Louis Delgres

Louis Delgres

Louis Delgrès

Louis Delgrès est né le 2 août 1766, à Saint-Pierre (Martinique) et décédé le 28 mai 1802, Grand Parc - Saint-Claude (Guadeloupe).
Juridiquement il est né "libre de couleur".

Il est, selon l'hypothèse la plus probable, le fils naturel de la mulâtresse Elisabeth Morin (dite Guiby) et de Louis Delgrès blanc créole martiniquais de Saint-Pierre qui fut receveur du Roi et directeur des Domaines du Roi à Tobago. Aux archives nationales il existe deux dossiers : celui de Louis Delgrès père (le receveur) et celui de Louis Delgrès fils (le chef de bataillon)[réf. nécessaire].
Ces documents établissent quasi formellement la filiation entre les deux hommes. Louis Delgrès fils vit avec ses parents en Martinique puis à Tobago.

  • Il entre dans la milice, le 10 novembre 1783. Il en est nommé sergent.
  • Le 8 septembre 1791. Patriote, il s'exile en Dominique après la prise du pouvoir par les royalistes en Martinique.
  • Le 28 octobre 1792 il participe à l'élection des députés des Îles du Vent à la Convention nationale.
  • En décembre 1792, il rejoint les rangs des républicains et monte à bord de la Félicité, le navire de Lacrosse. Il est alors élu provisoirement lieutenant par ses concitoyens.
  • Il sert sous les ordres de Rochambeau et est nommé capitaine à titre provisoire.
  • Capturé par les Anglais lors de la prise de la colonie en mars 1794, il est déporté en France. Arrivé à Brest, il reçoit son brevet de lieutenant, lors de la formation du Bataillon des Antilles, le 27 novembre 1794.
  • Le 6 janvier 1795 il arrive en Guadeloupe, en compagnie des commissaires de la Convention Goyraud et Lebas.
  • Le 21 mars 1795, il quitte la Guadeloupe pour partir à la reconquête de Sainte-Lucie. Il se distingue dans cette campagne. Il est grièvement blessé, le 22 avril 1795. Il hisse le drapeau tricolore au morne Rabot, le 19 juin suivant. Il est nommé capitaine par Goyraud, le 25 juin.
  • Le lendemain, il embarque pour Saint-Vincent, où il combat aux côtés des Garifunas (métis amérindiens Caraïbes noirs).
  • Il est fait prisonnier par les Anglais, le 16 juin 1796. Conduit dans les prisons britanniques, il est échangé et après être parti de Portchester il débarque au Havre le 21 septembre 1797.
  • En janvier 1798, il est en garnison avec Palerme dans les casernes Martinville à Rouen. Puis, il est envoyé à l'île d'Aix où il retrouve Magloire Pélage.
  • Un document de septembre 1799, indique qu'il est un excellent militaire et qu'il sait très bien lire, écrire et calculer. Ces indications révèlent la qualité de l'éducation que lui a donnée son père naturel blanc.
  • En septembre 1799, il est en congé à Paris. Le 1er octobre, il est nommé chef de bataillon. Destiné à accompagner les agents de la Convention Jeannet, Laveaux et Baco en Guadeloupe, il refuse cette nouvelle affectation car il lui est dû des arriérés de sa solde. Finalement, Victor Hugues lui fait une avance et il part le 16 novembre 1799.
  • Il y arrive en Guadeloupe le 11 décembre 1799. Il est aide de camp de Baco.
  • En octobre 1801, il est aide de camp du Capitaine général Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse. Ce dernier le qualifie de sans-culotte, ce qui indique son profond engagement révolutionnaire.
  • A Basse-Terre, lors de l'insurrection du 21 octobre, il accompagne Lacrosse à Pointe-à-Pitre
  • Mais le 24 octobre, lorsque Lacrosse est emprisonné, il se rallie aux officiers "rebelles".
  • Il est nommé chef de la place de Basse-Terre par le Général Magloire Pélage.
  • Le 5 janvier 1802, il destitue les fonctionnaires blancs accusés de correspondre avec le Général Lacrosse en exil. Deux jours plus tard, il devient chef de l'arrondissement de Basse-Terre.
  • Les 15-16 février, en collaboration avec le Capitaine Massoteau, il fait arrêter des officiers blancs.
  • À partir du 10 mai 1802, dans la région de Basse-Terre il est le chef de la résistance contre les troupes Consulaires du Général Richepance, envoyées par Bonaparte pour rétablir l'esclavage.
  • Le 20 Mai, obligé de se replier au Fort de Basse-Terre qu’il doit ensuite abandonner le 22 Mai et se réfugier au pied de la Soufrière à Matouba vers Saint-Claude.
  • Le 28 Mai 1802, se voyant perdu, Delgrès et ses 300 compagnons se suicident à l'explosif dans leur refuge de l' habitation Danglemont à Matouba, respectant ainsi la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir ».

En 2002, son sacrifice a été commémoré par la création d’un timbre à son effigie et par la mise en place d’une stèle au Fort qui porte dorénavant le nom de Fort Delgrès. Nous pouvons actuellement lire sa proclamation au Champ d’Arbaud à Basse-Terre.

Delgrès avait fait afficher sur les murs de Basse-Terre une proclamation adressée à « l’univers entier » dans laquelle il poussait « le cri de l’innocence et du désespoir ».

Voici ci-dessous la proclamation de Delgrès :

La proclamation de Delgrès signée le 10 mai 1802

Colonel d’infanterie des forces Armées de la Basse Terre

A L'UNIVERS ENTIER LE DERNIER CRI DE L'INNOCENCE ET DU DESESPOIR.

"C'est dans les plus beaux jours d'un siècle à jamais célèbre par le triomphe des lumières et de la philosophie, qu'une classe d'infortunés qu'on veut anéantir se voit obligée d'élever sa voix vers la postérité pour lui faire connaître,, lorsqu'elle aura disparu, son innocence et ses malheurs.

Victime de quelques individus altérés de sang, qui ont osé tromper le Gouvernement français, une foule de citoyens, toujours fidèle. la patrie, se voit enveloppée dans une proscription méditée par l'auteur de tous ses maux. Le général Richepance, dont nous ne connaissons pas l'étendue des pouvoirs, puisqu'il ne s'annonce que comme général d'armée, ne nous a encore fait ~ connaître son arrivée que par une proclamation, dont les expressions sont si bien mesurées, que, lors même qu'il promet protection, il pourrait nous donner la mort, sans s'écarter des termes dont il se sert. A ce style, nous avons reconnu l'influence du contre-amiral Lacrosse, qui nous a juré une haine éternelle . . .

Oui, nous aimons croire que le général Richepance, lui aussi, a été trompé par cet homme perfide, qui sait employer également les poignards et la calomnie. Quels sont les coups d'autorité dont on nous menace ? Veut-on diriger contre nous les baïonnettes de ces braves militaires, dont nous aimions calculer le moment de l'arrivée, et qui naguère ne les dirigeaient que contre les ennemis de la République ? Ah ! plutôt, si nous en croyons les coups d'autorité déjà frappés au Port-de-la-Liberté, le système d'une mort lente dans les cachots continue à être suivi. Eh bien ! nous choisissons de mourir plus promptement.

Osons le dire, les maximes de la tyrannie la plus atroce sont surpassées aujourd'hui. Nos anciens tyrans permettaient a un maître d'affranchir son esclave, et tout nous annonce que, dans le siècle de la philosophie, il existe des hommes, malheureusement trop puissants par leur éloignement de , l'autorité dont ils émanent, qui ne veulent voir d'hommes noirs ou tirant leur origine de cette couleur, que dans les fers de l'esclavage. Et vous, Premier Consul de la République, vous guerrier philosophe de qui nous attendions la justice qui nous était due, pourquoi faut-il que nous ayons à déplorer notre éloignement du foyer d'où partent les a conceptions sublimes que vous nous avez si souvent fait admirer !

Ah ! sans doute un jour vous connaîtrez notre innocence ; mais il ne sera plus temps, et des pervers auront déjà profité des calomnies qu'ils ont prodiguées contre nous pour consommer notre ruine. Citoyens de la Guadeloupe, vous dont la différence de l'épiderme est un titre suffisant pour ne point craindre les vengeances dont on nous menace, â moins qu'on ne veuille vous faire un crime de n'avoir pas dirigé vos armes contre nous, ~ vous avez entendu les motifs qui ont excité notre indignation.

La résistance â l'oppression est un droit naturel. La divinité même ne peut être offensée que nous défendions notre cause ; elle est celle de la justice et de l'humanité : nous ne la souillerons pas par l'ombre même du crime. Oui, nous sommes résolus à nous tenir sur une juste défensive ; mais nous ne deviendrons jamais les agresseurs. Pour vous, restez dans vos foyers ; ne craignez rien de notre part. Nous vous jurons solennellement de respecter vos femmes, vos enfants, vos propriétés, et d'employer tous nos moyens à les faire respecter par tous. Et toi, postérité ! accorde une larme à nos malheurs et nous mourrons satisfaits."

Le commandant de la Basse-Terre,

Louis DELGRES.

Sources

Académie de la Guadeloupe, SNM, Lameca.

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