez monstrueuses pour appeler un changement de nom ; cette science-fiction de plus en plus crédible aurait commencé avec la domestication apprivoisante, le dressage, la neutralisation, l'acculturation, et se poursuivrait avec l'exploitation médico-industrielle, les interventions massives sur le milieu et la reproduction, les transplantations génétiques, le clonage, etc. »
— Jacques Derrida, l'animal que donc je suis.
Cette disparition formelle de l'animal domestique toujours et de plus en plus utilisé en tant que moyens, correspond à sa transformation en « machine » :
« Si l'animal n'est guère pensable comme machine, il peut être (...) transformé en machine. Le XXe siècle n'invente pas la notion d'animal-machine, mais il en rend l'idée concrète à travers les élevages intensifs et la manipulation de l'animal de laboratoire. (...) Le XXe siècle invente (...), entre autres horreurs dont il a été prodigue, l'animal caché, celui dont l'homme a honte (...). L'animal moderne n'est pas obscène parce qu'il rappelle que nous sommes des espèces d'animaux, mais parce qu'il met en avant notre capacité sans doute unique de pouvoir avilir les autres créatures vivantes, jusqu'à leur faire perdre ce qui en faisait justement des animaux. »
— Dominique Lestel, des animaux-machines aux machines animales, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik[148].
Le poète et dramaturge Paul Claudel voit ainsi la terre comme étant « désaffectée », comparant ce mal à la « Cinquième Plaie » d'Égypte : « tous les animaux sont morts, il n'y en a plus avec l'homme[149] » ; les animaux ne font plus partie du quotidien des hommes alors que ces derniers tuent et mangent ces mêmes animaux toujours davantage[129] : cela constitue pour le poète un très grave manquement à la vie[129], car il rejette cette vision des animaux où l'on ne voit en eux que « des machines utiles, des magasins vivants de matière première que nous manœuvrons d'une main molle et dégoûtée. Les serviteurs de l'âme sont morts. Elle n'est plus servie que par des cadavres vivants[150] » ; Paul Claudel, contestant l'ère du machinisme et du rendement, dresse ce réquisitoire :
« Dans ma jeunesse, les rues étaient pleines de chevaux et d'oiseaux. Ils ont disparu. L'habitant des grandes villes ne voient plus les animaux que sous leur aspect de chair morte qu'on lui vend chez le boucher. La mécanique a tout remplacé. Et bientôt ce sera la même chose dans les campagnes. (...) Maintenant, une vache est un laboratoire vivant (...), le cochon est un produit sélectionné qui fournit une quantité de lard conforme au standard. La poule errante et aventureuse est incarcérée. Sont-ce encore des animaux, des créatures de Dieu, des frères et des sœurs de l'homme, des signifiants de la sagesse divine, que l'on doit traiter avec respect ? Qu'a-t-on fait de ces pauvres serviteurs ? L'homme les a cruellement licenciés. Il n'y a plus de liens entre eux et nous. »
— Paul Claudel, Bestiaire spirituel, Mermod (1949), pp.127-128.
Ce discours traduit une réalité née du XXe siècle, celle où jamais les animaux (les animaux d'élevages) n'ont été autant reniés et niés dans la culture[151] et autant occultés d'une manière aussi maximale dans l'histoire et la conscience collective des sociétés humaines – (« de même que le fétichisme de la marchandise dont parle Karl Marx, fait qu'on ne perçoit pas le travail derrière le produit fini, de même on ne doit pas percevoir le piège, la patte sanglante, la souffrance, l'angoisse, l'agonie (...) d'individus (...), derrière le manteau de fourrure, (...) derrière la « viande »[151] ») –, alors que, dans ces mêmes sociétés, jamais des hommes n'ont consommé aussi souvent et en aussi grande quantité de la viande, et des produits issus du règne animal :
« Il n'y a plus aucun sacré dont l'animal serait le siège, dont il pourrait invoquer le secours. Plus d'appartenances totémiques, de divinités tutélaires, ni même de métempsychoses un tant soit peu salvatrice. (...) Ce qui est en cause n'est pas nécessairement une cruauté directe et délibérée à l'égard de l'animal, mais une cruauté indirecte, subséquente, et toujours masquée, occultée. Les souffrances animales font ainsi figure de quantité négligeable devant ces « impératifs de l'économie » qui finissent par se décliner en mots d'ordre politique. Ce serait en effet une illusion que de croire que le sort des animaux se jouent en dehors des politiques humaines. (...) Car les hommes traitent les animaux selon les mœurs et les coutumes de leur propre groupe d'appartenance (...). »
— Françoise Armengaud, Au titre du sacrifice : l'exploitation économique, symbolique et idéologique des animaux, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik, p.861-862[151].
À cela s'ajoute :
- L'« ensauvagement » des animaux domestiques (la vache, par exemple, connue de par le monde pour être un animal familier d'une grande douceur, devient un animal agressif en Occident à l'égard des êtres humains, du fait qu'elle n'est plus traite à la main, mais par des machines, ne connaissant ainsi plus aucun rapport avec les hommes)[152] ;
- La « folie animale », signifiant un mal-être intense et prolongé, (les poules en cages se picorent entre elles, ce qui « nécessite » l'ablation (douloureuse) de leur bec ; les porcs, s'ils ne sont pas incarcérés dans des stalles qui les privent totalement de mouvements mais dans de plus « grandes » cages, – s'automutilent, etc.)[152] ;
- Et la consanguinité, qui engendre la débilité (ou fragilité) physique et mentale des animaux d'élevage ou dits « de race » : « la définition officielle d'un individu non consanguin : ses parents n'ont pas d'ancêtre commun sur cinq générations [:] Il y a de moins en moins d'animaux qui (...) ne sont pas consanguins aujourd'hui : (...) Tout cela au nom de l'économie. Parallèlement (...) la sélection (...) n'a pas su empêcher l'appauvrissement génétique (...)[153] ».
Intérêt environnemental
Article connexe : Impact environnemental de la production de viande.Économie des ressources naturelles
Le World Watch Institute considère que la production de viande et de produits d'origine animale dans la quantité actuelle et probablement à l'avenir n'est pas soutenable du point de vue de l'environnement dans une optique de développement durable[155]. Jean Mayer, nutritionniste de l'université Harvard estime que si la consommation de viande aux États-Unis diminuait de 10 %, l'agriculture américaine pourrait nourrir en grains et légumes près de 60 millions de personnes dans le monde[156].
L'eau devient une ressource de plus en plus rare dans de nombreux endroits du monde. Sa consommation trop importante par les humains endommage les rivières et les écosystèmes et mène à la salinité et la désertification. Un régime végétarien consomme considérablement moins d'eau qu'un régime basé sur la viande.
Préservation de l'environnement
L'élevage en batterie, bien qu'utilisant moins de surface, ou l'engraissement des animaux de plein air (les plus rares) requièrent de grandes quantités de nourriture (de type monoculture) qui doivent être cultivées sur de grandes étendues de terre (ce qui nécessite la déforestation, vu que la consommation de viande augmente à travers le monde) : 38 % des forêts de l'Amazonie ont été détruites pour l'engraissement des bovins[154] et au moins 100 espèces disparaissent chaque jour en raison de la déforestation[154] : « la principale raison d’extinction d’espèces est la plupart du temps attribuée à la perte de zones à forte densité et endémisme comme les forêts brésiliennes ou les forêts de Madagascar qui ont été réduites de 90 % de leur taille d’origine au cours de ces quarante dernières années[154] ».
L'élevage et l'alimentation pour l'engraissement du bétail utilisent 78 % des terres agricoles mondiales[157]. Avec un hectare de terrain consacré à la culture de fruits et légumes, on peut nourrir trente personnes, mais cinq personnes seulement si ce même hectare est utilisé pour produire des œufs ou de la viande blanche, et beaucoup moins si l'on ne produit que de la viande rouge[158]. Il faut d'ailleurs 7 à 10 kilos de protéines végétales pour faire un kilo de protéine animale[159].
La surpêche et le chalutage sont également destructeurs pour les écosystèmes marins. Ce faisant, 90 % des grands poissons (thon, espadon, marlin, cabillaud, flétan, raie et limande) ont été surpêchés et sont en conséquent des espèces en voie de disparition[160].
Lutte contre le réchauffement climatique
Les protéines animales requièrent de plus grandes dépenses d'énergie fossile, huit fois plus que pour une quantité comparable de protéine végétale. Cette consommation d'énergie fossile produit du dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre. La production animalière produit également du fumier, qui, bien qu'il soit une base du compost, dégage du méthane. Aux États-Unis (le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre), le bétail produit environ 20% des émissions totales de méthane. Une tonne de méthane a un potentiel de réchauffement de la planète de 23 tonnes de dioxyde de carbone.
Le régime végétarien serait par ailleurs une manière de lutter contre le réchauffement climatique : le ratio (énergétique) pour la production d'un kilogramme de viande est 100 fois plus important que pour produire la même quantité de céréales[161]. Des animaux tels que la vache produisent 100 g/jour de méthane, qui est un gaz à effet de serre 26 fois supérieur au CO2. Une agriculture différente peut être faite de moins de produits industriels, moins d'engrais, moins de déchets.
Selon le journaliste Fabrice Nicolino : « Un rapport de la FAO (agence de l’Onu pour l’agriculture) établit que l’élevage mondial émet plus de gaz à effet de serre que tous les transports (terre, air, mer) dans le monde. Si on prend en compte toute la chaîne de production de la viande, cela représente 18% des émissions de ces gaz produits par l’homme... Une des causes majeures du réchauffement climatique [159]. »
En mai 2009, Gand devint la « première [ville] au monde à devenir végétarienne au moins une fois par semaine », lorsque les autorités locales décidèrent d’instaurer une « journée hebdomadaire sans viande ». Les officiels, les personnalités politiques et divers fonctionnaires mangeraient végétarien un jour par semaine, en reconnaissance de ce rapport des Nations unies. Des affiches publiques incitèrent la population à participer aux « journées végétariennes », et des cartes de la ville indiquant les restaurants végétariens furent imprimées. À partir de septembre 2009, les écoles de la ville auront un veggiedag (« journée végétarienne ») hebdomadaire elles aussi[162].
Santé
Selon l'ouvrage de John Robbins, The Food Revolution, les végétariens et végétaliens vivraient en moyenne 6 à 10 ans de plus que le reste de la population[163]. De nombreuses statistiques indiquent que le régime végétarien diminue les risques de développer des pathologies cardio-vasculaires[118], certains cancers[164], l'ostéoporose, l'asthme, l'arthrite[118], le diabète[165] et l'obésité[166]. L'Association américaine de diététique déclare : « Quand bien même des facteurs extérieurs, tels que l'activité physique et le fait de s'abstenir de fumer et de boire de l'alcool, pourraient jouer un rôle, une alimentation sans viande est clairement un facteur contribuant à réduire le taux de morbidité et de mortalité de plusieurs maladies dégénératives chroniques » et considère que le régime végétarien est efficace pour la prévention et le traitement de nombreuses affections[167]. Une consommation excessive de viande et d'abats est également associée à l'apparition de la goutte (accumulation d'acide urique).
Certains chercheurs comme Dean Ornish auraient obtenu des résultats positifs en traitant des maladies du cœur de certains patients avec un régime végétarien strict et un programme visant à diminuer le stress. Des préoccupations nutritionnelles encouragent aussi les régimes favorisant les fruits, les légumes et les céréales et minimisant la viande et l'absorption de lipides sans toutefois les interdire[168].
Le végétarisme pourrait provoquer des carences en vitamine B12[169] et D, ou en fer[170]. Mais la théorie selon laquelle la grande quantité de fer contenue dans les nourritures animales serait facilement absorbable est controversée également[171]. En ce qui concerne les protéines, elles ne se trouvent pas uniquement dans la viande mais aussi dans les produits laitiers, les œufs, le pain, la spiruline et les protéagineux (lentilles, riz, haricots, pois chiches, soja, quinoa).
Il est parfois avancé que si la diète standard d'un homme occidental est indéniablement omnivore et qu'il s'y adapte très bien, le débat sur la physiologie de type omnivore de l'homme n'est pas clos[172]. La dentition de l'homme — mâchoires de force moyenne et petites canines non tranchantes — est comparable à celles des primates frugivores (qui, s'ils consomment à l'occasion de la viande, sont intrinsèquement frugivores). Ainsi Georges Cuvier[173], Charles Giraud[174] ou Charles Darwin[175] (entre autres) considéraient le frugivorisme comme le régime le plus naturellement adapté à la physiologie de l'homme. Par ailleurs, la physiologie de l'homme est très différente de celle des animaux carnivores monogastriques. Si, à la différence des herbivores et des granivores, l'homme ne dispose pas d'un estomac spécifique à la nutrition végétale (sa vésicule biliaire s'épuise à la digestion des huiles végétales), son intestin mesure dix à douze fois la longueur de son corps, contre quatre à cinq fois chez le carnivore.
De nos jours, certaines viandes produites de façon industrielle contiennent des traces de produits industriels ingérés par les animaux ou qui leur sont inoculés durant leur vie (hormones de croissances, antibiotiques, contraceptifs et pesticides). Il faut remarquer que l'emploi d'hormones (de croissance ou autres), fréquent aux États-Unis, est interdit au Canada et en France. La viande des animaux élevés aux hormones (notamment les vaches et les porcs engraissés ainsi que les saumons d'élevage) contient des proportions plus importantes de graisses et une valeur nutritionnelle moins importante que les viandes des animaux vivant en liberté dans leur milieu naturel. Cette réalité conduit un certain nombre de personnes à devenir végétariennes[176].
Prévention de la maladie d'Alzheimer
Étant donné les similitudes des symptômes (la démence) et les causes de ces pathologies graves que sont la maladie de Creutzfeldt-Jakob (équivalent humain de l'encéphalopathie spongiforme bovine) et celle d'Alzheimer (qui dont deux maladies neurodégénératives caractérisées par l'accumulation d'agrégats de protéines – quoique de types différentes[177] – formant des dégénérescences au niveau cérébral, quelques études cliniques tendent à démontrer que la consommation de viande (poissons compris[178]) en grande quantité favoriserait le développement de la maladie d'Alzheimer[179],[166],[180],[165],[181].
On invoque notamment dans certaines études le rôle de la méthionine, transformé en homocystéine par le métabolisme intermédiaire. Une hyperhomocystéinémie est un facteur augmentant le risque cardiovasculaire, et semblerait jouer un rôle dans l'apparition de la maladie d'Alzheimer. Cependant il est nécessaire de rappeler que la méthionine est un acide aminé tout à fait indispensable à la vie, qui lorsqu'il est consommé dans les quantités habituelles ne pose aucun problème de santé publique.[réf. nécessaire]
Selon certaines théories, la hausse du nombre de cas développant la maladie d'Alzheimer pourrait correspondre à la hausse de la consommation de viande dans le monde[166] : ainsi, une recherche de l’American Society for nutrition, concernant des populations d'Amérique latine, de Chine et d'Inde, conclut que « la consommation de viande a été plus élevée chez ceux dont on a diagnostiqué une démence »[182].
Ce faisant, les populations indiennes pratiquant le végétarisme (depuis des générations) ont un taux d'individus touchés par la maladie d'Alzheimer qui est le plus faible enregistré de par le monde[183],[164].
Religion
Article détaillé : religion et alimentation.Religions d'origine indienne (dharmique)
Beaucoup de religions, dont le bouddhisme, l'hindouisme, et spécialement le jaïnisme, enseignent que toute vie devrait avoir une valeur et ne devrait pas être détruite volontairement pour une gratification humaine non nécessaire.
Hindouisme
Article détaillé : Végétarisme hindou.L' ahimsâ est la notion philosophique des religions indiennes (de l'hindouisme, du bouddhisme et du jaïnisme) qui introduit le végétarisme comme norme dans l'alimentation. L'ahimsâ est une valeur qui recommande la non-violence et le respect pour toute vie, humaine, animale ou végétale (comme il en est chez les Bishnoïs). Ahimsâ est assez souvent traduit par non-violence ou non-nuisance à l'égard de tous les êtres vivants ou respect de la vie sous toutes ses formes. La racine sanskrite est hims (« nuire ») avec le privatif « a ». L'ahimsâ est fondé sur une injonction védique :
« माहिंस्यात सर्व्-भुतानि – mâhimsyât sarva-bhoutâni – qu'on ne nuise à aucun être vivant »
Dans le cadre de l'hindouisme, le terme ahimsâ apparaît écrit pour la première fois dans les Upaniṣad et dans le Raja-Yoga. C'est le premier des cinq yama ou vœux éternels, les restrictions indispensables du yoga (l'Ahimsâ n'amène à aucun état spécifiquement yogique, mais est considérée comme la première marche morale indispensable pour tout « honnête homme »[185]). À ce sujet, Bhishma dit dans le Mahâbhârata :
« La viande des animaux est comme la chair de nos propres fils[186] »
Mais aussi :
« Y a-t-il besoin de dire que ces créatures innocentes et en bonne santé sont faites pour l’amour de la vie, alors qu’elles sont recherchées pour être tuées par de misérables pécheurs vivant dans les boucheries ? Pour cette raison, ô monarque, ô Yudhishthir, sache que le refus de la viande est le plus grand refuge de la religion, du ciel, et du bonheur. S’abstenir de blesser est le plus grand des principes. Il est, là encore, la plus grande des pénitences. Il est également la plus grande des vérités parmi toutes les preuves d'affection. La viande ne peut pas être retirée de l’herbe ou du bois ou de la pierre. A moins qu’une créature vivante soit tuée, cela ne peut être réalisé. Donc, tu es dans la faute en mangeant de la chair. (...) Cet homme, qui s'abstient de la viande, n’est jamais mis dans la crainte, ô roi, par aucune créature. Toutes les créatures demandent sa protection. Il ne provoque jamais aucune inquiétude pour les autres, et lui-même n’a jamais à devenir anxieux. Si personne ne mange de la chair, il n'y a alors plus personne pour tuer des êtres vivants. L’homme qui tue des êtres vivants les assassine pour le bien de la personne qui mange de la chair. Si la chair est considérée comme non comestible, il n'y a alors plus d'abattage d’êtres vivants. C’est dans l’intérêt du mangeur de viande que le massacre des êtres vivants se réalise dans le monde. Depuis, ô toi de grande splendeur, la durée de vie est raccourcie pour les personnes qui abattent les créatures vivantes ou sont les causes de leur abattage ; il est clair que la personne qui désire son bien doit abandonner la consommation de viande entièrement. (...) L'acheteur de la chair réalise l'himsâ [violence] par sa richesse : celui qui mange la chair le fait en appréciant sa saveur, le tueur réalise l’himsâ en attachant et en tuant l'animal. Ainsi, il existe trois formes de mise à mort. Celui qui apporte la chair ou l’apporte pour elle-même, celui qui coupe les membres d'un animal, et celui qui l’achète, la vend, ou les cuisiniers de la viande et celui qui la mange – tous ces éléments sont à considérer comme des mangeurs de viande. »
— Mahâbhârata 13,115[187].
« La mort, sans l’espérance d’une récompense, pour les brâhmanes et les vaches, ou dans la défense de femmes et d’enfants, garantit la béatitude à ceux ne faisant pas partie de la communauté Ârya (les Vahya). L'Ahimsā (respect impérieux de la Vie, non-violence), la véracité, l'abstention de s'approprier les biens des autres, la pureté et le contrôle des sens, Manu a ainsi déclaré que tout cela peut être considéré comme le résumé du Dharma pour les quatre varna d' Ārya (« Nobles » en sanskrit : brahmanes, kshatriya, vaïshya, shudra)[188]. »
— Mānavadharmaśāstra, livre 10, sûtra 62 et 63.
« Les personnes coupables qui sont ignorantes des principes religieux, mais se considérant comme totalement pieuses, sans remords, commettent des violences contre les animaux innocents pleinement confiants en leur personne. Dans leur vie prochaine, ces personnes coupables seront mangées par ces créatures qu’ils ont tuées dans ce monde. »
— Bhāgavata Purāṇa 11.5.14[189].
« Une personne bien au courant des principes religieux ne doit jamais offrir quelque chose comme de la viande, des œufs ou du poisson dans les cérémonies de Shrāddha, et même si l'on est Ksatriya (guerrier), on ne doit pas manger de telles choses. »
— Bhāgavata Purāṇa 7.15.7[190].
La croyance en la réincarnation est fondamentale dans les développements philosophiques du jaïnisme, du bouddhisme et de l'hindouisme, et, dans ce système de croyance, les âmes (atman, anima : « souffle », principe de vie, de conscience) peuvent s'incarner sous la forme de végétaux, d'animaux, ou d'êtres humains.
CNN rapporte que 85% de la population hindoue suit un régime végétarien[102] (pas de viandes, de poissons ni d'œufs, les œufs étant considérés comme aliments non végétariens, en Inde[191]). Ce régime alimentaire principalement fondé sur une nourriture à base de laitages et produits verts, est fortement pratiqué dans les communautés orthodoxes de l'Inde du Sud, dans certains États du nord comme le Gujarat ou du sud au Karnataka où l'influence des jaïns est significative. Quelques-uns évitent l'oignon et l'ail, considérés comme ayant des propriétés rajas, c'est-à-dire « passionnelles ».
Le svadharma (le dharma personnel) des brahmanes inclut le végétarisme, le brahmane étant appelé à mener une vie absolument pure. L'hindouisme encourage donc le végétarisme[192]. La consommation de viande, de poisson (et d'œuf fécondé) n'est pas promue, – seulement tolérée, tolérée dans le cadre du rang que l'hindouisme lui a assigné dès les Védas : inférieur, non-respectueux de l'ahimsâ et impur par rapport à un régime végétarien[193]. Certains brahmanes sont également végétaliens et ne consomment aucun produit d'origine animale (lait, etc.).
Dès le VIe siècle av. J.-C., les Oupanishads soulignent que bêtes et les humains sont frères, puisque tous hébergent en eux l'âtman et de ce fait sont les sanctuaires du Brahman. Dans cette conception religieuse, tous les êtres vivants étant vus comme des sanctuaire de l'âtman, aucun temple de l'âtman ne lui est dédié, au contraire d'autres divinités comme Vishnou ou Shiva. Dans la plupart de villes saintes hindoues, il existe une interdiction de tous les aliments non-végétariens et de tous les alcools, et une interdiction légale existe sur l'abattage de vaches dans presque tous les États de l'Inde. Le cuir d'une vache morte de cause naturelle est cependant accepté.
Jaïnisme
Article détaillé : Parasparopagraho Jivanam.Toutes les règles alimentaires citées pour les hindous s'appliquent aux jaïns. En plus de l'interdiction de consommer des œufs, du poisson ou de la viande, ils doivent prendre en compte la souffrance causée aux plantes et aux suksma jiva (sanskrit : formes de vie subtiles, qui seront plus tard appelées micro-organismes) dans leurs choix alimentaires. Certains jaïns, en fonction de la doctrine de la secte ou branche du jaïnisme dont ils font partie, évitent de consommer la majorité des racines végétales, comme par exemple les pommes de terre.
Bouddhisme
Article détaillé : Végétarisme bouddhique.Des écoles du bouddhisme (Mahâyâna notamment) demandent à leurs adeptes d'être au moins végétariens, d'autres écoles bouddhiques n'imposent pas le végétarisme, mais le conseillent ; c'est néanmoins au Bouddha à qui l'on doit le renforcement de cette pratique en Inde, par le biais de l'empereur Ashoka. Selon le Vinaya (le code monastique du Theravāda), les moines sont tenus de manger tout aliment qu'on leur donne, y compris de la viande (mais ne pas rechercher à en consommer non plus : car les moines bouddhistes doivent encourager le végétarisme – la non-violence à l'égard des animaux – autour d'eux), excepté quand l'animal a été tué à leur intention ou appartient à la liste des animaux prohibés (humain, éléphant, cheval, chien, serpent, lion, tigre, panthère, ours et hyène)[194]. Récemment, les Tibétains modifient profondément leurs habitudes alimentaires et deviennent de plus en plus végétariens. Ils suivent les conseils du 14e Dalaï-Lama et du 17e Karmapa, qui ont donné en 2007 et 2008 des instructions sur les bienfaits de ne pas manger de viande afin de ne pas faire souffrir les animaux[195],[196]. Dans la Région autonome du Tibet, ainsi que dans le Kham, et l'Amdo, des restaurants végétariens s'ouvrent[197].
Sikhisme
Article détaillé : Végétarisme sikh.Religions d'origine chinoise
Dans les sociétés chinoises, l’alimentation normale, ancienne (素食) fait référence à un régime associé aux moines taoïstes, et quelquefois pratiqué par la population durant les festivités taoïstes. Le terme utilisé pour désigner ces pratiquants se traduit par « végétariens ». Cette alimentation rejette la viande, les œufs et le lait, mais inclut les huîtres et ses dérivés.
Les mouvements néo-confucianistes demandent à ses adeptes de suivre un régime végétarien, comme le Ikuan Tao.
Religions abrahamiques
Vue d'ensemble
- Pour le judaïsme, le christianisme, le rastafarisme et l'islam, qui ont un fond culturel commun concernant l'histoire de l'humanité – celle en rapport avec la Bible –, le végétarisme/végétalisme était à l'origine la pratique alimentaire de l'humanité (voir la Genèse : I:29) et du reste du monde animal (Genèse : I:30), végétarisme qui existait au Jardin d'Éden jusqu'au Déluge, ce qui signifie que, pour ces religions, les premiers êtres humains créés par Dieu, – Adam et Eve –, et leurs descendants, étaient végétariens/végétaliens, et ce, pendant dix générations[198]. Si l'on tient compte de la Bible hébraïque originelle, dénuée d'interprétations « catholiques » ou anthropocentristes (le Dieu catholique se serait fait homme pour les seuls hommes[129]), interprétations influencées par les Pères de l'Église combattant la croyance en la métempsychose[129] (lié au au manichéisme, au pythagorisme, à Empédocle, au pharisaïsme[199]), par l'influence du néoplatonisme qui instille une rupture entre l'homme et les autres créatures[200], et par les rapprochements métaphoriques entre les démons et les bêtes[200] (le serpent du Péché originel fut assez tardivement identifié au diable, ce que la Genèse ne faisait pas[200]), on remarquera, alors, que, dans le judaïsme primitif, la domination sur les poissons et les oiseaux par un Adam végétarien et ses successeurs n'est que de l'ordre du concept et non de la pratique[200],[201], le titre de souverain des animaux n'étant qu'honorifique, la Genèse n'indiquant nulle part qu'ils ont besoin d'être dirigés ou qu'ils doivent l'être pour accomplir leur destinées, eux qui d'ailleurs louent à leur manière Dieu (Psaumes, CXLVIII:10)[200]. Ainsi, Rav Kook déclara :
« Aucune intelligence, aucune personne sensée pourrait supposer que quand la Torah charge l'humanité de dominer… (La Genèse 1:28) cela signifie la domination d'un dirigeant dur, qui afflige un peuple et des serviteurs simplement pour accomplir son caprice personnel et ses désirs, selon la courbure de son cœur. Il est impensable que la Torah imposerait un tel décret de servitude, scellé pour l'éternité, sur le monde de Dieu, qui est "bon envers tous et Sa pitié est Sur toutes Ses œuvres" (Psaumes 145:9) et qui a déclaré, "le monde sera construit sur la bonté" (Psaumes 89:3)[202]. »
Pour les disciples du poète saint Kabir (qui sont 9 600 000), la Bible (qui est aussi un de leur livre saint, avec le Coran, les Védas, les Purana et la Bhagavad Gita), ordonne d'être végétarien[203].
Islam
Dans l'islam, il n'y a aucune interdiction dans le fait d'être végétarien[204],[205] (ce dernier mangeant ainsi parfaitement halal), quoique cette pratique demeure peu commune dans le monde musulman ; le végétarisme gagne néanmoins des adhérents en terre arabe et musulmane[206], car il n'est pas halal d'élever un animal comme une machine, et que les animaux aussi méritent compassion, puisqu'ils sont, comme les hommes, des créatures de Dieu[204]. Comme le christianisme et le judaïsme, l'islam affirme que Dieu a créé les animaux[207]. Mais à la différence du christianisme, l'islam s'intéresse étroitement à l'animal[200] :
« De nombreux hadîths, propos attribués au Prophète, insistent sur la douceur et la mansuétude que l'on doit observer à l'égard des animaux : l'homme qui donne à boire à un chien assoiffé, un animal impur pourtant, est assuré de la grâce divine. (...) Selon certains exégètes du verset VI, 38, il se pourrait en effet que les animaux puissent connaître eux aussi une forme de révélation qui leur soit propre, avec la promesse de la Résurrection et du Jugement. (...) L'absence d'incarnation en islam (Dieu ne s'est pas fait homme, Dieu est radicalement autre), rapproche l'homme de l'animal, rassemblés dans une condition commune[200]. »
— Catherine Mayeur-Jaouen, l'animal dans l'islam, si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, dirigé par Boris Cyrulnik[200].
Dans Animals in Islam, Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri, qui fut l'imam de la mosquée Shah Jahan de Woking, au Royaume-Uni, de 1964 à 1968, écrit :
« Ne pas être cruel envers les animaux, ou même faire preuve d'une bienveillance condescendante à l'égard de nos soi-disant “inférieurs”, cela n'est que formulation négative. L'Islam demande que nous pensions et agissions de façon positive, en admettant les diverses espèces comme autant de communautés semblables à la nôtre, ayant leurs propres droits, et en ne les jugeant pas selon nos critères humains et nos échelles de valeurs (…) En fait, l'Islam est tellement concerné par la compassion pour les animaux que l'on peut se demander après tout pourquoi il nous a autorisés à les tuer pour notre nourriture, et pourquoi il ne nous a pas prescrit de devenir végétariens (...) D'un point de vue humanitaire, l'idéal serait que le monde entier devienne végétarien, et que soit laissée aux animaux la possibilité de vivre leur vie naturelle. »
En effet, selon le Coran (21, 107), Mahomet fut envoyé comme « secours de toute la création [208] ». Certaines objections au végétarisme dans l'islam pourrait venir du fait qu'une pratique comme l'Aïd el-Kébir est incompatible avec le végétarisme ; ce à quoi Masri rétorque : « Pendant les premiers temps de l'Islam, la tradition d'offrir des animaux avait un sens. La viande était alors un ingrédient essentiel de l'alimentation humaine, et aucune miette n'en était perdue. De nos jours, tuer [des animaux] est devenu un rituel vide, et le sens profond [de l'acte] a été oublié. »
De plus, Soheib Bencheikh, Grand Mufti de Marseille, estime que le sacrifice d'un mouton à l'occasion de l'Aïd el-Kebir, « n'est ni un pilier de l'Islam, ni une obligation majeure comparable à la prière ou au jeûne du Ramadan » ; il ajoute que le droit musulman permet de remplacer cet acte par « un don fait dans un pays où les habitants ne mangent pas à leur faim, ce qui est plus conforme à l'esprit du partage que comporte cette pratique [208] », d'autant plus lorsque l'on sait que l'agriculture produit la majorité de sa production céréalière pour engraisser des animaux pour leur viande, alors que des êtres humains souffrent de la faim et de la sous-alimentation de par le monde[206].
D'ailleurs, il existe une tradition du végétarisme au sein de l'islam, liée en particulier au soufisme[209]. Les grands Saints soufis du passé étaient végétariens, comme Mirdad, qui déclara : « Ceux qui suivent le sentier spirituel ne doivent jamais oublier que s'ils consomment de la chair, ils devront payer ce geste de leur propre chair[210] » Les enseignements du musulman indien et poète-saint Kabir, d'Inayat Khan et du srilankais Bawa Muhaiyaddeen encouragent au végétarisme[211].
L'historien William Montgomery Watt déclare que la bonté de Mahomet envers les animaux était remarquable si l'on tient compte du contexte social de son éducation. Il cite un cas où Mahomet envoya des sentinelles pour s'assurer qu'une chienne avec ses chiots nouveau-nés n'étaient pas dérangés par son armée voyageant vers la Mecque lors de l'année 630[212].
Mahomet est aussi censé avoir dit (selon Ibn Omar et Abdallah bin Al-As) : « Nul homme qui tue, même un moineau ou quoi que ce soit de plus petit, n'agit avec mérites, et Allah le questionnera à ce sujet [le jour du Jugement] », et « Quiconque est agréable envers les créatures de Dieu est agréable avec lui. »[213][214]
Mahomet a dit aussi : « Pour la bonne œuvre donnée à chaque créature dotée d'un cœur humide [c'est-à-dire vivante], il y a une récompense. »[213] ; Mahomet s'est opposé à la chasse de loisirs en disant : « qui tente d'abattre une créature vivante pour le sport est maudit. [213] »
Tant dans les textes sunnite que chiite, on retrouve le fait que Mahomet s'entretenait nonchalamment avec des chameaux, des oiseaux et d'autre espèce animale. Les textes chiites étendent ce don pour y inclure les Imams. Dans un hadith, on dit qu'un chameau est venu voir Mahomet pour se plaindre que malgré son service devoué envers son propriétaire, il était sur le point d'être tué. Mahomet convoqua alors le propriétaire et ordonna à l'homme d'épargner le chameau[215]. On rapporte dans le Coran que Salomon parlait aux fourmis[216] et aux oiseaux[217],[218], et les imams chiites ismaëliens déclarent qu'ils peuvent communiquer avec tout ce qui est doté d'une âme, d'une vie, tout créature.
Comme certains membres du soufisme, le poète saint Kabir considère que Mahomet était végétarien, mais que les mollah n'ont pas suivi son exemple (la loi des mollah n'étant pas pour Kabir la loi d'Allah)[219].
Christianisme
Pour les adeptes de l'Eglise orthodoxe ou des Églises des trois conciles, comme l'Église copte orthodoxe, il y a de nombreuses et longues périodes où s'alimenter en produits issus du règne animal est strictement interdit (végétalisme), et même de se vêtir ou d'utiliser un quelconque produit issu du règne animal (véganisme). En revanche, contrairement au christianisme orthodoxe, pour ce qui est du catholicisme par exemple (à l'opposé du catharisme), qui lève tout interdit alimentaire (que ce soient celui des Juifs (porc par exemple) ou celui des païens (les Egyptiens, les Sabiens et beaucoup d'autres peuples idolâtres évitaient de tuer et de manger des brebis, des boucs, des bœufs)[129]), le premier concile de Braga, vers 561, énonce dans son canon 14 :
Ensuite, certains ordres chrétiens, (les trappistes, les Chartreux, les Bénédictins[11], les Pères du Désert et tous les ordres monastiques du christianisme orthodoxe), le christianisme ésotérique tel que le Rosicrucian Fellowship ou l'Anarchisme chrétien (réprésenté par exemple par Léon Tolstoï), mais aussi les courants du christianisme tels que ceux des Cathares et des Adventistes du septième jour, encouragent le végétarisme.
Article détaillé : catharisme#refus de l'alimentation carnée.Rappelons que la Vegetarian society, première association végétarienne (végétalienne de facto) au monde, été fondée en 1847 par des chrétiens évangélistes, en Grande-Bretagne[221] (étudiant, Gandhi y adhéra). Lorsque le végétarisme se base sur une perspective chrétienne, les références bibliques sont le plus souvent les mêmes que celles des juifs et rastafaris développés çi-dessous (puisque l'ère messianique juive (végétalienne) correspond pour les chrétiens et rastafaris au retour de Jésus sur Terre).
Rastafari
Article détaillé : Ital.Les Rastafaris suivent en général un régime appelé Ital, et dont la norme est végétarienne[222],[223] ou végétalienne/végane[224], afin de ne pas faire du corps un « cimetière »[225]; ils évitent aussi d'absorber de la nourriture qui a été artificiellement préservée, aromatisée ou altérée chimiquement. Le refus de viande (voire de laitage) dans le rastafarisme se réfère aux écrits bibliques :
« Dieu ajouta: “Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture.” »
« “Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède un principe de vie, j'assigne toute verdure végétale pour nourriture.” Et il en fut ainsi. »
— La Genèse 1:30[226].
Judaïsme
Selon certains spécialistes de la Torah, comme les rabbins Bonnie Koppel, Rami Shapiro, et Yitzhak HaLevi Herzog, ancien grand rabbin d'Israël[8], l'objectif initial de Dieu était que l'homme soit végétarien car le végétarisme est l'ultime sens des enseignements moraux bibliques[8]. Pour eux, Dieu donna par la suite la permission aux hommes de manger de la viande à cause de leur faiblesse (le penchant au meurtre fait partie de leur nouvelle nature[129]), mais l'idéal ou la volonté finale de Dieu pour les hommes serait qu'ils soient végétariens. La Bible avance aussi que l'homme peut manger les animaux tués, mais en respectant les règles rituelles du sacrifice (dans le judaïsme et l'islam), car sinon tuer un animal est bien un meurtre :
« Tout homme de la maison d'Israël qui égorgera un membre de gros bétail, ou une bête à laine ou une chèvre, dans le camp, ou qui l'égorgera hors du camp, sans l'avoir amené à l'entrée de la Tente d'assignation pour en faire une offrande à l'Éternel, devant son tabernacle, il sera réputé meurtrier, cet homme, il a répandu le sang ; et cet homme-là sera retranché du milieu de son peuple. (...) Car le principe vital de toute créature, c'est son sang qui est dans son corps, aussi ai-je dit aux enfants d'Israël : Ne mangez le sang d'aucune créature. Car la vie de toute créature c'est son sang : quiconque en mangera sera retranché. »
Et encore, il n'y a pas de certitude sur le fait que ce sacrifice puisse être toléré par Dieu :
« “Mais quel hommage offrirai-je au Seigneur ? Comment montrerai-je ma soumission au Dieu suprême ? Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes, avec des veaux âgés d'un an ? Le Seigneur prendra-t-il plaisir à des hécatombes de béliers, à des torrents d'huile par myriades ? Donnerai-je mon premier-né pour ma faute, le fruit de mes entrailles comme rançon expiatoire de ma vie ?” Homme, on t'a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi : rien que de pratiquer la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu ! »
« C'est que je prends plaisir à la bonté et non au sacrifice, je préfère la connaissance de Dieu aux holocaustes. »
« La religion hébraïque et la tradition juive ont maintenu en leur sein, et au plus vif de leur prophétisme, la critique – en vue de leur abolition – de ces pratiques qui pourtant semblent constitutivent du culte. »
— Elisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité.
En effet :
« Que m'importe la multitude de vos sacrifices ? Dit le Seigneur. Je suis saturé de vos holocaustes de béliers, de la graisse de vos victimes ; le sang des taureaux, des agneaux, des boucs, je n'en veux point. (...) Quand vous étendez les mains, je détourne de vous mes regards ; dussiez-vous accumuler les prières, j'y resterais sourd : vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, écartez de mes yeux l'iniquité de vos actes, cessez de mal faire. Apprenez à bien agir, recherchez la justice ; rendez le bonheur à l'opprimé, faites droit à l'orphelin, défendez la cause de la veuve. »
Pour la Bible, Dieu a donc permis à la suite du Déluge la consommation de viande (parce qu'il n'y avait plus de végétaux, selon le rabbin polonais Yitzhak Hebenstreit, dans son ouvrage Kivrot Hata'avah), permission qui induit néanmoins le respect, pour ce qui est du judaïsme (et de l'islam) toujours, des interdits et règles alimentaires qu'incarnent la casherout et qui indiquent une grande complication dans la consommation de viande (dont le nombre est limité), le Tanakh (Ancien Testament) évoquant d'ailleurs la prudence sur la certitude du destin final des créatures :
« Qui sait si l'âme des fils d'Adam monte en haut, tandis que l'âme des animaux descend en bas, vers la terre ? »
— Ecclésiaste, III, 21.
« Les lois de la cacheroute nous enseignent que la préférence d'un Juif doit être celle d'un repas végétarien. Si, toutefois, il ne peut contrôler son envie de viande, il convient de prendre de la viande casher, qui sert de rappel que l'animal mangé est une créature de Dieu, que la mort d'une telle créature ne peut être prise à la légère, que la chasse est interdite, que nous ne pouvons pas traiter un être vivant sans pitié, et que nous sommes responsables de ce qui se passe à d'autres êtres (humains ou animaux), même si nous n'entrons pas personnellement en contact avec eux. »
— Le rabbin Pinchas Peli, Torah Today[227].
De plus, Dieu énonça après le Déluge les lois noachides (valant pour tous les hommes) qui interdisent de consommer un quartier de viande obtenu au prix d'une mutilation, d'une vivisection[129]. Moïse Maïmonide, dans son ouvrage le guide des égarés, rappelle d'ailleurs à ce propos que c'est bien le souci de la souffrance physique et « morale » de l'animal qui rend compte de ces règles sacrées[129].
À propos du Talmud (Avodah Zorah 18b) qui déclare : « une grande importance est attachée au traitement humain des animaux, autant l’est-il déclaré fondamental que l’est la vertu humaine », le rabbin Samson Raphaël Hirsch, dans Horeb (chapitre 60, section 416), ajoute : « Ici vous êtes confrontés à l’enseignement de Dieu, lequel vous contraint non seulement à vous abstenir d’infliger une souffrance à quelque animal, mais à l’aider et, quand vous le pouvez, à diminuer la souffrance lorsque vous voyez un animal souffrant, même si cela n’est pas de votre faute. » Pour certains Juifs, étant donné la réduction des animaux à l'état de « choses » ou de « machines de production » dans l'état actuel du monde, avec tout ce que tout cela entraîne, le végétarisme/véganisme est vu comme une mitzvah de facto[228],[229]. Ainsi, l’ancien grand rabbin d’Irlande, le rabbin David Shlomo Rosen – lui-même un végétarien – est d’avis que la consommation de la viande, aujourd’hui, est interdite par la halakha : « La cruauté du traitement appliqué aujourd’hui aux animaux dans le commerce de bétail rend la consommation de viande absolument inacceptable du point de vue halakhique comme étant le produit de moyens illégitimes[230],[202]. »
Quoi qu'il en soit, le règne du Messie (Isaie, 11) annonce pour certains rabbins renommés, comme Rav Kook et Isaac Arama (et pour les rastafaris et les black hebrew) un retour au végétarisme/végétalisme dans le monde entier et pratiqué avant le Déluge, végétarisme s'étendant même aux créatures considérées comme carnivores (de même[231] qu'au Paradis originel ; Genèse : I:30), pour donner lieu au spectacle d'une universelle fraternité :
« Il [le Messie] ne jugera pas sur les apparences, il ne décidera pas sur ce qu'il entendra dire, mais il jugera les faibles avec justice, il fera droit aux pauvres gens du pays, il frappera l'homme violent des arrêts de sa bouche, et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. (...) Alors le loup sera l'hôte de l'agneau, la panthère se couchera près du chevreau ; le taureau et le lion mangeront ensemble, un petit enfant les ménera ; la vache et l'ourse fraterniseront, leurs petits gîteront ensemble, Le lion comme le bœuf mangeront de la paille. Le nourrisson jouera près du trou de la vipère, dans la caverne de l'aspic, l'enfant sevré mettra la main. Il ne fera ni mal ni dégâts sur toute la montagne sainte. Car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme les eaux recouvrent le fond de la mer. »
— Isaie, XI.
Solidarité
Il existe, parmi les arguments avancés par certains végétariens, celui d'une solidarité morale envers les peuples du tiers monde et les hommes exploités. En effet, des céréales destinées à l'alimentation du bétail occidental sont souvent cultivées dans des pays du tiers monde alors qu'elles pourraient être affectées directement à la consommation des populations locales (comme en 1985, pendant la famine (faisant plus d'un million de morts), durant laquelle l’Éthiopie continua à exporter des céréales pour l'engraissement du bétail anglais[232]) :
« (...) Puisqu'il est question de la distribution des richesses alimentaires, plus personne n'ignore que les protéines végétales sont enlevées, pour une bonne partie d'entre elles, aux pays souffrant de la faim pour engraisser les animaux que nous mangeons. »
— Florence Burgat, Folie des vaches, folie des hommes. Oubli de l'animal[233].
Selon Fabrice Nicolino, l'alimentation carnée régulière n'est possible que pour une minorité d'êtres humains ayant suffisamment de revenus pour s'en acheter : mais la généralisation au niveau mondial d'un tel régime alimentaire est impossible, et, au spectacle grandissant des populations humaines souffrant de la faim, devient un scandale, car, dans le même temps, il s'agit bien d' engraisser au maximum un animal – lorsqu'on l'élève pour sa viande : « On n’a jamais compté autant de personnes qui sont touchées par la famine. Elles sont plus d’un milliard aujourd’hui. En même temps, la consommation de viande explose. (...) Quand on sait qu’il faut de 7 à 10 kilos de protéines végétales pour faire un kilo de protéine animale, se pose la question de où trouve-t-on ces végétaux pour nourrir les cheptels. Personne ne peut répondre à cette question aujourd’hui. Il faudra choisir entre nourrir les hommes ou les animaux…[159] »
Selon le ministère indien de l'agriculture, un hectare de terre arable permet de produire 20 tonnes de pommes de terre, contre seulement 50 kg de viande[234]. En Inde, le régime végétarien est considéré comme l'une des solutions à la sous-alimentation, mais des lobbies de l'élevage industriel et des grands propriétaires terriens font pression dans le sens contraire[235].
Desmond Morris, s'inscrivant dans la trace de Plutarque et de Montaigne[129], laisse d'ailleurs entendre que l'obligation de respecter les bêtes rendrait intolérables la plupart des conduites que des citoyens de pays démocratiques s'autorisent vis-à-vis d'autres hommes qu'ils exploitent comme des esclaves ou laissent mourir de faim[236] ; ce qui fait écho à ce passage de Milan Kundera, dans l'insoutenable légèreté de l'être (p.420-421) :
« Il n'y a aucun mérite à bien se conduire avec ses semblables.(...) On ne pourra jamais déterminer avec certitude dans quelle mesure nos relations avec autrui sont le résultat de nos sentiments, de notre bienveillance ou haine, et dans quelle mesure elles sont d'avance conditionnées par les rapports de force entre individus. La vraie bonté de l'homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu'à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l'humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu'il échappe à notre regard), ce sont les relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c'est ici que s'est produite la faillite fondamentale de l'homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent. »
Ou encore :
« L’éventualité des pogromes est chose décidée au moment où le regard d’un animal blessé à mort rencontre un homme. L’obstination avec laquelle celui-ci repousse ce regard : « ce n’est qu’un animal » réapparaît irrésistiblement dans les cruautés commises sur les hommes dont les auteurs doivent constamment se confirmer à eux-mêmes que ce n’est qu’un animal, car même devant un animal, ils ne pouvaient le croire entièrement. »
— Minima Moralia: Reflexionen aus dem beschädigten Leben, § 68, Theodor W. Adorno[237].
Convictions analogues
Alors que le végétarisme est généralement défini strictement comme étant à la base un régime alimentaire, beaucoup de végétariens motivés religieusement, éthiquement ou pour des raisons liées à l'environnement (avec les mouvements de Libération Animale et les partis verts) s'efforcent de minimiser les dommages causés de manière diverse aux animaux.
De nombreux végétariens considèrent qu'éviter les produits fabriqués à partir des parties du corps d'un animal (cuir, suif, savon) fait partie de leur définition du végétarisme (les éviter strictement est du véganisme). D'autres considèrent le cuir fabriqué à partir d'animaux morts de causes naturelles comme acceptable. Comme ceci est impraticable pour beaucoup d'hindous, certains n'utilisent absolument aucun produit fabriqué avec de la peau de vache. Quelques États ont interdit l'abattage de vaches dans les lieux de pèlerinages ou dans des régions entières dans lesquelles les hindous sont attachés au caractère sacré des vaches.
Beaucoup des végétariens motivés pour des raisons de santé sont aussi concernés par l'agriculture biologique ou/et par la non-utilisation d'OGM dans la production alimentaire. (dans l'alimentation animale non-biologique, le consommateur européen consomme indirectement des OGM. En effet, les animaux (volailles, porcs, vaches) sont en partie alimenté de maïs et soja venant des États-Unis et du brésil. Or ces pays pratiquent la culture OGM, et les récoltes OGM et non-OGM sont livrées dans les mêmes cales de bateaux. Seuls le maïs et soja biologiques, ayant un approvisionnement différencié, sont actuellement encore garantis sans OGM)
Esthétique
Quelques personnes jugent la viande peu appétissante, particulièrement crue, et préfèrent simplement s'abstenir de consommer de la chair animale pour des raisons esthétiques ou émotionnelles. D'autres trouveront esthétique le simple fait d'être végétarien. De plus, certains végétariens croient qu'un végétarien, mangeant des aliments provenant des végétaux, a une meilleure odeur corporelle[240].
Goût
Certains individus n'apprécient pas le goût de la viande et en abandonnent la consommation pour cette raison[241]. Cette motivation est cependant minoritaire, et quelques aliments pour végétariens reproduisent le goût ou la texture de la viande (tempeh, tofu préparés, soja texturé)[242], tout comme certains procédés modifient ou dissimulent le goût de la viande (marinades, sauces etc.) En effet, certaines personnes sont sensibles aux différents goût de viande, et ne supportent pas en général le goût du gibier, de la viande rouge, de la viande de mouton (très forte, elle peut aller jusqu'à engendrer une envie de vomir).
Cas des végétariens par tradition familiale
Pour les végétariens qui le sont, car nés au sein d'une famille végétarienne (ce qui constitue une grande part des végétariens à travers le monde, du fait de la tradition hindoue), le goût de la viande n'a pas bon goût[243], n'apporte aucun plaisir (les premières ingestions de la viande sont d'ailleurs suivies de vomissements), et l'odeur cuisinée des chairs animales (celles des mammifères, oiseaux, poissons, etc.) est en fait très désagréable à l'odorat des végétariens nés : cela est dû au fait que le palais et les sens développent leurs compétences et préférences avant tout pendant l'enfance, et que ce faisant les enfants végétariens prennent en revanche plus de plaisir à consommer les légumes mal aimés par les enfants nés dans une famille pratiquant la zoophagie[243].
Le Mahatma Gandhi rapporte que pendant son adolescence, il se laissa convaincre de manger de la viande de chèvre par un camarade et par conviction nationaliste (les Anglais dominant les Indiens, selon son camarade, parce que zoophages) : cela ne lui procura aucun plaisir, et lui fit faire des cauchemars où il se voyait réincarné en chèvre tuée par un boucher[243].
Du fait de l'odeur désagréable qu'induit les chairs animales cuisinées pour les végétariens de naissance et du mal-être que représente pour les Indiens animalistes ou antispéciste la vision de la viande, des immeubles en Inde, à Mumbai tout particulièrement, proposent des appartements dans des zones où seuls les végétariens (de n'importe quelle religion) sont autorisés à loger[244].
Critiques
Moralisation d'une pratique alimentaire
Si la critique des niveaux élevés de consommation de viande dans les sociétés occidentales est fondée, l'interdiction absolue opérée par le végétarisme sur l'ingestion de viande est, comme tout absolu, considérée par certains comme une vision morale, et à ce titre, peut être soumise aux critiques classiques des impératifs moraux (tentations universalistes, intolérance potentielle, etc.)[245]. Selon le philosophe Dominique Lestel, les végétariens dans la lignée de l'antispécisme, ( et de l'hindouisme, du jaïnisme et du bouddhisme), se séparent de l'« animalité » en faisant de l'humain le seul animal omnivore refusant la consommation de viandes qui entraîne des souffances liées à l'élevage ou à l'abattage, alors que l'homme zoophage assumerait une nature « animale »[246], quoique le terme « animal » ait été remis en question par le philosophe Jacques Derrida, dans son ouvrage L'Animal que donc je suis, où transparaît l'idée que l'homme n'est pas un « robot » qui doit suivre un « programme » parce qu'il le peut (c'est-à-dire être omnivore, parce que son organisme le permet : culturellement, les viandes consommées sont différentes – il y a des abattoirs pour les chiens et les chats en Chine par exemple, pratique du cannibalisme en Papouasie Nouvelle-Guinée, refus de consommation de charcuterie chez les juifs et les musulmans, la consommation alimentaire d'insectes est inexistante en Europe mais non en Asie, etc.), mais est un animal de culture (« nature différée »), qui bâtit son univers humain par rapport à sa propre compréhension du monde qui l'entoure et le constitue toujours – la nature (« culture différée ») – , parce qu'il le veut (la philosophe Elisabeth de Fontenay, dans le silence des bêtes, considère que toute définition d'un « propre de l'homme » ou d'une « nature ou essence humaine », est dangereuse (et d'origine uniquement européenne), excluant ceux qui ne correspondent pas à cette définition à être relégué à une moindre humanité, les rapprochant du sort – souvent peu enviable – de l'« animal », terme trop général pour être valable d'une point de vue philosophique).
Carence en vitamine B12
Une carence en vitamine B12 peut être la conséquence d'un régime végétalien (excluant donc œufs, fromages, laits, miel etc.) sans suppléments [réf. nécessaire] (il faut au moins quatre à six ans d'un régime végétalien strict pour être carencé en B12). Tandis que tous les aliments issus du règne animal contiennent des quantités satisfaisantes de B12, peu de plantes en contiennent suffisamment[247]. Quelques produits, comme la spiruline, sont parfois présentés comme d'excellentes sources de Vitamine B12, ce qui n'est pas le cas. Ils ne contiennent pas de vitamine B12 sous forme active (cobalamine)[248]. Toutefois, un assortiment de nourriture a des vitamines ajoutées comme les steaks aux céréales, des boissons douces, certains laits de soja, marmite, vegemite. Les suppléments de B12 tels que les pilules de vitamines sont souvent préparés à partir de déchets d'abattoir [réf. nécessaire] et ne conviennent donc pas aux végétaliens et végétariens, même si le nombre de marques ne contenant pas de produit animal augmente [réf. nécessaire].
Une étude menée par le docteur Helga Refsum sur 204 hommes indiens de 48 ans en moyenne, dont 1/3 de végétariens parmi eux, montre qu'une carence en vitamine B12 a pu être observée parmi ceux qui mangeaient régulièrement des œufs et de la volaille, et donc chez les non végétariens[249]. L'examen révèle que seulement 10% des sujets étudiés présentaient un taux normal de vitamine B12 et, plus grave, que 52% des sujets présentaient un déficit réel. Les auteurs de cette étude orientent aujourd'hui leurs recherches sur une éventuelle origine génétique de ces déficits observés en vitamine B12.
Dans la culture
Littérature
- Dans le roman de René Barjavel La Nuit des temps, l'héroïne est horrifiée d'apprendre que les humains actuels « mangent de la bête ». En effet, le peuple auquel elle appartient ne consomme pas d'animaux, à l'exception des marginaux ou asociaux vivant en dehors du système.
- Dans la saga Le journal d'une princesse de Meg Cabot, l'héroïne est végétarienne.
- Dans le cycle de L'Héritage, le héros devient végétarien au cours de sa formation de Dragonnier chez les Elfes, qui sont eux-mêmes lacto-ovo-végétariens. Il finira par faire une entorse à son régime sans viande lorsqu'en plein milieu du désert, il n'aura pas d'autre choix que de sacrifier la vie de deux lézards pour survivre à la traversée.
- Dans la saga des Chevaliers d'Émeraude et sa suite, Les Héritiers d'Enkidiev, les Elfes et les Fées, même ceux qui sont Chevaliers, sont végétariens. Le Chevalier Kevin, après qu'il s'est débarrassé du sorcier Asbeth qui lui avait fait subir une mutation (qui s'est résorbée à la mort du sorcier) qui le rendait exclusivement crudi-carnivore et aveugle sous une lumière vive, il devient végétarien à la demande insistante de son épouse Maïwen (une Fée) et de ses enfants et finira par s'habituer à ce nouveau régime.
Cinéma
- Dans le film Le Dictateur, le héros, barbier juif interprété par Charlie Chaplin, est végétarien, d'où le dialogue : - Je croyais que tu étais Aryen ? - Je suis végétarien.
- Dans le film Sept Vies avec Will Smith, l'héroïne est végétarienne et explique que son chien l'est également.
- Les héros respectifs des films d'horreur The Midnight Meat Train et Hostel sont végétariens.
- Dans le film Terreur dans la savanne, l'une des héroïnes est végétarienne.
- Dans le film Le Rayon vert, la protagoniste refuse de la viande à un repas, et se justifie devant ses amis.
- Dans le film Détour mortel 2, l'une des héroïnes est végétarienne.
- Dans le film La Belle Verte, de et avec Coline Serreau, Mila et toute sa communauté sont végétariens.
- Dans le film La dernière chanson, Véronica (rôle interprété par Miley Cyrus) est végétarienne.
Télévision
- Dans la série télévisée Les Simpsons, Lisa Simpson est végétarienne.
- Dans la série télévisé Friends, Phoebe est végétarienne.
- Dans la série télévisée Avatar, le dernier maître de l'air, Aang est végétarien.
- Dans la série télévisée The Goode Family, toute la famille est végétarienne.
- Dans le téléfilm et la série Dinotopia, humains et dinosaures ne consomment pas d'animaux à l'exception des tyrannosaures (espèce restée sauvage) d'une part et des humains en marge de la société tels que les brigands, d'autre part.
Notes et références
- Voir par exemple la définition du Petit Larousse
- Autobiographie, ou mes expériences de vérité. Mohandas Karamchand Gandhi
- Dictionnaire de l’ancienne langue française, Aupelf, France-Expansion, 1973 (reprod. de l’éd. de F. Vieweg, 1881 à 1902) Godefroy Frédéric.
- http://www.unites.uqam.ca/ERE-UQAM/lemondeatable/pdf/4-activite.pdf VESANTO Melina, Victoria HARRISSON et Brenda CHARBONNEAU. Devenir végétarien, Montréal, Éd. de l'Homme, 1994, p. 21.
- http://www.vegetarismus.ch/info/f0.htm
- Celebrate Christmas, Vegetarian Society, November 1, 2000, accessed May 2, 2010.
- 1839: "If I had had to be my own cook, I should inevitably become a vegetarian." (F. A. Kemble, Jrnl. Residence on Georgian Plantation (1863) 251)
- 1842: "To tell a healthy vegetarian that his diet is very uncongenial with the wants of his nature." (Healthian, Apr. 34)
- http://www.brook.com/jveg/
- Clément d'Alexandrie (160-240), l’un des pères de l’Église, préconisait ce régime : « Il vaut mieux être heureux, dit-il, que de rendre nos corps pareils à des tombes pour les animaux […] L’apôtre Mathieu mangeait des grains, des noix et des légumes, et s’abstenait de toute chair. » Saint Jean Chrysostome (345-407) décrivait l’alimentation carnée comme une coutume cruelle et contre nature pour des chrétiens : « Nous imitons les mœurs des loups, des léopards, ou plutôt nous faisons pire qu’eux. La nature les a faits pour qu’ils se nourrissent ainsi, mais Dieu nous a dotés de la parole et du sentiment de l’équité, et nous voilà devenus pires que les bêtes sauvages. » Il disait aussi : « Nous, les dirigeants chrétiens, pratiquons l’abstinence de la chair animale. » Saint Benoît, qui fonda l’ordre monastique des bénédictins en 529, prescrivait les aliments végétariens comme nourriture de base pour ses moines. L’ordre de la Trappe, dès sa fondation au XVIe siècle, s’opposa rigoureusement à la consommation de la viande, des œufs et des autres aliments d’origine animale. Cette règle fut relâchée par le concile du Vatican de 1965, mais la plupart des trappistes adhèrent encore à l’enseignement originel sur le végétarisme. Aujourd’hui, l'Église adventiste du septième jour recommande fortement le végétarisme à ses membres, en s’appuyant sur la Bible. John Wesley (1703-1791), le fondateur du méthodisme, déclarait : « Je remercie Dieu, car depuis que j’ai laissé la viande et le vin, je suis libéré de toutes les maladies physiques. »
- http://www.all-creatures.org/cva/vegbenefits.htm
- http://www.all-creatures.org/cva/HGCenfrancaise.htm
- http://godsdirectcontact.us/sm21/enews/www/178/vg_55.htm
- http://www.hindujagruti.org/hinduism/knowledge/article/why-does-hindu-dharma-prohibit-consumption-of-non-vegetarian-food.html
- ISBN 1-55643-285-2. Cousens, Gabriel (2000). Conscious eating. Berkeley, California: North Atlantic Books. p. 413.
- Ramayana Saint Valmiki allait jusqu'au fleuve Ganga pour ses ablutions quotidiennes. Un disciple du nom Bharadwaja transportait ses vêtements. Sur le chemin, ils rencontrèrent le courant Tamasa. En regardant le ruisseau, Valmiki dit à son disciple: « Regarde, comment est claire cette eau, comme l'esprit d'un homme bon ! Je me baignerai ici aujourd'hui. » Alors qu'il était à la recherche d'un endroit approprié pour entrer dans le courant, il entendit les doux gazouillis des oiseaux. Levant les yeux, il vit deux oiseaux qui volaient ensemble. Valmiki se sentit très heureux de voir ce couple d'oiseaux joyeux. Soudain, l'un des oiseaux tomba, frappé par une flèche : c'était l'oiseau mâle. En voyant le blessé, sa compagnone cria à l'agonie. Le cœur de Valmiki se brisa de pitié à cette vue. Il regarda autour pour savoir qui avait abattu l'oiseau. Il vit un chasseur avec un arc et des flèches, à proximité. Valmiki se mit très en colère. Ses lèvres s'ouvrirent et il prononça les mots suivants :/*ॐ माँ निषाद प्रतिष्ठा त्वमगमः शास्वती समः यत् क्रोच मिथुनादेवकमवधी काममोहितं*/"Tu ne trouveras aucun repos pour de longues années d'éternité/ toi qui as tué un oiseau vivant dans l'amour et sans méfiance."
- Végétarisme : Diogène Laërce, VIII, 19-20, 34. Jamblique, Vie de Pythagore, § 106-109, 150. Johannes Haussleiter, Der Vegetarismus in der Antike, Berlin, 1935, p. 97-157.
- http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/empedocle/diels.htm
- Damodar Dharmanand Kosambi : « C’est l’empereur qui dans son palais donne l’exemple du végétarisme », cité dans Délivrance et convivialité, le système culinaire des Jaina (Marie-Claude Mahias).
- Premier décret des édits d’Ashoka
- Sermons du Bouddha - Chapitre 2 : Le principe de non-violence
- ermites mais plutôt comme les bêtes féroces en parcourant le monde pour se remplir la panse ? Ils ne font qu’effrayer les autres en spoliant la pureté de leur voie à tel point que l’on peut se demander si le bouddhisme est vraiment une méthode de contrôle de soi. » (« Soûtra de l’Entrée à Lankâ, lankâvatâra », traduction de Patrick Carré, Fayard) « Mahamati, ceux de mes disciples qui se nourrissent de viande font rire les profanes qui murmurent : quels sont ces renonçants qui s’exercent à la pureté en ne se nourrissant pas comme les dieux et les
- http://books.google.fr/books?id=4Zy5Fg2oa-cC&pg=PA384&lpg=PA384&dq=th%C3%A9ophraste+v%C3%A9g%C3%A9tarisme&source=bl&ots=vt9Ws74Yt1&sig=5gPS1aYdkdCHXvt0Vx1gWLQwNjA&hl=fr&ei=-5aGTJrsDMfc4gbwoJjSBA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBUQ6AEwAA#v=onepage&q=th%C3%A9ophraste%20v%C3%A9g%C3%A9tarisme&f=false
- http://www.fondation-droits-animal.org/rubriques/publi_conf/publiconf_colloq.htm
- http://bibliodroitsanimaux.voila.net/porphyrelibertejustice.html
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- http://www.scienceshumaines.com/les-animaux-ont-ils-des-droits_fr_6496.html
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- http://www.animalrightshistory.org/animal-rights-timeline/animal-rights-p/plotinus/enneads-happiness.htm
- Rynn Berry, Famous Vegetarians, Pythagorean Publishers, 2003, pp. 59-68.
- Les Métamorphoses, Ovide, éd. Gallimard.
- Citation tirée des ouvrages poètiques de Virgile : « Chez lui de la pudeur tout respecte les lois :/ Le lait de ses troupeaux écume entre ses doigts :/ Et ses chevreaux, tout fier de leur corne naissante,/ Se font en bondissant une guerre innocente / (...) Même avant Jupiter, avant que l'homme impie / Du sang des animaux osât souiller sa vie, / Ainsi vivait Saturne (...) », Virgile, Bucoliques Géorgiques, 2e Géorgique, p.211, Folio classique, ISBN:20700394484 ; 3e Géorgique, p.241 : « Sous les flots de la neigne qui tombe/ La faible brebis meurt, le fier taureau succombe/ Les daims sont engloutis, et le cerf aux abois,/ Découvre à peine aux yeux la pointe de son bois./ Contre ses animaux, désormais moins agiles,/ Les rets sont superflus, les chiens sont inutiles,/ Tandis que, rugissant dans leurs froides prisons/ Ils soulèvent en vain le fardeau des glaçons,/ Le barbare les perce, et, mugissant de joie,/ Dans ses antres profonds court dévorer sa proie » ; 4e Géorgique, p.271 : « Comme nous cependant ces faibles animaux / Eprouvent la douleur et connaissent les maux ».
- http://ahimsafederation.org/article/article17.htm
- http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:yOZiZsQb_8YJ:www.historia.fr/content/recherche/article%3Fid%3D15044+manich%C3%A9isme+v%C3%A9g%C3%A9tarien&cd=5&hl=fr&ct=clnk&gl=fr
- Weaver's Wisdom, translation of the Tirukural, Himalayan Academy. Consulté le 29 October 2010
- http://cc.bingj.com/cache.aspx?q=madhvacarya+animals&d=4707069670131856&mkt=fr-FR&setlang=fr-FR&w=a08fa749,1ea401eb
- Spiritual Traditions and Vegetarianism
- http://classiques.uqac.ca/classiques/escarra_jean/C38_droit_chinois/esc_droit.rtf
- http://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:-dpSF_-mS9wJ:assr.revues.org/1224%3Ffile%3D1+wudi+v%C3%A9g%C3%A9tarisme&hl=fr&gl=fr&pid=bl&srcid=ADGEESgAx-zo8jOI17huLiZvsi_yj23_3vqJHWLB-NlBoXmgMAFJfT_QuYopq-A0b-gt2QMqlfQJK6G1tK7p2csS9PHKw5b0TKEigdj1Sat0HgT-zDeqkRebcGikQvhyLZOE54rTNVKd&sig=AHIEtbQBXYBuB7UL4ZIEe7WDHfDBYOUqEQ
- Végétarisme et Végétariens au Japon
- http://books.google.fr/books?id=WzEzXDk0v6sC&pg=PA57&lpg=PA57&dq=kumarapala+gujarat++meat&source=bl&ots=1o0pDeAgnt&sig=SVotY6UDgrMG8W9eM4TwvTkQM6k&hl=fr&ei=DM2CTJ-OH5O34Ab8nLnTCw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBkQ6AEwAA#v=onepage&q=kumarapala%20gujarat%20%20meat&f=false
- http://indianfood.indianetzone.com/1/gujarat.htm
- http://www.clas.ufl.edu/users/bron/ern/J.pdf
- http://www.herenow4u.net/index.php?id=75293
- Entretien avec Aung Ko
- http://ahimsafederation.org/article/article17.htm « "Be merciful to animals and all living objects, as the lord has been merciful to us." - says Chaitanya Mahaprabhu.Chaitanya Mahaprabhu was the first saint to extol with reverence, vegetarianism in Bengal. He had experienced the impact of vegetarianism on human mind and intellect. », soit « "Soyez charitable envers les animaux et toutes les créatures vivantes, comme le Seigneur a été charitable envers nous." - disait Chaitanya Mahaprabhu. Chaitanya Mahaprabhu a été le premier saint à vanter avec révérence le végétarisme dans le Bengale. Il avait éprouvé l'impact du végétarisme sur l'esprit humain et l'intellect. »
- http://www.san.beck.org/2-14-Summary.html
- http://www.sikh-history.com/sikhhist/events/kabir.html
- Dans son livre La Base morale du végétarisme, il écrit : « Je soutiens que l'alimentation carnée ne convient pas au genre humain. Nous avons tort d'imiter les animaux si nous leur sommes supérieurs. »
- Calcutta employaient pour traire leurs vaches et leurs buffles jusqu'à la dernière goutte de lait, m'avait hanté alors. J'avais eu aussi le sentiment que, de même que la viande n'était pas nourriture humaine, le lait non plus ne pouvait l'être... (...) » et rajoute : « Je me refuse à prendre du lait, les produits dans lesquels entre du lait, et aucune viande. Si ce refus devait signer mon arrêt de mort, mon sentiment est que je n'y devrais rien changer. » dans Autobiographie ou mes expériences de la vérité, Mohandas Karamchand Gandhi écrit sur son abandon de tout laitage (faisant de lui un végétalien, puisque son végétarisme excluait les œufs) : « Les considérations religieuses avaient été les plus fortes, quand il s'était agi d'abjurer le lait. L'image des procédés barbares que les govâls de
- Les Impératifs. Poèmes de l'Ascèse. Édition bilingue, traduit par Hoa Hoï Vuong et Patrick Mégarbané, Actes Sud, collection Sindbad, Arles, 2009.
- Dans Glimpses of Bengal Letters (1894) : « Nous n’arrivons à avaler de la viande que parce que nous ne réfléchissons pas à la cruauté et au péché que nous commettons. Mais, une fois notre pitié éveillée, si nous persistons à tordre le cou à nos sentiments juste pour ne pas nous démarquer de ceux qui font de la vie leur proie, c’est une offense à tout ce qu’il y a de bon en nous. »
- Lettre à Hermann Huth (27 décembre 1930) et lettre à Hans Muehsam (30 mars 1954).
- Lettres d'Andrea Corsali à Giuliano de'Medici (frère du Pape Léon X) : « Certains infidèles appelés Guzzarati [Hindous] ne sont nourris de rien qui contient du sang, ni permettent entre eux d'infliger des dommages à aucune créature vivante, comme notre Léonard de Vinci. » Dans Léonard de Vinci, artiste, penseur et homme de science (1898), Eugene Muntz écrit : « Par la lettre de Corsali il paraît que Leonardo ne mangeait pas de la viande, mais il vivait complètement de végétaux, en anticipant par conséquent aux végétariens modernes dans plusieurs siècles. » Dans L'Esprit de Léonard de Vinci (1928), Edward MacCurdy écrit : « La simple idée de permettre l'existence de souffrance inutile, et encore plus celle d'enlever la vie, était quelque chose qu'il détestait. » Dans En découvrant la vie de Léonard de Vinci, traduction de 1991, Serge Bramly écrit : « Léonard aimait tant les animaux qu'il est devenu végétarien. »
- hindi de Gourou Nânak (1469-1538, fondateur du sikhisme), traduit de G. de Tassy, Allégories, Leroux, 1876, dans Trésor de la poésie universelle, Roger Caillois/Jean-Clarence Lambert, Gallimard (6e édition) : « Mon saint inspirateur enseigne la clémence. / Le cœur s'éveille à ses paroles. / Le chapelet dont chaque grain / est un soupir / est admirable. / Le sage laisse cours à la pitié. / Homme sans pitié, tu es un boucher. / Tu tiens le couteau, et crie impitoyable : / “Qu'est-ce qu'une chèvre ? Qu'est-ce qu'une vache ? / Que me font les autres bêtes ? ” / Or, le maître a dit : / “Nulle différence entre les différents meurtres. / Ô Nânak, ne détruis pas l'esprit pour conserver le corps ! / Réprime, ô frère, ce grand élan né dans ton cœur. / Et cherche refuge en Hari”. » (Hari est un des noms de Vishnou ; Gourou Nânak est né hindou). Exemple d'un poème en
- Végétarisme SOS
- (fr) « Les chemins de la compassion : les bishnois »
- Dans Lettres et Essais, il écrit : « La vertu est incompatible avec le bifteck, et dès que l'on veut devenir bon, on abandonne la consommation de viande. »
- Rod Preece, Sins of the Flesh: A History of Ethical Vegetarian Thought , University of British Columbia Press, 2009, pp. 207–209.
- Rynn Berry, Famous Vegetarians, Pythagorean Publishers, 2003, pp. 131-140.
- Rynn Berry, Famous Vegetarians, Pythagorean Publishers, 2003, pp. 149-158.
- Dans son essai intitulé Une alimentation naturelle justifiée : « Que les partisans de l’alimentation carnée vérifient le bien-fondé d’un tel régime, qu’ils déchirent un agneau encore vivant avec leurs dents […] et plongent leur tête dans ses organes vitaux, se désaltèrent dans le sang fumant […] Alors seront-ils en accord avec leurs convictions. » Dans une lettre du 14 mars 1812, son épouse écrivait à une amie : « Nous avons renoncé à la viande pour adopter la pensée pythagoricienne ». Shelley décrit, dans son poème La Reine Mab, un monde utopique où les êtres humains ne tuent pas les animaux à des fins alimentaires. « Désormais, il ne tuera plus l’agneau qui le regarde, Ne dévorera plus sa chair. Car, comme pour venger la loi violée de la Nature, Celle-ci empoisonna, envenima le corps qui l’engloutit, éveilla des passions funestes, de vaines croyances, La haine, le désespoir et le dégoût de tout, Les germes de la misère, du crime, la maladie, la mort. »
- http://www.ivu.org/history/england19a/byron.html
- Dharma Today
- Extrait de sa biographie par Max Brod : « Je peux maintenant vous regarder en paix, car je ne vous mange plus. »
- Dans son autobiographie, il écrit : « Shelley fut le premier à me faire réaliser la barbarie de mon régime alimentaire. » Plus loin, il rapporte que quelqu'un lui demanda un jour : « Comment se fait-il que vous paraissiez si jeune ? — Au contraire, rétorqua-t-il, je fais mon âge. Ce sont les autres qui paraissent plus vieux que leur âge. Que peut-on espérer de gens qui ne se nourrissent que de cadavres ? »
- On lui attribue également la célèbre phrase : « Les animaux sont mes amis et je ne mange pas mes amis. »
- Dans On Enemies, a Love Story, il dit : « Dans leur comportement à l'égard des animaux, tous les hommes sont des nazis. »
- Judaism and Vegetarianism, New Revised Edition By Richard H. Schwartz, Ph.D. (Publisher: Lantern Books www.lanternbooks.com)
- Dans ses Confidences, il rapporte : « Ma mère m'a convaincu que le fait de tuer des animaux pour se nourrir était une des infirmités les plus déplorables et les plus honteuses de l'espèce humaine. »
- Howard Williams, The Ethics of Diet : A Catena of Authorities Deprecatory of the Practice of Flesh-eating, University of Illinois Press, 2003, pp. 173-176.
- Tristram Stuart, The Bloodless Revolution, W. W. Norton & Company, 2006, pp. 208-214.
- Élisée Reclus: À propos du végétarisme
- Dans Le Temple Enseveli (Paris, 1903, p. 188-189) : « Je n’ai pas l’intention d’approfondir ici la question du végétarisme ni de rencontrer les objections qu’on y peut faire, mais il convient de reconnaitre que bien peu de ces objections résistent à un examen loyal et attentif, et l’on peut affirmer que tous ceux qui se sont soumis à ce régime ont senti leurs forces s’accroitre, leur santé se rétablir ou s’affermir, leur esprit s’alléger et se purifier comme au sortir d’une prison séculaire, nauséabonde et misérable […] Si quelque jour se généralisait la certitude que l´homme peut se passer de la chair des animaux, il y aurait non seulement une grand révolution économique, - car un bœuf, pour produire une livre de viande, consomme plus de cent livres de fourrage, - il y aurait encore une amélioration morale probablement aussi importante et certainement plus sincère et plus durable que si l’Envoyé du Père revenait une seconde fois visiter notre terre pour réparer les erreurs et les oublis de son premier pèlerinage. »
- Albert Schweitzer et Charles Rhind Joy (1947) Albert Schweitzer: an anthology Beacon Press
- http://www.ivu.org/history/europe20a/schweitzer.html
- http://www.all-creatures.org/cva/th-schweitzer-albert.htm
- http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article392
- Sadeq Hedayat, Favayed-e Giyahkhari (The Advantages of Vegetarianism), 1927.
- Video sur Youtube.
- Mary Lutyens, The life and death of Krishnamurti, 2003, p. 30.
- http://www.ivu.org/members/council/rukmini-devi-arundale.html
- « Vers l’âge de dix ans, j’appris à manger de la viande pour faire comme tout le monde […] Quarante ans plus tard, révoltée par les carnages de bêtes, je repris le chemin suivi dans l'enfance. » (Quoi ? L'Éternité, Gallimard, p. 205.)
- Je Suis Paul McCartney, Et Je Suis Végétarien
- (en)Meat Free Monday Avoir un jour sans viande chaque semaine est un moyen simple pour commencer à faire une réelle différence dans le monde.
- http://www.veganimal.info/article.php3?id_article=542
- http://www.vegetarisme.ch/asv.php
- VegAnimal.info - Végétalisme éthique : végétalien, vegan, véganisme, végétarisme, végétarien strict : bénéfique aux humains, aux animaux et à l’environnement
- Végétarisme et survie de la planète
- http://www.israelvalley.com/news/2008/08/10/18940/israel-france-pas-de-foie-gras-pour-la-ministre-vegetarienne-les-producteurs-de-foie-gras-d-israel-n-aiment-pas-tzipi-livni
- CFES, 1996 d'après
- ISBN 978-2-253-03163-5 René Nelli, La vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle,
- http://www.repubblica.it/cronaca/2010/02/19/news/vegetariani_italia-2354478/
- http://www.raw-food-health.net/NumberOfVegetarians.html
- State of the Nation Survey
- http://www.123yatra.com/index.php/india/western-india/gujarat/
- http://timesofindia.indiatimes.com/india/Holy-town-Rishikesh-turns-shuddh-shakahari/articleshow/555299.cms
- http://indiatouring.com/travel/govardhan-west-of-mathura-in-the-uttar-pradesh/
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Voir aussi
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Articles connexes
- Ahimsâ
- Antispécisme
- Bien-être animal
- Cuisine végétarienne
- Mouvement pour l'abolition de la viande
- Satya
- Veganisme
- Végétalisme
- Végétarisme bouddhique
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