- Ibn Nafis
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Ibn Nafis (ابن النفيس), ou Ibn Al-Nafis Damishqui (1210—1288), était un médecin arabe.
Originaire de Damas, c'est le premier à avoir décrit le processus de la circulation sanguine dans le corps humain au Caire en 1242, et en particulier de la circulation pulmonaire. Son œuvre est resté largement ignorée car elle ne fut révélée en Europe que 260 ans après sa mort. En effet un de ses ouvrages "Commentaires du Canon d'Ibn Sina" a été tardivement traduit en latin et publié à Venise, en 1527, par Andrea Alpago de Belluno, qui avait été médecin du Consulat de Venise à Damas. Cet ouvrage fut retrouvé en 1924 dans la librairie nationale de Berlin.
Sommaire
Ses écrits
Le plus volumineux de ses livres est Al-Shamil fi al-Tibb (Commentaires sur l'Anatomie du Canon de la médecine d'Ibn Sina), qui devait être une encyclopédie de 300 volumes, mais qui n'a pas été terminé en raison de sa mort. Son manuscrit est disponible à Damas.
Il a également écrit un livre sur l'ophtalmologie, Mujaz al-Qanun (Abrégé sur la loi). Un autre de ses livres, Kitab al-Mukhtar fi al-Aghdhiya était relatif aux effets du régime sur la santé.
Il a également écrit un certain nombre de commentaires sur les matières de la loi et de la médecine. Ses commentaires portent sur des livres d'Hippocrate, et sur plusieurs volumes d'Avicenne.
Découverte de la circulation pulmonaire
En 1924 un physicien égyptien, le docteur Muhyo Al-Deen Altawi, qui était intéressé par l'histoire de la médecine arabe, découvre un manuscrit intitulé Commentaires sur l'Anatomie du Canon d'Ibn Sina dans la librairie nationale berlinoise de Prusse.
Ce manuscrit est considéré comme l'un des meilleurs livres scientifiques. Al-Nafis parle en détail de l'anatomie humaine, des pathologies et de la physiologie. C'est le premier livre consacré à la circulation pulmonaire.
Il explique dans son livre :
"Quand le sang a été raffiné dans cette cavité (le ventricule droit du cœur), il est indispensable qu'il passe dans la cavité gauche où naissent les esprits vitaux. Mais il n'existe pas de passage direct entre ces dernières. L'épais septum du cœur n'était nullement perforé et ne comportait pas de pores visibles ainsi que le pensaient certains, ni de pores invisibles tels que l'imaginait Galien. Au contraire les pores du cœur y sont fermés. Ce sang de la cavité droite du cœur devait circuler, dans la veine artérieuse (notre artère pulmonaire), vers les poumons. Il se propageait ensuite dans la substance de cet organe où il se mêlait à l'air. Afin que sa partie la plus fine soit purifiée et passe dans l'artère veineuse (nos veines pulmonaires) pour arriver dans la cavité gauche du cœur et y forme l'esprit vital."
Il dit ailleurs dans son livre :
"Le cœur ne possède que deux ventricules et il n'y a absolument aucune ouverture entre ces derniers. De même, la dissection s'oppose à ce qu'ils prétendaient puisque le septum entre ces deux cavités est beaucoup plus épais que nul autre. L'intérêt de ce sang (qui se trouve dans la cavité droite) est de rejoindre les poumons, de se mélanger avec l'air qui s'y trouve, puis de cheminer au travers des veines pulmonaires pour gagner la cavité gauche du cœur."
En décrivant l'anatomie des poumons il indique :
"Les poumons sont constitués de diverses parties, l'une d'entre elles est les bronches, la seconde correspond aux branches de l'artère pulmonaire et la troisième aux branches des veines pulmonaires. Toutes sont reliées au moyen d'un parenchyme lâche et poreux"
Il ajoute :
"Les poumons exigent une artère pulmonaire car celle-ci leur apporte le sang qui a été aminci et réchauffé dans le cœur afin que ce qui suinte au travers des pores des branches de ce vaisseau vers les alvéoles pulmonaires puisse se mélanger avec l'air qui s'y trouve et se combiner avec lui, la substance obtenue étant alors en mesure de devenir l'esprit après que ce mélange a gagné la cavité gauche du cœur. Le mélange est conduit vers la cavité gauche par les veines pulmonaires."
Il explique également le rôle des artères coronaires dans l'irrigation du cœur :
"En outre, le postulat [d'Avicenne] qui voudrait que le sang du côté droit serve à nourrir le cœur n'est absolument pas vrai, en effet la nutrition du cœur provient du sang circulant dans les vaisseaux qui pénètrent le corps du cœur."
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Bayon, H. P. (1941). Significance of the demonstration of the Harveyan circulation by experimental tests. Isis 33, 443-453.
Lien externe
Catégories :- Médecin arabo-musulman
- Naissance en 1210
- Décès en 1288
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