- Marguerite Yourcenar
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Pour l'essai de Jean Blot, voir Marguerite Yourcenar (Blot).
Marguerite Yourcenar Nom de naissance Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour Activités Écrivain, poète, traductrice, essayiste, critique Naissance 8 juin 1903
Bruxelles, BelgiqueDécès 17 décembre 1987 (à 84 ans)
Île des Monts Déserts, Maine
États-UnisLangue d'écriture française Genres Roman, nouvelle, mémoires, essai, poésie Distinctions Première femme élue à l'Académie française (fauteuil n° 3) (1980) Œuvres principales Alexis ou le Traité du vain combat (1929) Nouvelles orientales (1938) Mémoires d'Hadrien (1951) L'Œuvre au noir (1968) Mishima ou la Vision du vide (1980)Marguerite Yourcenar[1], née Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour le 8 juin 1903 à Bruxelles et morte le 17 décembre 1987 à Bangor, dans l'État du Maine (États-Unis), est un écrivain français, naturalisée américaine, auteur de romans et de nouvelles « humanistes », ainsi que de récits autobiographiques. Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique.
Elle fut la première femme élue à l'Académie française en 1980, après un soutien actif de Jean d'Ormesson, qui prononça le discours de sa réception.
Marguerite Yourcenar s'est particulièrement distinguée dans le genre de la nouvelle notamment avec ses Nouvelles orientales publié en 1938.
Sommaire
Biographie
Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour est née dans une maison de l'avenue Louise, à Bruxelles, d'un père originaire de la Flandre française appartenant à l'ancienne bourgeoisie[2] liée à l'aristocratie, Michel Cleenewerck de Crayencour, et d'une mère belge, Fernande de Cartier de Marchienne d'une famille noble belge. Sa mère meurt dix jours après sa naissance, Marguerite Cleenewerck de Crayencour est élevée chez sa grand-mère paternelle (dont elle fait, dans Archives du Nord, un portrait à l'acide) par son père, anti-conformiste et grand voyageur. Elle passe ses hivers à Lille et ses étés, jusqu'à la Grande Guerre, dans la propriété familiale située au Mont Noir dans la commune de Saint-Jans-Cappel (Nord). Elle valide la première partie de son baccalauréat à Nice, sans avoir fréquenté l'école. Son premier poème dialogué, Le Jardin des chimères, est publié à compte d'auteur en 1921 et signé Yourcenar, une quasi anagramme de Crayencour (à l'omission d'un C près).
Elle accompagne son père dans ses voyages : Londres pendant la Première Guerre mondiale, le midi de la France, la Suisse, l'Italie où elle découvre avec lui la Villa Adriana à Tivoli. Elle l'observe, assiste à ses amours (Alexandre, Gabriel, Flavio et Pierre) dont elle fera la trame de Quoi ? L'éternité.
En 1929, elle publie son premier roman, inspiré d'André Gide[3], d'un style précis, froid et classique : Alexis ou le Traité du vain combat. Il s'agit d'une longue lettre dans laquelle un homme, musicien renommé, confie à son épouse son homosexualité et sa décision de la quitter dans un souci de vérité et de franchise. La « Monique » du texte n'est autre que le grand amour du père de Yourcenar, Jeanne de Vietinghoff (née Bricou), par ailleurs ancienne condisciple de sa mère.
Après le décès de son père, en 1929 (après qu'il eut lu le premier roman de sa fille), Marguerite Yourcenar mène une vie bohème entre Paris, Lausanne, Athènes, les îles grecques, Constantinople, Bruxelles... Elle aime des femmes et tombe amoureuse d'un homme homosexuel, André Fraigneau, écrivain et éditeur chez Grasset. Elle publie les Nouvelles orientales, échos de ses voyages, Feux, composé de textes d'inspiration mythologique ou religieuse entrecoupés d'apophtegmes, où l'auteur traite sur différents modes le thème du désespoir amoureux et des souffrances sentimentales, repris plus tard dans Le Coup de grâce (1939), court roman sur un trio amoureux ayant pour cadre la Courlande pendant la guerre russo-polonaise de 1920.
En 1939, son père est mort depuis dix ans, elle manque d'argent et l'Europe s'agite dangereusement. Elle part pour les États-Unis rejoindre Grace Frick, sa compagne depuis 1937, avec qui elle vécut jusqu'à la mort de celle-ci en 1979. Elles s'installent à partir de 1950 sur l'île des Monts Déserts (Mount Desert Island, dans le Maine), qu'elles avaient découverte ensemble en 1942, et nomment leur maison Petite-Plaisance. Yourcenar y passe le reste de sa vie : citoyenne américaine en 1947, elle enseigne la littérature française et l'histoire de l'art jusqu'en 1953.
Son roman Mémoires d'Hadrien, en 1951, connaît un succès mondial et lui vaut le statut définitif d'écrivain, consacré en 1970 par son élection à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et dix ans plus tard, par son entrée à l'Académie française, grâce au soutien actif de l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson. Marguerite Yourcenar est la première femme à siéger à l'Académie française. Elle dit avoir longtemps hésité, pour le choix de son sujet, entre l'empereur Hadrien et le mathématicien-philosophe Omar Khayyam.
Sa vie se partage entre l'écriture dans l'isolement de l'île des Monts-Déserts et de longs voyages, dont des périples autour du monde avec Jerry Wilson, son dernier secrétaire. Elle meurt le 17 décembre 1987 aux États-Unis à Mount-Desert. Elle est enterrée au cimetière Brookside à Somesville (Maine).
Des romans historiques aux mémoires autobiographiques, l'œuvre de Yourcenar s'inscrit en marge du courant engagé de son époque et se caractérise d'abord par sa langue, au style épuré et classique, et aussi par son esthétisme et le désir d'affirmer la finalité de la littérature : la narration. Inspirée par la sagesse orientale, et surtout par la philosophie greco-latine, la pensée de l'écrivain ne s'est jamais éloignée de l'humanisme de la Renaissance :
« Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. »
— Mémoires d'Hadrien
Marguerite Yourcenar lisait couramment le grec et le latin et connaissait parfaitement les textes antiques. Pour la rédaction des Mémoires d'Hadrien, elle s'obligea à lire ou relire tous les textes majeurs de l'époque d'Hadrien[4].
Œuvres
- 1921 : Le Jardin des chimères (poésie)
- 1922 : Les dieux ne sont pas morts (poésie)
- 1929 : Alexis ou le Traité du vain combat (roman)
- 1931 : La Nouvelle Eurydice (roman)
- 1932 : Pindare (essai)
- 1934 : Denier du rêve (roman)
- 1934 : La mort conduit l'attelage
- 1936 : Feux (poèmes en prose)
- 1937 : Les Vagues de Virginia Woolf (traduction)
- 1938 : Les Songes et les Sorts
- 1938 : Nouvelles orientales, (nouvelles)
- 1939 : Le Coup de grâce (roman)
- 1947 : Ce que savait Maisie d'Henry James (traduction)
- 1951 : Mémoires d'Hadrien (roman)
- 1954 : Électre ou la Chute des masques
- 1956 : Les Charités d'Alcippe ( Le Flûte enchantée, Liège, poésies)
- 1958 : Présentation critique de Constantin Cavafy 1863-1933, suivie d'une traduction intégrale des ses Poèmes (poésie, traduction)
- 1962 : Sous bénéfice d'inventaire (essai)
- 1962 : Ah, mon beau château (château de Chenonceau)
- 1963 : Le Mystère d'Alceste (théâtre)
- 1963 : Qui n'a pas son Minotaure ?
- 1964 : Hortense Flexner, suivi de poèmes choisis (poésie, essai, traduction)
- 1964 : Fleuve profond, sombre rivière (poésie, traduction de negro spirituals)
- 1968 : L'Œuvre au noir (roman)
- 1969 : Présentation critique d'Hortense Flexner, choix de poèmes (traduction)
- 1971 : Réception de Madame Marguerite Yourcenar à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique - Discours de M. Carlo Bronne et de Mme Marguerite Yourcenar (discours)
- 1971 : Théâtre I (Rendre à césar, la Petite Sirène et le Dialogue dans le marécage) (théâtre)
- 1972 : Entretiens Marguerite Yourcenar et Patrick de Rosbo (entretien)
- 1974 : Le Labyrinthe du monde. I, Souvenirs pieux (roman)
- 1977 : Le Labyrinthe du monde. II, Archives du Nord (roman)
- 1979 : La Couronne et la Lyre (anthologie de poèmes traduits du grec)
- 1980 : Les Yeux ouverts : entretiens avec Marguerite Yourcenar de Matthieu Galey (entretien)
- Comment Wang-Fô fut sauvé.
- 1980 : Mishima ou la Vision du vide, (Gallimard, essai)
- 1981 : Discours de réception de Madame Marguerite Yourcenar à l'Académie française et réponse de Monsieur Jean d'Ormesson (discours)
- 1982 : Comme l'eau qui coule (Anna, soror…, Un homme obscur, Une belle matinée)
- 1982 : Œuvres romanesques (Pléiade)
- 1982 : Sur quelques thèmes érotiques et mystiques de la Gita-Govinda - L'Andalousie ou les Hespérides (essai)
- 1983 : Le Coin des "Amen" de James Baldwin (traduction)
- 1983 : Le Temps, ce grand sculpteur
- 1984 : Blues et Gospels (poésie, traduction)
- 1984 : Cinq Nô modernes de Yukio Mishima (traduction)
- 1984 : Les Charités d'Alcippe, (poème)
- 1985 : Le Cheval noir à tête blanche (conte indien)
- 1987 : La Voix des choses (essai)
- 1988 : Le Labyrinthe du monde. III : Quoi? L'Éternité (roman)
- 1982 : "... Si nous voulons encore essayer de sauver la Terre" (conférence)
- 1989 : En pèlerin et en étranger (essai)
- 1991 : Le Tour de la prison (essai, voyages)
- 1991 : Essais et Mémoires (Pléiade)
- 1992 : Écrit dans un jardin (poème illustré par Pierre Albuisson)
- 1993 : Conte bleu - Le Premier soir - Maléfice (contes)
- 1994 : Poèmes à la nuit (préface de M. Yourcenar) de Rainer Maria Rilke (poésie)
- 1995 : Lettres à ses amis et quelques autres (correspondance)
- 1999 : Radioscopie de Jacques Chancel avec Marguerite Yourcenar' (entretien)
- 1999 : Sources II (essai)
- 1999 : Marguerite Yourcenar : Entretiens avec des Belges (entretien)
- 2002 : Portrait d'une voix (entretien)
- 2003 : Les Trente-Trois Noms de Dieu (essai)
- 2004 : D'Hadrien à Zénon. Correspondance 1951-1956 (correspondance)
- 2007 : D'Hadrien à Zénon II. Une volonté sans fléchissement : correspondance, 1957-1960 (correspondance)
- 2008 : Marguerite Yourcenar en questions (questionnaire)
- 2010 : D'Hadrien à Zénon III. (correspondance)
Études biographiques
- 1990 : Marguerite Yourcenar : l'invention d'une vie de Josyane Savigneau, Gallimard
- 1995 : Vous, Marguerite Yourcenar : la passion et ses masques de Michèle Sarde, Laffont
- 1998 : Yourcenar. Qu'il eût été fade d'être heureux de Michèle Goslar, Racine
Études sur l'œuvre
Il existe plusieurs milliers d'études sur l'œuvre de Marguerite Yourcenar, disponibles dans les bibliothèques des associations yourcenariennes.
- 2002 : La Promesse du seuil : un voyage avec Marguerite Yourcenar de Christian Dumais-Lvowski, photographies de Saddri Derradji, coll. « Archives privées », Actes Sud
- 2008 : Marguerite Yourcenar : itinéraire d'un écrivain solitaire, de Antoine Gavory, Flagrant d'élie
- 1980 : Marguerite Yourcenar (Blot), Jean Blot, éditions Seghers
- Roman, histoire et mythe dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar, actes du colloque d’Anvers mais 1990, Simone et Maurice Delcroix éditions Tours, 524 pages, 1995
- Patrick de Rosbo, Entretiens radiophoniques avec Marguerite Yourcenar, Mercure de France, 1972-1980
- Philippe Dasnoy, Dans l’île du Mont-Désert chez Marguerite Yourcenar, documentaire de Phillipe Dasnoy et Jean ANTOINE, diffusé en avril 1975
- Les yeux ouverts, entretiens avec Mathieu Galey, éditions Le centurion « Les interviews », 1980
Autres actions
Le 24 février 1968, Marguerite Yourcenar écrit à Brigitte Bardot la lettre qui informera celle-ci de la cruauté du massacre des bébés phoques au Canada, et qui déclenchera par ce truchement une campagne mondiale de plusieurs années[5].
Liens internes
- Famille de Crayencour
- Georges de Crayencour
- Stéphanie Crayencour
- Michèle Goslar
- Femmes à l'Académie française
Liens externes
- CIDMY (Centre International de Documentation Marguerite Yourcenar, Bruxelles)
- Portail des associations yourcenariennes
- SIEY (Société Internationale d'Études Yourcenariennes, Clermont-Ferrand, France)
- Musée Marguerite Yourcenar, à Saint-Jans-Cappel
Notes et références
- Yourcenar est l'anagramme imparfait de son nom de famille Crayencour
- Une branche de la famille Cleenewerck de Crayencour ne sera anoblie en Belgique qu'en 19..
- Alexis ou le Traité du vain combat, rédigée en 1963, Marguerite Yourcenar affirme que, si le titre fait bien écho au Traité du vain désir de Gide, l'influence de ce dernier fut en réalité faible et surtout formelle, l'empreinte essentielle étant plutôt celle de Rilke. Dans la préface d'
- Entretiens avec Mathieu Galey
- Marguerite Yourcenar, Lettres à ses amis et à quelques autres, Folio 2983, 1995, page 357
Précédé par
Roger CailloisFauteuil 3 de l’Académie française
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