Histoire de Chicago

Histoire de Chicago

L'histoire de Chicago commence en 1833 à la fondation officielle de la ville qui tient une place importante dans l'histoire industrielle et culturelle des États-Unis. Chicago est devenue la principale ville de l’État de l'Illinois, de la région du Middle West et la troisième des États-Unis d’Amérique, après New York et Los Angeles. Elle constitue le centre économique et culturel de la région du Middle West. La commune compte 2 853 114 habitants d'après le dernier recensement de l’année 2008, alors que la région métropolitaine, communément appelée « Chicagoland » concentre 11 679 761 habitants.

Vue de l'Exposition universelle de 1893 à Chicago

Sommaire

Avant Chicago

Article détaillé : Fort de Chicago.
Le père Marquette prêchant aux Amérindiens

Avant l'arrivée des premiers Européens, la région de Chicago était occupée par les Amérindiens Potawatomis, qui prirent la place des Miamis et des Sauk et Fox vers le milieu du XVIIIe siècle. Le nom de la ville proviendrait du mot miami-illinois « sikaakwa », déformé par les Français en « Checagou » ou « Checaguar », qui signifie « oignon sauvage »[1], « marécage » ou encore « mouffette », ce qui en dit long sur l'odeur pestilentielle qui y régnait autrefois.

Cet ancien point de passage et de liaison des Amérindiens, des explorateurs et des missionnaires, entre le Canada et le bassin du Mississippi, devint un poste permanent de traite des fourrures. C'est le coureur des bois Louis Jolliet et le père jésuite Jacques Marquette qui, en 1673, revenant d'une expédition sur le Mississippi, parvinrent à l'emplacement actuel de Chicago. Situé au milieu de vastes plaines recouvertes d'herbes hautes et denses, ils baptisèrent l'endroit « Prairies ». Neuf ans plus tard, René Robert Cavelier de La Salle, autre explorateur français, prit possession de la « Louisiane » qui couvrait tout le Mississippi jusqu'aux Montagnes Rocheuses. Le site de Chicago fit d'abord partie du Pays des Illinois. Puis les Britanniques s'emparèrent de la région au terme de la guerre de Sept Ans, par le traité de Paris en 1763.

Le Fort de Chicago, une forteresse du XVIIe siècle située sur l'emplacement de Chicago, était probablement occupée moins d'une année durant l'hiver 1685, le nom est désormais associé à un mythe selon lequel un Français possédait une garnison militaire dans un fort près de l'embouchure de la rivière Chicago, sur le futur site de Chicago. Bien que ce fort fut représenté sur un certain nombre de cartes de la région au XVIIIe siècle, il n'existe aucune preuve qu'il ait existé.

Premier établissement

Articles détaillés : Jean Baptiste Pointe du Sable et Fort Dearborn.
Fort Dearborn

Le premier établissement permanent fut fondé par Jean Baptiste Pointe du Sable à la fin du XVIIIe siècle. Ce métis, originaire de la colonie française de Saint-Domingue, construisit une première maison à Peoria[N 1] et épousa une Amérindienne[2]. Puis il s'installa à l'emplacement actuel de Chicago où il établit un comptoir commercial sur la rive nord de l'estuaire de la rivière Chicago. Il s'agissait d'un poste de ravitaillement pour les trappeurs, les marchands, les coureurs des bois et les autochtones. Son commerce devient rapidement prospère en raison de sa situation et se trouve à l'origine de la colonie permanente. En 1800, Du Sable vendit sa propriété au trappeur français-canadien Jean La Lime qui la céda quatre ans plus tard à John Kinzie, un marchand de New York[2].

Durant la guerre d'Indépendance (1775-1783), le colonel George Rogers Clark s'empara de la totalité du Pays des Illinois au nom de la Virginie et le transforma en « comté d'Illinois » afin d'exercer un gouvernement théorique sur la région. En 1795, par le traité de Greenville et sous la contrainte du colonel Anthony Wayne, les Amérindiens durent céder les terres situées à proximité de l'estuaire de la rivière Chicago. En 1803, l'achat des immenses territoires de la Louisiane française par les États-Unis renforça l'importance stratégique du lieu.

La même année, le capitaine John Whistler arriva sur le site avec l'intention d'ériger un fort[3]. Le bâtiment, appelé Fort Dearborn, fut terminé vers 1808 et accueillit les familles des soldats américains. Il fut abandonné et incendié par les Amérindiens en 1812, puis reconstruit en 1816, lorsque les Outaouais, les Ojibwa et les Potawatomi durent céder la région aux États-Unis par le traité de Saint-Louis[4]. Le Fort Dearborn fut en partie démoli pour l'aménagement d'un canal sur la rivière Chicago en 1832. Abandonné par les militaires en 1840, il fut entièrement détruit dans les incendies de 1857 et 1871. Entre temps, la région de Chicago fut intégrée au Territoire du Nord-Ouest (1787-1809), puis au Territoire de l'Illinois (1809-1818), avant de faire partie définitivement de l'État de l'Illinois depuis 1818.

Une « ville-champignon » (1833-1871)

Fondation de la municipalité

Photographie du Wrigley Building vers 1900

Le 12 août 1833, la ville de Chicago se constitua avec une charte[N 2]. Sa population s'élevait alors à 350 habitants qui vivaient sur les terres cédées par le chef amérindien Black Hawk. Ce noyau urbain était délimité par les rues Kinzie, Des Plaines, Madison et State, et englobait une superficie d'environ 1 km². Elle reçut une charte par l'État de l'Illinois le 4 mars 1837 pour se constituer en municipalité dirigée par un maire et six subdivisions appelées « wards[5] ». En 1848 furent érigés le Market Building et le premier hôtel de ville sur State Street. En 1855, le conseil municipal établit formellement le Chicago Police Department, le département des services de police de la ville de Chicago.

Le Chicago Theatre fut la première compagnie de théâtre de la ville en 1837. Le premier journal le Chicago Weekly Democrat fut fondé en 1833, suivi par le Chicago Evening Journal en 1844[6], le Chicago Daily Tribune en 1847[7] et le Chicago Daily News en 1876. En 1840, la ville comptait déjà 4 470 habitants. La ville accueillit la Convention du parti républicain en 1860 qui choisit Abraham Lincoln comme candidat à l'élection présidentielle. Pendant la Guerre de Sécession, un camp d'entraînement et de prisonniers fut aménagé au sud de la ville sur le camp de Douglas[8]. En 1865, le corps d'Abraham Lincoln fut exposé au public à l'hôtel de ville avant d'être inhumé à Springfield.

Pourtant, les contraintes naturelles du site posèrent rapidement des problèmes d'aménagement. Chicago souffrait d'un environnement marécageux qui rendait très difficile l'installation de routes et d'égouts. La boue envahissait les rues de la ville au printemps et l'image de Chicago était celle d'un endroit crasseux. Pour remédier à la situation, les autorités engagèrent d'importants travaux afin de surélever les infrastructures et d'implanter un réseau d'évacuation des eaux usées dans les années 1850. Avec la peur d'une épidémie de choléra et de typhoïde générée par la forte montée des eaux en 1885, on décida de détourner la rivière pour préserver l'eau potable du lac, en creusant un canal (Chicago Sanitary and Ship Canal) qui s'ouvrait sur le Mississippi. Ainsi, la rivière Chicago ne se déversait plus dans le lac Michigan, mais vers le golfe du Mexique.

Essor démographique

En 1779, Jean Baptiste Pointe du Sable, un marchand de peaux de descendance franco-africaine, créait la première colonie à cet emplacement stratégique. Depuis lors, Chicago a attiré des immigrants en provenance du monde entier. Au cours du premier siècle, la population de la ville de Chicago a progressé à un taux qui s'est classé parmi les plus dynamiques au monde. Chicago est alors devenue une véritable « ville-champignon[9]» qui a grandi grâce à l'afflux d'immigrés venues d'Irlande, d'Allemagne, de Pologne, d'Italie, du Royaume-Uni de Suède et de Russie et aux afros-Américains qui préféraient fuir la ségrégation raciale devenue trop virulente dans les États du sud du pays, espérant ainsi trouver à Chicago un travail dans les abattoirs et les usines de la ville. Ces derniers constituaient une main d'œuvre importante à l'industrie : vinrent d'abord des Irlandais et des Allemands à partir du milieu du XIXe siècle[10], puis des juifs et des gens d'Europe centrale.

En 1930, sur une population de 3,4 millions de personnes vivant à Chicago, 2,46 millions étaient nés à l’étranger ou nés en Amérique, de parents étrangers. Leurs enclaves ethniques se réfléchissent dans les nombreux quartiers culturellement distincts de la ville. Chicago compte parmi ses habitants de nombreuses communautés d'origine étrangère, irlandaise, italienne, roumaine, allemande, polonaise, coréenne, espagnole, grecque, vietnamienne, juive, ukrainienne, turque, chinoise et portugaise vivant l'exemple de ce « creuset démographique » (melting pot) qui, plus que dans toute autre ville américaine aura réussi à donner à la ville son caractère cosmopolite.

Dès le milieu du XIXe siècle, la présence des immigrés provoqua l'essor des Know-Nothing, un mouvement nativiste. Son candidat, Levi Boone, soutenu par la Chicago Tribune, fut élu maire[11]. Il mena une politique discriminatoire et prohibitionniste qui fut particulièrement préjudiciable aux immigrés allemands et qui provoqua, le 21 avril 1855, une émeute opposant WASP et immigrés catholiques, la Lager Beer Riot.

En l'espace de quarante ans, la population dans la commune a augmenté d'un peu moins de 30 000 à plus d'1 million d'habitants en 1890. La population de Chicago explose à partir des années 1850 : elle se multiplie par 3,7 en une décennie et accède à la neuvième place des villes les plus peuplées des États-Unis. À la fin du 19e siècle, Chicago était la cinquième ville en importance au monde, et la plus grande des villes qui n'existaient pas à l'aube du siècle. Le maximum démographique est atteint en 1950, la ville compte alors 3 600 000 habitants. Chicago fut pendant près d'un siècle, la seconde ville des États-Unis, derrière New York avant de céder sa place à Los Angeles en 1990, devenant ainsi la troisième du pays jusqu'à nos jours.

Constitution d'un carrefour de communication

Wabash Avenue en 1900

Durant l'année 1836 le premier chemin de fer (Galena & Chicago Union Railroad) arriva dans la ville[12]. Le télégraphe fut installé dès 1848[13], le téléphone en 1877[14].

Débutant sur la rivière Chicago et aboutissant sur la rivière Illinois, le Canal Illinois et Michigan creusé entre 1836 et 1847 fut ouvert en 1848. Il permit aux bateaux circulant sur les Grands Lacs de rejoindre le Mississippi en passant par Chicago : la ville connut dès lors une forte croissance démographique et économique et devint le débouché des Grandes Plaines céréalières. Les céréales, les bestiaux et le bois étaient acheminés vers la ville. En 1854, Chicago était le plus grand marché de céréales du pays[15]. En 1860, onze lignes ferroviaires avaient Chicago pour terminus et vingt autres y faisaient un arrêt[16]. La fameuse ligne Union Pacific reliant Chicago à San Francisco, fut terminée en 1869. La position géographique de Chicago en faisait un carrefour avantageux pour les sociétés de vente au détail qui s'y implantèrent (Montgomery Ward et Sears, Roebuck and Company). La fondation de la Chicago Board of Trade en 1848 s'inscrivait dans ce développement économique considérable. Au milieu du XIXe siècle, Chicago devint donc un carrefour routier et ferroviaire de première importance[10], ce qui favorisa l'essor économique de la métropole.

Premier essor économique

Le centre de Chicago en 1858

Au XIXe siècle, Chicago fut le plus grand marché mondial du bois[17], qui arrivait du Michigan par les Grands Lacs puis du Sud dans les années 1880. Il était transformé dans les nombreuses scieries et dans les industries du meuble[18].

En 1831, Cyrus McCormick inventa la moissonneuse et en déposa le brevet en 1834. En 1847, McCormick déménagea la production de machinerie agricole à Chicago. En 1850, l'entreprise employait 120 personnes, et l'année suivante, l'entreprise reçut la Council Gold Medal, à l'occasion de la grande exposition du Crystal Palace à Londres. C'était une récompense qui assurait la notoriété de la compagnie dans le monde entier. En 1871, l'usine de production fut détruite durant le grand incendie de Chicago. Les travaux de reconstruction ne débutèrent qu'en août 1872 et la nouvelle usine ne fut opérationnelle que fin 1873.

Les premières usines sidérurgiques ouvrirent en 1858 (Eber Ward et South Works). C'est en 1865 que furent inaugurés les Union Stock Yards, les abattoirs de la ville où des méthodes modernes furent rapidement appliquées par les compagnies Armour et Swift : abattage mécanisé, conserves de viandes, etc[15]. Les élites politiques et économiques de la ville résidaient sur la Michigan Avenue[19] où se concentraient les résidences à l'instar de la cinquième avenue à Manhattan.

En avril 1872, le Conseil municipal de Chicago adopte une ordonnance instituant le Chicago Public Library, un organisme chargé de la gestion et la mise en place de bibliothèques à travers toute la ville de Chicago.

Le Grand Incendie et l'essor industriel (1871-1945)

Article détaillé : Grand incendie de Chicago.
Illustration des ravages du grand incendie de 1871.

En octobre 1871, environ 10 km²[20] furent réduits en cendres par le grand incendie de Chicago (Great Chicago Fire). Les pompiers de Chicago (Chicago Fire Department) n'ont reçu la première alerte qu'à 21h40 et de forts vents soufflaient depuis le sud-ouest, en direction du centre-ville. Très vite, le feu s'est propagé sur Downtown. Le bilan fut dramatique puisque 300 personnes trouvèrent la mort et 18 000 bâtiments furent détruits, jetant à la rue environ une personne sur deux. Le feu se propagea facilement car un grand nombre d'infrastructures et d'habitations étaient construites en bois.

L'hypothèse la plus probable veut que cet incendie ait été amorcé par une vache ayant rué dans une lampe dans la grange de Patrick et Catherine O'Leary. Catherine O'Leary était le parfait bouc émissaire : elle était une femme, immigrée et catholique, une combinaison qui ne valait pas grand chose dans le climat politique du Chicago de l'époque. L'histoire circulait déjà dans Chicago avant même que les flammes ne s'éteignent et elle était publiée dans la première édition du Chicago Tribune après l'incendie. Michael Ahern, le journaliste qui avait inventé cette histoire de vache, admit lui-même en 1893 qu'il avait tout imaginé car il pensait faire un article haut en couleurs.

Photographie du bâtiment Carson, Pirie, Scott and Company Building en 1900.

Plus récemment, l'historien amateur Richard Bales en est arrivé à la conclusion que le feu aurait d'abord pris naissance lorsque Daniel Sullivan, qui a été le premier à informer les autorités des événements, a enflammé du foin dans la grange pendant qu'il essayait de voler du lait. Cependant, des preuves dernièrement mises en évidence dans le Chicago Tribune par Anthony DeBartolo suggèrent que Louis M. Cohn pourrait avoir déclenché le feu pendant une partie de jeu de dés. Dans un texte aujourd'hui disparu, Cohn aurait avoué avoir déclenché l'incendie, selon Alan Wykes dans son livre The Complete Illustrated Guide to Gambling.

Le 24 juillet 1915, une nouvelle tragédie frappa la ville, 845 personnes perdirent la vie suite au naufrage du S.S. Eastland sur la rivière Chicago alors qu'avec deux autres navires de croisière, le Theodore Roosevelt et le Petoskey, il devait emmener des employés de la Western Electric de Chicago à un pique-nique à Michigan City dans l'Indiana.

Les spéculateurs fonciers comme Gurdon Saltonstall Hubbard et les hommes d'affaires ont rapidement mis en place la reconstruction de la ville. Des dons d’argent, de nourriture, de vêtements et de mobiliers arrivèrent rapidement en provenance de la nation entière. Les premières autorisations de reconstruction furent délivrées le jour-même de l’extinction des derniers immeubles incendiés.

Pendant la reconstruction après les ravages du grand incendie, les abattoirs situés dans le sud de la ville connurent un développement sans précédent grâce à la mise en service de wagons réfrigérés permettant l'expédition de la viande à New York. En 1956, les vestiges de la maison des O'Leary furent rasés pour la construction de l’Académie des Pompiers de Chicago, un camp d’entraînement pour les pompiers de la ville.

Développement économique

Le pont de Rush Street en 1897

À la fin du XIXe siècle, l'économie de la ville se diversifia avec l'entrée dans la deuxième Révolution industrielle. La reconstruction après le Grand incendie de 1871 et le développement du chemin de fer stimulèrent les besoins en acier. En 1889, les entreprises de sidérurgie fusionnèrent pour former l'Illinois Steel Company qui réunissait environ 10 000 travailleurs[21]. Une nouvelle concentration intervinrent en 1901 lorsque l'US Steel annexa l'Illinois Steel. Les usines sidérurgiques transformaient le minerai de fer qui provenait de Mesabi par navire. Elles utilisaient le coke qui était acheminé par train du Middle West et de Pennsylvanie. La sidérurgie et les besoins en matériel contribuèrent développement des industries mécaniques : Chicago produisait des machines agricoles, des équipements pour les automobiles, des wagons (Pullman Company). La confection pour homme était dynamique jusque dans les années 1920. La chimie se spécialisa dans le traitement de l'eau, la production d'acide sulfurique et les phosphates. Les laboratoires Abbott produisaient de la pénicilline pendant la Seconde Guerre mondiale. Les industries agro-alimentaires restèrent florissantes (transformation des céréales, conditionnement de la viande, etc).

Entre 1870 et 1900 la ville de Chicago se développa de manière spectaculaire passant de 299 000 à presque 1,7 million d'habitants, la ville ayant alors la croissance démographique la plus rapide aux États-Unis. Le dynamisme économique de Chicago a amené un nombre important de nouveaux résidents des communautés et des immigrés ruraux venus d'Europe. La croissance dans les secteurs de la fabrication au détail à Chicago est venue pour dominer la région du Middle West et pour influencer considérablement l'économie de la nation. Les yards d'actions des syndicats de Chicago ont dominé le commerce d'emballage. La ville est devenue le plus grand hub du réseau de voie ferrée au monde, géré par la société connue sous le nom de Metra, contenant plus de 200 stations réparties sur 11 lignes différentes.

En 1915, l'homme d'affaire John Daniel Hertz fonda la Yellow Cab Company qui donna naissance aux célèbres taxis jaunes américains.

Tensions sociales et mouvement ouvrier

Gravure de 1886 parue dans le journal Harper's Weekly représentant la tragédie de Haymarket Square.

En juillet 1877, les ouvriers du rail de Chicago se joignirent à la grève partie de Martinsburg qui secoua les chemins de fer américains. Des affrontements entre la police et les grévistes eurent lieu sur South Halsted Street et firent 18 morts[22]. Le maire mobilisa les forces de police et six compagnies d'infanterie de l'Armée américaine pour ramener l'ordre.

Le 1er mai 1886, les ouvriers se rassemblèrent à l'usine McCormick pour revendiquer la journée de huit heures de travail quotidien, pour laquelle une grève générale mobilisant 340 000 travailleurs avait été lancée. Deux jours plus tard, les policiers tuèrent deux grévistes[23] ce qui déclencha des émeutes qui firent plusieurs morts. Sept policiers furent tués par l'explosion d'une bombe (Massacre de Haymarket Square). Quatre anarchistes furent exécutés en 1887[24],[25]. Le 1er mai servit de référence à la IIe Internationale pour la fête des travailleurs. Les grèvistes des usines de la Pullman Company dénoncèrent les baisses de salaire en 1894. À la suite de la répression organisée par le maire et le président américain Grover Cleveland[26], 12 ouvriers furent tués. Comme membre de l'American Railway Union, Eugene Debs participa à la grève et fut arrêté par les forces de l'ordre.

L'industrialisation s'accompagna d'une paupérisation d'une partie de la population. En 1889, en réponse au mouvement social dénommé settlement movement, Jane Addams fonda la première maison (Hull House) qui serva de centre d'accueil pour les pauvres : elle obtint le Prix Nobel de la paix en 1931 pour son action sociale[27].

En 1895, un scandale éclata lorsque le conseiller municipal Gray Wolves accorda une franchise à la Ogden Gas Company (qui n'existait pas) pour forcer le détenteur de la franchise existante à pouvoir acheter les droits d'Ogden pour le gaz. Des comportements similaires ont abouti à la mise en place de la ligue municipale des électeurs « Electors Municipal League » en 1896 pour mettre les conseillers municipaux véreux hors de l'hôtel de ville de Chicago.

Fin 1895, Florence Kelley dénonça les conditions de travail dans les sweatshops de la ville[28]. En 1905, Upton Sinclair publia La Jungle, un roman qui décrivait l'exploitation des immigrés lithuaniens dans les abattoirs de Chicago[29]. Cette prise de conscience encouragea le président américain Théodore Roosevelt à imposer une réglementation dans les conserveries de viande[30].

Les femmes de Chicago obtinrent le droit de vote aux élections municipales en 1913[24].

Le Chicago afro-américain (1910-1945)

La « Grande Migration »

Article détaillé : Grande migration afro-américaine.
Michigan Avenue en 1911.

Chicago a accepté des vagues de l'immigration d'Europe de l'Est de la fin de la guerre civile jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, aussi bien que des milliers d'Afro-américains. À partir des années 1910, Chicago reçut plusieurs milliers d'Afro-américains venant du Sud du pays, fuyant la ségrégation raciale devenue trop virulente et espérant trouver du travail dans les usines et les abattoirs de la ville. Ce mouvement suscité par la ségrégation raciale est appelé « Grande Migration »[31]. Avec de nouvelles populations concurrençant pour le logement limité et les travaux, particulièrement dans les quartiers sud de la ville (South Side), les tensions sociales ont monté à Chicago. Les années d'après-guerre étaient les plus difficiles. Les vétérans noirs ont recherché plus de respect pour avoir servi leur nation. Les Afro-Américains souffraient du racisme et des discriminations. Dans les années 1920, on dénombrait quelque 50 000 membres du Ku Klux Klan à Chicago[32].

Émeute raciale de 1919

Rassemblement à l'angle de la 35e et de State pendant l'émeute

Quelques mois après la réélection au poste de maire de William Hale Thompson, éclata à Chicago une émeute raciale, le dimanche 27 juillet 1919. Déclenchée à la suite de la noyade d’un jeune noir, elle se propagea à d'autres villes importantes à travers le pays et ne se termina que le 3 août, après l'intervention de plus de 6 000 gardes nationaux. Rien qu'à Chicago elles ont duré 13 jours, ont fait 38 morts, 537 blessés et des centaines de sans-abri[33],[34]. Une grande partie de la violence a été menée par des membres des clubs sportifs irlandais, qui ont eu beaucoup de puissance politique dans la ville et ont défendu leur « territoire » contre les Afro-Américains.

Lorsque l'émeute éclata, le maire se trouvait à Cheyenne dans le Wyoming pour la célébration des Frontier Days. Il rentra alors d'urgence à Chicago, alors que l'émeute était à son paroxysme. Malgré l'avis de ses conseillers, il refusa tout d'abord de faire intervenir la milice de l'Illinois afin de renforcer la police de Chicago. Ce n'est pas avant le 30 juillet, voyant s'accumuler le nombre de morts, de blessés et d'habitants dont les maisons ont été détruites, qu'il se décida enfin à demander l'intervention des gardes nationaux. Sa gestion plutôt hésitante de la crise ne lui valut pas pour autant la défiance des Noirs qui voyaient en lui le politicien qui leur était alors le plus favorable.

Une influence de plus en plus grande

La population afro-américaine passa de 15 000 personnes en 1890[35] à 44 000 en 1910[36] et 234 000 en 1930[37]. Le communauté noire commença à s'organiser : ainsi le Chicago Defender fut le premier journal noir de la ville. Chicago devint un foyer majeur du jazz américain. Un deuxième ghetto vit le jour dans le West Side. L'importance démographique des Afro-Américains s'accrut considérablement. À partir des années 1930, ils votaient majoritairement pour les candidats démocrates. En juillet 1932, Franklin Delano Roosevelt utilisa l'expression New Deal dans un discours prononcé à la convention du parti démocrate réunie à Chicago[38]. Les Afro-Américains bénéficièrent des aides mises en place par ce programme.

La « capitale du crime organisé »

Le temps des gangs et de la Prohibition

Articles détaillés : Prohibition, North Side Gang et Chicago Outfit.
Agents fédéraux détruisant des barils de whisky.

Les années allant de la fin du XIXe au début du XXe siècle furent marquées par la présence de nombreux gangs qui se partageaient le Nord et le Sud de la ville. Le Sud était dominé par la Mano Nera ou Main Noire dans le quartier de Little Italy au sud-ouest de Downtown. Big Jim Colosimo réussit à s'imposer dans le quartier italien et à centraliser tous les gangs. Colosimo est né en Calabre en 1877 et émigra en 1895 à Chicago où il devint criminel. En 1909, il dominait la Mano Nera et arrondissait aussi ses fins de mois par le vol et le proxénétisme. Pour l'épauler, il fit venir son neveu Johnny Torrio de New York. Torrio amena Al Capone avec lui. Colisimo s'opposait à l'ambition de Torrio pour développer les affaires. En 1920, Torrio s'arrangea avec Frankie Yale pour éliminer Colosimo.

Pendant la Prohibition, Chicago devint la capitale du crime organisé autour des figures de Frank Nitti, Bugs Moran et Al Capone. Les gangsters de la ville profitaient de sa situation proche du Canada, d’où parvenaient les cargaisons d’alcool de contrebande[39]. Surtout, ils trouvaient des complicités, des juges et des policiers corrompus. En 1929, la guerre des gangs fit 29 morts dans la ville, un record pour l'époque[40]. De nombreux gangs de la ville furent alliés à l'Outfit, comme le Valley Gang, un gang de rue d'origine irlandaise qui était surtout spécialisé dans les vols et les cambriolages.

Le 14 février 1929, une fusillade entre les deux principaux gangs fit sept morts : on parla alors du Massacre de la Saint-Valentin. C'est le temps des gangsters, de la corruption et de la violence : John Dillinger, bandit notoire et auteur de braquages, de meurtres de policiers et de plusieurs évasions font de lui un mythe américain auprès d'une partie de la population, qui le compare à « Robin des Bois ». Le 22 juillet 1934, il fut tué au cours d'une fusillade, dans le quartier de Lincoln Park, en présence de sa compagne Polly Hamilton, après être allé voir le film L'Ennemi public no 1 (Manhattan Melodrama) au cinéma Biograph. Il a reçu 3 balles, dont une dans le visage. Selon les informations du F.B.I., Dillinger avait été dénoncé par Ana Cumpanas, propriétaire d'une maison close.

L'empire Capone

Articles détaillés : Al Capone et Massacre de la Saint-Valentin.
Al Capone, photographié par la police de Chicago.

Personnage le plus emblématique du crime organisé, Al Capone contrôlait 161 bars clandestins et 150 tripots dans la fin des années 1920. L’un d’entre eux, l’Hawthorne Smoke Shop, situé dans Hawthorne Inn, rapportait 50 000 dollars par jour. Il possédait aussi 22 maisons de passe.

Le chiffre d’affaires de l’empire de Capone avoisinait les 105 millions de dollars par an mais les coûts de fonctionnement étaient élevés. Les pots-de-vin à la police représentaient 30 millions à eux seuls. Malgré tout, les bénéfices restaient colossaux. Les hommes travaillant pour Capone gagnaient 250 dollars par semaine. Comparés aux employés de la Western Electric, ils étaient riches. Capone portait des costumes à 5 000 dollars, alors qu'il n’avait que 25 ans. Il continua donc à prospérer des années durant. Éliminant sur son passage plusieurs adversaires tels Dion O'Banion et Hymie Weiss. Tous les meurtres qu’il commit restèrent impunis. Tous les procès contre les coups qu’il porta furent abandonnés soit faute de preuve, soit faute de témoin.

La maison d'Al Capone dans les années 1920 au 7244 South Prairie dans le quartier de Greater Grand Crossing.

Capone a souvent réglé ses comptes lui-même et a tué à plusieurs reprises. Il fut également le commanditaire de nombreux meurtres à travers la ville. La plus connue de ses tueries est sans doute le Massacre de la Saint-Valentin, survenu le 14 février 1929.

La police de Chicago n’était pas capable de prouver ni ses meurtres, ni ses trafics d’alcool, ni ses rackets, les enquêteurs se concentrèrent donc sur les dépenses de ce dernier, les comparant méticuleusement à ses revenus déclarés. Les Incorruptibles (The Untouchables) était le surnom qui fut donné par la presse américaine à un groupe d'agents du trésor américain (dont le plus célèbre est Eliot Ness) qui lutta pour faire respecter la prohibition et finnissèrent après une lutte sans merci à boucler Capone pour fraudes fiscales. Après des centaines d’interrogatoires, il était clair que ses revenus étaient bien plus importants que ce qui était déclaré. On chiffra ses revenus nets en 1924 et 1929 à 1 035 654 dollars et 84 cents, représentant 215 080,48 dollars d’impôt. On lui laissa une chance de payer, il refusa.

Le 5 juin 1931, il fut donc inculpé pour fraude fiscale, fut jugé le 17 octobre et condamné à 11 ans de prison et 80 000 dollars d’amende. Capone finit par être jugé, arrêté puis emprisonné dans une prison du comté de Cook à la prison d’État d’Atlanta, puis en 1934 sur l'île d'Alcatraz, près de San Francisco. En 1939, attaqué par la syphilis, il fut envoyé à Terminal Island, près de Los Angeles.

Sam Giancana et le clan Kennedy

En 1963, la mafia de Chicago aurait assassiné John F. Kennedy, le 35e Président des États-Unis (ainsi que son frère, Robert Kennedy, en 1968) en raison des menaces que l'administration Kennedy faisait peser sur le crime organisé. En effet, l'administration Kennedy voulait faire arrêter Jimmy Hoffa, puissant patron du syndicat des cammionneurs qui participait au blanchiment d'argent de la mafia italo-américaine de Chicago, à travers un complexe système utilisant l'argent de la caisse de retraite des Teamsters. C'est Sam Giancana, boss de l'Outfit à l'époque qui aurait fait tuer les frères kennedy. De plus, Joseph Kennedy n'avait pas payé sa dette envers la mafia pour son aide lors des élections de 1960 à Chicago. Il fut par ailleurs démontré que la mafia avait collaboré avec la CIA dans le cadre de tentatives d'assassinat de Fidel Castro et que celle-ci avait donc également un intérêt particulier à l'égard de Cuba. De plus, Kennedy et Giancana avaient une maîtresse commune, Judith Campbell. Celle-ci entama une liaison avec le président américain, qui durera jusqu'à l'été 1962, tout en étant parallèlement avec Giancana. Les liaisons Campbell-Kennedy-Giancana sont citées publiquement pour la première fois en 1975. Judith Campbell en profita pour expliquer sa théorie sur l'assassinat de Kennedy. Selon elle, Kennedy fut assassiné par la mafia de Chicago, plus précisément par Sam Giancana, car il aurait utilisé la Mafia pour être élu président et l'aurait abandonnée ensuite, déclarant une guerre totale au crime organisé.

La mafia aujourd'hui

L'ascension puis la chute de l'empire d'Al Capone dans les années 1920 et 1930 ainsi que son arrestation pour fraude fiscale n'a pas définitivement mis un terme au crime organisé dans la ville de Chicago. En effet, son gang fut largement relayé depuis, car la mafia de Chicago, connue sous le nom d'Outfit n'a jamais cessé ses activités et existe encore de nos jours. Le noyau de l'organisation ne comprendrait que 200 à 300 membres Affranchis et environ 1250 associés, c'est-à-dire moins que les organisations criminelles des autres villes. Les domaines dans lesquels ils opèrent incluent le prêt à taux usurier, la prostitution, les assassinats, le racket, les cambriolages, les braquages, les escroqueries financières, le blanchiment d'argent, le trafic de drogue, les trafics en tous genres, l'évasion fiscale ou encore les vols de voitures.

Chicago, foyer de modernité (1871-1945)

Article détaillé : Architecture à Chicago.
Le Home Insurance Building en 1885, devient le premier gratte-ciel au monde.

Innovations architecturales et urbanistiques

Articles détaillés : Exposition universelle de 1893 et Plan Burnham.
Jackson Park au début des années 1900 avec la Statue of the Republic au premier plan, a servi de lieu pour l'Exposition universelle de Chicago.

Sur le plan culturel, à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, Chicago se présente comme un « laboratoire des idées neuves[41] ». L'aspect de la ville changea fondamentalement. Le Grand incendie de Chicago (1871) permit aux urbanistes de penser à une reconstruction de la ville selon des critères modernes. L'exposition universelle (World Columbian Exposition) attira 26 millions de visiteurs en 1893. Elle servit de cadre à un congrès international d'historiens au cours duquel Frederik Jackson Turner présenta sa théorie de La Frontière[42].

L'exposition universelle fut également l'occasion pour les promoteurs du mouvement architectural City Beautiful de réaliser plusieurs édifices qui font désormais partie du patrimoine de Chicago : le Musée de la Science et de l'Industrie dans le quartier de Hyde Park et le célèbre métro aérien (Union Loop), qui entoure toujours le quartier des affaires de la ville baptisé le Loop (Boucle). Quelques années plus tard fleurit l'école d'architecture de Chicago, qui eut un rayonnement international. La ville devint le laboratoire d'expériences architecturales : en 1885, le Home Insurance Building, premier gratte-ciel au monde en armature d'acier y fut construit. Frank Lloyd Wright arriva à Chicago en 1889 et élabora un nouveau style d'architecture domestique, les prairie houses. En 1909, Daniel Burnham dessina un nouveau plan d'urbanisme appelé Plan Burnham qui prévoyait une série de projets innovants pour la restructuration urbanistique du centre-ville de Chicago en plan hippodamien, notamment avec la construction de nouvelles rues, la rénovation et l'élargissement de boulevards déjà existants, la construction de plusieurs bâtiments municipaux, l'installation de nouveaux parcs (comme Jackson Park), la mise en place d'un nouveau chemin de fer, l'aménagement de nombreux espaces verts sur le littoral et de nouvelles installations portuaires[43]. La Tribune Tower, l'une des tours les plus symboliques de la ville fut érigée entre 1922 et 1925. Dés 1938, Chicago accueillit l'architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe qui contribua à diffuser l'influence du style Bauhaus en Amérique. De nouveaux édifices furent construits tels que le Merchandise Mart et le Chicago Board of Trade Building, achevé en 1930.

L'exposition « Century of Progress » appelée aussi « World's Fair » a lieu entre 1933 et 1934 près de Northerly Island. La principale attraction était le Sky Ride, ouvrage unique en son genre, il peut être défini comme une sorte de pont transbordeur léger à cabines multiples. Il fut monté juste le temps de l'exposition, courant 1933 pour être démonté à la fermeture en 1934.

Nouvelles institutions culturelles

La période 1871-1945 vit la création d'institutions culturelles qui font encore aujourd'hui la réputation de Chicago. La plus importante bibliothèque municipale, la Harold Washington Library ouvrit ses portes dès 1873. L'Institut de l'Art de Chicago en 1879, le Musée Field d'histoire naturelle en 1893 et le Musée de la Science et de l'Industrie en 1933 comptent parmi les musées les plus importants du pays. L'orchestre symphonique de Chicago fut fondé en 1891.

Rayonnement universitaire

L'Université de Chicago, de nos jours

Chicago devint un foyer culturel rivalisant avec les métropoles de la côte est des États-Unis, notamment New York. L'Université de Chicago fut fondée en 1890 grâce a un don du philanthrope John D. Rockefeller et a commencé ses premiers cours le 1er octobre 1892. Elle fut l'une des premières universités américaines conçues comme combinaison de la formule américaine de l'université des arts libéraux et de la formule allemande de l'université de recherche. Son premier président, William Harper, souhaitait développer la recherche sur le modèle des universités allemandes[41]. L'établissement ouvrit dès le début ses portes aux filles et aux Noirs[41]. L'université se distingua par la création d'un département de sociologie dès 1892. Trois ans plus tard apparut la revue American Journal of Sociology.

La première école de Chicago s'attacha à étudier les relations interethniques et la délinquance dans les grandes villes aux États-Unis. Les représentants de cette première école furent notamment William I. Thomas, Ernest Burgess et Robert E. Park. Le département de sociologie de l'université de Chicago connut son âge d'or entre 1918 et 1935[44]. Les sciences dures furent également bien représentées : l'université de Chicago fut le site de la première réaction nucléaire contrôlée, réalisée le 2 décembre 1942 sous le direction d'Enrico Fermi.

Le berceau du jazz

Article détaillé : Chicago Jazz.

Enfin, Chicago devint, avec La Nouvelle-Orléans, l'un des berceaux du jazz au début du XXe siècle. C'est le 26 février 1917 que fut enregistré « Livery Stable Blues » par The Original Dixieland Jazz Band[45]. La ville accueillit Louis Armstrong dans les années 1920 qui fit ses premiers enregistrements et travailla avec Joe « King » Oliver[46]. L’orchestre d’Oliver fut le meilleur et le plus influent orchestre de hot jazz de Chicago. Le jazz de Chicago se caractérise par une importance accrue des solos individuels.

Une des principales raisons de la venue de nombreux musiciens noirs au début des années 1920 à Chicago a été la fermeture par décret de Storyville, qui fut le « Quartier des spectacles » de la Nouvelle Orléans, déclenchant ainsi un vaste mouvement de musiciens en particulier à Chicago. En outre, l'offre de travail à Chicago était grande, notamment dans les abattoirs et les usines de textiles. La discothèque du Friar's Inn était à l'époque l'un des principaux lieux de rendez-vous pour les amateurs de jazz. Certains élèves de la classe moyenne blanche, qui a entendu le style New Orleans Jazz dans les quartiers sud de Chicago ont commencé à copier le modèle noir, où ils ont développé leur propre style. Le saxophone est devenu très important, surtout en tant qu'instrument soliste. La basse et la guitare ont pris le relais sur le tuba et le banjo, en insistant davantage sur la batterie.

Au XXIe siècle, Chicago continue à avoir une scène jazz vibrante et innovante, telle que le festival de jazz annuel de Chicago (Chicago Jazz Festival).

Crise économique et urbaine (1945-1990)

La municipalité de Richard J. Daley (1955-1976)

Article détaillé : Richard J. Daley.
Richard Joseph Daley en 1971.

Cette période fut aussi marquée par l’action du démocrate Richard J. Daley, maire de Chicago de 1955 à 1976. Daley est considéré comme un maire auquel revient le mérite d'avoir su éviter à Chicago le même déclin économique que d'autres villes industrielles de la Rust Belt, et d'avoir mis en chantier plusieurs constructions d'importances mondiale, telles que l'aéroport international O'Hare, la Willis Tower et de nombreuses autres infrastructures. Richard Michael Daley, son fils, fut le deuxième plus ancien maire de Chicago en restant à la tête de la ville durant 22 ans (1989-2011).

Pendant les 21 années de son mandat, il dota la ville d'un palais des congrès, de plusieurs voies rapides comme la Kennedy Expressway, la Northwest Expressway, la Chicago Skyway, la Dan Ryan Expressway et la Southwest Expressway[N 3], aménagea l'aéroport international O'Hare en 1963 et rénova le secteur du Loop où plusieurs tours sortirent de terre. La Willis Tower fut construite en 1974 et devint l’une des fiertés de la ville, avec ses 110 étages et 442 mètres de haut, l’immeuble reste le plus haut du monde jusqu’en 1998. Le campus de l'Université de l'Illinois à Chicago fut agrandi. Les ghettos noirs furent en partie rénovés : les Robert Taylor Homes en 1962 étaient un ensemble de 28 immeubles pouvant loger quelque 27 000 habitants des quartiers sud (South Side), plus particulièrement dans les quartiers de Bronzeville, South Shore et East Side[47]. La foire internationale de 1959 (International Trade Fair) célèbra l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent et Chicago reçut la visite de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni.

Cependant, les mandats de Richard Daley furent également marqués par la désindustrialisation : alors qu'en 1954 Chicago est la première ville américaine pour la production d'acier[21], la décennie suivante vit des fermetures en cascade. La sidérurgie ne fut pas le seul secteur touché : les abattoirs furent délocalisés à Kansas City en 1971 ; le chômage augmenta et les friches industrielles se multiplièrent. En outre, sa politique urbanistique fut contestée à Lincoln Park, quartier abritant une importante communauté porto-ricaine et le siège des Young Lords.

Blizzard de 1967

Article détaillé : Blizzard de Chicago de 1967.

le 26 janvier 1967, 58 cm de neige sont tombés sur Chicago et sa banlieue, avant que la tempête se calme lendemain au petit matin. Cette tempête de neige est à ce jour la plus importante dans l'histoire de Chicago[48]. La tempête fait des ravages dans les communautés de la ville où des milliers de personnes se sont trouvées sans électricité. Environ 800 bus du Chicago Transit Authority et 50 000 véhicules sont abandonnés dans les rues de la ville de Chicago et sur les autoroutes de la région. Des incidents de pillages ont eu lieu: en un seul incident, une fillette de dix ans est devenu une fatalité quand elle a été pris dans une fusillade entre la police et les pillards. Dans un autre incident, un homme est mort après avoir été renversé par un chasse-neige. Au total, 26 habitants de Chicago ont perdu la vie dans le blizzard, dont beaucoup d'attaques cardiaques chez les personnes âgées causées par le déblayage de la neige[49]. Il y eut plus de 50 décès liés à la tempête dans la région métropolitaine[50].

Émeutes de 1966 et 1968

Le 12 juin 1966 pendant la première parade portoricaine sur Division street, la première émeute impliquant des portoricains aux États-Unis a commencé. L'émeute fut l'une des nombreuses perturbations urbaines à travers le pays dans les années 1960. Elle fut à l'origine de l'assassinat d'un jeune homme d'origine portoricaine par la police de Chicago. Les émeutes ne dureront que deux jours, grâce à l'intervention d'éducateurs sociaux et de dirigeants communautaires qui se sont rassemblés pour élaborer des stratégies afin de calmer les esprits. La cause sous-jacente des émeutes de Division Street a été la détérioration des conditions économiques auxquelles sont confrontés les immigrés Portoricains et Afro-Américains.

Le 4 avril 1968, des émeutes éclatèrent dans les quartiers Sud et les quartiers Ouest de la ville après l'assassinat de Martin Luther King, des violences ont éclaté dans les ghettos afro-américains des quartiers Ouest de Chicago sur environ 28 blocs de West Madison Street. Les pillages et les incendies criminels ont eu lieu principalement dans le corridor entre Roosevelt Road au sud et Chicago Avenue au nord.

Le lendemain, le maire Richard J. Daley a imposé un couvre-feu sur toute personne de moins de 21 ans, des rues fermées à la circulation automobile et a interdit la vente d'armes, de munitions et de matières inflammables. Environ 10 500 policiers de Chicago ont été envoyés pour protéger les pompiers, bientôt rejoints par 6 700 gardes nationaux de l'État de l'Illinois. Il a fallu deux jours pour rétablir l'ordre, même si certaines bandes de jeunes ont continué à piller et brûler. On a recensé plus de 125 incendies (voitures, poubelles, magasins..). Onze personnes, toutes noires ont trouvé la mort et plus de cinq cents personnes ont été blessées. Près de trois mille personnes ont été arrêtées.

Si les quartiers sud n'ont pas été ravagés par les émeutes de 1968, c'est en partie dû au fait que deux grands gangs de rue et bien organisés, les « Blackstone Rangers » et les « East Side Disciples », ont su garder le contrôle sur les quartiers. Leurs dirigeants ne voulaient pas les voir ravagés et ruinés.

Déraillement de 1977 sur l'Union Loop

Onze personnes y trouvèrent la mort et centre quatre-vingt passagers furent blessées à des degrés divers[51]; À cette date, plusieurs déviations des rames avaient dues être mises en place suite à l'impossibilité de faire rouler les rames dans leur sens de circulation habituel sur l'Union Loop.

Vu les retards et la saturation de la voie, les trains furent stoppés aux stations et également entre celles-ci. Ignorant le feu et les instructions de sécurité, une rame redémarra de la station State/Lake et percuta à 17h27 la rame en attente vers la station Randolph/Wabash. Malgré la faible vitesse de 22 km/h, le conducteur de la rame de derrière ne relâcha pas la pédale d'accélérateur et le train percuté se trouvant dans le virage fut soulevé et termina sa course 7 mètres plus bas sur le trottoir[52].

Certaines circonstances de l'accident restent inexpliquées et le chauffeur de la rame fautive, Stephan Martin, fut incriminé pour non-respect de plusieurs règles de securité. Chauffeur pour le Chicago Transit Authority depuis 1969, il était déjà connu pour sa légèreté face aux règles de sécurité et son habitude de parler aux voyageurs en conduisant[53].

Les rames furent rapidement déblayées et le service reprit le 5 février 1977 à 6h30.

Blizzard de 1979

Article détaillé : Blizzard de Chicago de 1979.

Entre le 13 et le 14 janvier 1979, une tempête de neige majeure touche la région de Chicago. 41,9 cm de neige sont tombés le 13 janvier, établissant un nouveau record de neige en une seule journée. À la fin du 2e jour, 47,8 cm de neige était tombée. Cela a entraîné d'importantes complications sur le réseau des transports en commun du Chicago Transit Authority, particulièrement pour le métro aérien dans le Loop, les rails étant gelés.

La réponse de l'administration de Michael Bilandic, alors maire de l'époque était si lamentable concernant les blocages des transports et autres problèmes liés à ces intempéries que ça a abouti à l'élection de Jane Byrne, la première femme maire de Chicago. Lors d'une élection spéciale, elle a battu Michael Bilandic qui avait pris le relais suite à la mort du maire Richard J. Daley.

Ghettoïsation et lutte contre la ségrégation

Photographie d'un ghetto des quartiers sud de la ville par le photojournaliste John H. White en 1973.

À partir des années 1950, les classes aisées et moyennes quittèrent la ville de Chicago pour s’installer dans les banlieues. La ville connut alors une importante crise économique et sociale. L’économie fut frappée par la fermeture des abattoirs en 1971. Le 1er décembre 1958, un incendie se produisit à l’Our Lady of the Angels School, située dans le quartier de Humboldt Park : 92 étudiants et trois religieuses périrent dans la tragédie[54]. Ce drame favorisa l’amélioration des dispositifs anti-incendies dans les établissements scolaires du pays.

Avec l’assouplissement des lois sur l’immigration dans les années 1960, les quartiers abandonnés par les Blancs devinrent des ghettos où se concentraient les Afro-américains, les Asiatiques et les Hispaniques. Des émeutes raciales éclatèrent dans le contexte du mouvement des droits civiques. En 1963, des boycotts des écoles publiques noires furent organisés pour protester contre les classes surchargées et la ségrégation opérée par le Chicago Public Schools[47]. En 1966, Martin Luther King lança une campagne contre la discrimination, le Chicago Freedom Movement. Une partie du mouvement pour les droits civiques se radicalisa avec le Black Power et le Black Panther Party : le maire de l'époque fit assassiner deux membres influents par la police[55]. Le 12 juillet 1966, les quartiers noir de West Side furent le théâtre de violentes émeutes[56] qui firent trois morts[57].

Élu en 1983, Harold Washington fut le premier maire Afro-américain de Chicago.

Les 4 et 5 avril 1968, des émeutes survinrent après l’assassinat de Martin Luther King dans les quartiers noirs de West Side et de South Side. La garde nationale dut intervenir et le bilan fut de neuf morts[58]. En août de la même année, pendant la Convention du Parti démocrate, le maire mena une politique répressive qui donna lieu à 660 arrestations, 1000 blessés et un mort[58]. Au milieu des années 1980, des gangs de rues furent créés dans la ville en réponse à la discrimination qui ne touchait pas que les afro-américains mais également la communauté arabe-américaine, et cela en raison de la récente guerre du Golfe. Allié à la Folk Nation, The Arabian Posse Boyz, un gang de rue d'origine arabe-américaine fut formé pour protéger les Arabes américains (principalement palestino-américains) dont des étudiants, d'être victimes d'agressions à caractère raciste et du sentiment anti-arabe qui régnait dans certains quartiers.

Il fallut attendre 1983 pour voir la ville élire son premier maire noir, Harold Washington dans une des élections les plus serrées de l'histoire de la Chicago. Après qu'il eut remporté les primaires démocrates, des motivations raciales provoquèrent le ralliement des quelques caciques démocrates à la candidature du républicain Bernard Epton dont le slogan était « Avant qu'il ne soit trop tard », un appel à peine voilée au sentiment de peur.

Le mandat de Washington vit une nouvelle attention portée aux quartiers pauvres et des minorités. Son administration mit fin à la longue domination blanche dans l'attribution des contrats de la ville et des emplois municipaux. Washington est mort durant son mandat d'une crise cardiaque en 1987, peu de temps après avoir été réélu pour un second mandat.

Barack Obama, organisateur communautaire

À l'été 1985[59], Barack Obama choisit de travailler comme organisateur communautaire dans le quartier noir défavorisé de Bronzeville. Il devient adjoint de Jerry Kellman, travailleur social chrétien, membre d'un réseau d'Églises progressistes. Jusqu'en 1987, Barack Obama, surnommé « Baby Face » par les pasteurs locaux, arpente les quartiers pauvres de South Side pour aider les résidents à s'organiser dans la défense de leurs intérêts, pour obtenir le désamiantage des logements sociaux, l'ouverture de bureaux d'embauche, ou pour lutter contre la délinquance des jeunes.

À la fin de ses études, Barack Obama revient à Chicago pour enseigner le droit constitutionnel à l'Université de Chicago où il travaille jusqu'en 2004[59]. Il entre dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques. En 1992, il épouse Michelle Robinson, juriste originaire de Chicago rencontrée en 1989 dans le cabinet d'avocats où il travaille. Michelle Robinson-Obama est alors une avocate renommée, figure influente du Parti démocrate local et proche du maire de Chicago, Richard M. Daley. En 1996, Barack Obama est élu au Sénat de l'État de l'Illinois dans la 13e circonscription, couvrant essentiellement les quartiers du secteur de South Side de la ville de Chicago[59], comprenant les quartiers de Oakland, Kenwood, Hyde Park et Washington Park entre autres. Le soir de sa victoire à l'Élection présidentielle américaine de 2008, Obama prononce devant plusieurs centaines de milliers de personnes lors de son discours de victoire le 4 novembre 2008 à Grant Park[60].

Chicago depuis 1990

L'inondation en 1992

Article détaillé : L'inondation de Chicago.
Vue aérienne nord-sud, avec le pont de Kinzie Street fermé en 1999

L'inondation de Chicago eut lieu le 13 avril 1992, lorsque la paroi d'un tunnel de service passant sous la rivière Chicago fut endommagée, ouvrant une brèche qui laissa, selon les estimations, un million de mètres cubes d'eau inonder les sous-sols et les équipements souterrains dans tout le quartier du Loop. Un employé des télécommunications découvrit la fuite alors qu'elle laissait encore écouler seulement de la boue, et la ville ne jugea pas le problème sérieux et lança un appel d'offres pour réparer le tunnel.

L'eau inonda les sous-sols de plusieurs édifices de bureaux et magasins de détail du Loop, ainsi qu'une galerie commerciale souterraine. La ville évacua promptement une grande partie de Downtown, de peur que les câbles électriques ne causent des court-circuits. L'électricité et le gaz naturel se sont coupés ou ont été coupés par précaution dans la majeure partie du secteur.

Au plus fort de l'inondation, certains édifices avaient 12 m d'eau dans leur sous-sol ; aucun signe d'inondation n'était cependant visible au niveau de la rue, puisqu'elle était totalement souterraine. Là où le métro, construit dans les années 1940, traversait des secteurs déjà creusés de tunnels de la Chicago Tunnel Company, ceux-ci avaient été murés avec du béton. Au moins un de ces murs comportait une brèche de 60 cm de long et 30 cm de large, qui permit à l'eau d'inonder aussi le métro.

La fuite a finalement été arrêtée par Kenny Construction, une compagnie privée, qui a placé des bouchons d'urgence dans le tunnel submergé. Il aura fallu trois jours pour que les dégâts soient suffisamment nettoyés pour permettre aux entreprises de reprendre leurs activités, ce qui coûta à la ville un montant estimé à 1,95 milliard de dollars. L'inondation étant survenue peu avant la date d'échéance des déclarations de revenu, le ministère du revenu fédéral a appliqué les prolongations de délai habituelles en cas de catastrophe naturelle.

De nombreux Chicagoans l'appellent encore Great Chicago Leak (la grande fuite de Chicago).

Renouveau démographique

Depuis les années 1990, Chicago gagne à nouveau des habitants. Certains quartiers connaissent depuis peu un processus de gentrification, comme dans d'autres villes américaines. Ils sont rénovés et attirent de nouveau une population de classe moyenne ou bourgeoise. Les appartements du front de lac connaissent notamment un certain succès.

Un grand nombre de nouveaux gratte-ciel sortent de terre, manifestant ainsi la prospérité économique de Chicago :Two Prudential Plaza (1990, 303 mètres), Park Tower (2000, 257 mètres), 340 on the Park (2007, 205 mètres). La Trump International Hotel and Tower achevée en 2009 est le deuxième plus haut gratte-ciel de la ville et des États-Unis avec 415 mètres de hauteur. Le dernier projet en date est la Chicago Spire : les travaux ont commencé en juin 2007 et devraient s'achever en 2012. Le gratte-ciel devrait alors être le plus haut du continent américain avec 150 étages et 609,60 mètres de hauteur[61]. Néanmoins, la crise financière de 2007-2009 devrait ralentir ou arrêter de nombreux projets.

La ville a presque définitivement fait oublier sa mauvaise réputation, héritée de la période agitée de la prohibition dans les années 1930. En 2006, elle ne faisait plus partie de la liste des 25 villes américaines les moins sûres[62]. Cela est dû au renforcement et à la présence policière quasi-permanente dans de nombreux quartiers du South Side de la ville qui autrefois étaient réputés décadents. Aujourd'hui, Chicago est une belle ville, agréable, propre, très vivante, avec de larges avenues bordées d'espaces verts.

Protection de l'environnement

L’ambition du maire actuel, Richard M. Daley (fils de l'ancien maire Richard J. Daley), élu en 1989 et constamment réélu depuis, est de favoriser la protection de l’environnement tout en maintenant Chicago parmi les métropoles mondiales les plus influentes. Les récents aménagements et les projets marquent cette ambition. La superficie des espaces verts est étendue et le centre de la ville est rendu plus sûr la nuit.

Avec un nouvel horizon d'ici à 2010, le centre ville se développe plus rapidement avec une atmosphère plus dense et plus respirable. Le département qui assure l'entretien et la création des parcs de Chicago (Chicago Park District) est commis au plan de rétablissement de la biodiversité, et est chargé de la restauration des secteurs endommagés et de certains bâtiments de la ville ainsi que de la création de nouveaux édifices, y compris des jardins au-dessus des toits sur la plupart des gratte-ciel à surface plate. Le Chicago Climate Exchange est le premier système d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre au monde. Le CCX lança sa plateforme de négociation en 2003. En 2005, CCX lance le European Climate Exchange (EXC), acteur important dans les échanges à l'intérieur du marché de l'Union Européenne. Chicago est la première ville d'Amérique du Nord en matière de « toits verts » grâce à des incitations fiscales qui ont été mises en place depuis le début des années 2000[63].

La municipalité de Richard M. Daley (1989-2011)

Article détaillé : Richard M. Daley.
Richard M. Daley, maire de Chicago de 1989 à 2011.

Richard M. Daley est choisi par le Time le 25 avril 2005 comme étant le « meilleur maire des cinq plus grandes villes des États-Unis », et comme ayant du charisme et de la puissance. C'est un maire ambitieux qui connaît des réussites telles que la résurgence dans le tourisme, la modernisation du Chicago Transit Authority, la construction du Millennium Park, la reconvertion de Meigs Field, la construction de la Trump Tower, haute de 357 m (423 avec antenne), le lancement de la construction de la Chicago Spire (600 m sans antenne), la mise en place de structures pour la biodiversité et l'environnement, la lutte contre le réchauffement climatique ainsi que le développement rapide des quartiers nord (North Side) de la ville.

La ville a également été évaluée comme ayant l'économie la plus équilibrée des États-Unis en raison de son niveau élevé de diversification[64]. En 2009, la société de services financiers UBS a placée Chicago à la 9e place sur la liste des villes les plus riches du monde[65].

Il reçoit plus de 70% des voix aux élections municipales de 1999, 2003 et 2007, sans grande opposition. Il joue un rôle important dans la sélection de la ville de Chicago pour les Jeux olympiques d'été de 2016.

Il annonce en septembre 2010, qu'il ne sera pas candidat à un nouveau mandat de maire en 2011[66]. Il sera resté à la tête du gouvernement de Chicago durant 22 ans. Il est remplacé par Rahm Emanuel depuis le 16 mai 2011, qui est devenu maire de Chicago à 55% des voix.

Candidature aux Jeux olympiques d'été de 2016

Sept villes candidates ont déposé un dossier pour l'organisation de ces Jeux olympiques auprès du Comité international olympique (CIO), mais le 4 juin 2008 le CIO en a retenu quatre dont Chicago, parmi Tōkyō, Madrid et Rio de Janeiro ses nouvelles concurrentes.

En 2007 la ville de Chicago est la ville américaine choisie pour se présenter à la candidature des Jeux Olympiques de 2016. De nombreuses personnalités comme Barack Obama (résident et ancien homme politique de Chicago, aujourd'hui Président des États-Unis), Michelle Obama (native de Chicago et Première dame des États-Unis), Michael Jordan (célèbre basketteur américain, surtout connu comme ancien joueur au sein des Bulls de Chicago) et Michael Phelps (champion de natation), Oprah Winfrey (célèbre présentatrice télé) ou encore Pat Quinn (Gouverneur de l'Illinois) entre autres ont soutenues le projet.

Finalement Chicago, sera avec Tōkyō, éliminée dès le premier tour. Le vote définitif a eu lieu le 2 octobre 2009 à Copenhague (Danemark). La ville organisatrice des Jeux de la XXXIe Olympiade a été désignée et dévoilée à 18h51, heure d'Europe centrale, le 2 octobre 2009 : il s'agit de Rio de Janeiro 2016, qui a battu Madrid 2016 au dernier tour.

Les surnoms

C'est son climat autant que son passé politique agité qui lui ont valu le surnom de la « Ville des Vents » (Windy City) du fait de son incapacité, malgré les déclarations dithyrambiques des politiciens locaux, d'inaugurer à temps l'Exposition universelle de la célébration du 400e anniversaire de l'arrivée de Christophe Colomb sur le continent. Celle-ci fut inaugurée un an plus tard, en 1893 ! Ce surnom signifiant en fait « qui brasse de l'air », lui fut donné par la presse de New York, et bien que péjoratif, lui est resté. Il correspond aussi à sa situation climatique. La première signification a en effet tendance à s'estomper dans la mémoire collective. Chicago est également surnommée la « Ville aux larges épaules » (City of Big Shoulders) ou encore la « Deuxième Ville » (Second City), car elle a été reconstruite en 1871 après le grand incendie et aussi parce qu'elle a longtemps été la deuxième ville la plus peuplée du pays. « La ville aux toits verts » (Green Roofs City) du fait que ses toitures végétales représentent une superficie totale de plus de 418 000 m2, en effet, le maire Richard M. Daley a fait de sa ville la première d'Amérique du Nord en matière de « toits verts » grâce à des incitations fiscales qui ont été mises en place depuis le début des années 2000. Elle est enfin appelée la « Ville dans un jardin » (City in a Garden) dû en grande partie aux nombreux parcs et espaces verts dans beaucoup de quartiers de la ville et des larges avenues de downtown bordées d'arbres et de verdure.

Notes et références

Références

  1. (en) Michael McCafferty, A Fresh Look at the Place Name Chicago. Journal of the Illinois State Historical Society 95.2 (été 2003)
  2. a et b (en) History of Jean-Baptiste Pointe DuSable, DuSable Heritage Association. Consulté le 03-07-2009
  3. (en) Fort Dearborn. The Electronic Encyclopedia of Chicago, Chicago Historical Society. Consulté le 03-07-2009
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  5. (en) Charters, Municipal. The Electronic Encyclopedia of Chicago, Chicago Historical Society. Consulté le 03-07-2009
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  15. a et b Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.205
  16. Sophie Body-Gendrot, Les villes américaines, Paris, Hachette Supérieur, 1997 (ISBN 201145218X) , p.17
  17. Jean Heffer, « La ville aux larges épaules », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.51
  18. Cynthia Ghorra-Gobin, La Ville américaine : espace et société, Paris, Nathan Université, 1998 (ISBN 2-09-191016-3) , p.37
  19. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.289
  20. 1/3 de la ville fut détruite selon Pap Ndiaye, Caroline Rolland, « La saga d'une forteresse démocrate », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.41 ; 3/4 selon Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.323
  21. a et b Jean Heffer, « La ville aux larges épaules », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.52
  22. (en) Railroad Strike of 1877. The Electronic Encyclopedia of Chicago, Chicago Historical Society. Consulté le 06-07-2009
  23. Pap Ndiaye, Caroline Rolland, « La saga d'une forteresse démocrate », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.41
  24. a et b Pap Ndiaye, Caroline Rolland, « La saga d'une forteresse démocrate », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.42
  25. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.307
  26. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.274
  27. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.323
  28. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.322
  29. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.319
  30. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.327
  31. Pap Ndiaye, Caroline Rolland, « La saga d'une forteresse démocrate », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.43
  32. André Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité (1919-1929), Paris, Hachette, 1994, p.221
  33. Christian Delacampagne, Histoire de l'esclavage. De l'Antiquité à nos jours, Paris, Le livre de poche, 2002 (ISBN 2253905933) , p.257
  34. André Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité (1919-1929), Paris, Hachette, 1994, p.229
  35. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.316
  36. André Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité (1919-1929), Paris, Hachette, 1994, p.228
  37. Pap Ndiaye, « États-Unis, un siècle de ségrégation », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°306, février 2006, p.50
  38. Bernard Vincent (dir.), Histoire des États-Unis, Paris, Champs Flammarion, 1997, (ISBN 2080813765), p.199
  39. André Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité (1919-1929), Paris, Hachette, 1994, p.286
  40. André Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité (1919-1929), Paris, Hachette, 1994, p.295
  41. a, b et c Jean-Michel Chapoulie, « Le laboratoire des idées neuves de l'Amérique », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.58
  42. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.298
  43. Hélène Trocmé, « Mille et une tours », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.60
  44. Jean-Michel Chapoulie, « Le laboratoire des idées neuves de l'Amérique », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009, p.59
  45. Histoire de Chicago, L'internaute. Consulté le 03-07-2009
  46. Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses Universitaires de France, 2007 (2°éd.) (ISBN 978-2-13-056074 6) , p.364
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Notes

  1. Peoria se trouve dans le sud-ouest de l'agglomération de Chicago
  2. Chicago eut d'abord le statut de town avant de devenir une city
  3. la Congress Expressway en 1955, la Northwest Expressway en 1960, la Dan Ryan Expressway en 1962, la Southwest Expressway en 1964

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages et revues en français

  • Jean-Michel Chapoulie, La Tradition sociologique de Chicago : 1862-1961, Seuil, 2001 (ISBN 2020419203) 
  • Collectif, Chicago, naissance d’une métropole, 1872-1922, RMN, Paris, 1987.
  • Hélène Trocmé, Chicago 1890-1930, audaces et débordements, Autrement, Paris, 2001.
  • « Chicago d'Al Capone à Obama », dans L'Histoire (ISSN 0184-2339), n°339, février 2009 [lire en ligne]
  • Jean Castex, Chicago, le chantier de la ville moderne 1910-1930, La Villette, 2009 (ISBN 2915456445) 

Ouvrages en anglais

  • B. L. Pierce, A History of Chicago, University of Chicago Press, 2008
  • Donald L. Miller, City of the Century: The Epic of Chicago and the Making of America, (ISBN 0-684-80194-9)
  • Robert G. Spinney, City of Big Shoulders: A History of Chicago, Northern Illinois University Press, 2000 (ISBN 0875805833) 
  • Harold M. Mayer, Richard C. Wade, Chicago: Growth of a Metropolis, University Of Chicago Press, 1973 (ISBN 0226512746) 
  • Donald L. Miller, City of the Century: The Epic of Chicago and the Making of America, Simon & Schuster, 1997 (ISBN 0684831384) 
  • Charles Madigan, Global Chicago, University of Illinois Press, 2004 (ISBN 0252071964) 
  • Bessie Louise Pierce, A History of Chicago, Volume I: The Beginning of a City 1673-1848, University Of Chicago Press, 2007 (ISBN 0226668398) 
  • Chicago Tribune, Chicago Days : 150 Defining Moments in the Life of a Great City, McGraw-Hill, 1996 (ISBN 1890093041) 
  • David Garrard Lowe, Lost Chicago, Watson-Guptill, 2000 (ISBN 0823028712) 

Articles connexes

Liens externes


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