- Urbanisation
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L'urbanisation est un mouvement historique de transformation des formes de la société que l'on peut définir comme l'augmentation de ceux qui habitent en ville par rapport à l'ensemble de la population. L'urbanisation est faite de préférence autour de villes existantes, généralement dans des territoires jugés attrayants ou pour des raisons culturelles et historiques (capitales) ou religieuses (La Mecque, Lourdes..), ou sur des zones commercialement, industriellement ou militairement stratégiques (ex : bases militaires). Certaines villes champignons sont nées autour de ports et d'industries positionnées autour de ressources minérales, énergétiques ou humaines (main-d'œuvre bien formée, et/ou bon marché).
L'urbanisation présente un caractère exponentiel (nettement avéré depuis les années 1800) qui semble être vécu comme une fatalité par la plupart des gouvernements et aménageurs.Sommaire
Histoire
Si les premières villes apparaissent dans l'antiquité ancienne en Mésopotamie, dans la vallée du Jourdain, de la vallée de l'Indus et du Yangzi Jiang. Ou a connu de réels mouvements historiques après le Xe siècle, avec le mouvement des bastides en France. C'est seulement, la nette augmentation des populations urbaines après 1800 par l'industrialisation et l'exode rural, qui permet au terme Urbanisation d'être un terme générique. En 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50% vers l'an 2000, et au rythme actuel 65% de la population sera urbaine en 2025, et plus de 80 % dans de nombreux pays. Il y a déjà en l'an 2000, 213 villes de plus d'un million d'habitants, et 23 métropoles de plus de 10 millions d'habitants, et selon l’ONU (FNUAP), la population urbaine pourrait encore doubler d'ici 100 ans. 2007 serait aussi l'année où la population urbaine aurait dépassé la population rurale[1]. Entre 1900 et 2000, la population urbaine a été multipliée par 20 alors que la population mondiale se contentait de quadrupler.
Dans les années 1960-1970, les taux de croissance de nombreuses agglomérations atteignaient les 7 à 8 % annuellement, ce qui donne un doublement de la population en 10 ans. Aujourd'hui, les mêmes agglomérations ne s'accroissent plus que de 1 à 3 % par an. Les chiffres de population les plus récents montrent en effet, tous sans exception, une baisse très importante de la croissance démographique urbaine. Pour autant, l'augmentation de la population dans les villes n'est pas terminée, celle-ci reste largement positive et les taux s'appliquent à des effectifs énormes : 2% supplémentaires par an représentent tout de même 30 000 habitants pour une agglomération de 1,5 million d'habitants.
Les raisons de l'urbanisation
De nombreux facteurs historiques, politiques et socioculturels peuvent expliquer l'urbanisation croissante :
L'exode rural et le développement d'une société tournée vers l'industrie et les services ont fait des centres urbains la source principale d'emploi salarié. L'attrait culturel et politique des villes, en particulier des capitales, encourage l'arrivée de nouveaux habitants, malgré des hausses chroniques de loyers et de prix du foncier. Ce prix encourage une densification des constructions et l'exploitation du sous-sol (stationnements, garages et commerces parfois)
Les décisions politiques relatives à l'aménagement du territoire encadrent le développement des villes existantes ou créent ex nihilo des villes nouvelles. Le plan d'occupation des sols (ou POS) ou le plan local d'urbanisme (ou PLU) et le PADD, sont en France les principaux outils permettant aux collectivités d'appliquer ces politiques. Les techniques d'urbanisme orientent durablement l'occupation de l'espace dans les villes, les élus et techniciens étant par ailleurs confrontés à de nombreuses pressions contradictoires des habitants, commerçants, industriels, aménageurs, etc.
L'attrait touristique de certaines régions très ensoleillées, enneigées en hiver ou proches de la mer a conduit au développement d'un habitat dense. On parle de mitage ou d'étalement urbain, voire de bétonnage du littoral pour décrire une occupation progressive et inéluctable de certaines vallées et littoraux. Le terme de baléarisation désigne par exemple la construction d'immeubles fonctionnels sur l'intégralité du front de mer pour accueillir de façon massive les touristes. L'urbanisation détruit alors le paysage même qui l'a fait naître.
Les modes d'urbanisation
Les villes peuvent se développer de façon horizontale ou verticale, voire les deux à la fois. Le développement horizontal est tantôt concentrique, dendritique, ou linéaire (fréquent dans les vallées, ou sur le bord d'axes importants), ceci en fonction du contexte biogéographique, politique ou historique (incluant l'évolution des conditions historiques de propriété). L'urbanisme s'appuie généralement sur l'existant, sur le réseau de transport et sur un ou plusieurs centres ou pôles (développement multipolaire). De nombreuses villes nouvelles ont été créées.
Hormis dans le cas de villes champignons liées à la découverte de filons d'or, ou de ressources rapidement épuisée, ou dans le cas de cités touchées par les retombées de Tchernobyl, depuis les années 1700, il est rare que les villes se stabilisent, disparaissent ou décroissent. Même Hiroshima et Nagasaki, ou les villes rasées durant la Première Guerre mondiale ou durant la Seconde Guerre mondiale, ou lors d'autres conflits ont rapidement été reconstruites et se sont développées. Ce n'est pourtant que dans les années 1970 avec les villes nouvelles, et dans les années 1990 que les urbanistes ont commencé à réfléchir aux conditions de soutenabilité du développement urbain. Et il faut attendre les années 2000 pour voir apparaître les premiers quartiers HQE (Bedzed par exemple à Londres) et 2006 pour le premier projet de ville HQE (en Chine).
Consommation de ressources et impact sur l'environnement
Problèmes engendrés
La ville est un important consommateur d'espace, souvent des terres riches en zones alluviales et sur les littoraux, et de ressources non renouvelables nécessaires pour sa construction, son entretien et ses fournitures en énergie. De plus, elle évacue des flux continus de déchets solides et liquides qui polluent et monopolisent l'espace.
Ainsi la croissance urbaine, l'étalement urbain et la périurbanisation posent de nombreux problèmes écologiques. La faune (dont les abeilles) et la flore trouvent parfois en ville des refuges riches en fleurs, mais souvent également riches en espèces exotiques, voire invasives, et dans un contexte de pollution automobile, de bulle de chaleur et de pollution lumineuse qui sont des facteurs de stress pour les arbres. Un arbre urbain en Europe a une espérance de vie moyenne ne dépassant pas 30 ans (hors parcs et jardins) [2].
L'urbanisation fragmente les écosystèmes de plus en plus, ce qui nuit à la biodiversité en séparant les individus d'une même espèce et en gênant leur reproduction. Les sols deviennent imperméabilisés par l'asphalte et le béton ce qui perturbe la pénétration des eaux de pluie dans les sols. Les ruissellements engendrés érodent les sols alentours et augmentent les risques d'inondation[3].
Solutions possibles
La priorité selon les experts est de concevoir une meilleure planification urbaine afin de diminuer les zones construites, cela a été testé dans un quartier de 1 000 logements à Malmö en Suède. Pour éviter l'imperméabilité des sols, des asphaltes poreux peuvent être employés[3].
Des zones construites non utilisées peuvent être rendues à la nature (friches industrielles). Pour construire, les habitants de Dresde en Allemagne s'acquittent de 20 euros par mètre carré qui correspondent aux coûts des travaux pour rendre perméables des sols qui ne le sont plus[3].
Notes et références
- MNHN), Le monde 26 juin p3 Source : Philippe Clergeau (
- pédologues) ; "L'arbre en milieu urbain" ; Ed: Infolio ; Collection: Arch.paysage ; 28-11-2008, 216 pages Charles-Materne Gillic, Corinne Bourgery, Nicolas Amann ; L'arbre et Lionel Chabbey et Pascal Boivin (deux
- « Urbanisation: elle grignote trop de terrain », dans Science & Vie, no 1127, août 2011
Bibliographie
- Marc Wiel, La transition urbaine, ou la Passage de la ville pédestre à la ville motorisée, 2000, Bruxelles, Mardaga,
- Guy Ankerl, Urbanisation rapide en Afrique tropicale. Faits, conséquences et politiques. Paris, Berger-Levrault, 1987, (ISBN 2-7013-0673-6)
Voir aussi
- Agglomération
- Empreinte écologique
- Haute qualité environnementale
- Quinzième cible HQE
- Périurbanisation
- Écologie du paysage
- Cité-jardin
- Ville nouvelle
- Bastides
Liens externes
- Exposition virtuelle sur les utopies urbaines
- Geopolis: research group, university of Paris-Diderot, France
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme
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