Penfeld

Penfeld

48°22′40″N 4°29′38″O / 48.37778, -4.49389

Penfeld
La Penfeld dans la base navale de Brest.
La Penfeld dans la base navale de Brest.
Caractéristiques
Longueur 16 km
Bassin  ?
Bassin collecteur Penfeld
Débit moyen  ?
Régime pluvial océanique
Cours
Se jette dans Rade de Brest
Géographie
Pays traversés Drapeau de France France

La Penfeld[1], est un fleuve côtier français[2], long de 16 km, sur la rive gauche duquel s'est développée la ville de Brest, dans le Finistère.

En 1019[3], le fleuve s'appelait en latin Caprella issu de caprae : chèvre sauvage ou chevreuil, en breton c'havr et gavrig : cabri, chevrette. Et Brest s'appelait alors Bresta super caprellam, soit Brest-sur-Chevrette.
Le latin cap ou caput se traduit par pen en breton, tête en français, Caprella est devenu pen-rella[réf. nécessaire], variant au gré des générations en pen-vella, pen-fell puis Penfeel en 1248, germanisé plus tard au XVIIe siècle en Penfeld par un ingénieur de la Marine.

Sommaire

Géographie

Le plan du port de Brest en 1764 (alors exclusivement situé en Penfeld)

Il prend sa source sur la commune de Guipavas, passe par Gouesnou, Bohars et Guilers (hameau portant le nom de la rivière) avant de déboucher sur la mer en rade de Brest. La Penfeld s'est installée dans l'ancien cours de l'Aulne, capté vers l'ouest par l'ouverture du goulet de la rade de Brest, lors des cycles interglaciaires de l'ère quaternaire. Ce qui explique sa profondeur, permettant à des bateaux de fort tirant d'eau de remonter assez loin en amont, en fonction des marées dont le marnage peut atteindre jusqu'à huit mètres.

Son cours amont compte de nombreux moulins dont plusieurs sont toujours en activité[4]. La digue la plus en aval maintient en eau un ancien parc à bois utilisé pour conserver immergés les bois utilisés pour la construction des vaisseaux.

À Brest, la Penfeld est enjambée par le pont de l'Harteloire puis, quelques hectomètres en aval, par le pont de Recouvrance, qui était le plus grand pont levant d'Europe avant d'être détrôné par le pont levant de Rouen en 2007.

Sur ses derniers kilomètres, aux rives escarpées (versants abrupts de 25 à 30 m de haut), la Penfeld est incluse dans la base navale de Brest (Marine nationale), ancien arsenal de Brest, zone sous contrôle militaire vouée à la construction, à la réparation navale et au soutien de l'escadre de l'Atlantique.

À son embouchure, sur un site dont la valeur militaire est reconnue depuis l'Antiquité et au-delà, a été construit un château fort, le château de Brest, construit pour l'essentiel au XVe siècle et où est implantée désormais la Préfecture maritime de l'Atlantique ainsi que le Musée de la Marine de Brest.

Histoire du port en Penfeld

Vue cavalière de Brest : au premier plan Recouvrance et la Penfeld

Le chanoine Moreau décrit ainsi le port en Penfeld à la fin du XVIe siècle :

« L'entrée du chenal n'était pas, comme aujourd'hui, fermé par une chaîne [le texte date de 1860]. La rivière la Penfeld n'avait aucun barrage, et la nuit sa navigation demeurait entièrement libre. Aussi les rives, sous le château et du côté de Recouvrance, étaient-elles garnies d'une foule de bateaux parmi lesquels il y avait toujours une grande quantité de barques appartenant aux pêcheurs qui venaient journellement vendre leurs poissons aux Brestois. Les rivages, escarpés, entièrement en terre, étaient couverts à leur sommet de hautes herbes et à leur base de limon fangeux ; la rivière, mal curée, menaçait de se combler en certains endroits à cause de la vase qui obstruait son lit[5]. »

En 1882, l'"École des pupilles de la Marine" est transférée depuis Recouvrance sur les bords de la Penfeld, à La Villeneuve[6].

Descriptions du port en Penfeld

Au début du XIXe siècle

Dans Mémoires d'Outre-Tombe, daté de janvier 1814, François-René de Chateaubriand décrit ainsi les quais côté Recouvrance :

« Souvent, assis sur quelque mât qui gisait le long du quai de Recouvrance, je regardais les mouvements de la foule : constructeurs, matelots militaires, douaniers, forçats, passaient et repassaient devant moi. Des voyageurs débarquaient et s'embarquaient, des pilotes commandaient la manœuvre, des charpentiers équarrissaient des pièces de bois, des cordiers filaient des câbles, des mousses allumaient des feux sous des chaudières d'où sortaient une épaisse fumée et la saine odeur du goudron. On portait, on reportait, on roulait de la marine aux magasins, et des magasins à la marine des ballots de marchandises, des sacs de vivres, des trains d'artillerie. Ici des charrettes s'avançaient dans l'eau à reculons pour recevoir des chargements ; là, des palans enlevaient des fardeaux, tandis que des grues descendaient des pierres, et que des cure-môles creusaient des atterrissements. Des forts répétaient des signaux, des chaloupes allaient et venaient, des vaisseaux appareillaient ou rentraient dans les bassins[7]. »

À la fin du XIXe siècle

Dans sa Grande Encyclopédie publiée en 1885, Camille Dreyfus décrit le port en Penfeld, en commençant par la rive gauche, côté Brest :

« Le port proprement dit s'étend jusqu'à l' Arrière-Garde dans une longueur de rivière de 2200 mètres. Les deux rives communiquent par deux ponts flottants. Les édifices du port, dont la plupart ont été construits par Choquet de Lindu, n'ont point d'ornements, leurs lignes sont simples.Immédiatement après la porte d'entrée principale, on rencontre la forme de Brest, bassin creusé en 1683 et agrandi en 1864 pour se prêter aux dimensions des navires actuels. Vient ensuite le bel édifice du Magasin général, où l'on remarque la tour carrée de l'Horloge, et dont l'esplanade est décorée d'une gracieuse statue de Costou, l'Amphitrite, qui surmonte une fontaine, et de la Consulaire, canon pris à Alger en 1830. Plus loin est l'ancien bagne qui renferma jusqu'à 3000 forçats, la Corderie, divers magasins et ateliers, tels qu'une scierie mécanique, puis les cales de construction de Brest, au nombre de six (1833-1863), pouvant recevoir les plus grands navires. Entre l' Arrière-Garde, bâtiment flottant, et le poste défensif à terre, est une chaîne de clôture[8]. »

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Il poursuit sa description en présentant les installations portuaires de la rive droite, côté Recouvrance :

« Du côté de Recouvrance, à partir du Pont tournant, on trouve les ateliers de l'artillerie, la Salle d'armes, les ateliers de la Madeleine et du plateau des Capucins, les quatre formes de Pontaniou. Aux extrémités de ces ateliers sont deux môles de maçonnerie : l'un d'eux, dit du viaduc, est relié au terre-plein du plateau par une arche en plein-cintre de 30 mètres d'ouverture. Une des curiosités du port est la Grue du viaduc pouvant servir de machine à mâter. Citons encore les deux cales de construction dites des Bureaux, les ateliers de calfatage, les quatre cales de Bordenave. À l'extrémité nord du quai de ce nom se trouvait la colline du Salou, massif de gneiss d'une hauteur de 25 mètres, formant une pointe vers l'est, en forçant la rivière à suivre une courbe prononcée. On l'a complètement dérasée, pour creuser une gigantesque forme double dans l'esplanade obtenue, à des profondeurs qui permettent d'y entrer à toutes marées les plus grands navires tout armés. au-delà, jusqu'à l' Arrière-Garde, le quai de Quéliverzan sert à déposer les charbons de terre[8]. »

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Le même auteur poursuit ainsi sa description à propos de l'arrière-port :

« L'arrière-port, depuis ce point jusqu'à Penfeld, où se termine le bras de mer qui forme le port de Brest, renferme encore, sur une longueur de près de 2500 mètres, plusieurs établissements. Citons : la Digue, ou Île factice, destinée à accumuler les eaux douces, qui rendent par leur mélange avec l'eau de mer, le séjour des tarets impossible, ce qui a permis d'établir en ce point un dépôt de bois ; la buanderie de la marine, à l' Anse Saupin ; l'ancienne usine de la Villeneuve, vaste espace où l'on a placé dernièrement les pupilles de marine[8]. »

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Références

  1. Le d a été ajouté au XVIIe siècle par un ingénieur de la Marine sous l'influence de l'allemand feld. Le nom est masculin en breton.
  2. Fiche de la Penfeld sur le site du Sandre
  3. Vie de Saint Goueznou
  4. Les Moulins, le long de la Penfeld
  5. Chanoine Moreau, "Le Brigand de la Cornouailles, chronique bretonne sous la Ligue", A. de Vresse, Paris, 1860, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57151248/f281.image.r=Recouvrance.langFR
  6. Revue "Armée et marine" du 20 janvier 1909, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57253566/f5.image.r=Recouvrance.langFR
  7. François-René de Chateaubriand, "Mémoires d'Outre-Tombe", 1814, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1013503/f19.image.r=Recouvrance.langFR
  8. a, b et c Camille Dreyfus, "La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts", tome 7, 1885, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24642x/f1147.image.r=Recouvrance.langFR

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Penfeld de Wikipédia en français (auteurs)

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