Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau
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Jean-Jacques Rousseau
Philosophe occidental
Époque moderne Des lumières
Pastel de Maurice Quentin de La Tour, Jean-Jacques Rousseau, en 1753, (alors âgé de 41 ans)
Pastel de Maurice Quentin de La Tour, Jean-Jacques Rousseau, en 1753, (alors âgé de 41 ans)

Naissance 28 juin 1712
Flag of Canton of Geneva.svg République de Genève,
Ancienne Confédération suisse
Décès 2 juillet 1778 (à 66 ans)
Ermenonville,
Royaume de France Royaume de France
École/tradition Contractualisme, précurseur du romantisme
Principaux intérêts Politique, éducation, éthique, religion, musique, botanique
Idées remarquables État de nature, contrat social, perfectibilité
Influencé par Plutarque, Machiavel, Hobbes, Descartes, Locke, Malebranche
A influencé Kant, Maistre, Robespierre, Wollstonecraft, Schiller, Fichte, Hegel, George Sand, Lévi-Strauss, Rawls, Émile Durkheim
Adjectifs dérivés rousseauiste

Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien de langue française.

Il est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières et l'une des influences intellectuelles connues de la Révolution française. Tous se réclament de lui. Les révolutionnaires, d'un extrême à l'autre, prétendent « ne marcher que le Contrat social à la main ». Mais paradoxalement, des théoriciens de la contre-révolution (Joseph de Maistre, Louis-Gabriel de Bonald) se réclament eux aussi de Rousseau. Il était considéré par Arthur Schopenhauer comme le « plus grand des moralistes modernes ». Schopenhauer disait : « Ma théorie a pour elle l'autorité du plus grand des moralistes modernes : car tel est assurément le rang qui revient à J.-J. Rousseau, à celui qui a connu si à fond le cœur humain, à celui qui puisa sa sagesse, non dans des livres, mais dans la vie ; qui produisit sa doctrine non pour la Chaire, mais pour l'humanité ; à cet ennemi des préjugés, à ce nourrisson de la nature, qui tient de sa mère le don de moraliser sans ennuyer, parce qu'il possède la vérité, et qu'il émeut les cœurs[1] ». Ses travaux ont influencé grandement l'esprit révolutionnaire français. Il est particulièrement célèbre pour ses travaux sur l'homme, la société ainsi que sur l'éducation. La philosophie politique de Rousseau se situe dans la perspective dite contractualiste des philosophes britanniques des XVIIe et XVIIIe siècles, et son fameux Discours sur l'inégalité se conçoit aisément dans la perspective d'un dialogue avec l'œuvre de Thomas Hobbes. Rousseau était d'une grande sensibilité. David Hume disait de lui : « He has only felt during the whole course of his life, and in this respect his sensibility rises to a pitch beyond what I have seen any example of ; but it still gives him a more acute feeling of pain than of pleasure. He is like a man who was stripped not only of his clothes, but of his skin, and turned out in this situation to combat with the rude and boisterous elements[2] ». Bertrand Russell d'ajouter : « C'est le résumé le plus sympathique de son caractère qui est en quelque forme compatible avec la vérité[3]. »

Sommaire

Biographie

Jean-Jacques Rousseau est le fils d'Isaac Rousseau (Genève, 1672 - Nyon, 1747), horloger comme son père et son grand-père, et de Suzanne Bernard (Genève, 1673 - Genève, 1712), décédée le 7 juillet 1712, neuf jours après la naissance de Jean-Jacques. Elle-même était fille d'un horloger nommé Jacques Bernard. À partir de dix ans, Jean-Jacques est élevé par son oncle Gabriel Bernard[4], pasteur protestant, qu'il prend pour son grand-père. Sa famille, d'origine française, s'était installée à Genève en 1549 pour fuir la persécution religieuse[5]. Son père ayant dû fuir Genève à la suite d'une querelle, Jean-Jacques est confié au pasteur Lambercier à Bossey (au pied du Salève, au sud de Genève), où il passe deux ans (1722 - 1724). Son oncle le place ensuite comme apprenti chez un greffier, puis en 1725 chez un maître graveur. Jean-Jacques avait un frère, prénommé François, né le 15 mars 1705, dont il perd la trace assez tôt en Allemagne, dans la région de Fribourg-en-Brisgau[6].

Jeunesse

Jean-Jacques quitte Genève, ville calviniste, à seize ans en 1728. C'est le curé de Confignon, Benoît de Pontverre, qui l'adresse à une Vaudoise émigrée à Vevey, la baronne Françoise-Louise de Warens, récemment convertie au catholicisme, dont il s'éprend et qui sera plus tard sa tutrice et sa maîtresse. Dans les Confessions, Rousseau souhaite que leur rencontre, le 21 mars 1728, soit matérialisée par un balustre d'or. Aussi peut-on observer à Annecy une statue du philosophe entourée d'un balustre doré sur lequel est écrit « un matin de Pâques fleuries, Rousseau rencontra ici madame de Warens ». La baronne l'envoie à Turin où il se convertit au catholicisme le 23 avril. L'année suivante, il retourne chez celle qu'il appelait « Maman » alors que cette dernière n'était que de 13 ans plus âgée que lui, dans « une petite maison au penchant d'un vallon », près de Chambéry, que Les Confessions ont rendue célèbre : « les Charmettes[7] ». Mme de Warens est à l'origine d'une grande partie de son éducation sentimentale et amoureuse[8].

  • En 1730, il voyage à pied jusqu'à Neuchâtel, où il enseigne la musique. Il décide ensuite d'aller en Savoie, à Chambéry, en passant par Thônes.
  • En 1732, il revient à Chambéry, où il travaille aux services administratifs du duché de Savoie, puis comme maître de musique auprès des jeunes filles de la bourgeoisie et de la noblesse chambériennes. Il séjourne près de dix ans dans la capitale de la Savoie.
  • En 1734, il devient l'intendant de Mme de Warens.
  • C'est chez elle qu'il écrit, en 1739, son premier livre, Le Verger de Madame la baronne de Warens. Il apprécie la ville : « S'il est une petite ville au monde où l'on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c'est Chambéry. »

Les débuts philosophiques

  • À Paris, en 1742 et 1743, il essaie d'exploiter l'invention d'un système de notation musicale en publiant successivement le Projet concernant de nouveaux signes pour la musique et la Dissertation sur la musique moderne. Il se lie avec Denis Diderot et Madame d'Épinay.
  • en 1743 et 1744, Rousseau est secrétaire du comte de Montaigu, ambassadeur de France à Venise.
  • En 1745, à Paris, il rencontre Thérèse Levasseur, modeste servante d'auberge, avec qui il se met en ménage[9]. Les cinq enfants qui naissent successivement seront confiés aux Enfants-Trouvés, l'assistance publique de l'époque. Il expliquera d'abord qu'il n'avait pas les moyens d'entretenir une famille[10], puis dans le livre 9 des Confessions qu'il fit ce choix principalement pour soustraire ses enfants à l'emprise de sa belle-famille qu'il jugeait néfaste. Cette décision lui sera reprochée plus tard[11].
Pierre-Alexandre Du Peyrou, habitant riche de Neufchâtel et son ami, qui a publié une partie de son œuvre.

Célébrité et polémiques

C'est à cette période que Rousseau, qui vivait dans la hantise d'un complot dirigé contre lui, commence son œuvre autobiographique.

L'œuvre autobiographique

Tombeau au Panthéon de Paris
  • En 1778, le marquis de Girardin lui offre l'hospitalité, dans un pavillon de son domaine d'Ermenonville, près de Paris ; c'est là que l'écrivain philosophe meurt subitement le 2 juillet 1778, de ce qui semble avoir été un accident vasculaire cérébral[12]
  • Le lendemain de sa mort, le sculpteur Jean-Antoine Houdon prend le moulage de son masque mortuaire. Le 4 juillet, le marquis de Girardin fait inhumer le corps dans l'île des Peupliers dans la propriété où, en 1780, s'élèvera le monument funéraire dessiné par Hubert Robert, exécuté par J.-P. Lesueur. Le philosophe est rapidement l'objet d'un culte, et sa tombe est assidûment visitée.
  • Les révolutionnaires le porteront aux nues et la Convention demandera son transfert au Panthéon. L'hommage solennel de la nation française a lieu le 11 octobre 1794 : au cours d'une grandiose cérémonie, les cendres de Jean-Jacques Rousseau sont transférées d'Ermenonville au Panthéon où le hasard fait qu'il repose en face de Voltaire, qu'il n'appréciait guère. Jean-Jacques Rousseau devient officiellement l'une des gloires de la nation française.

Les grands principes de la philosophie rousseauiste

L'amour

Dans son ouvrage Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, J.-J. Rousseau soutient que le « moral de l'amour » (l'exclusivité en amour) est le moyen pris par les femmes « pour établir leur empire, et rendre dominant le sexe qui devrait obéir ». Il affirme : « Or il est facile de voir que le moral de l’amour est un sentiment factice ; né de l’usage de la société, et célébré par les femmes avec beaucoup d’habileté et de soin pour établir leur empire, et rendre dominant le sexe qui devrait obéir[13] ». Il ajoute : « L’empire des femmes n’est point à elles parce que les hommes l’ont voulu, mais parce que ainsi le veut la nature : il était à elles avant qu’elles parussent l’avoir » … « Cet empire est aux femmes, et ne peut leur être ôté, même quand elles en abusent : si jamais elles pouvaient le perdre, il y a longtemps qu’elles l’auraient perdu[14] ». Si l'empire des femmes est indubitable leur dépendance à l'égard des hommes est également très grande. Il affirme : « La femme et l’homme sont faits l’un pour l’autre, mais leur mutuelle dépendance n’est pas égale : les hommes dépendent des femmes par leurs désirs; les femmes dépendent des hommes et par leurs désirs et par leurs besoins ; nous subsisterions plutôt sans elles qu’elles sans nous. Pour qu’elles aient le nécessaire, pour qu’elles soient dans leur état, il faut que nous le leur donnions, que nous voulions le leur donner, que nous les en estimions dignes ; elles dépendent de nos sentiments, du prix que nous mettons à leur mérite, du cas que nous faisons de leurs charmes et de leurs vertus. Par la loi même de la nature, les femmes, tant pour elles que pour leurs enfants, sont à la merci des jugements des hommes : il ne suffit pas qu’elles soient estimables, il faut qu’elles soient estimées ; il ne leur suffit pas d’être belles, il faut qu’elles plaisent[15] ». Il soutient également que l'amour n'est qu'illusoire et de la poudre aux yeux. Il affirme : « Et qu’est-ce que le véritable amour lui-même, si ce n’est chimère, mensonge, illusion ? On aime bien plus l’image qu’on se fait que l’objet auquel on l’applique. Si l’on voyait ce qu’on aime exactement tel qu’il est, il n’y aurait plus d’amour sur la terre. Quand on cesse d’aimer, la personne qu’on aimait reste la même qu’auparavant, mais on ne la voit plus la même ; le voile du prestige tombe, et l’amour s’évanouit[16] ». Pleinement conscient de cette réalité, il persiste à idéaliser l'amour. Il affirme : « En lui faisant sentir quel charme ajoute à l’attrait des sens l’union des cœurs, je le dégoûterai du libertinage, et je le rendrai sage en le rendant amoureux[17] ». Il ajoute : « Celui qui disait : Je possède Laïs sans qu’elle me possède, disait un mot sans esprit. La possession qui n’est pas réciproque n’est rien : c’est tout au plus la possession du sexe, mais non pas de l’individu. Or, où le moral de l’amour n’est pas, pourquoi faire une si grande affaire du reste ? Rien n’est si facile à trouver[18] ». Pour Rousseau, « la première et la plus importante qualité d’une femme est la douceur[19] » et « le vrai triomphe de la beauté est de briller par elle-même ». Il affirme : « Et tout au contraire on devrait leur faire entendre que tant d’ajustement n’est fait que pour cacher des défauts, et que le vrai triomphe de la beauté est de briller par elle-même (...) Je ne la louerais jamais tant que quand elle serait le plus simplement mise (...) J’ai aussi remarqué que les plus pompeuses parures annonçaient le plus souvent de laides femmes[20] ». Il croit également « qu'avec l’amour et l’amitié naissent les dissensions, l’inimitié, la haine ». Il affirme : « La préférence qu’on accorde, on veut l’obtenir ; l’amour doit être réciproque. Pour être aimé, il faut se rendre aimable ; pour être préféré, il faut se rendre plus aimable qu’un autre, plus aimable que tout autre, au moins aux yeux de l’objet aimé. De là les premiers regards sur ses semblables ; de là les premières comparaison avec eux, de là l’émulation, les rivalités, la jalousie. Un cœur plein d’un sentiment qui déborde aime à s’épancher : du besoin d’une maîtresse naît bientôt celui d’un ami. Celui qui sent combien il est doux d’être aimé voudrait l’être de tout le monde, et tous ne sauraient vouloir des préférences, qu’il n’y ait beaucoup de mécontents. Avec l’amour et l’amitié naissent les dissensions, l’inimitié, la haine[21] ».

Le bonheur

« C’est donc dans la disproportion de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère. Un être sensible dont les facultés égaleraient les désirs serait un être absolument heureux[22] ». « Il n’est jamais moins misérable que quand il paraît dépourvu de tout ; car la misère ne consiste pas dans la privation des choses, mais dans le besoin qui s’en fait sentir. Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini ; ne pouvant élargir l’un, rétrécissons l’autre ; car c’est de leur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux[23] ». « En général, la vie dure, une fois tournée en habitude, multiplie les sensations agréables ; la vie molle en prépare une infinité de déplaisantes. Les gens élevés trop délicatement ne trouvent plus le sommeil que sur le duvet ; les gens accoutumés à dormir sur des planches le trouvent partout : il n’y a point de lit dur pour qui s’endort en se couchant[24] ». « Si d’abord la multitude et la variété des amusements paraissent contribuer au bonheur, si l’uniformité d’une vie égale paraît d’abord ennuyeuse, en y regardant mieux, on trouve, au contraire, que la plus douce habitude de l’âme consiste dans une modération de jouissance qui laisse peu de prise au désir et au dégoût. L’inquiétude des désirs produit la curiosité, l’inconstance : le vide des turbulents plaisir produit l’ennui. On ne s’ennuie jamais de son état quand on n’en connaît point de plus agréable[25] ». « Veux-tu donc vivre heureux et sage, n’attache ton cœur qu’à la beauté qui ne périt point : que ta condition borne tes désirs, que tes devoirs aillent avant tes penchants : étends la loi de la nécessité aux choses morales ; apprends à perdre ce qui peut t’être enlevé ; apprends à tout quitter quand la vertu l’ordonne, à te mettre au-dessus des évènements, à détacher ton cœur sans qu’ils le déchirent, à être courageux dans l’adversité, afin de n’être jamais misérable, à être ferme dans ton devoir, afin de n’être jamais criminel. Alors tu seras heureux malgré la fortune, et sage malgré les passions » … « Tu n’auras point, il est vrai, l’illusion des plaisirs imaginaires ; tu n’auras point aussi les douleurs qui en sont le fruit[26] ». « L’habitude de rentrer en moi-même me fît perdre enfin le sentiment et presque le souvenir de mes maux, j’appris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous, et qu’il ne dépend pas des hommes de rendre vraiment misérable celui qui sait vouloir être heureux[27] ».

Le droit

L'autorité

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir[28] ». « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes (...) Puisque aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes[29] ».

La fin de tout système de législation

« Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à ces deux objets principaux, la liberté et l’égalité. La liberté, parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l’État; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle » (p.76). « Mais si l’abus est inévitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler? C’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir[30] ».

L'égalité

De l'état de nature à l'état civilisé : le premier pas vers l'inégalité parmi les hommes

Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau soutient que le besoin de reconnaissance sociale fut le premier pas vers l'inégalité : « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. Celui qui chantait ou dansait le mieux ; le plus beau, le plus fort, le plus adroit ou le plus éloquent devint le plus considéré, et ce fut là le premier pas vers l’inégalité, et vers le vice en même temps : de ces premières préférences nâquirent d’un côté la vanité et le mépris, de l’autre la honte et l’envie ; et la fermentation causée par ces nouveaux levains produisit enfin des composés funestes au bonheur et à l’innocence »[31] ; ainsi que : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerre, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux, ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne ». »[32].

La justice

« Sans doute il est une justice universelle émanée de la raison seule ; mais cette justice pour être admise entre nous doit être réciproque. À considérer humainement les choses, faute de sanctions naturelles les lois de la justice sont vaines parmi les hommes ; elles ne font que le bien du méchant et le mal du juste, quand celui-ci les observe avec tout le monde sans que personne les observe avec lui. Il faut donc des conventions et des lois pour unir les droits aux devoirs et ramener la justice à son objet[33] ».

La liberté

« Il est donc incontestable, et c’est la maxime fondamentale de tout le droit politique, que les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir[34] ». « Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie pas autre chose sinon qu’on le forcera à être libre »[35].

L'éducation

« En sortant de mes mains, il ne sera, j’en conviens, ni magistrat, ni soldat, ni prêtre ; il sera premièrement homme : tout ce qu’un homme doit être, il saura l’être au besoin tout aussi bien que qui que ce soit ; et la fortune aura beau le faire changer de place, il sera toujours à la sienne. Occupavi te, Fortuna, atque cepi; omnesque aditus tuos interclusi, ut ad me aspirare non posses[36] ». « Point de mère, point d’enfant. Entre eux les devoirs sont réciproques ; et s’ils sont mal remplis d’un côté, ils seront négligés de l’autre. L’enfant doit aimer sa mère avant de savoir qu’il le doit. Si la voix du sang n’est fortifiée par l’habitude et les soins, elle s’éteint dans les premières années, et le cœur meurt pour ainsi dire avant que de naître[37] ». « Voulez-vous rendre chacun à ses premiers devoirs ? Commencez par les mères ; vous serez étonné des changements que vous produirez. Tout vient successivement de cette première dépravation : tout l’ordre moral s’altère ; le naturel s’éteint dans tous les cœurs (...) L’attrait de la vie domestique est le meilleur contre-poison des mauvaises mœurs[38] ». « Celui qui ne peut remplir les devoirs de père n’a point le droit de le devenir. Il n’y a ni pauvreté, ni travaux, ni respect humain, qui le dispensent de nourrir ses enfants et de les élever lui-même (...) Mais que fait cet homme riche, ce père de famille si affairé, et forcé, selon lui, de laisser ses enfants à l’abandon ? Il paye un autre homme pour remplir ces soins qui lui sont à charge. Ame vénale! Crois-tu donner à ton fils un autre père avec de l’argent ? Ne t’y trompe point ; ce n’est pas même un maître que tu lui donnes, c’est un valet. Il en formera bientôt un second[39] ». « Un père n’a point de choix et ne doit point avoir de préférence dans la famille que Dieu lui donne : tous ses enfants sont également ses enfants ; il leur doit à tous les mêmes soins et la même tendresse. Qu’ils soient estropiés ou non, qu’ils soient languissants ou robustes, chacun d’eux est un dépôt dont il doit compte à la main dont il le tient, et le mariage est un contrat fait avec la nature aussi bien qu’entre les conjoints[40] ». « Toute méchanceté vient de faiblesse ; l’enfant n’est méchant que parce qu’il est faible ; rendez-le fort, il sera bon : celui qui pourrait tout ne ferait jamais de mal[41] ». « Sitôt qu’ils (les enfants) peuvent considérer les gens qui les environnent comme des instruments qu’il dépend d’eux de faire agir, ils s’en servent pour suivre leur penchant et suppléer à leur propre faiblesse. Voilà comment ils deviennent incommodes, tyrans, impérieux, méchants, indomptables ; progrès qui ne vient pas d’un esprit naturel de domination, mais qui le leur donne ; car il ne faut pas une longue expérience pour sentir combien il est agréable d’agir par les mains d’autrui, et de n’avoir besoin que de remuer la langue pour faire mouvoir l’univers[42] ». « Les peuples ainsi que les hommes ne sont dociles que dans leur jeunesse, ils deviennent incorrigibles en vieillissant ; quand une fois les coutumes sont établies et les préjugés enracinés, c’est une entreprise dangereuse et vaine de vouloir les réformer ; le peuple ne peut pas même souffrir qu’on touche à ses maux pour les détruire, semblable à ces malades stupides et sans courage qui frémissent à l’aspect du médecin[43] ». « Le chef-d’œuvre d’une bonne éducation est de faire un homme raisonnable : et l’on prétend élever un enfant par la raison ! C’est commencer par la fin, c’est vouloir faire l’instrument de l’ouvrage. Si les enfants entendaient raison, ils n’auraient pas besoin d’être élevés[44] ». « Mais que tous vos refus soient irrévocables ; qu’aucune importunité ne vous ébranle ; que le non prononcé soit un mur d’airain, contre lequel l’enfant n’aura pas épuisé cinq ou six fois ses forces, qu’il ne tentera plus de le renverser. C’est ainsi que vous le rendrez patient, égal, résigné, paisible, même quand il n’aura pas ce qu’il a voulu; car il est dans la nature de l’homme d’endurer patiemment la nécessité des choses, mais non la mauvaise volonté d’autrui (...) La pire éducation est de le laisser flottant entre ses volontés et les vôtres, et de disputer sans cesse entre vous et lui à qui des deux sera le maître ; j’aimerais cent fois mieux qu’il le fût toujours[45] ». « J’aime mieux être homme à paradoxes qu’homme à préjugés. Le plus dangereux intervalle de la vie humaine est celui de la naissance à l’âge de douze ans. C’est le temps où germent les erreurs et les vices, sans qu’on ait encore aucun instrument pour les détruire ; et quand l’instrument vient, les racines sont si profondes, qu’il n’est plus temps de les arracher (...) La première éducation doit donc être purement négative. Elle consiste, non point à enseigner la vertu ni la vérité, mais à garantir le cœur du vice et l’esprit de l’erreur[46] ». « Souvenez-vous qu’avant d’oser entreprendre de former un homme, il faut s’être fait homme soi-même ; il faut trouver en soi l’exemple qu’il se doit proposer[47] ». « Je sais que toutes ces vertus par imitation sont des vertus de singe, et que nulle bonne action n’est moralement bonne que quand on la fait comme telle, et non parce que d’autres la font. Mais, dans un âge où le cœur ne sent rien encore, il faut bien faire imiter aux enfants les actes dont on veut leur donner l’habitude, en attendant qu’ils les puissent faire par discernement et par amour du bien. L’homme est imitateur, l’animal même l’est ; le goût de l’imitation est de la nature bien ordonnée ; mais il dégénère en vice dans la société[48] ». « La seule leçon de morale qui convienne à l’enfance, et la plus importante à tout âge, est de ne jamais faire de mal à personne. Le précepte même de faire du bien, s’il n’est subordonné à celui là, est dangereux, faux, contradictoire. Qui est-ce qui ne fait pas du bien ? Tout le monde en fait, le méchant comme les autres ; il fait un heureux aux dépens de cent misérables ; et de là viennent toutes nos calamités. Les plus sublimes vertus sont négatives : elles sont aussi les plus difficiles, parce qu’elles sont sans ostentation, et au-dessus même de ce plaisir si doux au cœur de l’homme, d’en renvoyer un autre content de nous. O quel bien fait nécessairement à ses semblables celui d’entre eux, s’il en est un, qui ne leur fait jamais de mal ! De quelle intrépidité d’âme, de quelle vigueur de caractère il a besoin pour cela ! Ce n’est pas en raisonnant sur cette maxime, c’est en tâchant de la pratiquer, qu’on sent combien il est grand et pénible d’y réussir[49] ». « Un des premiers soins des enfants est, comme je l’ai dit, de découvrir le faible de ceux qui les gouvernent. Ce penchant porte à la méchanceté, mais il n’en vient pas ; il vient du besoin d’éluder une autorité qui les importune. Surchargés du joug qu’on leur impose, ils cherchent à le secouer ; et les défauts qu’ils trouvent dans les maîtres leur fournissent de bons moyens pour cela. Cependant, l’habitude se prend d’observer les gens par leurs défauts, et de se plaire à leur en trouver[50] ». « Mais du moment qu’ils préfèrent une étoffe parce qu’elle est riche, leurs cœurs sont déjà livrés au luxe, à toutes les fantaisies de l’opinion ; et ce goût ne leur est sûrement pas venu d’eux-mêmes. On ne saurait dire combien le choix des vêtements et les motifs de ce choix influent sur l’éducation. Non seulement d’aveugles mères promettent à leurs enfants des parures pour récompenses, on voit même d’insensés gouverneurs menacer leurs élèves d’un habit plus grossier et plus simple, comme d’un châtiment. Si vous n’étudiez mieux, si vous ne conservez mieux vos hardes, on vous habillera comme ce petit paysan. C’est comme s’ils leur disaient : Sachez que l’homme n’est rien que par ses habits, que votre prix est tout dans les vôtres. Faut-il s’étonner que de si sages leçons profitent à la jeunesse, qu’elle n’estime que la parure, et qu’elle ne juge du mérite que sur le seul extérieur ? (...) Tant qu’on n’a pas asservi l’enfant à nos préjugés, être à son aise et libre est toujours son premier désir ; le vêtement le plus simple, le plus commode, celui qui l’assujettit le moins, est toujours le plus précieux pour lui[51] ». « Qu’il ne sache rien parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il l’a compris lui-même ; qu’il n’apprenne pas la science, qu’il l’invente. Si jamais vous substituez dans son esprit l’autorité à la raison, il ne raisonnera plus ; il ne sera plus que le jouet de l’opinion des autres[52] ». « Nous avons fait un être agissant et pensant ; il ne nous reste plus, pour achever l’homme, que de faire un être aimant et sensible, c’est-à-dire de perfectionner la raison par le sentiment[53] ». « Voulez-vous donc exciter et nourrir dans le cœur d’un jeune homme les premiers mouvements de la sensibilité naissante, et tourner son caractère vers la bienfaisance et vers la bonté ; n’allez point faire germer en lui l’orgueil, la vanité, l’envie, par la trompeuse image du bonheur des hommes ; n’exposez point d’abord à ses yeux la pompe des cours, le faste des palais, l’attrait des spectacles ; ne le promenez point dans les cercles, dans les brillantes assemblées, ne lui montrez l’extérieur de la grande société qu’après l’avoir mis en état de l’apprécier en elle-même. Lui montrer le monde avant qu’il connaisse les hommes, ce n’est pas le former, c’est le corrompre ; ce n’est pas l’instruire, c’est le tromper[54] ». « Faites-lui bien comprendre que le sort de ces malheureux peut être le sien, que tous leurs maux sont sous ses pieds, que mille évènements imprévus et inévitables peuvent l’y plonger d’un moment à l’autre. Apprenez-lui à ne compter ni sur la naissance, ni sur la santé, ni sur les richesses ; montrez-lui toutes les vicissitudes de la fortune ; cherchez lui les exemples toujours trop fréquents de gens qui, d’un état plus élevé que le sien, sont tombés au-dessous de celui de ces malheureux[55] ». « Avertissez-le de ses fautes avant qu’il y tombe : quand il y est tombé, ne les lui reprochez point ; vous ne feriez qu’enflammer et mutiner son amour-propre. Une leçon qui révolte ne profite pas. Je ne connais rien de plus inepte que ce mot : Je vous l’avais bien dit[56] ». « Ainsi donc, c’est bien moins de la sensualité que de la vanité qu’il faut préserver un jeune homme entrant dans le monde : il cède plus aux penchants d’autrui qu’aux siens, et l’amour-propre fait plus de libertins que l’amour[57] ». « S’il n’a pas les formules de politesse, il a les soins de l’humanité. Il n’aime à voir souffrir personne ; il n’offrira pas sa place à un autre par simagrée, mais il la lui cédera volontiers par bonté[58] ». « Il parle peu, parce qu’il ne se soucie guère qu’on s’occupe de lui, par la même raison il ne dit que des choses utiles : autrement, qu’est-ce qui l’engagerait à parler ? Émile est trop instruit pour être jamais babillard. Le grand caquet vient nécessairement, ou de la prétention à l’esprit, dont je parlerai ci-après, ou du prix qu’on donne à des bagatelles, dont on croit sottement que les autres font autant de cas que nous. Celui qui connaît assez de choses pour donner à toutes leur véritable prix, ne parle jamais trop ; car il sait apprécier aussi l’attention qu’on lui donne et l’intérêt qu’on peut prendre à ses discours. Généralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu. Il est simple qu’un ignorant trouve important tout ce qu’il sait, et le dise à tout le monde[59] ». « Car le temps approche où nos rapports vont changer, et où la sévérité du maître doit succéder à la complaisance du camarade[60] ».

La morale

« Si c’en était ici le lieu, j’essayerais de montrer comment des premiers mouvements du cœur s’élèvent les premières voix de la conscience, et comment des sentiments d’amour et de haine naissent les premières notions du bien et du mal : je ferais voir que justice et bonté ne sont point seulement des mots abstraits, de purs être moraux formés par l’entendement, mais de véritables affections de l’âme éclairée par la raison, et qui ne sont qu’un progrès ordonné de nos affections primitives ; que, par la raison seule, indépendamment de la conscience, on ne peut établir aucune loi naturelle ; et que tout le droit de la nature n’est qu’une chimère, s’il n’est fondé sur un besoin naturel au cœur humain[61] ». « Ainsi, ce qui rend l’homme essentiellement bon est d’avoir peu de besoins, et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d’avoir beaucoup de besoins, et de tenir beaucoup à l’opinion. Sur ce principe, il est aisé de voir comment on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes. Il est vrai que, ne pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera nécessairement avec leurs relations ; et c’est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent l’art et les soins plus indispensables pour prévenir dans le cœur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux besoins[62] ». « Toute méchanceté vient de faiblesse ; l’enfant n’est méchant que parce qu’il est faible ; rendez-le fort, il sera bon : celui qui pourrait tout ne ferait jamais de mal[41] ».

L'apparence : les parents corrompent l'esprit de leur enfant

Il affirme : « Mais du moment qu’ils préfèrent une étoffe parce qu’elle est riche, leurs cœurs sont déjà livrés au luxe, à toutes les fantaisies de l’opinion ; et ce goût ne leur est sûrement pas venu d’eux-mêmes. On ne saurait dire combien le choix des vêtements et les motifs de ce choix influent sur l’éducation. Non seulement d’aveugles mères promettent à leurs enfants des parures pour récompenses, on voit même d’insensés gouverneurs menacer leurs élèves d’un habit plus grossier et plus simple, comme d’un châtiment. Si vous n’étudiez mieux, si vous ne conservez mieux vos hardes, on vous habillera comme ce petit paysan. C’est comme s’ils leur disaient : Sachez que l’homme n’est rien que par ses habits, que votre prix est tout dans les vôtres. Faut-il s’étonner que de si sages leçons profitent à la jeunesse, qu’elle n’estime que la parure, et qu’elle ne juge du mérite que sur le seul extérieur? (p.159)… « Tant qu’on n’a pas asservi l’enfant à nos préjugés, être à son aise et libre est toujours son premier désir ; le vêtement le plus simple, le plus commode, celui qui l’assujettit le moins, est toujours le plus précieux pour lui[51] ». « On peut briller par la parure, mais on ne plaît que par la personne[63] ».

L'authenticité

« Soyons toujours vrai au risque de tout ce qui en peut arriver. La justice elle-même est dans la vérité des choses[64] ». « S’il faut être juste pour autrui, il faut être vrai pour soi, c’est un hommage que l’honnête homme doit rendre à sa propre dignité[65] ». « Eh bien, dans cet état déplorable je ne changerais pas encore d’être et de destinée contre le plus fortuné d’entre eux, et j’aime encore mieux être moi dans toute ma misère que d’être aucun de ces gens-là dans toute leur prospérité[66] ». « De quelque façon que les hommes veuillent me voir, ils ne sauraient changer mon être, et malgré leur puissance et malgré toutes leurs sourdes intrigues, je continuerai, quoi qu’ils fassent, d’être en dépit d’eux ce que je suis[67] ». « Ce n’est pas sur les idées d’autrui que j’écris ; c’est sur les miennes. Je ne vois point comme les autres hommes ; il y a longtemps qu’on me l’a reproché. Mais dépend-il de moi de me donner d’autres yeux, et de m’affecter d’autres idées ? Non. Il dépend de moi de ne point abonder dans mon sens, de ne point croire être seul plus sage que tout le monde ; il dépend de moi, non de changer de sentiment, mais de me défier du mien : voilà tout ce que je puis faire, et ce que je fais. Que si je prends quelquefois le ton affirmatif, ce n’est point pour en imposer au lecteur; c’est pour lui parler comme je pense. Pourquoi proposerais-je par forme de doute ce dont, quant à moi, je ne doute point? Je dis exactement ce qui se passe dans mon esprit[68] ». « Pour être quelque chose, pour être soi-même et toujours un, il faut agir comme on parle ; il faut être toujours décidé sur le parti que l’on doit prendre, le prendre hautement, et le suivre toujours[69] ». « L’homme du monde est tout entier dans son masque. N’étant presque jamais en lui-même, il y est toujours étranger, et mal à son aise quand il est forcé d’y rentrer. Ce qu’il est n’est rien, ce qu’il paraît est tout pour lui[25] ». « Le rang et le sort de chaque homme établi, non seulement sur la quantité des biens et le pouvoir de servir ou de nuire, mais sur l’esprit, la beauté, la force ou l’adresse, sur le mérite ou les talents, et ces qualités étant les seules qui pouvaient attirer de la considération, il fallut bientôt les avoir ou les affecter. Il fallut pour son avantage se montrer autre que ce qu’on était en effet. Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège. D’un autre côté, de libre et indépendant qu’était auparavant l’homme, le voilà par une multitude de nouveaux besoins assujetti, pour ainsi dire, à toute la Nature, et surtout à ses semblables dont il devient l’esclave en un sens, même en devenant leur maître; riche, il a besoin de leurs services; pauvre, il a besoin de leurs secours, et la médiocrité ne le met point en état de se passer d’eux. Il faut donc qu’il cherche sans cesse à les intéresser à son sort, et à leur faire trouver en effet ou en apparence leur profit à travailler pour le sien : ce qui le rend fourbe et artificieux avec les uns, impérieux et dur avec les autres, et le met dans la nécessité d’abuser tous ceux dont il a besoin, quand il ne peut s’en faire craindre, et qu’il ne trouve pas son intérêt à les servir utilement. Enfin l’ambition dévorante, l’ardeur d’élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin que pour se mettre au-dessus des autres, inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement, une jalousie secrète d’autant plus dangereuse que, pour faire son coup plus en sûreté, elle prend souvent le masque de la bienveillance; en un mot, concurrence et rivalité d’une part, de l’autre opposition d’intérêt, et toujours le désir caché de faire son profit aux dépens d’autrui. Tous ces maux sont le premier effet de la propriété et le cortège inséparable de l’inégalité naissante[70] ».

La conscience

« En suivant toujours ma méthode, je ne tire point ces règles des principes d’une haute philosophie, mais je les trouve au fond de mon cœur écrites par la nature en caractères ineffaçables. Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal : le meilleur de tous les casuistes est la conscience ; et ce n’est que quand on marchande avec elle qu’on a recours aux subtilités du raisonnement[71] ». « Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne le nom de conscience[72] ». « Les actes de la conscience ne sont pas des jugements, mais des sentiments. Quoique toutes nos idées nous viennent du dehors, les sentiments qui les apprécient sont au dedans de nous, et c’est par eux seuls que nous connaissons la convenance ou disconvenance qui existe entre nous et les choses que nous devons respecter ou fuir[73] ». « Conscience! Conscience! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe. Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil de philosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ; dispensés de consumer notre vie à l’étude de la morale, nous avons à moindre frais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinions humaines[74] ». « La conscience est le plus éclairé des philosophes[75] ». « Dans toutes les questions de morale difficiles comme celle-ci, je me suis toujours bien trouvé de les résoudre par le dictamen de ma conscience, plutôt que par les lumières de ma raison. Jamais l’instinct moral ne m’a trompé : il a gardé jusqu’ici sa pureté dans mon cœur assez pour que je puisse m’y confier, et s’il se tait quelquefois devant mes passions dans ma conduite, il reprend bien son empire sur elles dans mes souvenirs[76] ». « La raison seule nous apprend à connaître le bien et le mal. La conscience qui nous fait aimer l’un et haïr l’autre, quoique indépendante de la raison, ne peut donc se développer sans elle. Avant l’âge de raison, nous faisons le bien et le mal sans le connaître ; et il n’y a point de moralité dans nos actions, quoiqu’il y en ait quelquefois dans le sentiment des actions d’autrui qui ont rapport à nous[77] ». « La voix intérieure ne sait point se faire entendre à celui qui ne songe qu’à se nourrir[78] ».

L'homme naît naturellement bon, c'est la société qui le corrompt

« Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains des hommes[79] ». « Les hommes ne sont point faits pour être entassés en fourmilières, mais épars sur la terre qu’ils doivent cultiver. Plus ils se rassemblent, plus ils se corrompent. Les infirmités du corps, ainsi que les vices de l’âme, sont l’infaillible effet de ce concours trop nombreux. L’homme est de tous les animaux celui qui peut le moins vivre en troupeaux. Des hommes entassés comme des moutons périraient tous en très peu de temps. L’haleine de l’homme est mortelle à ses semblables : cela n’est pas moins vrai au propre qu’au figuré. Les villes sont le gouffre de l’espèce humaine[80] ». « Qu’il sache que l’homme est naturellement bon, qu’il le sente, qu’il juge de son prochain par lui-même ; mais, qu’il voie comment la société déprave et pervertit les hommes ; qu’il trouve dans leurs préjugés la source de tous leurs vices ; qu’il soit porté à estimer chaque individu, mais qu’il méprise la multitude ; qu’il voie que tous les hommes portent à peu près le même masque, mais qu’il sache aussi qu’il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre[81] ». « Posons pour maxime incontestable que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain ; il ne s’y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il y est entré. La seule passion naturelle à l’homme est l’amour de soi-même, ou l’amour-propre pris dans un sens étendu. Cet amour-propre en soi ou relativement à nous est bon et utile ; et, comme il n’a point de rapport nécessaire à autrui, il est à cet égard naturellement indifférent ; il ne devient bon ou mauvais que par l’application qu’on en fait et les relations qu’on lui donne[82] ». « Tant que les hommes furent mes frères, je me faisais des projets de félicité terrestre ; ces projets étant toujours relatif au tout, je ne pouvais être heureux que de la félicité publique, et jamais l’idée d’un bonheur particulier n’a touché mon cœur que quand j’ai vu mes frères ne chercher le leur que dans ma misère. Alors pour ne les pas haïr il a bien fallu les fuir ; alors me réfugiant chez la mère commune j’ai cherché dans ses bras à me soustraire aux atteintes de ses enfants, je suis devenu solitaire, ou, comme ils disent, insociable et misanthrope, parce que la plus sauvage solitude me paraît préférable à la société des méchants, qui ne se nourrit que de trahisons et de haine[83] ».

La religion

Rousseau se méfie beaucoup de la religion telle que révélée par les témoignages des hommes (l'Église) et les livres sacrés (tous traduits). Il affirme : « Dieu lui-même a parlé : écoutez sa révélation. C’est autre chose. Dieu a parlé ! Voilà certes un grand mot. Et à qui a-t-il parlé ? Il a parlé aux hommes. Pourquoi donc n’en ai-je rien entendu ? Il a chargé d’autres hommes de vous rendre sa parole. J’entends ! Ce sont des hommes qui vont me dire ce que Dieu a dit. J’aimerais mieux avoir entendu Dieu lui-même ; il ne lui en aurait pas coûté davantage, et j’aurais été à l’abri de la séduction. Il vous en garantit en manifestant la mission de ses envoyés. Comment cela ? Par des prodiges. Et où sont ces prodiges ? Dans les livres. Et qui a fait ces livres ? Des hommes. Et qui a vu ces prodiges ? Des hommes qui les attestent. Quoi ! Toujours des témoignages humains ! Toujours des hommes qui me rapportent ce que d’autres hommes ont rapporté ! Que d’hommes entre Dieu et moi[84] ! » Il ajoute : « Dans les trois révélations, les livres sacrés sont écrits en des langues inconnues aux peuples qui les suivent. Les Juifs n’entendent plus l’hébreu, les Chrétiens n’entendent ni l’hébreu ni le grec ; les Turcs ni les Persans n’entendent point l’arabe ; et les Arabes modernes eux-mêmes ne parlent plus la langue de Mahomet. Ne voilà-t-il pas une manière bien simple d’instruire les hommes, de leur parler toujours une langue qu’ils n’entendent point ? On traduit ces livres, dira-t-on. Belle réponse ! Qui m’assurera que ces livres sont fidèlement traduits, qu’il est même possible qu’ils le soient ? Et quand Dieu fait tant que de parler aux hommes, pourquoi faut-il qu’il ait besoin d’interprète[85] ? »


Cependant, pour avoir une vue assez précise du rapport que le Citoyen de Genève entretient avec la religion chrétienne, un certain nombre d'indications doivent être conservées à l'esprit.

  • En premier lieu, les données biographiques : Rousseau, élevé à Genève dans la foi protestante (dans le calvinisme genevois), se laisse convertir au catholicisme romain lors de son passage à Turin à l'âge de 17 ans, puis abjure le catholicisme à l'âge de 42 ans, pour renouer avec les autorités genevoises. Au final, en 1768, il épouse civilement Thérèse Levasseur à Bourgoin en France, sans pour autant consacrer religieusement cette union (ce qui, à l'époque, rend le mariage invalide).
  • Ensuite, il faut tenir compte des différents écrits publiés de son vivant, qui tous occupent une fonction stratégique et sont proposés sous une forme rhétorique différente. 3 groupes de textes sont ainsi à prendre en compte :
    • a) les écrits « théoriques », ou « dogmatiques », comme par exemple la Lettre à Voltaire sur la Providence; le livre IV de l'Émile (Profession de foi du vicaire savoyard, livre ajouté in extremis à l'ouvrage, peu avant l'impression); le chapitre 8 (et dernier) du Contrat social (lui aussi ajouté au dernier moment à la fin du livre; ce chapitre 8 est le plus long de l'ensemble de l'ouvrage); enfin, la Nouvelle Héloïse. On remarquera que ces 3 derniers ouvrages ont été publiés sur la même période (1762-1763).
    • b) Les écrits de justification ou de polémique : la Lettre à Christophe de Beaumont, les Lettres écrites de la montagne et les Dialogues (Rousseau juge de Jean-Jacques).
    • c) La correspondance privée (notamment les lettres à Paul Moultou et la lettre à Franquières de 1769[86].

Si on s'attache à une brève synthèse (inévitable ici), ce qui ressort de manière frappante dans l'ensemble des textes (publics et privés) peut-être résumé dans la formule que Rousseau adresse à C. de Beaumont : « Monseigneur, je suis chrétien, et sincèrement chrétien, selon la doctrine de l'Évangile. Je suis chrétien, non comme un disciple des prêtres, mais comme un disciple de Jésus-Christ ...». Cette formule, si on l'étudie de près avec les textes sous les yeux, fait signe vers un christianisme singulier, débarrassé de toute théologie : Jean-Jacques Rousseau nie la nécessité des médiations (ni prêtres, ni pasteurs, ni théologiens), ne croit pas la foi nécessaire et ne croit pas aux miracles, ni à la doctrine du péché originel. Sa foi chrétienne est une sorte de déisme rationaliste, héritée de Bernard Lamy et de Nicolas Malebranche[87] : il y a un dieu parce que la nature et l'univers sont ordonnés. Rousseau n'est pas matérialiste (voir la Lettre à Franquières), mais il n'est ni un protestant orthodoxe, ni catholique romain. Pourtant, il se dit croyant, y compris dans sa lettre du 14 février 1769 à Paul Moultou (qui semble désireux de renoncer à sa foi), qu'il exhorte à ne pas « suivre la mode[88] ».

La politique

Sources de la pensée politique de Rousseau

Elles sont nombreuses et se construisent en critiquant et en s'inspirant de Lucrèce, de Hobbes, de Locke, des théoriciens du droit naturel (Hugo Grotius, Pufendorf), de Montesquieu. Il s'est aussi opposé aux Physiocrates, les premiers économistes français, pour qui la création de richesse ne pouvait provenir que de l'exploitation de la terre (physio-cratie = « pouvoir de la terre »). On garde de lui quelques lettres échangées avec Mirabeau père, l'auteur de l'Ami des Hommes. Dès le Discours sur les sciences et les arts, Rousseau affirme son originalité en réfutant la thèse de la sociabilité naturelle de l'homme et en affirmant sa bonté naturelle. La première position le rapproche de Hobbes, qui voyait dans l'homme naturel un être isolé et cherchant avant tout à contenter ses besoins. Mais par la seconde, il se détache du penseur anglais, puisque celui-ci affirmait, reprenant Plaute, que l'« homme est un loup pour l'homme » (homo homini lupus est). Considérant l'agressivité naturelle de l'homme, Hobbes, profondément choqué par la guerre civile et les troubles religieux anglais du XVIIe siècle, réclamait un pouvoir royal absolu confisquant la violence individuelle au profit de l'État ; enthousiasmé par la bonté naturelle, Rousseau, lui, considère que le pouvoir doit venir des individus eux-mêmes. Selon Hobbes, l'homme est mauvais en soi ; selon Rousseau, c'est la société, c'est-à-dire le désir de posséder, de dominer et de paraître, qui a corrompu l'homme.

Du contrat social, édition de 1772

Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

Qu'y a-t-il de naturel en l'homme ? Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, publié en 1755, imagine l'humanité dans sa condition primitive, à une époque où elle ne vivait encore que d'après sa constitution première. Le tableau qu'il dresse de cet état de nature originel fait ressortir l'existence de différences physiques mais d'aucune distribution inégale de droits entre les hommes. C'est l'institution sociale et l'invention du droit qui fera naître les inégalités. Rousseau nous raconte l'enchaînement des circonstances qui dut conduire le genre humain à s'éloigner de son heureuse condition originelle et à devoir recourir à l'autorité d'un État pour sauvegarder la vie et la liberté de chacun. Au cours de l'histoire, l'homme se socialise, apprend à parler, à aimer ; il s'humanise en s'éloignant de sa première condition, simple, heureuse mais quasi animale. Une manière pour Rousseau de formuler la contradiction de la condition humaine : historique, insatisfaite, mais aussi hantée par le rêve de la nature et du bonheur.


Rousseau démocrate ?

Le Contrat social a parfois été considéré comme le texte fondateur de la République française, non sans malentendus, ou à titre d'accusation de la part des opposants à la République. On s'est surtout attaché à sa théorie de la souveraineté : celle-ci appartient au peuple et non à un monarque ou à un corps particulier. Assurément, c'est chez Rousseau qu'il faut chercher les sources de la conception française de la volonté générale : contrairement aux théories politiques anglo-saxonnes, Rousseau ne considère pas la volonté générale comme la somme des volontés particulières — c'est-à-dire la volonté de tous -, mais comme ce qui procède de l'intérêt commun : « ôtez [des volontés particulières] les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale ».

On oublie souvent que Rousseau destinait son Contrat social à de petits États. Il s'inspirait de deux modèles, l'un antique (la cité grecque, notamment Sparte alors tenue pour démocratique), l'autre moderne (la République de Genève). Rousseau s'opposait à l'opinion de la majeure partie des « Philosophes » qui admiraient souvent les institutions anglaises, modèle d'équilibre des pouvoirs loué par Montesquieu et Voltaire. Parmi ses écrits politiques (Livre de poche ISBN 978-2-253-05593-8) Rousseau a été mandaté par la république de Gènes afin de donner une Constitution à la Corse où le « small is beautyfull » est souligné car il se base sur le fonctionnement institutionnel de la Confédération Helvétique de son époque, il a aussi étudié le fonctionnement du gouvernement de la Pologne. Rousseau s'opposait également avec force au principe de la démocratie représentative et lui préférait une forme participative de démocratie, calquée sur le modèle antique. Se borner à voter, c'était, selon lui, disposer d'une souveraineté qui n'était qu'intermittente ; quant à la représentation, elle supposait la constitution d'une classe de représentants, nécessairement voués à défendre leurs intérêts de corps avant ceux de la volonté générale. En revanche, il s'opposait à la diffusion massive des savoirs, comme le montre son Discours sur les sciences et les arts qui y voit la cause de la décadence moderne. Le modèle de Rousseau est bien plus Sparte, cité martiale, dont le modèle entretenait déjà quelque rapport avec la cité de La République de Platon, qu'Athènes, cité démocratique, bavarde et cultivée. Certains critiques — comme l'universitaire Américain Lester G. Crocker —, particulièrement sensibles au modèle d'autarcie et d'unité nationales de Rousseau, lui ont reproché d'avoir favorisé le totalitarisme moderne. Cette opinion est devenue minoritaire depuis quelque temps, mais elle témoigne de la force polémique qu'ont encore de nos jours les écrits du « Citoyen de Genève » .

Le problème du contrat social

La liberté naturelle de l'homme implique l'absence d'engagement ou d'obligation naturelle. Les talents étant répartis inégalement entre les individus, les inégalités apparaissent, puis se développent de plus en plus vite. Dans le Discours sur l'inégalité, Rousseau évoque la progression de l'inégalité : « l'égalité rompue fut suivie du plus affreux désordre : c'est ainsi que les usurpations des riches, les brigandages des pauvres, les passions effrénées de tous étouffant la pitié naturelle, et la voix encore faible de la justice, rendirent les hommes avares, ambitieux, et méchants ».

Dans le Contrat social, Rousseau cherche le fondement d'une autorité légitime parmi les hommes. Il s'agit pour lui de définir à quelles conditions l'homme peut se soumettre à une autorité, ici de nature politique, sans rien perdre de sa liberté. L'homme étant naturellement libre, ce fondement ne peut être qu'une convention. Comment les hommes peuvent-ils associer leurs forces, sans renoncer pour autant à la liberté ? Tel est le problème du contrat social, énoncée en ces termes : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant ».

La musique de Jean-Jacques Rousseau

Un musicien théoricien

La musique fut la vocation contrariée de Rousseau; loin d'être un compositeur aussi brillant que Rameau, il n'en demeure pas moins qu'il a su apporter de nouvelles innovations en musique telles que, par exemple, le Mélodrame (Pygmalion) inspirant notamment Berlioz (Lélio ou le Retour à la vie). Initié par Madame De Warens, il en vécut médiocrement durant son séjour à Paris, gagnant sa vie essentiellement en tant que copiste (« Je sens combien je vais me nuire à moi-même si l'on compare mon travail à mes règles : mais je n'ignore pas que celui qui cherche l'utilité publique doit avoir oublié la sienne. Homme de lettres, j'ai dit de mon état tout le mal que j'en pense ; je n'ai fait que de la musique française, et n'aime que l'italienne ; j'ai montré toutes les misères de la société quand j'étais heureux par elle: mauvais copiste, j'expose ici ce que font les bons. O vérité! mon intérêt ne fut jamais rien devant toi; qu'il ne souille en rien le culte que je t'ai voué. » Article Copiste, Dictionnaire de Musique p.125). Rousseau fut l'auteur et compositeur d'un intermède, Le Devin du village (1752), lequel fut célébré par le roi Louis XV. En conséquence, ce dernier proposa d'offrir une bourse à Jean-Jacques, mais celui-ci la refusa. Ce fut à cette occasion qu'éclata la première dispute entre Rousseau et Diderot, ce dernier le pressant d'accepter l'offre du roi.

En réalité, dans le deuxième Dialogue, Rousseau énumère un acte de Daphnis et Chloé, une seconde musique du Devin du Village, plus de cent morceaux de divers genres, six mille pages copiées de musique de harpe, de clavecin ou solo et concerto de violon, travail de copiste sur six ans, lequel lui permit de vivre. Sans oublier non plus le Dictionnaire de musique édité en 1767, approuvé par Alexis Claude Clairaut (le 15 avril 1765) et très prisé des musiciens européens de l'époque, dans lequel Rousseau reprenait et actualisait, à la demande de Diderot les dizaines d'articles écrits pour l'Encyclopédie . Très influencé d'abord par les écrits harmoniques de Rameau, il était devenu très critique, depuis la Querelle des Bouffons (voir sa Lettre sur la musique française en 1752), à l'égard de l'harmonie. Selon Louis Laloy (in Rameau p. 139), « Pour le citoyen de Genève [i.e. Rousseau], toute musique qu'il ne saurait écrire lui-même est gothique ».

Il décida notamment d'adapter un air à la pièce Avril de Rémy Belleau.

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Média:Avril.mid

Durant sa période chambérienne, il a imaginé un nouveau système de transcription des notes de musique.

Un théoricien notoire

On retrouve toute cette problématique philosophique entre harmonie et mélodie développée dans l'Essai sur l'origine des langues (sous-titré Où il est parlé de la mélodie et de l'imitation musicale). Jean-Jacques Rousseau place la mélodie avant la musique, car elle permet l'humanisation du naturel en l'homme, alors qu'il dénie à l'harmonie toute valeur d'émotion. La mélodie n'est que la transcription des passions humaines qu'expriment par leur chant les hommes, définis spécifiquement par leur perfectibilité, c'est-à-dire leur capacité à évoluer, à acquérir et développer toutes leurs faculté et leur imagination, en improvisant leur histoire dans une temporalité non préétablie par une quelconque harmonie plus ou moins pythagoricienne. C'est sans doute grâce à Rousseau que la musique et la chanson populaires ont continué et renouvelé une tradition mêlant poésie et chant qui aurait été à l'origine des langues dans une improvisation qui n'est qu'une conséquence du développement de la perfectibilité et de l'imagination propre au paradigme de l'humain et de la mélodie.

Œuvres

Page de garde du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau,
fruit d'un concours lancé par l'Académie de Dijon
Page de garde Émile ou de l'Éducation de Jean Jacques Rousseau

Pour toutes les œuvres de Rousseau, l'édition de référence, riche en introductions, notes et variantes, est celle des Œuvres complètes, 5 tomes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade. Le tome I (1959) comprend les œuvres autobiographiques ; le tome II (1961), la Nouvelle Héloïse, les pièces de théâtre, et les essais littéraires ; le tome III (1964), les écrits politiques ; le tome IV (1969), les ouvrages relatifs à l'éducation, la morale et la botanique (Rousseau a suivi les cours de René Desfontaines) ; le tome V (1995) les écrits sur la musique, la langue et le théâtre, ainsi que les textes historiques et scientifiques.

Notes et références

  1. Arthur Schopenhauer, Le Fondement de la morale, trad. par A. Burdeau, Aubier-Montaigne, 1978 à la p.162
  2. Bertrand Russell, The History of Western philosophy, Paris, 1944, p. 691. Voici la traduction de cette citation : « Toute sa vie il n'a fait que ressentir, et à cet égard sa sensibilité atteint des sommets allant au-delà de ce que j'ai vu par ailleurs; mais cela lui donne un sentiment plus aigu de la souffrance que du plaisir. Il est comme un homme qui aurait été dépouillé non seulement de ses vêtements, mais de sa peau, et s'est retrouvé dans cet état pour combattre avec les éléments grossiers et tumultueux».
  3. Citation originale : This is the kindest summary of his character that is in any degree compatible with truth, Bertrand Russell, The History of Western philosophy, New York, 1945, p.691.
  4. « Gabriel Bernard, frère de ma mère, », Confessions, Livre premier, page 44, édition GF, 1968.
  5. Raymond Trousson, dans la biographie qu'il consacre à Rousseau, indique que la famille était originaire de Monthléry, près d'Étampes, au sud de Paris. C'est l'aïeul d'Isaac Rousseau, Didier Rousseau, qui laissa Monthléry pour Genève. Cf. Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau. Taillandier, 2003. 850 pages. ISBN: 284734098X.
  6. Tous ces renseignements sur la petite enfance de Jean-Jacques se trouvent dans le Livre premier des Confessions.
  7. La maison est une propriété du marquis François de Conzié. C'est chez lui que Rousseau va trouver une importante bibliothèque, avec laquelle il va se fabriquer un magasin d'idées. Rousseau reverra Conzié longtemps après le décès de Mme de Warens. Cf. GUILLERMIN C., Notice de M. de Conzié des Charmettes, sur Mme de Warens et Jean-Jacques Rousseau et Bail de la propriété des Charmettes. Bulletin de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, I, 1856, p.73-90.
  8. Rousseau avoue que celle qui lui enseigna le plaisir fut Madame de Larnage (rencontrée lors de son voyage de Chambéry à Montpellier). Sur ce point, voir la notice consacrée à Mme de Larnage dans le Dictionnaire Jean-Jacques Rousseau, sous la direction de R. Trousson et F. Egeldinger.
  9. Il épouse Thérèse civilement à Bourgoin-Jallieu le 30 août 1768.
  10. Lettre à Madame de Francueil, 1751
  11. Reproches partagés par Voltaire entre autres, lorsqu'il se posera en pédagogue dans son livre Émile et par la coterie holbachique (autour de Holbach, Grimm, Diderot etc.). Cependant, certains des amis de Rousseau, comme Madame d'Épinay (avant sa brouille avec Jean-Jacques, du fait de son amitié avec Grimm), offriront d'adopter ces enfants. Sur ce point, voir la biographie de Raymond Trousson.
  12. Voilà le récit de la mort de Rousseau tel que le fait G. Lenotre dans Vieilles maisons, vieux papiers, Perrin et cie, 1914, quatrième série: « Le 2 juillet le cabaretier Antoine Maurice aperçut le philosophe se promenant, dès cinq heures du matin, malgré la rosée ; il le vit rentrer vers sept heures, apportant du mouron cueilli pour ses oiseaux.
    Deux heures plus tard, Antoine entendit des cris provenant du pavillon qu'habitaient les Rousseau ; il y courut. Mme Rousseau appelait au secours ; son mari était tombé sur le plancher, dans la pièce du premier étage, et s'était blessé à la tempe. Presque au même moments, le cabaretier, M. et Mme de Girardin arrivèrent suivis de quelques domestiques et d'un chirurgien ; celui-ci essaya d'une saignée, mais Jean-Jacques déjà, ne donnait plus signe de vie ».
    .... De l'événement, dans le village et les environs, les versions les plus diverses circulaient. M. Rousseau, affirmaient les uns, s'était tué d'un coup de pistolet. Payen, le maître de poste de Louvres, servait la nouvelle aux voyageurs qui relayaient chez lui. D'autres assuraient que le pauvre Jean-Jacques s'étant avisé – bien après tous les autres – des relations de Mme Rousseau avec un domestique du château voulait quitter Ermenonville : elle s'était refusée à le suivre : alors il avait cherché dans la forêt des mauvaises plantes qu'il connaissait et il les avait infusées dans son café du matin. C'est la version adoptée par Mme de Staël, par Corencez et par Musset Pathay. On a supposé pire encore »

    Jean-Jacques, qui au dire de Mme de Staël, avait appris le matin même les relations de sa femme avec un homme de la domesticité de M. de Girardin, s'est-il suicidé de désespoir, a-t-il été assassiné par sa femme, ou est-il mort d'apoplexie séreuse comme l'affirme le procès verbal d'autopsie ?}}.(JJ Rouseau Hommage national par A. Castellant). Quant au marquis de Girardin, il niait hautement le suicide. Ce qui est certain, c'est que sa femme Thérèse Levasseur, âgée de 57 ans, devait épouser peu après ce domestique nommé Antoine Bally, âgé de 34 ans, et dilapider avec lui les économies de Jean-Jacques et ses droits d'auteur pour finir dans la misère.
  13. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Éditions Gallimard, 1965 à la p.79.
  14. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.470.
  15. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p. 475.
  16. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.431.
  17. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p. 428.
  18. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p. 457.
  19. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p. 482.
  20. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.485-486
  21. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.278.
  22. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.93.
  23. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p. 94.
  24. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.163.
  25. a et b Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.298.
  26. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.585.
  27. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.46.
  28. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Éditions Flammarion, Paris, 1992 à la p.32.
  29. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Éditions Flammarion, Paris, 1992 à la p.33.
  30. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Éditions Flammarion, Paris, 1992 à la p.77.
  31. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Éditions Gallimard, 1965 aux pp.94-95.
  32. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Gallimard, 1965 aux pp.87.
  33. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Éditions Flammarion, Paris, 1992 aux pp.61-62.
  34. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Éditions Gallimard, 1965 à la p.110.
  35. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, chap. 7
  36. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.42.
  37. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.48.
  38. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.47-48.
  39. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.52.
  40. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.57-58.
  41. a et b Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.76-77.
  42. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.78.
  43. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Éditions Flammarion, Paris, 1992 à la p.69.
  44. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.107.
  45. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.110.
  46. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.112-113.
  47. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.114.
  48. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.128.
  49. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.128-129.
  50. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.151.
  51. a et b Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.160.
  52. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.215.
  53. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.264.
  54. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.287-288.
  55. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.291.
  56. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.322.
  57. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.433.
  58. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.439.
  59. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.440.
  60. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.225.
  61. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.305.
  62. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.277.
  63. Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.485.
  64. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.79.
  65. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.90.
  66. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.142.
  67. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.147.
  68. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.32.
  69. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.40.
  70. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Éditions Gallimard, 1965 aux pp.101-102.
  71. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.372.
  72. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.376.
  73. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.377.
  74. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.378-379.
  75. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.535.
  76. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.80.
  77. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.77.
  78. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.342.
  79. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.35.
  80. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.66.
  81. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.308.
  82. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.111
  83. Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, Éditions Flammarion, Paris, 1964 à la p.129.
  84. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 aux pp.387-388.
  85. Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966 à la p.396.
  86. Voir l'édition en 20 volumes de la Correspondance Générale (1926) par Théophile Dufour et Pierre-Paul Plan. La lettre à Franquières et la lettre à Paul Moultou se trouvent au volume XIX)
  87. Sur la pensée religieuse de J.J. R. et son inspiration, on se reportera, entre autres, à l'ouvrage de Henri Gouhier, les méditations métaphysiques de Jean-Jacques Rousseau. Vrin, 1970.
  88. Jean-Jacques Rousseau, Correspondance Générale. 20 volumes. Édition de Théophile Dufour et Pierre-Paul Plan. Armand-Colin, 1926. Particulièrement, s'agissant de la Lettre à Franquières et de la lettre à Paul Moultou, voir le volume XIX.

Annexes

Ouvrages consacrés à Rousseau

  • Jean-Jacques Rousseau à Venise (1743-1744) raconté par lui-même. Maurice Glomeau, Editeur - Paris - 1920.

Ouvrages généraux

Ouvrages spécialisés

  • Raymond Trousson et Frédéric S. Eigeldinger (ed.), Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau, Éditions Honoré Champion, 2006.
  • Frédéric S. Eigeldinger, Études et documents sur les minora de Jean-Jacques Rousseau, Éditions Honoré Champion, 2009.
  • Tanguy L'Aminot (dir), Politique et révolution chez Jean-Jacques Rousseau, Oxford, Voltaire Foundation, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 324, 1995.
  • Michel Coz, Jean-Jacques Rousseau, Paris, Vuibert studio, 1997, ISBN 978-2-7117-6218-7.
  • Michel Coz, La Cène et l'Autre Scène : Désir et profession de foi chez Jean-Jacques Rousseau, Paris, Honoré Champion, 1998, ISBN 978-2-85203-844-8.
  • Michel Coz et François Jacob, Rêveries sans fin : Autour des « Rêveries du promeneur solitaire », Orléans, Paradigme, 1997, ISBN 978-2-86878-187-1.
  • Robert Derathé, Jean-Jacques Rousseau et la science politique de son temps, Paris, Vrin, 2000, (ISBN 978-2-7116-0178-3).
  • Victor Goldschmidt, Anthropologie et politique, Paris, Vrin, 2000, (ISBN 978-2-7116-0311-4).
  • André Charrak, Raison et perception : fonder l'harmonie au XVIIIe siècle, Paris, Vrin, 2002, (ISBN 978-2-7116-1498-1).
  • Bruno Bernardi, La Fabrique des concepts. Recherches sur l'invention conceptuelle chez Rousseau. Paris, Champion, 2006
  • Blaise Bachofen, La Condition de la liberté. Rousseau, critique des raisons politiques. Paris, Payot, 2002. (ISBN 978-2-228-89665-8)
  • Florent Guénard, Rousseau et le travail de la convenance. Paris, Champion, 2005
  • Francis Farrugia, Archéologie du pacte social, L'Harmattan, 1994.
  • Charles Coutel, Lumières de l'Europe : Voltaire, Condorcet, Diderot, Paris, Ellipses, 1997
  • Béatrice Didier, La musique des Lumières : Diderot, l'Encyclopédie, Rousseau, Paris, PUF, 1985
  • Jean-Luc Guichet, Rousseau, l’animal et l’homme : l’animalité dans l’horizon anthropologique des Lumières, Paris, Éditions du Cerf, 2006
  • Gérard Namer,
    • Le Système social de Rousseau : De l'inégalité économique à l'inégalité politique, L'Harmattan, 1999, (ISBN 978-2-7384-7437-7)
    • Rousseau sociologue de la connaissance : De la créativité au machiavélisme, L'Harmattan, 2000, (ISBN 978-2-7384-7847-4)
  • Frédéric Worms, Rousseau, Emile ou de l'éducation, Livre IV, Ellipses, 2001, (ISBN 978-2-7298-0634-7).
  • Roger D. Masters, La philosophie politique de Rousseau, traduit de l’américain par G. Colonna d’Istria & J.-P.Guillot, Lyon, ENS Éditions, 2002, (ISBN 978-2-84788-000-7).
  • Arthur Metzler, Rousseau. La bonté naturelle de l'homme. Belin, 1998.
  • Catherine Kintzler, Poétique de l'opéra français de Corneille à Rousseau, Paris, Minerve, 2006, (ISBN 978-2-86931-111-4).
  • Colette Soler, L’aventure littéraire, ou la psychose inspirée, Rousseau, Joyce, Pessoa, éd. du Champ Lacanien, 2001.
  • Germán A. de la Reza, La invención de la paz. De la República cristiana del duque de Sully a la Sociedad de naciones de Simón Bolívar, Siglo XXI Editores, México, 2009, (ISBN 978-607-03-0054-7)
  • Pierre Villey, L'influence de Montaigne sur les idées pédagogiques de Locke et de Rousseau, 270 p., Hachette, Paris, 1911 ; ouvrage en ligne sur Gallica

Articles et recueils d'articles

Recueils d'articles:

  • Pensée de Rousseau, (ouvrage collectif) : Robert Derathé, Paul Bénichou, Charles Eisenmann, Ernst Cassirer, Leo Strauss. Paris, Seuil-Points. 1984. ISBN: 2-02-006981-4. EAN: 9782020069816. 180 pages.
  • Rousseau et la philosophie, Sous la direction d'André Charrak et de Jean Salem, Paris, La Sorbonne, 2004, (ISBN 978-2-85944-511-9).
  • Rousseau et les sciences, Sous la direction de Bernadette Bensaude-Vincent et Bruno Bernardi, Paris, L'Harmattan, 2003, (ISBN 978-2-7475-5100-7).
  • Musique et langage chez Rousseau, Études présentées par Claude Dauphin, Oxford, Voltaire Foundation, Studies on Voltaire and the eighteenth century 2004:08, ISSN 0435-2866.

Articles:

  • Cheyron, Henry. « Ray et Sauvages annotés par Jean-Jacques Rousseau ». Littératures 15 (automne 1986), 83-99.
  • Cook, A. « Jean-Jacques Rousseau et les réseaux d’échange botanique » in B. Bensaude-Vincent and B. Bernardi, ed. Rousseau et les sciences. Lharmattan, 2003, 93-114.
  • Cook, A. « Rousseau on the languages of music and botany », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century 8 (2004): 75-87.
  • Drouin, Jean-Marc. « Rousseau lecteur de Linné », Bulletin d'histoire et d’épistemologie des sciences de la vie, 7 (2000) 39-57.
  • Litwin, Christophe, Dialectique et amour de soi chez Rousseau, Lectures du Second Discours, Revue Sens Public
  • Martin, Nicolas, Politique de la pitié chez Rousseau, Revue Sens Public
  • Thibaut Fleury, « Le droit des gens dans la pensée de Jean-Jacques Rousseau », in Annales d'histoire du droit, de philosophie du droit, de sociologie du droit et droit du procès, Paris, Institut Michel Villey 2006, p. 295-335.
  • Schneebeli-Graf, R., Das Zürcher Herbar von Jean-Jacques Rousseau. Zürich: Wohnmusuem Bärengasse, 1980.
  • Strauss, Leo, L'intention de Rousseau. Article traduit de l'anglais par Pierre Manent et paru dans Pensée de Rousseau. Paris, Seuil. Collection Points, 1984.

Articles de Yves Citton sur les œuvres de Rousseau:

  • « La preuve par l'Émile : dynamique de la fiction chez Rousseau», Poétique, No 100, novembre 1994, Paris, p. 411-425.
  • « Fabrique de l'opinion et folie de la dissidence : Le complot dans Rousseau juge de Jean Jaques », in Rousseau Juge de Jean-Jacques. Études sur les Dialogues, Presses de l’Université d’Ottawa, 1998, p. 101-114 (republié chez Champion, 2003).
  • «Rousseau et les physiocrates: la justice entre produit net et pitié», Études Jean-Jacques Rousseau, Numéro spécial “Rousseau: économie politique”, édité par Reinhard Bach, 1999, p. 161-181.
  • «Monsieur Jaques chez l'ami des hommes : visite de Rousseau au cœur de l'économisme», in Jacques Berchtold & Michel Porret (éd.), Rousseau visiteur, Rousseau visité. Les dernières années (1770-1778), Genève, Droz, 1999, p. 53-73.
  • « Liberté et fatalisme dans les Dialogues de Rousseau : Hyper-lucidité politique de la folie littéraire », Méthode !, No 5, Vallongues, 2003, p. 115-124.
  • « Retour sur la misérable querelle Rousseau-Diderot: position, conséquence, spectacle et sphère publique », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, No 36 avril 2004, p. 57-95.
  • « Le chantier de la vérité. Disparation, individuation et vitesse fictionnelle chez Rousseau », revue Europe, No 930, spécial « Jean-Jacques Rousseau », octobre 2006, p. 161-176.

Biographies et fictions

  • Lion Feuchtwanger, La Sagesse du fou, ou Mort et transfiguration de Jean-Jacques Rousseau (roman), traduit de l'allemand par Claude Porcell, Paris, Fayard, 1999.
  • Jean-Louis Boissier, Moments de Jean-Jacques Rousseau, CD-Rom, éd. Gallimard/NRF, 2000 [1]
  • Frédéric Richaud, Jean-Jacques (Grasset, 2008), roman cocasse de autour de la figure de Jean-Jacques Rousseau, 230 ans après sa mort.[2]

Articles connexes

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Liens externes


Rousseau est l’abréviation botanique officielle de Jean-Jacques Rousseau.
Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI

http://www.dicopo.org/spip.php?article86


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