- William Harvey
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William Harvey, né à Folkestone (Kent) le 1er avril 1578 et mort à Londres le 3 juin 1657, est un médecin anglais.
Sommaire
Biographie
Fils d'un yeoman aisé du Kent, Harvey reçut sa première instruction à la King's School de Cantorbéry, puis étudia au Gonville and Caius College (Cambridge), dont il fut reçu licencié des arts en 1597.
Il part à l'âge de 20 ans pour l'Italie à l'Université de Padoue suivre des études d'anatomie et de physiologie, pendant cinq ans. Il fut l'élève du philosophe aristotélicien Cesare Cremonini et du professeur Fabrizi d'Acquapendente (Hieronymus Fabricius) de 1600 à 1603. Les recherches anatomiques de ce dernier le mirent sur la voie de sa découverte[1]. Il fut diplômé docteur en médecine en 1602.
De retour en Angleterre, il épousa la fille d'un médecin londonien réputé nommé Lancelot Browne, dont il n'eut pas d'enfant. Il officiait au St Bartholomew's Hospital de Londres (1609–43) et fut élu membre du Collège royal de médecine.
Ayant servi le parti du roi pendant la guerre civile de 1642, il se vit dépouillé de ses places, et vécut ensuite dans la retraite.
Lorsqu'il cessa de pratiquer la médecine au St Bartholomew's Hospital, il s'établit à Oxford où il avait été nommé Directeur (Warden) du Merton College (Oxford). En 1651 William Harvey fit un don au collège pour construire et provisionner une bibliothèque, qui fut inaugurée en 1654. En 1656 il créa un fonds pour rémunérer un bibliothécaire et dire une prière chaque année, cérémonie qui a subsisté jusqu'à aujourd'hui en son honneur. Harvey légua également un fonds pour la création d'une école de garçon dans sa ville natale (Folkestone) : la Harvey Grammar School, qui ouvrit ses portes en 1674, existe toujours.
La circulation sanguine selon Harvey
Il se livra avec ardeur à l'anatomie expérimentale, visita pour s'instruire les savants de la France, de l'Italie (Realdo Colombo et Fabrice d'Acquapendente), et de l'Allemagne, se fixa à Londres en 1604, fut nommé en 1613 professeur d'anatomie et de chirurgie au Collège de médecine de cette ville, devint médecin de Jacques Ier d'Angleterre et de Charles Ier d'Angleterre, et chef du collège de Merton à Oxford.
On lui attribue, entre autres découvertes, celle des lois de la circulation sanguine dont il commença à parler dans ses cours dès 1616, et qu'il rendit public en 1628 dans son livre : Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus. Le professeur d'anatomie français Jean Riolan refuse cette découverte qui remet en cause les principes d'Aristote et de Galien, le surnomme « circulator » (terme latin qui signifie circulateur et charlatan). Cette découverte lui fut contesté par Walter Warner et une confidence de John Pell laisse entendre qu'elle lui fut communiquée par John Protheroe[2],[3]. On a également découvert en 1924 l'ouvrage de Alpago de Belluno qui, en 1527, traduisit en latin et publia à Venise le texte de Ibn an-Nafis qui est le premier à avoir véritablement décrit le processus de la circulation sanguine dans le corps humain.
Évoluant au-delà du cadre typique de la Renaissance basé sur l'idée d'Aristote d'un lien entre macrocosme et microcosme (« le cœur est au corps ce que le soleil est au cosmos »), Harvey constate par ses observations à Padoue que :
- ainsi que l'avait montré Ibn an-Nafis, l'idée qu'un mélange entre deux sortes de sangs différents n'est pas possible (sang purifié par le poumon, froid et sang brut, chaud)
- l'hypothèse de Jean Fernel sur le lien entre la systole et l'éjection du sang est exacte.
On sait qu'il existe un circuit fermé pour la petite circulation, mais il spécule qu'il en est de même pour la grande circulation qui serait également un circuit fermé.
Pour prouver son hypothèse, Harvey recourt à un raisonnement quantitatif (il est ainsi le premier à introduire la méthode quantitative en médecine) :
- il étudie des cœurs de toutes sortes, et il mesure, en moyenne, quelle quantité de liquide peut être contenue dans les cavités d'un cœur : un cœur contient deux onces.
- il mesure également la fréquence des battements cardiaques par unité de temps : 72 battements par minute
- il calcule donc que le cœur brasse 8.640 onces par heure, soit 259 kg de sang apportés à la périphérie.
Il se dit alors : « et s'il y avait un retour du sang au cœur ? »
Il prouve cette théorie par l'expérience du garrot : on peut ainsi observer le flux du sang dans les veines au fur et à mesure qu'on desserre le garrot. La structure dans laquelle se fait ce retour, ce sont les veines superficielles : dans lesquelles on fait aujourd'hui les prises de sang. Il s'agit d'un retour progressif.
Cette expérience est très reproductible, et réalisable sur un être humain dans n'importe quelle condition de la vie quotidienne. L'idée de la répétition constitue ici une preuve ; en effet, Harvey prouve ainsi sa théorie à ses contemporains.
Ce qui manque à cette théorie pour être complète et expliquer la circulation du sang dans son ensemble, c'est la notion de capillaires.
Nous sommes à ce moment-là au tout début de la microscopie.
Il y a donc une incapacité à déterminer la continuité entre gros vaisseaux artériels et gros vaisseaux veineux car le système du réseau capillaire est invisible, c'est lui qui est responsable des échanges avec les tissus.
Quel est l'intérêt pour le sang qui tourne en rond de passer par les poumons ? Et d'où provient la chaleur du sang ?
Ce bouleversement théorique oblige à une reconstruction de tout un système physiologique.
Idées sur la génération
On attribue souvent à Harvey la formule latine « Omne vivum ex ovo » (tout être vivant provient d'un œuf). Cette formule, qui résume bien sa théorie de la génération, ne se trouve pas littéralement dans son œuvre. En revanche, dans la première édition de ses Exercitationes de generatione animalium (1651), l'image du frontispice montre Jupiter ouvrant une boîte ronde qui porte les mots « Ex ovo omnia » (tout vient d'un œuf). L'importance que Harvey accorde à l'œuf ne fait d'ailleurs pas de lui un adversaire de la génération spontanée, car il pensait que l'œuf dont provenaient certains animaux inférieurs se formait spontanément à partir de matières en putréfaction[4].
Bibliographie
Ses principaux ouvrages sont :
- Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus (1628)[5] (c'est là qu'est exposée sa découverte)
- Exercitationes de Generatione Animalium, 1651
Ses œuvres ont été réunies en 1766, à Londres, 2 volumes in-4.
Sources et références
- (en) « Facts and fiction surrounding the discovery of the venous valves », dans Journal of Vascular Surgery, février 2001 (ISSN 0741-5214)
- sur le site Questia Aubrey's brief lives :
- Les sociétés urbaines au XVIIe siècle: Angleterre, France, Espagne Jean-Pierre Poussou,Philippe Evanno :
- Jean Rostand, La Formation de l'être. Histoire des idées sur la génération, Hachette, 1930, p. 52 et 56-57.
- lire en ligne] Scan de l'ouvrage, et sa traduction en anglais [
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « William Harvey » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
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