- Impact environnemental de la production de viande
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La production intensive ou extensive de viande a une influence environnementale sur les réserves et la qualité de l'eau, sur l'utilisation des territoires, sur la biodiversité et sur la consommation énergétique. Il est admis que la version intensive de production de viande est une des principales sources de gaz à effet de serre d'origine anthropique.
En 2006, selon la FAO et pour satisfaire la demande industrielle :
« 70 % des forêts amazoniennes ont déjà été converties en pâturages. (...) L’élevage émet davantage de gaz à effet de serre (18 %) que les transports (12 %) (...) des concentrations excessives de fumiers et lisiers polluent les eaux et les sols, contribuant notamment aux problèmes d'eutrophisation et de dystrophisation[1]. » L'élevage industriel génère d'importants transports, tant pour l'alimentation que demande l'élevage, que les animaux vivants eux-mêmes ou la viande finalement produite : près de 25 millions de porcs auraient fait l'objet d'échanges au niveau international en 2005 selon la FAO) contribuant au risque de diffusion de zoonoses ; ce sont les élevages de porcs (croissance de 2,6 % par an de 1995 à 2005) et de volailles (croissance de 3,7 % par an de 1995 à 2005) qui continuent à croître le plus et qui ont été les plus industrialisés depuis 10 ans.Reijnders et Soret[2] démontrent que les impacts environnementaux sont 4 à 100 fois plus importants lors de la production d’une unité de protéine animale moyenne que la production d’une unité de protéine de soja. Le poisson demande quant à lui 14 fois l’énergie du soja pour le même rendement protéinique toujours.
L'ensemble de ces rapports ne fait pas de distinction entre:
- l'élevage industriel ou élevage intensif basés sur la concentration du bétail, les monocultures, les énergies fossiles (machinisme, engrais chimiques, pesticides...)
- l'élevage pastoral ou élevage traditionnel basé sur le sylvopastoralisme, les prairies naturelles et le faible chargement en bétail des territoires.
C'est le premier mode d'élevage qui rassemble la majorité des nuisances environnementales.
Sommaire
Eau
Estimation des besoins en eau virtuelle pour diverses productions (en m³ d'eau par tonne), selon diverses sources[3] Hoekstra
& Hung
(2003)Chapagain
& Hoekstra
(2003)Zimmer
& Renault
(2003)Oki
et al.
(2003)Moyenne Bœuf 15977 13500 20700 16726 Porc 5906 4600 5900 5469 Fromage 5288 5288 Volaille 2828 4100 4500 3809 Œufs 4657 2700 3200 3519 Riz 2656 1400 3600 2552 Soja 2300 2750 2500 2517 Blé 1150 1160 2000 1437 Maïs 450 710 1900 1020 Lait 865 790 560 738 Pommes de terre 160 105 133 Dans une famille moyenne, la quantité d'eau nécessaire pour l'alimentation peut être jusqu'à 10 fois supérieure à celle utilisée pour les besoins ménagers et la consommation directe[4],[5].
Selon l'UNESCO, concernant l'élevage intensif : « pour produire de la viande, de l'eau doit être utilisée dans la production de nourriture pour animaux, qui doit être donnée aux animaux pendant leur vie entière. La perte d'eau (et d'énergie) entre les niveaux trophiques est très importante. Quand les grains vont directement aux humains, cette inefficacité est évitée. En effet, la production de viande nécessite 60 fois plus d'«eau virtuelle» que celle d'une même quantité de céréales et bien que les céréales contiennent moins de protéines, pour obtenir la même quantité de protéine, l'agriculture réclame 13 fois moins de ressources que l'élevage. Un régime carné consomme environ 4000 litres d'«eau virtuelle» par jour tandis qu'un régime végétarien en consomme 1500[6]. »
Aux États-Unis, plus de la moitié de l'eau consommée est utilisée pour la production intensive de bétail[réf. nécessaire]. Selon Doan Bui, journaliste au Nouvel Observateur, « Il faut 25 000 litres d'eau pour produire 100 grammes de bœuf[7]. »
Selon une étude, à l'ouest des États-Unis, le pâturage intensif du bétail a eu un impact négatif sur 80% des cours d'eau et des habitats des rivières. Cela se traduit par une augmentation de la température, de la turbidité, des concentrations en phosphates, en nitrates, et par une réduction de la quantité d'oxygène dissout et de la biodiversité (Belsky et al., 1999). Une autre étude indique qu'à l'est des États-Unis, la production de déchet des élevages porcins a également causé une eutrophisation de grande échelle, incluant le Mississippi et l'Océan Atlantique (Palmquist, et al., 1997)
Selon l'Institut bruxellois pour la gestion de l'environnement, « la production d'un kilo de bœuf consomme autant d'eau que les douches d'un individu pendant un an[8]. »
Territoire
Empreintes écologiques de différentes productions alimentaires (en m²/kg)[9] Viande de bœuf 121,8 Poisson 94,6 Viande de porc 42,6 Autres viandes 42,6 Volailles 21,7 Légumes secs 18,6 Œufs 16,5 Produits laitiers 5,9 Fruits 4,6 Légumes 4,2 Pommes de terre 2,0 L'élevage industriel nécessite de très grandes quantités de nourriture et ainsi de grandes étendues de terres cultivables. Par exemple la FAO rapporte dans son rapport « the Livestock’s long shadow »[1], que l’élevage consomme à lui seul 30% de la surface de terre de la planète. L'élevage extensif requiert également de grandes surfaces de pâturage. Les surfaces de terres cultivables cumulées aux patûrages sont souvent des surfaces de ce qui était des écosystèmes complets (forêts)[précision nécessaire] et qui ont été converties en terres exploitables. Ces surfaces ne participent ainsi plus à l'écosystème, d'où une consommation passive mais permanente d'empreinte écologique très élevée[précision nécessaire]. Quand la demande mondiale augmente comme aujourd'hui, ces surfaces requises de terres agricoles et pâturages conduisent de la même manière à l'empiètement de territoires inexploités et à la déforestation des zones des forêts primaires.
Selon Doan Bui, « la production de viande a été multipliée par cinq entre les années 50 et les années 2000 ; 80% de l'alimentation animale vient de cultures qui conviendraient à l'alimentation humaine et 60% de la production mondiale de céréales est consacrée à l'élevage industriel, alors qu'elle pourrait être utilisé pour alimenter les 850 millions d'humains victimes de malnutrition[7]. »
Cependant, l'agriculture sur brûlis a au moins autant de responsabilités dans la déforestation[10]. Cette expansion a augmenté le taux d'extinctions d'espèces animales et végétales, et réduit les services offerts par la nature, tels que l'élimination naturelle des polluants[11].
Selon les Nations Unies, « la déforestation induite par l'élevage est l'une des principales causes de la perte de certaines espèces animales et végétales uniques dans les forêts tropicales d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud, ainsi que de la libération de carbone dans l'atmosphère[12]. » La FAO confirme, en affirmant que « la production extensive de bétail est l'un des principaux agents de la destruction des forêts tropicales d'Amérique Latine, ce qui provoque des dégâts environnementaux considérables dans la région[13]. » Une étude antérieure de la FAO avait établi que 90% de la déforestation était due à des pratiques agricoles non durables[14]. Sur-pâturés, ces terrains perdent leur capacité à supporter la production animale, ce qui rend nécessaire davantage d'expansion agricole. La déforestation due à l'élevage est une des principales raisons de la perte d'espèces végétales et animales dans les forêts tropicales. En 2008, 20% des zones forestières initiales d'Amérique centrale et 38% de l'Amazonie ont été abattus pour l'élevage des bovins[7].
La production de viande qui n'est pas issue d'élevages, comme la chasse ou la pêche, ne constitue pas un poids supplémentaire pour l'environnement tant que ces prélèvements sont régulés de manière à maintenir des niveaux de population sains. Pratiquées correctement, ces productions peuvent constituer un moyen de gérer des populations locales qui, ayant perdu leurs prédateurs naturels, pourraient autrement endommager leur écosystème par surpopulation. Ce mode de production est également une occasion de favoriser des espaces naturels fournissant un habitat de qualité pour les animaux sauvages. Dans la mesure où cette production remplace une partie de la production industrielle, elle diminue l'empreinte écologique des consommateurs.
Selon l'Institut bruxellois pour la gestion de l'environnement, la production d'un kilo de bœuf exige la même surface de terre que la production de 160 kilos de pommes de terre[8].
Biodiversité
La déforestation induite par le développement de l'élevage constitue une menace importante pour de nombreuses espèces endémiques. Les espaces pâturés peuvent permettre à d'autres espèces sensibles de se maintenir ou de se développer, mais dans une mesure naturellement moindre puisque les patûrages et champs nécessaires à la production des céréales pour l'alimentation des animaux d'élevage, ne sont plus des forêts et Modèle:Précision souhaitée.
Énergie
Bien que les protéines animales soient 1,4 fois plus nourrissantes que les protéines végétales, la production de protéines animales nécessite huit fois plus d'énergie fossile que la production de la même quantité de protéines végétales[15]. En comparant le rapport entre le nombre de protéines consommées et produites, pour obtenir une calorie de volaille, porcs ou œuf, il faut 4 calories de céréales. Pour le lait, 8. Pour le bœuf 17 ou plus. En moyenne un végétarien consomme donc par an 180 kg de céréales, contre l'équivalent de 930 kg pour un consommateur de viande[7]. Cependant, la différence est moins importante dans certains pays en voie de développement ou ayant une économie de subsistance, où l'industrie agricole est quasiment inexistante ; le gaspillage énergétique y est en conséquence nettement moindre.
Gaz à effet de serre
La FAO a estimé que les émissions de gaz à effet de serres directement liées à la production de viande comptaient pour environ 18 % du total des émissions mondiales. Ce chiffre englobe l'ensemble du cycle de production de viande, incluant la déforestation, la production et le transport d'engrais, la consommation de combustible fossile, et les émissions de gaz par les ovins et les bovins[16].
Selon l'Institut bruxellois pour la gestion de l'environnement, la production d'un kilo de bœuf engendre 80 fois plus de gaz à effet de serre qu'un kilo de blé[8].
L'association végétarienne belge EVA estime que ne pas manger de viande d'élevage un jour par semaine équivaut à une économie de 170 kg de CO2 par personne et par an (soit un trajet de 1 100 km en automobile)[17]. Eschel et Martin arrivent à la conclusion que pour le consommateur américain moyen qui consomme en moyenne 27,7% de calories d'origine animale dans son alimentation, et qui réduit ce montant à 20% (donc une réduction très faible), économise environ tonne de CO2 par an[18].
Le président du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Indien Rajendra Pachauri, estime que les gens devraient réduire leur consommation de viande afin de lutter à titre personnel contre le réchauffement climatique[19],[20].
Au contraire, un certain nombre d'études suggèrent que, si l'on exclut le transport et les processus de transformation, les prairies pâturées auraient un bilan carbone proche de la neutralité[21]. Selon le CIV, organisation de communication de l'industrie de la viande , les prairies stockeraient ainsi autant de carbone que les forêts[22].
Plusieurs éléments nuancent voire contredisent les données établies par les rapports entre l'élevage pour la viande et la consommation d'eau et de gaz à effets de serre liés à cet élevage. L'élevage est également destiné à produire les produits laitiers. En 2008, la FAO[23] estime ainsi à plus de 1,5 milliard le nombre de bovins sur Terre, produisant environ 60 millions de tonnes de viande bovine, mais également près de 600 millions de tonnes de lait.
JP Géné cite ainsi en 2010 (Le Monde Magazine n°16, janvier 2010) l'exemple de l'Inde : avec une moitié de la population végétarienne, ce pays possède le plus grand troupeau de bovins du monde, avec 190 millions de têtes. La vache étant sacrée pour les hindous, sa viande n'y est pas consommée.
Bon nombre d'animaux de boucherie sont des vaches de réforme ayant produit du lait avant d'être abattues[réf. nécessaire]. Le fait donc de manger moins de viande de vache ne réduirait que partiellement l'émission de gaz à effets de serre si l'on n'y associe pas celui de consommer moins de produits lactés. Les défenseurs de l'élevage estiment qu'il est plus facile, de mener campagne pour réduire la consommation de viande que de produits lactés.
Les études actuelles sont donc encore à lire avec prudence. Par exemple, en cas de réduction de l'élevage dans un pays, ne sont pas comptabilisées les transports de viande sur des milliers de kilomètres pour nourrir des populations de pays développées (exemple de viande d'ovins néo-zélandais toujours importée en France).
Ammoniac
Selon la FAO[24], l'élevage est à l'origine de 64 % des émissions d'ammoniac d'origine humaine, contribuant ainsi aux pluies acides. Les déjections animales, notamment, représentaient en 1999 80 % des émissions d'ammoniac d'origine agricole, selon la Commission européenne[25].
Voir aussi
Références
- (en) FAO, Livestock’s long shadow : Environmental issues and options, 2006
- (en)LUCAS REIJNDERS, SAM SORET, Institute for Biodiversity and Ecosystem Dynamics: Center for Sustainable Development, University of Amsterdam, The Netherlands (LR), and the Department of Environmental & Occupational Health, Loma Linda University School of Public Health, Loma Linda, CA, Quantification of the environmental impact of different dietary protein choices, The American Journal of Clinical Nutrition, Vol. 78, No. 3, September 2003
- (en) Virtual Water Trade, 2003 Source de la comparaison :
- Water – More Nutrition per Drop, Stockholm International Water Institute
- (en) BBC News - Hungry world 'must eat less meat'
- Faits et Chiffres - L'eau virtuelle: 2003: Année Internationale de l'eau douce
- Frères humains, devenez végétariens !, Doan Bui, Le Nouvel Observateur, 08 Mai 2008
- IBGEBIM, cité par Libération, jeudi 28 mai 2009, page 16.
- Institut Bruxellois pour la Gestion de l'Environnement (page 10) Source :
- (en)Forests and Forestry : 4. What is driving these losses in forest cover?
- (en)FAO - Cattle ranching is encroaching on forests in Latin America
- FAO - Cattle ranching is encroaching on forests in Latin America « Ranching-induced deforestation is one of the main causes of loss of some unique plant and animal species in the tropical rainforests of Central and South America as well as carbon release in the atmosphere. »
- FAO - Cattle ranching is encroaching on forests in Latin America « Expanding livestock production is one of the main drivers of the destruction of tropical rain forests in Latin America, which is causing serious environmental degradation in the region. »
- (en)World Rainforest Movement - What are underlying causes of deforestation?
- (en) U.S. could feed 800 million people with grain that livestock eat, Cornell Science News
- (en)Black, Richard : Shun meat, says UN climate chief (en anglais), BBC (2008--09-03). Consulté le 2009-05-14.
- EVA, cité par Libération, jeudi 28 mai 2009, page 16.
- (en)AMS Journals Online - Diet, Energy, and Global Warming, Gidon Eshel and Pamela A. Martin, Department of the Geophysical Sciences, University of Chicago, Chicago, Illinois
- The Observer - 7/09/08
- (en) Shun meat, says UN climate chief, BBC, 7 septembre 2008
- Le rôle positif des prairies dans le stockage du carbone INRA :
- Environnement et élevage herbager CIV :
- FAOSTAT Source :
- FAO : L'élevage est aussi une menace pour l'environnement Source :
- Agriculture, environnement, développement rural : faits et chiffres - Les défis de l’agriculture Source :
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