- Marianne
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Marianne est la figure allégorique de la République française. Sous l’apparence d’une femme coiffée d’un bonnet phrygien, Marianne incarne la République française et représente par là-même les valeurs républicaines françaises contenues dans la devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Sommaire
L’origine du prénom
Marianne provient de la contraction de Marie et Anne, deux prénoms très répandus au XVIIIe siècle en France, et portés par plusieurs reines, dont Marie de Médicis, Anne d’Autriche, Marie-Antoinette. Il était, à la fin du XVIIIe siècle, très répandu dans les milieux populaires, notamment à la campagne, ou encore dans le personnel domestique des maisons bourgeoises. Son utilisation comme symbole de la République a été attribuée à une chanson révolutionnaire du pays albigeois, la Garisou de Marianno (en français, la Guérison de Marianne), composée par le cordonnier-poète Guillaume Lavabre, de Puylaurens[1] [2]. La chanson, racontant les avatars du nouveau régime, fut vraisemblablement écrite en octobre 1792, une dizaine de jours seulement après la fondation de la République. Il s’agit de la première occurrence du prénom Marianne en tant que symbole de la République. Marianne y représentait la devise française..
Bien que cette chanson date de 1792 et soit déjà mentionnée dans le trésor du Felibrige de Frédéric Mistral, l’association de la chanson au symbole de la République n’a été faite qu’en 1976. Quoi qu’il en soit, le village de Puylaurens revendique désormais le titre de « berceau occitan de la Marianne républicaine ».
Les aristocrates contre-révolutionnaires utilisaient le double prénom Marie Anne, la forme « Marianne » leur paraissant trop populaire, à la limite vulgaire. Les révolutionnaires ont adopté cette dernière pour symboliser le changement de régime, mais surtout il mettait en avant la symbolique de la « mère patrie », de la mère nourricière qui protège les enfants de la République. Les républicains du Midi contribuèrent aussi à associer ce prénom à leur idéal politique (reprenant la chanson en occitan, « La garisou de Marianno » est très populaire à l’automne 1792). L’utilisation de ce prénom comme symbole serait donc né d’un consensus entre les partisans et les adversaires de la république, puis rapidement accepté par tout le peuple français.
D’après une version alternative, le premier modèle de Marianne aurait été une jeune fille de Sigolsheim en Alsace.
Surnom
Elle fut surnommée avec mépris « la gueuse » par les monarchistes, c'est-à-dire la mendiante ou la femme de mauvaise vie. Notamment dans la chanson des Camelots du Roi, composée vers 1908-1910, où les partisans de l'héritier du roi de France prétendent vouloir la pendre ou lui « casser la gueule » sur l'air du chant révolutionnaire La Carmagnole. En 2006, Gérard Boulanger reprend un slogan célèbre dans le titre de son ouvrage portant sur la Seconde guerre mondiale: À mort la Gueuse ! Comment Pétain liquida la République à Bordeaux[3].
Son histoire au travers des siècles
« La République a été matérialisée par M. de Lamartine, lors de l’assemblée constituante. Il a fait irruption, alors que les pairs de France, réunis, cherchaient leur modèle. C’est donc le buste de Marianne de Lamartine, érudite, artiste, anglaise, muse et épouse du poête restée à Milly (Saône et Loire) qui a donné pour la première fois son buste, sans lequel Alphonse ne voyageait pas, à notre république. Elle été ensuite copiée, représentée, un gouvernail et un sac de blé à moitié renversé à ses pieds. Cela représentait le fait qu’elle était peu soucieuse de puissance, se préoccupant surtout des aspirations du peuple. Il en existe plusieurs versions portant des symboles maçonniques. » (Selon l’Histoire de France d’Anquetil (début XXe) Il faudrait en retrouver l’illustration)
Symboles
Les symboles de Marianne sont souvent empruntés à l’Antiquité gréco-romaine ou à la franc-maçonnerie :
Les symboles de Marianne Représentation Symbole Le bonnet phrygien Esclave libéré dans l'Antiquité La couronne L’invincibilité Le sein nu La nourrice et l’émancipation La cuirasse Le pouvoir Le lion Le courage et la force du peuple L’étoile L’intelligence Le triangle L’égalité Les chaînes brisées La liberté Les mains croisées La fraternité Les faisceaux L’autorité de l’État La balance La justice La ruche Le travail Les Tables de la Loi La foi Représentations
Les premières représentations d’une femme à bonnet phrygien, allégorie de la Liberté et de la République, apparaissent sous la Révolution française. Elles diffèrent selon les époques et les préoccupations du peuple français, et ne portent pas systématiquement la totalité des symboles.
A partir du début du XXe siècle, elle figure également sur des objets de très large diffusion comme les pièces de monnaie ou les timbres-poste.
Les bustes de la République
La Marianne peut être sculptée en pied ou en buste. Elle commence à apparaître dans les mairies après 1877, en remplaçant les bustes de Napoléon III.
Sous la Troisième République, les statues et surtout les bustes de Marianne se multiplient, en particulier dans les mairies. Plusieurs types de représentation se développent, selon que l’on privilégie le caractère révolutionnaire ou le caractère « sage » de la Marianne : le bonnet phrygien est parfois jugé trop séditieux et remplacé par un diadème ou une couronne (statue à épis). Cette dernière représente une République modérée, la première une République révolutionnaire.
Au XXe siècle, toutes les mairies se dotent progressivement d’un buste de Marianne qui porte désormais systématiquement le bonnet phrygien et apparaît débarrassée de ses autres attributs (faisceau d’armes, niveau ou balance). Marianne est représentée de manière très épurée. La Marianne de Georges Saupique fut l’une des représentations officielles de la IVe République. Les dernières représentations, les plus en vogue dans les mairies aujourd’hui, sont celles reprenant les traits de femmes célèbres (voir le paragraphe suivant sur les modèles de Marianne).
Les statues allégoriques inspirées de Marianne
La statue de la liberté, allégorie intitulée « La liberté éclairant le monde », offerte par la France aux États-Unis représente ce que ces deux républiques, dont les constitutions sont issues des Lumières, ont en commun : la liberté éclairée et éclairante ; une Alma Mater de la conscience civique qui n’est autre que Marianne.
De même, à Paris, la statue au centre de la place de la République (de Léopold Morice) ou la figure de la République juchée sur le char de son triomphe Place de la Nation (de Jules Dalou) ont, de fait, un prénom.
Tableaux
Dans le fameux tableau d’Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple, la liberté est représentée allégoriquement sous les traits de Marianne.
Les représentations de très large diffusion
Timbres-poste
Article détaillé : Marianne (timbre-poste).Depuis la Libération, il y a eu le plus souvent une série de valeurs « Marianne » ou d’allégories féminines rappelant Marianne sur les timbres d’usage courant.
Pièces de monnaie
Marianne a été représentée sur de nombreuses pièces de monnaie, comme les derniers centimes de Franc, la pièce de 10 francs de 1986 (gravée par Joaquin Jimenez), les pièces en francs Pacifique et les faces françaises des actuels centimes d’euros.
Communication du gouvernement
En 1999, le gouvernement français adopta un logotype, qui représente le profil d’une Marianne dessinée en blanc sur un fond bleu et rouge, figurant ainsi le drapeau tricolore, accompagnée de la devise « Liberté – Égalité – Fraternité » et de la mention « République française ». Il est utilisé par l’ensemble des services de l’État. (ministères, secrétariats d’État, préfectures, services déconcentrés, etc.).
- Voir l’image ci-dessus : La Marianne de l’administration française.
Les représentations non officielles
En marge des représentations officielles, des représentations libres se multiplient ; les caricaturistes, les artistes s’emparent de Marianne comme image symbolisant la nation ou la République. Les partis ou groupes politiques utilisent aussi des représentations de Marianne. Les organisateurs de la Fête de l'Humanité ont choisi par exemple une Marianne noire portant le drapeau rouge[4]. De l’autre côté de l’échiquier politique, on a pu voir une Marianne blanche avec un œil au beurre noir lors des élections européennes de 2009[5].
Modèles
Les modèles ayant servi aux représentations de Marianne sont nombreux et variés.
Les artistes ayant réalisé les bustes des Marianne ont utilisé pour modèle :
- leur compagne ;
- un modèle, une belle femme inconnue ;
- des modèles locaux ;
- des personnalités.
Il n’existe pas de modèle officiel de Marianne. Cependant, l’Association des maires de France (AMF) choisit régulièrement des Françaises célèbres pour prêter leur traits à Marianne :
- 1968 : Brigitte Bardot
- 1978 : Mireille Mathieu
- 1985 : Catherine Deneuve
- 1989 : Inès de la Fressange
- 2000 : Laetitia Casta (sculpteur Marie-Paule Deville-Chabrolle)
- 2003 : Evelyne Thomas
- 2012 : Sophie Marceau
Depuis la Libération de la France en 1944, ces femmes étaient uniquement des actrices ou chanteuses célèbres, mais en 1989, ce fut le mannequin Inès de la Fressange qui fut choisie puis en 2000, le choix médiatisé de la nouvelle Marianne par l’AMF s’est porté sur un autre mannequin Laetitia Casta.
En 2003, le Comité de la Marianne d'Or, une entité privée n’ayant pas de rapport avec l’AMF, a désigné la journaliste Évelyne Thomas comme la nouvelle Marianne. Ce choix fut sujet à controverse (voir le lien externe sur la Lettre d’un maire, ci-dessous).
Notes et références
- Christian Laux, Albigés, païs occitan : recueil de textes tarnais, 1980.
- en ligne Christian Laux, "D'où vient donc Marianne ?", Annales historiques de la révolution française, 254, 1983,
- Gérard Boulanger, À mort la Gueuse !: comment Pétain liquida la République à Bordeaux, le Grand livre du mois, 2006
- Une Marianne communiste : analyse d’une e-affiche du journal l’Humanité
- Affiche du FN
Voir aussi
Bibliographie
- Maurice Agulhon, Un usage de la femme au XIXe siècle : l’allégorie de la République, Romantisme, 1976, vol. 6, n° 13, pp. 143-152. (lire en ligne)
- Maurice Agulhon, Marianne au combat: L’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Flammarion, 1979.
- Maurice Agulhon, Marianne au pouvoir: L’imagerie et la symbolique républicaines de 1880 à 1914, Flammarion, 1989.
- Maurice Agulhon et Pierre Bonte, Marianne : les visages de la République. Paris : Gallimard, 1992, 128 p. (Découvertes Gallimard. Histoire ; n° 146). (ISBN 2-07-053208-9)
- Maurice Agulhon, Marianne, réflexions sur une histoire, Annales historiques de la Révolution française, 1992, vol. 289, n° 1, pp. 313-322. (lire en ligne)
- Maurice Agulhon, Les Métamorphoses de Marianne : l’imagerie et la symbolique républicaines de 1914 à nos jours. Paris : Flammarion, 2001, 320 p. (ISBN 978-2-08-210011-3)
- Guillaume Doizy et Jacky Houdré, Marianne dans tous ses états, La République en caricature de Daumier à Plantu. Paris : Alternatives, 2008, 144 p. (ISBN 978-2-86227-567-3)
- Jean Garrigues, Images de la Révolution : l’imagerie républicaine de 1789 à nos jours. Paris : Du May ; Nanterre : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, 1988, 174 p. (ISBN 2-906450-28-6)
- Entre liberté, république et France : les représentations de Marianne de 1792 à nos jours : [exposition, Vizille, Musée de la Révolution française, 27 juin-6 octobre 2003] / [catalogue par Maurice Agulhon, Pierre Bonte, Robert Chagny, et al.]. Vizille : Musée de la Révolution française ; Paris : Réunion des musées nationaux, 2003, 94 p. (ISBN 2-7118-4685-7)
Articles connexes
- John Bull
- Oncle Sam
- Germania (allégorie), Deutscher Michel
- Guillaume Tell, héros populaire suisse
- Helvetia, figure allégorique
- Puylaurens revendique le titre de « berceau occitan de la Marianne républicaine »
- Emblèmes de la France
Liens externes
- Le blog de Marianne républicaine, ce site conçu comme une vitrine et un forum, contient un résumé de l’histoire de Marianne
- Billet sur Marianne du site de Jean-Marie Lamblard sur les symboles, couleurs et origine de Marianne.
- Les bustes de la République appelés Marianne - DRAC du Poitou-Charentes (Ministère de la Culture et de la Communication)
- Académie de Rouen : Marianne
- Marianne animatrice ou le déclin de la République, La Lettre des maires Ruraux du Var, sur le site de Pierre-Yves Collombat, Sénateur du Var.
- Marianne, Laetitia Casta
- La Marianne sur le site de la Présidence de la République
- Séquence Symboles de la République - Marianne et la devise : Académie de Nantes
- Symboles des institutions françaises (site numismate)
- Série de caricatures politiques avec Marianne
- L’association Marianna 89 a pour objectif de promouvoir Marianne et son village natal Puylaurens
Catégories :- Symbole de la République française
- Figure allégorique nationale
- Personnage de fiction féminin
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