- Rhône (fleuve)
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Rhône
Pour les articles homonymes, voir Rhône (homonymie).Rhône
L'embouchure du Rhône.
Bassin versant du Rhône.Caractéristiques Longueur 812 km Bassin 95 500 km2 Débit moyen 1 700 m3⋅s-1 (Beaucaire) Cours Source Glacier du Rhône · Localisation Canton du Valais, Suisse · Altitude 2 250 m · Coordonnées Embouchure Mer Méditerranée · Localisation France · Altitude 0 m · Coordonnées Géographie Principaux affluents · Rive gauche Arve, Isère, Durance · Rive droite Ain, Saône Pays traversés Suisse, France Principales villes Genève, Lyon, Valence, Avignon Sources : Débit : moyenne 1920-2005[1]. Le Rhône est un fleuve d'Europe. Long de 812 kilomètres, il prend sa source en Suisse, à l'extrémité est du canton du Valais, dans les Alpes uranaises. Il parcourt 290 km dans ce pays, puis entre en France peu après son passage à Genève. Il finit son cours dans le delta de Camargue (522 km ou 545 km selon le SANDRE [2]) pour se jeter dans la mer Méditerranée. Il alimente au passage le lac Léman.
Le Rhône a le second débit de tous les fleuves s'écoulant en Méditerranée, après le Nil. Se jetant dans une mer sans marée, le fleuve a formé un delta avec des bras qui se sont déplacés globalement d'ouest en est au cours de la période historique. Désormais endigué, son delta est figé hormis lors de crues exceptionnelles comme par exemple en 1993, 1994 et 2003.
Il est parfois identifié à l'Éridan qui est le nom d'un dieu fleuve de la mythologie grecque, fils d'Océan et de Thétys.
Sommaire
- 1 Sémiologie
- 2 Géographie
- 3 Hydrologie
- 4 Morphologie et dynamique fluviale
- 5 Histoire du Rhône
- 6 Divers
- 7 Etat écologique et sanitaire
- 8 Annexes
Sémiologie
L’origine et la signification du nom de ce fleuve sont encore sujettes à discussion. D'après l'hypothèse celtique Rhodanus ou Rodanus viendrait de Rhôdan, qui signifie « tourner vivement » ; mais la forme de ce nom paraît plus grecque que celtique, et Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle estimait que le Rhône tire son nom de Rhoda ou Rhodanusia, colonie de Rhodiens bâtie jadis à l’une de ses embouchures, aux environs d’Aigues-Mortes.
Géographie
Le Rhône naît au-dessus de Gletsch dans le massif du Saint-Gothard, en Suisse. Sa source est constituée par les eaux de fonte du glacier du Rhône qui comble le sommet de la vallée de Conches, sous les cols de la Furka et du Grimsel. Puissant torrent de montagne, il coule d'abord dans une direction est-ouest tout au long de la vallée du Rhône ; à St-Maurice sa vallée se rétrécit fortement et il remonte vers le nord avant de se jeter dans le lac Léman ; il en ressort à Genève, où il reçoit l'Arve, puis pénètre en France ; le tracé de son cours est sinueux jusqu'aux environs de Lyon ou il reçoit la Saône, son plus long affluent ; dans cette section, la vallée sépare les massifs alpin (rive gauche) et jurassien (rive droite). À partir de Lyon, il coule vers le sud, entre Alpes et Massif Central, pour se jeter par le delta de la Camargue dans la mer Méditerranée.
Principaux affluents
Les affluents suisses du fleuve sont la Massa, la Saltina, la Vispa, la Lonza, la Turtmänna, la Raspille, la Navizence, la Rèche, la Lienne, la Borgne, la Sionne, la Morge, la Losentse, la Lizerne, la Faraz, la Dranse, le Trient, l'Avançon, la Vièze, la Gryonne, la Grande Eau, la Veveyse, la Venoge, l'Arve, et l'Allondon.
En France, les affluents majeurs (plus de 100 m3/s) sont la Saône, l'Isère, la Durance et l'Ain.
Parmi les autres affluents (moins de 100 m³/s), notons la Dranse, l'Arve, l'Annaz, les Usses, la Valserine, le Fier, le Séran, le Guiers, le Furans, la Bourbre, l'Yzeron, le Garon, le Gier, la Gère, la Varèze, le Dolon, les Collières, la Cance, l'Ay, la Galaure, le Doux, la Véore, l'Eyrieux, la Drôme , l'Ouvèze, la Payre, le Roubion, l'Escoutay, la Berre, l'Ardèche, le Lez, la Cèze, l'Eygues et le Gardon.
L'Arve naît en France mais il rejoint le Rhône en Suisse!
Géographie urbaine
Le Rhône traverse successivement les villes suisses de Gletsch, première localité traversée, Brigue-Glis, Sierre, Sion, Martigny, Saint-Maurice, puis sur rive droite du Léman, Montreux, La Tour-de-Peilz, Vevey, Pully, Lausanne, Morges, Gland, Nyon, Versoix et, sur rive gauche du Léman, les villes françaises de Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains.
Après Genève, il arrose Bellegarde-sur-Valserine, Culoz, Belley, Montalieu-Vercieu, Sault-Brénaz, Saint-Sorlin-en-Bugey, Lagnieu, Saint-Vulbas, Jonage, Meyzieu, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Lyon, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite, Saint-Fons, Irigny, Feyzin, Vernaison, Givors, Vienne, Condrieu, Saint-Alban-du-Rhône, Le Péage-de-Roussillon, Tournon, Valence, Le Pouzin, Cruas, Montélimar, Viviers, Pierrelatte, Pont-Saint-Esprit, Orange, Avignon, Villeneuve-lès-Avignon, Beaucaire, Tarascon, Arles, Port-Saint-Louis-du-Rhône et se jette dans la mer au niveau des Saintes-Maries-de-la-Mer
L'aménagement économique du Rhône
Les grands travaux d'aménagement économique du Rhône ont été principalement le fait de la Compagnie Nationale du Rhône qui a également pour mission d'entretenir et moderniser ces aménagements. On lui doit l'édification d'ouvrages hydroélectriques qui ont permis de réguler les crues tout en produisant de l'énergie non polluante, de plus de 15 milliards de kWh en 2007.
Le trafic fluvial reste important malgré l'absence d'un canal à fort gabarit entre le Rhône et le Rhin (l'abandon du projet de canal Rhin-Rhône a été paradoxalement l'oeuvre de l'écologiste Dominique Voynet lorsqu'elle était Ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement). Il bénéficie du report amorcé des modes de transport, en partie, vers le fluvial. En 2007, 6 200 bateaux ont passé les écluses de Bourg-les-Valence.
Des conventions sont signées avec les communes pour organiser l'aménagement de ports de plaisance ou d'espace de mise à l'eau. C'est ainsi que le port de Cruas a été inauguré le 30 juin 2007.
La protection de l'environnement est devenue l'une des priorités de la CNR. Diverses actions sont en cours en faveur de la faune, la flore et l'amélioration de la qualité de l'eau. L'entretien des sites classés Natura 2000 est tout particulièrement suivi, par exemple le traitement de formations envahissantes d'ambroisies et de jussies à Viviers (Ardèche).
Plusieurs installations nucléaires, situées sur les rives du Rhône, prélèvent de l'eau pour assurer leur refroidissement :
- Centrale nucléaire du Bugey
- Centrale nucléaire de Saint-Alban
- Centrale nucléaire de Cruas
- Centrale nucléaire du Tricastin
- Site nucléaire de Marcoule
Hydrologie
Régime
Le régime hydraulique du Rhône est caractérisé par des maxima automnaux liés aux pluies méditerranéennes, et printaniers en raison de la fonte des glaces. L'hiver présente souvent des débits soutenus mais moins marqués et le régime hydraulique minimum est estival.
Longtemps qualifié de « fleuve fantasque », en raison de ses crues puissantes (plus de 11 000 m³.s-1 à l’aval)[réf. nécessaire], il est d’usage de parler aujourd’hui de « fleuve dompté » depuis l’aménagement, sur sa partie française, par la CNR. En amont, sur sa partie suisse, il a subi de nombreux aménagements. Les crues de 1993-1994 et de 2002-2003 ont montré, que l’aménagement hydroélectrique ne gère que les débits ordinaires, mais n’empêche en aucun cas la formation de grandes crues similaires à celles du XIXe siècle.
Le Rhône se caractérise par la diversité de son bassin versant :
- apports alpins soutenus entre mai et juillet (fonte des neiges et des glaciers)
- apports océaniques d’hiver, à crues lentes (Saône)
- apports méditerranéens et cévennols à crues violentes d’automne et étiages sévères d’été.
Il en résulte un régime hydrologique très complexe, et une très grande diversité dans la formation des crues et leur déroulement. On distingue les types de crue suivants[3]:
- les crues océaniques, dans lesquelles la Saône joue un rôle prépondérant
- les crues méditerranéennes extensives (janvier 1994), avec une forte contribution des affluents méditerranéens de rive gauche (Durance, notamment)
- les crues cévennoles (septembre 2002) avec un rôle prépondérant des affluents méditerranéens de rive droite (Ardèche, Cèze, Gardon)
- les crues généralisées (type 1856)
Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Beaucaire est de 1.700 m³.s-1 (données 1920-2005).
Débit moyen mensuel (en m³/s) mesuré à la Station hydrologique de Beaucaire ) altitude : 2 m- bassin versant: 95500 km²-données calculées sur la période 1920-2005[4]
On considère que le Rhône est en crue dès que son débit dépasse les 5000 m³.s-1.
Le record récent mesuré date de décembre 2003 avec un débit annoncé initialement à 13000 m³.s-1 à Beaucaire[5]. Le débit a été depuis révisé à 11500 m³.s-1 + ou - 5%[6]. Voir aussi CNR[7] et mairie d'Arles[8].Les services de l'État, pour l'évaluation du risque d'inondation (élaboration des Plans de Prévention des Risques d'Inondation, PPRI), retiennent comme crue de référence la crue de 1856, estimée à 12500 m³.s-1 à Beaucaire : elle serait ainsi un peu plus forte que la crue de 2003.
La plus grosse crue historique est probablement celle survenue en novembre 1548, voire celle de 580. La crue millénaire, quant à elle, est estimée à plus de 14000 m³.s-1 (entre 14000 et 16000 m³.s-1, selon les auteurs, avec un consensus plus marqué pour 14000-14500 m³.s-1). Le Rhône est celui des cinq fleuves français dont le débit est le plus élevé.
Principales crues historiques
Article principal : Correction du Rhône en amont du lac Léman.Vers 175 av. J.-C., une importante crue du fleuve recouvre une large partie de l’agglomération d'Arles et provoque la destruction irrémédiable des quartiers sud. Ces quartiers périphériques méridionaux sont par la suite abandonnés pendant deux siècles. Vers 150, on a la trace d'une importante crue à Arles. Vers 280, des sources historiques indiquent une crue importante à Lyon, ravagée par une inondation. L'archéologie confirme à Arles la destruction par les eaux d'un habitat romain à la fin du IIIe siècle. 346 voit une crue généralisée du Rhône.
En 563, un éboulement situé dans la région de Saint-Maurice forme un barrage sur le Rhône avec montée des eaux en amont. La rupture du barrage, provoque une vague d'eau qui créa des dégats importants en aval y compris sur les berges du Léman. En 579 ou 580 (plus probablement en 580), a lieu une crue d'automne avec inondation à Lyon et à Arles. À Lyon, Grégoire de Tours rapporte : « au commencement d'octobre, après deux jours de pluies continuelles, le Rhône et la Saône entrèrent en crue. Chose qui ne s'était jamais produite, les deux rivières vinrent se rejoindre au milieu de la presqu'île et formèrent un courant si violent qu'une partie des murs de la ville fut renversée, d'où l'on peut juger du nombre de maisons qui durent être entraînées par les eaux. » A Arles, le cirque romain est abandonné après cette catastrophe. 618 voit une crue probable avec des inondations.
En 808, une crue de printemps fait écrire « Cette année, l'hiver fut très « mou » et très pernicieux. On fut affligé à sa suite d'inondations terribles » et est suivie, l'année suivante, d'une crue d'hiver généralisée : « En 809, l'inondation surpassa toutes les inondations connues. Elle emporta les moissons des champs riverains et força les habitants des bords de rivières à chercher un refuge sur les hauteurs. L'abondance des pluies en fut la cause. Elle atteignit son apogée le 28 décembre. »
Lors de l'hiver 821-822, des crues généralisées affectent la France : « Il y eut en France une si grande abondance de pluie que les fruits de la terre en furent perdus et qu'on ne put rien semer au printemps suivant. Les rivières sortirent de leur lit et les eaux se répandirent au loin dans les campagnes. » 868 voit une crue historique généralisée des fleuves à la suite de « pluies incessantes ».
En 1226, la crue d'automne (17 septembre[9]) et des inondations à Avignon ont lieu peu de jours après la reddition de la ville aux troupes du roi Louis VIII qui assiégeaient la cité depuis le début de l'été. À quelques jours près, la cité eût été sauvée.
En 1308, une lettre du comte de Provence Charles II évoque les cultures détruites, les ponts emportés et les bestiaux noyés à la suite d'une crue. 1345 voit des inondations catastrophiques. À Arles, à la suite des inondations de 1352, le Chapître ne peut plus être ravitaillé correctement (d'après un texte du 5 octobre 1352) Les inondations catastrophiques se répètent en 1353, 1358, 1368 ou 1373 (la crue est mal datée, probalement, de 1372).
La crue du 14 novembre 1396 fait écrire au chroniqueur arlésien Bertrand Boysset : « [...] il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais. [...] (A Arles) L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2m20). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier. » Les crues d'octobre 1398, décembre 1401 et février 1404 sont aussi signalées par le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset.
XVe siècle
À Tarascon, il est rapporté que « le 16 juin 1424, des inondations du Rhône mettent la ville en grand péril ». À la fin de cette même année 1424, le conseil et les syndics de Tarascon se préoccupent de faire réparer les brèches ouvertes dans les levées du Rhône[10]. En Camargue, 80% au moins des blés sont anéantis par les inondations.
Une crue de printemps avec des inondations frappe la Camargue en 1426 et 1432.
En 1433, la crue d'automne frappe Avignon : « après plusieurs jours de pluies continuelles, le Rhône, la Durance et la Sorgue avaient débordé et inondé les bas quartiers de la ville. Le 29 novembre, les eaux atteignirent la porte de la chapelle des Pénitents Gris. Les eaux se retirèrent le 1er décembre. »
- 1442 : crue de printemps (avril) avec de nombreux dégâts recensés dans la campagne arlésienne.
- 1471 : crue d'automne décrite à Lyon et dans la région d'Avignon. Pour Lyon, un texte mentionne : « [...] remise accordée à Pierre Sales, fermier de la barre du pont du Rhône, sur le prix de son bail. Dans sa requête adressée au consulat Pierre Sales explique que "le passaige de ladite barre a esté de bien petite valeur" à cause de l'inondation qui eut lieu au mois d'octobre (1471) [...] »
XVIe siècle
- 1544 (ou 1548 ou 1554 ?) : crue d'automne (vers le 13 novembre) ; inondations généralisées au sud d'Avignon.
- Au mois de novembre de l’an 1544, il pleut abondamment en Provence, provoquant une inondation qui fit renverser une partie des murailles de la ville d’Avignon, déterrant les corps des cimetières. Le Rhône a tellement débordé, que depuis la Durance jusqu’à la mer, toute la campagne ne fait qu’un avec elle, à tel point, nous dit Honoré Bouche que l’on peut se rendre par bateau de Châteaurenard à Eyragues ou à Saint-Rémy.
- Crue du 12 novembre 1548, citée par Jacques Bethemont lors d'un colloque (Avignon 1994). A cette date, la crue atteignit 8m45 à l’échelle de Saint-Bénézet (Avignon), contre 7m83 en 1856... Sur cette base, monsieur Pardé évalue à 16000 m³.s-1 le débit de la crue millénaire.
- En Camargue vers 1550, on rapporte une défluviation du Petit-Rhône au niveau de Sylvéréal à la suite d'une grosse crue. Le tracé actuel date de cette époque.
- 1556 : crue et inondations catastrophiques
- 1564 : crue automnale (fin novembre - début décembre) à Arles. "Sur le chemin du retour, la caravane royale (Charles IX et sa mère Catherine de Médicis) fut immobilisée dans Arles par une crue du Rhône. Il entra, le jeudi 16, à Arles, où les eaux le retinrent pendant trois semaines. Il quitta la cité le 7 décembre..."
- 1570 : crue et inondations catastrophiques
- 1573 : crue et inondation historique du Rhône près d'Avignon (Caderousse)
- 1580 : crue et inondations catastrophiques
- 1581 : crue et inondations catastrophiques
- 1583 : crue estivale (!). Le 24 août 1583, une crue brutale et dévastatrice entraîne l’écroulement d’une partie des remparts d’Arles
- 1587 : crue et défleuvement du Rhône dans son delta. Une grande inondation va bouleverser le lit du Rhône de Grand Passon et créer le canal du Japon (ou Bras de Fer)
- 1593 : crue du grand Rhône la veille de Pâques (mars-avril)
XVIIe siècle
- 1602 : crue et inondations catastrophiques
- 1614 : crue et inondation historique du Rhône près d'Avignon (Caderousse)
- 1638 : crue signalée à Tarascon
- 1647 : inondations (à vérifier)
- 1651 : inondations (à vérifier)
- 1653 : inondations (à vérifier)
- 1657 : inondations (à vérifier)
- 1658 : inondations (à vérifier)
- 1674 : crue d'automne (novembre) et inondations catastrophiques
- Inondation signalée à Avignon
- Gros dégâts sur les travaux de dessèchement des marais entre Arles et Tarascon.
En 1674, l'inondation fut si terrible qu'en 1683, alors qu'une autre inondation majeure se produisit, les réparations des dégâts de 1674 n'étaient pas encore achevées, ce qui entraîna nombre de procès, notamment avec la communauté de Tarascon. [11]
- 1678 : crue de printemps signalée le 16 avril 1678
- 1679 : crue et inondations catastrophiques
- 1683 : inondations
- 1688 : inondations (à vérifier)
- 1694 : crue d'automne (vers le 15 novembre). Le pont d'Arles est emporté le 15 novembre : « Le 15 novembre 1694, le pont d'Arles résista à une grande crue mais, par comble de malchance, celui de Tarascon ne résista pas et ses débris, emportés par le courant, vinrent heurter et briser le premier. »
- 1698 : inondations (à vérifier)
XVIIIe siècle
Entre 1705 et 1719, crues et inondations quasi annuelles
- 1705 : crue d'automne (octobre) et inondations. Les eaux du Rhône détruisent entièrement les ouvrages de dessèchement autour d'Arles.
- 1706 : crue d'hiver (janvier) et inondations
- 1708 : crues et inondations (hiver, printemps, les deux ?). Dans ses Mémoires, Louis Pic dit que dans l’été 1708, les inondations et les chaleurs ont provoqué des fièvres : « plus de la moitié des habitants furent attaqués, de sortes qu’elles donnèrent la mort à un grand nombre de personnes »
- 1709 : crue de printemps après le rude hiver 1709. En mars 1709 : « en un temps que le pays (Camargue) est tout inondé et que la plus grande partie des habitants a déserté »
- 1711 : crue d'hiver (début février) et inondations.
- À Lyon, le Rhône et la Saône mèlent leurs eaux sur la place Bellecour (11 février) et causent des désastres immenses.
- Dans le delta du Rhône, cette crue provoque un changement du cours du fleuve : « en 1711, à la suite d'une crue particulièrement importante et à cause de la distraction d'un eygadier, le Rhône change une nouvelle fois de lit abandonnant le tracé du Rhône du Bras de Fer qui devient un bras secondaire qui ne tarde pas à se colmater.»
- 1713 : crue et inondation historique du Rhône près d'Avignon (Caderousse)
- 1715 : crue et inondations catastrophiques
- 1719 : inondations (à vérifier)
- 1740 : inondations (à vérifier)
- 1747 : crue et inondations catastrophiques
- 1748 : inondations (à vérifier)
- 1749 : inondations (à vérifier)
- 1754 : crue et inondations catastrophiques
- 1755 : crue automnale (30 novembre - 1er décembre) ; la plus haute du XVIIIe siècle.
- A Arles la cote atteint 5m88.
- Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, cette crue se conjugue avec un niveau élevé de la mer qui provoque la destruction du pays : "il s’agit au départ d’une grosseur du Petit-Rhône d’ampleur exceptionnelle, à la suite de fortes pluies ayant provoqué la fonte des neiges précocement tombée sur l’arrière pays montagneux. Et bientôt, par violente tempête de sud-est la mer menace immédiatement la ville et le terroir, sans rencontrer de défense efficace".
- 1760 : inondations (à vérifier)
- 1763 : inondations (à vérifier)
- 1765 : inondations de fin de printemps ? -
- 1774 : crue automnale ?
- 1786 : inondations (à vérifier)
- 1788 : crue automnale ?
- 1790 : crue de printemps
- 1791 : crue de fin d'automne et inondations les 11 et 12 novembre, en particulier en Camargue[12].
XIXe siècle
- 1801 : crue de printemps (vers le 24 mars) et inondations.
- 1810 : crue de printemps (les 25-26 mai) et inondations. Cote 4m91 à Arles le 26 mai 1810 (une autre source indique 5m13)
- 1811 : crue de printemps (mai) et inondations catastrophiques. À Arles cote de 5m38.
- 1826 : inondation historique du Rhône près d'Avignon (Caderousse)
- 1827 : crue d'automne (octobre) et inondations catastrophiques - A Arles, cote de 5m10.
- 1840 : crue d'automne (début novembre) ; débit estimé à 12000 m³.s-1.
- La crue de novembre 1840 a été provoquée par une succession d'averses méditerranéennes torrentielles (4 au total), dont une au moins accompagnée de pluies océaniques diluviennes. C'est « l'événement météorologique le plus grandiose et le plus déconcertant qui se soit jamais produit dans le bassin du Rhône » (Maurice Pardé).
- La crue est très forte en amont de Lyon et exceptionnelle en aval à cause des apports de la Saône. À Lyon, pendant tout le mois de novembre, le centre de la ville est sous les eaux ; 600 maisons s’écroulent !
- À Avignon, la crue de la Durance, est concomitante avec celle du Rhône qui atteint dans cette cité le niveau de 8m65. La crue de novembre 1840 constituerait donc la plus forte crue connue avec celle de 2003, en aval d'Avignon.
- Plus au sud, la crue est amoindrie en raison des nombreuses brèches dans les digues du Gard, notamment à Bellegarde et à Tarascon. À Beaucaire, la cote est mesurée à 6m85. À Arles, elle ne s'établit plus qu'à 5m05. En contrepartie, toute la vallée du Bas-Rhône est dévastée.
- La Camargue est inondée. Le 3 novembre 1840, le delta, des salins d’Aigues-Mortes (Peccais) jusqu’à Port de Bouc, est entièrement submergé. Aigues-Mortes doit fermer les portes de la ville pour ne pas subir ce même sort. Le grand fleuve, qui venait de rompre ses digues, reconquit son ancien domaine et baigna les murailles de la ville subitement transformée en île ; les portes furent fermées. Pendant plusieurs jours, les plus gros bateaux du Rhône vinrent accoster les remparts comme de véritables quais, et purent ainsi ravitailler la population protégée par son enceinte contre cet ennemi d'une autre nature.
- 1841 : crue d'automne (octobre) avec des inondations. Le 26 octobre 1841, il se produit de terribles inondations qui portent leurs ravages sur la Camargue.
- 1843 : crue d'automne (novembre). À Beaucaire le niveau mesuré est supérieur à celui de 1841. Les salins d'Aigues-Mortes sont encore inondés
- 1846 : crue d'automne (octobre) - A Arles, cote de 5m04
- 1856 : crue de printemps (fin mai) ; débit estimé à 12000/12500 m³.s-1.
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- " La crue de mai-juin 1856 fut la plus simple et la plus brutale des crues générales connues du Rhône (avant celle de décembre 2003). Il s’agit de la plus grosse inondation connue du XIXe siècle au sud de Bellegarde".
- À Tarascon, la crue atteint le débit de 12000 m³.s-1 et la cote 8m50 de haut. Le 31 mai à Beaucaire, elle est mesurée à 7m95. À Avignon, le niveau atteint 7m95 (une autre source indique 7m83 sur l'échelle de Saint-Bénézet) et 5m58 à Arles.
- Le 1er juin la décrue commence à Arles, mais les dégâts sont immenses : 1er juin, 8h37, soir. - Le Rhône a baissé de près de 2m depuis minuit. Cette baisse est arrivée trop tard ; 4 digues étaient rompues en différents points. La Camargue est couverte de 2 ou 3m d'eau. La plaine, depuis Tarascon jusqu’à la mer, est inondée ; 100000 hectares environ, dont 60000 en culture, sont sous l'eau. Toutes les récoltes sont perdues. Dans la ville de Tarascon, l'eau s'est élevée à 3 ou 4m. Nous sommes obligés d'envoyer de Marseille le pain nécessaire aux habitants. Il est probable qu'en Camargue, la plus grande partie des bestiaux est noyée[13].
- À Avignon, le 3 juin 1856, l'inondation emporte une partie des remparts entre la porte St-Roch et la porte St-Dominique.
- A Lyon, les dégâts[14] sont très importants. La crue cause des dégâts énormes dans le territoire de la rive gauche en pleine période de construction et entraîne la mort de dix-huit personnes dans la commune de la Guillotière.
- Le photographe Édouard Baldus, à la demande de l’administration des Beaux-arts réalise un reportage (probablement un des tous premiers reportages photographiques) sur les inondations dévastatrices du Rhône, à Lyon[15], Avignon[16] et Tarascon. Nous disposons aussi des clichés réalisés par Louis Froissard photographe du Service municipal de la voirie de Lyon[17].
- 1889 : crue de printemps (avril) et inondation.
- A Arles, le peintre Vincent van Gogh signale dans une de ses lettres (N°588 - du 30 avril 1889) une inondation du Rhône qui cause des dégâts à son appartement et à son travail entreposé là.
- Toujours à Arles, une gravure de Gérardin dans le Monde Illustré représente l'avenue de Tarascon inondée à hauteur de la paroisse actuelle du Trébon, avec des gens secourus par barques.
- 1896 : crue d'automne (novembre). Le 2 novembre 1896 une crue est signalée à Sablons (Isère)
Depuis le début du XXe siècle
- 1928 : crue d'hiver (février). Le 17 février 1928 une crue est signalée à Sablons (Isère)
- 1935 : crue d'automne (novembre) ; quartiers d'Avignon inondés
- 1936 : crue d'hiver (janvier) ; quartiers d'Avignon à nouveau inondés
- 1993 : crue d'automne (octobre) en Camargue ; débit estimé à 10000 m³.s-1 (9800 m³.s-1 relevé à Beaucaire). Vers Saint-Gilles, les digues cèdent en 14 endroits et 13000 hectares et 450 maisons sont submergés.
- 1994 : crue d'hiver (janvier) dans la basse vallée du Rhône et inondations en Camargue ; débit estimé à 10500-11000 m³.s-1 (presque 11000 m³.s-1 relevé à Beaucaire). En deux endroits, les digues cèdent encore (2000 hectares submergés et 45 maisons inondées)
- 2000 : crue et inondations en octobre dans le canton du Valais[18], elle est considérée comme "exceptionnelle" par les spécialistes avec des débits moyens supérieurs à celle de 1993
- 2002 : crue d'automne (fin novembre).
- À Tarascon, un débit de 9500 m³.s-1 est mesuré.
- À Avignon l'île de la Bartelasse est inondée ainsi que les environs de Saint-Gilles (vers le 27 novembre)
- 2003 : crue d'automne (début décembre). À cette date, il s'agit de la plus grande crue historique mesurée avec un débit instantané de 13000 m³.s-1 le 4 décembre à 3h00 à Beaucaire[19]. La Compagnie nationale du Rhône (CNR) dans son rapport de synthèse indique un débit horaire supérieur à 12500 m³.s-1[20]. Le débit a été depuis révisé à 11500 m³.s-1 + ou - 5%[6]. Voir aussi CNR[7] et mairie d'Arles[8].Les dégâts sont particulièrement dramatiques dans la plaine du Bas-Rhône (au sud de Tarascon)[21] par suite de rupture des digues.
- Les digues cèdent au nord d'Arles et toute l'agglomération construite au nord-est de la cité depuis 1900 est sous les eaux, qui sont bloquées au sud et à l'est par les digues du canal du Viguerat. Pour la seule ville d’Arles, la Fédération Française des Assurances (FFA) comptabilise plus de 8000 sinistrés.
- Plus au sud, d'autres digues cèdent en aval de Fourques[22] sur la rive droite du Petit Rhône, et la Petite Camargue jusqu’à Aigues-Mortes est submergée comme lors des inondations de novembre 1840.
Morphologie et dynamique fluviale
Article connexe : Dynamique fluviale.Le Lac Léman induit une coupure totale entre le Haut-Rhône et le Rhône aval en matière de charge sédimentaire.
Rhône en amont du Léman
Histoire de la protection contre les crues en Suisse Des origines jusqu’au XIXe siècle Daniel L. Vischer [14]
Rhône à l'aval du lac Léman[23]
La diversité du bassin se répercute sur les conditions de production et d’alimentation du Rhône en charge sédimentaire : diversité géologique du bassin, héritage des formations glaciaires, conditions morphoclimatiques contrastées de dégradation des bassins… L’aménagement du Rhône confié à la CNR pour les besoins de la navigation et de la production hydroélectrique a été presque mené à son terme. Seuls demeurent à courant libre le court tronçon de part et d’autre du confluent de l’Ain (abandon du projet d’aménagement de Loyette) et le Rhône à l’aval de Beaucaire. La succession de 20 aménagements a totalement remodelé le Rhône sur le reste du linéaire.
Les caractères morphologiques généraux
La dynamique fluviale naturelle du Rhône et de ses affluents, et la structure des pentes qui en est l'image, est fortement marquée par l'héritage des dernières glaciations.
En amont, jusqu'à Lyon pour le Rhône (et Valence pour l'Isère), les glaciers quaternaires (dernier maximum glaciaire il y a environ 18000 ans) ont laissé des alternances de zones surcreusées (les ombilics) et de zones proéminentes (les verrous). Les ombilics sont occupés par des lacs glaciaires lorsqu'ils étaient situés à l'écart des cours d'eau principaux capables de les réalluvionner (lac d'Annecy, lac du Bourget). En revanche, s'ils étaient situés sur un axe d'écoulement majeur, ils ont été alluvionnés en tout ou partie, mais sans que la continuité du transit des graviers ait pu toujours être rétablie : le Lac Léman n'est que très partiellement alluvionné par le Haut-Rhône, la plaine de Brangue-Le Bouchage, en amont de Lyon, est alluvionnée, mais la pente y était encore faible (zone de marais).
En aval, la remontée rapide du niveau marin à la fin de la dernière glaciation il y a quelque 10000 ans (remontée de 120m : transgression flandrienne) a forcé le fleuve à déposer ses alluvions (formation de la Camargue) : les graviers n'arrivaient toujours pas jusqu'à la mer, et se déposaient à l'entrée du delta. La plupart des affluents ont eu du mal à suivre la remontée du niveau du fleuve : ils déposent leurs alluvions grossières à l'entrée de la plaine du Rhône et se terminent par un lit à méandres mobiles (Ouvèze, Aygues, Ardèche, Cèze, Gardon).
Entre ces deux secteurs, le Rhône montre un profil plus ou moins lissé avec une faible épaisseur d'alluvions, un substratum proche et des pentes relativement fortes.
La structure des pentes
Le Haut-Rhône présente une décroissance globale de la pente (à l’exception d’un secteur de gorges non pertinent pour l’analyse d’ensemble) associée à une tendance à l’alluvionnement du lit et à la réduction de la charge de fond, jusqu’à interruption de celle-ci entre le Guiers et Sault-Brenaz (pente descendant localement au-dessous de 0.2‰). Les apports de l’Ain et une recharge sédimentaire dans les terrasses würmiennes favorise une forte activité en amont de Lyon associée à une forte pente (0.8‰). Une tendance à l’alluvionnement à l’entrée de Lyon et les apports liquides de la Saône conduisent à une pente plus faible sur le tiers amont du Bas-Rhône. Le tiers central est caractérisé par une pente forte (supérieure à 0.8‰ localement) associée à de fréquents affleurements rocheux, mais qui ne font pas seuil : on est là à la limite de la pente structurale (imposée par le cadre structural et non par l’équilibre entre transits solide et liquide : « transport passif ») et d’une pente morphologique (lit librement divaguant formé d’alluvions, en échange permanent avec le transport par charriage : « transport actif »). La pente diminue ensuite régulièrement jusqu’au delta.
Apports grossiers et apports fins
Dynamique sédimentaire du Rhône : généralités
Le transit sédimentaire couvre une large gamme de matériaux. On distingue classiquement deux modes de transport : le transport par charriage sur le fond des alluvions grossières et le transport en suspension des sédiments fins.
Lorsqu’il s’agit de comprendre les évolutions morphologiques du Rhône, la distinction charriage / suspension est fondamentale. La transition entre les deux modes de transport se situe en général dans les sables plutôt grossiers (entre 200µm et 1mm). Sur tout le cours du Rhône, c’étaient les graviers et galets qui, avant les grands aménagements, constituaient le transit sédimentaire « actif », c’est-à-dire qui façonnait le lit du fleuve. Les sédiments fins (limons et sables) transportés en suspension jouaient un rôle secondaire dans les marges alluviales.
Les graviers et galets n’atteignaient pas la mer : ils contribuaient à l’alluvionnement à l’entrée du delta. Les apports de graviers sont aujourd’hui insignifiants.
Les limons et argiles sont emportés loin des côtes et contribuent à la sédimentation pélagique.
En définitive, seuls les sables jouent un rôle actif dans la dynamique sédimentaire du littoral. Les sables qui participent à la dynamique du littoral sont transportés en suspension dans le Rhône, y compris dans la partie deltaïque.
Dynamique sédimentaire du Rhône : l'exemple du Valentinois
Le trait dominant de la plaine de Valence est une surface déprimée, encadrée au nord, à l’est et au sud par des collines ou lambeaux de plateaux surtout molassiques, de formes et de hauteurs modérées (200 à 300m).
Le fond molassique Miocène fut recouvert par les alluvions fluvio-glaciaires de l’Isère, dont les terrasses marquent aujourd’hui encore la forme de la plaine, et les dépôts périglaciaires des rivières descendant du massif du Vercors et formant des cônes de déjection entre les buttes molassiques. Plus au sud, les dépôts périglaciaires abondants de la Drôme formèrent, à la confluence, une vaste plaine alluviale en éventail qui rejeta progressivement le cours du Rhône au pied des versants ardéchois.
Le Rhône apporta ses propres alluvions : par endroits, l’élargissement de son lit fluvial est propice aux accumulations sédimentaires. Le fleuve a naturellement tendance, sur sa basse plaine, à divaguer. Sa pente longitudinale assez forte engendre des vitesses d’écoulement importantes. L’Isère, à quelques kilomètres en amont de Valence, lui apporte près du quart de ce que roule déjà le fleuve. Ajouté aux eaux torrentielles de ces affluents en période de pluie ou de fonte des neiges, ce Rhône puissant peut devenir énorme et sauvage.
Les facteurs de perturbation de la dynamique fluviale
A partir du milieu du XVIIIe siècle, des endiguements insubmersibles sont construits par les riverains. Ils restent cependant peu nombreux jusque vers 1840. A la suite des graves inondations de 1840 est créé le « Service spécial du Rhône ». A cette date débute la construction systématique de digues insubmersibles dans la plaine d’inondation.
En parallèle, un principe d’aménagement du chenal est adopté pour améliorer les conditions de navigation selon un tracé sinusoïdal à grand rayon de courbure. Des digues submersibles sont construites le long des rives concaves. Le barrage systématique des bras secondaires est engagé. Parfois, le double objectif de protection des terres et de fixation du chenal navigable conduit à des digues insubmersibles, comme à Pierre-Bénite.
La loi de 1878 déclare d’utilité publique « les travaux d’amélioration du Rhône entre Lyon et la mer ». Les aménagements connaissent alors une expansion rapide.
Girardon (1884) révolutionne les conceptions de l’aménagement à courant libre. Il modifie l’utilisation des épis plongeants et noyés, des seuils de fond, des tenons et des traverses selon une méthode qui sera appliquée sur le Rhône aval avec succès [in Poinsart, 1992]. Les « casiers » résultent de l’association systématique des tenons aux digues basses. L’objectif est de tendre vers un chenal de 150 m de large en général, avec une profondeur d’eau d’1 m 60 sous l’étiage conventionnel.
En 1938, l’aménagement du Rhône à courant libre est à peu près systématique entre Lyon et Arles. Le tressage a disparu au profit d’un lit unique sans latitude de divagation, muni d’annexes hydrauliques de plus en plus déconnectées.
Durant les années 1980, la CNR réalisa le Canal de Savières afin de permettre la navigation entre le Lac du Bourget (qui est le plus grand lac naturel de France) et le Rhône. Le niveau du canal du Haut-Rhône est monté de 4 m et une écluse a été construite pour permettre le passage des bateaux. Un barrage fut érigé pour régulariser le niveau de l'eau afin d'accueillir ce nouveau canal long de 4500 m.
L’aménagement CNR
Dès 1899, l’aménagement de Miribel-Jonage (barrage de Jons et usine de Cusset) constitue la première exploitation du Rhône pour l’hydroélectricité.
La CNR est créée en 1934. L’aménagement général du Rhône par la CNR a débuté en 1950 avec la mise en eau de Génissiat. Il s’agit du seul barrage de haute chute du Rhône. L’aménagement a porté ensuite dans les années 1950/1960 sur la partie centrale du Bas-Rhône (chute de Donzère-Mondragon). Il s’est poursuivi dans les années 1970 par l’aménagement des tiers aval et amont du Bas-Rhône, puis dans les années 1980 par l’aménagement du Haut-Rhône.
A l’exception de Génissiat, il s’agit d’ouvrages de basses chutes, entièrement effaçables, associés (sauf sur Seyssel et Vaugris) à des dérivations. Le débit dérivé varie de 700 m³.s-1 sur le Haut-Rhône à 2200 m³.s-1 sur le Bas-Rhône aval. Il est en moyenne 1,5 fois supérieur au module.
L’aménagement du Rhône pour la production hydroélectrique et la navigation concerne ainsi la quasi-totalité du linéaire : seul le tronçon entre Sault-Brenaz et Lyon (avec l’abandon du projet de chute de Loyette) et l’aval de Vallabrègues jusqu’à la Camargue ne sont pas concernés.
L’impact de ces aménagements sur le transit des graviers est lié à deux grands facteurs : la perturbation du régime des pentes dans les retenues et la perturbation du régime des débits dans les tronçons court-circuités.
Dans la retenue
Dans les retenues, la pente est nulle ou faible pour tous les débits ordinaires et les crues annuelles. Il n’y a que pour les crues exceptionnelles que la pente tend vers la pente naturelle.
Or la capacité de transport diminue rapidement avec la pente. D’une manière générale, une réduction de 25% de la pente conduit à un transit de graviers 5 fois moindre. Une pente égale à la moitié de la pente naturelle correspond pratiquement à une pente de non transport : le débit de début d’entraînement est en effet plus que triplé : il correspond alors à un débit dépassé 1 jour tous les 10 ans en général.
Au droit du barrage
Lorsque le débit du Rhône dépasse le débit nominal de la dérivation, les vannes du barrage sont progressivement ouvertes. L’ouverture des vannes de fond permet la chasse des matériaux déposés à l’amont immédiat du barrage.
Cependant, tant qu’il demeure une perte de charge au barrage, la pente amont est inférieure à la pente naturelle, et ne permet qu’un transit partiel des graviers jusqu’au barrage. L’ouverture des vannes de fond permet l’évacuation des sédiments accumulés devant le barrage, mais pas le transit de toute la charge de fond amont.
Ce n’est que lorsque la perte de charge au barrage devient négligeable que l’on peut véritablement parler de transparence totale. La crue assure alors non seulement le transit des apports d’amont, mais également la reprise d’une partie de la sédimentation de la retenue. Cette transparence totale n’est assurée qu’à partir de la crue centennale.
Dans le Vieux Rhône court-circuité
A peu de choses près, on peut considérer que le débit dérivé est constant (en réalité, le débit dérivé est le plus souvent un peu diminué pendant les fortes crues), sauf incident dans le fonctionnement du barrage. La majeure partie du temps, il ne reste dans le Vieux Rhône que le « débit réservé », incapable de transporter des sédiments.
La fréquence des débits morphologiquement actifs est donc fortement diminuée, ce qui réduit d’autant la capacité de transport dans les RCC (Rhône court-circuité).
Les hautes eaux jusqu’à la crue annuelle assuraient avant aménagement près de 98% du transit des graviers. Sur l'aménagement de Chautagne (Haut-Rhône), la gamme de débit correspondant à des fréquences de 20 à 130 jours par an (entre 400 et 700 m³.s-1 avant aménagement) assurait le transit de 75% du transit total. Avec la dérivation de 700 m³.s-1, le Vieux Rhône est aujourd’hui au débit réservé (morphologiquement totalement inefficace) pour cette gamme de fréquence. Il n’y a que pour les débits rares (au-dessus de 900 m³.s-1 dans le Vieux Rhône, c’est-à-dire 1 jour tous les 3 ans) que le transit des graviers est peu perturbé. Mais ces débits sont peu efficaces en termes de bilan annuel. Au total, seul 1% de la capacité de transport naturelle est conservée dans le Vieux Rhône !
Sur Donzère-Mondragon (Bas-Rhône), la dérivation (1980 m³.s-1) est proportionnellement plus faible qu’à Chautagne. L’effet de réduction des débits est donc moindre, mais les incidences restent qualitativement similaires. La capacité de transport résiduelle couvre 6% de la capacité naturelle.
Les extractions de granulats
Les mouvements de matériaux sur le Rhône résultent des différents modes de gestion des sédiments mis en œuvre sur le fleuve et ses affluents. D’une façon générale, ils se traduisent, soit par des extractions de matériaux grossiers lorsque leur valorisation économique le permet (il s’agit alors de graviers, du sable grossier jusqu’au galet), soit par des déplacements sans extraction, d’un lieu à un autre du lit, de matériaux fins (des sables fins jusqu’aux argiles en passant par les limons). Les matériaux extraits correspondent au matériau participant au transport par charriage, alors que les matériaux fins remobilisés correspondent au type de matériaux participant au transport par suspension.
En dehors des raisons d’entretien du lit, les extractions de matériaux ont été historiquement motivées par des besoins économiques liés à la réalisation des aménagements du Rhône, des infrastructures routières, et plus récemment des plateformes des centrales EDF ou des remblais TGV.
Aujourd’hui, les mouvements de matériaux, extractions ou remobilisation répondent à un besoin de gestion du lit du Rhône pour les besoins propres :
- à la navigation (maintien d’un chenal navigable pour un gabarit donné)
- à l’entretien des ouvrages (barrages, vannes, écluses, etc.),
- à l’exploitation électrique (dragages énergétiques à la restitution),
- à la protection contre les crues (partie aval des affluents)
- à l’entretien du lit des RCC (décapage des bancs, charruage).
Volume moyen annuel de graviers extraits sur tout le Rhône en aval du Léman dans le lit mineur : 900000 m³.an-1.
Volume moyen annuel de matériaux fins remobilisés dans le lit mineur : 1100000 m³.an-1.
Fonctionnement actuel du Rhône
Transit sédimentaire en suspension
Transit en suspension naturel
Le transit en suspension est rapide. Il faut compter moins de 24h de transit en moyenne pour 100km. Les effets de dépôt / reprise sont relativement marginaux (sauf naturellement dans les grands réservoirs naturels – le Léman… – ou artificiels). En fonctionnement naturel, les dépôts dans les marges boisées (qui peuvent atteindre plusieurs décimètres au cours d’une crue) sont régulièrement repris par le fleuve par érosion de ces marges lors des divagations du bras vif. La faible mobilité actuelle du Rhône favorise un exhaussement irréversible de ces marges, ainsi qu’une réduction de la largeur du lit principal dans les retenues. Mais l’endiguement du fleuve limite la largeur sur laquelle s’appliquent ces évolutions, et donc les volumes concernés. Dans ces conditions, les apports du Rhône à la Camargue sont directement issus de la production du bassin versant. Il en résulte que les évolutions du bassin versant influent rapidement et directement sur les apports en suspension.
Le transit naturel a pu être estimé à 20 millions de tonnes par an dans les années 1950. Il est possible que le transit ait atteint 30 millions de tonnes par an au début du XXe siècle, au moment du maximum démographique dans les Alpes, qui avait favorisé un fort déboisement des versants.
Transit actuel
Les apports du bassin versant n'ont pas changé de façon significative depuis le milieu du XXe siècle: l'état des versants, le développement des zones de ravinement et le fonctionnement des torrents ont peu évolué. En revanche, les grands barrages piègent des volumes significatifs de sédiments fins : Vouglans sur l'Ain, Génissiat sur le Rhône, Serre-Ponçon sur la Durance, Tignes sur l'Isère, le Sautet et Monteynard sur le Drac, Sainte-Croix sur le Verdon, etc. La fixation du lit du Rhône et de certains de ses affluents a favorisé également la sédimentation dans les marges alluviales. On peut estimer les apports actuels à 10 millions de tonnes par an.
Transit sédimentaire par charriage
Transit naturel avant aménagements
Au contraire, le transit par charriage est beaucoup plus lent. Pour fixer les idées, le temps de transit est de plusieurs décennies pour 100km. La continuité du transit par charriage avant les grandes perturbations dues aux aménagements hydroélectriques et aux extractions est une hypothèse de travail satisfaisante sur beaucoup de tronçons de longueur modérée, où les variations en altitude du lit sont négligeables à l’échelle humaine. En revanche, même avant les grands travaux pour la navigation et la production hydroélectrique, il n’y avait pas continuité du transit des graviers à l’échelle d’un bassin comme celui du Rhône. Les délais depuis la dernière glaciation (de l’ordre de 15000 ans) ont en effet été insuffisants pour que les profils en long sur une telle échelle aient atteints un équilibre assurant la continuité du transit. Avant aménagement, la continuité du transit était ainsi interrompue sur le Rhône en amont de Sault-Brenaz, et réduite de manière très importante à l’amont de Lyon, ainsi qu’en Chautagne. Il en était de même dans la partie aval de plusieurs affluents (Isère, Eygues, Ouvèze, etc.). D’amont en aval, on avait avant aménagement les ordres de grandeur suivants :
- à l’aval du lac Léman, les apports étaient assurés principalement par l’Arve (100000 à 150000 m³.an-1)
- ces apports, complétés par ceux des Usses et du Fier, se déposaient progressivement, tandis que la pente diminuait de 1 ‰ à 0.2 ‰ : le transit était nul à Sault-Brenaz.
- à l’amont de Lyon, la reprise des dépôts morainiques (glaciaires) et les apports de l’Ain favorisait une pente forte avec un transit soutenu (100000 m³.an-1). La majeure partie de ce transit se déposait à l’entrée de Lyon, dans le secteur de divagation de Miribel. Le transit ne devait pas dépasser 30000 m³.an-1 à l’aval de Lyon.
- sur le Bas-Rhône, le transit reprenait progressivement à la faveur des apports des affluents, pour atteindre un maximum de l’ordre de 400000 m³.an-1 à l’aval de la Durance.
Transit actuel
Le transit des graviers a été totalement bouleversé au cours du XXe siècle:
- les apports de la plupart des affluents se sont taris, en raison des aménagements et interventions dont ils ont fait l'objet : barrages, dérivations, extractions). La Durance, l'Arve, le Fier, qui apportaient des volumes importants au Rhône, ne charrient plus guère de graviers dans leur partie terminale.
- sur le Rhône, des extractions importantes ont eu également lieu, et ont laissé des fosses d'extraction importantes.
- de toute façon, le Rhône aurait été aujourd'hui incapable de transporter les apports naturels : pentes trop faibles dans les retenues, débits trop réduits dans les tronçons court-circuités.
Au total, on arrive paradoxalement à un nouvel "équilibre" : presque pas d'apports, presque pas de transport.
Le transit de graviers ne dépasse guère quelques milliers de m³.an-1 sur la plupart des tronçons, avec un maximum de quelques dizaines de milliers de m³.an-1 entre la Drôme et l'Ardèche.
Dynamique du lit
Histoire du Rhône
Le Rhône est le seul fleuve reliant la Méditerranée à l’Europe du Nord. Il constitue depuis les Rhodiens et les Phéniciens un axe majeur de circulation des populations et des marchandises. Élément structurant dans l'organisation des territoires, le Rhône conduit aussi les hommes à se surpasser pour le dompter et surtout le traverser.
On trouve ainsi des traces d’occupation dès la préhistoire. Dès l’Antiquité, l’étain, le cuivre ou les peaux du nord sont échangées contre des productions de l’Orient et de la Méditerranée (ivoire, épices, étoffes, etc.).
En août 218 av. J.-C., Hannibal traverse le Rhône avec son armée de 80000 hommes et 37 éléphants dans le but de traverser les Alpes. L’armée romaine sous les ordres de Scipion étant toute proche sur la rive gauche du fleuve, il préfère remonter le long du fleuve à vive allure pendant 4 jours pour l’éviter et ainsi affronter l’ennemi en Italie, sur son territoire.
À l’époque romaine, il devient une voie de développement commercial. Plus tard, le vin, la vaisselle et le sel d'une part, les armes et les étoffes d’autre part empruntent en sens inverse le sillon rhodanien. La présence du fleuve permet le développement des villes comme Arles, Avignon ou Vienne qui profitent de leur atout géographique à la croisée du Rhône et des axes de communication terrestres et maritimes. Les franchissements du fleuve participent également de manière déterminante à l’histoire des villes et des territoires. Ces ponts, des ponts romains jusqu’aux ponts actuels, sont également un formidable moteur d’évolution et de progrès technique.
Divers
Le Rhône a donné son nom :
- au département français du Rhône
- au département français des Bouches-du-Rhône
- à l'ancien département révolutionnaire de Rhône-et-Loire
- à la région française Rhône-Alpes
Noms régionaux :
Etat écologique et sanitaire
Le fleuve est officiellement reconnu comme pollué par l'État français au moins au regard des polychloro-biphényles (PCB) [15] (voir le rapport CEMAGREF [16])
Annexes
Bibliographie
- Alain Pelosato "Le Rhône" Presses universitaires de France - collection Que sais-je ?
- "Le Rhône et ses crues" Alain Pelosato, Editions Naturellement 1997 ISBN 2-910370-36-4
- Jean-Paul Bravard, Le Rhône, du Léman à Lyon, version abregée d'une thèse de doctorat d'État, Editions La Manufacture, Lyon, 1987, ISBN 2-904638-56-3
- Jacques Rossiaud, Le Rhône au Moyen Âge, Éd. Aubier-Flammarion, Collection historique, Paris, 2007, (ISBN 9782700722963)
- Georges Truc, L'eau en Vaucluse. Origine, fonctionnement, potentiel et qualité des réservoirs aquifères, Éd. Conseil Général de Vaucluse, Avignon, 1991
- Le Rhône, un fleuve et des hommes, numéro spécial de la revue Le Monde Alpin et Rhodanien, 1er-3e trimestres 1999, Grenoble, Centre Alpin et Rhodanien d'ethnologie
Notes et références
- ↑ Moyenne du débit calculée à partir des débits mensuels moyens de la période 1920-2005 parus dans les bulletins mensuels de situation hydrologique du Rhône édités par la Compagnie Nationale du Rhône.
- ↑ SANDRE, « Fiche le rhône (V---0000) ». Consulté le 19 juillet 2008
- ↑ Territoire Rhône - Safege - Etude globale des crues du Rhône - volet "hydrologie" - 2001
- ↑ Le Rhône à Beaucaire
- ↑ Voir [1]
- ↑ Conférence organisée par la DIREN de bassin en juillet 2005 [2]ici
- ↑ cf. Rapport de la CNR ici
- ↑ cf. Courrier de la mairie d'Arles adressé à la DIREN, évoquant la divergence d'appréciation des chiffres de la crue [3]
- ↑ Émile Fassin – Bulletin archéologique d’Arles, 1890 n° 9, pages 135-138.
- ↑ cf. délibérations du mois d’octobre 1424
- ↑ cf. BM, Arles, ms 2219, f°153-154 : Mémoires du directeur du dessèchement, de 1674 à 1683
- ↑ Jean-Marie Rouquette - ARLES, histoires, territoires et cultures, page 794.
- ↑ Extrait des dépêches télégraphiques des préfets aux ministres de l'intérieur et des travaux publics, faisant connaître les diverses phases des inondations de mai et juin 1856, dans le bassin du Rhône / Documents officiels - Administration des ponts et chaussées - Ministère des travaux publics
- ↑ voir dégâts de l'inondation de 1856 à Lyon : [4]
- ↑ voir inondations de 1856 photographiées par Baldus [5]
- ↑ voir [6]
- ↑ voir inondations de 1856 à Lyon, photographies de Louis Froissard [7]
- ↑ voir inondations de 2000 dans le canton du Valais : [8]
- ↑ voir inondations de 2003 : [9] et [10]
- ↑ voir inondations de 2003, rapport de la CNR : [11]
- ↑ voir inondations de 2003, image spot : [12]
- ↑ voir inondations de 2003, rupture des digues de Fourques : [13]
- ↑ Territoire Rhône - Sogreah - Etude globale des crues du Rhône - Volet "Dynamique fluviale et transport solide - 2001
Voir aussi
Liens externes
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