Crise financière de 2007-2009

Crise financière de 2007-2009

Crise financière de 2007-2009

La crise financière initiée en 2007 et encore en cours en 2009 est une crise financière marquée par une crise de liquidité interbancaire et une crise du crédit (Credit crunch : Resserrement du crédit), qui a débuté vers juillet 2007. Elle trouve son origine dans le dégonflement de bulles économiques et par les pertes importantes des établissements financiers provoquées par la crise des subprimes.

Elle s'est accentuée en septembre 2008 avec la faillite de plusieurs établissements financiers, provoquant un début de crise systémique et la mise en difficulté de plusieurs États.

Elle a entraîné comme conséquence une chute des cours des marchés boursiers et la crise économique de 2008-2009 qui provoque un ralentissement généralisé de l'activité économique, voire des récessions dans plusieurs pays à partir de 2008.

Sommaire

L'origine de la crise financière

Article connexe : Crise des subprimes.

Les raisons conjoncturelles

La crise financière qui débute en 2007 tient son origine de la politique monétaire trop accommodante de la Réserve fédérale américaine (la Fed) au cours des années 2000 sous le mandat d'Alan Greenspan[1],[2],[3] et d'innovations financières mal maîtrisées. Parmi les responsables politiques ayant favorisé directement les conditions de cette crise par des mesures économiques et sociales, le Guardian cite Bill Clinton, George W. Bush, Gordon Brown, ainsi que, dans le domaine de la finance, les pdg anciens et actuels de la compagnie d'assurance American International Group Inc., des banques Goldman Sachs, Lehman Brothers, Merrill Lynch, Halifax-Bank of Scotland, Royal Bank of Scotland, Bradford & Bingley, Northern Rock, Bear Stearns, Bank of England et des personnalités telles que le financier George Soros, le milliardaire Warren Buffet et le président d’un fonds d’investissement US John Paulson[4].

Lors de la récession qui a suivi l'éclatement de la bulle internet en 2000-2001, la Fed a abaissé son taux directeur jusqu'à 1 %, puis l'a maintenu à un niveau trop bas, provoquant une création monétaire trop forte et un gonflement de bulles sur les marchés immobiliers et sur les matières premières. De plus, le gouvernement américain a mis en place une politique d'accession à la propriété qui a encouragé les banques à faire des prêts à des ménages en réalité non solvables, en particulier par le Community Reinvestment Act[réf. nécessaire]. Les organismes semi-étatiques Freddie Mac et Fannie Mae ont été incités à fortement abaisser leurs critères de sélections aux prêts hypothécaires.[réf. nécessaire]

En 2006, la Fed, au début du mandat de Ben Bernanke, a augmenté son taux directeur de 1% à 5% afin de réduire les pressions inflationnistes grandissantes. Cette hausse du taux directeur a provoqué un dégonflement de la bulle immobilière américaine, et a entraîné un renchérissement des mensualités de remboursement des crédits immobiliers (les crédits étant souvent à taux variables). Beaucoup[Combien ?] de ménages ont cessé de rembourser leur crédit et ont quitté leur bien immobilier, saisi puis mis en vente par les établissements de crédit, entraînant une augmentation de l'offre sur le marché immobilier, et faisant donc davantage baisser les prix. Du fait de la baisse des prix, les établissements ne récupèrent que partiellement la somme prêtée. Les effets du dégonflement d'une bulle immobilière se limitent généralement à des faillites personnelles et à des pertes réduites pour les établissements financiers. La crise de 2007-2008 est différente car les établissements de crédit immobilier n'ont pas conservé les créances immobilières dans leurs bilans, mais les ont regroupé dans des véhicules de placement, des fonds hypothécaires, pour les revendre entre autres à des fonds de pension et à des grandes banques américaines. Les fonds hypothécaires perdant de la valeur avec la fin de la bulle immobilière, et, surtout, la complexité et l'enchevêtrement des véhicules de placement rendant très difficile l'estimation de leur valeur, le bilan des établissements financiers a été aggravé, qui du fait des normes comptables de mark-to-market, ont dû fortement provisionner des dépréciations d'actifs. Ceci a provoqué un effet de contagion et une perte de confiance généralisée entre établissements financiers, ce qui a asséché le marché interbancaire (crise de liquidité). Les institutions financières, en particulier les banques d'investissement, ont été fragilisées.

Les raisons structurelles

Elles sont de plusieurs ordres.

Les années antérieurs à la crise ont vu se multiplier des innovations financières qui ont débouchés sur un marché de « 680 000 milliards de dollars »[5] peu ou pas régulé appelé aussi "shadow market". Ces innovations financières visaient à réduire les risques et ont pris notamment la forme de "produits dérivés" dont deux types ont été au coeur de la crise financière : « les produits liés à des crédits immobiliers et les produits destinés à assurer contre leur risque de défautt les Credit default swaps »[6]

Par ailleurs, la montée des profits et la baisse du poids des salaires ont provoqué un « désajustement entre l'offre et la demande »[7]. Aux États-Unis notamment les prêts "subprimes" ont permis à une partie de la population une consommation que ses revenus ne lui permettaient plus de supporter. Les inégalités de revenus sont devenues très fortes (« l'écart de rémunération entre un PDG et un salarié aux États-Unis de 1 à 40 en 1980, est passé de 1 à 411 en 2005 »[8], la création de richesse ayant été captée pour l'essentiel par une petite partie de la population ce qui n'est pas efficace économiquement[9]

Chronologie

Au cours de la crise financière de 2008, la zone euro dans son ensemble, l'Irlande, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne puis l'Allemagne ont été en récession économique[10]. Les États-Unis sont entrés en récession en décembre 2007, avec une aggravation très nette en octobre 2008.

La Belgique est rentrée en récession le 27 avril 2009 avec une chute de 1,6 pourcent de l'activité économique.

La France est entrée en récession le 15 mai 2008[11].

Crise du secteur financier

Crise de liquidité bancaire

Les incertitudes sur les engagements directs et indirects des établissements financiers en matière de crédit à risque, mais aussi la crainte d'un ralentissement général des activités de banque de financement et d'investissement, très rentables et moteurs de la croissance au cours des années précédentes, ont fini par entraîner une véritable crise de confiance, ayant connu peu de précédent, entre banques. Celles-ci ont vu se tarir leurs principales sources de refinancement, le marché interbancaire et l'émission d'ABCP ((en) asset-backed commercial paper)[12],[13].

Sur le marché interbancaire, sur lequel les banques en situation d'excédent de capitaux prêtent à celles qui en manquent, la défiance entre banques elle-même a conduit à une envolée du taux interbancaire[14].

Par ailleurs, les banques avaient mis en place au cours des années précédentes des structures de financement, appelées conduits ou SIV ((en) structured investment vehicles) qui émettaient du papier commercial à court terme à taux faible ((en) asset-backed commercial paper) vendu à des investisseurs. Les fonds levés étaient ensuite prêtés à long terme à des taux plus élevés, ce qui permettait de dégager une marge d'intérêt. Seulement, ces emprunts à court terme devaient être renouvelés régulièrement (tous les trois mois). Or, une fois la crise de confiance envers les banques engagée, les investisseurs ont cessé de financer les ABCP, obligeant les banques à les financer elles-mêmes.

La crise de liquidité bancaire a conduit les banques centrales, Banque centrale européenne (BCE) et Federal Reserve (Fed) en premier lieu, à procéder à de massives injections de liquidité sur le marché interbancaire afin de permettre aux établissements de refinancer leur activité et d'éviter le déclenchement d'une crise systémique (crise de tout le système). La première intervention a eu lieu le 9 août 2007, lorsque la BCE a injecté 94,8 milliards d'euros dans le système financier européen pour accroître les liquidités qui manquaient au marché. Il s'agit de la plus grande mise à disposition de fonds faite en un seul jour par la BCE, dépassant le prêt de 69,3 milliards d'euros fait après les attentats du 11 septembre 2001. Le même jour, la Fed injecte 24 milliards de dollars US dans le système financier de son pays.

Les banques se financent traditionnellement en empruntant sur le marché monétaire interbancaire à des échéances de trois mois. Le taux d'intérêt auquel elles empruntent (en Europe continentale, il s'agit de l'Euribor à 3 mois) est habituellement supérieur de 15 à 20 points de base (0,15 à 0,20 % en langage courant) au taux directeur de la banque centrale qui est considéré comme le taux sans risque[15]. La différence entre le taux auquel les banques empruntent et le taux directeur est appelée prime de risque (ou spread en anglais) et est calculée par l' indice TED (en) pour le cas américain. À partir de la crise de confiance du mois d'août 2007, le taux Euribor s'est envolé, atteignant 4,95 % en décembre 2007 alors que le taux directeur était de 4 % (2007) et qu'en temps normal, elles auraient emprunté à 4,20 %. En octobre 2008, l'indice TED a même atteint le niveau historique de 4 % de différence alors qu'il avait été de 0.5 % en moyenne de 2004 à 2007[16]

La forte hausse, à partir du mois d'août 2007, des taux à court terme auxquels se refinancent les banques constitue un vrai risque pour leur équilibre financier : « L'envolée des taux du marché du refinancement bancaire (Eonia et Euribor), devenus supérieurs aux taux des prêts sans risque à long terme, [constitue] une situation intenable pour les établissements financiers », écrit le 15 septembre le journal spécialisé Investir[17]. En effet, certaines banques en arrivent à emprunter à des taux élevés pour refinancer des crédits qu'elles ont accordés précédemment à des taux moindres.

La crise de liquidité est renforcée par l'asymétrie d'information entre banques, qui sont donc réticentes à se prêter entre elles[18].

Conséquences sur les comptes des banques

Les banques australienne Macquarie, américaine Bear Stearns, britannique HSBC et allemande IKB ont été parmi les premières touchées. Bear Stearns, notamment, possédait des fonds spéculatifs qui avaient misé sur une remontée du secteur immobilier pour le recouvrement de fonds prêtés par des banques. La banque a été affaiblie dés le début par la faillite de deux de ses hedge funds.

Une panique bancaire, limitée à la banque britannique Northern Rock, a eu lieu en septembre 2007. En 3 jours, les clients de la banque ont retiré 12 % des montants déposés[19].

Les grandes banques mondiales ont annoncé des résultats des troisième et quatrième trimestres 2007 en forte baisse à la suite de la crise à cause à la fois :

  • de pertes directes sur les crédits subprimes ;
  • mais surtout de dépréciations d'actifs dérivés des subprimes (la valeur des actifs financiers de type RMBS, CDO inscrite dans les comptes, établie à leur valeur de marché, a fortement baissé au cours du trimestre) ;
  • d'un net ralentissement des activités de banque d'affaires et de marché qui avaient été les moteurs des bénéfices des années précédentes (titrisation, financement des LBO et des hedge funds, fusion-acquisition, gestion d'actifs, etc.).

Les grandes banques d'affaires américaines et européennes ont enregistré d'importantes dépréciations d'actifs au troisième trimestre 2007[20] :

D'autres importantes dépréciations d'actifs ont été passées au titre du quatrième trimestre 2007 et du premier trimestre 2008.

Les grandes banques françaises cotées en Bourse ont affiché pour leur part des dépréciations d'actifs limitées au troisième trimestre 2007[22] mais plus fortes au quatrième :

  • BNP Paribas : 301 millions d'euros. Et un total de 1,2 milliard d'euros pour l'ensemble de 2007[23].
  • Crédit agricole : 546 millions d'euros. Le 20 décembre 2007, Crédit agricole SA annonce une dépréciation supplémentaire de 2,5 milliards d'euros (1,6 milliard hors fiscalité) au titre du 4e trimestre[24].
  • Dexia : 212 millions d'euros.
  • Société générale : 404 millions d'euros. Et au total 2,57 milliards d'euros[25] ou 2,9 milliards[26].
  • Natixis.

Le coût effectif de la crise pour les banques (dépréciations d'actifs au titre de la juste valeur comptable et provisions pour risques liés à la crise) est évalué à[27] :

  • 110 milliards de dollars en novembre 2007,
  • 188 milliards en mars 2008,
  • 250 milliards en avril 2008,
  • 400 milliards en juin 2008.

Les estimations du coût global de la crise sur les banques (pertes et dépréciations d'actifs) ont été en permanence revues à la hausse au cours de la crise :

  • 250 milliards de dollars selon Bear Stearns[28] et Lehman Brothers[29] vers le 7 novembre 2007,
  • 300 à 400 milliards de dollars selon Deutsche Bank en novembre 2007, dont 150 à 250 milliards liés directement aux prêts subprime et 150 milliards aux dérivés adossés à ces prêts[30],
  • 500 milliards de dollars selon Royal Bank of Scotland en novembre 2007[31].
  • 422 milliards de dollars (268 milliards d'euros) au niveau mondial, selon une estimation de l'OCDE en avril 2008. Sa précédente estimation était de 300 milliards de dollars[32].
  • 565 milliards de dollars (358 milliards d'euros) pour la seule exposition des banques au secteur des « subprimes », mais 945 milliards de dollars (600 milliards d'euros) pour le coût total de la crise financière, selon une estimation du FMI en avril 2008[33] qui révisera ce chiffre autour de 1500 milliards de dollars le 7 octobre 2008[34], à 2200 milliards de dollars le 28 janvier 2009[35], puis à 4000 milliards de dollars le 21 avril 2009[36].

Les difficultés et faillites d'établissements financiers

Aux États-Unis 
En Europe 

Conséquences sur les marchés financiers internationaux

Niveau moyen du Dow Jones Industrial, entre janvier 2006 et novembre 2008[40].

Les marchés financiers, qui avaient subi une première crise de confiance en février-mars 2007, avant de se reprendre au début de l'été, atteignent leur plus haut niveau annuel à la mi-juillet. Ils chutent à partir du 18 juillet (annonce de l'effondrement de deux hedge funds de Bear Stearns), un mouvement accentué le 9 août avec l'annonce du gel des trois fonds monétaires dynamiques de BNP Paribas Investment Partners, filiale de BNP Paribas[41]. En août 2007, Oddo Asset Management gèle plusieurs fonds d'investissement de son réseau[42],[43] et en février 2008, AXA Investment Managers suspend 3 fonds d'investissement de son réseau[44].

La chute des cours s'accentue avec la crise financière de l'automne 2008. La semaine du 6 au 10 octobre 2008 restera dans les annales comme une des pires semaines que les bourses mondiales aient connus. Le CAC40 a en effet perdu pas loin de 1000 points, soit environ 20%.

Entre le 1er janvier 2008 et le 24 octobre 2008, le CAC 40 baisse de 43,11%, le Dax (Allemagne) de 46.75%, le FTSE 100 (Royaume-Uni) de 39,86%, le Nikkei (Japon) de 50.03% et le Dow Jones (États-Unis) de 36,83%[45].

La crise a des effets sur d'autres marchés, comme celui des matières premières. Selon l'analyste John Kilduff, « c'est un effet de contagion : ce qui se passe sur les marchés des bourses et des capitaux a causé un assèchement des liquidités, obligeant plusieurs acteurs comme les hedge funds à quitter le marché de l'énergie et à liquider leurs positions[46]. »

Le renforcement de la crise à l'automne 2008

Entre septembre et octobre 2008, la crise financière s'accroît fortement, avec en particulier la faillite de Lehman Brothers. Les marchés boursiers baissent fortement.

Sauvetage du secteur financier et nouvelle régulation

Débat sur les plans de sauvetage d'urgence du secteur financier

La menace de faillite du système bancaire, qui finance l'économie, a poussé les pouvoirs publics des différents pays à intervenir à travers trois principales méthodes :

  • l'idée de cantonnement des actifs dangereux, reprise de ce qui avait déjà été mis en place lors de la crise des caisses d'épargne américaines de la fin des années 1980. C’est le principe d'origine du plan Paulson.
  • la garantie de l'État aux emprunts servant à refinancer les bilans des banques[47]. C'est la réponse à l'illiquidité des marchés de refinancement interbancaires.
  • la recapitalisation des banques par les États, en réponse aux craintes d'insolvabilité ou du moins de non respect des critères de solvabilité incarnés par le ratio tier one. C'est l'action initiée par le gouvernement britannique de Gordon Brown et reprise dans la foulée par les grands États européens.

Ces actions ont été interprétées comme le renforcement de l'action des États dans le système financier après trente années de recul du rôle de l'État. Certaines interprétations ont salué la fin du libéralisme[48] voire, comme lors de la crise boursière de 1987, la faillite du capitalisme. D'autres interprétations voient un retour vers le keynésianisme[49].

Les critiques du libéralisme économique dans le cadre de la crise s'appuient notamment sur :

  • l'absence de régulation de marchés clés de la crise, tels ceux de l'origination de prêts immobiliers aux États-Unis ou ceux des CDO.
  • la créativité et la complexité croissante de certaines activités financières, poussées notamment par l'explosion des rémunérations au bonus qui poussait à prendre toujours plus de risques.

Les partisans du libéralisme économique, tout en reconnaissant l'utilité du rôle de l'État en dernier ressort en cas de crise systématique, réfutent cette analyse. Leurs arguments se développent notamment dans les directions suivantes :

Premier point, selon eux, la crise n'a pas été provoquée par un excès de libéralisme mais en fait par des distorsions du libre marché provoquées par l'État, notamment la politique monétaire expansionniste menée par Alan Greenspan pendant les années 2002-2006, à l'origine de la bulle d'endettement, et l'obligation de prêter aux ménages les plus pauvres imposée par l'État américain aux banques, cause de l'octroi des crédits subprimes. « Sous l'influence de la loi dite Community Reinvestment Act, les banques ont eu à choisir entre renoncer à leur développement ou effectuer des prêts très risqués aux communautés désavantagées », remarque l'économiste Florin Aftalion le 14 octobre 2008[50]. De même, il estime que la titrisation de ces créances en MBS a été réalisée « avec les encouragements du Congrès ».

Deuxième point, selon les libéraux, le système financier international ne respectait plus les véritables principes du libéralisme. L'éditorialiste libéral français Nicolas Baverez juge ainsi que « Le capitalisme (…) est un mode de production fondé sur l'esprit d'entreprise et la rémunération du risque. Dans sa forme mondialisée dont la finance était la pointe avancée, il s'est écarté de ces principes en déconnectant les profits et les rémunérations des performances et des risques réels[51]. »

Enfin, les libéraux plaident pour une intervention courte de l'État, qui laisserait jouer les forces du marché dès que cela sera de nouveau possible.

Certains économistes même keynésiens s'inquiètent d'une action trop forte des États. Ainsi, l'économiste français Alain Lipietz explique dans Le Monde du 2 octobre : « Le risque face au ralentissement, c'est la relance à tout-va. » Dans le même journal, l'économiste français Michel Aglietta déclare également : « Je redoute qu'on y aille à la massue en matière de régulation[52]. » Comme le dit le journaliste du Monde, « Les interventionnistes s'effraient surtout qu'on endosse comme keynésienne l'idée honnie de privatiser les profits et de socialiser les pertes[53]. »

Test de résistances et nouvelle régulation

Début mai, les résultats des tests de résistance à la crise destinés à faire le point sur l'état des banques américaines et sur leur capacité à faire face à la conjoncture[54] a montré qu'elles avaient besoin de 74, 6 milliards de dollars. Cela a plutôt réconforté les marchés et les banques se sentent capables en général[55] de lever ses fonds sans passer par le gouvernement américain (elles continuent malgré tout de bénéficier de taux de refinancement très bas de la part de la Fed). Des observateurs s'inquiètent de l'attitude des banquiers qui semblent vouloir en revenir à des pratiques d'avant la crise[56]. Tout cela pousse Timothy Geithner à vouloir réguler le marché des produits dérivés « alors que la mémoire des dommages est encore aiguë »[57]. En juin 2009, le gouvernement américain nomme un superviseur chargé de contrôler les rémunérations des dirigeants de banques ayant reçu deux fois des fonds publics[58]. Par ailleurs il est envisagé que les régulateurs puissent faire changer les systèmes de rémunération si ceux-ci sont susceptibles d'engendrer des incitations dangereuses pour la stabilité des établissements financiers[58]

En Europe, Christian Noyer gouverneur de la Banque de France voudrait que les banques européennes soient également soumises à des tests de résistance [59]. En effet, il conteste les chiffres du FMI qui évaluent les besoins de fonds des banques européennes à 600 milliards de dollars. De tels tests permerttraient aux banques centrales européennes d'y voir plus clairs. Début juin 2009, huit économistes français et allemands, Peter Bofinger, Christian de Boissieu, Daniel Cohen, Jean Pisani-Ferry, Wolfgang Franz, Christoph Schmidt, Béatrice Weder di Mauro, Wolfgang Wiegard, réclament de vrais « stress tests » européens car ils estiment qu'il est urgent de connaitre« le véritable état de santé du système bancaire européen »[60].

Par ailleurs, une supervision financière à l'échelon européen est à l'étude par la commission européenne qui s'appuie en cette circonstance sur le rapport de Jacques de Larosière. Toutefois le Royaume-Uni semble très réticent à l'idée de « se faire dicter en dernier ressort sa conduite par une autorité européenne »[61]

Conséquences sur les autres secteurs économiques

Article détaillé : Crise économique de 2008.

La crise financière affecte l'activité économique par le biais notamment de la baisse du moral des ménages et des chefs d'entreprises, des difficultés rencontrées par les banques, du resserrement des conditions de crédits (hausse des taux d'intérêt, sélection plus forte des emprunteurs). Ces facteurs pèsent sur la consommation des ménages et sur l'investissement des entreprises, provoquant une forte réduction de la croissance. Cette crise économique de 2008, à laquelle d'autres facteurs ont contribué, se traduit par une récession aux États-Unis à partir de décembre 2007.

Pour réduire ces conséquences négatives, la réserve fédérale des États-Unis a baissé progressivement ses taux directeurs. Le mardi 18 septembre 2007 elle baisse d'un demi-point son taux directeur principal, ramené de 5,25 % à 4,75 %[62]. C'est la plus forte baisse depuis novembre 2002, lors de la crise de confiance de l'affaire Enron[63].

Des plans de relance de l'économie sont engagés en novembre et décembre 2008.

Notes et références

  1. « La crise va durer dix ans », Roland Leuschel, octobre 2008, Le Soir
  2. (en) Manipulating the Interest Rate: a Recipe for Disaster, Thorsten Polleit, Ludwig von Mises Institute, 12/13/2007
  3. The Austrian School and the Meltdown, Ron Paul, 26 septembre 2008
  4. Julia Finch, article du Guardian du 26 janvier Lundi 2009.
  5. Virginie Robert, Les produits dérivés, première étape de la réforme des services financiers, Les Echos des 15 et 16 mai 2009
  6. Virginie Robert, Les produits dérivés, première étape de la réforme des services financiers, Les Echos des 15 et 16 mai 2009
  7. Jean-Marc Vittori, Une autre lecture de la crise, Les Echos du 28 mai 2009
  8. Maguy Day, Les inégalités s'accroissent aux États-Unis, Le Monde du 1°septembre 2006
  9. Voir Thomas Piketty, Il faut taxer fortement les très hauts revenus Alternatives économiques n°276 janvier 2009, et Jean-Marc Vittori article déjà cité cité
  10. La France échappe à la récession, Le Figaro, 14/11/2008
  11. lire dans libération
  12. Selon Standard & Poor's, les 15 premiers apporteurs de liquidités du marché américain des ABCP seraient exposés à hauteur de 810 milliards USD, voir La Tribune, 4/09/2007, p. 20
  13. Les papiers commerciaux au cœur de la crise monétaire, Les Échos, 12/09/2007.
  14. « La crise du marché monétaire fait plonger les actions », Les Échos, 6/09/25007, page 31
  15. La Tribune, mercredi 19 décembre 2007, page 17
  16. Chiffres tirés des données de Blomberg : http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=.TEDSP%3AIND
  17. Le secteur bancaire reste très fragile, Sylvain de Boissieu, in Investir n°1758, 15/09/2007.
  18. (en) « Subprime crisis: Second-best solutions », Charles Wyplosz, 20 septembre 2007
  19. « Northern Rock aux pieds d'argiles », Le Journal du dimanche, 18 septembre 2007
  20. « Le marché craint un nouvel impact de la crise sur les banques » in La Tribune 12 octobre 2007, page 24 et « Le marché craint une aggravation des dégâts liés au subprime », in La Tribune, 13 novembre 2007, page 19.
  21. a  et b « Deux géants bancaires pris au piège du subprime », Les Échos, 2 octobre 2007
  22. « Les banques trébuchent après publication », Sylvain de Boissieu, in Investir du 17 novembre 2007, page 2
  23. Conférence de presse des résultats annuels 2007 de BNP Paribas, mercredi 19 février 2008
  24. Conference call exceptionnelle analystes financiers, 20 décembre 2007 après clôture de la Bourse
  25. Slideshow des résultats annuels 2007, page 37, 21 février 2008
  26. Dépêche Reuters en anglais, jeudi 21 février 2008 15:56:53, qui ajoute 276 millions dans la gestion d'actifs et 49 millions pour des activités de siège
  27. « Un an de crise des subprimes a créé une nouvelle donne financière mondiale », Sylvain de Boissieu, in Investir, 9 août 2008
  28. « Le marché craint une aggravation des dégâts liés au subprime », in La Tribune, 13 novembre 2007, page 19.
  29. « Subprime, l'addition pourrait approcher 400 milliards de dollars », in Les Échos, 13 novembre 2007, page 33.
  30. idem, La Tribune, 13 novembre 2007, page 19 et Les Échos, 13 novembre 2007, page 33
  31. idem, La Tribune, 13 novembre 2007, page 19 et idem Les Échos, 13 novembre 2007, page 33
  32. « L'OCDE chiffre les pertes liées à la crise des subprimes à 422 milliards de dollars », article paru dans le journal Le Monde, édition du 15 avril 2008 [1]
  33. « Le FMI chiffre à 945 milliards de dollars le coût de la crise financière », article paru dans le journal Les Échos, édition du 8 avril 2008 ]
  34. (en) [2]
  35. Governments Must Take Stronger Measures to Strengthen Banks
  36. FMI: la crise financière mondiale coûtera plus de 4.000 milliards de dollars
  37. Malgré le plan Paulson, les banques restent très menacées, in Investir, 13 septembre 2008, p.2
  38. Subprime: UBS et Crédit suisse touchés
  39. Northern Rock : la nationalisation passe mal, Le Figaro, 19 février 2008
  40. World-Crisis.net -- Global Financial Crisis - Dow Jones Industrial
  41. BNP Paribas IP gèle trois fonds
  42. Les fonds de trésorerie dynamique subissent les effets de la crise
  43. Reflexion » La fin du mythe des petites sociétés de gestion ?
  44. AXA IM suspend 2 fonds immobiliers britanniques
  45. Le Monde du 27/10/2008, p.10
  46. article de Challenges, 10 août 2007, qui cite John Kilduff, analyste chez MF Global.
  47. La Société Générale lance à son tour une vaste augmentation de capital
  48. Ci-gît le libéralisme, 1979-2008, 9 octobre 2008, La Tribune. Consulté le 13 décembre 2008
  49. "La revanche de Keynes", Le Monde, 2 octobre 2008
  50. in La Tribune, mardi 14 octobre 2008, page 29
  51. Nicolas Baverez, « Le libéralisme, remède à la crise », in Le Monde, mercredi 15 octobre 2008, page 30.
  52. "La revanche de Keynes", in Le Monde du 2 octobre 2008, page 22.
  53. "La revanche de Keynes", in Le Monde du 2 octobre 2008, page 22.
  54. http://www.latribune.fr/entreprises/banques-finance/banque/20090506trib000374081/stress-tests-dix-banques-vont-devoir-lever-746-milliards-de-dollars.html
  55. Virginie Robert, Les appels au marché se multiplient dans les banques américaines, Les Echos du 3 juin 2009
  56. Nicolas Madelaine, Banques-Etat : divorce sous conditions, Les Echos du 3 juin; Frédérick Lemaître, La finance comme si de rien n'était, Le Monde du 4 mai 2009.
  57. Virginie Robert, Les produits dérivés, première étape de la réforme des services financiers Les Echos des 15 et 16 mai 2009
  58. a  et b Virginie Robert, "La Maisn-Blanche s'attaque à la rémunération des banquiers", Les Echos du 19 juin 2009
  59. G.M Christian Noyer partisan des tests de résistance européens Les Echos du 28 mai 2009
  60. Les Echos du 10 juin 2009
  61. Sébastien Maillard, Vers une supervision financière plus européenne, La Croix du 26 mai 2009
  62. Money.cnn.com
  63. « La Fed donne un coup de fouet aux marchés », Investir n°1759, 22 septembre 2007

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