Histoire De La Médecine

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Histoire de la médecine

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Toutes les sociétés humaines avaient recours à des croyances médicales relevant du mythe ou de la superstition pour expliquer la naissance, la mort et la maladie. Au cours de l'histoire, la maladie a été attribuée à la sorcellerie, aux démons, aux influences astrales contraires, ou à la volonté des dieux. Ces idées restent encore répandues, avec la foi en la guérison par la prière et le recours à des sanctuaires dans certains endroits, bien que la montée en puissance de la médecine scientifique au cours du dernier millénaire a éclipsé et rendu caduques bon nombre de croyances anciennes.

Sommaire

Médecine dans la préhistoire

Bien qu'on ne dispose pas de données fiables pour savoir quand a débuté l'usage des plantes à des fins médicinales (phytothérapie), il est généralement admis que l'utilisation des plantes comme remèdes a été représentée dans les peintures rupestres des grottes de Lascaux en France, qui ont été datées par le carbone radioactif entre environ 18 000 et 15 000 ans avant le présent. Avec le temps et l’accumulation d’essais et d’erreurs, une petite base de connaissances s’est constituée au sein des premières communautés tribales. Comme ces connaissances se sont développées au fil des générations, la culture tribale s’est transmise à des initiés. Ces « initiés » sont devenus ceux qu’on désigne aujourd'hui sous le nom de guérisseurs ou de shamans.

Médecine dans l’Antiquité

Les premières traces écrites ayant trait à la médecine remontent au code d'Hammurabi au XVIIIe siècle av. J.-C. Il s'agissait d'un code réglementant l'activité du médecin notamment ses honoraires et les risques qu'il encourait en cas de faute professionnelle. La constitution d'une bibliothèque médicale à Assurbanipal au VIIe siècle av. J.-C. marque le début de la formation médicale.

En la dissociant de la magie, les savants de l'Antiquité grecque sont les fondateurs de la médecine occidentale. Les précurseurs sont Pythagore, Thalès de Milet, Empédocle d'Agrigente ou encore Démocrite qui bien que plus connus aujourd'hui pour leurs écrits en mathématiques ou en philosophie exercèrent également la profession de médecin.

Le premier savant grec connu avant tout pour ses travaux en médecine est probablement Hippocrate au Ve siècle av. J.-C.. Il est traditionnellement reconnu comme l'auteur du serment qui porte son nom et son œuvre est au programme des études de médecine jusqu'au XVIIIe siècle. En 320 av. J.-C. l'école d'Alexandrie produit des enseignements considérables en anatomie humaine. Ces enseignements sont malheureusement ignorés pendant des siècles par les médecins qui ont préféré se baser sur les extrapolations de dissections d'animaux d'Aristote. Les Grecs ont transmis leur art dans l'empire romain. Au IIe siècle, Galien rédige des manuscrits qui feront autorité jusqu'à la Renaissance : il y reprend la théorie des Quatre éléments décrite par Hippocrate mais la systématise avec des organes producteurs.

Médecine en Égypte antique

Article détaillé : Médecine en Égypte antique.

Les données médicales contenues dans le Papyrus Edwin Smith[1] peuvent être datée du XXXe siècle av. J.-C. [2]Les premiers exemples connus d’interventions chirurgicales ont été réalisés en Égypte aux alentours du XXVIIIe siècle av. J.-C. (voir chirurgie). Imhotep sous la troisième dynastie est parfois considéré comme le fondateur de la médecine en Égypte antique et comme l'auteur originel du papyrus d’Edwin Smith qui énumère des médicaments, des maladies et des observations anatomiques. Le papyrus Edwin Smith est considéré comme une copie de plusieurs œuvres antérieures et a été écrit vers 1600 av. J.-C. Il s’agit d’un ancien manuel de chirurgie presque complètement exempt de références à la magie et qui décrit minutieusement l'examen, le diagnostic, le traitement et le pronostic de nombreuses maladies[3]. Inversement, le papyrus Ebers[4](c. XVIe siècle av. J.-C.) est rempli d’incantations et de rituels destinés à exorciser les démons responsables des maladies, ainsi que de superstitions diverses. Le papyrus Ebers est également le premier document décrivant des tumeurs, mais l’ancienne terminologie médicale est difficile à interpréter, les cas 546 et 547 du papyrus Ebers peuvent par exemple désigner de simples œdèmes.

Le papyrus gynécologique Kahun [5] traite des maladies des femmes et des problèmes de conception. Nous sont parvenus trente-quatre observations détaillées avec le diagnostic et le traitement, certains d'entre eux étant fragmentaires.[6] Datant de 1800 avant J.-C., il s’agit du plus ancien texte médical, toutes catégories confondues. On sait que des établissements médicaux, désignés par l’expression Maisons de vie ont été fondés dans l’Égypte antique dès la première dynastie.[7] Sous la 19e dynastie certains travailleurs bénéficient de divers avantages comme une assurance maladie, des pensions de retraite et l’arrêt maladie. [7]

Le premier médecin connu était également un Égyptien : Hesyre, chef des dentistes et des médecins du roi Djéser au XXVIIe siècle av. J.-C.[7] Ainsi que la première femme médecin connue, Peseshet, qui a exercé en Égypte sous la quatrième dynastie. Son titre était responsable des femmes médecins. En plus de son rôle de supervision, Peseshet délivrait les diplômes aux sages-femmes à l’école de médecine égyptienne de Sais.[7]

Voir aussi l'article sur l'Égypte ancienne mis en ligne sur Indiana University: Medicine in Ancient Egypt.

Article détaillé : Papyri médicaux.

Médecine babylonienne

Article détaillé : Médecine en Mésopotamie.

Les plus anciens textes Babyloniens sur la médecine remontent à l’époque de l’ancien empire babylonien dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. Cependant, le texte babylonien le plus complet dans le domaine de la médecine est le Manuel de diagnostic écrit par Esagil-kin-apli le médecin de Borsippa,[8] sous le règne du roi babylonien Adad-ALPA-iddina (1069-1046 avant JC).[9]

Comme les médecins égyptiens de la même époque, les Babyloniens ont introduit les concepts de diagnostic, de pronostic, d’examen physique et de prescription. En outre, le Manuel de diagnostic a introduit des méthodes de traitement et de diagnostic étiologique et le recours à l’empirisme, à la logique et à la rationalité dans le diagnostic, le pronostic et le traitement. Le texte contient une liste de symptômes médicaux et des observations empiriques minutieuses combinant les symptômes observés sur le patient avec un raisonnement logique pour aboutir au diagnostic et au pronostic. [10]

Le Manuel de diagnostic est fondé sur une association logique d’axiomes et d’hypothèses, préfigurant la conception moderne selon laquelle par l'examen et l’observation des symptômes d'un patient, il est possible de déterminer la maladie du patient, son étiologie, son évolution probable et les chances de guérison du patient. Les symptômes et les maladies étaient traités par des méthodes thérapeutiques diverses, telles que le bandage, les pommades et les pilules.[8]

Médecine dans l’Inde antique

Article détaillé : Ayurveda.

À Mehrgarh, au Pakistan, les archéologues ont découvert que le peuple de la civilisation de la vallée de l'Indus, dès les premières périodes de Harappan (c. XXXIIIe siècle av. J.-C.) avait des connaissances en médecine et en dentisterie. Le professeur Andrea Cucina de l'université du Missouri-Columbia, spécialiste en anthropologie physique qui a réalisé les fouilles, a fait cette découverte en nettoyant les dents d'un des squelettes exhumés. Des recherches ultérieures dans la même région ont retrouvé des dents portant des traces de soins, datant de 9000 ans. [11]L’Ayurveda (la science de la vie), est un système de médecine savante et ésotérique originaire d’Asie du Sud dont les prémisses remontent à plus de 2000 ans. Ses deux textes plus célèbres relèvent de l'école de Charaka et Sushruta. Bien que ces écrits présentent un certain nombre de similitudes avec les très anciennes doctrines médicales mentionnées dans la littérature religieuse des vedas, les historiens ont pu apporter la preuve directe de liens historiques entre la naissance de l’āyurveda et celle des littératures bouddhistes et jaïns. Il semble que les premiers fondements de l’āyurveda ont été bâtis sur une synthèse entre différentes pratiques anciennes de phytothérapie datant du début du deuxième millénaire avant J.-C., avec un apport massif de concepts plus théoriques, de nouvelles classifications nosologiques et de nouvelles méthodes thérapeutiques datant d'environ 400 avant J.-C. et issues de familles de pensée incluant le Bouddhisme et d'autres inspirations.

  • Zysk, l'ascèse et la guérison dans l'Inde antique: la médecine dans les monastères bouddhistes.

Selon le traité de Charaka, le Charakasamhitā, la santé et la maladie ne sont pas déterminées à l'avance et la vie peut être prolongée par l’effort des hommes. Le traité de Sushruta, le Suśrutasamhitā définit l'objet de la médecine comme étant celui de guérir les maladies, de protéger la santé et de prolonger la vie. Ces deux anciens traités décrivent minutieusement l'examen du malade, le diagnostic, le traitement et le pronostic de nombreuses maladies. Le Suśrutasamhitā est remarquable pour sa description des procédures des différents types d’interventions chirurgicales, dont la rhinoplastie, la réparation des lobes d’oreille déchirés, la lithotomie périnéale, la chirurgie de la cataracte et plusieurs autres interventions chirurgicales.

Les classiques āyurvediques divisent la médecine en huit branches : kāyācikitsā (la médecine interne), śalyacikitsā (la chirurgie, comprenant l’anatomie), śālākyacikitsā (maladies des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge), kaumārabhṛtya (pédiatrie), bhūtavidyā (médecine de l’esprit) et tantra agada (toxicologie), rasāyana (la science de rajeunissement), et vājīkaraṇa (aphrodisiaques, principalement pour les hommes). En dehors de ce programme, l'élève de l’Āyurveda devait connaître les dix arts indispensables à l'élaboration et à la mise en œuvre des médicaments : la distillation, la technique, la cuisine, l'horticulture, la métallurgie, la fabrication du sucre, la pharmacie, l'analyse et la séparation des minéraux, la formulation des métaux et la préparation d'alcalis. L'enseignement des différentes matières était prodigué au cours de l'étude des cas cliniques. Par exemple, l'enseignement de l'anatomie faisait partie de l'enseignement de la chirurgie, l’embryologie faisait partie de la formation en pédiatrie et en obstétrique, l’apprentissage de la physiologie et de la pathologie était imbriqué avec l'enseignement de toutes les disciplines cliniques. À la fin de leur formation, le gourou prononçait un discours solennel adressé aux étudiants où il les exhortait à une vie de chasteté, d'honnêteté et d’alimentation végétarienne. L'étudiant devra s'efforcer de tout son être de bien soigner les malades. Il lui était interdit de trahir ses patients pour en tirer un avantage personnel. Il devait d'habiller modestement et éviter les boissons fortes. Il devait être discret et calme, mesurer ses paroles à tout moment. Il était tenu d’améliorer constamment ses connaissances et ses compétences techniques. Au domicile du patient, il devait être courtois et modeste et porter toute son attention au bien-être du patient. Il était tenu de ne rien divulguer de ce qu’il savait du patient et de sa famille. Si le patient était incurable, il devait garder cette information pour lui si elle était susceptible de nuire au patient ou à d'autres personnes.

La durée normale de formation d’un étudiant semble avoir été de sept ans. Avant l'obtention du diplôme, l'étudiant devait passer un examen. Mais le médecin devait continuer à apprendre par la lecture des livres, l'observation directe (pratyaksha) et par la déduction (anumāna). En outre, le vaidyas assistait à des réunions où l’on échangeait des connaissances. Les médecins ont également été invités à prendre connaissance des remèdes atypiques des anciens, éleveurs, forestiers et paysans.

  • Dominik Wujastyk, The Roots of Ayurveda (Penguin, 2003).

L’Ayurvéda a également influencé le médecine tibétaine.

Médecine dans la Perse antique

Article détaillé : Médecine dans la Perse antique.

Voir : Médecine dans la civilisation islamique Science et technologie en Iran

La pratique et l'étude de la médecine en Iran a une histoire longue et prolifique. La position de la Perse au carrefour de l'Orient et de l'Occident, l’a souvent placée au centre de l'évolution de la médecine en Grèce et en Inde pendant l’antiquité. De nombreuses contributions ont été ajoutées à cet ensemble de connaissances à la fois dans la période pré-islamique de l’Iran et dans la période post-islamique.

La première génération de médecins perses a été formé à l’Académie de Gundishapur où l’on a parfois affirmé que l'enseignement hospitalier avait été inventé. Rhazes, par exemple, a été le premier médecin à utiliser systématiquement l'alcool dans sa pratique médicale.

Le Kitab al-Hawi fi al-Tibb (grand traité de médecine, Hawi, Al-Hawi, Kitab Al-Hawi ou Liber Continens ) a été écrit par le chimiste iranien Rhazes (également appelé Razi), le grand traité est la plus recherchée de toutes ses œuvres. Dans ce document, Rhazes a compilé des cas cliniques tirés de sa propre expérience et de très utiles observations de diverses maladies.

Le Kitab fi al-jadari wa-al-hasbah (Al-Judari wal Hassaba, Traité sur la variole et la rougeole, De variolis et morbilis, Liber de pestilentia) de Rhazes, avec son introduction sur la rougeole et la variole a eu également beaucoup d’influence en Europe.

Le philosophie et médecin Mutazilite Ibn Sina (également connu sous le nom d’Avicenne dans le monde occidental) est une autre figure influente. Son Canon de la médecine , parfois considéré comme le livre le plus célèbre de l'histoire de la médecine, est resté un texte de référence en Europe jusqu'au siècle des Lumières.

Médecine traditionnelle chinoise

La Chine a également développé un vaste système de médecine traditionnelle. Une grande partie de la philosophie de la médecine traditionnelle chinoise provient d'observations empiriques de la maladie par les médecins taoïstes et reflète la conviction des chinois de l’époque classique, selon laquelle les expériences humaines expriment des principes causals provenant de l'environnement à toutes les échelles. Ces principes causals, qu’ils soient matériels, essentiels ou mystiques, sont en corrélation avec l'expression de l'ordre naturel de l'univers.

Pendant l'âge d'or de son règne entre 2696 et 2598 avant J.-C., à la suite d'un dialogue avec son ministre Ch'i Pai, l’empereur Jaune aurait, selon la tradition chinoise, composé son Neijing Suwen ou Canon interne de l'Empereur Jaune : questions et réponses.

Au cours de la dynastie Han, Zhang Zhongjing qui a été maire de Changsha, à la fin du deuxième siècle de notre ère, a écrit un Traité de la fièvre typhoïde, qui contient la première référence connue au Neijing Suwen. Sous la dynastie Jin, le praticien et défenseur de l’acupuncture et des moxa, Huang-fu Mi (215-282 AD), cite également l’empereur Jaune dans son Jia Yijing, ca. 265 AD. Sous la dynastie Tang, Wang Ping affirme avoir trouvé une copie des originaux du Neijing Suwen, qu'il a édité et sensiblement augmenté. Ce travail a été réexaminé par une commission impériale au cours du XIe siècle de notre ère et le résultat constitue la meilleure description existante des racines fondatrices de la médecine traditionnelle chinoise.

Médecine dans l’antiquité hébraïque

Article détaillé : Mythologie juive.

La plupart de nos connaissances sur la médecine hébraïque de l’antiquité au cours du Ier millénaire av. J.-C. proviennent de la Torah, c'est-à-dire des cinq livres de Moïse qui contiennent diverses lois relatives à la santé et à différents rituels, tels que l'isolement des personnes infectées (Lévitique 13:45-46), le lavage des mains après avoir manipulé un cadavre (Livre des Nombres 19:11-19) et l’enfouissement des excréments à l’extérieur du campement (Deutéronome 23:12-13). Bien que le respect de ces lois soit susceptible d’entraîner certains avantages pour la santé, la religion juive avait institué ces rituels et ces interdictions uniquement pour obéir à la volonté de Dieu. Max Neuberger, dans son Histoire de la médecine écrit : « Les commandements ont pour objet la prévention et le contrôle des épidémies, l’éradication des maladies vénériennes et de la prostitution, les soins d’hygiène corporelle, les bains, la nourriture, le logement et l'habillement, la réglementation du travail, la vie sexuelle, la discipline du peuple, etc. Beaucoup de ces commandement, tels que le repos du Sabbat, la circoncision, les lois concernant les denrées alimentaires (interdiction du sang et de la viande de porc), les mesures concernant les menstruations et les suites de couches des femmes et des personnes souffrant de gonorrhée, l'isolement des lépreux et l'hygiène du campement sont, compte tenu des conditions climatiques, étonnement rationnelles »[12].

Médecine dans l’antiquité gréco-romaine

Articles détaillés : Médecine en Grèce antique, Médecine sous la Rome antique, Communauté médicale de la Rome antique, Médecine dans l’empire byzantin et Médecine médiévale.

Depuis la découverte, en 1991, du corps conservé dans la glace d’Ötzi dans les Alpes austro-italiennes, on estime que l'histoire de la médecine remonte beaucoup plus loin dans le temps qu’on ne le croyait auparavant. Il était âgé de 46 ans environ et était porteur de 40 tatouages, la plupart d'entre eux étant situés dans des régions du corps où l’autopsie a montré également qu'il souffrait de maladies ou de douleurs et notamment d'arthrite. Son décès a eu lieu en 3300 av. J.-C. et son corps, qui est conservé au musée de Bolzano, est la plus ancienne momie européenne.

Le Corpus hippocratique est une compilation de près de soixante-dix ouvrages de médecine datant du début de l’antiquité grecque attribués au médecin grec Hippocrate ou du moins rapportant ses enseignements collectés par ses disciples.

À mesure que les sociétés se sont développées en Europe et en Asie, les systèmes archaïques basés sur des croyances irrationnelles ont été remplacés par un système naturel différent. La Grèce, d’Hippocrate a mis au point un système de médecine basé sur la théorie des humeurs où le but du traitement était de rétablir à l'intérieur du corps l'équilibre des humeurs en relation avec les quatre éléments. De l’ancienne médecine est un traité de médecine, écrit aux environs de -400 par Hippocrate. [2] Des points de vue similaires ont été adoptés en Chine et en Inde. (Voir Médecine en Grèce antique pour plus de détails.)[13][14] En Grèce, depuis Galien jusqu'à la Renaissance l'idée maîtresse de la médecine est le maintien de la santé par le contrôle de l’alimentation et de l’hygiène. Les connaissances anatomiques étaient limitées et il y avait peu de possibilités d’agir par la chirurgie ou par d'autres remèdes, l’action des médecins se limitait à une relation d’empathie avec les patients et à un traitement avec des remèdes mineurs pour soulager les maladies chroniques, mais ils étaient désarmés pour faire face aux maladies épidémiques, dont l’importance augmentait avec l’urbanisation et la domestication des animaux, jusqu’à se répandre à travers le monde.

Hippocrate, est considéré comme le père de la médecine moderne,[15][16] et ses disciples ont été les premiers à décrire de nombreuses maladies. On lui attribue la première description des doigts en baguette de tambour, un signe important pour le diagnostic de la bronchopathie chronique obstructive, du cancer du poumon et des cardiopathies cyanogènes congénitales. Pour cette raison, le symptôme des doigts en baguette de tambour est parfois appelé hippocratisme digital .[17] Hippocrate a également été le premier médecin à décrire dans Pronostic la face hippocratique. Shakespeare fait une allusion célèbre à cette description dans sa relation de la mort de Falstaff dans Henry V , acte II, scène III. [18][19]

Hippocrate a commencé à classer les maladies en maladies aiguës, chroniques, endémiques et épidémiques, et à utiliser des termes tels que « exacerbation, rechute, résolution, crise, paroxysme, pic et convalescence. » [20][21] Un autre des grandes contributions d'Hippocrate peut être trouvée dans ses descriptions des symptômes, des signes physiques, du traitement chirurgical et du pronostic de l’empyème thoracique (pleurésie purulente), c'est-à-dire de la suppuration de la muqueuse pleurale dans la cavité thoracique. Ses enseignements demeurent pertinents de nos jours pour les étudiants en pneumologie et en chirurgie.[22] Hippocrate a été le premier chirurgien thoracique répertorié et ses conclusions sont toujours valables. [22]

Galien a réalisé de nombreuses interventions audacieuses – allant jusqu’à aborder la chirurgie du cerveau et des yeux – des domaines qui n’ont ensuite plus fait l’objet d’aucune tentative pendant près de deux millénaires. Plus tard, dans l'Europe médiévale, les écrits de Galien sur l'anatomie sont devenus la référence au cours du long cursus universitaire du médecin médiéval, mais ils ont beaucoup souffert de l’immobilisme et de la stagnation intellectuelle. Dans les années 1530 cependant, un médecin et anatomiste belge, André Vésale, s’est attelé à un projet visant à traduire de nombreux textes grecs de Galien en latin. Le plus célèbre ouvrage de Vésale, De humani corporis fabrica, a été grandement influencé par les écrits et les travaux de Galien.[23] Les travaux de Galien et d’Avicenne, en particulier le Canon de la médecine qui a fait la synthèse de l’enseignement des deux auteurs, ont été traduits en latin et le Canon est resté le texte de référence, faisant autorité pour la connaissance de l'anatomie dans l'enseignement médical européen jusqu'au XVIe siècle.

Les Romains ont inventé de nombreux instruments chirurgicaux, y compris les premiers instruments spécifiques aux femmes, [24] ainsi que l’usage en chirurgie des pinces, scalpels, cautères, ciseaux, aiguilles à suture, sondes et spéculums.[25][26] Les Romains ont également été des pionniers dans la chirurgie de la cataracte. [27]

La médecine médiévale est née d’une association entre le scientifique et le spirituel. Au début du Moyen Âge, après la chute de l’Empire romain, les connaissances médicales en vigueur se fondaient principalement sur ce qui restait des textes grecs et romains, conservés dans les monastères et diverses bibliothèques. Les idées sur la cause et le traitement des maladies n'étaient toutefois, pas purement laïques, mais également basées sur une vision spirituelle du monde, où des facteurs tels que la destinée, le péché, et les influences astrales jouaient un rôle aussi grand que toutes les causes physiques.

Oribase a été le plus grand compilateur de connaissances médicales de l’Empire byzantin. Plusieurs de ses œuvres, ainsi que celles de nombreux autres médecins byzantins, ont été traduites en latin et, éventuellement, au cours du siècle des Lumières et à l’époque des philosophes, en anglais et en français. Le dernier grand médecin byzantin était Actuarius qui a vécu au début du XIVe siècle à Constantinople.

Article détaillé : Médecine dans l’empire byzantin.

La médecine n’était pas considérée comme l’un des sept arts libéraux classiques et est, par conséquent, considérée davantage comme un artisanat que comme une science. La médecine est, néanmoins, devenue une discipline enseignée en faculté, comme le droit et la théologie dans les premières universités médiévales d’Europe au XIIe siècle. Rogerius Salernitanus en composant son Chirurgia, à jeté les bases des manuels modernes de chirurgie en Occident jusqu'à l'époque moderne. Le développement moderne de la neurologie a commencé au XVIe siècle avec Vésale qui a décrit l'anatomie du cerveau et beaucoup d'autres choses, il avait des connaissances réduites des fonctions cérébrales, pensant qu’elles siégeaient dans les ventricules.[28]

Médecine traditionnelle : tradipraticiens

Article connexe : Tradipraticien.

On trouve, notamment dans certains pays africains (mais aussi dans les pays occidentaux, et pas uniquement dans les zones rurales dites « arriérées » comme on pourrait le croire) des tradipraticiens, qui sont des guérisseurs utilisant des méthodes de médecine non conventionnelle basées parfois sur l'empirisme. Il n'existe aucune méthodologie officielle : certains se contentent d'utiliser les plantes, d'autres utilisent des techniques ésotériques faisant appel aux esprits ou à la religion, d'autres encore utilisent un mélange des deux.

Le tradipraticien est parfois assimilé au marabout, mais certains tradipraticiens s'en défendent.

Médecine au Moyen Âge

Des épidémies de peste endeuilleront tout le Moyen Âge.

En Occident, la médecine est très dépendante de l'église catholique qui dirige les hôpitaux, asiles et léproseries et régit l'enseignement dans les universités. En France, des facultés de médecine sont créées à l'université de Montpellier en 1220, de Toulouse en 1229.

C'est une époque de stagnation de la connaissance par rapport aux mondes islamique et orthodoxes. En particulier, Avicenne écrit au Xe siècle son ouvrage monumental sur la médecine qui devait influencer durablement la médecine occidentale jusqu'au XVIIe siècle siècle, le Qanûn (Canon de la médecine).

Médecine dans la civilisation islamique médiévale

Un manuscrit arabe daté de 1200 CE, intitulé Anatomie de l'œil, écrit par al-Mutadibih.

L’âge d'or de la civilisation islamique a atteint un niveau élevé de connaissances médicales car les médecins musulmans ont contribué de manière significative au développement de la discipline, y compris en anatomie, chirurgie, ophtalmologie, physiologie, pharmacologie, pharmacie et sciences pharmaceutiques. Les Arabes ont développé les pratiques médicales grecques et romaines. Galien et Hippocrate étaient pour eux des autorités pré-éminentes. [29] La traduction dans les années 830 -870 de 129 oeuvres du médecin de l'Antiquité grecque, Galien en arabe par Hunayn ibn Ishaq et ses assistants et, en particulier, l'insistance de Galien sur une approche rationnelle et systématique de la médecine, ont servi de modèle à la médecine islamique qui s’est propagée rapidement à travers l’Empire arabe. Les médecins musulmans ont mis en place certains des premiers hôpitaux qui se sont par la suite développés en Europe à la suite des croisades, en s’inspirant des hôpitaux du Moyen-Orient. [30]

Al-Kindi a écrit le De Gradibus, dans lequel il décrivait l'application des mathématiques à la médecine, en particulier dans le domaine de la pharmacologie. Il avait élaboré une échelle mathématique pour quantifier l’effet des médicaments et un système qui permettrait à un médecin de déterminer à l'avance, pour une maladie donnée, la plupart des jours critiques pour le patient, sur la base des phases de la Lune.[31] Razi (Rhazes) (865-925) a rapporté des cas cliniques tirés de sa propre expérience et de très utiles observations de diverses maladies. Son Traité de médecine, qui a décrit la rougeole et la variole, a eu beaucoup d’influence en Europe. Dans ses doutes sur Galien, Razi a également été le premier à prouver la fausseté de la théorie des Quatre éléments d’ Aristote et de la théorie des humeurs de Galien en utilisant la méthode expérimentale. [32]

Abu Al-Qasim (Abulcasis) qui est considéré comme le père de la chirurgie moderne[33] a écrit le Kitab al-Tasrif (1000), une encyclopédie médicale en 30 volumes, qui a été enseignée dans les écoles de médecine musulmanes et européennes jusqu'au XVIIe siècle. Il a utilisé de nombreux instruments chirurgicaux, y compris des instruments spécifiques aux femmes,[34][24] et introduit l’utilisation en chirurgie du catgut, des pinces, des ligatures, des aiguilles à suture, des scalpels, des curettes, des écarteurs, des sondes et des spéculums,[35] des scies à os,[36] et des plâtres.[37]

Avicenne, considéré comme le père de la médecine moderne[38] et un des plus grands penseurs et chercheurs en médecine de l'histoire, [30] a écrit le Canon de la médecine(1020) et le Livre de la guérison (XIe siècle) qui demeurent les deux manuels de référence des universités musulmanes et européennes jusqu'au XVIIe siècle. Les contributions d’Avicenne sont l'introduction systématique de l’expérimentation et de la quantification dans l'étude de la physiologie,[39] la découverte de la nature contagieuse des maladies infectieuses, l'introduction de la quarantaine pour limiter la propagation des maladies contagieuses, l'introduction de la médecine expérimentale et des essais cliniques, [40] les premières descriptions des bactéries et des organismes viraux,[41] la distinction entre la mediastinite et la pleurésie, la découverte de la nature contagieuse de la phtisie (tuberculose) et de la transmission de certaines maladies par l’eau et le sol, ainsi que la première description minutieuse des maladies de peau, des maladies sexuellement transmissibles, des perversions et des maladies du système nerveux, [30] ainsi que l'utilisation de la glace pour traiter la fièvre et la séparation de la médecine et de la pharmacie qui a été historiquement importante pour le développement des sciences pharmaceutiques.[34]

En 1021, Ibn al-Haytham (Alhacen) a été à l’origine de progrès importants en chirurgie oculaire, en étudiant et en expliquant correctement, pour la première fois, le processus de la perception visuelle dans son Traité d’optique (1021).[34]

En 1242, Ibn al-Nafis a été le premier à décrire la circulation pulmonaire et les artères coronaires,[42] qui constituent la base du système circulatoire, raison pour laquelle il est considéré comme le père de la théorie de la circulation.[43] Il a également entrevu les premiers concepts du métabolisme[44] et développé de nouveaux systèmes de physiologie et de psychologie pour remplacer les systèmes avicenniens et galeniques, après avoir discrédité un grand nombre de théories erronées sur les humeurs, le pouls,[45]les os, les muscles, les intestins, les organes des sens, les voies biliaires, l’œsophage, l’estomac, etc.[46]

Ibn al-Lubudi (1210-1267) a rejeté la théorie des humeurs mise en avant par Galien et Hippocrate, a découvert que la préservation du corps dépend exclusivement du sang, a rejeté l'idée de Galien selon laquelle les femmes pouvaient produire la semence et a découvert que le mouvement des artères n’est pas tributaire de la circulation du cœur, que le cœur est le premier organe à se former dans l’organisme du fœtus (plutôt que le cerveau comme le croyait Hippocrate) et que les os formant le crâne peuvent être le siège de tumeurs. [47]Maïmonide, bien que Juif lui-même, a apporté diverses contributions à la médecine islamique au XIIIe siècle.

Le Tashrih al-Badan (Anatomie du corps) de Mansour ibn Ilyas (c. 1390) contient des planches détaillées représentant la structure du corps, le système nerveux et la circulation sanguine. [48]Pendant la peste noire, la peste bubonique au XIVe siècle en Al-Andalus, Ibn Khatima et Ibn al-Khatib ont découvert que les maladies infectieuses sont provoquées par des micro-organismes qui pénètrent dans le corps humain. [49] Les autres innovations médicales introduites pour la première fois par des médecins musulmans sont la découverte du système immunitaire, l'introduction de la microbiologie, l'utilisation de l’expérimentation animale et la combinaison de la médecine et d'autres sciences (notamment l’agriculture, la botanique, la chimie et la pharmacologie), [34] ainsi que l'invention de la seringue à injection par Ammar ibn Ali al-Mawsili au IXe siècle en Irak, l’ouverture de la première officine pharmaceutique à Bagdad (754), la distinction entre la médecine et la pharmacie à partir du XIIe siècle et la découverte d'au moins 2000 médicaments et substances chimiques. [50]

Médecine en Europe au Moyen Âge et au début de l’époque moderne

Article détaillé : Médecine médiévale.

En Europe occidentale, l'effondrement de l'autorité de l’empire romain a conduit à l’interruption de toute pratique médicale organisée. La médecine était exercée localement, alors que le rôle de la médecine traditionnelle augmentait, avec ce qui restait des connaissances médicales de l'antiquité. Les connaissances médicales ont été préservée et mises en pratique dans de nombreuses institutions monastiques qui s’étaient souvent adjoint un hôpital. Une médecine professionnelle organisée est réapparue, avec la fondation de l’école de médecine de Salerne en Italie au XIe siècle qui, en coopération avec le monastère du Mont Cassin, a traduit de nombreux ouvrages byzantins et arabes. Au douzième siècle, des universités ont été créées en Italie et ailleurs en Europe et des facultés de médecine se sont rapidement développées. Peu à peu, la dépendance à l’égard des maîtres du monde antique s’est encore accrue avec les premiers résultats des observations et des expériences. La pratique chirurgicale s’est beaucoup améliorée au cours de la période médiévale. Avec la renaissance on a assisté à une augmentation des études expérimentales, principalement dans le domaine de la dissection et de l'étude du corps. Les travaux de pionniers comme André Vésale et William Harvey ont remis en cause les croyances populaires par des preuves scientifiques. La compréhension et le diagnostic des maladies se sont améliorés, mais sans apporter de bénéfices directs pour la santé. Il existait peu de médicaments efficaces, en dehors de l’opium et de la quinine, des méthodes folkloriques et des traitements potentiellement toxiques à base de composés métalliques étaient alors en vogue.

Figures importantes:

  • Théodoric Borgognoni, (1205-1296), un des plus importants chirurgiens de la période médiévale, responsable de l'introduction et de la promotion d’importante avancées en chirurgie comme l'utilisation des antiseptiques et la pratique de l’anesthésie.
  • Guy de Chauliac, considéré comme l'un des pères de la chirurgie moderne, après le grand chirurgien islamique, El Zahrawi.
  • Realdo Colombo, anatomiste et chirurgien qui a contribué à la compréhension de la circulation pulmonaire.
  • Michel Servet, considéré comme le premier Européen à « découvrir » la circulation pulmonaire.
  • Ambroise Paré a suggéré d'utiliser la ligature des artères au lieu de la cautérisation et expérimenté le Bézoard.
  • William Harvey a décrit la circulation sanguine.
  • John Hunter, chirurgien.
  • Amato Lusitano a décrit les valves des veines et deviné leur fonction.
  • Garcia da Orta a été le premier à décrire le choléra et d'autres maladies tropicales et leur traitement par des plantes
  • Percivall Pott, chirurgien.
  • Sir Thomas Browne médecin et inventeur de néologismes médicaux.
  • Thomas Sydenham médecin surnommé l’« Hippocrate anglais ».

XVIe siècle

Le XVIe siècle est marqué par la redécouverte de l'anatomie. Parmi les savants qui osent braver le tabou, le plus connu est sans doute André Vésale de l'université de Padoue, auteur en 1543 du De humani corporis fabrica. Dans un amphithéâtre, devant des étudiants venus de l'Europe entière, il pratique de nombreuses dissections sur des suicidés ou des condamnés à mort. Souvent ces dissections publiques duraient jusqu'à ce que les chairs soient trop avariées pour permettre toute observation. C'est une véritable révolution des connaissances en anatomie qui étaient restées sclérosées depuis les travaux de Galien sur des animaux au IIe siècle.

Ces progrès de la connaissance permettent à la chirurgie d'échapper à son statut d'art mineur pour devenir progressivement une discipline à part entière de la médecine. En France, Ambroise Paré incarne à lui seul ce changement de statut. En inventant en 1552 la ligature des artères, il sauve les amputés d'une mort quasi-certaine et devient un des praticiens les plus reconnus de son temps.

XVIIe siècle

Anatomie du corps humain vue par les Perses au XVIIe siècle

Le XVIIe siècle est marqué par plusieurs découvertes importantes:

Tout d'abord, en 1622, en pratiquant des vivisections sur des chiens, le chirurgien italien Gaspare Aselli (v. 1581-1626) découvre les vaisseaux lymphatiques de l'intestin, qu'il nomme « vaisseaux de lait », en raison du caractère laiteux de la substance produite lors de la digestion des aliments[51]. Puis, William Harvey, peu après, effectue une découverte capitale : la circulation du sang (1628) et en explique tout le phénomène. Ces découvertes remettent en cause tout le dogme humoral d'Hippocrate. Elles sont tellement importantes que dans toute l'Europe les partisans et adversaires de William Harvey vont s'affronter. Une quelle opposant les « circulateurs », adeptes des opinions de Harvey, et les « anticirculateurs » se développe. Elle prend fin par la mise en place par Louis XIV d'un cours sur la circulation du sang (1672) au Jardin du Roi qui est actuellement le Museum d'histoire naturelle. Louis XIV officialise ainsi ces nouvelles découvertes en créant une chaire d’anatomie, confiée à Pierre Dionis. Pour la première fois le pouvoir politique prend parti dans une querelle scientifique.

La deuxième innovation qui marque ce siècle est l'invention du microscope qui a permis pour la première fois d'observer les microbes.

En 1658, Kircher affirme avoir observé dans le sang des malades victimes de l'épidémie de la peste, des milliers de vers qui pour lui sont la cause de cette maladie. Grâce à cette découverte sont créées de nouvelles spécialités médicales et les connaissances sur le corps humain sont complétées. On découvre ainsi les globules rouges et des cellules.

En 1677, la théorie de la génération spontanée est remise en cause du fait de la découverte des spermatozoïdes par Antoni van Leeuwenhoek, le rôle des ovaires est alors mis en avant ainsi que le principe de la nidation de l'œuf. On assiste également aux premiers accouchements réalisés par des médecins.

Malgré toutes ces découvertes la thérapeutique n'évolue que très peu, les études de médecine étant toujours fondées sur la lecture des textes anciens. Les soins consistent essentiellement à pratiquer des saignées ou des purges. Cependant un médicament va être découvert, il permet de soigner la malaria ou le paludisme, c'est la quinine connue en Amérique du Sud depuis les Incas.

Louis XIV décide de créer dans chaque grande ville un grand hôpital général afin d'y accueillir toute personne en difficulté. Déjà des voix s'élèvent pour que l'hôpital devienne un lieu d'enseignement mais cette avancée ne se fera qu'au milieu du XVIIIe siècle.

Cette époque voit aussi, dans le cadres des voyages d'exploration, apparaître les prémisses d'une médecine tropicale.

Au XVIIe siècle, il existe environ 200 médecins dans toute la France. Le peuple fait appel au barbier ou au rebouteux avant de finir à l'hôpital. Malgré les progrès de la medecine à l'époque les médecins ont que peu de méthodes de soins dont les plus connues sont le lavement et la saignées.

XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle est marqué par la naissance de l'épidémiologie, promue par des économistes comme Gottfried Achenwall. C'est le début des politiques de santé publique : en France Félix Vicq-d'Azyr met en place un réseau de surveillance de l'état sanitaire de la population.

De 1700 à 1714, Bernardino Ramazzini écrit le premier livre sur les maladies professionnelles qui restera la référence pendant deux siècles.

En 1721 Lady Mary Wortley Montagu importe en Angleterre la technique de la variolisation utilisée à Constantinople par Giacomo Pylarini depuis 1701. Cette prévention consistait à inoculer à des sujets sains du pus provenant d’un malade de la variole.

En 1736 Claudius Aymand réalise la première appendicectomie.

En 1768, William Heberden donne la première description clinique de l'angine de poitrine.

Le 14 mai 1796 le médecin anglais Edward Jenner parvient à immuniser le petit James Phipps de la variole en lui inoculant du pus prélevé sur une paysanne infectée par la vaccine.

Médecine moderne

Article détaillé : Médecine moderne.

La médecine a vécu une révolution à partir du XIXe siècle en raison des progrès de la chimie et des techniques de laboratoire, les anciens concepts d’épidémiologie des maladies infectieuses ont été supplantés par l’apparition de la bactériologie et de la virologie.

Les bactéries et les micro-organismes ont été observés pour la première fois au microscope par Antoni van Leeuwenhoek en 1676, ce qui a ouvert le champ à la microbiologie.[52]

En 1847 Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865) a réduit de façon spectaculaire le taux de mortalité par fièvre puerpérale chez les mères admises à la maternité en exigeant simplement des médecins qu’ils se lavent les mains avant d'assister les femmes dans leur accouchement. Sa découverte préfigurait celle de la théorie des germes. Cependant, ses recommandations n'étaient pas appréciées par ses contemporains et elles n’ont été mises en œuvre et généralisées qu’avec les découvertes du chirurgien britannique Joseph Lister qui, en 1865, a énoncé les principes de l’antisepsie dans le traitement des plaies. Cependant, le conservatisme médical face aux percées de la science ont empêché ses travaux d'être réellement appliqués avant la fin du XIXe siècle.

Après la publication par Charles Darwin en 1859 de L'Origine des espèces, Gregor Mendel (1822-1884) a publié en 1865 ses livres sur la transmission des caractères génétiques des pois, découvertes qui seront connues plus tard sous le nom de Lois de Mendel. Re-découvertes au tournant du siècle, elles constituent la base de la génétique classique. La découverte de la structure de l’ADN en 1953 par Crick et Watson ouvrira la porte à la biologie moléculaire et à la génétique moderne. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle plusieurs médecins, comme le prix Nobel Alexis Carrel, ont apporté leur soutien à l’eugénisme, une théorie formulée en 1865 par Francis Galton. L'eugénisme a été discrédité en tant que science quand ont été connues les expériences des nazis pendant la seconde Guerre mondiale, mais des programmes de stérilisation forcée ont encore été appliqués longtemps après dans les pays modernes (y compris par les États-Unis, la Suède ou le Pérou).

Les travaux de Semmelweis ont été renforcés par les découvertes de Louis Pasteur. En établissant un lien entre la maladie et les micro-organismes, Pasteur a provoqué une révolution en médecine. Il a également inventé avec Claude Bernard (1813-1878) le procédé de la pasteurisation encore en usage aujourd'hui. Ses expériences ont confirmé la théorie des germes. Claude Bernard a œuvré à appliquer la méthode scientifique à la médecine, il a publié Une Introduction à l'étude de la médecine expérimentale en 1865. À côté de Pasteur, Robert Koch (qui a reçu le prix Nobel en 1905) a fondé la bactériologie. Koch était également célèbre pour la découverte du bacille tuberculeux (1882) et du bacille du choléra (1883) et pour l’élaboration des postulats de Koch.

La participation des femmes aux soins médicaux (en dehors du rôle de sages-femmes, d’assistantes et de femmes de ménage) a été initiée par des gens comme Florence Nightingale. Dans une profession précédemment dominée par les hommes, ces femmes ont joué un rôle dans les soins infirmiers afin de réduire la mortalité des patients due à un manque d'hygiène et à un défaut de nutrition. Nightingale a mis en place l’hôpital St Thomas, après la guerre de Crimée, en 1852. Elizabeth Blackwell a été la première femme à étudier et par la suite à pratiquer la médecine aux États-Unis.

C'est à cette époque qu’ont été développés de véritables remèdes contre certaines maladies infectieuses endémiques. Cependant, le déclin de la plupart des maladies mortelles est davantage lié à l'amélioration de la santé publique et de la nutrition qu’à la médecine. Ce n’est pas avant le XXe siècle que l'application de la méthode scientifique à la recherche médicale a commencé à provoquer plusieurs innovations importantes dans le domaine médical, avec de grands progrès en pharmacologie et en chirurgie.

Au cours de la première guerre mondiale, Alexis Carrel et Henry Dakin ont développé la méthode Carrel-Dakin de traitement des blessures avec l’invention des sutures qui, avant la diffusion des antibiotiques, a été un grand progrès en médecine.

La grande guerre a donné une impulsion à l'utilisation des rayons X de Roentgen, ainsi que de l'électrocardiogramme, pour le contrôle des fonctions internes du corps, mais cela a été éclipsé par la production massive d’antibiotiques dérivés de la pénicilline, qui résultait d’une pression du gouvernement et du public.

Les hôpitaux psychiatriques ont commencé à apparaître pendant la révolution industrielle. Emil Kraepelin (1856-1926) a introduit une nouvelle classification médicale des maladies mentales qui fini par être utilisée en psychiatrie bien qu’elle soit basée davantage sur l’observation du comportement que sur la pathologie ou l’étiologie. Dans les années 1920 l’opposition des surréalistes à la psychiatrie s’est exprimée dans un certain nombre de publications. Dans les années 1930, plusieurs controverses ont été lancées sur certaines pratiques médicales notamment le déclenchement de crises convulsives (par les électrochocs, l’insuline ou d'autres substances) ou certaines interventions mutilantes sur le cerveau (lobotomie). Les deux méthodes ont été très utilisées en psychiatrie, mais elles suscitaient de graves préoccupations et beaucoup d'opposition pour des raisons morales, des effets néfastes, ou un mauvais usage. Dans les années 1950, de nouveaux médicaments à usage psychiatrique, notamment les antipsychotiques comme la chlorpromazine, ont été fabriqués par les laboratoires et leur utilisation préférentielle s’est lentement répandue. Bien que souvent considérée comme un progrès à certains égards, elle a rencontré une certaine opposition, en raison d'effets indésirables graves tels que la dyskinésie tardive. Les patients se sont souvent opposés à la psychiatrie et ont refusé ou arrêté de prendre les médicaments quand ils n’étaient pas soumis à un suivi psychiatrique. Il s’est également développé une opposition croissante à l'utilisation des hôpitaux psychiatriques ainsi que des tentatives pour encourager le retour des malades à une vie sociale par une approche collaborative au sein de communautés thérapeutiques non contrôlées par la psychiatrie. Des campagnes contre la masturbation ont lancées à l’époque victorienne en particulier. La lobotomie a été utilisée jusque dans les années 1970 pour traiter la schizophrénie. Cette pratique a été dénoncée par l'antipsychiatrie mouvement en vogue dans les années 1960 et plus tard.

Le XXe siècle a vu un passage d'un paradigme d’enseignement de la médecine clinique de maître à apprenti au système plus démocratique des écoles de médecine. Avec l'avènement de la médecine fondée sur les faits et le grand progrès des technologies de l'information le processus de changement est susceptible d'évoluer, avec un plus grand développement des projets internationaux tels que Le projet du génome humain.

XIXe siècle

René Laennec invente le stéthoscope en 1815 et vulgarise la méthode de l'auscultation. Il étudie les cirrhoses du foie dues à l'alcool.

Au début du XIXe siècle la tuberculose se propage en Europe. Si le bacille est découvert par Robert Koch en 1882 il faut attendre encore 60 ans pour un traitement antibiotique. Pendant tout le siècle la « consomption » est le fléau le plus redouté.

En France la République puis l'Empire transforment complètement l'enseignement de la médecine en imposant aux étudiants en médecine ou en chirurgie une formation pratique à l'hôpital et des exercices de dissection. Le diplôme de docteur en médecine devient obligatoire pour exercer.

Les premières maternités sont créées et la profession de médecin obstétricien est inventée. Les mères qui accouchent dans ces nouvelles structures sont pourtant particulièrement exposées aux infections et près de 10 % d'entre elles meurent de fièvre puerpérale. Le médecin autrichien Ignace Philippe Semmelweis découvre bientôt que ces infections sont transmises par les mains des médecins et parvient progressivement à promouvoir une stricte hygiène des soignants avant chaque visite.

Dès 1862, Eugène Koeberlé est l'un des premiers à systématiser la chirurgie propre. Mais c'est par la pratique rigoureuse de l'hémostase pour laquelle il met au point une panoplie d'instruments et l'innovation dans les soins pré- et post-opératoires qu'il fait le plus progresser la chirurgie.

En 1867 Joseph Lister utilise du phénol pour détruire les germes lors des opérations chirurgicales. Parallèlement se développe l'anesthésie, inventée le 16 octobre 1846, par le dentiste William Morton de l'hôpital de Boston.

En 1885 Louis Pasteur parvient à sauver l'enfant Joseph Meister en lui administrant son vaccin contre la rage.

En 1868 Adolf Kussmaul crée la gastroscopie en s'inspirant des exploits d'un avaleur de sabres. Scipione Riva-Rocci mesure la pression artérielle au tensiomètre en 1896. Willem Einthoven met au point l'électrocardiographie. En 1895, Wilhelm Röntgen découvre les rayons X. Il réalise la première radiographie sur la main de son épouse.

Philippe Pinel crée la première école de psychiatrie en France et interdit l'enchaînement des aliénés dans les asiles de Paris.

En 1881 Theodor Billroth réalise la première gastrectomie, il révolutionne la chirurgie du pharynx et de l'estomac.

En utilisant l'analyse statistique, le physicien Pierre-Charles Alexandre Louis (17871872) montre que l'utilisation des saignées chez les malades atteints de pneumonie n'est pas bénéfique mais néfaste[53]. Ceci esquisse la notion d'étude randomisée en double aveugle.

XXe siècle

Le 25 novembre 1901, Aloïs Alzheimer décrit le tableau clinique de la maladie qui porte son nom. Il n'existe toujours aucun traitement connu à ce jour.

Les traitement médicaux font des progrès spectaculaires avec l'invention de nouvelles classes de médicaments. Felix Hoffmann dépose le brevet de l'aspirine le 6 mars 1899. En 1909, le Nobel de médecine Paul Ehrlich invente la première chimiothérapie en créant un traitement à base d'arsenic contre la syphilis. En 1921 Frederick Banting de l'université de Toronto isole l'insuline et invente un traitement du diabète sucré. Le premier antibiotique date de 1928 avec la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming. En 1952, la découverte des neuroleptiques par Henri Laborit, Jean Delay et Pierre Deniker révolutionne la psychiatrie en permettant d'envisager une resocialisation pour des milliers d'internés. En 1957 Roland Kuhn découvre le premier antidépresseur. En 1982, J. Robin Warren et Barry J. Marshall permettent le traitement médical de l'ulcère de l'estomac en découvrant qu'il est d'origine bactérienne.

La chirurgie cardiaque est également née pendant le siècle. En 1929 Werner Forssmann introduit un cathéter dans son propre ventricule cardiaque. Le 29 novembre 1944 c'est la première opération à cœur ouvert par Alfred Blalock de Baltimore. Le stimulateur cardiaque est inventé en 1958. En 1960 la valve cardiaque artificielle inventée par Lowell Edwards est implantée pour la première fois par Albert Starr. Christiaan Barnard réalise la première transplantation du cœur en 1967.

Inventions en médecine

De 7000 av. J.-C. à 1000 ap. J.-C.

De 1000 à nos jours

Source
Running Press Cyclopedia, second edition

Musées et collections de médecine

  • The London Museums of Health & Medicine
  • Osler Library of the History of Medicine
  • National Library of Medicine
  • Thackray Museum Leeds, in a former workhouse belonging to St James Hospital Thackray Museum
  • Wellcome Library History of Medicine

The Pavia Museum of History of Medicine

Voir aussi

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « History of medicine ».
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  15. Hippocrates: The "Greek Miracle" in Medicine
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Bibliographie en français

  • Deux sites principaux rééditent des ouvrages de médecine anciens : Gallica (BNF) et Medic@ (BIUM)
  • Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire de la pensée médicale (2004), réed. PUF/Quadrige, Paris, 2004.
  • Roger Dachez, Histoire de la médecine de l'Antiquité au XXe siècle, Tallandier, 2004
  • Jean-Charles Sournia, Histoire de la médecine, La Decouverte, reed. 2004
  • Jean C. Baudet, Penser le vivant, Vuibert, 2005

Bibliographie en anglais

  • R. Porter, The Greatest Benefit to Mankind: A Medical History of Humanity from Antiquity to the Present, Harper Collins (1997) (ISBN 0-00-215173-1)
  • George S. Rousseau, Framing and Imagining Disease in Cultural History (Basingstoke: Palgrave Macmillan), [with Miranda Gill, David Haycock and Malte Herwig], (2003) (ISBN 1–4039-1292-0)
  • James Joseph Walsh, The Popes and Science; the History of the Papal Relations to Science During the Middle Ages and Down to Our Own Time, Kessinger Publishing, 1908 réédition 2003), (ISBN 0-7661-3646-9) from WorldCat[3] Review excerpts:

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