- Animal-machine
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L'Animal-machine est une hypothèse éthologique issue du mouvement mécaniste créé par René Descartes et fortement contesté dès cette époque par Pierre Gassendi.
Elle avance que les animaux[1] sont des machines au sens premier du terme, c'est-à-dire qu'on ne leur accorde ni conscience ni la moindre pensée. D'un point de vue religieux, l'application du mécanisme à la vie revient à nier l'âme des bêtes qui périssent donc entièrement au moment de leur mort[2]. Poussée à l'extrême, notamment par Nicolas Malebranche, cette conception implique que leurs cris et gémissements ne peuvent être que le reflet de dysfonctionnements dans les « rouages » plutôt que l'expression d'une souffrance.
Les animaux obéissent à leurs pulsions, et donc au principe de causalité : en effet, tel stimulus extérieur (par exemple l'odeur d'un prédateur) entraîne chez l'animal telle réponse comportementale prévisible (ici, la fuite). Descartes affirme donc que l'on pourra un jour créer une machine qui soit indifférenciable d'un animal. De nos jours, les progrès de la robotique permettent de se rapprocher de cette machine-animal. Cependant, les recherches actuelles sur le comportement des animaux (par exemple, les Bonobos) semblent montrer que ceux-ci auraient une certaine forme de pensée, et donc ne pourraient jamais être fidèlement reproduits par une machine.
Sur le plan éthique, l'assimilation des animaux à des machines a conduit à des abus, vigoureusement critiqués par des courants philosophiques modernes, qui se réclament d'Arthur Schopenhauer, de Jeremy Bentham, d'Albert Schweitzer ou, plus récemment, de Peter Singer. Sans mettre en cause fondamentalement les bases matérielles du fonctionnement des organismes vivants, ces courants insistent sur le caractère d'« êtres sensibles » des animaux, fortement étayé par les résultats mêmes de la biologie et de la physiologie sensorielle. Les animaux doivent donc être considérés comme différents de la chose inerte[3], et susceptibles d'un traitement moral privilégié, voire de droits[4].
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Notes
- l'Homme n'était pas, à l'époque du développement de cette théorie, considéré comme un animal « intelligent » mais bien comme le symbole de la sphère du Divin, hiérarchiquement supérieure aux sphères de ce qui est Animal et de ce qui est Végétal.
- Cf. Malebranche, Ier Entretien sur la mort dans Conversations Chrétiennes, Gallimard, col. Folio essais, 1994, pp. 534-538
- Georges Chapouthier, Le respect de l’animal dans ses racines historiques : de l’animal-objet à l’animal sensible, Bull. Acad. Vet. France, 2009, 162 (1), pp 5-12
- Georges Chapouthier, J.C. Nouët (editors), "The universal declaration of animal rights, comments and intentions", Éditions Ligue Française des Droits de l’Animal, Paris, 1998
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