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Rougeole
Classification et ressources externesExanthème morbilliforme, éruption typique de rougeole CIM-10 B05 CIM-9 055 DiseasesDB 7890 MedlinePlus 001569 eMedicine derm/259 emerg/389ped/1388 MeSH D008457 La rougeole (également appelée 1re maladie) est une infection virale éruptive aiguë. Elle atteint essentiellement les enfants à partir de l’âge de 5-6 mois. Le nom de « première maladie » provient du fait qu'à l'époque où l'on a voulu établir une liste des maladies provoquant un exanthème infantile, elle a été la première à être énumérée. La vaccination contre la rougeole, recommandée pour les enfants autour d'un an, vise surtout à éviter les complications de l'infection, comme les encéphalites, qui peuvent avoir des séquelles importantes voire létales.
Sommaire
Le virus de la rougeole
Le virus de la rougeole est un morbillivirus de la famille des Paramyxoviridae. Il appartient à la même famille que le virus des oreillons. C’est un virus dont l'unique réservoir est l’homme atteint de l'infection, même asymptomatique.
C'est un virus à ARN monocaténaire anti-messager non segmenté, enveloppé, avec une capside hélicoïdale. Sa taille varie entre 120 et 250 nm.
Ce virus est rapidement inactivé par la chaleur (30 minutes à 56 °C) ou la lumière ultraviolette. Il est en outre sensible à de nombreux désinfectants (alcool à 70 % par exemple).
Mode de transmission
Le virus de la rougeole se transmet par les gouttelettes de toux en suspension dans l'air. Il peut également se propager par contact direct avec les sécrétions du nez ou de la gorge de personnes infectées. Le virus ainsi éjecté reste dangereux pendant au moins 30 min. Il survit peu de temps sur les objets et les surfaces.
La période de propagation du virus commence 2 à 4 jours avant l'apparition de l'éruption cutanée. L'installation du virus dans l'organisme se fait au cours de la période d'incubation. Elle se poursuit ensuite pendant la période d'invasion. Le risque de transmission est minime à partir du deuxième jour suivant l'apparition de l'éruption.
Symptômes et évolution de la maladie
La rougeole se caractérise par quatre phases : incubation silencieuse, invasion avec catarrhe fébrile, éruption dite morbilliforme, suivie d'une desquamation avec état de fatigue persistant.
La première phase correspond à une période d'incubation silencieuse de dix jours à trois semaines après l'inoculation.
La seconde phase est la période d'invasion. Elle dure environ quatre jours pendant lesquels l'individu présente divers symptômes. Il est alors atteint d'une forte fièvre, son nez coule, il tousse, a les yeux rouges voire larmoyants (catarrhe oculo-naso-bronchique fébrile), et peut être très irritable. Les douleurs abdominales, la diarrhée ainsi que les vomissements font aussi partie des symptômes. Pendant l'invasion, le sujet est contagieux et le signe de Köplick apparaît. Ce signe de Köplick est pathognomonique de la maladie, bien qu'inconstant. Il consiste en l'apparition sur la muqueuse buccale, à la hauteur des molaires, de petites taches rouges irrégulières avec un petit point central blanc. Ce signe est rare et fugace, souvent présent moins de 24 heures.
La troisième phase de la maladie est l'éruption. Elle dure en moyenne quatre à cinq jours et correspond à la phase d'état de la rougeole. L'éruption est caractéristique de la rougeole, et consiste en l'apparition progressive de petites plaques (rouges sur les peaux blanches) plus ou moins en relief, de quelques millimètres de diamètre, qui confluent en larges plages mais laissant toujours entre elles des intervalles de peau saine. Au premier jour de cette phase, l'éruption débute sur le visage, derrière les oreilles, puis s'étend progressivement. Puis au 2e jour, elle atteint tout le visage, le cou, et la partie supérieure du thorax. Au 3e jour, le tronc et les membres supérieurs sont atteints. L'éruption s'étend aux membres inférieurs à partir du 4e jour. Les démangeaisons sont rares. La fièvre reste élevée, puis s'atténue peu à peu.
Durant la quatrième et dernière phase l'éruption cutanée laisse, avant de s'effacer, une coloration brune tirant sur le cuivre, et fait place à une desquamation fine visible quelques jours. La fièvre disparaît, mais la convalescence dure encore une dizaine de jours durant desquels l'enfant, souvent fatigué, peut tousser.
La période de contagiosité débute 5 jours avant et dure jusqu'à 5 jours après l'éruption : la contagion est possible même pendant la première phase d'incubation.
Diagnostic différentiel
De manière générale, l'apparition des taches de Köplick et la progression caractéristique de l'éruption de la tête aux pieds suffit pour confirmer le diagnostic. Cependant, lorsque des doutes persistent, la méthode d'immunofluorescence permet de mettre en évidence ou non la présence du virus susceptible de se développer dans les cellules du pharynx ou celles contenues dans les urines après culture.
La rougeole peut être confondue avec la rubéole, la scarlatine, la roséole infantile, la mononucléose infectieuse ou encore une éruption d'origine médicamenteuse (exanthème morbilliforme)
Complications
Les formes les plus sévères de la rougeole apparaissent chez le jeune enfant souffrant de malnutrition, surtout en cas d'apports insuffisants en vitamines A ou en cas de déficit immunitaire associé, tel le sida. De fait, l'enfant ne meurt pas directement de la rougeole mais de ses complications, telles encéphalite, diarrhées sévères ou pneumonies.
Les complications de la rougeole peuvent être de quatre ordres : respiratoire, neurologique, digestif et oculaire. Une des complications neurologiques est l’encéphalite post-éruptive ou post-infectieuse. Elle est la plus fréquente et survient 3 à 10 jours après l’éruption. Elle n'est pas due à une multiplication du virus dans le cerveau, mais elle est probablement expliquée par un mécanisme auto-immun. Un mécanisme auto-immun apparaît lorsque les anticorps attaquent nos propres tissus vivants. On en voit un cas pour 1 000 rougeoles et sa mortalité est de 10 %. Ce n'est donc pas une rareté. Elle est responsable d'un décès pour 10 000 cas de rougeole.
Rougeole et allergies
Certaines études scientifiques montrent une association entre risque d'atopie plus faible et rougeole dans l'enfance, ce qui suggère que l'infection pourrait avoir un effet protecteur contre les allergies[1],[2],[3]. D'autres études ne retrouvent pas d'effet protecteur de la rougeole dans l'enfance contre le risque d'atopie[4],[5],[6], voire retrouvent un effet protecteur de la vaccination[6],[7]. Le lien de causalité n'est pas établi et les différences observées entre les études pourraient être liées à d'autres facteurs[7].
Traitement de la rougeole
Traitement curatif
Le traitement curatif de la rougeole n’est pas spécifique à cette maladie. Le plus souvent, on donnera au patient de quoi soulager les différents symptômes, comme la toux, les démangeaisons ou la fièvre. En cas de surinfection bactérienne, un traitement antibiotique peut être administré. Cependant il n'existe à ce jour aucun traitement spécifique pour traiter cette infection virale.
Vaccination préventive
La vaccination est le meilleur traitement préventif actuel. Dans le cas de la rougeole, elle se fait à l'aide du virus atténué dont la virulence est diminuée par des opérations biochimiques.
En termes de prévention, une première dose du vaccin contre la rougeole est recommandée à l'âge de 12 mois (ou 9 mois en cas de vie en collectivité). Le vaccin recommandé protège également contre deux autres maladies, la rubéole et les oreillons (c’est ce qu’on appelle un vaccin trivalent). Une deuxième dose de ce vaccin est recommandée en France entre 13 mois et 24 mois (ou entre 12 et 15 mois en cas de vie en collectivité). Cette deuxième dose n'est pas un rappel, l'immunité obtenue après une première dose étant de longue durée. Elle constitue un rattrapage pour les enfants n'ayant pas séroconverti contre la rougeole, la rubéole ou les oreillons après la première injection. En effet, une vaccination à une seule dose entraîne une immunité chez 90 à 95 % des personnes, tandis que deux doses permettent d'obtenir une immunité chez plus de 98 % des personnes vaccinées[8].
En 2005, la vaccination concerne près de 77 % de la population mondiale, entraînant une réduction encore accrue de la mortalité — moins de 345 000 décès cette année-là sur 20 millions de malades. La moitié des cas fatals se situant en Asie du Sud-Est, lieu où la couverture vaccinale est moindre[9].
Entre 2000 et 2005, plus de 300 millions d'enfants âgés de neuf mois à quinze ans ont été vaccinés ou revaccinés. Les politiques de vaccination systématique de masse ont pu être améliorées grâce à la mise en place de système de stockage réfrigéré pour les vaccins et à la création d'un maillage de dispensaires. En Afrique tropicale et en Afrique équatoriale, il a été ainsi observé une diminution de près de trois quarts des décès passant de 506 000 à 126 000.
L'objectif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Unicef, pour 2010, est de réduire la mortalité à l'échelle mondiale de 90 % par rapport aux chiffres de l'an 2000, avec pour objectif l'éradication à terme de la maladie[10]. Entre 2000 et 2007, le nombre de décès a chuté de 750 000 à 197 000 par an dans le monde (-74 %)[11]. Ce nombre a été réduit à 164 000 en 2008[12]
Épidémiologie
Perçue comme une maladie bénigne chez un sujet en bonne santé dans les pays développés, la rougeole est en fait une maladie très grave chez les enfants sous-nutris ou vivant dans de mauvaises conditions d'hygiène : en 1999, 873 000 personnes sont mortes de cette maladie et 345 000 en 2005, essentiellement dans les pays en développement. Dans ces pays, la mortalité est très élevée, immédiate (1 décès sur 10 cas en zone rurale africaine) ou retardée (par aggravation secondaire de la malnutrition). Les infirmités sont nombreuses, les cécités (à la suite de kératites) s’ajoutant aux encéphalopathies.
Avant l'arrivée de la vaccination au début des années 1960, la rougeole était la première cause mondiale de mortalité par infection (135 millions de cas annuels entraînant 6 millions de décès)[13]. La mortalité en a été divisée par 3 à la fin des années 80, près de 10 ans après une politique de vaccination de masse[14]. Il reste cependant encore de très nombreux cas de rougeole en raison d'une couverture vaccinale non optimale mais aussi en raison de l'absence d'immunité acquise après une seule dose dans 5 à 10 % des cas, voire après deux doses dans quelques rares cas (< 2%)[15].
En Amérique, des campagnes de vacination ont permis d'interrompre la transmission de la maladie sur tout le continent, le dernier cas endémique au continent étant en 2002[16]. Depuis, quelques cas isolés de rougeole sont rapportés chaque année, importés par des voyageurs infectés à l'étranger, y compris depuis l'Europe où la transmission reste active.
En Europe des épidémies sévirent en effet en 1840, 1860 et 1880. En 1998, l'Organisation mondiale de la santé a fixé pour objectif pour 2007 l'élimination de la rougeole en Europe. La surveillance de l'évolution de l'incidence en Europe est faite par Euvac.net[17]. Cet organisme a comptabilisé plus de 12 000 cas de rougeoles en 2006-2007, près de 85 % d'entre eux concernant seulement cinq pays (Roumanie, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Suisse)[18].
L'incidence de la rougeole en France était encore de 18 000 cas en 1998 due probablement à l'insuffisance du taux de couverture vaccinale. La surveillance de l'évolution de l'incidence en France est effectuée par le réseau Sentinelles de l'Inserm. Selon les données de l'Institut de veille sanitaire, il y a eu 5 000 cas déclarés en 2010 (probablement davantage de cas non déclarés), parmi lesquels 1 500 ont abouti à une hospitalisation, 9 ont été compliqués d'encéphalite infectieuse et 273 ont été compliqués de pneumopathie. Deux décès sont survenus à la suite d'une complication de la rougeole au cours de l'année 2010, l'un par encéphalite, l'autre par pneumopathie. Les données montrent que les taux d’incidence en 2010 ont plus que triplé chez les moins de 1 an et ont augmenté de près de 5 fois chez les adultes de 20 ans et plus par rapport à 2009. La tendance semble encore s'aggraver au début de l'année 2011[19].
Liens externes
Notes et références
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8667923
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16854347
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19255001
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18925883
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16650049
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1746340/?tool=pubmed
- http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15007336
- http://www.invs.sante.fr/beh/2011/10_11/beh_10_11_2011.pdf
- (en)Has the 2005 measles mortality reduction goal been achieved? A natural history modelling study, Lara J Wolfson, Peter M Strebel, Marta Gacic-Dobo, Edward J Hoekstra, Jeffrey W McFarland, Bradley S Hersh, Lancet, 2007; 369:191-200
- L'Assemblée mondiale de la Santé s'achève sur de nombreuses résolutions adoptées », 21 mai 2010. Consulté le 18 juin 2010 OMS, «
- La mortalité rougeoleuse baisse de 74%, Organisation mondiale de santé, 4 décembre 2008. Consulté le 7 décembre 2008 Relevé épidémiologique hebdomadaire de l’OMS du 5 décembre et
- Sciences et avenir de mai 2011, p.38
- Global Epidemiology of Infectious Diseases, Clements CL, Hussey GD. Measles In: Murray CJL, Lopez AD, Mathers CD, eds. Geneva: World Health Organization, 2004
- Expanded Programme on Immunisation, Kejak K, Chan C, Hayden G, Henderson RH, World Health Stat Q 1988; 41: 59-63
- (en)The effect of dose and strain of live attenuated measles vaccines on serological responses in young infants, Cutts FT, Grabowsky M, Markowitz LE, 1: Biologicals, 1995;23(1):95-106
- (fr)Élimination mondiale de la rougeole, OMS, 13 avril 2009
- Site d'EUVAC.NET, réseau de surveillance européenne des maladies infectieuses évitables par vaccination
- Measles in Europe: an epidemiological assessment, Lancet, 2009;73:383-389 Muscat M, Bang H, Wohlfahrt J, Glismann S, Mølbak K, the EUVAC.NET group,
- http://www.invs.sante.fr/surveillance/rougeole/Point_rougeole_220311.pdf
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