Opera national de Paris

Opera national de Paris

Opéra national de Paris

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La façade de l'Opéra Garnier sous le soleil d'hiver

L'Opéra national de Paris est un établissement public industriel et commercial français placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Il a pour mission de rendre accessible au plus grand nombre les œuvres du patrimoine lyrique et chorégraphique et de favoriser aussi la création et la représentation d'œuvres comtemporaines. Il dispose à ce titre de deux salles : le palais Garnier (qui abrite le Ballet de l'Opéra national de Paris) et l'Opéra Bastille.

L'Opéra national de Paris contribue par ailleurs à la formation professionnelle et au perfectionnement des chanteurs et des danseurs, par son centre de formation d'art lyrique et par l'école de danse de Nanterre.

Enfin, le secteur animation et jeune public de l'opéra national de Paris élabore chaque saison un programme pédagogique.

Sommaire

Histoire de l'Opéra national de Paris

L'Académie royale de Musique sous l'Ancien Régime

L'Opéra de Paris en 1875. Gravure extraite de Charles Nuitter, Le nouvel Opéra (Paris 1875)

Connue d'abord sous le nom d'« Académie d'opéra », l'Académie royale de Musique est fondée en 1669 à l'instigation de Colbert et en réponse à l'Académie royale de Danse. Chargée de diffuser l'opéra français auprès du public, non seulement à Paris mais aussi dans d'autres villes du royaume, on prend l'habitude de l'appeler simplement « l'Opéra ».

N'ayant comme seules ressources financières que les entrées des spectateurs (et non, comme pour la Comédie-Française ou le Théâtre-Italien, une « subvention » royale), l'Opéra obtient le privilège de représenter des « pièces de théâtre en musique », avec interdiction à quiconque d'en faire de même sans avoir obtenu l'autorisation des détenteurs.

Les premiers à bénéficier du privilège sont Pierre Perrin et Robert Cambert, ainsi que deux associés qui ne tardent pas à escroquer Perrin. Emprisonné pour dettes, ce dernier est contraint de céder son privilège à Jean-Baptiste Lully en 1672, avec le succès que l'on sait. Lully et ses successeurs vont d'ailleurs négocier âprement la cession du privilège, pour tout ou partie, à des entrepreneurs de province : Pierre Gautier achète en 1684 l'autorisation d'ouvrir une académie de musique à Marseille, puis les villes de Lyon, Rouen, Lille et Bordeaux en font autant dans les années qui suivent.

L'Académie royale de Musique changera treize fois de lieux de représentations au cours du XVIIIe siècle, jusqu'à sa transformation, à la Révolution, en « Théâtre des Arts », qu'on appelle aujourd'hui l'Opéra national de Paris. L'Opéra de Paris fut souvent endetté. En 1875, l'institution occupe le Palais Garnier puis en 1990 l'Opéra-Bastille.

Lettres patentes du 28 juin 1669

Le 28 juin 1669, le roi accorde à Perrin, par lettre patente, l'exclusivité de donner des opéras à Paris et dans tout le royaume. En voici le texte.


Le temps des révolutions

L'Opéra au Palais Garnier

Les débuts du nouvel Opéra

Jacques Rouché (1914-1944)

De la Libération à l'ère Liebermann

L'après-guerre

Un Suisse à l'Opéra : les années Liebermann (1973-1980)

Rolf Liebermann est intendant de l'Opéra de Hambourg, avec grand succès, quand il est nommé administrateur général de l'Opéra de Paris. Avant même son arrivée effective au 1er janvier 1973, Liebermann obtient des changements structurels décisifs. La plus marquante est sans doute la disparition de la troupe : au lieu d'un ensemble de chanteurs salariés renforcé épisodiquement par des chanteurs invités, les distributions sont réalisées à partir de chanteurs invités disposant de contrats à la représentation. L'orchestre est entièrement remodelé, les musiciens devant passer une audition pour conserver leur poste. Enfin, l'Opéra-Comique est entièrement fermé (le succès de l'Opéra sous Liebermann et l'échec de l'affectation du bâtiment après sa fermeture en tant que salle de spectacle conduisent cependant dès 1978 au rattachement de l'Opéra-Comique à l'Opéra, comme seconde salle de spectacle).

Ces mesures mal accueillies par les salariés de l'Opéra, entraînant plusieurs grèves dures, reçoivent cependant l'aval du public dès le premier spectacle lyrique de sa direction, la légendaire production des Noces de Figaro de Mozart mises en scène par Giorgio Strehler : créée le 30 mars 1973 à Versailles et reprise immédiatement au Palais Garnier, cette production fera également l'objet de la dernière représentation de l'ère Liebermann le 14 juillet 1980, où elle est diffusée en direct à la télévision. Cette production exemplaire, donnée jusqu'en 2003 à l'Opéra, est caractéristique du travail de Liebermann : un metteur en scène de renom, venu du théâtre, et une distribution internationale de grand prestige.

Si les chanteurs français restent encore assez présents (surtout dans des seconds rôles) pendant l'ère Liebermann, l'arrivée massive de chanteurs internationaux est en effet le phénomène le plus marquant de la période : un chanteur emblématique est le ténor Placido Domingo, découvert par Liebermann à Hambourg, mais on relève aussi la présence de Luciano Pavarotti, Kiri Te Kanawa, Ruggero Raimondi, Teresa Berganza, Christa Ludwig, Birgit Nilsson... Le choix des metteurs en scène, lui, est plus souvent contesté à l'époque car jugé trop moderne par une partie du public traditionnel de l'Opéra : les productions de Jorge Lavelli (Faust notamment) ou Patrice Chéreau (Les Contes d'Hoffmann, Lulu d'Alban Berg avec création mondiale du troisième acte) restent aujourd'hui légendaires.

Le succès artistique de Rolf Liebermann est accompagné très rapidement par la télévision publique, qui filme de nombreux spectacles parfois diffusés en direct. En raison de problèmes de droits encore aujourd'hui insolubles, ces documents d'intérêt exceptionnel ne sont que rarement présentés au public, ne sont pas rediffusés ni édités en DVD.

Quelques échecs viennent aussi jalonner la période : une production du Ring des Nibelungen de Wagner s'arrête prématurément, les tentatives de Liebermann pour convaincre Ingmar Bergman de venir mettre en scène La Flûte enchantée à l'Opéra sont un échec ; enfin, certains spectacles, notamment le répertoire français traditionnel et certains spectacles contemporains, affichent des taux de remplissage très faibles. Surtout, la politique de Rolf Liebermann, couronnée de succès aussi bien du point de vue artistique que quant à son retentissement public, est contestée en raison de son coût. Le suicide de Jean Salusse, en juillet 1977, jette une ombre sur la fin de son mandat : président du Conseil d'administration de la Réunion des théâtres lyriques nationaux, celui-ci s'était opposé dans une polémique violente avec Liebermann.

Malgré ces quelques nuances, l'ère Liebermann est devenue aujourd'hui légendaire dans l'histoire de l'Opéra de Paris, au point de servir de référence dans les domaines les plus divers.

Période récente

Les éphémères (1980-1989)

Les années 1980-1989 sont une période de grande instabilité pour l'Opéra de Paris, confronté à des problèmes récurrents de direction, mais aussi d'importants problèmes financiers. Trois directeurs en titre se succèdent en moins d'une décennie :

  • Bernard Lefort (1980-1982) : chargé de succéder à Rolf Liebermann, il publie avant même son arrivée à la tête de l'Opéra un livre (Opéra, mon métier, Paris 1980) où il critique avec virulence la politique de son prédécesseur, notamment en raison de l'emploi de chanteurs étrangers, qu'il juge excessif. Il démissionne deux ans après sa prise de fonction, à la fois parce qu'il estime ne pouvoir travailler en raison de la pression des syndicats et à cause d'une politique artistique qui rencontre un succès très modeste.
  • Massimo Bogianckino (1983-1985) : administrateur et homme politique italien, il démissionne à nouveau deux ans après sa prise de fonction en raison de son élection comme maire de Florence. Son mandat est notamment marqué par la création mondiale, au Palais Garnier, du Saint François d'Assise d'Olivier Messiaen, commandé par Rolf Liebermann. Sa programmation artistique est notamment tournée vers le grand répertoire français du XIXe siècle, peu représenté pendant les décennies précédentes et suivantes.
  • Jean-Louis Martinoty (1986-1989) : metteur en scène, il tente de diversifier la programmation en recourant à des metteurs en scène modernes et en ouvrant plus largement l'Opéra au répertoire du XXe siècle, avec notamment plusieurs créations. Il parvient cependant difficilement à se faire accepter dans la maison et n'est pas reconduit au-delà de l'ouverture de l'Opéra-Bastille. Il est assisté d'un directeur musical, Lothar Zagrosek.

La démission des deux premiers de ces trois directeurs oblige à chaque fois à la mise en place d'une direction collective de transition, dans laquelle figure notamment le président du Conseil d'administration de l'Opéra et des représentants du Ministère de la culture. Le directeur alors nommé, manquant de temps pour préparer sa programmation, se trouve ainsi en mauvaise posture pour diriger la maison, ce qui contribue à entretenir l'instabilité.

Dans le domaine de la danse, la période est marquée par la présence comme directeur de la danse du danseur russe Rudolf Noureev entre 1983 et 1989, période qui marque le Ballet de l'Opéra jusqu'à aujourd'hui. La période est marquée par de nombreuses polémiques, notamment avec les danseurs : ceux-ci n'acceptent de danser la version Noureev du Lac des cygnes qu'à condition que la version précédente soit conservée au répertoire ; les danseurs étoiles de l'Opéra se plaignent de la place que s'octroie le directeur dans les distributions. Noureev, qui avait déjà travaillé pour l'Opéra, met en place pendant cette période les bases d'un répertoire classique qui est encore aujourd'hui l'essentiel du répertoire de la maison. Sa démission en 1989 est due à une polémique avec la direction en raison de la place jugée trop importante des engagements de Noureev à l'étranger ; il continue néanmoins à rester chorégraphe principal du ballet. C'est à ce titre qu'il réalise sa dernière création, une version de La Bayadère : déjà gravement malade, il ne survit que quelques mois à la première le 8 octobre 1992. La période Noureev ne se limite cependant pas au répertoire classique : un autre événement majeur est la création, en 1987, de In the Middle, Somewhat Elevated du jeune chorégraphe américain William Forsythe.

La perspective qui pèse sur l'essentiel de la période est la décision du président François Mitterrand de construire un nouvel opéra, qui deviendra l'Opéra Bastille. Cette décision très contestée et dont les conséquences précises pour l'établissement restent longtemps floues est notamment justifiée par la jauge trop réduite de l'Opéra Garnier, qui oblige l'établissement à investir d'autres salles, notamment l'Opéra-Comique, qui lui est rattaché jusqu'en 1990, mais aussi le Théâtre des Champs-Elysées ou le Palais des Congrès, ce qui entraîne des coûts considérables de fonctionnement.

L'ouverture de l'Opéra-Bastille et l'époque Pierre Bergé

La victoire de la gauche aux élections de 1988 conduit à la tête de l'Opéra un ami du président réélu, Pierre Bergé, qui va diriger de facto l'Opéra à partir de sa position de président de son conseil d'administration, tout en laissant les tâches administratives à une direction à géométrie variable. Il organise notamment les cérémonies d'ouverture du nouvel Opéra de la place de la Bastille, tout en préparant la fermeture pour travaux de l'Opéra Garnier (1993-1996). Sa programmation fastueuse, qui donne aux metteurs en scène des moyens inédits pour réaliser leurs idées, souffre rapidement des déficiences techniques du nouvel outil et souffre d'un nombre de représentations insuffisantes. La décision de consacrer l'Opéra Garnier de manière presque exclusive à la danse, tandis que presque tout le répertoire lyrique est joué à Bastille, pose également des problèmes d'identité importants dans les deux maisons.

Le 16 juillet 1992, lors d'une tournée de l'Opéra à Séville, un élément de décor tombe sur plusieurs choristes, faisant un mort et de nombreux blessés. Cet incident provoque une crise interne grave dans la direction de l'Opéra, qui voit plusieurs responsables de premier plan quitter la maison et la position de Pierre Bergé profondément entamée.

Les élections de 1993, favorables cette fois à la droite, et le nécessaire changement de statut de l'Opéra amènent le départ de Pierre Bergé, qui reste président d'honneur. Décidé en novembre 1993 et effectif au 3 février 1994, ce départ amène la nomination de Jean-Paul Cluzel comme président par intérim et celle d'Hugues Gall comme directeur délégué, chargé de préparer son arrivée au poste de directeur prévu à compter d'août 1995.

Pendant cette période de transition, un décret du 5 février 1994 fixe les nouveaux statuts de l'établissement, qui prend son nom actuel d'Opéra National de Paris.

Les réformes d'Hugues Gall (1995-2004)

C'est au directeur du Grand Théâtre de Genève, ancien collaborateur de Rolf Liebermann à l'Opéra, qu'est confiée en 1993 la mission de réformer l'Opéra pour en stabiliser le fonctionnement. Après avoir réalisé un rapport d'information où il pointait les dysfonctionnements de la période précédente, en particulier la mauvaise utilisation de l'Opéra-Bastille, qui limitait fortement les possibilités d'alternance, celui-ci pose plusieurs conditions pour accepter le poste : il obtient ainsi l'assurance d'une augmentation de 3 % de la subvention publique pendant chaque année de son mandat et fixe la date de son entrée en fonction au début de la saison 1995/1996, laissant la gestion de l'Opéra pour les saisons 1993/1994 et 1994/1995 à une nouvelle direction provisoire. Un incident très médiatisé est le renvoi du directeur musical choisi par Pierre Bergé, le Coréen Myung-Whun Chung, accusé par Hugues Gall de mal connaître le répertoire lyrique et de demander des émoluments trop élevés. À sa place, Hugues Gall choisit le chef américain James Conlon, peu connu du grand public bien qu'ayant souvent dirigé à l'Opéra dans les années 1980.

Son mandat vise entièrement à constituer un répertoire viable de productions solides susceptibles d'être régulièrement reprises. Il s'appuie pour cela sur un nombre limité de metteurs en scène d'expérience comme Francesca Zambello, Robert Carsen ou Andrei Serban, au risque de se voir parfois accuser de préférer une production industrielle de spectacles sans âme à la prise de risque artistique.

Son mandat est également marqué par des grèves répétées, en particulier en novembre-décembre 2000. Ces grèves sont dues notamment aux réformes de Hugues Gall en ce qui concerne le statut des personnels, destinées à mettre fin à certaines lourdeurs administratives héritées du passé et perçues par une partie du personnel comme une atteinte à leurs droits sociaux. Dans le livre-souvenir publié en 2004 à la fin de son mandat, Gall accuse les syndicats de l'établissement, qu'il présente comme la principale source de difficultés de son mandats, d'être restés staliniens.

Parmi les principales réussites artistiques de son mandat figurent notamment la nouvelle production de Nabucco de Verdi donnée en ouverture de sa première saison (mise en scène Robert Carsen, avec Julia Varady, Samuel Ramey, Violeta Urmana, Jean-Philippe Lafont et José Cura), une nouvelle production d’Alcina de Haendel en 1999 (mise en scène Robert Carsen, avec Renée Fleming, Natalie Dessay et Susan Graham) ou celle de Platée de Rameau (mise en scène Laurent Pelly). Quelques échecs marquants jalonnent aussi son mandat, comme celui du Tristan und Isolde de Wagner mis en scène par Stein Winge, de l’Idomeneo de Mozart mis en scène par le chef d'orchestre Ivan Fischer ou la création mondiale de L'espace dernier de Matthias Pintscher. La critique très négative parue dans Le Monde sur Idomeneo suscite une vive réaction d'Hugues Gall, qui accuse le journal de s'en prendre systématiquement à l'Opéra et décide de ne plus faire de publicité dans ce journal.

Nommé initialement pour un mandat de 6 ans à compter d'août 1995, Hugues Gall est maintenu en fonction pour trois ans supplémentaires, soit jusqu'en août 2004 (de façon dérogatoire au statut d'EPIC de l'Opéra, qui impose une limite d'âge de 65 ans pour les directeurs, âge atteint par Hugues Gall en mars). Pour lui succéder, l'Etat nomme un autre ancien collaborateur de Rolf Liebermann, le Belge Gerard Mortier, pour lui succéder à compter de la saison 2004/2005[1]. Août 2004 marque aussi la fin du mandat du directeur musical James Conlon.

Gerard Mortier, le défi de la modernité (2004-2009)

Revendiquant une rupture forte avec son prédécesseur, Gerard Mortier axe sa politique sur les principes suivants :

  • il augmente le nombre de nouvelles productions par rapport à Hugues Gall, de 7 ou 8 à 9 ou 10 par saison ;
  • voulant faire découvrir certaines des productions produites dans les institutions qu'il a précédemment dirigées, il importe un nombre important de telles productions, notamment au début de son mandat ;
  • il renonce au poste de directeur musical, affirmant s'appuyer sur un ensemble de 7 chefs permanents (dont Valery Gergiev, Christoph von Dohnanyi, Esa-Pekka Salonen et Sylvain Cambreling qui ne fonctionnera en réalité qu'une ou deux saisons.
  • il augmente sensiblement la proportion des œuvres du XXe siècle dans sa programmation, tout en continuant la politique de créations de son prédécesseur (Melancholia de Georg Friedrich Haas en 2008, Yvonne, princesse de Bourgogne, de Philippe Boesmans en 2009).

Parmi les metteurs en scène les plus marquants de ces années figurent notamment des metteurs en scène novateurs qui suscitent une vive opposition d'une partie du public :

D'autres metteurs en scène aux conceptions plus traditionnelles figurent aussi au programme de l'Opéra pendant cette période, comme Laurent Pelly, Gilbert Deflo ou André Engel.

Nommé à l'origine pour un mandat de 4 ans en raison du statut des EPIC, qui lui interdisent de rester directeur au-delà de ses 65 ans (novembre 2008), il est maintenu en poste par dérogation une saison supplémentaire, comme l'avait été Hugues Gall, en particulier en raison du retard pris par le ministère de la Culture pour nommer son successeur.

Nicolas Joel (2009-)

En décembre 2006[2], c'est Nicolas Joel, directeur du Capitole de Toulouse depuis 1990 et metteur en scène, qui est nommé directeur délégué de l'Opéra[3] et chargé de préparer les saisons de l'Opéra de Paris à compter de la saison 2009/2010[4]. Il choisit d'ouvrir sa première saison par Mireille de Charles Gounod, marquant ainsi son attachement au répertoire français. Il en assure également la mise en scène.

Il choisit de conserver à ses côtés la directrice de la danse Brigitte Lefèvre.

Les missions de l'Opéra national de Paris

Les missions[5] de service public confiées à l'établissement public sont définies par le décret n° 94-111 du 5 février 1994[6]. Ces missions sont les suivantes :

  • rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres du patrimoine lyrique et chorégraphique ;
  • favoriser la création et la représentation d'œuvres contemporaines ; tant à Paris qu'en province ou à l'étranger ;
  • contribuer à la formation et au perfectionnement des chanteurs et des danseurs et des chefs de chant ;
  • participer au développement de l'art lyrique et chorégraphique en France.

Cette liste est complétée par un cahier des charges préparé par l'État et adopté par le conseil d'administration de l'Opéra national de Paris. Cependant le Rapport de réflexion et de propositions sur l'Opéra de Paris de M. Hugues Gall, mis en application en 1995, a servi de support pour enrichir le cahier des charges initial. Les missions complémentaires sont :

  • concevoir une programmation assurant un bon équilibre entre les œuvres inscrites à son répertoire et les créations ;
  • concevoir une programmation assurant un bon équilibre entre les grands ouvrages reconnus des répertoires lyriques et chorégraphiques et les créations d'œuvres contemporaines ;
  • étendre l'audience de l'Opéra auprès du public le plus large et le plus diversifié possible.
  • rechercher le nombre de représentations le plus élevé, compatible avec les exigences de qualité artistique, les impératifs financiers, et les possibilités technologiques.
  • déterminer une politique tarifaire tenant compte de l'existence de publics spécifiques, notamment les plus jeunes d'auditeurs.
  • développer une politique d'information, d'animation et d'activité pédagogique vis-à-vis du public, et plus particulièrement du jeune public.
  • assurer la formation et le perfectionnement de jeunes artistes chorégraphiques et lyriques.

Le cahier des charges donne également un nombre moyen de représentations par saison. Il est de 340 avec 20 productions pour le lyrique, dont six à huit nouvelles, auxquelles s'ajoutent les coproductions, et une dizaine de programmes chorégraphiques dont, en moyenne, trois nouvelles productions.

Les quinze salles de l'Opéra de Paris

La tradition retient quinze salles distinctes utilisées par l'Opéra de Paris pour ses spectacles. Cette liste ne comprend que les salles ordinaires du théâtre, abstraction faite de celles qui ont pu être utilisées pour des représentations à l'extérieur.

Nom de la salle Dates Emplacement Historique
1 Salle d'Issy 1659 Issy-les-Moulineaux Démolie.
2 Salle de la Bouteille 1671-1672 Rue Mazarine Démolie.
3 Salle du Bel-Air 1672-1673 Rue de Vaugirard Démolie.
4 Première salle du Palais-Royal 1673-1763 Palais-Royal Détruite par un incendie le 6 avril 1763
5 Théâtre des Machines 1764-1770 Palais des Tuileries Construite en 1662 mais remaniée à plusieurs reprises. Démolie avec le palais en 1873.
6 Deuxième salle du Palais-Royal 1770-1781 Palais-Royal Inaugurée le 26 janvier 1770 ; détruite par un incendie le 8 juin 1781
7 Salle des Menus-Plaisirs 1781 Rue Bergère Démolie.
8 Salle de la Porte-Saint-Martin 1781-1794 Boulevard Saint-Martin Construite en 75 jours en 1781. Ouverture le 27 octobre 1781 ; détruite par un incendie en 1871 (Commune de Paris) et reconstruite sur place.
9 Salle de la rue de Richelieu 1794-1820 Rue de Richelieu[7].
Aujourd'hui square Louvois
Construite en 1793. Détruite sur ordre des autorités.
10 Théâtre Louvois 1820 Rue Louvois Construite en 1791. Fermée en 1825, démolie en 1899[8].
11 Salle Favart 1820-1821 Place Boieldieu Construite en 1783. Détruite en 1839 par un incendie et reconstruite sur place.
12 Salle Le Peletier 1821-1873 Rue Le Peletier
et rue Grange-Batelière
  • Construite en 1820-1821 (1800 places).
  • Détruite par un incendie dans la nuit 28/29 octobre 1873.
13 Salle Ventadour 1874 Rue Méhul Construite de 1826 à 1829. Fermée en 1879 et transformée en banque.
14 Opéra Garnier 1875- Place de l'Opéra
  • Construction
29 septembre 1860 : déclaration d'utilité publique ; 29 décembre 1860 : ouverture du concours d'architecture ; 29 mai 1861 : Charles Garnier, vainqueur du concours, parmi 171 projets ; 5 janvier 1875 : inauguration.
  • Représentations notoires
Première représentation ouverte au public, le 8 janvier 1875 : La Juive d'Halévy.
Créations : Henry VIII, Ascanio, Frédégonde, Les Barbares de Camille Saint-Saëns ; Thaïs de Jules Massenet ; Monna Vanna, L'Île désenchantée d'Henry Février ; Padmâvatî, Bacchus et Ariane de Roussel ; Saint François d'Assise de Messiaen ; Les deux pigeons d'André Messager ; Boléro de Ravel .
15 Opéra Bastille 1990 Place de la Bastille

Les directeurs et les maîtres de ballet

Années Dénominations Directeurs et administrateurs Maîtres de ballet ou
Directeurs de la danse
Troupes (saisons)
1669 Académie royale de Musique Pierre Perrin et Robert Cambert Pierre Beauchamp
1672 Jean-Baptiste Lully
1687 Jean-Nicolas de Francine Louis Pécour
1698 Jean-Nicolas de Francine, Gaureaut et Dumont
1704 Pierre Guyenet
1712 Jean-Nicolas de Francine et Dumont
1728 André-Cardinal Destouches
1729 Michel Blondy
1730 Maximilien-Claude Gruer
1731 Claude Lecomte
1733 Eugène de Thuret
1739 Antoine Bandieri de Laval
1744 François Berger
1748 Joseph Guénot de Tréfontaine Jean-Barthélemy Lany
1749 Ville de Paris
1752-1753
1753 François Rebel et François Francœur
1754 Joseph Nicolas Pancrace Royer
1754-1755
1755 Bontemps et Levasseur
1755-1756
1757 François Rebel et François Francœur
1767 Pierre Montan Berton et Jean-Claude Trial
1769 Antoine Dauvergne et Nicolas-René Joliveau
1770 Gaëtan Vestris
1773 François Rebel
1775 Pierre Montan Berton
1776 Jean-Georges Noverre
1777 Anne-Pierre-Jacques Devismes
1780 Pierre Montan Berton / Antoine Dauvergne et François-Joseph Gossec
1781 Gardel et Dauberval
1785-1786
1787 Comité gestionnaire Pierre Gardel
1790 Commissaire de la Ville
1791 Théâtre de l'Opéra
1792 Francœur et Jacques Cellerier
1793 Théâtre des Arts
1796 Évariste de Parny
1797 Théâtre de la République et des Arts Commissaire de la Ville
1799 Anne-Pierre-Jacques Devismes et Joseph Balthazar Bonet de Treyches
1800 Anne-Pierre-Jacques Devismes
1801 Jacques Cellerier
1802 Théâtre de l'Opéra Étienne Morel de Chédeville
1804 Académie impériale de Musique
1807 Louis-Benoît Picard
1814 Académie royale de musique
1815 Académie impériale de musique / Académie royale de Musique
1816 Alexandre-Étienne Choron
1817 Louis-Luc Loiseau de Persuis
1819 Giovanni Battista Viotti
1820 Jean-Pierre Aumer
1821 François-Antoine Habeneck
1824 Raphaël de Frédot Duplantys
1827 Émile-Timothée Lubbert
1831 Louis Véron Jean Coralli
1835 Henri Duponchel
1839 Henri Duponchel et Édouard Monnais
1841 Henri Duponchel et Léon Pillet
1847 Henri Duponchel et Nestor Roqueplan
1848 Théâtre de la Nation / Opéra-Théâtre de la Nation
1849 Nestor Roqueplan
1850 Académie nationale de Musique Arthur Saint-Léon
1851 Académie impériale de Musique
1852 Joseph Mazilier
1854 Théâtre impérial de l'Opéra François-Louis Crosnier
1856 Alphonse Royer
1860 Lucien Petipa
1862 Émile Perrin
1868 Henri Justamant
1869 Louis Mérante
1870 Société des Artistes
1871 Théâtre national de l'Opéra Olivier Halanzier
1879 Auguste-Emmanuel Vaucorbeil
1884 Ritt
1888 Joseph Hansen
1892 Eugène Bertrand
1893 Eugène Bertrand et Pierre Gailhard
1908 André Messager et Leimistin Broussan Léo Staats
1911 Ivan Clustine
1915 Jacques Rouché
1919 Léo Staats
1939 Réunion des théâtres lyriques nationaux Serge Lifar
1945 Maurice Lehmann
1946 Georges Hirsch
1951 Maurice Lehmann
1955 Jacques Ibert
1956 Georges Hirsch
1958 George Skibine
1959 Julien
1962 Georges Auric Michel Descombey
1968 André Chabaud
1969 René Nicoly John Taras
1970 Claude Bessy
1971 Jean-Yves Daniel-Lesur et Bernard Lefort Raymond Franchetti
1973 Rolf Liebermann
1977 Violette Verdy
1978 Théâtre national de l'Opéra de Paris
1980 Bernard Lefort Rosella Hightower
1983 Massimo Bogianckino Rudolf Noureev
1986 Jean-Louis Martinoty
1989 Association des Théâtres de l'Opéra de Paris Georges-François Hirsch Patrick Dupond
1990 Opéra de Paris
1991 Philippe Bélaval
1992 Jean-Paul Cluzel
1994 Opéra national de Paris
1995 Hugues Gall Brigitte Lefèvre
2004 Gerard Mortier
2009 Nicolas Joël

Notes et références

  1. Décret du 16 juillet 2004 portant nomination du directeur de l'Opéra national de Paris
  2. Le délai de 3 ans avant l'expiration du mandat du directeur en poste, prévu par les statuts de 1994, n'est donc pas respecté
  3. Arrêté du 3 décembre 2006 portant nomination du directeur délégué de l'Opéra national de Paris
  4. Décret du 24 juillet 2009 portant nomination d'un directeur de l'Opéra national de Paris - M. JOEL (Nicolas)
  5. Rapport d'information n° 384 (2006-2007) de M. Yann Gaillard, fait au nom de la commission des finances, déposé le 12 juillet  2007.
  6. Décret n° 94-111 du 5 février 1994
  7. Jusqu'en 1815, rue de la Loi.
  8. Hillairet.

Bibliographie

  • Pour une bibliographie plus complète, mais pas à jour, voir l'article « Paris » dans The New Grove Dictionary of Opera (1992), vol. III, p. 882-883.

Ouvrages généraux

  • Philippe Agid, Jean-Claude Tarondeau, L'Opéra de Paris : gouverner une grande institution culturelle, Paris, Vuibert, 2006, 320 p. (ISBN 2-7117-4395-0)
  • Jean Gourret, Histoire des salles de l'Opéra de Paris, Trédaniel, Paris, 1985, 255 p. (ISBN 2-85707-180-9)
  • Frédérique Jourdaa, À l'Opéra aujourd'hui : de Garnier à Bastille, Hachette Littérature, coll. « Vie quotidienne », Paris, 2004, 463 p. (ISBN 2-01-235597-8).
  • Yves Ozanam, Recherches sur l'Académie royale de Musique (Opéra français) sous la seconde Restauration (1815-1830), 1981, résumé dans Position des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1981 de l'École nationale des chartes, p. 201-211.

Répertoires, catalogues

  • Archives nationales, Brigitte Labat-Poussin, Archives du Théâtre national de l'Opéra (AJ13 1-1466) : inventaire, Archives nationales, 1977, XXIX-613 p. (ISBN 2-86000-016-X) ;
  • Jean Gourret (dir.), Dictionnaire des cantatrices de l'Opéra de Paris, Albatros, Paris, 1987, 319 p.
  • Jean Gourret, Nouveau Dictionnaire des chanteurs de l'Opéra de Paris, Albatros, Paris, 1989, 402 p.
  • (en) Spire Pitou, The Paris Opéra : an Encyclopedia of Operas, Ballets, Composers and Performers, Greenwood, New York, 3 parties en 4 vol.

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