Marie Curie

Marie Curie
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Marie Skłodowska-Curie
Image illustrative de l'article Marie Curie
Photo de Marie Skłodowska-Curie vers 1920.
Naissance 7 novembre 1867
Varsovie (Royaume du Congrès (Pologne))
Décès 4 juillet 1934 (à 66 ans)
Passy (Haute-Savoie) (France)
Domicile Paris
Champs Physique nucléaire
Institution École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, Faculté des sciences de l'université de Paris, Institut du radium de l'Institut Pasteur et de l'université de Paris
Diplômée de Faculté des sciences de Paris
Renommée pour Travaux sur la radioactivité naturelle et la découverte du radium et du polonium
Distinctions Prix Nobel de physique 1903
Prix Nobel de chimie 1911
Maison natale à Varsovie.

Marie Curie, née Maria Salomea Skłodowska herb Dołęga le 7 novembre 1867 à Varsovie en Pologne et morte le 4 juillet 1934 au sanatorium de Sancellemoz situé à Passy (Haute-Savoie) en France, est une physicienne française d'origine polonaise .

Son époux Pierre Curie et elle, reçoivent une moitié du prix Nobel de physique de 1903 (l'autre moitié est remise à Henri Becquerel) pour leurs recherches sur les radiations[1]. En 1911, elle obtient le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium[2]. Elle est la seule femme à avoir reçu deux prix Nobel et la seule parmi tous les lauréats à avoir été récompensée dans deux domaines scientifiques distincts (en dehors strictement des sciences, Linus Pauling obtint le prix Nobel de chimie et celui de la paix) [3]. Elle est également la première femme lauréate en 1903, avec son mari, de la Médaille Davy pour ses travaux sur le radium[4].

Sommaire

Biographie

Enfance

Maria Salomea Skłodowska naît le 7 novembre 1867 à Varsovie, alors dans l'Empire russe, d'un père professeur de mathématiques et de physique et d'une mère institutrice. Elle est la benjamine d'une famille de quatre sœurs, Zofia (1863-1876), Helena Szalay (1866-1961), et Bronisława (Bronia) Dłuska (1865-1939), et un frère, Józef Skłodowski (1863-1937).

En l’espace de deux ans, elle perd sa sœur Zofia, du typhus, en janvier 1876, et sa mère, de la tuberculose, le 9 mai 1878. Elle se réfugie alors dans les études où elle excelle dans toutes les matières, et où la note maximale lui est accordée. Elle obtient ainsi son diplôme de fin d’études secondaires avec la médaille d’or en 1883. Elle adhère à la doctrine positiviste d'Auguste Comte, et participe[pas clair] en Pologne à l'éducation clandestine des masses en réaction à la russification de la société par l'Empire russe. Marie Skłodowska rejoint l'Université Volante, illégale.

Elle souhaite poursuivre des études supérieures mais celles-ci sont interdites aux femmes. Tandis que sa sœur aînée Bronia part faire des études de médecine à Paris, Maria s'engage comme gouvernante en province en espérant économiser pour rejoindre sa sœur. Au bout de trois ans, elle regagne Varsovie, où un cousin lui permet d'entrer dans un laboratoire.

Études supérieures

En 1891, elle part pour Paris, où elle est hébergée par sa sœur et son beau-frère, rue d'Allemagne, non loin de la gare du Nord. Le 3 novembre 1891, elle s'inscrit pour des études de physique à la faculté des sciences de Paris. Parmi les 1 825 étudiants de la faculté des sciences se trouvent 23 femmes. La plupart d'entre elles sont étrangères, car les sciences physiques ne sont pas enseignées dans les écoles de jeunes filles françaises à cette époque.

En mars 1892 elle déménage dans une chambre meublée de la rue Flatters dans le quartier latin, plus calme et plus proche des installations de la faculté. Elle suit les cours des physiciens Edmond Bouty et Gabriel Lippmann et des mathématiciens Paul Painlevé et Paul Appell.

Deux ans plus tard, en juillet 1893, elle obtient sa licence ès sciences physiques, en étant première de sa promotion. Pendant l'été, une bourse d'études de 600 roubles lui est accordée, qui lui permet de poursuivre ses études à Paris. Un an plus tard, juillet 1894, elle obtient sa licence ès sciences mathématiques, en étant seconde.

Elle rejoint début 1894 le laboratoire des recherches physiques de Gabriel Lippmann, au sein duquel la Société d'encouragement pour l'industrie nationale lui a confié des travaux de recherche sur les propriétés magnétiques de différents aciers. Elle y travaillait dans des conditions étroites et recherche donc une façon de mener à bien ses propres travaux. Le professeur Józef Kowalski de l'Université de Fribourg lui fait alors connaître Pierre Curie, qui est chef des travaux de physique à l'École municipale de physique et de chimie industrielles, avec lequel elle va travailler.

Lors de cette collaboration se développe une inclination mutuelle entre les deux scientifiques. Marie rentre à Varsovie, pour se rapprocher des siens, et dans le but d'enseigner et de participer à l'émancipation de la Pologne, mais Pierre Curie lui demande de rentrer à Paris pour vivre avec lui. Le couple se marie à Sceaux, le 26 juillet 1895.

Durant l'année 1895-1896, elle prépare à la faculté le concours d'agrégation pour l'enseignement des jeunes filles section mathématiques, auquel elle est reçue première. Elle ne prend cependant pas de poste d'enseignant, souhaitant préparer une thèse de doctorat. En parallèle, Marie suit également les cours de Marcel Brillouin[5] et documente ses premiers travaux de recherche sur les aciers. Le 12 septembre 1897, elle donne naissance à sa première fille, Irène.

Thèse de doctorat, découverte du radium

Thèse de Marie Curie

La découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen en 1895 éveille un grand intérêt dans la communauté scientifique et donne lieu à de nombreuses activités de recherche. En revanche, les rayons de Becquerel, découverts par hasard par Henri Becquerel, n'ont pas encore fait naître un tel enthousiasme. Marie Curie, qui cherche alors un sujet de thèse de doctorat, choisit de se consacrer à l'étude de ces rayonnements. Elle commence en 1897 ses travaux de thèse sur l'étude des rayonnements produits par l'uranium, à ce moment-là encore appelés rayons uraniques car on les croit spécifiques à cet élément[6]. Elle s'attache à quantifier les capacités ionisantes des sels d'uranium, dans un atelier rudimentaire mis à sa disposition par le directeur de l'école de physique et de chimie industrielle. En décembre elle élabore un protocole d'expérience utilisant l'électromètre piézoélectrique élaboré par son mari Pierre Curie, qui permet de mesurer avec une grande précision l'effet des rayonnements sur l'ionisation de l'air. De cette façon, Marie examine de nombreux métaux, sels et minéraux contenant de l'uranium, qui lui sont fournis par Henri Moissan, Alexandre Léon Etard, Antoine Lacroix et Eugène-Anatole Demarçay.

Elle montre ainsi que la pechblende et la chalcolite sont respectivement quatre et deux fois plus actives que l'uranium. L'activité mesurée s'avère également indépendante de l'état des matériaux étudiés, mais dépend de la proportion d'uranium qu'ils contiennent. L'analyse d'un échantillon de chalcolite artificielle permet de confirmer ces découvertes et Marie Curie en déduit que les rayons de Becquerel sont une propriété de l'atome et non une propriété chimique. Ses résultats sont présentés le 12 avril 1898 par Gabriel Lippmann à l'Académie des sciences de Paris.

Marie Curie obtient en 1898 le prix Gegner[7] de l'Académie des sciences, d'un montant de 4 000 francs[8], pour ses travaux sur les propriétés magnétiques des métaux. Elle obtiendra ce prix à deux autres reprises, en 1900 puis en 1902.

Pierre et Marie Curie dans leur laboratoire de fortune de l’École de Physique et de Chimie

En 1898, Pierre laisse de côté ses travaux sur la piézoélectricité pour rejoindre sa femme sur son étude de la radioactivité. Leur but est d'isoler de roches radioactives les éléments à l’origine du rayonnement inconnu. Grâce à un financement inespéré, ils font venir de Joachimsthal, en Bohême, quelques tonnes de pechblende dans leur laboratoire de Paris[9]. Le raffinage du minerai, procédé dangereux exigeant la plus grande précision, est réalisé dans un hangar qui se trouve à côté de l’atelier, séparé uniquement par une cour. Ils découvrent effectivement deux nouveaux éléments. Le 18 juillet 1898, Marie Curie annonce la découverte du polonium, quatre cent fois plus actif que l'uranium, nommé ainsi en référence à son pays d’origine. Le 26 décembre, avec Gustave Bémont qui les a rejoint, elle annonce la découverte du radium, neuf cent fois plus rayonnant que l'uranium ; il aura fallu traiter plusieurs tonnes de pechblende pour obtenir moins d’un gramme de cet élément. Ces extractions, faites à partir de tonnes de minerai, sont effectuées dans des conditions difficiles, dans des locaux dépourvus de tout confort. Le chimiste allemand Wilhelm Ostwald, visitant le lieu de travail de Pierre et Marie Curie, déclare : « Ce laboratoire tenait à la fois de l’étable et du hangar à pommes de terre. Si je n’y avais pas vu des appareils de chimie, j’aurais cru que l’on se moquait de moi ».

Le 26 octobre 1900, elle est nommée chargée des conférences de physique de 1re et 2e années à l’École normale supérieure d'enseignement secondaire des jeunes filles de Sèvres.

En juillet 1902, elle obtient un décigramme de chlorure de radium qui lui permet d'identifier la position de cet élément dans le tableau de Mendeleïev. Elle soutient sa thèse de doctorat ès sciences physiques, intitulée Recherches sur les substances radioactives, le 25 juin 1903 devant la faculté des sciences de l'université de Paris ; elle obtient la mention « très honorable ».

Le 10 décembre 1903, Marie Curie reçoit avec son mari Pierre Curie et Henri Becquerel, le prix Nobel de physique « en reconnaissance de leurs services rendus, par leur recherche commune sur le phénomène des radiations découvert par le professeur Henri Becquerel[1] ». Pour des raisons de santé, Pierre et Marie Curie devront attendre près d'un an avant de pouvoir se déplacer à Stockholm pour chercher le prix. Elle est la première femme à recevoir un prix Nobel, et les archives du Comité Nobel montrent que la proposition transmise par l'Académie des sciences française ne contenait que les noms d'Henri Becquerel et de Pierre Curie : il aura fallu l'intervention de celui-ci, suite à l'indiscrétion d'un académicien suédois, pour que le nom de Marie soit ajouté[10].

Le couple devient célèbre, et ces découvertes suscitent un engouement tant scientifique que public. La danseuse Loïe Fuller leur demande de l'aider à faire un costume phosphorescent au radium, ce qu'ils refusent en lui expliquant les raisons. La danseuse, qui deviendra leur amie, leur offre un spectacle à domicile, avant de lancer un nouveau spectacle sur le thème du radium.

Également en 1903, Marie Curie est la première femme lauréate de la Médaille Davy. L’année suivante, elle reçoit la médaille Matteucci[11] et donne naissance le 6 décembre à sa deuxième fille, Ève.

Enseignement et recherche

Suite à l'obtention du prix Nobel, Pierre Curie est nommé en octobre 1904 professeur titulaire d'une nouvelle chaire de physique générale à la faculté et obtient la construction d'un laboratoire dans la cour de l'annexe de la faculté dédiée au certificat PCN située 12 rue Cuvier. Marie Curie obtient en novembre 1904 le poste de chef de travaux de la chaire avec un traitement annuel de 2 400 francs.

Le 19 avril 1906, Pierre meurt, renversé accidentellement par une voiture à cheval. Marie Curie souffre durablement de cette perte et est soutenue dans les difficiles années qui suivent par le père de Pierre, Eugène Curie, et par son frère Jacques Curie. Elle déménage en 1907 dans la rue du chemin de fer à Sceaux afin d'être plus proche du lieu où est inhumé son mari.

Marie Curie est chargé du cours le 1er mai 1906 en remplacement de Pierre. Sa leçon inaugurale a lieu le 5 novembre 1906 dans l’amphithéâtre de physique de la faculté des sciences à la Sorbonne. Le Journal salue l'événement en ces termes[10] :

« c'est […] une grande victoire féministe que nous célébrons en ce jour. Car, si la femme est admise à donner l'enseignement supérieur aux étudiants des deux sexes, où sera désormais la prétendue supériorité de l'homme mâle ? En vérité, je vous le dis : le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains. »

Elle est nommée professeur titulaire de la chaire le 16 novembre 1908. L'intitulé de la chaire devient ensuite physique générale et radioactivité.

En 1910, assistée du professeur André-Louis Debierne, Marie Curie parvient à isoler un gramme de radium sous forme de métal pur. Elle publie la même année le traité de radioactivité. On lui conseille de postuler à l'Académie des sciences, mais c'est Édouard Branly qui est élu, avec une majorité de deux voix, vraisemblablement en raison du conservatisme à la fois anti-féministe et xénophobe[10].

Marie Curie et Henri Poincaré au premier Congrès Solvay en 1911.

Elle participe début novembre 1911 au premier Congrès Solvay, organisé et financé par le chimiste et industriel belge Ernest Solvay. Ce congrès réunit de nombreux physiciens, tels que Max Planck, Albert Einstein et Ernest Rutherford. Elle est la seule femme de ce congrès et des suivants.

Le 4 novembre, alors que le congrès Solvay vient de se terminer, éclate l'« affaire Langevin » : la liaison extraconjugale de Paul Langevin avec Marie Curie fait la une des journaux et enflamme l'opinion publique. Le lauréat du prix Nobel de chimie Svante Arrhenius, qui l'encourageait, change d’avis à la suite de cette affaire[12],[13].

Le diplôme accompagnant le prix Nobel de chimie de 1911 de Marie Sklodowska Curie.

Le 8 novembre 1911, au plus fort du scandale, Marie Curie reçoit un télégramme l'informant que le prix Nobel de chimie lui est décerné, « en reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés[2] ». Malgré la suggestion du comité Nobel de ne pas venir chercher le prix en raison du scandale qui la couvre, elle choisit de se déplacer et reçoit le prix le 10 décembre 1911 à Stockholm. Elle est la première personne à obtenir deux prix Nobel pour ses travaux scientifiques ; la presse française reste quant à elle silencieuse.

Les médecins découvrent que Marie Curie, affaiblie par les événements de l'année 1911, est atteinte d'une maladie rénale. Elle subit une opération chirurgicale puis une longue convalescence, pendant laquelle d'autres physiciens, à la suite de ses découvertes, continuent à faire la lumière sur le fonctionnement de l'atome.

L’Institut du radium

Article détaillé : Institut du radium.
En 1912, Marie Curie s'installe quai de Béthune au n°36.

Fin 1909, le professeur Émile Roux, directeur de l’Institut Pasteur, propose la création d’un Institut du radium, dédié à la recherche médicale contre le cancer et à son traitement par radiothérapie — celui-ci deviendra plus tard l'Institut Curie. Malgré la notoriété de Marie Curie et de son prix Nobel, il faut attendre 1911 pour que commencent les travaux, subventionnés par Daniel Osiris. L’Institut, situé rue d'Ulm, est achevé en 1914, juste avant la Première Guerre mondiale. Il réunit deux laboratoires aux compétences complémentaires : le laboratoire de physique et de chimie, dirigé par Marie Curie, et le laboratoire Pasteur, axé sur la radiothérapie, dirigé par Claudius Regaud.

Lorsque la guerre éclate, Marie Curie se mobilise, tout comme les autres membres de l’Institut du radium, qui fermera temporairement durant la guerre. Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, et avec l'aide de la Croix-Rouge, elle participe à la conception de dix-huit unités chirurgicales mobiles, des « ambulances radiologiques » surnommées les « Petites Curies ». Ce sont des véhicules de tourismes équipés d'appareils Röntgen avec une dynamo alimentée par le moteur du véhicule, et pouvant donc se rendre très près des champs de bataille et ainsi de limiter les déplacements des blessés. Elles permettent aussi de prendre des radiographies des malades, opération très utile pour situer plus précisément l'emplacement des éclats d'obus et des balles et faciliter les chirurgies. À l’Institut du Radium, elle forme des aide-radiologistes.

En 1916, elle obtient son permis de conduire et part régulièrement sur le front réaliser des radiographies. Elle est rejointe par sa fille Irène, âgée de dix-huit ans, qui fait de même dans plusieurs hôpitaux de campagne durant toute la guerre.

En 1918, à la fin de la guerre, Marie Curie peut enfin occuper son poste à l’Institut du radium. Sa fille Irène devient son assistante. L’Institut du radium doit faire face à des difficultés financières. Il faudra attendre le début des années 1920 pour que les dons affluent et que l'institut se développe. Après la découverte des vertus thérapeutiques du radium pour la lutte contre le cancer, le radium connaît un vif engouement littéraire et surtout industriel, au point d'être utilisé dans de nombreux produits de consommation courante — crèmes rajeunissantes, cigarettes, réveils…

L'Institut du radium accueille de nombreux étudiants et physiciens, notamment étrangers, dont beaucoup de femmes, et contribue ainsi à l'émancipation féminine en France comme à l'étranger.

En 1921, la journaliste Marie Mattingly Meloney (en) organise une collecte de 100 000 dollars américains (environ 1 million de francs or) auprès des femmes américaines afin que Marie Curie puisse acheter un gramme de radium pour l'institut. Marie Curie effectue son premier voyage aux États-Unis le 20 mai 1921, pour acheter un gramme de radium à l’usine du radium de Pittsburgh, où sont utilisés de manière industrielle les procédés qu'elle a développés. En 1929, toujours grâce aux femmes américaines, elle reçoit un nouveau gramme de radium, dont elle fait don à l’Université de Varsovie.

Albert Einstein et Marie Curie.

Très sollicitée, elle voyage énormément, et s'engage aux côtés d'Albert Einstein dans la Commission internationale de coopération intellectuelle.

Maladie

Marie Curie souffre d'une trop grande exposition aux éléments radioactifs qu'elle étudie depuis les années 1910, notamment au niveau des yeux et des oreilles. Dès 1920, elle pense que le radium pourrait avoir une certaine responsabilité dans ses problèmes de santé.

Elle est atteinte d’une leucémie radio-induite ayant déclenché une anémie aplasique. Malgré sa faiblesse, elle continue d’assurer la direction de la section de physique et chimie de l’Institut du radium. Le 29 juin 1934, elle se rend au sanatorium de Sancellemoz à Passy (Haute-Savoie) pour y être hospitalisée. Elle y décède le 4 juillet.

Travaux

La radioactivité : une propriété physique et non chimique

Marie Curie fut d'abord embauchée par Gabriel Lippman pour étudier différentes sortes d'acier. Elle travaillait dans des conditions limitantes et rechercha dès lors un sujet de recherche recelant davantage de possibilités. Elle se rendit en Pologne dans ce but, en vain. Elle revint en France, prit des contacts, se renseigna, et décida finalement de se dédier à l'étude des rayons uraniques. Elle utilisa ingénieusement l'électromètre de précision inventé quinze ans plus tôt par les frères Curie pour quantifier l'ionisation produite par les rayons uraniques. De cette façon, elle étudia métaux, sels et minéraux dont l’uranium et la pechblende. Elle en déduit que celle-ci était quatre fois plus active et la chalcolite deux fois plus active que l'uranium. L'activité de l'uranium se révéla indépendante de sa forme chimique. Elle ne dépendait au contraire que de la quantité de l'élément uranium. Elle venait de démontrer que la propriété des rayons uraniques était une propriété physique de l'atome et non une propriété chimique : la radioactivité. Ses travaux furent présentés à l'Académie des Sciences par Gabriel Lippman le 12 avril 1898, moins d'un an après le début de sa thèse de doctorat.

Découverte du radium et du polonium

Marie et son mari Pierre supposèrent que l'activité de la pechblende, particulièrement élevée, provenait d'éléments plus actifs que l'uranium. Ils mirent alors au point une méthode radiochimique permettant d'isoler ces éléments. Cette idée se révéla fructueuse puisqu'elle permit aux époux Curie de découvrir en 1898 deux nouveaux éléments, le polonium et le radium. Ces travaux furent présentés par Henri Becquerel à l'Académie des Sciences et furent récompensés par le prix Nobel de Physique en 1903, dont une moitié revint à Henri Becquerel pour récompenser la découverte de ces rayonnements, et l'autre moitié aux époux Curie[1]. Ce fut la première démonstration de l’existence des atomes de radium et de polonium, qui existent mais sont instables. Cette découverte remit en cause la conception grecque antique qui stipulait que la matière était insécable et éternelle, et qu'il existait donc un nombre fini d'atomes stables.

En 1911, Marie Curie reçut le prix Nobel de chimie[2], "en reconnaissance de ses services dans le progrès de la chimie par la découverte des éléments radium et polonium, par l'isolation du radium et l'étude de la nature et des composés de cet élément remarquable".

Détermination du poids atomique du radium

Pour déterminer le poids atomique du radium, Marie Curie a dissout du chlorure de radium de masse connue, puis fait précipiter les ions chlorure par ajout de nitrate d'argent. En déterminant la masse du chlorure d'argent précipité, connaissant les poids atomiques du chlore et de l'argent, elle pouvait déduire le poids du chlore dans le chlorure de radium initial, et déterminer ainsi par simple soustraction le poids atomique du radium.

Hommages

L'année 2011 a été proclamée Année Marie Curie[14]

Au Panthéon

D'abord inhumée à Sceaux dans le caveau de la famille Curie, ses cendres sont transférées avec celles de son mari Pierre Curie au Panthéon à Paris le 20 avril 1995, sur décision du président François Mitterrand et en présence du président polonais Lech Walesa. Elle est aujourd'hui encore la seule femme honorée au Panthéon pour son mérite propre.

Musée Curie

Au sein de l’Institut Curie à Paris, un Musée Curie a été édifié dans les locaux mêmes où la savante travailla jusqu'à sa mort. Entièrement gratuit, il propose au public de découvrir un riche patrimoine scientifique et retrace, à travers les parcours personnel et professionnel de la famille aux cinq prix Nobel, les grandes étapes de l'histoire de la radioactivité et de la lutte contre le cancer.

D’autres hommages célèbrent sa mémoire :

Élément
Universités, enseignement
Émissions monétaires
Billet de 500 francs français
  • Un billet de 500 francs français a été émis à l'effigie de Marie et Pierre Curie.
  • Un billet de 20 000 złotys polonais a été émis à l’effigie de Marie Curie.
  • En 1984 trois pièces (frappe monnaie) de 100 francs à son effigie, en argent BU, argent BE et or BE, ont été frappées à l'occasion du cinquantenaire de sa mort.
  • En 1997 deux pièces (frappe monnaie) ont été émises à l'effigie de Marie et Pierre Curie : 100 francs argent BE et 500 francs or BE
  • En 2006 deux pièces (frappe médaille) de 20 euros sont sorties à son effigie, en argent BE et en or BE.
Rues, station de métro ...

Musées

  • Un musée à Varsovie (ulica Freta 16) lui est consacré
  • Il y a un Musée Curie à Paris (11 rue Pierre & Marie Curie, Paris 5e)

Monuments


Plaques commémoratives

Au théâtre et au cinéma

En 1989, la vie et le travail de Pierre et Marie Curie inspirent une pièce de théâtre, Les Palmes de Monsieur Schutz, créée par Jean-Noël Fenwick au Théâtre des Mathurins. Cette pièce reçoit quatre Molières en 1990, dont ceux du meilleur metteur en scène et du meilleur auteur.

La vie de Marie Curie a inspiré plusieurs cinéastes. Le rôle de Marie Curie a été joué par :

Biographies

  • Ève Curie, Madame Curie, Paris, Gallimard 1938
  • Marie Curie, Irène Joliot-Curie et Gillette G. Ziegler, Correspondance
  • Marie Curie et Irène Joliot-Curie, Prace Marii Skłodowskiej-Curie
  • Françoise Giroud, Une femme honorable, 1981
  • Susan Quinn, Marie Curie Ed.Odile Jacob, 1996
  • Per Olov Enquist, Blanche et Marie, roman, 2004
  • Xavier Laurent-Petit, Marie Curie, 2005
  • Barbara Goldsmith, Marie Curie, portrait intime d’une femme d'exception, 2006
  • Brigitte Labbé et Michel Puech, Marie Curie, 2006
  • Henry Gidel, Marie Curie, Flammarion, 2008 (ISBN 9782081211599)

Notes et références

  1. a, b et c (en) « in recognition of the extraordinary services they have rendered by their joint researches on the radiation phenomena discovered by Professor Henri Becquerel » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physics 1903 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 12 juin 2010
  2. a, b et c (en) « in recognition of her services to the advancement of chemistry by the discovery of the elements radium and polonium, by the isolation of radium and the study of the nature and compounds of this remarkable element » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Chemistry 1911 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 2 juillet 2010
  3. (en) Nobel Laureates Facts
  4. (en) Davy archive winners 1989 - 1900, Royal Society. Consulté le 1er juillet 2008
  5. Le Jubilé de Marcel Brillouin Mosseri, Rémy.
  6. (fr) Laboratoire d'Évaluation et de Développement pour l'Édition Numérique, « La radioactivité naturelle - Les rayons uraniques », Ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies. Consulté le 12 juin 2008
  7. Le prix Gegner fut créé en 1871 suite au legs de M. Jean-Louis Gegner à l'Académie des sciences d'un capital d'un revenu annuel de 4 000 francs, « destiné à soutenir un savant pauvre qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur du progrès des sciences positives ».
  8. Le salaire annuel d'un jeune professeur de lycée est alors de 3 000 francs.
  9. Cf. Ève Curie, Madame Curie, Paris, Gallimard, 1938  ; et également « Sur le polonium », dans Radium, Paris, vol. 7, no 2, février 1910 [texte intégral] .
  10. a, b et c Laure Adler, L'universel (au) féminin, vol. 3, éditions l'Harmattan, 2006 .
  11. (it) Académie des sciences italiennes
  12. (fr) Marie, directrice de laboratoire, Le prix Nobel de chimie, consulté le 25 octobre 2008.
  13. (en) Marie Curie and the Science of Radioactivity Scandal and Recovery (1910 - 1913)
  14. http://www.ptchem.pl/iyc-2011-i-msc-100
  15. (pl)(en)Site de l'université Marie Curie-Skłodowska: http://www.umcs.lublin.pl/
  16. (en) Site de l'association Marie Curie Fellowship Association
  17. http://www.collegefrancais.ca/secondaire_mtl/info_acces.html
  18. Voir le site de l'INSA
  19. École nationale d'administration, site officiel annonçant le vote fait par les élèves.

Annexes

Articles connexes

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Liens externes


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