Voltaire

Voltaire
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Voltaire
François-Marie Arouet dit Voltaire
François-Marie Arouet dit Voltaire

Nom de naissance François Marie Arouet
Activités Écrivain et philosophe
Naissance 21 novembre 1694
Paris, France
Décès 30 mai 1778
Paris, France
Langue d'écriture Français
Mouvement Lumières
Genres roman, conte, théâtre, essai
Œuvres principales
Compléments

François-Marie Arouet, dit Voltaire[1], le 21 novembre 1694 à Paris il est mort le 30 mai 1778, est un écrivain et philosophe qui a marqué le XVIIIe siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective française. Il esquisse en effet la figure de lintellectuel engagé au service de la vérité, de la justice et de la liberté de penser.

Symbole des Lumières, chef de file du parti philosophique, son nom reste attaché à son combat contre « linfâme », nom quil donne au fanatisme religieux, et pour le progrès et la tolérance. Il est cependant déiste et son idéal reste celui dune monarchie modérée et libérale, éclairée par les « philosophes ». Il agit dailleurs auprès des élites éclairées de lEurope des Lumières en se servant de son immense notoriété et prend, seul, la défense des victimes de lintolérance religieuse et de larbitraire dans des affaires quil a rendues célèbres (Calas, Sirven, chevalier de La Barre, comte de Lally).

De son imposante œuvre littéraire, on lit aujourdhui essentiellement ses écrits « philosophiques » en prose : contes et romans, Lettres philosophiques, Dictionnaire philosophique et sa correspondance. Son théâtre, ses poésies épiques, ses œuvres historiques, qui firent de lui lun des écrivains français les plus célèbres au XVIIIe siècle, sont aujourdhui largement négligées ou ignorées. La réputation de Voltaire tient aussi à son style, marqué par lélégance et la précision, et souvent au service dune ironie mordante.

Tout au long de sa vie, Voltaire fréquente les Grands et courtise les monarques, sans dissimuler son dédain pour le peuple, mais il est aussi en butte aux interventions du pouvoir qui lembastille et le contraint à lexil en Angleterre ou à lécart de Paris. En 1749, après la mort dÉmilie du Châtelet avec laquelle il a entretenu une liaison houleuse de quinze ans, il part pour la cour de Prusse mais, déçu dans ses espoirs de jouer un grand rôle auprès de Frédéric II à Berlin, se brouille avec lui après trois ans et quitte Berlin en 1753. Il se réfugie un peu plus tard aux Délices, près de Genève, avant dacquérir en 1759 un domaine à Ferney, sur la frontière franco-genevoise, à labri des puissants. Il mettra en valeur son domaine et fera de Ferney un centre de culture réputé dans toute lEurope. Il ne reviendra à Paris quen 1778, ovationné par le peuple. Il y meurt à 83 ans.

Chantre du « bon temps (de) ce siècle de fer ! » dans Le Mondain, Voltaire aime le luxe, les plaisirs de la table et de la conversation, quil considère, avec le théâtre, comme lune des formes les plus achevées de la vie en société. Soucieux de son aisance matérielle qui garantit sa liberté et son indépendance, il acquiert une fortune considérable dans des opérations spéculatives ce qui lui permettra de sinstaller en 1759 au château de Ferney entouré dune cour de beaux esprits. Il est néanmoins chicanier et parfois féroce avec ses adversaires comme Jean-Jacques Rousseau.

Considéré par la Révolution française - avec Jean-Jacques Rousseau, son adversaire - comme un précurseur (il entre au Panthéon en 1791, le deuxième, après Mirabeau), célébré par la IIIe République (dès 1870 à Paris un boulevard et une place portent son nom, puis un quai, une rue, un lycée, une station de métro…), il a nourri au XIXe siècle les passions antagonistes des adversaires et des défenseurs de la laïcité de lÉtat et de lécole publique, et au-delà de lesprit des Lumières.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

François-Marie Arouet est le dimanche 21 novembre 1694 à Paris, dans la paroisse Saint-André-des-Arcs[2], mais, dans divers écrits, Voltaire affirme être en réalité neuf mois plus tôt le 19 ou le 20 février 1694 à Châtenay-Malabry : le baptême du 22 novembre à Paris à Saint-André-des-Arts aurait été retardé du fait du peu despoir de survie de lenfant. Arouet conteste également sa paternité[3].

Les Arouet

Originaires dun petit village du nord du Poitou, Saint-Loup, ils exercent au XVe siècle et XVIe siècle une activité de tanneurs, les Arouet sont un exemple de lascension sociale de la bourgeoisie au XVIIe siècle. Le premier Arouet à quitter sa province sinstalle à Paris en 1625 il ouvre une boutique de marchand de draps et de soie. Il épouse la fille dun riche marchand drapier et senrichit suffisamment pour acheter pour son fils, François, le père de Voltaire, une charge de notaire au Châtelet en 1675 assurant à son titulaire laccès à la petite noblesse de robe. Ce dernier, travailleur austère et probe aux relations importantes, arrondit encore la fortune familiale, épouse le 7 juin 1683 la fille dun greffier criminel au Parlement, Marguerite dAumard, avec laquelle il a cinq enfants (dont trois survivent), et il revend son étude en 1696 pour acquérir une charge de conseiller du roi, receveur des épices à la Cour des comptes. Voltaire perd sa mère à lâge de sept ans. Il a un frère aîné, Armand Arouet (baptisé le 5 avril 1685[4], décédé le 18 février 1745), avocat en Parlement, catholique rigoriste et janséniste opiniâtre, célibataire dont Voltaire hérita les biens, et une sœur, Maguerite Catherine Arouet, dite Marie (baptisée le 29 décembre 1686 à Saint-Germain-le-Vieil[4], morte le 15 octobre 1726), épouse de Pierre François Mignot, correcteur à la Chambre des Comptes, seule personne de sa famille qui lui ait inspiré de laffection, qui sera la mère de deux fils, dont labbé Mignot, et deux filles, Madame de Fontaine et Marie Louise Mignot, la future Madame Denis. Contrarié et chagrin, François Arouet sécrie : « Jai pour fils deux fous, lun en prose et lautre en vers. » Armand François Arouet, le 18 mars 1684, meurt quelques jours plus tard ; Robert Arouet, baptisé à Saint-Germain-le-Vieil le 18 juillet 1689, meurt très jeune[5].

Éducation : les Jésuites et la société libertine du Temple

Lenclos du Temple, détail du plan de Turgot, 1739. Le palais du grand prieur se trouve à droite de la porte dentrée.

Arouet père veut donner à son cadet une formation intellectuelle qui soit à la hauteur des dons que celui-ci manifeste dès son plus jeune âge. À dix ans, il entre chez les Jésuites du collège Louis-le-Grand, létablissement le mieux fréquenté et le plus cher de la capitale. Les jésuites enseignent le latin, le grec et la rhétorique, mais veulent avant tout former des hommes du monde et initient leurs élèves aux arts de société : joutes oratoires, plaidoyers, concours de versification, et théâtre qui occupe une large place dans la vie du collège. Élève brillant, vite célèbre par sa facilité à versifier, Arouet y apprend à plaire et à parler dégal à égal avec les grands. Il y tisse des liens damitié et des relations précieuses dont il saura user toute sa vie : les frères dArgenson, René-Louis et Marc-Pierre, futurs ministres de Louis XV et le futur duc de Richelieu.

À contre-pied de léducation des jésuites, la fréquentation de la société libertine du Temple eut une influence non moins importante sur le jeune Arouet. Labbé de Châteauneuf, son parrain et homme de lettres, lintroduit dès lâge de douze ans dans cette société qui rassemble au Temple dans lhôtel de Philippe de Vendôme, grand prieur de lordre de Saint-Jean de Jérusalem, des membres de la haute noblesse et des poètes, épicuriens lettrés connus pour leur esprit et leur amoralité, et amateurs de soupers galants lon boit sec. Le jeune garçon les amuse en leur faisant des vers « légers, rapides, piquants, nourris de référence antiques, libres de ton jusquà la grivoiserie, plaisantant sans retenue sur la religion et la monarchie[6] ». En leur compagnie, il se persuade quil est grand seigneur libertin et na rien à voir avec les Arouet et les gens du commun.

Étudiant en droit ou homme de lettres ?

Il quitte le collège à dix-sept ans et annonce à son père quil veut être homme de lettres, et non avocat ou titulaire dune charge de conseiller au Parlement, investissement pourtant considérable que ce dernier est prêt à faire pour lui. Devant lopposition paternelle, il sinscrit à lécole de droit et continue de fréquenter les libertins du Temple, prenant des goûts de luxe et de débauche. Son père léloigne un moment en lenvoyant à Caen, puis en le confiant au frère de son parrain, le marquis de Châteauneuf, qui vient dêtre nommé ambassadeur à La Haye et accepte den faire son secrétaire privé. Mais son éloignement ne dure pas. À Noël 1713, il est de retour, chassé de son poste et des Pays-Bas pour cause de relations tapageuses avec une demoiselle. Furieux, son père veut lenvoyer en Amérique mais finit par le placer dans létude dun magistrat parisien. Il est sauvé par un ancien client dArouet, lettré et fort riche, M. de Caumartin, marquis de Saint-Ange, qui le convainc de lui confier son fils pour tester le talent poétique du jeune rebelle. Arouet fils passe ces vacances forcées au château de Saint-Ange près de Fontainebleau à lire, à écrire et à écouter les récits de son hôte (« Caumartin porte en son cerveau/De son temps lhistoire vivante/Caumartin est toujours nouveau/À mon oreille quil enchante ») qui lui serviront pour La Henriade et le Siècle de Louis XIV.

Le Régent, Philippe dOrléans.
Le château de Sceaux. La duchesse du Maine y tient une cour presque royale et exige de ses hôtes des vers sur tout et sur rien. À ces jeux, Arouet est de toute première force.

En 1715, cest la Régence. Arouet a 21 ans. Il est si brillant et si amusant que la haute société se dispute sa présence. Il aurait pu devenir lami du Régent mais se retrouve dans le camp de ses ennemis. Invité au château de Sceaux, foyer dopposition, la duchesse du Maine, mariée au duc du Maine, bâtard légitimé de Louis XIV, tient une cour brillante, il ne peut sempêcher de faire des vers sur les relations amoureuses du Régent et de sa fille. Le 4 mai 1716, il est exilé à Tulle. Son père use de son influence auprès de ses anciens clients pour fléchir le Régent qui, bon prince, remplace Tulle par Sully-sur-Loire il sinstalle dans le château du jeune duc de Sully, une connaissance du Temple, qui vit avec son entourage dans une succession de bals, de festins et de spectacles divers. À lapproche de lhiver, il sollicite la grâce du Régent qui, sans rancune, pardonne. Le jeune Arouet recommence sa vie turbulente à Saint-Ange et à Sceaux, profitant de lhospitalité des nantis et du confort de leurs châteaux. Mais, pris par lambiance, quelques semaines plus tard, il récidive. Le 16 mai 1717, il est envoyé à la Bastille par lettre de cachet. Il a vingt-trois ans. Il y restera onze mois.

Succès littéraires : Œdipe et La Henriade

Voltaire devient célèbre à 24 ans grâce au succès de sa tragédie Œdipe (1718) . Il « fit croire, des Enfers, Racine revenu » écrit le prince de Conti.

À sa sortie, conscient davoir jusque- gaspillé son temps et son talent, il veut donner un nouveau cours à sa vie, et devenir célèbre dans les genres les plus nobles de la littérature de son époque, la tragédie et la poésie épique.

Il adopte le patronyme de Voltaire, anagramme, selon lhypothèse la plus couramment proposée [Par qui ?], dArouet l.j. (le jeune), la calligraphie de lépoque autorisant la transformation du u en v et du j en i.

Une autre hypothèse est linversion du nom du petit village dAirvault, dans lequel il passait ses vacances durant son enfance et dans lequel sa famille avait une propriété[7].

Le 18 novembre 1718, sa pièce, Œdipe, obtient un immense succès (quarante-cinq représentations plus quatre au Palais-Royal, nombre de spectateurs évalué à 25 000). Le public, qui voit en lui un nouveau Racine, aime ses vers en forme de maximes et ses allusions impertinentes au roi défunt et à la religion (« Nos prêtres ne sont pas ce quun vain peuple pense / Notre crédulité fait toute leur science. » acte IV, scène 1). Ses talents de poète mondain triomphent dans les salons et les châteaux. Il devient lintime des Villars qui le reçoivent dans leur château de Vaux et lamant de Madame de Bernières, épouse du président à mortier du parlement de Rouen.

Après léchec dune deuxième tragédie, écrite pendant un bref exil à Sully (on lui reproche à nouveau, mais cette fois à tort, de faire circuler une nouvelle satire contre le Régent), il connaît un nouveau succès en 1723 avec La Henriade, poème épique (4 300 alexandrins) dont le sujet est le siège de Paris par Henri IV et qui trace le portrait dun souverain idéal, ennemi de tous les fanatismes : 4 000 exemplaires vendus en quelques semaines (soixante éditions successives du vivant de lauteur).

La querelle avec le Chevalier de Rohan

En janvier 1726, il subit une humiliation qui va le marquer toute sa vie. Guy-Auguste de Rohan-Chabot, dit « Le Chevalier de Rohan-Chabot », jeune gentilhomme arrogant, descendant dune des plus anciennes familles du royaume, lapostrophe à la Comédie-Française : « Monsieur de Voltaire, Monsieur Arouet, comment vous appelez-vous ? ». Sa réplique est cinglante : « Voltaire ! Je commence mon nom et vous finissez le vôtre ». Quelques jours plus tard, on le fait appeler alors quil dîne chez son ami le duc de Sully. Dans la rue, il est frappé à coups de gourdin par les laquais du chevalier qui surveille lopération de son carrosse. Blessé, humilié, il veut obtenir réparation mais aucun de ses amis aristocrates ne prend son parti. Le duc de Sully refuse de laccompagner chez le commissaire de police pour appuyer sa plainte. Il nest pas question dinquiéter un Rohan pour avoir fait rouer de coups un écrivain. « Nous serions bien malheureux si les poètes navaient pas dépaules », dit un parent de Caumartin. Le prince de Conti fait un mot sur les coups de bâtons : « Ils ont été bien reçus mais mal donnés ». Voltaire veut venger son honneur par les armes mais son ardeur à vouloir se faire rendre justice indispose tout le monde. Les Rohan obtiennent que lon procède à larrestation de Voltaire qui est conduit à la Bastille le 17 avril. Il nest libéré, deux semaines plus tard, quà la condition quil sexile.

Lexil anglais

Voltaire a 32 ans. Cette expérience va le marquer dune empreinte indélébile.

Il est profondément impressionné par la liberté et le pluralisme politique et religieux de la société anglaise. Alors quen France règnent les lettres de cachet, la loi dHabeas corpus de 1679 - nul ne peut demeurer détenu sinon par décision dun juge - et la Déclaration des droits de 1689 protègent les citoyens anglais contre le pouvoir du roi. La réussite matérielle du peuple dAngleterre suscite son admiration. Il fait le lien avec le retard de la France dans le domaine économique et larchaïsme de ses institutions. Il estime que, croît lintensité des échanges marchands et intellectuels, grandit en proportion laspiration des peuples à plus de liberté et de tolérance. En lui présentant une société quils décrivent comme tolérante, les Anglais se gardent probablement de faire allusion à leurs lois anti-catholiques (Test Act) qui transformaient les Anglais de cette religion en sous-hommes auxquels on refusait toute instruction et toute fonction officielle non seulement sur le territoire anglais et dans les provinces qui en dépendaient (Écosse et Irlande), mais dans lensemble des colonies. Voté au XVIIe siècle, le Test Act na été abrogé quau XIXe siècle.

Il ne lui faut que quelques semaines pour acquérir une excellente maîtrise de langlais[réfnécessaire]. En novembre 1726, il sinstalle à Londres. Il rencontre des écrivains, des philosophes, des savants (physiciens, mathématiciens, naturalistes) et sinitie à des domaines de connaissance quil ignorait jusquici. Ainsi sesquisse la mutation de lhomme de lettres en « philosophe », qui le conduit à sinvestir dans des genres jusqualors considérés comme peu prestigieux : lhistoire, lessai politique et plus tard le roman.

Cest en Angleterre quil conçoit le projet décrire une Histoire de Charles XII, roi de Suède, et quil commence à rédiger en anglais louvrage il expose ses observations sur lAngleterre, quil fera paraître en 1733 à Londres sous le titre Letters Concerning the English Nation et dont la version française nest autre que les Lettres philosophiques.

Il se rapproche de la cour de Georges Ier puis de Georges II et prépare une édition de la Henriade en souscription accompagnée de deux essais en anglais qui remporte un grand succès (343 souscripteurs) et rétablit sa fortune. Une souscription analogue ouverte en France par son ami Thériot nen rassemble que 80 et fera lobjet de nombreuses saisies de la police.

À lautomne 1728, il est autorisé à rentrer en France pourvu quil se tienne éloigné de la capitale.

Vie de cour

Voltaire partage la vie dÉmilie du Chatelet au château de Cirey, il fait quelques passages à la cour de Lunéville sous le règne de Stanislas Leszczyński, duc de Lorraine, puis rentre à Paris, il mène une carrière de courtisan avant de tomber en disgrâce.

Ce nest quen 1750 quil se rend à la cour de Frédéric II à Berlin, lattend une position brillante à lAcadémie royale des sciences et des lettres de Berlin ainsi que la clef de chambellan et un traitement considérable. Le roi et le philosophe se lient damitié, le premier pratiquant parfaitement le français. Mais les deux amis ne peuvent dissimuler longtemps leurs traits principaux, lun son humeur altière et son habitude dêtre obéi, lautre sa supériorité intellectuelle et son esprit piquant. La brouille est inévitable, et, en 1753, une querelle de Voltaire avec Maupertuis, que soutient le roi, précipite la rupture, et Voltaire quitte la Prusse. Louvrage le plus important quil publie pendant son séjour à Berlin est Le Siècle de Louis XIV.

De Genève à Ferney

Maison de Voltaire à Ferney.

En 1755, il sinstalle aux « Délices[8] », tout près de Genève. Enfin, en 1758, il achète un domaine à Ferney, dans le Pays de Gex, et Tournay, en territoire français, mais sur la frontière franco-genevoise (Genève est alors un État indépendant). Il va aménager la région, bâtir, planter, semer et développer lélevage. En compagnie de Madame Denis, sa nièce, gouvernante et compagne, il fait vivre un millier de personnes, se fait agriculteur, architecte, fabricant de montres et de bas de soie. Avec son sens de la formule, il résume lentreprise : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1 200 personnes utiles ». Voltaire nest plus seulement lhomme le plus célèbre de son époque : il est devenu un mythe. De Saint-Pétersbourg à Philadelphie, on attend ses publications comme des oracles. Artistes, savants, princes, ambassadeurs ou simples curieux se rendent en pèlerinage à Ferney chez cet « aubergiste de lEurope ».

Jean Huber qui le verra pendant plus de vingt ans et sera surnommé Huber-Voltaire fera de lui des centaines de portraits et caricatures.

En 1778, il revient à Paris : le peuple de la capitale laccueille avec un tel enthousiasme que certains historiens voient dans cette journée du 30 mars « la première des journées révolutionnaires ».

Deux mois avant sa mort, le 7 avril 1778, il devient franc-maçon dans la loge parisienne des « Neuf Sœurs ». Selon le Vénérable qui dirigeait la cérémonie : « Vous étiez franc-maçon avant même que den recevoir les caractères »[9] ; cela ne signifie nullement que le patriarche de Ferney aurait adhéré auparavant à la franc-maçonnerie, mais quil en partageait déjà les idéaux.

Buste de Voltaire, 1778, par Jean-Antoine Houdon (1741 - 1828).

Il meurt à Paris le 30 mai 1778 chez le marquis de Villette. Le 28 février 1778, quatre mois avant sa mort, il déclarait dans une lettre à son secrétaire Wagnière, qui la pieusement conservée : « Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition[10] ».

Il est dabord enterré à labbaye de Sellières ; ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris le 11 juillet 1791 après une cérémonie grandiose suivie par la veuve Calas et ses deux filles. Par un hasard de lHistoire, sa tombe se trouve en face de celle de Jean-Jacques Rousseau, quil nappréciait guère.

Voltaire et les femmes

La vie et lœuvre de Voltaire dévoilent une place intéressante accordée aux femmes. Plusieurs de ses pièces sont entièrement dédiées aux vies exceptionnelles de femmes de pouvoir de civilisations orientales. Cette vision des femmes au pouvoir peut éclairer lattachement de Voltaire à une femme savante comme Émilie du Châtelet.

La première figure féminine de la vie de Voltaire est sa mère. Il en a parlé en termes peu amènes, et il la perdue très jeune. Ce qui explique peut-être son penchant pour les femmes plus âgées que lui, desquelles il attendait des attentions plus maternelles que sensuelles.

En 1713, jeune secrétaire dambassade à La Haye, Voltaire séprend dOlympe Dunoyer (ou du Noyer), alias Pimpette. La mère de cette jeune fille, une huguenote française exilée en Hollande, haïssait la monarchie française. Craignant un scandale, lambassadeur renvoie Voltaire en France. Laffaire ne dure que quelques semaines, et cest le seul exemple damour sincère du philosophe libertin. Libertin du reste surtout sur le papier : de santé précaire, Voltaire sest toujours préservé des excès, y compris amoureux[11].

Cest largement grâce aux femmes que Voltaire se faufile dans la haute société de la Régence. Louise Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine réunissait dans son château de Sceaux une coterie littéraire qui complotait contre le duc Philippe dOrléans[Lequel ?]. On y poussa Voltaire à exercer sa verve railleuse contre le Régent, ce qui valut à lauteur un début de notoriété, et onze mois de Bastille. Les fréquentations féminines de Voltaire ne sont pas toutes de nature littéraire : cest surtout pour favoriser ses affaires quil séduit lépouse dun président à mortier au parlement de Rouen, le marquis de Bernières, quil associe à ses spéculations, et aux ruses coûteuses déployées pour éditer La Henriade en dépit de la censure royale.

Grâce au succès de sa première tragédie Œdipe, Voltaire fait la connaissance de la duchesse de Villars, dont il séprend, mais sans que la réciproque soit vraie ; reste, aussi, lintroduction dans le cercle aristocratique éclairé gravitant autour de Charles Louis Hector, maréchal de Villars, qui recevait en son château de Vaux (Vaux-le-Vicomte). Quant à lamour, Voltaire sen dit « guéri », au profit de lamitié, quil cultivera effectivement toute sa vie.

Voltaire a déphémères liaisons avec quelques actrices, notamment Suzanne de Livry et Adrienne Lecouvreur (tromperies, cabales, duels…) La relation avec Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet-Lomont est en revanche plus sérieuse. La traductrice de Newton est très douée pour les lettres autant que pour les sciences ou la philosophie. Elle est mariée, mais le marquis du Châtelet est un éternel absent, et Émilie, que tout passionne, tombe amoureuse sans mesure du prestigieux poète qui lui est présenté en 1733, et quelle aimera jusquà sa mort, seize ans plus tard. Cirey (Cirey-sur-Blaise), le château de famille des Châtelet abrite leurs amours ; Voltaire en entreprend la restauration et lagrandissement à ses frais.

Leur vie est quasi maritale, mais des plus mouvementée ; les échanges intellectuels intenses : Voltaire qui, jusque- sétait consacré au « grand genre », la tragédie et le poème épique, opte résolument pour ce qui fera la particularité de son œuvre : le combat politique et philosophique contre lintolérance. Une relation fusionnelle, donc, autant que studieuse et féconde.

Cest par une tromperie philosophique que sengagera la fin dune lidylle de dix ans : la marquise renonce au matérialisme newtonien pour lui préférer le déterminisme optimiste de Leibniz, ce à quoi Voltaire ne saurait consentir. Moins sentimentale désormais, lalliance persiste malgré tout. La marquise sauve plusieurs fois Voltaire des conséquences de ses insolences, et Voltaire éponge parfois les colossales dettes de jeu dÉmilie.

La situation se complique singulièrement lorsque Mme du Châtelet séprend du marquis de Saint-Lambert (Jean-François de Saint-Lambert). Émilie est enceinte, et Voltaire concocte un stratagème pour que le mari de la marquise se croie le père de lenfant. Émilie meurt peu après laccouchement, laissant Voltaire désespéré : il devait à Émilie du Châtelet ses années les plus heureuses.

En 1745, Voltaire devient, à cinquante ans, lamant de sa nièce (lune des deux filles de sa sœur aînée) Marie-Louise Denis. Voltaire a soigneusement dissimulé cette passion incestueuse et « adultère » (il est toujours lamant en titre de la très jalouse Mme du Châtelet). Mme Denis nest du reste pas des plus fidèles, et ne dédaigne pas de profiter de la fortune (considérable) du poète. Le couple ne cohabite vraiment quà la mort de Mme du Châtelet en 1749. Sauf pendant lépisode prussien, Voltaire et sa nièce ne se sépareront plus. Marie-Louise Denis est la maîtresse, linfirmière et la secrétaire du philosophe. Elle le suit dans sa retraite suisse, elle crée les rôles de ses pièces de théâtre.

Dans une lettre à Grimm, Mme dÉpinay (Louise dÉpinay) a fait de Voltaire et de sa nièce un portrait plein desprit, à lépoque de linstallation du poète en Suisse : « La nièce de M. de Voltaire est à mourir de rire, cest une petite grosse femme, toute ronde, denviron cinquante ans, femme comme on ne lest point, laide et bonne, menteuse sans le vouloir et sans méchanceté ; nayant pas desprit et en paraissant avoir ; criant, décidant, politiquant, versifiant, déraisonnant, et tout cela sans trop de prétention et surtout sans choquer personne, ayant par-dessus tout un petit vernis damour masculin qui perce à travers la retenue quelle sest imposée. Elle adore son oncle, en tant quoncle et en tant quhomme. Voltaire la chérit, sen moque, la révère : en un mot cette maison est le refuge de lassemblage des contraires et un spectacle charmant pour les spectateurs »[12].

« Maman Denis » fut le dernier mot que prononça Voltaire en mourant, le 30 mai 1778.

Œuvres

Voltaire a mené une carrière dhomme de lettres que ce soit dans le domaine de la poésie ou dans celui du théâtre. Cest dailleurs pour ses pièces quil souhaitait être reconnu de la postérité. Si aujourdhui elles sont tombées dans loubli, elles ont toutefois fait partie du répertoire théâtral durant presque deux siècles. Parmi la soixantaine de pièces quil écrivit, lhistoire littéraire a retenu notamment Zaïre (1732), Adélaïde du Guesclin (1734), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet ou le Fanatisme (1741), La Mérope française (1743), Sémiramis (1748), Nanine, ou le préjugé vaincu (1749), Le Duc de Foix (1752), LOrphelin de la Chine (1755), Le Café ou lÉcossaise (1760), Tancrède (1760), Les Scythes (1767), ou encore Les Lois de Minos (1774). Les aspects exotiques de certaines pièces sont inspirés des Lettres édifiantes et curieuses dont il était un lecteur avide. Il fut du reste considéré, en son siècle, comme le successeur de Corneille et de Racine, parfois même leur triomphateur ; ses pièces eurent un immense succès, et lauteur connut la consécration en 1778 lorsque, sur la scène de la Comédie-Française, son buste fut couronné de lauriers[13], devant un parterre enthousiaste.

Voltaire a collaboré quelquefois avec Rameau pour des œuvres lyriques : le projet commun le plus ambitieux (lopéra sacré Samson) finit par être abandonné sans être représenté, condamné par la censure (1733-1736). Il y eut ensuite (1745) une comédie-ballet, La Princesse de Navarre et un opéra-ballet, Le Temple de la Gloire de lépoque Voltaire était encore courtisan.

La correspondance de Voltaire constitue une partie importante et conséquente de sa production écrite. Sont recensées 23 000 lettres et il est considéré comme lun des épistoliers les plus prolifiques de son siècle. Sa correspondance révèle plusieurs facettes peu connues de sa personnalité. Il entretenait de longues correspondances avec ses contemporain(e)s, telle la salonnière madame du Deffand.

Voltaire est surtout lu aujourdhui pour ses contes. Candide, Zadig, entre autres, font partie des textes incontournables du XVIIIe siècle et occupent une place de choix au sein de la culture française.

La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve un fonds Voltaire composé denviron 870 lettres, notamment certaines adressées au Maréchal de Richelieu. Le fonds est un achat fait en plusieurs fois depuis 1895.

Sa morale

Le libéralisme

Dans la pensée du philosophe anglais John Locke, Voltaire trouve une doctrine qui sadapte parfaitement à son idéal positif et utilitaire. John Locke apparaît comme le défenseur du libéralisme en affirmant que le pacte social ne supprime pas les droits naturels des individus. En outre, cest lexpérience seule qui nous instruit ; tout ce qui la dépasse nest quhypothèse ; le champ du certain coïncide avec celui de lutile et du vérifiable. Voltaire tire de cette doctrine la ligne directrice de sa morale : la tâche de lhomme est de prendre en main sa destinée, daméliorer sa condition, dassurer, dembellir sa vie par la science, lindustrie, les arts et par une bonne « police » des sociétés. Ainsi, la vie en commun ne serait pas possible sans une convention chacun trouve son compte. Bien que sexprimant par des lois particulières à chaque pays, la justice, qui assure cette convention, est universelle. Tous les hommes sont capables den concevoir lidée, dabord parce que tous sont des êtres plus ou moins raisonnables, ensuite parce quils sont tous capables de comprendre que ce qui est utile à la société est utile à chacun. La vertu, « commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sentiment et par lintérêt. Le rôle de la morale, selon Voltaire, est de nous enseigner les principes de cette « police » et de nous accoutumer à les respecter.

Le déisme

Étranger à tout esprit religieux, Voltaire se refuse cependant à lathéisme dun Diderot ou dun dHolbach. Il ne cessa de répéter son fameux distique : « 

Lunivers membarrasse, et je ne puis songer

Que cette horloge existe et nait point dhorloger.

 »

Ainsi, selon Voltaire, lordre de lunivers peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». Toutefois, sil reste attaché au déisme, il dénonce comme dérisoire le providentialisme (dans Candide par exemple) et repose cette question formulée dès saint Augustin et quil laisse sans réponse : « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? »

On lui attribue par ailleurs aussi cette phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de lexistence de Dieu, mais comme je nai pas envie dêtre volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez que je donne au préalable congé à mes domestiques. »[14].

L'humanisme

Dès La Henriade en 1723, toute lœuvre de Voltaire est un combat contre le fanatisme et lintolérance : « On entend aujourdhui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. Cest une maladie qui se gagne comme la petite vérole. » Dictionnaire philosophique, 1764, article « Fanatisme ».

Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de lÉglise catholique romaine comme celui du protestantisme, symboles à ses yeux dintolérance et dinjustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser lopinion publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter lindignation : lhumour, lironie deviennent des armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient dailleurs tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles aussi. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur lorigine et les fondements de linégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve louvrage, répond en une lettre aussi habile quironique :

«  Jai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. […] On na jamais employé tant desprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que jen ai perdu lhabitude, je sens malheureusement quil mest impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. […]  » (Lettre à Rousseau, 30 août 1755)

Le « patriarche de Ferney » représente éminemment lhumanisme militant du XVIIIe siècle. Selon Sainte-Beuve, « […] tant quun souffle de vie lanima, il eut en lui ce que jappelle le bon démon : lindignation et lardeur. Apôtre de la raison jusquau bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant. »

Sa correspondance compte plus de 23 000 lettres connues ainsi qu'un gigantesque Dictionnaire philosophique qui reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés dans lEncyclopédie de Diderot et dAlembert. Cependant, son théâtre, qui lavait propulsé au premier rang de la scène littéraire (Mérope, Zaïre et dautres), ainsi que sa poésie (La Henriade, considérée comme la seule épopée française au XVIIIe siècle) sont oubliés.

Cest à Voltaire, avant tout autre, que sapplique ce que Condorcet disait des philosophes du XVIIIe siècle, quils avaient « pour cri de guerre : raison, tolérance, humanité ».

La justice

Voltaire sest passionné pour plusieurs affaires et sest démené afin que justice soit rendue.

La liberté d'expression

Lattachement de Voltaire à la liberté dexpression serait illustré par la très célèbre citation quon lui attribue :

« Je ne suis pas daccord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusquà la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »

Certains commentateurs (Norbert Guterman, A Book of French Quotations, 1963), prétendent que cette citation est extraite dune lettre du 6 février 1770 à un abbé Le Riche Voltaire écrirait : « Monsieur labbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. » En fait, cette lettre existe mais la phrase ny figure pas, ni même lidée. (Voir le texte complet de cette lettre à larticle Tolérance.) Le Traité de la tolérance auquel est parfois rattaché la citation ne la contient pas non plus.

De fait, la citation est absolument apocryphe (elle napparaît nulle part dans son œuvre publiée) et trouve sa source en 1906, non dans une citation erronée, mais dans un commentaire de lauteure britannique Evelyn Hall, dans son ouvrage The Friends of Voltaire[15], , pensant résumer la posture de Voltaire à propos de lauteur dun ouvrage publié en 1758 condamné par les autorités religieuses et civiles, elle écrivait « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say itwas his attitude now » (« “Je ne suis pas daccord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusquà la mort votre droit de le direétait désormais son attitude »). Les guillemets maladroitement utilisé par Evelyn Hall ont été interprétés comme permettant dattribuer la déclaration à Voltaire. En 1935, elle déclara « I did not intend to imply that Voltaire used these words verbatim, and should be much surprised if they are found in any of his works » (« Je nai pas eu lintention de suggérer que Voltaire avait utilisé exactement ces mots, et serais extrêmement surprise quils se trouvassent dans ses œuvres »)[16],[17].

Laffaire à propos de laquelle Evelyn Hall écrivait concernait la publication par Helvétius en 1758 de De lEsprit, livre condamné par les autorités civiles et religieuses et brulé. Voici ce que Voltaire écrivait dans larticle « Homme » des Questions sur lEncyclopédie :

«  Jaimais lauteur du livre De lEsprit. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je nai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales quil débite avec emphase. Jai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes lont condamné pour ces vérités mêmes. »

Autre passage pertinent : « En général, il est de droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à ses périls, risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je nen connais point qui aient fait de mal réel. […] Mais paraît-il parmi vous quelque livre nouveau dont les idées choquent un peu les vôtres (supposé que vous ayez des idées), ou dont lauteur soit dun parti contraire à votre faction, ou, qui pis est, dont lauteur ne soit daucun parti : alors vous criez au feu ; cest un bruit, un scandale, un vacarme universel dans votre petit coin de terre. Voilà un homme abominable, qui a imprimé que si nous navions point de mains, nous ne pourrions faire des bas ni des souliers [Helvétius, De lEsprit, I, 1: quel blasphème ! Les dévotes crient, les docteurs fourrés sassemblent, les alarmes se multiplient de collège en collège, de maison en maison ; des corps entiers sont en mouvement et pourquoi ? Pour cinq ou six pages dont il nest plus question au bout de trois mois. Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ; vous ennuie-t-il, ne le lisez pas. » Voltaire, Questions sur lEncyclopédie, article « Liberté dimprimer ».

Son esthétique

Article connexe : Empirisme#Esthétique.

La conception du goût en termes de sentiments a mené à une conception relativiste de lart, légitimant ladage « Des goûts et des couleurs, on ne discute pas », selon lequel une chose nest jamais belle absolument ou selon des critères objectifs (comme la symétrie ou dautres critères fondés sur les mathématiques, suivant la conception grecque de lart et du canon), mais quelle est belle suivant la subjectivité de lobservateur. Il ny a donc pas de débat rationnel et argumenté possible pour déterminer si une œuvre dart est belle ou pas. En effet, une émotion ou une sensation est toujours quelque chose dintime, qui sera différent de lémotion quun autre ressent. Si le « beau » se résume à un sentiment éprouvé face à lœuvre dart (ou face à une chose naturelle), alors le « beau » est une notion subjective.

Voltaire développe ce relativisme esthétique dans son article « Beau » du Dictionnaire philosophique (1764). Il sen prend notamment à lidée platonicienne du Beau. Il lui oppose une conception empirique et subjectiviste :

« Demandez à un crapaud ce que cest que la beauté, le grand beau, le to kalon. Il vous répondra que cest sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête, une gueule large et plate, un ventre jaune, un dos brun. Interrogez un nègre de Guinée ; le beau est pour lui une peau noire, huileuse, des yeux enfoncés, un nez épaté.

Interrogez le diable ; il vous dira que le beau est une paire de cornes, quatre griffes, et une queue. Consultez enfin les philosophes, ils vous répondront par du galimatias ; il leur faut quelque chose de conforme à larchétype du beau en essence, au to kalon. »

Il ny a pas de plaisir artistique désintéressé, puisque lon trouve beau ce qui produit en nous du plaisir, y compris lexcitation sexuelle.

Le beau est donc un sentiment de plaisir, et non un concept intellectuel dharmonie :

« […] pour donner à quelque chose le nom de beauté, il faut quelle vous cause de ladmiration et du plaisir. Il convint que cette tragédie lui avait inspiré ces deux sentiments, et que cétait le to kalon, le beau. »

Il est donc inutile de théoriser le beau comme si cétait un concept mathématique ou purement intellectuel (à linstar du nombre ou du triangle par exemple, qui sont des entités objectives et indépendantes de lexpérience: le beau est relatif, et le philosophe « […] sépargna la peine de composer un long traité sur le beau. »

Aspects divers

Voltaire et l'argent

Voltaire est mort à la tête dune immense fortune : « un des premiers revenus de France, dit-on ! » (Jean Goldzink, Voltaire, (ISBN 978-2-07-053079-3)).

Ses revenus viendraient :

Il na guère abordé le sujet, et lon considère quil a gardé le secret dans deux domaines : ses affaires, et ses amours avec sa nièce.

Vers 1770, par haine des Conseils et des bourgeois, Voltaire ouvre, dans la banlieue de Genève la « Manufacture royale des montres de Ferney », qui fera long feu. Il fut lun des premiers à utiliser le terme de manufacture en horlogerie. Le centre horloger de Ferney, après quelques années de prospérité, échoua également en raison de son incapacité à écouler sa production[18].

Voltaire et l'esclavagisme

Certains auteurs modernes, cherchant à écorner limage dun Voltaire philanthrope et apôtre des droits de la personne humaine désignent parfois Voltaire comme « esclavagiste ». Ils sappuient notamment sur le fait que Voltaire écrive, de manière ironique, dans son Essai sur les mœurs et lesprit des Nations : « Nous nachetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que lacheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était pour en avoir. »

Cependant, Voltaire a fermement condamné lesclavagisme. Le texte le plus célèbre est la dénonciation des mutilations de lesclave de Surinam dans Candide[19] mais son corpus comporte plusieurs autres passages intéressants. Dans le « Commentaire sur lEsprit des lois » (1777), il félicite Montesquieu davoir jeté lopprobre sur cette odieuse pratique[20].

Il sest également enthousiasmé pour la libération de leurs esclaves par les quakers de Pennsylvanie en 1769.

De la même manière le fait quil considère en 1771 que « de toutes les guerres, celle de Spartacus est la plus juste, et peut-être la seule juste »[21], guerre que des esclaves ont menée contre leurs oppresseurs, plaide assurément en faveur de la thèse dun Voltaire antiesclavagiste.

Lors des dernières années de sa vie, en compagnie de son avocat et ami Christin, il a lutté pour la libération des « esclaves » du Jura qui constituaient les derniers serfs présents en France et qui, en vertu du privilège de la main-morte, étaient soumis aux moines du chapitre de Saint-Claude (Jura). Cest un des rares combats politiques quil ait perdu ; les serfs ne furent affranchis que lors de la Révolution française, dont Voltaire inspira certains des principes.

À tort, on a souvent prétendu que Voltaire sétait enrichi en ayant participé à la traite des noirs. On invoque à lappui de cette thèse une lettre quil aurait écrite à un négrier de Nantes pour le remercier de lui avoir fait gagner 600 000 livres par ce biais. En fait, cette prétendue lettre est un faux[22].

Voltaire, le racisme et l'antisémitisme

Pour Christian Delacampagne, « Voltaire, il faut sy résoudre, est à la fois polygéniste[23], raciste et antisémite[24] ». Ainsi dans lintroduction de lEssai sur les mœurs et lesprit des nations, Voltaire écrit :

« Il nest permis quà un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains, soient des races entièrement différentesLeurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces dhommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre quils ne doivent point cette différence à leur climat, cest que les nègres et les négresses, transplantés dans des pays les plus froids, y produisent toujours des animaux de leur espèce… »

De même la lecture de certains passages du « Dictionnaire Philosophique » pose la question de lantisémitisme[25] de Voltaire. Dans larticle « Tolérance » il écrit :

« Cest à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. Mais tout absurde et atroce quelle était, la secte des saducéens fut paisible et honorée, quoiquelle ne crût point limmortalité de lâme, pendant que les pharisiens la croyaient[26] ».

Pour Bernard Lazare (+ 1903), « si Voltaire fut un ardent judéophobe, les idées que lui et les encyclopédistes représentaient nétaient pas hostiles aux Juifs, puisque cétaient des idées de liberté et dégalité universelle[27] ».

Lhistorien de la Shoah, Léon Poliakov[28] fait de Voltaire, « le pire antisémite français du XVIIIe siècle[29] ». Selon lui, ce sentiment se serait aggravé dans les quinze dernières années de la vie de Voltaire. Il paraîtrait alors lié au combat du philosophe contre lÉglise. Pour Pierre-André Taguieff[30], « Les admirateurs inconditionnels de la « philosophie des Lumières », sils prennent la peine de lire le troisième tome (De Voltaire à Wagner) de lHistoire de lantisémitisme, paru en 1968, ne peuvent que nuancer leurs jugements sur des penseurs comme Voltaire ou le baron dHolbach, qui ont reformulé lantijudaïsme dans le code culturel « progressiste » de la lutte contre les préjugés et les superstitions ».

Dautres notent que lexistence de passages contradictoires[31] dans lœuvre de Voltaire ne permet pas de conclure péremptoirement au racisme ou à lantisémitisme du philosophe. « Lantisémitisme na jamais cherché sa doctrine chez Voltaire », indique ainsi Roland Desné, qui écrit : « Il est non moins vrai que ce nest pas dabord chez Voltaire quon trouve des raisons pour combattre lantisémitisme. Pour ce combat, il y a dabord lexpérience et les raisons de notre temps. Ce qui ne signifie pas que Voltaire, en compagnie de quelques autres, nait pas sa place dans la lointaine genèse de lhistoire de ces raisons-[32]. »

Voltaire à la résidence de Frédéric II à Potsdam, en Prusse. Détail dune gravure de Pierre Charles Baquoy, daprès N. A. Monsiau.

Voltaire et l'islam

Déiste, Voltaire était attiré par la rationalité apparente de lislam, « religion sans clergé, sans miracle et sans mystères ». Reprenant la thèse déiste de Henri de Boulainvilliers, il apercevait dans le monothéisme musulman une conception plus rationnelle que celle de la Trinité chrétienne[33].

Dans sa tragédie Le Fanatisme ou Mahomet, Voltaire considère Mahomet comme un « imposteur », un « faux prophète », un « fanatique » et un « hypocrite »[34],[35]. Toutefois selon Pierre Milza, la pièce a surtout été « un prétexte à dénoncer lintolérance des chrétiens - catholiques de stricte observance, jansénistes, protestants - et les horreurs perpétrées au nom du Christ »[36]. Pour Voltaire, Mahomet « nest ici autre chose que Tartuffe les armes à la main »[37].

Voltaire écrira en 1742 dans une lettre à M. de Missy : « Ma pièce représente, sous le nom de Mahomet, le prieur des Jacobins mettant le poignard à la main de Jacques Clément »[38].

Plus tard, après avoir lu Henri de Boulainvilliers et Georges Sale[39], il reparle de Mahomet et de lislam dans un article « De lAlcoran et de Mahomet » publié en 1748 à la suite de sa tragédie. Dans cet article, Voltaire maintient que Mahomet fut un « charlatan », mais « sublime et hardi »[40] et écrit quil nétait en outre pas un illettré[41]. Puisant aussi des renseignements complémentaires dans la Bibliothèque orientale dHerbelot, Voltaire, selon René Pomeau, porte un « jugement assez favorable sur le Coran » il y trouve, malgré « les contradictions, les absurdités, les anachronismes », une « bonne morale » et « une idée juste de la puissance divine » et y « admire surtout la définition de Dieu »[42]. Ainsi il « concède désormais »[39] que « si son livre est mauvais pour notre temps et pour nous, il était fort bon pour ses contemporains, et sa religion encore meilleure. Il faut avouer quil retira presque toute lAsie de lidolâtrie » et qu’« il était bien difficile quune religion si simple et si sage, enseignée par un homme toujours victorieux, ne subjuguât pas une partie de la terre ». Il considère que « ses lois civiles sont bonnes ; son dogme est admirable en ce quil a de conforme avec le nôtre » mais que « les moyens sont affreux ; cest la fourberie et le meurtre »[43].

Après avoir estimé plus tard quil avait fait dans sa pièce Mahomet « un peu plus méchant quil nétait »[44], cest dans la biographie de Mahomet rédigée par Henri de Boulainvilliers que Voltaire puise et emprunte, selon René Pomeau, « les traits qui révèlent en Mahomet le grand homme »[45]. Dans son Essai sur les mœurs et lesprit des Nations dans lequel il consacre, en historien cette fois, plusieurs chapitres à lislam[46],[47], Voltaire « porte un jugement presque entièrement favorable »[39] sur Mahomet quil qualifie de « poète »[48], de « grand homme » à limage dAlexandre le Grand[49] qui a « changé la face dune partie du monde » et qui « joua le plus grand rôle quon puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes »[50],[51],[52] tout en nuançant la sincérité de Mahomet qui imposa sa foi par « des fourberies nécessaires ». Il considère que si « le législateur des musulmans, homme puissant et terrible, établit ses dogmes par son courage et par ses armes », sa religion devint cependant « indulgente et tolérante »[53]. La dernière phrase de Voltaire sur lislam se situe en 1772 dans Il faut prendre un parti il décrit la religion musulmane comme « sage », « sévère », « chaste », « humaine » et « tolérante » mais il affirme que Mahomet na pas accompli de miracles[54].[réfincomplète]

Cependant, Voltaire est fondamentalement déiste et dénonce clairement lIslam et les religions monothéistes en général. Profitant de la définition du théisme dans son Dictionnaire philosophique, il jette dos à dos Islam et Christianisme :

« [le théiste] croit que la religion ne consiste ni dans les opinions dune métaphysique inintelligible, ni dans de vains appareils, mais dans ladoration et dans la justice. Faire le bien, voilà son culte ; être soumis à Dieu, voilà sa doctrine. Le mahométan lui crie : « Prends garde à toi si tu ne fais pas le pèlerinage à La Mecque ! » « Malheur à toi, lui dit un récollet, si tu ne fais pas un voyage à Notre-Dame de Lorette ! » Il rit de Lorette et de La Mecque ; mais il secourt lindigent et il défend lopprimé[55]. »


Néanmoins, dans un contexte français marqué par lemprise liberticide du catholicisme sur la société française, Voltaire nuance parfois son jugement sur lIslam, comprenant quil peut sagir dune arme redoutable contre le clergé catholique.

Ses propos sur Mahomet lui valent dailleurs les foudres des jésuites et notamment de labbé Claude-Adrien Nonnotte[56],[57].

Dans lEssai sur les mœurs, Voltaire se montre également « plein déloges pour la civilisation musulmane et pour lislam en tant que règle de vie »[39]. Il compare ainsi le « génie du peuple arabe » au « génie des anciens Romains »[58] et écrit que « dans nos siècles de barbarie et dignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de lEmpire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes : astronomie, chimie, médecine »[59],[60] et que « dès le second siècle de Mahomet, il fallut que les chrétiens dOccident sinstruisissent chez les musulmans » [61].

Il y a donc deux représentations de Mahomet chez Voltaire, lune religieuse selon laquelle Mahomet est un prophète comme les autres qui exploite la naïveté des gens et répand la superstition et le fanatisme mais qui prêche lunicité de Dieu et lautre, politique, selon laquelle Mahomet est un grand homme dÉtat comme Alexandre le Grand et un grand législateur qui a fait sortir ses contemporains de lidolâtrie[62]. Ainsi selon Diego Venturino la figure de Mahomet est ambivalente chez Voltaire, qui admire le législateur mais déteste le conquérant et le pontife qui a établi sa religion par la violence[63]. Pour Dirk van der Cruysse limage plus nuancée de Mahomet dans lEssai sur les mœurs est nourrie en partie par « lantipathie que Voltaire éprouvait à légard du peuple juif ». Selon lui, les « inefficacités de la révélation judéo-chrétienne » comparées au « dynamisme de lislam » soulève chez Voltaire une « admiration sincère mais suspecte ». Van der Cruysse considère le discours voltairien sur Mahomet comme un « tissu dadmiration et de mauvaise foi mal dissimulé » qui vise moins le prophète lui-même que les spectres combattus par Voltaire à savoir le « fanatisme et lintolérance du christianisme et du judaïsme »[64].

Voltaire et le christianisme

Comme Boulainvilliers et Sale, Voltaire attaque également frontalement le christianisme : tant quil y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde[65]. »

De même, avec Examen important de milord Bolingbroke ou le tombeau du fanatisme[66]. Jésus y est caricaturé comme un chef de parti, un gueux, un homme de la lie du peuple qui voulait former une secte[66].

Voltaire et le protestantisme

Lengagement de Voltaire pour la liberté religieuse est célèbre, et un des épisode les plus connus en est laffaire Calas. Ce protestant, injustement accusé davoir tué son fils qui aurait voulu se convertir au catholicisme est mort roué en 1762. En 1763, Voltaire publie son Traité sur la tolérance à loccasion de la mort de Jean Calas qui bien quinterdit aura un retentissement extraordinaire et amènera à la réhabilitation de Calas deux ans plus tard. Au départ, il néprouvait pas pour lui de sympathies particulières, au point décrire le 22 mars 1762, dans une lettre privée au conseiller Le Bault : « Nous ne valons pas grandchose, mais les huguenots sont pires que nous, et de plus ils déclament contre la comédie ». Il venait alors dapprendre lexécution de Calas et, encore mal informé, il croyait à sa culpabilité. Mais des renseignements lui parviennent et, le 4 avril, il écrit à Damilaville : « Il est avéré que les juges toulousains ont roué le plus innocent des hommes. Presque tout le Languedoc en gémit avec horreur. Les nations étrangères, qui nous haïssent et qui nous battent, sont saisies dindignation. Jamais, depuis le jour de la Saint-Barthélemy, rien na tant déshonoré la nature humaine. Criez, et quon crie. » Et il se lance dans le combat pour la réhabilitation. En 1765, Voltaire prend fait et cause pour la famille Sirven, dans une affaire très similaire ; cette fois-ci il réussira à éviter la mort aux parents. Cependant, bien quimpressionné par la théologie des quakers, et révolté par le massacre de la Saint-Barthélemy (Voltaire était pris de malaises tous les 24 août), Voltaire na pas de sympathie particulière pour le protestantisme établi[67]. Dans sa lettre du 26 juillet 1769 à la duchesse de Choiseul, il dit bien crûment : « Il y a dans le royaume des Francs environ trois cent mille fous qui sont cruellement traités par dautres fous depuis longtemps. »

Informations complémentaires

  • On qualifia souvent Voltaire de franc-maçon[68] sans tablier, car il sétait tenu à lécart de cette confrérie bien quil eût des conceptions voisines. Au soir de sa vie, il accepta pourtant dentrer dans la loge des Neuf Sœurs (que fréquentait aussi Benjamin Franklin). On le dispensa vu son âge des habituelles épreuves ainsi que du rite du bandeau sur les yeux, celui-ci semblant déplacé sur un homme qui avait été considéré par beaucoup comme lun des plus clairvoyants de son époque. Il revêtit à cette unique occasion le tablier de Claude-Adrien Helvétius, quil embrassa avec respect. Les honneurs funèbres lui furent rendus en loge le 28 novembre de cette même année.
  • La Henriade lui fut inspirée par sa maîtresse, la maréchale de Villars. Après leur rupture, Voltaire lui adressa ce madrigal[69] :

 « Quand vous maimiez, mes vers étaient aimables,
Je chantais dignement vos grâces, vos vertus :
Cet ouvrage naquit dans ces temps favorables ;
Il eût été parfait ; mais vous ne maimez plus. »

  • En 2000, Frédéric Lenormand publie un roman, La Jeune fille et le philosophe, évoquant ladoption par Voltaire dune descendante de la famille Corneille. Lanecdote est tirée du récit quen fit Voltaire dans sa correspondance. Hanté par lombre de Corneille, il lui sembla extraordinaire de devenir le père adoptif dune de ses descendantes. Cest pour constituer une dot à cette jeune fille quil publia une nouvelle édition des pièces de Corneille, vendue par souscription à tous les princes dEurope. La fille de sa pupille fut emprisonnée à Paris sous la Terreur, comme Belle et Bonne, et comme le fils et la belle-fille de la belle Émilie, le duc et la duchesse du Châtelet, qui furent même guillotinés.
  • Le paléontologue Pierre Teilhard de Chardin, promoteur ardent de lidée de noosphère, a pour aïeule une sœur de Voltaire.
  • Il est courant dentendre que Voltaire disait à propos de Marivaux et dautres : « Grands compositeurs de rien, pesant gravement des œufs de mouche dans des balances de toiles daraignées ». Or, sil est exact que cette expression se rencontre effectivement chez Voltaire, elle ne vise nullement Marivaux. On la trouve dans sa lettre du 27 avril 1761 à labbé Trublet il écrit : « Je me souviens que mes rivaux et moi, quand jétais à Paris, nous étions tous fort peu de chose, de pauvres écoliers du siècle de Louis XIV, les uns en vers, les autres en prose, quelques-uns moitié prose, moitié vers, du nombre desquels javais lhonneur dêtre ; infatigables auteurs de pièces médiocres, grands compositeurs de riens, pesant gravement des œufs de mouche dans des balances de toile daraignée. » Quant au nom de lauteur du Jeu de lamour et du hasard, il ne se trouve pas une seule fois dans la lettre.

L'exotisme voltairien

Dans les ouvrages de Voltaire, on trouve les empreintes de plusieurs cultures. À part la civilisation gréco-romaine, lOrient lui sert parfois dalibi pour opérer une double critique (critique de sa propre société et de la société représentée). Linfluence de lOrient apparaît par exemple dans le conte Zadig. Il est aussi influencé par la culture anglaise.

Ouvrages de Voltaire

Page de titre des Lettres sur les Anglois, 1735.

Théâtre

  • Œdipe, tragédie, 1718
  • Artémire (première version de Mariamne), 1720
  • Hérode et Mariamne, tragédie, 1724
  • La Fête de Bélébat, 1725
  • LIndiscret, comédie, 1725
  • Brutus, tragédie, 1730
  • Les Originaux ou Monsieur du Cap-Vert, comédie, 1732
  • Ériphyle, tragédie, 1732
  • Zaïre, tragédie, 1732
  • Samson, opéra, 1732
  • Tanis et Zélide ou Les Rois pasteurs, tragédie, 1733
  • Adelaïde du Guesclin, tragédie, 1734
  • LÉchange, comédie, 1734
  • La Mort de César, tragédie, 1736
  • Alzire ou Les Américains, tragédie, 1736
  • LEnfant prodigue, comédie, 1736
  • LEnvieux, comédie, 1738
  • Pandore, opéra, 1740
  • Zulime, tragédie, 1740
  • Le Fanatisme ou Mahomet le prophète, tragédie, 1741
  • Thérèse, 1743
  • Mérope, tragédie, 1743
  • La Princesse de Navarre, comédie ballet, 1745
  • Le Temple de la gloire, opéra, 1745
  • La Prude, comédie, 1747
  • Sémiramis, tragédie, 1748
  • La Femme qui a raison, comédie, 1749
  • Nanine ou Le Préjugé vaincu, comédie, 1749
  • Oreste, tragédie, 1750
  • Rome sauvée ou Catilina, tragédie, 1750
  • Le Duc dAlençon ou Les Frères ennemis, tragédie (variante dAdélaïde), 1751
  • Amélie ou Le Duc de Foix, tragédie (2e variante dAdélaïde), 1752
  • LOrphelin de la Chine, tragédie, 1755
  • Socrate, drame, 1759
  • LÉcossaise, comédie, 1760
  • Tancrède, tragédie, 1760
  • Le Droit du seigneur, comédie, 1762
  • Olympie, tragédie, 1762
  • Le Triumvirat, tragédie, 1764
  • Les Scythes, tragédie, 1767
  • Charlot ou La Comtesse de Givry, drame, 1767
  • Le Dépositaire, comédie, 1769
  • Les Guèbres ou La Tolérance, tragédie, 1769
  • Le Baron dOtrante, opéra buffa, 1769
  • Les Deux Tonneaux, opéra-comique, 1773
  • Sophonisbe, tragédie, 1774
  • Les Pélopides ou Atrée et Thyeste, tragédie, 1770
  • Les Lois de Minos, tragédie, 1773
  • Don Pèdre, tragédie, 1774
  • LHôte et lHôtesse, divertissement, 1776
  • Irène, tragédie, 1778
  • Agathocle, tragédie, 1778

Seize volumes de ses œuvres ont paru dans la Bibliothèque de la Pléiade, dont treize de correspondance (édition définitive de Theodore Besterman, 1977-1993).

Notes et références

  1. Lorigine la plus couramment acceptée de ce pseudonyme est lanagramme obtenue à partir des lettres capitales AROUET L(e) J(eune) écrites en latin AROVETLI[réfnécessaire]. Une autre hypothèse est linversion du nom du petit village dAirvault, dans lequel il passait ses vacances durant son enfance et dans lequel sa famille avait une propriété. Voir le site Larousse ici.
  2. Correspondance de Voltaire, vol. 1 : « 1704-1738 », Gallimard, 1964, « Chronologie », p. XV .
  3. Voltaire ne conteste pas seulement sa date de naissance mais aussi sa filiation. Après 1750, il se dit à plusieurs reprises fils de Monsieur de Rochebrune, issu dune famille noble de Haute-Auvergne et ancien client de François Arouet. En 1756, à loccasion dune visite de dAlembert aux Délices, Jean Louis du Pan, témoin de la scène, rapporte ses propos (René Pomeau, Voltaire en son temps, tome I, p. 132: « Je crois aussi certain que dAlembert est le fils de Fontenelle, comme il est sûr que je le suis de Roquebrune. (…) Voltaire prétendit que lhonneur de Madame sa mère consistait à avoir préféré un homme desprit comme était Roquebrune, mousquetaire, officier, auteur, à Monsieur son père qui pour le génie était un homme très commun, et dit quil sétait toujours flatté davoir lobligation de sa naissance à Roquebrune. » Aucune certitude nexiste sinon que lidée dune naissance illégitime et dun lien de sang avec la noblesse dépée ne déplaisait pas à Voltaire.
  4. a et b Annie Angremy, Voltaire : un homme, un siècle, La Bibliothèque, 1979, 243 p., p. IX .
  5. Jean-Michel Raynaud, Voltaire, soi-disant, vol. 1, 1983, 289 p., p. 24-25 
  6. Pierre Lepape, Voltaire le conquérant, Seuil, 1994, p. 24.
  7. Voir le site Larousse ici.
  8. Voltaire aux Délices (site de la ville de Genève.
  9. René Pomeau, Voltaire en son temps, t. II, p. 608.
  10. Voir entre autres Voltaire en son temps de René Pomeau, page 582, tome II.
  11. Voltaire à M. de Cideville, 3 septembre 1731 Correspondance I, Paris, Gallimard-Pléiade, 1963, p. 309-310.
  12. Épinay (Louise Florence d’), Mémoires, Paris, Charpentier, 1865 II, p. 421, lettre de Mme dÉpinay à Grimm.
  13. Gravure de Moreau le jeune, http://www.visitvoltaire.com/f_voltaires_later_life_last_trip_to_paris.htm
  14. On rencontre cette idée dans le Dictionnaire philosophique à larticle « Enfer » : « Il ny a pas longtemps quun théologien calviniste, nommé Petit-Pierre, prêcha et écrivit que les damnés auraient un jour leur grâce. Les autres ministres lui dirent quils nen voulaient point. La dispute séchauffa ; on prétend que le roi, leur souverain, leur manda que puisquils voulaient être damnés sans retour, il le trouvait très bon, et quil y donnait les mains. Les damnés de léglise de Neuchâtel déposèrent le pauvre Petit-Pierre, qui avait pris lenfer pour le purgatoire. On a écrit que lun deux lui dit : « Mon ami, je ne crois pas plus à lenfer éternel que vous ; mais sachez quil est bon que votre servante, que votre tailleur, et surtout votre procureur, y croient. » Le roi en question était Frédéric II de Prusse, qui était à lépoque souverain de Neuchâtel.
  15. publié sous le pseudonyme de Stephen G. Tallentyre.
  16. Paul F. Boller Jr. et John George, (en)They never said it : a book of fake quotes, misquotes, & misleading attributions, Oxford University Press, New-York, 1989, p. 125.
  17. http://www.tsr.ch/video/emissions/mise-au-point/390840-decodeur-voltaire-n-a-jamais-ecrit-je-ne-suis-pas-d-accord-avec-vous-mais-je-me-battrai-pour-que-vous-puissiez-le-dire.html
  18. http://www.worldtempus.com/fr/encyclopedie/index-encyclopedique/lhorlogerie-dans-le-monde/horlogerie-suisse/lhorlogerie-genevoise/les-debuts-de-lhorlogerie-genevoise/
  19. Chapitre 19 de Candide.
  20. « Si quelquun a jamais combattu pour rendre aux esclaves de toute espèce le droit de la nature, la liberté, cest assurément Montesquieu. Il a opposé la raison et lhumanité à toutes les sortes desclavage : à celui des nègres quon va acheter sur la côte de Guinée pour avoir du sucre dans les îles Caraïbes ; à celui des eunuques, pour garder les femmes et pour chanter le dessus dans la chapelle du pape ; […] », Œuvres complètes de Voltaire, tome XXXI, « Commentaire sur lEsprit des lois », Section « Esclavage », édition de 1893, p. 305.
  21. Aucun législateur de lantiquité na tenté dabroger la servitude ; au contraire, les peuples les plus enthousiastes de la liberté, les Athéniens, les Lacédémoniens, les Romains, les Carthaginois, furent ceux qui portèrent les lois les plus dures contre les serfs. Le droit de vie et de mort sur eux était un des principes de la société. Il faut avouer que, de toutes les guerres, celle de Spartacus est la plus juste, et peut-être la seule juste, Voltaire, Questions sur lEncyclopédie, « Esclavage », 1771.
  22. Lumières et esclavage de Jean Ehrard, André Versaille éditeur, 2008, p. 28.
  23. « Aveuglé par sa passion antireligieuse, il poursuit dune même haine le christianisme et le judaïsme. Et comme il lui faut à tout prix se démarquer des doctrines défendues par ces deux religions, il se croit obligé dattaquer avec vigueur le monogénisme. » Christian Delacampagne, Une histoire du racisme, Livre de poche, 2000, p. 153.
  24. ibidem, p. 152.
  25. Il faut toutefois rappeler que ce terme na été forgé quun siècle après la mort de Voltaire. cf.www.phdn.org.
  26. [1] - voir aussi larticle Juifs [2].
  27. Bernard Lazare, LAntisémitisme : son histoire et ses causes, « VI. Lantijudaïsme depuis la Réforme jusquà la Révolution française », 1894 (sur Wikisource).
  28. Poliakov a intitulé De Voltaire à Wagner le tome III de son Histoire de lantisémitisme.
  29. Poliakov [PDF], Souvenirs des temps passés, « Revue de la Shoah no 158 », p. 23.
  30. dans sa préface de la réédition de louvrage de Poliakov, La Causalité diabolique.
  31. Dans le Traité sur la tolérance par exemple, notamment les chapitres XXII et XXIII. Voir aussi ce texte dans lequel Voltaire préconise la solidarité de tous, incluant explicitement les Juifs : Mélanges, Éditions Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven, « Remèdes contre la rage des âmes » 1961, p. 828.
  32. « Voltaire était-il antisémite ? », La Pensée, no 203, janvier-février 1979, p. 70-84, repris in Maris-Hélène Cotoni (éd), Voltaire/Le Dictionnaire philosophique, Klincksieck, col. Parcours critique, 1994, p. 125.
  33. René Pomeau, La religion de Voltaire, A. G Nizet, 1995, p. 158.
  34. Voltaire, Le Fanatisme ou Mahomet le prophète (1741), Œuvres complètes,  éd. Garnier, 1875, tome 4, p. 135.
  35. Mahomet le fanatique, le cruel, le fourbe, et, à la honte des hommes, le grand, qui de garçon marchand devient prophète, législateur et monarque, Recueil des Lettres de Voltaire (1739-1741), Voltaire,  éd. Sanson et Compagnie, 1792, Lettre à M. De Cideville, conseiller honoraire du parlement (5 mai 1740), p. 163.
  36. Pierre Milza, Voltaire, Librairie Académique Perrin, 2007, p. 638.
  37. Je sais que Mahomet na pas tramé précisément lespèce de trahison qui fait le sujet de cette tragédieJe nai pas prétendu mettre seulement une action vraie sur la scène, mais des mœurs vraies, faire penser les hommes comme ils pensent dans les circonstances ils se trouvent, et représenter enfin ce que la fourberie peut inventer de plus atroce, et ce que le Fanatisme peut exécuter de plus horrible. Mahomet nest ici autre chose que Tartuffe les armes à la main. Je me croirai bien récompensé de mon travail, si quelquune de ces âmes faibles, toujours prêtes à recevoir les impressions dune fureur étrangère qui nest pas au fond de leur cœur, peut saffermir contre ces funestes séductions par la lecture de cet ouvrage., Voltaire, Lettre à Frédéric II, Roi de Prusse, 20 janvier 1742.
  38. Voltaire,Lettres inédites de Voltaire, Didier, 1856, t. 1, Lettre à M. César De Missy, 1er septembre 1743, p. 450.
  39. a, b, c et d René Pomeau, Voltaire en son temps, Fayard, 1995, t. 1, Avec Madame du Châtelet par René Vaillot, p. 407.
  40. Morceau écrit et publié en 1748 dans le tome IV des Œuvres de Voltaire, à la suite de sa tragédie de Mahomet. Cet article présent dans certaines éditions posthumes augmentées du Dictionnaire philosophique ne figure pas dans la version originale du Dictionnaire philosophique qui comporte seulement 118 articles parus du vivant de Voltaire dans sa dernière version en 1769 (cf. Dictionnaire philosophique, Raymond Naves et Olivier Ferret, Garnier, 2008):
    • Cétait un sublime et hardi charlatan que ce Mahomet, fils dAbdalla.
    • Le Koran est une rapsodie sans liaison, sans ordre, sans art ; on dit pourtant que ce livre ennuyeux est un fort beau livre ; je men rapporte aux Arabes, qui prétendent quil est écrit avec une élégance et une pureté dont personne na approché depuis. Cest un poème, ou une espèce de prose rimée, qui contient six mille vers. Il ny a point de poète dont la personne et louvrage aient fait une telle fortune. On agita chez les musulmans si lAlcoran était éternel, ou si Dieu lavait créé pour le dicter à Mahomet. Les docteurs décidèrent quil était éternel ; ils avaient raison, cette éternité est bien plus belle que lautre opinion. Il faut toujours avec le vulgaire prendre le parti le plus incroyable.
    • On lexcuse sur la fourberie, parce que, dit-on, les Arabes comptaient avant lui cent vingt-quatre mille prophètes, et quil ny avait pas grand mal quil en parût un de plus. Les hommes, ajoute-t-on, ont besoin dêtre trompés. Mais comment justifier un homme qui vous dit « Crois que jai parlé à lange Gabriel, ou paye-moi un tribut ? »
    • Combien est préférable un Confucius, le premier des mortels qui nont point eu de révélation ; il nemploie que la raison, et non le mensonge et lépée. Vice-roi dune grande province, il y fait fleurir la morale et les lois : disgracié et pauvre, il les enseigne il les pratique dans la grandeur et dans labaissement ; il rend la vertu aimable ; il a pour disciple le plus ancien et le plus sage des peuples.
    • Le comte de Boulainvilliers, qui avait du goût pour Mahomet, a beau me vanter les Arabes, il ne peut empêcher que ce ne fût un peuple de brigands ; ils volaient avant Mahomet en adorant les étoiles ; ils volaient sous Mahomet au nom de Dieu. Ils avaient, dit-on, la simplicité des temps héroïques ; mais quest-ce que les siècles héroïques ? cétait le temps lon ségorgeait pour un puits et pour une citerne, comme on fait aujourdhui pour une province.
  41. Les moines qui se sont déchaînés contre Mahomet, et qui ont dit tant de sottises sur son compte, ont prétendu quil ne savait pas écrire. Mais comment imaginer quun homme qui avait été négociant, poète, législateur et souverain, ne sût pas signer son nom? Si son livre est mauvais pour notre temps et pour nous, il était fort bon pour ses contemporains, et sa religion encore meilleure. Il faut avouer quil retira presque toute lAsie de lidolâtrie. Il enseigna lunité de Dieu ; il déclamait avec force contre ceux qui lui donnent des associés. Chez lui lusure avec les étrangers est défendue, laumône ordonnée. La prière est dune nécessité absolue ; la résignation aux décrets éternels est le grand mobile de tout. Il était bien difficile quune religion si simple et si sage, enseignée par un homme toujours victorieux, ne subjuguât pas une partie de la terre. En effet les musulmans ont fait autant de prosélytes par la parole que par lépée. Ils ont converti à leur religion les Indiens et jusquaux nègres. Les Turcs même leurs vainqueurs se sont soumis à lislamisme., Voltaire, 1748, Ibid.
  42. René Pomeau, La religion de Voltaire, A.G Nizet, 1995, p. 157.
  43. Morceau écrit et publié en 1748 dans le tome IV des Œuvres de Voltaire.
  44. Il nappartenait assurément quaux musulmans de se plaindre ; car jai fait Mahomet un peu plus méchant quil nétait, Lettre à Mme Denis, 29 octobre 1751, Lettres choisies de Voltaire, Libraires associés, 1792, t. 2, p. 113.
  45. René Pomeau, La religion de Voltaire, A.G Nizet, 1995, p. 156-157.
  46. Voltaire, Essais sur les Mœurs, 1756, chap. VI. — De lArabie et de Mahomet.
  47. Voltaire, Essais sur les Mœurs, 1756, chap. VII. — De lAlcoran, et de la loi musulmane. Examen si la religion musulmane était nouvelle, et si elle a été persécutante.
  48. Avez-vous oublié que ce poète était astronome, et quil réforma le calendrier des Arabes ?, « Lettre civile et honnête à lauteur malhonnête de la "Critique de lhistoire universelle de M. de Voltaire" » (1760), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 24, p. 164.
  49. Voltaire, « Mahomet avait le courage dAlexandre », Le Dîner du comte de Boulainvilliers (1767), Œuvres complètes,  éd. Garnier, 1875, tome 26, p. 580.
  50. Ce fut certainement un très grand homme, et qui forma de grands hommes. Il fallait quil fût martyr ou conquérant, il ny avait pas de milieu. Il vainquit toujours, et toutes ses victoires furent remportées par le petit nombre sur le grand. Conquérant, législateur, monarque et pontife, il joua le plus grand rôle quon puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes, Remarques pour servir de supplément à lEssai sur les Mœurs (1763), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 24, chap. 9-De Mahomet, p. 590.
  51. Jai dit quon reconnut Mahomet pour un grand homme ; rien nest plus impie, dites-vous. Je vous répondrai que ce nest pas ma faute si ce petit homme a changé la face dune partie du monde, sil a gagné des batailles contre des armées dix fois plus nombreuses que les siennes, sil a fait trembler lempire romain, sil a donné les premiers coups à ce colosse que ses successeurs ont écrasé, et sil a été législateur de lAsie, de lAfrique, et dune partie de lEurope., « Lettre civile et honnête à lauteur malhonnête de la Critique de lhistoire universelle de M. de Voltaire » (1760), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 24, p. 164.
  52. Il y a je ne sais quoi dans ce Mahomet qui impose. Les religions sont comme les jeux du trictrac et des échecs : elles nous viennent de lAsie. Il faut que ce soit un pays bien supérieur au nôtre, car nous navons jamais inventé que des pompons et des falbalas ; tout nous vient dailleurs jusquà linoculation, « Lettre à M. Le Chevalier de La Motte-Gefrard » (mars 1763), dans Œuvres complètes de Voltaire (1760), Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 44, p. 476.
  53. « Essai sur les Mœurs et lEsprit des Nations » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VII-De lAlcoran, et de la loi musulmane, p. 244.
  54. « Non, Mahomet ne fit point de ces miracles opérés dans un village et dont on ne parle que cent ans après lévénement prétendu […] Sa religion est sage, sévère, chaste, et humaine : sage, puisquelle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et quelle na point de mystères; sévère, puisquelle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et quelle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste, puisquelle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux dépouses qui partageaient le lit de tous les princes de lOrient ; humaine, puisquelle nous ordonne laumône bien plus rigoureusement que le voyage de la Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité la tolérance », « Il faut prendre un parti » (1772), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 28, chap. [Lequel ?], p. 547.
  55. « Théiste », dans Dictionnaire philosophique, http://www.voltaire-integral.com/Html/20/theiste.htm
  56. Les chrétiens navaient regardé jusquà présent le fameux Mahomet que comme un heureux brigand, un imposteur habile, un législateur presque toujours extravagant. Quelques Savants de ce siècle, sur la foi des rapsodies arabesques, ont entrepris de le venger de linjustice que lui font nos écrivains. Ils nous le donnent comme un génie sublime, et comme un homme des plus admirables, par la grandeur de ses entreprises, de ses vue, de ses succès, Claude-Adrien Nonnotte, Les erreurs de Voltaire, Jacquenod père et Rusand, 1770, t. I, p. 70.
  57. M. de Voltaire nous assure quil [Mahomet] avait une éloquence vive et forte, des yeux perçants, une physionomie heureuse, lintrépidité dAlexandre, la libéralité et la sobriété dont Alexandre aurait eu besoin pour être un grand homme en toutIl nous représente Mahomet comme un homme qui a eu la gloire de tirer presque toute lAsie des ténèbres de lidolâtrie. Il extrait quelques paroles de divers endroits de lAlcoran, dont il admire le Sublime. Il trouve que sa loi est extrêmement sage, que ses lois civiles sont bonnes et que son dogme est admirable en ce quil se conforme avec le nôtre. Enfin pour prémunir les lecteurs contre tout ce que les Chrétiens ont dit méchamment de Mahomet, il avertit que ce ne sont guère que des sottises débitées par des moines ignorants et insensés., Nonnotte, Ibid., p. 71.
  58. Il est évident que le génie du peuple arabe, mis en mouvement par Mahomet, fit tout de lui-même pendant près de trois siècles, et ressembla en cela au génie des anciens Romains., « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De lArabie et de Mahomet, p. 237.
  59. « Préface de lEssai sur lHistoire universelle » (1754), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 24, p. 49.
  60. Si ces Ismaélites ressemblaient aux Juifs par lenthousiasme et la soif du pillage, ils étaient prodigieusement supérieurs par le courage, par la grandeur dâme, par la magnanimité., « Essai sur les Mœurs et lEsprit des Nations » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De lArabie et de Mahomet, p. 231.
  61. « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire,  éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De lArabie et de Mahomet, p. 237.
  62. Sadek Neaimi, LIslam au siècle des Lumières, Harmattan, 2003, p. 248.
  63. « Imposteur ou législateur ? Le Mahomet des Lumières », in Religions en transition dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, Voltaire Foundation, 2000, p. 251 (ISBN 978-0-7294-0711-3).
  64. Dirk van der Cruysse, « De Bayle à Raynal, le prophète Muhammad à travers le prisme des Lumières », in De branche en branche : études sur le XVIIe et XVIIIe siècles français, Peeters Publishers, 2005, p. 125.
  65. Lettre à Frédéric II, roi de Prusse, datée du 5 janvier 1767.
  66. a et b Faruk Bilici, « Lislam en France sous lAncien Régime et la Révolution : attraction et répulsion », Rives nord-méditerranéennes, 15 novembre 2005.
  67. La préface de Voltaire et les Genevois de Jean Gaberel.
  68. Voltaire franc-maçon de la Loge « Les Neuf Soeurs » Précis historique de lOrdre de la Franc-Maçonnerie jusquen 1829 (tome II) Jean-Claude Bésuchet de Saunois - 1829.
  69. François-Antoine Chevrier, Almanach des gens desprit, Londres, Jean Nourse, 1762, p. 110.

Voir aussi

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Témoignage

  • Sébastien Longchamp [Valet de chambre et copiste de Voltaire, de 1746 à 1751.], Anecdotes sur la vie privée de Monsieur de Voltaire. Texte établi par Frédéric S. Eigeldinger. Présenté et annoté par Raymond Trousson. Éditions Honoré Champion, 2009. 1 vol. , 344 p., relié, 15 × 22 cm. (ISBN 978-2-7453-1861-9)

Bibliographie

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  • André Bellessort, Essai sur Voltaire, Perrin, 1938
  • Rémy Bijaoui, Voltaire avocat. Calas, Sirven et autres affaires, Paris, Tallandier, 1994 (ISBN 978-2-235-02118-0)
  • Guy Chaussinand-Nogaret, Voltaire et le siècle des Lumières, Bruxelles, Éditions Complexe, 1994
  • Max Gallo, Moi, jécris pour agir : vie de Voltaire, Paris, Fayard, 2008
  • Jean Goldzink, Voltaire, la légende de saint Arouet, Paris, Gallimard, 1989
  • Jean Goulemot, André Magnan, Didier Masseau (dir.), Inventaire Voltaire, Paris, Gallimard, 1995 (coll. « Quarto ») (ISBN 978-2-07-073757-4)
  • Véronique Le Ru, Voltaire newtonien. Le combat dun philosophe pour la science, Paris, Vuibert/ADAPT, 2005 (ISBN 978-2-7117-5374-1), (ISBN 29096800665)
  • Éliane Martin-Haag, Voltaire. Du cartésianisme aux Lumières, Paris, Vrin, 2002 (ISBN 978-2-7116-1537-7)
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  • Sylvain Menant, Esthétique de Voltaire, Paris, SEDES, 1995 (ISBN 978-2-7181-1555-9)
  • Patricia Ménissier, Les Amies de Voltaire dans la correspondance : 1749-1778, Paris, H. Champion, 2007.
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  • Pierre Milza, Voltaire, Perrin, 2007, (ISBN 978-2-262-02251-8)
  • Noel Eugène - Voltaire à Ferney - Brière et fils Ed.- Rouen - 1867
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  • Christophe Paillard, Voltaire en son château de Ferney, Paris, Éditions du Patrimoine, 2010 (ISBN 978-2-7577-0027-3)
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  • René Pomeau, La Religion de Voltaire, Paris, Colin, 1956 (2e éd. 1969)
  • René Pomeau, Politique de Voltaire, Paris, Colin, 1963 (3e éd. 1994) (ISBN 978-2-200-21579-8)
  • René Pomeau (dir.), Voltaire en son temps, Paris, Fayard, 1995 (2 vol. ) (ISBN 2213595535)
  • Charles Porset, Voltaire humaniste, Paris, Edimaf, 2003
  • Raymond Trousson, Voltaire 1778-1878, Paris, PUPS, 2008
  • Raymond Trousson, Jeroom Vercruysse (dir.), Dictionnaire général de Voltaire par lui-même, Paris, Champion, 2003 (ISBN 2745307657)
  • René Vaillot, Voltaire en son temps. 2. Avec Mme Du Châtelet : 1734-1749, Oxford Voltaire Foundation, 1988.
  • André Versaille (éd.), Dictionnaire de la pensée de Voltaire, Bruxelles, éditions Complexe, 1994 (ISBN 2870275307)
  • Pierre Lepape, Voltaire le conquérant : naissance des intellectuels au siècle des Lumières, Paris, Seuil, 1997
  • Ghislain Waterlot, Voltaire : le procureur des Lumières, Paris, Michalon, 1996

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Articles connexes

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Fauteuil 33 de lAcadémie française
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