Remi de Reims

Remi de Reims
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Statue de saint Remi baptisant Clovis Ier à côté de la basilique Saint-Remi de Reims

Saint Remi (vers 437-13 janvier 533), né dans ce qui n'était pas encore le diocèse de Laon, fut évêque de Reims pendant soixante-quatorze ans, si on croit l'inscription à partir de 459-462 jusqu'à sa mort que fit porter sur son tombeau l'archevêque Hincmar de Reims en 852. Celui qui sera honoré du titre d'apôtre des Francs par ce même Hincmar[1], baptisa le roi Clovis Ier, le 25 décembre d'une année comprise entre 496 et 506, avec 3 000 guerriers francs de son entourage[2]. Il a sans doute contribué à organiser sa province ecclésiastique, mais on ne peut pas affirmer qu'il est le fondateur des sièges épiscopaux de Thérouanne ou d'Arras, encore moins de Laon.

Saint Remi est l'un des patrons catholiques de France[réf. nécessaire], avec saint Martin, saint Denis, sainte Jeanne d'Arc et sainte Thérèse de Lisieux.

Fête : 15 janvier. Dans le diocèse de Reims, il est fêté le 1er octobre conformément à une tradition locale remontant à la fin du VIe siècle.

Sommaire

Vie

Remi (du latin Remigius, rame ou Remedius, remède[3]) est né, selon la tradition, à Cerny-en-Laonnois, près de Laon, dans la bonne société gallo-romaine[4]; on dit qu'il était le fils du comte Émile de Laon (Emilius) (qui autrement n'est attesté nulle part et ne pouvait pas porter ce titre, anachronique) et de sainte Céline.

Saint Remy et Clovis Ier. Jacobus de Voragine, Legenda aurea, XIVe siècle.

D'après la Vita Remigii rédigée par Hincmar avant 882, sa naissance avait été annoncée par un ermite aveugle, saint Montain, qui recouvra la vue grâce au lait maternel de Céline, peu après la naissance de Remi. Il fit sans doute des études, comme on en faisait dans son milieu, à Reims, puis fut élu évêque de Reims à seulement vingt-deux ans. Il n'était même pas encore entré dans les ordres. Le frère de Remi, Principius, était déjà évêque de Soissons. Il correspondit, comme Remi, avec Sidoine Apollinaire (Livre IX,8), dont les lettres donnent une idée du style littéraire gallo-romain, élégant et très cultivé que les trois hommes avaient en commun.

Saint Remi baptise Clovis le jour de Noël, entre 496 et 506 - Vitrail de l'église Saint-Bonaventure, à Lyon, France

L'histoire du retour des vases sacrés, sans doute des vases de Reims, qui avaient été volés puis rendus à Remi, témoigne des relations amicales qui existaient entre lui et Clovis Ier, roi des Francs. Remi prit acte de la conversion de ce dernier au catholicisme et, avec l'aide de saint Vaast selon la légende de ce dernier, qui n'est pas cité par Grégoire de Tours cependant, et sous l'influence de la seconde femme de Clovis Ier, la princesse Burgonde Clotilde (fille du roi Burgonde Chilpéric II), lui conféra le baptême à Noël d'une date comprise entre 496 et 506. Selon les Dix livres d'histoire de l'évêque Grégoire de Tours, 3000 Francs furent baptisés avec lui).

Le baptême de Clovis est un des événements-clefs de l'histoire catholique et à partir d'Henri Ier en 1027, tous les rois de France seront sacrés à Reims (sauf Louis VI, Henri IV et Louis XVIII). Le chroniqueur italien du XIIIe siècle, Jacques de Voragine, raconte que selon Hincmar, archevêque de Reims (vers 802-882), comme il n'y avait pas de saint chrême pour oindre le front de Clovis, le Saint-Esprit lui-même, sous la forme d'une colombe, en aurait apporté dans une fiole, une ampoule, et ce serait cette sainte ampoule qui aurait servi par la suite à l'onction des rois de France durant leur sacre. C'est durant cette cérémonie que l'on attribue à Remi de Reims la célèbre phrase adressée au roi des Francs : « Courbe la tête, fier Sicambre, abaisse humblement ton cou. Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. »

Clovis Ier accorda à Remi des terres, où ce dernier fit bâtir et consacra un grand nombre d'églises.

Tombeau de saint Remi dans le chœur de la basilique Saint-Remi de Reims

En vérité, Remi n'a assisté à aucun des conciles ecclésiastiques gaulois, se faisant à peine représenter peut-être à celui d'Orléans (511). Hincmar comble cette lacune en inventant un synode que Remi aurait organisé à Reims : l'évêque y aurait réduit au silence un évêque qui penchait pour l'arianisme. La réalité semble bien différente: Remi jouissait d'un prestige certain, mais pas auprès de tous ses confrères[5].

Une de ses lettres[6], à propos d'un certain Claudius, un prêtre qu'il avait consacré, lui valut les réprimandes de ses confrères évêques, qui jugeaient que Claudius ayant fait des dettes méritait d'être dégradé. La réponse de Remi plaide en faveur de la miséricorde et exprime sa vive admiration pour l'œuvre de restauration chrétienne accomplie par Clovis[7].

Remi a été enterré dans une petite église Saint-Christophe, devenue la basilique Saint-Remi. En 852, Hincmar procéda à une élévation des reliques, dont une partie minime fut déplacée à Sainte-Marie de Reims. La châsse fut mise à l'abri en 882 (invasions normandes) à Épernay, puis solennellement rapportée en juin 883 à Sainte-Marie. En 900, l'archevêque Hervé replace les reliques à Saint-Remi où elles ont été vénérées jusqu'à la Révolution française. Le corps de saint Remi était conservé intact.

Écrits

Il nous reste peu d'écrits authentiques de Remi :

  • Ses déclamations ont été admirées de façon savante par Sidoine Apollinaire dans une lettre à Remi élégamment écrite (Livre IX,7) mais elles sont perdues. Quatre lettres subsistent : une contenant sa défense au sujet de Claudius, deux écrites à Clovis Ier et une quatrième à l'évêque de Tongres.
  • Le Grand testament de saint Remi[8] est probablement apocryphe (il en existe plusieurs versions, les plus longues étant anachroniques), mais il a été prouvé comme étant indiscutablement authentique par l'abbé Dessailly de l'Académie de Reims[9].
  • Le petit testament, contenu dans certains manuscrits de la Vita Remigii est authentique.
  • Une Vita courte, la Vita brevis, antérieure à Hincmar, a été autrefois attribuée à Venance Fortunat (Venantius Fortunatus).
  • Une lettre félicitant le pape Hormisdas de son élection en 523 est apocryphe.
  • La lettre dans laquelle le pape Hormisdas paraît l'avoir nommé vicaire du royaume de Clovis Ier a été dénoncée comme un faux. On présume qu'il s'agit d'un essai de l'évêque Hincmar de Reims de fonder ses prétentions à l'élévation de Reims à la primauté.

Un commentaire des Épîtres de Paul édité par Villalpandus en 1699 n'est pas de lui, mais d'un autre Remi, évêque d'Auxerre (Encyclopædia Britannica 1911).

Bibliographie

  • Marie-Céline Isaia, Remi de Reims, Paris, Editions du Cerf, 2010
  • Les plus grands saints. Leur vie et leur portrait. France Loisirs. Paris 1994 (ouvrage paru sous le titre original One Hundred Saints, Little Brown and Company (Inc.), Boston, 1993)
  • Extraits de la vie des saints de Butler, 1956, 1985, 1991.
  • Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau.
  • Patrick Demouy, Petite Vie de saint Remi, Paris, Desclée de Brouwer, 1997

Divers

L'usage à Reims veut que l'on prononce Remi (voire R'mi).

Liens

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Jean Devisse (professeur émérite d'histoire du Moyen Age à l'Université Paris-I), Hincmar, archevêque de Reims5845-882), tome 2,p. 1006
  2. Laurent Theis, Clovis : de l'histoire au mythe, Complexe, 1996, p. 215.
  3. Il signe sous ces deux noms.
  4. Comme en attestent ses biens répertoriés dans son testament
  5. Marie-Céline Isaia, op. cité, p. 107
  6. Seules quatre lettres et des inscriptions métriques de Remi de Reims subsistent.
  7. Wladimir Guettée, Histoire de l'Église de France, tome 2, Jules Renouard, 1856, p. 88,9,90
  8. Michel Morin, Chris Perrot, Le Retour du lys, Fernand Lanore, 1985, p. 185
  9. Michel Morin, Chris Perrot, op. cit., note 40 de bas de page p. 188

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