- Médecine en Mésopotamie
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La médecine mésopotamienne est un sujet sur lequel on débat encore. Le problème est comme souvent en histoire ancienne celui d’une opposition entre postures « modernistes » ou « primitivistes ». On a notamment cherché à dégager les éléments proprement scientifiques de cette médecine, et écarté tout ce qui s’apparente à de la superstition, à de la magie (voir le débat sur le statut respectif de l’asû et de l’āšipu). On l’a également considérée comme une science ayant fini par se pervertir et devenir une superstition, ou à l’inverse une pratique magique devenue progressivement plus scientifique. Pour autant, la division entre ce qui est du point de vue des gens d’aujourd’hui « rationnel » et ce qui est « irrationnel » n’a pas de raison d’être pour les anciens Mésopotamiens, et les textes médicaux mélangent allègrement les deux choses. Il ne s’agit pas de procéder à des distinctions artificielles, ni de chercher à condamner ou excuser les Mésopotamiens pour la médecine qu’ils ont (ou n’ont pas) pratiquée. La médecine mésopotamienne est à resituer dans son propre contexte, celui d’une pratique complexe, ayant recours à différents spécialistes sans doute plus complémentaires que concurrents, et ayant sa propre rationalité, même s’il ne faut pas y chercher une pratique « scientifique » au sens moderne du terme, en éliminant ce qui ne relève pas du champ de la médecine moderne.
Sommaire
Sources
Des sources sur la médecine mésopotamienne remontent jusqu’à la période de la Troisième Dynastie d'Ur, à la fin du IIIe millénaire. Un plus grand corpus date de la première moitié du IIe millénaire (période paléo-babylonienne), mais la plus importante part de textes médicaux, et de très loin, provient des grandes cités de la période néo-assyrienne (911-609), où sont conservés les savoirs accumulés au cours des périodes précédentes. La seconde moitié du IIe millénaire est très peu documentée.
La plus massive de nos sources sur la médecine mésopotamienne est le Traité de diagnostics et pronostics, qui est comme son nom (moderne) l’indique une liste de diagnostics et pronostics de maladies, avant tout destiné au spécialiste appelé āšipu (voir plus bas). Ce texte se présente comme ceux destinés à la divination. Sa version complète devait comporter quarante tablettes, et près de trois mille entrées. Il s’agit de la compilation de textes plus anciens, remontant au moins au début du IIe millénaire pour les plus anciens, effectuée au XIe siècle par Esagil-kîn-apli, un lettré de Borsippa. Des tablettes de diagnostics et pronostics ont été retrouvées en divers endroits. Le traité débute par la série Enûma ana bīt marsi āšipu illaku (« quand l’āšipu va à la maison du malade »), qui présente ce qui peut se passer quand l’āšipu se rend chez son patient, et dans quoi il peut deviner le sort de ce dernier avant même de l’avoir ausculté. Par exemple, s’il croise un cochon noir, alors le patient mourra ; mais si c’est un cochon blanc, il guérira. La suite concerne les maux touchant le patient, progressant par organe, de la tête jusqu’aux pieds. Puis une autre partie s’intéresse au nombre de jours de maladie du patient. La suite concerne la neurologie. Deux autres tablettes concernent les maladies intestines et les lésions de la peau, et la dernière partie traite des problèmes gynécologiques et infantiles. Les descriptions des maladies ne nous permettent pas tout le temps de bien les identifier.
Les textes thérapeutiques, destinés concrètement à la guérison du patient, comportent des prescriptions. Il s’agit là encore de listes de remèdes, commençant généralement par donner le nom de la maladie, puis les ingrédients du traitement et sa recette, avant de dire comment l’administrer. On utilise des éléments végétaux, minéraux, ou animaux, pas toujours bien compris par les traducteurs contemporains. Les quantités nécessaires pour élaborer le « médicament » ne sont pas souvent précisées ; il arrive que l’on dise combien de jour le traitement doit durer ou combien de fois par jour il doit être administré. Pour aider les spécialistes dans l’élaboration des remèdes pharmaceutiques, il existait une liste, URU.AN.NA, un glossaire de plantes. Les prescriptions thérapeutiques mélangent remèdes « rationnels » et « irrationnels », puisqu’on y trouve des incantations et rituels à côté de procédés d’élaboration de remèdes pharmaceutiques. Certains textes médicaux, sont des formes abrégées de textes thérapeutiques, beaucoup plus concis que las habituels, servant sans doute de sorte d’index.
Certains textes de la vie courante nous informent également sur les activités des spécialistes de la médecine mésopotamienne. Les deux plus importants corpus proviennent des palais royaux de Mari, au XVIIIe siècle, et de Ninive, aux VIIIe-VIIe siècles. On peut y ajouter deux textes humoristiques dans lesquels on trouve des personnages de médecins, dont Le pauvre homme de Nippur.
Les sources ostéologiques sont quant à elles absentes du répertoire de documents utilisables pour mieux comprendre la médecine mésopotamienne, quasiment aucun squelette d’ancien Mésopotamien n’ayant fait l’objet d’étude paléopathologique.
L’origine des maladies
On présente généralement les Mésopotamiens comme percevant les maladies comme des punitions envoyées par les dieux, du fait d’un « pêché » commis par la victime. Celui-ci aurait fait une faute, morale aussi bien que rituelle (irrespect de l’ordre social, manque de dévotion aux dieux, transgression d’un tabou), et ceux-ci le rendent malade en punition. On est donc puni pour s’être mal comporté. Les maladies sont d’ailleurs souvent nommées « main de (tel dieu) » ; par exemple, l’épilepsie est la « main de Shamash » (qāt Šamaš). Pour autant, il ne faut pas forcément chercher derrière cette dénomination une attribution d’une origine non naturelle ; et ces noms n’empêchent pas non plus de bien connaître la maladie et de savoir la traiter. Parmi les causes des maladies, les « démons » et fantômes, ou encore la sorcellerie sont aussi d’origine « surnaturelle » (selon nos propres critères, cette notion étant étrangère aux Mésopotamiens). Pour s’en prévenir, on pouvait se munir d’amulettes. On trouve également des cas où il est fait explicitement référence à une cause naturelle de la maladie (morsure de bête, contact avec un malade dans le cas d’une épidémie), même si ses modalités ne sont pas comprises ni forcément intellectualisées. En réalité, la façon dont les anciens Mésopotamiens concevaient l’origine de la maladie reste mal connue. Il est clair que le médecin se base sur les symptômes de la maladie pour la guérir, parce qu’il ignore son fonctionnement.
Asû et āšipu
À partir de la première moitié du IIe millénaire, la médecine mésopotamienne est exercée avant tout par deux spécialistes : l’asû(m) et l’āšipu(m) . La distinction entre les deux prête à débat.
La vision traditionnelle, depuis les travaux de F. Köcher puis E. K. Ritter fait de l’asû un « physicien », qui serait celui qui pratiquerait ce qui s’approche le plus de la médecine moderne, donc aurait une approche pragmatique, rationnelle pour guérir ses patients. L’āšipu, à l’inverse, est un « expert magique », qui se charge de l’approche « surnaturelle » de la maladie, et qui est donc une sorte de sorcier, chargé de composer avec les dieux et démons qui causent la maladie. Selon cette vision des choses, il y a donc clairement une opposition entre une pratique médicale digne de ce nom, et une autre qui est basée sur les superstitions. Cependant, cette coupure est assez artificielle, et peu de cas avérés la recoupent exactement. On remarque par ailleurs que les bibliothèques d’āšipu qui sont connues ont tous les types de textes techniques médicaux, « rationnels » et « irrationnels », et par ailleurs ces deux éléments se mélangent souvent dans des mesures pour guérir, qui combinent des remèdes médicaux et d’autres qui pour nous relèvent de la superstition.
Concrètement, un asû se charge plutôt des traitements à base d’herbes médicales et de pharmacopée qu’il compose lui-même, soigne les os cassés, les blessures, et peut également exercer quelques opérations chirurgicales. Le Code de Hammurabi montre que l’asû peut être tenu responsable de la mort d’un de ses patients ou de la perte de l’œil de celui-ci au cours de ces opérations ; le code légifère aussi sur ses honoraires (il s’agit probablement plus d’une indication du « juste prix » que d’un salaire forcé). Les outils utilisés au cours de ces opérations sont mal connus : on a réussi à identifier des spatules, une sorte de lancette servant à inciser, ainsi que des tubes métalliques. Un récit satirique, Le pauvre homme de Nippur, montre son héros se faisant passer pour un asû, et nous informe sur l’apparence physique des gens de ce métier, puisqu’il se rase les cheveux avant de rentrer dans le personnage, et procède à d’autres modifications de son apparence hélas inintelligibles ; il se prétend également originaire d’Isin, ville de la déesse guérisseuse Gula (voir plus bas), ce qui montre l’importance de cette cité dans l'exercice de la médecine en Mésopotamie.
L’āšipu est un prêtre officiant dans les temples. Il doit avant tout faire des diagnostics, donc déterminer le mal qui touche le patient. Parfois cette tâche est même exercée par un devin (bārû), et plus rarement un personnage féminin mal connu (šā’iltu). Les textes le montrent en train de déterminer la cause du mal, et s’il est possible ou non de le soigner. Il effectue également des rituels, au cours desquels il prononce des incantations, souvent dans un langage obscur, seul compréhensible par les démons (une sorte d’abracadabra). Mais les textes de diagnostics comportent quand même de nombreux traitements « rationnels » : l’ašipu a un rôle dans l’établissement du diagnostic et du pronostic, mais il peut également guérir, ce qui le différencie du devin. Les āšipu qui nous sont connus se succèdent généralement de père en fils, formant des sortes de dynasties. Leur carrière semble commencer par des études de scribe, avant de se spécialiser dans leur fonction.
Les souverains sont entourés par plusieurs de ces spécialistes, aussi bien asû que āšipu. Aux XIVe-XIIIe siècles, on a même des cas d’envois de médecins réputés à des rois amis : Babylone en envoie à plusieurs reprises chez les Hittites, et le roi du Mitanni Tushratta en Égypte chez Amenhotep III. Les médecins font donc partie intégrante des pratiques diplomatiques de l’époque.
Contre la vision de l’opposition que l’on effectue souvent entre une médecine rationnelle et une autre irrationnelle, effectuée par les Modernes mais absente de la façon de penser des Anciens, J. A. Scurlock a proposé de revoir les rôles entre asû et āšipu, en proposant une nouvelle interprétation des textes médicaux. Elle divise ceux-ci en deux catégories : une constituée de textes de diagnostics, décrivant les symptômes puis le traitement ; et une autre dont les indications commencent par la description des plantes médicinales, avec ensuite les cas durant lesquels on doit les utiliser. Cette dernière serait destinée à l’asû, qui serait une sorte de pharmacien, chargé de connaître, récolter et conserver les plantes médicinales, ce qui ne l’empêcherait pas d’avoir des bases en chirurgie. Les textes à son intention sont des sortes de « prescriptions » : le malade sait déjà, d’une manière ou d’une autre, quelle maladie il a, et appelle l’asû pour le guérir. L’āšipu serait bien le spécialiste du diagnostic (les textes ne laissent aucune ambiguïté là-dessus), celui qui produit les textes médicaux. Il détermine la cause de la maladie, à charge au malade d’aller voir le « pharmacien » pour recevoir son traitement.
Quoi qu’il en soit, la séparation entre asû et āšipu ne doit pas occulter le fait qu’il s’agit apparemment de deux activités qui sont complémentaires ; il ne faut donc pas trop les opposer. Un asû et un āšipu devaient travailler de concert, voire leurs fonctions pouvaient se confondre, s’entremêler : le premier pouvait par exemple avoir recours à des incantations. Un texte de Mari montre comment un bâru et un asû doivent travailler ensemble : le premier fait une consultation oraculaire pour déterminer la maladie, alors que le second doit « faire les pansements », donc guérir. La question se pose aussi de savoir qu’elle était l’attitude des malades devant leur maladie, et les recours possibles, tout en prenant en compte le fait que celle-ci variait selon les individus. Et sur ce point notre documentation est lacunaire. Concrètement, on pouvait très bien ne faire appel à aucun spécialiste (en laissant la maladie passer si elle est bénigne, ou en ayant recours à une sorte d’automédication), ou aller voir l’un des deux, ou encore les deux ensemble. Il ne faut de plus pas oublier le recours possible à la prière et aux offrandes aux dieux.
Les divinités liées à la médecine
Certains dieux avaient un rôle particulier sur la santé. Leurs faveurs étaient obtenues par des prières, des pénitences, ou des présents. On les invoquait couramment dans les incantations accompagnant le traitement médical, coup de pouce non négligeable pour faire en sorte que le patient guérisse.
Parmi eux, Gula, était la déesse guérisseuse la plus importante dont les temples pouvaient servir de lieux de traitement. Elle patronnait les asû aussi bien que les āšipu. Sa cité, Isin, était un centre de formation de médecins réputé. Pour avoir ses faveurs ou la remercier, on lui dédicaçait notamment des ex-voto en forme de chien, son animal-symbole. Il y avait aussi Ninib, le fils d'Enlil, et Ningishzida, deux autres dieux guérisseurs, ainsi qu'Ea, le dieu des eaux douces, qui avaient une rôle purificateur et éloignaient les démons responsables de la maladie, ce qui faisait que l'on avait pris l'habitude de soigner les malades près des rivières. Ea, avait transmis le savoir médical aux humains par l’intermédiaire de son fils Asalluhi, divinité qui fut plus tard identifiée Marduk, autre fils d'Ea. On trouvait aussi Nabû, fils de Marduk, dieu des sciences et de la médecine. Shamash, dieu du soleil et de la justice, et très présent dans la divination, était lui aussi important et invoqué dans incantations des traitements.
Pharmaceutiques
Les médicaments mis au point pour les traitements sont avant tout faits à base de plantes. Ces dernières ne sont pas tout le temps identifiables, mais bien souvent on est parvenu à les identifier, leur utilisation pour un traitement précis se retrouvant dans les médecines « traditionnelles » encore pratiquées récemment en Iraq. Les prescriptions mentionnent généralement des parties de celles-ci (feuilles, racines, graines), que l’on prépare suivant divers procédés (broyage, séchage, cuisson), et qui peuvent être ensuite mélangées dans une autre substance pour l’administrer. On employait également des éléments minéraux (sel et salpêtre) et animaux (lait, écailles de tortue), ou d'autres préparations (bière, vin, moutarde, huile). Les voies d’administration sont elles aussi variées : lotions et potions, inhalations, fumigations, instillations, pommades, liniments, cataplasmes, lavements, et parfois par des suppositoires pour les problèmes gastriques.
La place de la magie
La magie occupe la place finale des traitements médicaux, après la préparation du médicament, et pendant ou après son administration, en complément de celle-ci, pour renforcer son efficacité. L’intervention de la magie dans le traitement de la maladie ne doit pas forcément être tenue comme négligeable dans le processus de guérison du patient, cela ayant pu avoir eu un effet placebo.
Concrètement, la procédure magique consiste en l’exécution d’un rituel (comme on l’a vu précédemment pour le cas d’anxiété), faisant souvent intervenir des objets ou figurines symbolisant le mal, des plantes et autres ingrédients, mais allant rarement jusqu’au sacrifice sanglant d’un animal. À la fin, on procède à une prière à un dieu (Shamash, Ea, Asalluhi, Gula). Celle-ci est d’ailleurs couramment le seul apport magique à un traitement, les rituels complexes et élaborés étant minoritaires dans les textes thérapeutiques. L’appui divin est nécessaire à la guérison du patient, ce qui est logique vu que les dieux sont également une cause des maladies.
Les traitements
Ophtamologie
De nombreux textes médicaux concernent les maladies liées à la vue. Certaines causes « rationnelles » des maux étaient identifiés, telles que le sable ou le pollen par exemple. On connaissait ainsi les simples conjonctivites, mais aussi des problèmes de vision, comme la cécité passagère, la vue trouble, les éblouissements. Mais les chirurgiens ne savaient probablement pas procéder à des opérations ophtalmologiques comme la cataracte, malgré ce que certains ont cru voir dans un article du Code de Hammurabi.
Problèmes des oreilles
Pour ce qui est des oreilles, on cherchait à guérir les divers maux qui affectaient cet organe, les problèmes de bourdonnement, et de perte de l’ouïe. Un remède courant pour ces traitements est le jus de grenade.
Les dents
Les problèmes bucco-dentaires, surtout les maux de dents, sont documentés par plusieurs textes, mais la pratique odontologique n’est pas identifiée en tant que telle, et on ne sait rien sur l’éventuelle existence de spécialistes dans ce domaine. Une incantation dite du « ver dentaire » contient un passage contenant des instructions pour une opération sur une dent, soignée avec un mélange de bière, malt et huile. On y voit qu'on attribue certains maux de dents comme les caries à des vers, comme dans d'autres civilisations antiques et jusqu'à l'époque moderne en Occident.
Problèmes cutanés
De nombreux textes relatent les problèmes liés à la peau : les lésions par exemple. La Mésopotamie étant un pays où le soleil frappe fort, et où le climat peut être très sec, ce genre de maladies devait être courant.
Problèmes gastriques
Les maladies gastriques étaient répandues en Mésopotamie, et font l’objet de beaucoup de passages dans les textes de traitements : flatulences, constipation, fuites de sang, etc. Le rôle de la vésicule biliaire dans le déclenchement de la jaunisse (amurriqānu) semble avoir été compris. D’autres textes mentionnent des problèmes rénaux (calculs), et urinaires ; le médicament pouvait être administré jusque dans l’urètre par le biais d’un tube en bronze.
Gynécologie
Les problèmes gynécologiques et infantiles sont une autre catégorie très bien documentée. L’accouchement semble assisté par une sage-femme, et par aucun spécialiste médical. Les complications pouvant arriver suite à la mise au monde d’un enfant sont en revanche traitées par ce dernier : ainsi en cas d’atonie utérine, on traite la malade en la faisant s’asseoir au-dessus d’un bol dans lequel on fait brûler une décoction servant à produire de la fumée curative. Les maladies infantiles sont bien attestées par les textes de diagnostics, mais on ne dispose d’aucune information sur eux dans les textes thérapeutiques.
Chirurgie
Les connaissances chirurgicales de Mésopotamiens sont mal documentées, et ont fait l’objet de débats, notamment à partir de quelques articles du Code de Hammurabi relatifs à l’asû, à vrai dire assez obscurs quant aux opérations pratiquées. Les textes thérapeutiques sont peu prolixes en informations sur la chirurgie. Pour autant que l’on sache, les spécialistes de l’époque savaient guérir les fractures, les luxations, mais aussi pratiquer certaines interventions chirurgicales, sur la plèvre, pour drainer du pus par exemple, mais aussi pour extraire des abcès ; la trépanation n’est pas attestée. La césarienne était peut-être pratiquée. A la fin des opérations, le patient était apparemment suivi, et on savait faire face aux risques d'infections grâce à l'utilisation d'huiles qui faisaient office d'agents anti-bactériens. L’hygiène devait cependant rester rudimentaire, et on ne sait rien du taux de réussite de ces opérations. Les connaissances physiologiques des Mésopotamiens étaient assez rudimentaires, ce qui limite l’étendue de leurs pratiques chirurgicales.
Épidémies
Les épidémies étaient appelées ukultu (« manducations »). Les dieux étaient supposés en être les instigateurs, notamment Nergal, le dieu des Enfers. C'était donc une malédiction qu'il ne fallait pas répandre dans la population. C'est pour cette raison que les malades étaient isolés, et ainsi que l'on évitait une propagation de la maladie, comme on l’apprend dans une lettre de Mari.
Maladies mentales
Les troubles mentaux sont également documentés par quelques textes. Ils sont traités par des moyens magiques. Par exemple, pour ce qui a été compris comme une situation d’anxiété chronique, on élabore deux figurines (une masculine et une féminine) censées porter les maux accablant le malade, et on procède à un rituel culminant dans une incantation au dieu Shamash.
Quand on sait que la maladie est incurable
Enfin, dans le cas des maladies les plus graves, et pour lesquelles aucun traitement médical n’est connu à l’époque, il est clairement dit dans les textes de diagnostics et pronostics que le malade va mourir, et qu’il est donc inutile d’essayer de le soigner. On n’avait donc pas recours à une méthode « magique » quand aucune méthode « rationnelle » ne fonctionnait : les asû aussi bien que les āšipu savaient reconnaître leurs limites.
Bibliographie
Sources
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- (en)} J. A. Scurlock et B. Andersen, Diagnoses in Assyrian and Babylonian Medicine: Ancient Sources, Translations, and Modern Medical Analyses, Urbana et Chicago, 2005.
Introductions
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Revue spécialisée
- Journal des médecines cunéiformes, Saint-Germain-en-Laye, depuis 2003.
Études spécialisées
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- (en) E. K. Ritter et J. V. Kinnier Wilson, « Prescription for an Anxiety State: A Study of BAM 254 », dans Anatolian Studies 30, 1980, p. 23-30 ;
- (en) M. Powell, « Drugs and Pharmaceuticals in Ancient Mesopotamia », dans I. et W. Jacob, The Healing Past: Pharmaceutical in the Biblical and Rabbinic World, Leyde, 1993 ;
- J. Ritter, « La médecine en – 2000 au Proche-Orient : une profession, une science ? », dans F.-O. Touati (dir.), Maladies, médecins et sociétés, vol. II, Paris, 1993, p. 105-116 ;
- (en) H. F. J. Horstmanshoff, M. Stol et C. R. van Tilburg, Magic and Rationality in Ancient Near Eastern and Graeco-Roman Medicine, Leyde, 2004 ;
- (en) J. A. Scurlock, Magico-Medical Means of Treating Ghost-Induced Illnesses in Ancient Mesopotamia, Leyde, 2006.
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