Charles Baudelaire

Charles Baudelaire
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Charles Baudelaire
Baudelaire par Etienne Carjat
Baudelaire par Etienne Carjat

Nom de naissance Charles Pierre Baudelaire
Activités Poète, critique d'art, essayiste, traducteur
Naissance 9 avril 1821
Paris, Royaume de France Royaume de France
Décès 31 août 1867 (à 46 ans)
Paris, Flag of France.svg Empire français
Langue d'écriture français, latin
Genres Poésie, poème en prose, essai, critique d'art
Œuvres principales
Compléments

Signature de Charles Baudelaire

Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort dans la même ville le 31 août 1867. Il est l'un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l'esthétique classique.

Aujourd'hui reconnu comme un écrivain majeur de l'histoire de la poésie mondiale, Baudelaire est devenu un classique. Barbey d'Aurevilly a vu en lui « un Dante d'une époque déchue »[1].

Au travers de son œuvre, Baudelaire opère une transformation radicale de l'esthétique dominante, en proclamant vouloir libérer l'esthétique de toute considération morale ou éthique. Comme le postule si bien le titre de son recueil Les Fleurs du mal, il a renouvelé en profondeur les motifs poétiques. Dans ses poèmes il a tenté de tisser et de démontrer les liens entre le mal et la beauté, le bonheur et l'idéal inaccessible (À une passante), la violence et la volupté (Une martyre), entre le poète et son lecteur (« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère »), entre les artistes à travers les âges (Les Phares[2]). En parallèle de poèmes graves (Semper Eadem) ou scandaleux pour l'époque (Delphine et Hippolyte), il a exprimé la mélancolie (Mœsta et errabunda) et l'envie d'ailleurs (L'Invitation au voyage). Il a aussi extrait la beauté de l'horreur (Une charogne).

Sommaire

Éléments biographiques

Autoportrait de Baudelaire

Charles Baudelaire naît au n°17 de la rue Hautefeuille à Paris. Sa mère, Caroline Archenbaut-Defayis (Dufaÿs ou Dufays, par corruption) a vingt-sept ans. Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 à La Neuville-au-Pont[3], en Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt, en 1827, Charles n'a pas six ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières, et amateur de peinture, peintre lui-même, lui laisse un héritage dont il n'aura jamais le total usufruit. Il avait épousé, en première noces, le 7 mai 1797, Jeanne Justine Rosalie Jasmin avec laquelle il eut un fils, Claude Alphonse Baudelaire, le demi-frère de Charles.

Un an plus tard, sa mère, Caroline Archimbaut-Dufays (1793-1871) se remarie avec le chef de bataillon Jacques Aupick. Le futur poète ne pardonnera jamais à sa mère ce remariage, et l'officier Aupick, devenu plus tard ambassadeur, incarne à ses yeux tout ce qui fait obstacle à ce qu'il aime : sa mère, la poésie, le rêve, et la vie sans contingences.

« S'il va haïr le général Aupick, c'est sans doute que celui-ci s'opposera à sa vocation. C'est surtout parce que son beau-père lui prenait une partie de l'affection de sa mère. [...] Une seule personne a réellement compté dans la vie de Charles Baudelaire : sa mère[4] »

En 1831, le lieutenant-colonel Aupick ayant reçu une affectation à Lyon, Baudelaire est inscrit à la pension Delorme puis suit les cours de sixième au Collège royal de Lyon, en cinquième il devient interne. En janvier 1836, la famille revient à Paris où Aupick est promu colonel en avril. Baudelaire, alors âgé de quatorze ans, est inscrit au Collège Louis-le-Grand comme pensionnaire, mais il doit redoubler sa troisième. En seconde, il obtient le deuxième prix de vers latins au concours général.

Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en avril 1839 pour une vétille[5], Baudelaire mène une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père. Il est reçu in extremis au Baccalauréat qu'il passe au lycée Saint-Louis en fin d'année. Son beau-père jugeant la vie de son beau-fils « scandaleuse », décide de l'envoyer en voyage vers les Indes, périple qui prend fin aux Mascareignes (Maurice et La Réunion) en 1841.

De retour à Paris, il s'éprend de Jeanne Duval, jeune mulâtresse, avec laquelle il connaîtra les charmes et les amertumes de la passion. Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire, et connaît, dès 1842, une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d'art et journaliste, il défend en Delacroix le représentant du romantisme en peinture, mais aussi Balzac lorsque l'auteur de La Comédie humaine est attaqué et caricaturé pour sa passion des chiffres[6] ou pour sa perversité présumée[7]. Grâce à son ami Louis Ménard, Baudelaire découvre en 1843 les « paradis artificiels » dans le grenier de l'appartement familial des Ménard : il y goûte la confiture verte. Même s'il contracte la colique à cette occasion, cette expérience semble décupler sa créativité (il fait son autoportrait en pied, très démesuré), aussi va-t-il renouveler cette expérience occasionnellement sous contrôle médical en participant aux réunions du "club des Haschischins". En revanche, sa pratique de l'opium est plus longue : il fait d'abord un usage thérapeutique du laudanum[8] dès 1847, prescrit pour combattre ses maux de tête et comme analgésique (suite aux douleurs intestinales consécutives à une syphilis, probablement contractée durant sa relation avec la prostituée Sarah la Louchette vers 1840). Comme De Quincey avant lui, l’accoutumance le fait augmenter progressivement les doses. Croyant y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements et tortures[9].

En 1848, il participe aux barricades. La révolution de Février instituant la liberté de la presse, Baudelaire fonde l'éphémère gazette Le Salut Public (d'obédience résolument républicaine), qui ne va pas au-delà du deuxième numéro. Le 15 juillet 1848, paraît dans La Liberté de penser un texte d'Edgar Allan Poe traduit par Baudelaire : Révélation magnétique. À partir de cette période, Baudelaire n'aura de cesse de clamer son admiration pour l'écrivain américain et deviendra son traducteur attitré. La connaissance des œuvres de Poe et de Joseph de Maistre atténue définitivement sa "fièvre révolutionnaire"[10]. Plus tard, il partage la haine de Gustave Flaubert et de Victor Hugo pour Napoléon III, mais sans s'engager outre mesure dans son œuvre (« L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre / Ne fera pas lever mon front de mon pupitre » - Paysage dans Tableaux parisiens du recueil Les Fleurs du mal)[11] Baudelaire se voit reprocher son écriture et le choix de ses sujets. Il n'est compris que par quelques-uns de ses pairs comme Armand Baschet, Édouard Thierry, Champfleury, Barbey d’Aurevilly, Dulamon[12], ou encore André Thomas... Cet engouement confidentiel contraste avec l'accueil houleux que réserve la presse au poète des Fleurs du mal. Dès la parution du recueil, en 1857[13], Gustave Bourdin réagit avec une extrême virulence dans les colonnes du Figaro du 5 juillet 1857 : « Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus ; —c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y côtoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect... » et cela deviendra le jugement dominant de l'époque.

Moins de deux mois après leur parution, Les Fleurs du mal sont poursuivies[14] pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Seul ce dernier chef d'inculpation condamne Baudelaire à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante, suite à une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeur, Auguste Poulet-Malassis, s'acquitte pour sa part d'une amende de cent francs, et doit retrancher six poèmes dont le procureur général Ernest Pinard a demandé l'interdiction (Les bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées [le premier poème] ; Les métamorphoses du vampire). Malgré la relative clémence des jurés, eu égard au réquisitoire qui vise onze poèmes, ce jugement touche profondément le poète, qui réalisera, contraint et forcé, une nouvelle édition en 1861, enrichie de trente-deux poèmes. En 1862, Baudelaire est candidat au fauteuil d'Eugène Scribe à l'Académie Française. Il est parrainé par Sainte-Beuve et Vigny. Le 6 février 1862, il n'obtient aucune voix et se désiste. Par la suite, il renonce à se présenter au fauteuil de Lacordaire[15]. En 1866, l'auteur réussit à publier les six pièces condamnées, accompagnées de seize nouvelles, à Bruxelles, c'est-à-dire hors de la juridiction française, sous le titre Les Épaves[16].

Tombe de Baudelaire au cimetière du Montparnasse

Le 24 avril 1864, le poète, criblé de dettes, part pour la Belgique pour entreprendre une tournée de conférences où ses talents de critique d'art éclairé ne déplacent guère les foules. Il se fixe à Bruxelles, et prépare un pamphlet contre son éphémère pays d'accueil, qui figure, à ses yeux, une caricature de la France bourgeoise. Le féroce Pauvre Belgique! restera inachevé. Pressentant la mort inéluctable de ce royaume qu'il juge artificiel, il résume son épitaphe en un mot : Enfin !

C'est en Belgique que Baudelaire rencontre Félicien Rops, qui illustre les Fleurs du mal. Lors d'une visite à l'église Saint-Loup de Namur, Baudelaire perd connaissance. Cet effondrement est suivi de troubles cérébraux, en particulier d'aphasie. À partir de mars 1866, il souffre d'hémiplégie. Il meurt à Paris de la syphilis le 31 août 1867, sans avoir pu réaliser le projet d'une édition définitive, comme il la souhaitait, des Fleurs du Mal, travail de toute une vie. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse (6e division), dans la même tombe que son beau-père, le général Aupick et sa mère.

Le Spleen de Paris (autrement appelé Petits poèmes en prose) est édité à titre posthume en 1869, dans une nouvelle édition remaniée par Asselineau et Théodore de Banville. À sa mort, son héritage littéraire est mis aux enchères. L'éditeur Michel Lévy l'acquiert pour 1750 francs. La troisième édition des Fleurs du Mal que préparait Charles Baudelaire, accompagnée des 11 pièces intercalaires, a disparu avec lui.

Révision de la condamnation de 1857

Une première demande en révision du jugement de 1857 fut introduite en 1929 par Louis Barthou ; cependant elle ne fut pas satisfaite, aucune procédure n'existant à l'époque pour ce cas. C'est par la loi du 25 septembre 1946[17] que fut créée une procédure de révision des condamnations pour outrage aux bonnes mœurs commis par la voie du livre, exerçable par le Garde des Sceaux à la demande de la Société des gens de lettres. Celle-ci décida, l'année même, de demander la dite révision pour Les Fleurs du Mal, qui fut enfin accordée, le 31 mai 1949, par la Chambre criminelle de la Cour de cassation[18],[19],[20].

Domiciles du poète

Baudelaire habita principalement à Paris, où il occupa une quarantaine de domiciles. Voici un relevé approximatif de ses adresses[21].

  • 13, rue Hautefeuille, où il naît le 9 avril 1821. La maison fut détruite lors du percement du boulevard Saint-Germain, mais on peut encore voir le n° 15.
  • 50, rue Saint-André-des-Arts, à partir de la mort de son père (1827)
  • 11, rue du Débarcadère (située à l’époque à Neuilly) (1827-1828)
  • 17, rue du Bac, à partir du second mariage de sa mère (1828), et jusqu’à la promotion de son mari le colonel Aupick (1832)
  • Lyon (1832-1836). Baudelaire est logé d’abord à la pension Delorme, puis dans l’internat du collège Royal.
  • De retour à Paris (1836): internat au lycée Louis-le-Grand, 123, rue Saint-Jacques (mars 1836-avril 1839). Sa mère et son beau-père le général Aupick habitent à cette époque la rue Culture-Sainte-Catherine, dans le Marais.
  • 22, rue du Vieux-Colombier (été 1839)
  • Pension Bailly, rue de l’Estrapade
  • Voyage dans les mers du Sud (9 juin 1841 - début février 1842)
  • 10 (devenu 22), quai de Béthune, sur l’île Saint-Louis[22], au rez-de-chaussée à gauche de la porte d’entrée, avec fenêtre sur rue (mai-décembre 1842). Il y reçoit les visites de sa nouvelle maîtresse Jeanne Duval, qu’il avait rencontré au théâtre du Panthéon (sis au « cloître St. Benoît » (rue Saint-Benoît dans le 6e ?)
  • rue Vaneau, au rez-de-chaussée (premier semestre de 1843)
  • 15, quai d’Anjou, île Saint-Louis (juin à septembre 1843)
  • hôtel Pimodan (originellement hôtel de Lauzun, puis redevenu tel plus tard)[23], 17, quai d’Anjou, île Saint-Louis. Baudelaire occupe trois pièces au dernier étage sous les combles, côté cour (octobre 1843 - 1846). Lors de son aménagement, il loge Jeanne Duval et la mère de Jeanne au 6, rue de la Femme-sans-Tête (devenue rue Le Regrattier), également sur l’île Saint-Louis.
  • À partir de 1846, Baudelaire va occuper une succession d’hôtels et de chambres garnies, souvent très brièvement. Au cours de 1846-47 il est successivement à l’hôtel Corneille (rue Corneille), au 33 rue Coquenard (devenue rue Lamartine), à l’hôtel de Dunkerque (32, rue Lafitte), au 68 (ou 36 ?), rue de Babylone, à l’hôtel Folkestone (rue Lafitte), 24, rue de Provence, 7, rue de Tournon, et autrepart encore dans des petits garnis « borgnes et introuvables »[24].
  • 18, avenue de la République (devenue avenue de Neuilly) en août 1848
  • séjour à Dijon
  • 95, avenue de la République (devenue avenue de Neuilly) à Neuilly (mai 1850-juillet 1851)
  • 25, rue des Marais-du-Temple (devenue rue Yves-Toudic)
  • 11, boulevard Bonne-Nouvelle (mai-juillet 1852)
  • hôtel du 60, rue Pigalle (octobre 1852-mai 1854) - non loin de Mme Sabatier, qui habitait au 4 ou 16, rue Frochot. La mère de Baudelaire et son mari le général Aupick habitent à cette époque au 91, rue du Cherche-Midi.
  • hôtel d’York (actuellement hôtel Baudelaire Opéra), 61, rue Sainte-Anne (février 1854)
  • hôtel du Maroc, 57, rue de Seine (mai 1854-février 1855)
  • en mars 1855 le poète subit six déménagements. Il se dit « balloté d’hôtel en hôtel ». Au début de juin il est dans des gîtes de rencontre[25].
  • hôtel de Normandie, 13, rue Neuve-des-Bons-Enfants (juin 1855)
  • 27, rue de Seine (juillet-août 1855)
  • 18, rue d’Angoulême-du-Temple (devenue rue Jean-Pierre-Timbaud) (de janvier à juin 1856). C’est là qu’il s’aménage de nouveau avec Jeanne Duval, mais les choses ne s’arrangent pas (disputes parfois violentes) et il la quitte.
  • hôtel Voltaire, 19, quai Voltaire (actuellement hôtel du quai Voltaire) (juin 1856 - novembre 1858). C’est ici que Baudelaire achève les Fleurs du Mal. L’hôtel est a deux pas de l’imprimerie du Moniteur universel, qui va publier en feuilleton un roman de Poe dans la traduction de Baudelaire, et Baudelaire dort souvent à l’imprimerie après y avoir travaillé toute la journée.
  • Allers-retours entre le domicile de sa mère à Honfleur, et le domicile de Jeanne à Paris, 22, rue Beautreillis ; avec quelques séjours à Alençon pour visiter son éditeur Poulet-Malassis (novembre 1858 - juin 1859)
  • hôtel de Dieppe, 22, rue d’Amsterdam (cet hôtel existe encore) (1859-1864). Mme Sabatier logera non loin à partir de 1860 - au 10 r. de la Faisanderie. À cette époque Baudelaire logera Jeanne Duval à Neuilly, 4 rue Louis-Philippe, où il cohabitera avec elle brièvement (décembre 1860 - Janvier 1861).
  • Séjour en Belgique (1864-1866). Baudelaire loge principalement à Bruxelles, à l’hôtel du Grand Miroir, 28, rue de la Montagne. Quand il revient (rarement) à Paris, il loge à l’hôtel du Chemin de fer du Nord, place du Nord. (Jeanne Duval habite à cette époque au 17, rue Sauffroy, dans le quartier des Batignolles.) C’est en Belgique que Baudelaire est atteint d’une congestion cérébrale lors d’une visite à Namur, à l’église Saint-Loup. Il sera rapatrié vivant mais aphasique.
  • 1, rue du Dôme, dans le quartier de Chaillot, à la clinique du docteur Duval. Baudelaire y entre en juillet 1866 et y meurt le 31 août 1867.

Baudelaire fréquentait beaucoup les cafés, puisqu’il « composait dans les cafés et dans la rue », selon un ami de jeunesse[26]. En sa jeunesse il se retrouvait souvent avec ses amis chez Duval (un marchand de vin), place de l’Odéon. Il affectionnait aussi La Rotonde, pas le café célèbre du même nom (aujourd’hui boulevard Montparnasse), mais un autre, situé dans le quartier Latin. Il mangeait souvent à la Tour d’Argent, quai de la Tournelle (restaurant qui existe encore sous le même nom, mais dont l’intérieur n’a rien en commun avec son apparence à l’époque de Baudelaire). Plus tard ce sera le café Momus, rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, le Mabille, le Prado, la Chaumière, et la Closerie des Lilas[27].

Regards sur l'œuvre

Horreur et extase

Article détaillé : Spleen baudelairien.
Baudelaire par Nadar

«Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie.» (Mon cœur mis à nu)

Toutes les grandes œuvres romantiques témoignent de ce passage de l'horreur à l'extase et de l'extase à l'horreur[28]. Ces impressions naissent chez Baudelaire du sentiment profond de la malédiction qui pèse sur la créature depuis la chute originelle. En ce sens, les Fleurs du Mal appartiennent au Génie du christianisme.

«  L'œuvre entière offre un aspect étrange et puissant, conception neuve dans sa riche et sombre diversité, marquée du sceau énergique d'une longue méditation.(...) Les Fleurs du mal appartiennent au Génie du Christianisme[29] ».

Analysant ce qu'il appelait « le vague des passions » dans la préface de 1805 à cet ouvrage, Chateaubriand écrivait : « Le chrétien se regarde toujours comme un voyageur qui passe ici-bas dans une vallée de larmes, et qui ne se repose qu'au tombeau. » Pour Baudelaire, il ne s'agit ni de littérature, ni de notions plus ou moins abstraites, mais « du spectacle vivant de (sa) triste misère ». Comme la nature, l'homme est souillé par le péché originel et, à l'instar de René ou de Werther (Goethe), Baudelaire n'éprouve le plus souvent que le dégoût pour « la multitude vile » (Recueillement). Ce qui le frappe surtout, c'est l'égoïsme et la méchanceté des créatures humaines, leur paralysie spirituelle, et l'absence en elles du sens du beau comme du sens du bien. Le poème en prose La Corde s'inspirant d'un fait vrai, raconte comment une mère, indifférente pour son enfant qui vient de se pendre, s'empare de la corde fatale pour en faire un fructueux commerce[30].

Baudelaire devait en souffrir plus que tout autre[28] : L'Albatros dénonce le plaisir que prend le « vulgaire » à faire le mal, et, singulièrement, à torturer le poète. Dans L'Art romantique, Baudelaire remarque : « C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté et que la douleur rythmée et cadencée remplisse l'esprit d'une joie calme. ». Des poèmes, comme Le Mauvais Moine, L'Ennemi, Le Guignon montrent cette aspiration à transformer la douleur en beauté. Peu avant Baudelaire, Vigny et Musset avaient également chanté la douleur.

Baudelaire a été jugé odieux et infâme à son époque car il a, sans aucune contestation possible, transcendé, surpassé les esprits de son époque. Il a su se défaire de l'influence encore énorme de la morale des mœurs qui régnaient en son temps. Il a été jugé " dérangé mentalement " car il était différent. Différent dans sa manière de concevoir les choses, et avoir une conception originale du monde et de l'humain a posé beaucoup de problèmes à certain (Spinoza par exemple). Tout comme les poètes se sont détachés de l'influence des biens matériels (d'où leurs amours pour la nature et les choses authentiques) , Baudelaire a su acquérir une objectivité sans égale en se plaçant au delà de la foule, sa poésie ne porte pas l'infâme marque d'une quelconque morale ou opinion qui sévissent dans les temps, son jugement, il l'a fait par lui même, son point de vue est né de sa propre conception de choses, et nul, mis à part des hommes d'exception ne peuvent influencer l'esprit de Baudelaire. Le poète avait conscience que son œuvre pourrait être pleinement " comprise" et appréciée dans les années à suivre , (tout comme Nietzsche), avec la délibération des mœurs d'aujourd'hui on reconnait le travail de Baudelaire.

Comment Baudelaire aurait-il pu croire à la perfectibilité des civilisations ? Il n'a éprouvé que mépris pour le socialisme d'une part, pour le réalisme et le naturalisme d'autre part[31]. Avec une exception pour le realiste Honoré de Balzac dans lequel Baudelaire voyait bien davantage qu'un naturaliste (« Si Balzac a fait de ce genre roturier [le roman de mœurs] une chose admirable, toujours curieuse et souvent sublime, c'est parce qu'il y a jeté tout son être. J'ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d'être visionnaire, et visionnaire passionné. »)[32]

Les sarcasmes à l'égard des théories socialistes (après 1848), réalistes et naturalistes se multiplient dans son œuvre. Comme Poe, dont il fera les traductions, il considère « le Progrès, la grande idée moderne, comme une extase de gobe-mouches ». Pour en finir avec ce qu'il appelle « les hérésies » modernes, Baudelaire dénonce encore « l'hérésie de l'enseignement » : « La poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'elle-même. […] Je dis que si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique ; et il n'est pas imprudent de parier que son œuvre sera mauvaise. »[33] Le poète ne se révolte pas moins contre la condition humaine. Il dit son admiration pour les grandes créations sataniques du romantisme comme Melmoth (roman noir — gothique — de Charles Robert Maturin). Négation de la misère humaine, la poésie, à ses yeux, ne peut être que révolte. Celle-ci prend une forme plus moderne dans les Petits poèmes en prose et se fait humour noir.

Art poétique

Gustave Courbet : Portrait de Baudelaire

Rejetant le réalisme et le positivisme dont il est contemporain, Baudelaire sublime la sensibilité et cherche à atteindre la vérité essentielle, la vérité humaine de l'univers, ce qui le rapproche en termes philosophiques du platonisme[réf. nécessaire]. Il écrit ainsi en introduction à trois de ces poèmes dans le Salon de 1846 : « La première affaire d'un artiste est de substituer l'homme à la nature et de protester contre elle. Cette protestation ne se fait pas de parti pris, froidement, comme un code ou une rhétorique, elle est emportée et naïve, comme le vice, comme la passion, comme l'appétit. » Et il ajoute dans le Salon de 1859 : « L'artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu'il voit et ce qu'il sent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature. ». Baudelaire énonce ainsi la découverte fondamentale de la sensibilité moderne : « Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. »

C'est pourquoi l'imagination est pour lui « la reine des facultés ». Au fait, elle substitue « une traduction légendaire de la vie extérieure » ; à l'action, le rêve. Cette conception de la poésie annonce celle de presque tous les poètes qui vont suivre. Cependant, Baudelaire n'a pas vécu son œuvre, pour lui vie et poésie, restaient, dans une certaine mesure, séparées (ce qu'il exprime en disant: La poésie est ce qu'il y a de plus réel, ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde). Là où Baudelaire et Stéphane Mallarmé ne pensaient qu'œuvre d'art, les surréalistes, après Arthur Rimbaud, penseront œuvre de vie, et essayeront de lier action et écriture. Malgré cette divergence avec ses successeurs, il fut l'objet de vibrants hommages comme celui que lui rendit le jeune Rimbaud pour qui il fut un modèle : « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » Il suffit de comparer ces quelques lignes de Baudelaire :

« […] qui n'a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs perçoivent des sensations plus retentissantes, où le ciel d'un azur plus transparent s'enfonce dans un abîme plus infini, où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent, et où les parfums racontent des mondes d'idées ? Eh bien, la peinture de Delacroix me paraît la traduction de ces beaux jours de l'esprit. Elle est revêtue d'intensité et sa splendeur est privilégiée. Comme la nature perçue par des nerfs ultra-sensibles, elle révèle le surnaturalisme[34]. »

avec ce passage du Premier Manifeste du surréalisme :

« Réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être, et c'est assez pour lever un peu le terrible interdit ; assez aussi pour que je m'abandonne à elle sans crainte de me tromper[35]. »

Ainsi, le surnaturalisme comporte en germe certains aspects de l'œuvre de Lautréamont, de Rimbaud et du surréalisme même.

C'est à propos de la peinture d'Eugène Delacroix et de l'œuvre de Théophile Gautier que Baudelaire a usé de cette formule célèbre qui caractérise si justement son art : « Manier savamment une langue, c'est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. C'est alors que la couleur parle, comme une voix profonde et vibrante, que les monuments se dressent et font saillie sur l'espace profond ; que les animaux et les plantes, représentants du laid et du mal, articulent leur grimace non équivoque, que le parfum provoque la pensée et le souvenir correspondants ; que la passion murmure ou rugit son langage éternellement semblable. »[36]

Baudelaire utilise régulièrement la synesthésie pour rapprocher les sens, notamment dans le poème Correspondances.

Seul Gérard de Nerval, avant lui, avait créé une poésie qui ne fût pas littérature. Libérée du joug de la raison, la poésie peut désormais exprimer la sensation.

« En faisant de Baudelaire le chef de file d'une poésie de la sensation, Barrès le montre s'épuisant à « chercher de sensations en sensations des frissons, des frissons nouveaux[37]. »

Et lors de l'inauguration du monument Baudelaire au cimetière du Montparnasse, Armand Dayot, inspecteur des Beaux-Arts rappellera cette recherche de la sensation : « Ce fait même d'avoir découvert un frisson nouveau, frisson qui va jusqu'à l'extrême limite de la sensibilité, presqu'au délire de l'Infini, dont il sut emprisonner les manifestations les plus fugitives, fait de Baudelaire un des explorateurs les plus audacieux mais aussi des plus triomphants de la sensation humaine[38] »

Déjà, dans ses meilleurs poèmes, Baudelaire, comme Mallarmé et Maurice Maeterlinck, ne conserve du vers classique que sa musique, évitant par les césures irrégulières, les rejets, les enjambements le caractère par trop mécanique de l'alexandrin, et annonce ainsi les prémices du vers impair de Verlaine, les dissonances de Laforgue, qui aboutiront finalement à la création du vers libre. Sans le savoir, Baudelaire fonde ainsi les bases de ce que l'on appellera plus tard le symbolisme.

Inspiré par la lecture de Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand qui, le premier, avait introduit le poème en prose en France, il compose Petits poèmes en prose et explique dans sa préface : « Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? »[39]

Jeanne Duval

Jeanne Duval est la principale muse de Baudelaire, avant Apollonie Sabatier et Marie Daubrun. Il entretint une relation tumultueuse et résolument charnelle avec cette mystérieuse quarteronne[40], proche des gens de théâtre et même comédienne secondaire au théâtre de la Porte-Sainte-Antoine. Pour fuir les créanciers, elle avait pour habitude d'emprunter diverses identités (en 1864, elle se faisait appeler Melle Prosper). On pense qu'elle s'appelait en réalité Jeanne Lemer[41]. Baudelaire paya sa pension à l'hospice à son amante. Leur ménage, fait de ruptures et de réconciliations, représentait la collusion de deux forts caractères.

Elle représente pour lui l'ignorance intacte, l’animalité pure[42].

Poèmes lui rendant hommage

Ce dernier poème, détaillant le destin réservé après la mort de Jeanne, est peu élogieux. Il est un bilan amer et cruel d'une relation qui n'a su satisfaire Baudelaire, source de plus de souffrances que de bonheur. Il se conclut ainsi « Et le ver rongera ta peau comme un remords. »[43]

Principaux ouvrages

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Baudelaire fut également parmi les premiers traducteurs en français d'Edgar Allan Poe (qu'il réunit dans plusieurs recueils, notamment les Histoires extraordinaires), qu'il contribua à faire connaître.

Éditions de référence

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages

  • Walter Benjamin, Charles Baudelaire. Un poète lyrique à l'apogée du capitalisme, trad. par Jean Lacoste, Petite Bibliothèque Payot, 1979.
  • Etienne Charavay, C.Baudelaire et A.de Vigny candidats à l'Académie, Charavay frères Ed, 1879
  • Féli Gautier, Charles Baudelaire,carnets 1821-1867, E. Deman, 1904 .
  • Georges Blin, Baudelaire, Gallimard, 1939.
  • Georges Blin, Le Sadisme de Baudelaire, éd. José Corti, 1948.
  • Benjamin Fondane, Baudelaire et l'expérience du gouffre, Seghers, 1947.
  • John E. Jackson, La Mort Baudelaire, La Baconnière, 1982.
  • John E. Jackson, Baudelaire, Livre de poche, 2001.
  • John E. Jackson, Baudelaire sans fin, éd. José Corti, 2005.
  • Pierre Jean Jouve, Tombeau de Baudelaire, Fata Morgana, 2006. Première édition, La Baconnière, 1942.
  • Patrick Labarthe, Baudelaire et la tradition de l'allégorie, Genève, Droz, 1999.
  • Madeleine Lazard, Un homme singulier, Charles Baudelaire, Paris, arléa, 2010. (ISBN 978-2-86959-870-6)
  • (it) Giovanni Macchia, Baudelaire, Rizzoli, 1986.
  • (it) Giovanni Macchia, Baudelaire e la poetica della malinconia, 1946 ; Rizzoli, 1992.
  • Max Milner, Baudelaire. Enfer ou ciel qu'importe !, Plon, 1967.
  • Claude Pichois et Jean Ziegler, Charles Baudelaire, Julliard 1987. Fayard 1996, pour la nouvelle édition 2005.
  • Claude Pichois et W.T Bandy, Baudelaire devant ses contemporains, 1957 
  • Royère Etienne, « L'érotologie de Baudelaire », dans Revue Mensuelle, Mercure de France, 1er juillet 1920, p. 618 à 637 
  • Ernest Raynaud, Baudelaire et la religion du dandysme, Sambre, 2007.
  • Jean-Paul Sartre, Baudelaire, Gallimard, 1947 (rééd. Folio Essais, 1988).
  • Jean Starobinski, La Mélancolie au miroir. Trois Études sur Baudelaire., Julliard, 1989.
  • Jérôme Thélot, Baudelaire. Violence et poésie, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1993.
  • Isabelle Vieville Degeorges, Baudelaire clandestin de lui-même, Page après Page, 2004. (ISBN 978-2-84764-014-4)
  • Bernard Lechevalier, Le Cerveau mélomane de Baudelaire : musique et neuropsychologie, 2010 (ISBN 2738123821)
  • Pierre Guillain de Bénouville, Baudelaire le trop chrétien, préface de Charles du Bos, Grasset, 1936.

Baudelaire dans la fiction

  • Allen S Weiss, Le livre bouffon - Baudelaire à l'Académie, Seuil, 2009

Articles

  • Yves Bonnefoy, « Les Fleurs du mal », in L'Improbable et autres essais, Mercure de France, 1959.
  • Yves Bonnefoy, « Baudelaire contre Rubens », in Le Nuage rouge et autres essais, Mercure de France, 1977.
  • Yves Bonnefoy, « Baudelaire », in Lieux et destins de l'image, Seuil, La librairie du XXe siècle, 1999.
  • Yves Bonnefoy, « La Tentation de l'oubli », in Sous l'horizon du langage, Mercure de France, 2002.
  • Hugo Friedrich, « Baudelaire, le poète de la modernité », in Structure de la poésie moderne, trad. par Michel-François Demet, Livre de Poche, 1999.
  • Max Milner, Le Diable dans la littérature française, de Cazotte à Baudelaire, éd. José Corti, 1960 et 2007, chapitre « Baudelaire ».
  • Jean-Pierre Richard, « Profondeur de Baudelaire », in Poésie et profondeur, Le Seuil, 1955.

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. Les Œuvres et les hommes (1re série) – III. Les Poètes, Paris, Amyot, 1862, p.380
  2. http://users.telenet.be/gaston.d.haese/baudelaire_les_phares.html
  3. Baudelaire -correspondance, La Pléaide Gallimard
  4. Claude Pichois et Jean Ziegler, « Baudelaire: biographie », éditions Julliard, Paris, 1987, p. 74, (ISBN 978-2-260-00453-0)
  5. "Monsieur, ce matin votre fils, sommé par le sous-Directeur de remettre un billet qu'un de ses camarades venait de lui glisser, refusa de le donner, le mit en morceau et l'avala. Mandé chez moi, il me déclare qu'il aime mieux toute punition que de livrer le secret de son camarade et pressé de s'expliquer dans l'intérêt même de cet ami, [...] il me répond par des ricanements dont je ne dois pas souffrir l'impertinence. Je vous renvoie donc ce jeune homme qui était doué de moyens assez remarquables, mais qui a tout gâché par un mauvais esprit, dont le bon ordre du Collège a eu plus d'une fois à souffrir." Proviseur J. Pierot. Cité sur le site Baudelaire.Litteratura
  6. Voir l'article : « Comment on paie ses dettes quand on a du génie » paru dans le Corsaire Satan du 24 novembre 1845
  7. « Les Drames et les romans honnêtes », La Semaine théâtrale, novembre 1857
  8. Il l'apelle sa « vieille et terrible amie » (« Chambre double » en 1861 tirée du Spleen de Paris)
  9. « Le spleeff de Paris : Baudelaire, pas si drogué qu'on le croit », Rue89 en partenariat avec le magazine Standard, 29 janvier 2011
  10. Robert Kopp, Baudelaire, le soleil noir de la modernité,Ed. Découvertes Gallimard, Collection Littératures, p. 60
  11. Paysage (Baudelaire)
  12. Eugène Crépet : Charles Baudelaire
  13. Le recueil est tiré à 1100 exemplaires et est mis en vente le 21 juin 1857 (cf. J-P Avice et Claude Pichois, Passion Baudelaire, Ed. Textuel, 2003, p. 98)
  14. Baudelaire est condamné le vingt août par la sixième Chambre correctionnelle du Tribunal de la Seine
  15. Étienne Charavay, A. de Vigny et Charles Baudelaire candidats à l'Académie française, Charavay Frères éditeurs, 1879
  16. Yvan Leclerc, « L'Opération chirurgicale des "Fleurs du mal" », dans Crimes écrits : la littérature en procès au 19e siècle, Plon, 1991, p. 223-281
  17. Loi n°46-2064 du 25 septembre 1946 ouvrant un recours en révision contre les condamnations prononcées pour outrages aux bonnes mœurs commis par la voie du livre
  18. Crim. 31 mai 1949
  19. Yvan Leclerc, op. cit., p. 337-339 où l'on trouve les textes des jugements de 1857 et de 1949
  20. Nicolas Corato (dir. de pub.), « Grandes plaidoiries et grands procès », PRAT, 2005, pp. 447-468: réquisitoire de Pinard, plaidoirie de Chaix d'Est-Ange, jugement du tribunal correctionnel, arrêt de la Cour de cassation avec rapport Falco
  21. Claude Pichois et Jean Ziegler, Baudelaire (Fayard, 2005; édition originale 1987)et François Porché, La vie douloureuse de Charles Baudelaire (Plon, 1926)
  22. « L’île n'appartenait pas seulement aux rentiers et aux petits bourgeois. Elle leur était disputée par les artistes qui recherchaient des espaces bon marché et la liberté. », C. Pichois et J. Ziegler, Baudelaire, Fayard, 2005.
  23. L'hôtel Pimodan fût bâti au XVIIe siècle par le duc de Lauzun, un esthète et "Dandy" avant la lettre (v. Barbey D'Aurevilly, « Un dandy d’avant les dandys », in Du dandysme et de George Brummell). À l’époque de Baudelaire, cet hôtel abrite une quantité d'artistes et sera le lieu de réunion du Club des haschichins, immortalisé par Théophile Gautier dans le conte du même nom.
  24. Porché, op. cit., p.114
  25. Pichois et Ziegler, Baudelaire op. cit., p.426-430.
  26. Pichois et Ziegler, Baudlaire (op. cit.), p. 317.
  27. C. Pichois et J. Ziegler, Baudelaire (op. cit.)
  28. a et b Le temps baudelairien et la fuyance de l’art romantique: entre tempus et aeternitas, Judith Spencer, Neophilogogus juillet 2009
  29. Leconte de Lisle, dans « la Revue Européenne » du 1e décembre 1861, cité par Claude Pichois et Jean Ziegler, « Baudelaire: biographie », Julliard, Paris, 1987, p.417
  30. « Manet [auquel le texte est dédié] avait pour modèle, au moment où Baudelaire commença de fréquenter son atelier, un gamin nommé Alexandre. […] Le sujet du poème est directement emprunté à ce qui se passa dans l'atelier de Manet le jour de 1861 où Alexandre fut trouvé pendu, un sucre d'orge entre les dents. Quant à l'épisode de la mère et des voisins, rien ne permet de savoir s'il est authentique ou s'il a été inventé par Baudelaire. » Petits poèmes en prose, éd. Henri Lemaitre, Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1997, p. 148
  31. Aragon lecteur de Baudelaire, Alain Trouvé, revue d'histoire littéraire de la France, 101-2001
  32. L'Art romantique, Éditions Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1965, p. 678
  33. « Notes nouvelles sur Edgar Poe », dans Critique littéraire, Gallimard, coll. « Pléiade », 1976, p. 333
  34. « Exposition universelle (1855). III. Eugène Delacroix. », dans Œuvres complètes, t. 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1976, p. 596
  35. Manifestes du surréalisme, Gallimard, coll. « folio essais », 2005, p. 14
  36. Curiosités esthétiques. L'Art romantique, éd. Henri Lemaitre, Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1986, p. 676
  37. André Guyaux « Baudelaire : Un demi siècle de lecture des Fleurs du mal  », Presses Universitaires de paris-Sorbonne, 2007, p.70, (ISBN 978-2-84050-496-2)
  38. 'André Guyaux, 2007, p.71.
  39. Petits poèmes en prose, éd. Henri Lemaitre, Garnier, coll. « Classiques Garnier », 1997, p. 7
  40. D'après le témoignage de Théodore Duret, recueilli dans le Baudelaire d'Ernest Raynaud, cité dans Lecture de Baudelaire de Louis Aguettant (Les cahiers bleus du Club National du Disque, 1957, p. 13), elle était davantage "quarteronne" que "mulâtresse"
  41. Pascal Pia, Baudelaire, Seuil, Collection Ecrivains de toujours, 1952 et 1995, p. 50.
  42. « Il vivait alors en concubinage avec Jeanne Duval, et depuis cinq ans qu'il la connaissait avait sondé jusque dans leur profondeur l'animalité de cette sang mêlé. […] Seuls restaient, malgré l'envoûtement qu'exerçait encore sur lui son "vampire", avec un curieux besoin d'expiation, la honte de cette liaison, le remords de la dégradation où le maintenait sa passion avilissante. » Albert Feuillerat, Baudelaire et la belle aux cheveux d'or, José Corti, 1941, p. 21.
  43. Pour un point de vue moins misogyne, voir : Angela Carter, Vénus noire, C. Bourgois, 2000. L'auteur présente la liaison du point de vue de Jeanne Duval


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