- Jean-Etienne-Marie Portalis
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Jean-Étienne-Marie Portalis
Pour les articles homonymes, voir Portalis.Jean-Étienne-Marie Portalis, né le 1er avril 1746 au Beausset (Var) et mort à Paris le 25 août 1807, est un homme d'État, jurisconsulte et philosophe du droit français.
Sommaire
Formation et carrière
Après des études chez les oratoriens de Toulon puis de Marseille, il fait son droit à Aix-en-Provence où il devient avocat à 19 ans. Il ne tarde pas à s'imposer parmi les tout premiers jurisconsultes de Provence. Jeune avocat, il s'illustre à l'occasion d'un procès intenté contre Beaumarchais, créateur du Mariage de Figaro. Mais sa première vraie célébrité lui vient de la défense qui lui est confiée dans l'instance de divorce présentée par la comtesse de Mirabeau contre son mari, au terme de laquelle le Comte de Mirabeau est défait. En cette année 1783 on parlera de ce procès jusqu'à Paris, il lui vaudra une rancune à vie de la part du Comte de Mirabeau.
En 1787, Portalis devient un des quatre administrateurs de la Provence. Il se distingue en 1788 en publiant un mémoire contre le rétablissement des états de Provence, mais se tient à l'écart des mouvements révolutionnaires. Tenu pour royaliste en vertu de ses convictions (on le dit monarchiste constitutionnel modéré), il doit se réfugier à Lyon puis à Paris où il est emprisonné durant la Terreur. Il doit son salut à peu de choses.
Il est élu en 1795 au Conseil des Anciens, dont il va devenir le secrétaire, et combat le Directoire. Condamné à la déportation lors du coup d'état du 18 fructidor, il s'exile en Suisse, puis en Allemagne, au Holstein.
Napoléon Bonaparte le rappelle en 1800. D'abord nommé commissaire du gouvernement, il entre l'année suivante au Conseil d'État. Il aura ensuite la mission de présenter le Concordat au corps législatif et le rapport préliminaire sur le projet de Code civil des Français. En 1801, un arrêté le charge des affaires concernant les cultes. Il devient ministre des cultes en 1804.
Il est désigné comme membre de la commission de rédaction du Code civil des Français, aux côtés de Tronchet, Bigot de Préameneu et Maleville, sous la direction de Cambacérès. Il est, pour certains, « le père du Code civil des Français » ; il en rédige le Discours préliminaire, qui reprend en effet de nombreux extraits de ses écrits antérieurs.
Portalis déclare : « Quelle tâche que la rédaction d'une législation civile pour un grand peuple ! L'ouvrage serait au dessus des forces humaines s'il s'agissait de donner à ce peuple une institution absolument nouvelle, et, en oubliant qu'il occupe le premier rang parmi les nations policées, on dédaignait de profiter de l'expérience du passé, et de cette tradition de bon sens, de règles et de maximes, qui est parvenu jusqu'à nous et qui forme l'esprit des siècles... Les codes des peuples se font avec le temps ; mais à proprement parler, on ne les fait pas... Il est utile de conserver tout ce qu'il n'est pas nécessaire de détruire : les lois doivent ménager les habitudes, quand ces habitudes ne sont pas des vices. » Ainsi, Portalis expose la nécessité qu'il y a de conserver le droit existant.
Il est élu membre de l'Académie française en 1803. Le Code civil des Français est définitivement adopté le 21 mars 1804. Grand officier de la légion d'honneur, il est nommé Grand Aigle (Grand Croix) de la Légion d'honneur en 1804.
Mais en 1805 le ministre Portalis perd la vue et s'affaiblit. Il s'eteint le 25 août 1807 à Paris. Au lendemain de son décès, consécutif à une opération qui devait le prémunir de la cécité, ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris. Il laisse un fils Joseph Marie Portalis, diplomate et homme d'État.
Aix-en-Provence et Portalis
- Une statue de Portalis trône devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
- Un des bâtiments de la faculté de Droit d'Aix et le grand amphithéâtre portent le nom de Portalis.
- Un des amphithéatres de la faculté de Droit de Liège porte le nom de Portalis.
- Un institut de la faculté de Droit porte le nom d'« Institut Portalis ».
- La ville a célébré en septembre 2007 les 200 ans de la mort du juriste avec divers événements (conférences, théâtre, expositions, visites...) durant un mois et demi.
Publications
- De l'Usage et de l'abus de l'esprit philosophique durant le XVIIIe siècle (2 volumes, 1820)
- Écrits et discours juridiques et politiques, Aix-en-Provence : Presses universitaires d'Aix-Marseille, 1988
- Discours préliminaire au premier projet de Code civil édité aux éditions confluences et paru le 22 décembre 1998
Citations
- La loi permet, ordonne ou interdit.
- L'expérience prouve que les hommes changent plus facilement de domination que de lois. (Discours préliminaire prononcé lors de la présentation du projet de Code civil)
- Nous appelons esprit révolutionnaire, le désir exalté de sacrifier violemment tous les droits à un but politique. (Discours préliminaire prononcé lors de la présentation du projet de Code civil)
- En matière criminelle, il faut des lois précises et point de jurisprudence.(Discours préliminaire prononcé lors de la présentation du projet de Code civil).
- Il faut toujours présumer le bien quand le mal n'est pas prouvé
- Quand la raison n'a point de frein, l'erreur n'a point de bornes
- Une loi n'est point injuste par cela seul qu'elle est répressive; et il est souvent nécessaire que la loi soit répressive pour ne pas être insuffisante"
- Il ne faut point de lois inutiles, elles affaibliraient les lois nécessaires.
L'image dans la postérité
Dans Sade à l'ombre de la loi, le juriste et philosophe belge François Ost consacre la dernière partie de son ouvrage à un dialogue imaginaire sur la loi entre le marquis de Sade et Portalis. Quelques biographies du célèbre juriste sont parues ces dernières années, par ailleurs.
Liens internes
- Article sur le Code civil des Français.
- Article sur son fils Joseph Marie Portalis.
Liens externes
- Biographie sur le site de la Fondation Napoléon
- Portalis, co-rédacteur du Code civil
- Portalis : Biographie par ses descendants
- Portalis. Discours préliminaire du premier projet de Code civil et autres textes sur le site de la collection « Les classiques des sciences sociales » (1801-1803)
Précédé par
Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-GouffierFauteuil 25 de l’Académie française
1803-1807Suivi par
Pierre Laujon- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
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